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Posté : ven. 20 oct. 2006, 22:43
par Taliesin
[Quête : le prophète gris]
Taliesin, se forçant à adopter la mine attentive et le regard scrutateur d’un chaland évaluant la marchandise, déambula lentement parmi les cages. Où qu’il pose les yeux, ce n’était que détresse, peur, désespoir. Comment pouvait-on, sciemment, maintenir des gens dans de telles conditions de dénuement ? Comment pouvait-on les avilir à ce point ? Il fallait être un monstre…
Si Taliesin l’avait pu, il aurait acheté tous ces malheureux, et les aurait soustrait à cet effroyable traitement. Mais il n’en avait pas les moyens : certes, il était bien payé pour ses concerts au Mélandinopole, et le salaire touché pour sa prestation sur la place des marchants avait été d’importance. Cependant, cet or amassé ne lui permettrait au mieux que d’acheter deux, voir trois esclaves.
La situation n’en était que plus cruelle : qui sauverait-il de cet antre infect ? Car il savait à présent qu’il ne pourrait pas repartir seul. Il s’était fait, depuis quelques jours, à l’idée d’acheter un esclave : cela renforcerait la crédibilité de ses démarches « officielles » et lui permettrait d’obtenir des informations de la part de l'esclave. Mais aurait-il voulu repousser cet démarche qu’il ne l’aurait pu : face à ce spectacle effroyable, il ne pouvait rester impassible.
Et pourtant, agir était également un déchirement : car s’il en sauvait quelques-uns, il ne pourrait rien pour les autres, et ce serait une profonde injustice. Une injustice qui n’aurait d’autre fondement que son choix, son jugement. Qui sauverait-il ? Le plus faible ? Le plus triste ? Le plus révolté ? Prendre une telle décision paraissait inhumaine. Et pourtant, il le falait.
Posté : sam. 21 oct. 2006, 10:12
par Mornagest
[Quête : le prophète gris]
Le barde était indécis. Il n'avait, en réalité, que l'embarras du choix. Car tous semblaient si malheureux, si avides de liberté, de sourire, de chaleur humaine. Mais la brusque réalité se rematérialisait à eux dès que les barreaux de leur cage réapparaissaient dans leur champ de vision. Ils étaient prisonniers, non pour une faute commise, mais simplement parce qu'ils étaient là. Parce que d'autres en avaient décidé ainsi.
Taliesin observait les visages étirés de fatigue qu'il avait devant lui, tout en s'avançant quelque peu dans le couloir. Rien, dans son expression, n'indiquait qu'il ressentait une immense pitié envers ces malheureux.
Son regard tomba soudain sur une jeune humaine, pas encore adulte. Ses traits paraissaient durs, mais elle se forçait à se donner une contenance. Elle souffrait visiblement, cela se lisait dans ses yeux brillants, prêts à déverser des larmes longtemps retenues.
Elle avait l'air en bonne santé. Sans doute sa jeunesse lui permettait de rester robuste, ou n'était-elle captive que depuis quelques jours seulement ? Le barde se tourna vers le marchand :
"Que pouvez-vous me dire sur celle-ci ?
- Ah, un bon choix, messire ! Sous ses apparences tranquille, cette fillette est une entropiste. Je l'ai calmée quelque peu, mais je dois vous avouer que son pouvoir est grand. Cependant, vous ne pourrez le libérer entre les murs de la ville. C'est la loi. Et d'ailleurs, si les esclaves utilisaient la magie selon leurs désirs, où irions-nous ?
- Certes. Mais que puis-je en faire si elle ne peut utiliser sa magie ?
- En réalité, seule sa magie de combat est annulée. Les sortilèges amusants comme vous devez les apprécier sont toujours là... des illusions sans danger, des bruits, des lumières... Cela vous tente-t-il ?
- Enormément !" assura le barde. "Je pourrai certainement l'utiliser pour mes spectacles !"
Tandis qu'il parlait, Taliesin cherchait des yeux un autre esclave qui pourrait lui aussi être acheté pour des exhibitions. Ses yeux se posèrent sur un gnome d'âge moyen, au visage fatigué et désespéré. Le barde le montra du doigt, se forçant à montrer le plus de dédain possible :
"Celui-ci ? Qui est-il ?
- Un illusionniste. Je vois que vous avez l'oeil ! Je n'aurais pas mieux choisi, messire. Il est très doué dans la création de formes spectaculaires, à partir de matière inerte. Un forgeron artistique ! Lui aussi est muselé.
- Comment les désarmez-vous, au fait ?
- Chacun porte un collier, scellé par mes soins, selon les recommandations du Conseil. Ce traitement est spécifique aux esclaves lanceurs de sorts, bien entendu. Je suis le seul à pouvoir leur enlever ce collier, et tant qu'ils le portent, ils ne risqueront pas de s'échapper, croyez-moi."
Posté : sam. 21 oct. 2006, 22:56
par Taliesin
[Quête le prophète gris]
Taliesin opina du chef et afficha un large sourire.
-Très bien, je vais vous prendre ces deux-là ! Ils pourront m’être grandement utiles dans mes spectacles ! Vous possédez vraiment des merveilles, messire, et je me demande comment vous parvenez à vous les procurer. D'ailleurs, serait-il indiscret devous demander si vous les achetez auprès d’autres marchands, ou bien si vous avez vos propres réseaux d’approvisionnement ?
