La Couronne de Cuivre

Sur un signe du professeur Vitellius, l'Appariteur alla ouvrir l'un des coffres. Il en tira les deux morceaux d'une canne brisée qui aurait grand besoin d'une réparation, un parchemin couvert de pattes de mouche qu'il s'agirait d'effacer, une dague qu'il faudrait enchanter et, enfin, un petit coffret probablement verrouillé. Chacun de ces objets était par ailleurs assez léger pour qu'Eldurvellir les déplace en usant de télékinésie.
-Vous pouvez lancer les sortilèges dans l'ordre de votre choix, fit Vitellius lorsque tout fut déposé à l'intérieur de l'espace circulaire et l'Appariteur revenu à sa place, près de la porte. Allez-y, nous vous regardons.

Eldurvellir se reconcentra.

>> Manipulation à distance >> parchemin

>> Effacement >> parchemin

>> Manipulation à distance >> dague

>> Arme magique >> dague

>> Manipulation à distance >> coffret

>> Ouverture >> coffret

>> Manipulation à distance >> morceaux de canne

>> Réparation >> morceaux de canne

Il leva les yeux vers le professeur Vitellius.

Les deux hommes ne s'étaient fendus d'aucun commentaire tandis qu'Eldurvellir lançait tour à tour les cinq sortilèges qu'il avait mémorisés. Et ils n'en firent pas davantage quand il eut terminé.
--Le professeur Krigg et moi-même allons à présent nous retirer pour délibérer, dit simplement Vitellius. Vous allez être reconduit au salon des solliciteurs, et nous vous ferons chercher quand nous aurons pris une décision.
Aussitôt dit, aussitôt fait : l'Appariteur ramenait le candidat dans la pièce où il s'était restauré et l'y laissait seul. Personne ne lui avait donné la moindre indication quant à la manière dont il s'était sorti des diverses épreuves, et le temps commença à s'écouler. Dix minutes, puis vingt, puis trente... Dans le couloir, aucun bruit n'annonçait le retour de l'Appariteur.

Eldurvellir décida d'être patient... Mais il ne put empêcher l'inquiétude de se faire jour dans son esprit.

Afin de passer utilement le temps, il décida de faire la toilette de Tiamandis : vérifier qu'elle n'avait pas de puces, vérifier que sa peau n'avait aucune lésion... La santé de sa pipistrelle était une de ses priorités.

Mais ses pensées vagabondaient toujours vers le même sujet : l'examen.

Et s'il s'était trompé, s'il n'était pas digne de l'Ecole du Necronomicon, pas digne de Melandis ? Cette douloureuse pensée lui fit monter les larmes aux yeux ; il eut bien du mal à les refouler.

Tiamandis soigneusement examinée sous toutes les coutures, il s'efforça de penser à des choses agréables.

Béroalde ! un excellent sujet de pensée, une femme non seulement belle et sensuelle, mais aussi une femme cultivée et pleine d'esprit. Il n'avait pas eu autant de plaisir à se trouver aux côtés d'une personne depuis bien longtemps.

Il se réinstalla dans le grand fauteuil vert, espérant presque s'y endormir de nouveau. Tiamandis, elle, s'agita brusquement.

Les nécessités d'un petit animal sont parfois triviales... Il était temps de trouver des lieux d'aisances.