Il avait volontairement tourné le dos aux esclaves. Maintenant que sa décision était prise, il n'avait plus la force d'affronter le regard de ceux qui devraient demeurer sous l’emprise du monstrueux esclavagiste.
Posté : dim. 22 oct. 2006, 19:02
par Mornagest
[Quête : le prophète gris]
Tout sourire, le bonhomme se contenta de poser son index sur ses lèvres, puis répondit :
"Je ne dévoile pas mes sources d'approvisionnement. Vous savez, la concurrence est rude, en ville. Je ne vous accuse pas de vouloir monter un commerce, loin de là ! Mais je me suis déjà fait avoir, un concurrent m'a "volé" mes parts de marché. Dur métier..."
Il parlait comme s'il vendait du matériel ou de la nourriture. Taliesin se demandait si cet homme savait qu'il parlait d'êtres avec une âme, une conscience...
"Je vous les vends cinq cents pièces d'or chacun. C'est un peu cher, mais je peux vous assurer qu'ils en valent la peine. Et aussi, si vous n'en n'êtes pas satisfaits, je vous donne une semaine pour me les rapporter."
Posté : dim. 22 oct. 2006, 22:43
par Taliesin
[Quête : le prophète gris]
Le barde fit mine de réfléchir, de comparer ce que pourraient lui rapporter à long terme les esclaves et ce qu’en exigeait l’esclavagiste, puis il soupira et plongea la main sous son manteau d'où il tira une bourse rebondie.
-Marché conclu. C’est effectivement cher, mais je gage que l’investissement en vaut la peine !
Il ouvrit la bourse et compta la somme demandée. En fait, il transféra à son interlocuteur une bonne part de ce qu’il possédait et se prit à songer que la prochaine paye qu’il recevrait pour ses offices au Mélandinopole serait fort bienvenue.
Quelques minutes plus tard, les dernières modalités de la transaction effectuées Taliesin quittait avec soulagement la sinistre demeure. Les deux esclaves le suivaient docilement, ne sachant trop s’ils devaient se réjouir ou s’inquiéter de leur changement de propriétaire. L’elfe ne fit rien pour les faire pencher d’un côté ou de l’autre : il se contenta d’être poli, et les entraîna jusqu’à la Mélandienne d'Argent, où, loin des oreilles indiscretes, il pourrait enfin lever le doute quant à ses intentions les concernant.
Posté : lun. 23 oct. 2006, 01:25
par Morfea Nwalk
[Quête : le prophète gris]
Tapis dans l'ombre, non loin de là, Morfea attendait nerveusement que sa proie sorte enfin. Il n'avait plus lâché l'elfe depuis sa rencontre avec la petite fille et ses allées et venues commençaient en effet à l'intriguer au moins tout autant qu'elles l'agassaient. S'il se sentait parfois des instincts de prédateurs, il n'en était pas pour autant un modèle de patience et appréciait plus de jouer avec ses proies que de passer de longues heures à les observer sans ne rien pouvoir en faire.
Et jusqu'à cette étrange rencontre avec la fillette, rien n'aurait pu indiquer au demi-elfe que le barde puisse avoir un comportement étrange, mise à part ce profond sentiment étrange enfoui en lui, qui le conduisait à se méfier de cette cible. Pour dire vrai, depuis ce soir où il l'avait pris en filature à la sortie d'un de ses concerts, Morfea commençait à croire le chancelier paranoïaque, tant les activités du barde lui paraissaient singulières.
Mais cette rencontre avec la jeune fille changeait quelque peu la donne. L'attitude de l'efle envers elle débordait de bonté, et il n'était nul besoin de saisir les paroles que le duo s'échangeait pour comprendre que ce dernier n'avait que des intentions pacifiques envers elle. Ce comportement suspect avait eu le mérite d'attiser un peu plus la curiosité du bourreau qui commençait à comprendre d'où venaient les doutes du chancelier envers une personnalité aussi singulière.
L'interminable attente prit fin avec la sortie du barde accompagné par deux silouhettes qui ne payaient guère de mine. Une autre fillette, et un gnome. Décidément le barde ne devait se plaire qu'en compagnie de plus petits que lui. Ce nouveau rebondissement arracha un soupir au bourreau qui secouant la tête, se demandait ce que sa cible avait été trouver là. Alors que le trio s'engouffrait dans une sombre ruelle, prenant la direction des quartiers nobles, l'infravision permit au bourreau d'apercevoir d'étranges colliers qui lui permirent d'identifier immédiatement à quelle sorte d'individus il avait affaire.
- Des esclaves... voilà qui est curieux.
Les éléments qu'il amassait au fur et à mesure de son enquête, laissaient le demi-elfe perplexe. Restant tapi dans l'ombre un long moment, afin de ne pas se faire remarquer, il reprit sa traque de loin essayant d'imaginer les différentes raisons pour lesquelles son client s'était procuré deux esclaves.
Posté : mer. 11 avr. 2007, 02:16
par Taliesin
[Quête : le prophète gris]
Tout droit venus des bas-quartiers, Taliesin et ses hommes s’immobilisèrent devant une maison à l’aspect délabré. Le barde s’avança vers la porte en compagnie d’Albus et de Rhéa. Il tira son épée et la tendit à la jeune femme, puis il toqua à l’huis.
-A vous l’honneur, dit-il.
A peine le propriétaire des lieux eut-il ouvert la porte qu’une lame s’enfonçait profondément dans son impressionnante bedaine. Stupéfait, il tomba à genoux, le regard toujours fixé sur Rhéa.
-Vous ? Mais…
Il n’eut pas l’occasion d’ajouter quoi que ce soit d’autre. Albus, qui s’était glissé à ses côtés, lui trancha la gorge d’un coup précis de sa dague. Le monstrueux esclavagiste s’effondra alors, et les insurgés se précipitèrent à l’intérieur du bâtiment pour libérer ses malheureuses victimes.
Quelques instant plus tard, la troupe prenait la direction des rues commerçantes. Albus et Rhéa avaient obtenu leur vengeance : Taliesin, à présent, devait tenir une promesse.
Posté : mer. 11 avr. 2007, 22:17
par Morfea Nwalk
[Quête : le prophète gris]
Depuis de nombreux jours, Morfea ne quittait plus "le prophète gris" d'une semelle. Et plus le temps passait, plus sa mission devenait simple tant les déplacements du barde, si discrets au départ, attiraient désormais les foules. A un point tel que le bourreau finissait par se poser des questions quand à l'intérêt de sa mission. Si au début, il envoyait ses rapports par message au chancelier de manière plus ou moins régulière, il avait bien conscience que depuis, le bruit que devait provoquer les bienfaits de Taliesin était devenu tel, qu'il devait désormais parvenir directement aux oreilles du conseiller mélandien.
Histoire de pouvoir s'assurer une filature tranquille, Morfea avait pris le pli de se mêler à la meute d'esclaves qui entouraient désormais leur prophète. Se recouvrant d'une vieux sac de pomme de terre, le bourreau apprenait aussi beaucoup auprès de cet elfe. Mais il avait aussi appris à le mépriser. Comment cet homme à qui tant de gens semblent prêts à vouer leur vie, semblent prêts à suivre, pouvait-il refuser l'inévitable combat vers lequel il dirigeait une communauté complète. Il s'était fourni une armée, en terme de ressources humaines mais ne voulait pas se donner les moyens de poursuivre son action. Un lâche ! Voila ce qu'il filait depuis tant de jours : un pauvre lâche !
Et puis, mis devant le fait accompli, le barde accepta de se retrouver au rang de chef de guerre... et là enfin il semblait se donner les moyens d'accomplir ce pour quoi on l'y avait poussé. Il construisait enfin un avenir. Sans faire couler le sang, rien ne paraissait possible aux yeux du demi-elfe. C'est pourquoi cette dernière visite avait plu au bourreau. Ce groupe d'hommes était en train de prendre les choses en main à sa façon et de prendre goût au sang, faisant renaître le chaos dans son sanctuaire. Ces hommes là étaient peut être même d'une autre trempe que ceux qui dirigeaient la cité. Pour Morfea, ces derniers n'étaient que des tocards que les fastes du pouvoir avaient empâté. Ils n'avaient aucun style dans leur façon de gérer le pouvoir, les crises, aucune volonté. Ces insurgés étaient d'une autre trempe. Avec des hommes comme cela, nul doute qu'il serait possible de déplacer des montagnes... mais la révolte n'en étant qu'à son début, le bourreau n'avait pas encore pris de décision quant à un éventuel retournement de veste de sa part. Après tout, même si la forme lui plaisait, le fond de cette révolte lui échappait encore ... rien ne prouvait que ces hommes suivent ensuite une voie dans laquelle il pourrait se retrouver.
Rp: Aux quatre vents
Posté : lun. 29 sept. 2008, 17:11
par Lothringen
Il n'était demeuré à l'ambassade que le temps d'échanger quelques nouvelles avec ses subordonnés, puis, son sort de déguisement lancé, il était ressorti se mêler à la foule ordinaire des habitants, et ses pas l'avaient porté vers les quais. Il ne cherchait rien de précis, sinon à tuer le temps, à prendre une dernière fois la température des lieux en ce nouveau temps de troubles... Mais Melandis n'était-elle pas toujours ainsi, en pleine Apocalypse, ou en train de préparer la prochaine ? Même rasée par un cyclone, elle reprendrait de plus belle, comme la dernière fois, lors de la colère de Talos. Ce n'était pas pour rien que d'aucuns la surnommaient la terre du chaos.
Lothringen percevait ce bouillonnement jusque dans ses artères. Ici, tout était possible. Mais ici, tout n'était aussi que mensonge et fausseté... Comme le masque qu'il portait. Tout en dévisageant ces inconnus qui s'agitaient pour tout ou rien, tout en comptant les cadavres de prêtres qui traînaient ça et là, il songeait à sa propre histoire. Tout ceci l'aurait intéressé avant, et il se serait efforcé d'en tirer autant d'avantages qu'il pourrait pour sa ville. Et à présent, ce lui était égal... L'histoire collective avait bien failli les broyer. S'ils avaient l'occasion de s'en sortir indemnes, il ne fallait pas la laisser passer.
Et il se mit à réfléchir à ce qu'ils pourraient faire... Dans ce chaos, à quoi se raccrocher ?