Une heure peut-être après son retour dans le salon, des pas résonnèrent dans le couloir : l'Appariteur était de retour, enfin. Il conduisit Eldurvellir jusqu'au tout proche Bureau d4es Solliciteurs ou se trouvaient, outre la femme qu'il avait rencontrée l'avant-veille, les professeurs Krigg et Vitellius. Le trio était debout et n'invita pas le candidat à s'assoir, lequel comprit que le faire malgré tout serait une grave entorse à la bienséance.
Krigg déroula un parchemin qu'il tenait à la main et entreprit aussitôt de le lire à haute voix :
-Attendu que le dénommé Eldurvellir, originaire de Val Bise, affirmant sans pouvoir en apporter la preuve avoir reçu une formation de transmutateur auprès d'un maître répondant au nom d'Avalon, a sollicité la reconnaissance de Mage Extérieur auprès de l’École du Necronomicon ;
Attendit qu'il s'est soumis à l'examen en se conformant à ses règles et sans tenter de frauder, d'aucune manière que ce soit ;
Attendus les résultats qu'il a obtenus aux épreuves théoriques et pratiques ;
Le jury mandaté par la susmentionnée École du Necronomicon, composé du professeur Krigg et du professeur Vitellius, secondés par l'Appariteur Talbart, s'est réuni à l'issue de l'examen, a débattu et a décidé en toute conscience, à l'unanimité :
D'accorder au dénommé Eldurvellir, originaire de Val Bise, affirmant sans pouvoir en apporter la preuve avoir reçu une formation de transmutateur auprès d'un maître répondant au nom d'Avalon,
Le titre de Mage Extérieur de l’École du Nécronomicon, avec la mention très honorable et les félicitations du jury.

Ce fut comme une paix immense qui descendait dans son coeur.

Eldurvellir était heureux.

Il se sentait à sa place dans l'Univers, dans ses choix de vie ; son parcours étrange aboutissait enfin à sa raison d'être.

Le nouveau Mage Extérieur n'était pas ému, c'était au-delà de l'émotion, au-delà de toute démonstration physique de bonheur.

Enfin il se rendit compte qu'il devait manifester ses remerciements vis-à-vis de ces dignes professeurs, vis-à-vis de cette magnifique Ecole.

Eldurvellir réussit enfin à conquérir son sentiment et reconquérir ses facultés d'expression.

- Maîtres, merci.

Il eut son demi-sourire et continua :

- Vous me rendez simplement heureux. Je suis à votre disposition, heureux de l'être, heureux d'être reconnu par l'Ecole du Necronomicon.

Des larmes d'émotion montèrent alors à ses yeux. Il porta machinalement la main à Tiamandis et caressa la douce fourrure de la pipistrelle, qui était très calme. Comme elle-même heureuse du bonheur de son maître.

[Quête : De flamme et d'os]

Abandonnant quelque peu leur attitude sévère, les deux enseignants sourirent à Eldurvellir et le félicitèrent pour ses excellents résultats - ils semblaient notamment impressionnés par l'étendue de ses connaissances. Cependant, après quelques minutes de discussion, ils durent prendre congé : ils avaient encore fort à faire avant la fin de la journée. Le transmutateur se retrouva ainsi seul avec la femme, qui s'assit et l'invité à l'imiter.
-Je vous ai rédigé une attestation : elle vous servira à prouver votre statut de Mage Extérieur le temps que votre diplôme soit prêt, expliqua-t-elle en lui tendant un parchemin. A présent, nous pouvons discuter de la mission que nous allons vous confier. Il s'agit d'une tâche sortant un peu de l'ordinaire et qui pourrait s'avérer périlleuse : cependant, les professeurs Krigg et Vitellius vous pensent à la hauteur. De surcroît, si vous réussissez, je suis sûr que vous obtiendrez sans tarder la nationalité mélandienne.

- Ma Dame, volontiers, je ne demande qu'à participer à ce qui fait la grandeur de l'Ecole, et celle de Melandis.

Eldurvellir prit le parchemin avec ce qui ressemblait à de la ferveur ; il le déroula lentement, le lut. Ses yeux brillaient de plaisir.

Tiamandis allongea une aille griffue vers le parchemin, l'effleura avec un couinement :

- Bonheur.

Le nouveau Mage Extérieur cajola la petite chauve-souris et reprit à l'attention de la sévère Melandienne :

- Ma Dame, s'il vous plaît de m'exposer la mission en question ?