Suite : La Main de Gloire
http://www.baldursgateworld.fr/lacouron ... post190245
Posté : sam. 29 juin 2013, 21:58
par Galathée
Quête : Les Squelettes du Placard
Chapitre 9 : Sauvetages (suite)
Quittant le Comptoir, Lena entraîna Taliesin dans les rues puantes du port, marchant, tête haute, un rien plus vite que lui. Un mendiant s'écarta rapidement en les voyant s'approcher, s'engouffrant dans la ruelle la plus proche, ils dépassèrent un groupe de manoeuvres qui déchargeaient des chariots, portant des vasques gigantesques en équilibre sur leurs épaules musculeuses, se détournèrent de la Houleuse dont les effluves piquaient la gorge.
" Je ne sais pas. Si nous sommes dans la multitude, nous risquons moins d'être identifiés... Mais tu connais mieux ton instrument et ses pouvoirs que moi... Une ruelle fera donc l'affaire... Mais nous sommes encore trop près de notre base..."
Posté : sam. 29 juin 2013, 22:27
par Taliesin
-Le tout est que nous puissions rentrer avant que le sortilège ne se dissipe... répondit-il à mi-voix. Pour le reste, m'éloigner ne me gêne en rien. Pour être franc, je préfère, même. C'est par ici que j'ai pour la première fois acheté - pour les affranchir sitôt arrivé à la Mélandienne d'Argent - des esclaves. Ils s'appelaient Albus et Rhéa, ils ont compté parmi mes plus proches amis durant toute la rébellion... Le premier est mort dans le désert, parce que le collier qui l'empêchait d'utiliser sa magie a explosé quand nous lui l'avons retiré. La deuxième a été tuée par le juge Kanter... Bref, je ne tiens pas à revoir les lieux où je les ai connus, ni à voir des échoppes d'esclavagistes. Constater que rien n'a changé...
Il soupira.
-Je suis stupide. Où que j'aille, je constaterai que rien n'a changé. Dans quel lieu que nous nous trouvions, les mauvais souvenirs affluerons. Or, je ne vais pas rester cloitré, c'est hors de question. Il faut donc que je m'habitue... Bref, oublie ma remarque. Je te laisse juge de l'endroit que tu trouveras le plus adéquat pour ce que nous avons à faire.
Posté : sam. 29 juin 2013, 22:37
par Galathée
Lena eut un sourire triste.
" Mais les choses ont changé... Pour tous ceux qui ont pu partir, grâce à toi... Et même ceux qui sont morts... Je suis certaine que pour nombre d'entre eux, ce sort leur a semblé préférable. Ils n'ont pas été forcés à avoir des enfants qu'on leur a ensuite arrachés... Ils n'ont pas sué, pleuré, souffert, sous le regard indifférent de leurs maîtres... Et ils ont rejoint les bras de leurs dieux, des endroits meilleurs, où toute souffrance est abolie... Tu leur as rendu l'espoir et la fierté. Aujourd'hui, on parle encore du Prophète Gris. Parfois avec hargne, parfois avec peur, souvent avec nostalgie..."
Elle lui pressa la main, furtive.
" Les choses ont changé. Elles changeront encore. Un jour, Luménis et Manost s'allieront pour raser tout ceci... En attendant, nous brûlerons notre énergie pour agir à notre échelle. N'aie pas de regrets."
Posté : sam. 29 juin 2013, 22:47
par Taliesin
Il hocha lentement la tête.
[color=#FFFFF66]-J'espère de tout cœur que le futur sera tel que tu le décris. Et dans l'immédiat, tout au long de mon séjour parmi vous, j'ai bien l'intention de vous aider. D'agir. Mais... Moins inconsidérément et moins impulsivement que le fois précédente.[/color]
L'attitude humble à laquelle il devait s'astreindre avait un énorme avantage : les yeux baissé, il n'aurait pas à observer, dans toute leur horreur, ces ignobles boutiques où l'on vendait les esclaves comme du vulgaire bétail. C'était mieux, bien mieux ainsi. Car être confronté à un tel spectacle tout en restant les bras croisés, alors qu'il venait à peine d'arriver à Melandis, alors qu'il n'avait pu encore s'acclimater... Ce serait quasi insupportable, malgré les paroles encourageantes de Lena.
Pense uniquement à Galathée et aux autres disparus que la Réunion est chargée de sauver. Uniquement à eux. Le reste... Tu ne peux, tu ne dois rien faire, se répéta-t-il intérieurement.
Posté : dim. 30 juin 2013, 08:00
par Galathée
S'il ne voyait rien, il entendit cependant beaucoup plus qu'il ne l'aurait aimé. Il entendit les cris et les rires, le ton enlevé d'un marchandage, une supplique dans une langue étrange, les pleurs d'un enfant, le claquement d'un fouet, le cliquetis de chaînes. L'odeur, aussi, était prégnante, entre sueur, sang et merde, le prenant à la gorge et au coeur. Mais Lena infléchit rapidement sa trajectoire, les repoussant vers l'intérieur de la ville, dans des ruelles moins fréquentées.
" Nous ne pouvons pas rester longtemps par ici, ou nous allons avoir des ennuis, murmura la jeune femme. Certaines zones sont défendues par des bandes peu amicales... Pour l'instant, ils nous observent, et ils se défient des symboles qui ornent ma tunique, mais ils ne nous laisseront pas tranquilles si tu te mets à jouer du pipeau..."
Le prenant par l'étoffe de sa chemise, elle lui fit hâter le pas, tourner à gauche, à droite, encore à gauche, se glisser dans une ruelle couverte, traverser une petite place où on vendait des légumes à la criée, puis elle s'immobilisa enfin dans l'ombre d'un hangar, sous un encorbellement.
" Le Luménien Noyé est juste derrière. Personne ne s'étonnera d'un peu de musique. Je pense que c'est le bon endroit et le bon moment."
Posté : dim. 30 juin 2013, 09:13
par Taliesin
Il n'avait pas imaginé que ce serait si dur.
Non, en réalité, il n'avait rien imaginé du tout. Entre les événements de Mersant, de Ferhulm, du Refuge et ceux qui avaient marqué son arrivée parmi les membres de la Réunion, il n'avait rien pu anticiper. Ces sons, ces odeurs, ces images entrevues du coin de l’œil l'avaient donc frappé de plein fouet, et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il n'en menait pas large.
Galathée, Polyanna, Deverell, Nathaniel, Eliott et Calliope. Voilà ceux que tu peux aider à sauver. se répétait-il inlassablement, comme s'il s'agissait d'une incantation, comme si elle pouvait dresser une barrière entre lui et les horreurs de cette cité infernale. Pour les autres, tu ne peux rien. Absolument rien.
De fait, il savait que c'était la vérité. Il lui était possible d'acheter un, deux, trois esclaves ; mais ce serait aussi dérisoire que dangereux, car il enfreindrait les règles de l'organisation, la mettrait en danger, nuirait à sa mission... et parce que s'il commençait a agir ainsi, il ne savait pas s'il serait capable de s'arrêter.
Galathée, Polyanna, Deverell, Nathaniel, Eliott et Calliope. Eux et seulement eux.
Sursautant légèrement lorsque Lena reprit la parole, il la dévisagea un instant, l'esprit un peu ailleurs. Puis il acquiesça, tira le pipeau de sa poche et, sans plus perdre un instant, joua "Les Damoiselles d'Eauprofonde".
Posté : dim. 30 juin 2013, 09:23
par Galathée
Les notes aigrelettes de la chanson paillarde s'élevèrent dans l'air moite et pendant un instant, il ne se passa rien. Puis il y eut un rai de lumière subit, surgit des hauteurs, qui vint frapper le sol juste entre le barde et la jeune drow. Celle-ci poussa un cri étranglé et tomba à genoux. Puis la lueur se dissipa, aussi rapidement qu'elle avait surgi. Un sac de toile de bonne taille se trouvait sur le sol. Lena était toujours à terre, frissonnante.
" Cette magie est violente, murmura-t-elle. La lumière... J'aurais dû m'en douter..."
Elle tendit une main vers Taliesin pour qu'il l'aide à se relever.
" Nous devons filer au plus vite."
Il semblait cependant qu'elle aurait besoin d'être soutenue.
Posté : dim. 30 juin 2013, 09:54
par Taliesin
-Toutes mes excuses, Lena. J'aurais dû te prévenir : certes, les effets lumineux qui se produisent lorsqu'on joue ce morceau sont rarement aussi impressionnants, mais il y en a toujours... Bref, je suis impardonnable.
Cependant, le moment était mal choisi pour de vaines palabres : des gens avaient pu être témoins du phénomène ou entendre le cri de la drow. Ils devaient donc, comme elle l'avait fort justement indiqué, filer sans perdre un instant.
-Laisse-moi une seconde pour charger ça sur mon épaule, poursuivit-il en remettant le pipeau dans sa poche. Ensuite, je te conduirai jusqu'à chez nous.
Aussitôt dit, aussitôt fait : le barde se pencha et saisit le sac, croisant les doigts pour que son poids ne soit pas proportionnel à son volume...
Posté : dim. 30 juin 2013, 10:08
par Galathée
Le sac était léger, rempli de quelque chose qui semblait fait d'étoffe, peut-être des vêtements, aussi Taliesin n'eut-il aucun mal à le soulever. Il glissa ensuite le bras sous l'épaule de Lena et l'aida à marcher. Elle recouvrit rapidement son allant, sans doute désireuse de protéger leur couverture, et ils filèrent vers le Comptoir, elle devant, hautaine, lui derrière, courbé, sans se soucier des regards qui s'appesantissaient sur eux, parfois craintifs, parfois maussades.
Malgré son trouble, la drow évita soigneusement la zone des esclavagistes sur le chemin du retour, préférant les entraîner dans un dédale d'entrepôts et de hangars, de ponts et de quais de fortune. Peut-être était-ce pour ne pas passer deux fois au même endroit et ainsi risquer de s'imprégner dans les mémoires, peut-être était-ce par égard pour le barde, dont elle avait probablement deviné, mais trop tard, les tourments.
Ils gagnèrent ainsi leur point de départ après une marche relativement épuisante et purent retrouver la sécurité du Comptoir.