[Quête : De flamme et d'os]

-Une secte démoniste ou sataniste, nous ne savons pas exactement, a établi ses quartiers quelque part au fond des cryptes qui s'étendent sous le cimetière. Lorsque nous l'avons appris, nous ne nous sommes pas inquiétés : ce n'est pas la première fois qu'un tel groupe s'installe là-bas et, d'ordinaire, il suffit de quelques jours aux créatures qui hantent les lieux pour éliminer les intrus. Mais il n'en a pas été ainsi, cette fois, et la secte n'a cessé de croître en importance. Nous aimerions donc que vous vous renseigniez à son sujet, que vous rassembliez un maximum d'informations afin que, le moment venu, nous puissions l'éliminer aussi complètement que possible. Et nous avons d'ores et déjà une piste à vous proposer : nous savons qu'une jeune fille dénommée Clémentine a faussé compagnie au groupe et qu'elle travaille désormais comme servante au Luménien Noyé. Elle est reconnaissable au symbole qu'elle porte sur la joue, un cercle barré de deux traits. Nous supposons qu'elle en sait beaucoup sur ces gens. En tout cas, l'interroger serait un début.

- Fort bien. Je l'ai très probablement déjà vue, puisque je réside moi-même au Luménien Noyé. Peut-être plus pour bien longtemps...

Eldurvellir pensait à sa nouvelle amie Béroalde, dont la grande maison était très accueillante.

- ... Mais je peux aisément continuer à y résider quelques semaines. Et me renseigner sur cette secte, après avoir mis la jeune fille en confiance.

Intérieurement Eldurvellir était inquiet. Si la jeune fille était la maritorne avec qui il avait déjà échangé quelques mots, il ne voyait pas trop comment renouer le dialogue. Autre qu'un dialogue sur le plat du jour, s'entend. A la seule lumière vespérale du feu et des candélabres, il n'avait remarqué aucun tatouage.

Avec un léger soupir, le nouveau Mage Extérieur se dit que l'auberge lui offrait une indépendance très utile, voire indispensable ; et rien ne l'empêcherait de retrouver Béroalde quand il le souhaiterait - quand elle le souhaiterait elle aussi, naturellement.

[Quête : De flamme et d'os]

La femme hocha la tête.
-Vous devrez faire preuve de prudence et de patience : il se peut que les cultistes aient sur elle des moyens de pression qui la feront hésiter à parler. Il se peut aussi qu'ils lui aient lancé quelques sortilège pour l'empêcher de trop en dire. De surcroît, il est tout à fait possible que certains membres du groupe la recherchent ou la surveillent. Alors, soyez sur vos gardes. Vous pouvez pousser l'enquête aussi loin que vous désirez. Cependant, essayez de ne pas vous faire tuer ou capturer : les informations que vous aurez récoltées seraient alors perdues en même temps que vous, et il nous faudrait repartir de zéro, avec un autre collaborateur. Ce serait fort dommage pour tout le monde, sans compter la perte de temps que cela représenterait...

Eldurvellir rit franchement.

- J'aime cette absence de sentimentalisme envers les humains... J'espère qu'il est étendu aux elfes, gnomes et autres créatures censées être supérieures aux autres animaux.

Il reprit son sérieux.

- Tiamandis protègera mes informations. Elle les emportera de nuit, une fois que je les aurai rédigées. Je vous ferai un rapport quotidien si nécessaire. Par contre, je préférerais que nous ayons un code... Afin d'éviter toute fuite, au cas où ma pipistrelle perdrait le message... Ou qu'elle soit agressée.

Inconsciemment Eldurvellir serra les poings.

- Pour le code, nous étudions quelque chose de nouveau et relativement simple ensemble... Ou nous pourrions utiliser des runes antiques que seuls les spécialistes peuvent connaître.