Posté : dim. 14 juil. 2013, 17:12
par Galathée
Quittant leComptoir des Transparences, Taliesin, sous l'apparence de messire Baelish, et Calliope, son garde du corps du jour, remontèrent les rues déjà agitées du quartier portuaire sans prêter attention à la populace qui s'y pressait. Calliope avait un air mauvais, une balafre spectaculaire lui traversant le visage de part en part, et sa hache avait la lame tachée. Deux hommes à la mine belliqueuse croisèrent leur route mais s'effacèrent rapidement en l'apercevant plus clairement, ce qui la fit glousser comme une adolescente, une fois qu'ils se furent éloignés. Comme l'avait dit Elliott, la manufacture de tapis n'était pas très loin. Elle se trouvait sur un quai, bâtisse sévère et sombre, quatre voiliers amarrés dans son ombre.
" Les tapis qui sont tissés ici sont envoyés partout en Dorrandin. Personne ne se soucie de savoir quels petits doigts ont saigné pour entrecroiser les fils de laine à si bon prix. Même à Manost."
Elle s'immobilisa à quelques mètres.
" Penses-tu prétendre que tu connais le garçon ou vas-tu lui demander de t'en montrer plusieurs ?"
Posté : dim. 14 juil. 2013, 17:33
par Taliesin
-Je songeais à leur dire d'emblée lequel de leurs esclaves m'intéresse. La force de Baelish, ce qui en fait un entremetteur hors du commun, c'est qu'il est capable de satisfaire même le plus exigeant des clients, de dénicher même le plus rare des profils. Je pensais donc dire qu'outre l'âge et l'apparence physique, le commanditaire a exigé qu'il s'agisse d'un Luménien. Le dénicher n'aura pas été simple, aura nécessité une enquête poussée mais, Baelish jouissant d'un excellent réseau d'informateurs, il a fini par trouver... Cette solution aurait aussi l'avantage de nous éviter de devoir examiner plusieurs de ces mômes, ce qui serait terriblement rude : faire mine de m'intéresser à eux, tout en songeant que je pourrai libérer n'importe lequel, tout en sachant qu'hormis pour Fulgence, je n'ai pas le droit de bouger le petit doigt...
Il soupira.
-Enfin, si tu trouves que ce serait plus crédible d'agir de la sorte... Je le ferai. Nous devons être pragmatiques, notre comédie ne doit éveiller aucun soupçon alors... Je m'en remets à ton avis. Tu connais mieux que moi ce genre d'endroit, tu sais donc ce qui aura le plus de chances de convaincre les propriétaires.
Posté : dim. 14 juil. 2013, 17:41
par Galathée
" Tu as raison, fit Calliope. C'est sans doute plus audacieux... Mais cela devrait marcher. Surtout si tu paies au-dessus du prix du marché. Ce n'est sûrement pas la première fois qu'un souteneur viennent leur acheter des enfants... Ils revendent sûrement les adolescents eux-mêmes, d'ailleurs, en fonction du meilleur prix qu'ils espèrent en tirer..."
Ils retournèrent vers la porte de la manufacture, dépourvue de vitre. Ce n'était pas un magasin.
" Songe que l'enfant ne porte probablement plus le nom sous lequel nous l'avons identifié. Songe qu'il n'en a probablement pas du tout pour ses maîtres." souffla-t-elle encore avant de frapper à la porte.
Elle s'effaça ensuite devant Baelish. Taliesin entendit un bruit de pas, puis un verrou que l'on tire, et un homme en vêtements de toile frustre fit son apparition. Il avait un fouet à la ceinture, une barbe de quelques jours, et empestait l'alcool de mauvaise qualité, malgré l'heure matinale.
" Vous voulez quoi ?"
Ses yeux rouges semblèrent seulement apercevoir son interlocuteur.
" Messire."
Posté : dim. 14 juil. 2013, 18:18
par Taliesin
Face à la tentative de l'homme pour se conformer au moins un tantinet aux bonnes manières, Taliesin abandonna l'air indigné qu'il avait adopté un instant plus tôt et adressa un sourire froid mais poli à son interlocuteur.
-Bonjour. Pourriez-vous dire aux maîtres des lieux que Peter Baelish souhaiterait s'entretenir avec eux, pour une affaire concernant l'un de leurs esclaves ?
Autant aller droit au but. Si ses supputations de Calliope étaient vraies, l'autre ne s'étonnerait pas outre mesure de la démarche.
Posté : dim. 14 juil. 2013, 18:33
par Galathée
" Maître Mitchell est pas encore là, mais la Mère, elle doit s'trouver."
Il regarda Calliope avec méfiance.
" Tu dois laisser ta hache là. Les armes, tout ça, c'est dangereux près des tapis."
Calliope obtempéra avant que Baelish ne puisse s'offusquer et ils pénétrèrent dans un petit couloir exigu qui dégageait une odeur pestilentielle. L'homme les mena jusqu'à une porte qui donnait sur un semblant de bureau et leur désigna des fauteuils usés. L'elfe resta bien sûr debout, les épaules carrées.
" J'vais chercher la Mère. Vous bougez pas."
Il abandonna ensuite Taliesin et Calliope, sortant par une autre porte, qu'il verrouilla derrière lui.
" C'est l'odeur des teintures... A vous trouer les poumons." murmura la jeune femme, profitant de ce bref répit.
Ils ne durent pas attendre longtemps car la porte s'ouvrit à nouveau, laissant le passage à une imposante matrone. Agée d'une cinquantaine d'année, elle avait une chevelure blonde gigantesque, qui cascadait en boucles somptueuses autour de son visage poupin et le long de son dos jusqu'à sa taille. C'était manifestement une perruque. La couche de fard qui recouvrait ses joues lui donnait l'air d'un gâteau halfelin. Elle était enrubannée dans une robe de soie rouge vif qui ne mettait rien d'intéressant en valeur, bien qu'elle ne soit pas réellement grosse. Sûre de son charme, elle battit des cils en apercevant Baelish et lui tendit la main pour qu'il la baise.
" Messire, que puis-je pour vous ?"
Posté : dim. 14 juil. 2013, 19:21
par Taliesin
Un homme tel que Baelish aurait pu s'indigner qu'une telle créature joue les grandes dames et entende qu'il la traite comme telle ; cependant, il allait devoir conclure une affaire avec elle, ce qui justifiait qu'il se conforme à ses caprices. Il pratiqua donc le baise main le plus distingué qui soit.
-Madame, c'est un honneur de vous rencontrer.
L'instant suivant, réponse à ses minauderies, il lui adressa un sourire charmeur.
-Je porte un grand intérêt à l'un des enfants qui travaillent ici. J’œuvre comme entremeteur pour les membres les plus distingués de la bourgeoisie et de la noblesse de notre grande cité : ils me demandent de trouver des profils correspondant à leurs attentes et que le souci de discrétion ou le manque de temps les empêche de rechercher eux-mêmes. Or, l'un de mes commanditaires m'a chargé de lui trouver un type d'esclave bien précis et, si mes renseignements sont justes, vous en êtes justement propriétaire : il s'agit d'un garçons de sept ans, blond aux yeux clairs et d'origine luménienne.
Posté : dim. 14 juil. 2013, 19:44
par Galathée
La femme le regarda avec surprise.
" Oh... Moi qui espérais vous vendre quelques tapis, fit-elle, avant de rire derrière sa main, coquette. Il est possible que nous ayons un enfant de ce genre parmi nos esclaves. Je dois avouer que pour moi, ils se ressemblent tous."
Elle haussa les épaules.
" Vous ferez bien de le faire désinfecter avant de le livrer à votre commanditaire. Je ne sais pas par quel mauvais sort ces gosses attirent la vermine."
Haussant les épaules, elle tira sur un cordon à côté de la porte et l'homme à la mine patibulaire qui leur avait ouvert reparut.
" Ce monsieur chercher un enfant blond aux yeux bleus de... sept ans. Qui serait luménien. Ça te dit quelque chose ?
— Y'a au moins une quinzaine de blondasses dans le lot.
— Un garçon, si j'ai bien compris. Luménien. Tu peux peut-être leur poser la question ?
— J'vais voir.
— Ils sont bientôt en pause.
— J'sais bien."
Il ressortit tandis que la femme dardait un sourire en direction de Baelish.
" J'imagine que si vous oeuvrez pour la noblesse, vous avez les moyens de payer. Ce garçon est un excellent ouvrier. Ils le sont tous. Nous les éduquons à tisser les meilleurs tapis de Melandis. Notre renommée s'étend jusqu'en Féérune. Il doit bien valoir quinze pièces d'or."
Posté : dim. 14 juil. 2013, 20:09
par Taliesin
Il eut bien de la peine à demeurer impassible : avec une telle introduction, il s'était attendu à une somme astronomique, et voilà qu'elle lui annonçait... quinze pièces d'or. Une bouchée de pain, presque. Pour un enfant. Un être humain... Enfin, il le savait. Il l'avait su. Qu'il puisse en être ému montrait bien à quel point il devait se réaclimater, s'il voulait être utile à la Réunion.
Il arbora une mine pensive, comme s'il trouvait le prix non trop faible, mais trop élevé - et il l'était
-Compte tenu de la rareté du profil, nous pourrons sans doute nous entendre sur le prix. Mais je vérifierai au préalable qu'il s'agit bien d'un Luménien, car c'était une clause incontournable du contrat. Il me faudra aussi m'assurer qu'il n'est pas trop abîmé : je dois le livrer comme neuf et, par conséquent, les soins éventuels sont à ma charge. S'il leur coût est trop élevé, il faudra peut-être discuter d'un rabais... Je doute cependant que ce soit nécessaire.
Il lui sourit à nouveau, affable.
-A propos de négociations : serait-il possible qu'elles aient lieu, de même que la transaction, hors de sa présence ? La personne qui m'a commandité tient absolument à ce qu'il ne sache pas ce qui l'attend. Dans l'idéal, elle aimerait même qu'il soit sinon enthousiaste, au moins pas trop inquiet. Auriez-vous une idée de ce que nous pourrions lui raconter ? J'avais pensé dire que j'étais là pour vérifier son état de santé puis, après l'examen, annoncer qu'il était nécessaire que je le conduise au temple pour des soins ou... une désinfection. Mais peut-être cela lui semblera-t-il étrange...
Posté : dim. 14 juil. 2013, 20:33
par Galathée
La femme parut à nouveau surprise de la demande de Baelish et haussa les épaules.
" Qui voudrait désinfecter ce genre de vermine ? Quel temple s'en soucierait ?"
Elle secoua la tête, incrédule.
" Dites-lui que vous représentez une autre manufacture, ce sera bien suffisant. Ou qu'il est appelé à entrer dans un petit atelier de confection. Dites-lui ce que vous voulez, en somme..."
La porte s'ouvrit sur le contremaître, poussant devant lui un gamin fluet aux yeux larmoyants, les cheveux blonds sales et les bras repliés autour de sa carcasse frêle. Il jeta un regard effrayé à la matrone, un regard effrayé à Taliesin, un autre à Calliope, mais d'entre tous, l'immense homme qui le surplombait semblait le terrifier encore davantage.
" C'est çui ci."
L'enfant se replia comme s'il s'attendait à être frappé dans l'instant.
" T'es luménien, alors ?"
Il ne dit rien, demeura figé dans sa posture défensive.
" Réponds à la Mère, gamin.
— Non, non, j'suis pas luménien.
— Mais alors quoi ?"
Le contremaître lui flanqua une taloche sur le crâne.
" Les autres disent qu'il est luménien.
— C'est pas vrai. Ils disent ça juste pour que je sois puni. J'suis pas luménien."
A côté de Taliesin, Calliope confirma cependant que c'était bien l'enfant qu'ils cherchaient.
Posté : dim. 14 juil. 2013, 20:51
par Taliesin
Le geste le rassura énormément. Un instant, il s'était demandé si le gosse ne disait pas vrai, s'ils n'allaient pas devoir enquêter parmi les dizaines de petits esclaves pour découvrir lequel était vraiment Fulgence... Heureusement, il n'en était rien. Restait cependant à trouver quelle histoire lui raconter. S'il répétait celles suggérées par la Mère, il ferait exactement ce qu'Eliott lui avait demandé d'éviter. Sans compter qu'il ne pourrait pas faire mine, comme le devait Baelish, de s'assurer qu'il n'était pas trop mal en point.
Soudain, sans trop savoir pourquoi, il songea au Refuge et l'idée lui vint.
[color="FFFF66]-Allons, nous savons très bien que tu es luménien, mais ce n'est pas pour autant que tu seras puni,[/color] commença-t-il, amical, en s'adressant au gamin. En ce moment, une maladie circule, en ville : elle n'est pas du tout grave mais nous avons remarqué qu'elle était un tout petit peu plus embêtantes pour les Luméniens. Alors je dois t'examiner pour vérifier que tu n'en présentes pas les symptômes. Si tu les présentes, je te conduirai dans un dispensaire où on te guérira. Cela ne prendra qu'une heure ou deux, ensuite, je te ramènerai ici.
Évidemment, ça allait l'inquiéter. Sans doute beaucoup l'inquiéter. Mais au moins, il voyait qu'on se souciait de sa santé, qu'on ne le considérait pas comme une vulgaire marchandise...
Posté : dim. 14 juil. 2013, 21:03
par Galathée
Le gosse jeta un regard effrayé au noble seigneur qui venait de parler.
" J'suis pas luménien, répéta-t-il avant de se prendre un coup supplémentaire.
— Fais ce que te dit le monsieur. Déshabille-toi qu'il puisse t'examiner." fit la mégère.
Calliope ouvrit une bouche ronde de surprise.
" Ce n'est pas nécessaire." dit-elle, presque par réflexe, s'attirant, évidemment, le regard des deux adultes et de l'enfant.
Posté : dim. 14 juil. 2013, 21:35
par Taliesin
Sitôt que la Mère était intervenue, il s'était mis à réfléchir, à toute vitesse, afin de trouver un moyen de limiter au maximum l'humiliation qu'allait subir le gamin. L'intervention de sa comparse lui révéla qu'elle avait les mêmes idées en tête. Sauf que, fragilisée par ses mois d'esclavage, elle avait été si indignée qu'elle n'était pas parvenue à se contenir. Ce qui les mettait dans une situation bien embarrassante.
Il ferma les yeux, une fraction de seconde.
Il n'était pas Taliesin, le barde venu arracher un petit Luménien à ses chaînes, mais Peter Baelish, un ignoble entremetteur qui allait livrer un esclave à un commanditaire dépravé et qui, auparavant, devait s'assurer que la marchandise n'était pas trop abîmée afin de réclamer, éventuellement, un rabais sur le prix.
Calliope n'était pas un agent secret désirant également sauver Fulgence, mais une simple garde du corps, peut-être esclave elle-même, qui venait de prendre la parole alors que rien ne l'y autorisait, pour dire quelque chose qui allait à l'encontre des intérêts de son maître.
Baelish ne pouvait pas laisser passer la chose. Sinon, la Mère et son affreux subordonné commenceraient vraiment à trouver leur manège étrange. Sans doute se posaient-ils déjà beaucoup de questions...
Désolé, Calliope. Désolé, Fulgence. Je n'ai pas le choix.
Un instant, ses traits se crispèrent sous le coup d'une folle indignation. Puis il prit une profonde inspiration.
-Allons, tu sais très bien que si, c'est nécessaire, dit-il à son garde du corps rebelle d'un ton qui se voulait de doux reproche, puisque l'entremetteur avait pour consigne de ne pas inquiéter le gamin, mais où perçait malgré tout une pointe de colère mal contenue. Si tu allais nous attendre dehors ? Nous discuterons de cela plus tard. Des... méthodes grâce auxquelles nous repérons les symptômes, veux-je dire.
Évidemment, pour tous les auditeurs hormis Fulgence, le message était clair : tu n'as pas su rester à ta place, il t'en cuira.