[Quête : De flamme et d'os]

-Mieux vaudrait s'en tenir aux rudes antiques : nos érudits professeurs savent les lire et de toute façon, à franchement parler, je n'ai présentement pas le temps d'élaborer un nouveau code avec vous. Pour le reste, ne nous faites parvenir des rapports que si vous avez recueilli des informations totalement fiables : nous avons besoin de données précises, et les rumeurs sont souvent plus une source d'erreurs qu'une aide. Enfin, si vous chargez votre familier de nous transmettre ces missives, veillez à ce qu'il se présente aux Appariteurs, aux portes de l'enceinte. Si d'aventure il essayait de voler par-dessus le mur, il risquerait d'être pris pour un intrus mal intentionné et instantanément éliminé, par mesure de précaution.

- Parfait. Je vais expliquer tout cela à Tiamandis... Et aussi aux Appariteurs. Je ne tiens pas à ce qu'il arrive quoi que ce soit de fâcheux à mon familier.

Eldurvellir prit son sac et réinstalla confortablement la pipistrelle sur son épaule.

- Puis-je disposer, ou peut-être avez-vous encore d'autres informations ?

[Quête : De flamme et d'os]

-Non, pas d'autre information à vous donner. Mais ne vous embêtez pas à prévenir les Appariteurs : nous informerons leur responsable, qui transmettra le mot à l'ensemble de son équipe.
Elle lui sourit brièvement.
-Je vous souhaite le bonsoir, messire Eldurvellir. L'Appariteur Talbart va vous reconduire.
De fait, l'homme se tenait dans le couloir, et il escorta le mage jusque dans la rue, avant de le saluer et de repartir dans l'autre sens.
C'était la fin d'après-midi et le soleil déclinant, se rapprochant de l'horizon, dardait ses rayons mordorés sur l'imposant édifice qu'était l’École du Necronomicon.

- Bonsoir, ma Dame, répondit Eldurvellir.

Lui aussi sourit en retour.

Il sortit, songeant à quel point un sourire pouvait transformer une noble dame austère : la femme âgée aux cheveux d'argent avait paru devenir quelque fée surgie d'un monde de brume.

Eldurvellir rit. Pas longtemps ! une Tiamandis effarée bondit de son écharpe, prit un peu de hauteur, effectua un acte dont la décence empêche le récit détaillé, manquant de peu un ânier et son chargement.

Cette fois le nouveau Mage Extérieur faillit bien perdre toute dignité. Il dut se réfugier dans une ruelle pour rire à son aise, tandis qu'une Tiamandis un peu dépitée par l'hilarité de son maître le rejoignait enfin.

Puis il revint vers l'Ecole, devant l'enceinte. Ici il fixa la pipistrelle, la caressa doucement entre ses oreilles et chuchota une mélopée hypnotique. Tiamandis écouta, repéra les lieux, couina sur un ton affirmatif.

Eldurvellir repartit. Il n'aurait pas longtemps à atteindre l'auberge. Pensant passer chez Béroalde, il décida qu'il valait mieux tout d'abord s'assurer qu'il n'avait pas trop contrevenu aux habitudes du Luménien Noyé... S'il passait une nouvelle nuit chez sa nouvelle amie, il courrait le risque d'être tout bonnement expulsé de la chambre qu'il occupait à l'auberge. Assez malvenu quand on devait y enquêter...

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Eldurvellir arriva rapidement en vue de l'Ecole du Necronomicon. Par souci de rapidité, il avait renoncé à faire un crochet chez sa tendre amie Béroalde. S'il était allée chez la belle barde, il n'en serait pas sorti de sitôt !

Il bondit plus qu'il ne marcha à l'entrée du superbe édifice. Secouée, la petite Tiamandis lui crachouillait de vagues insultes à l'oreille. Enfin Eldurvellir arriva devant l'Appariteur.

- Bonjour, messire Appariteur. J'ai des informations à transmettre à Dame... Dame... Oh, le plus simple serait que je voie l'Appariteur Talbard, qui m'avait raccompagné la fois précédente et saura parfaitement de quelle Dame il s'agit... Je vous avoue ne pas me souvenir de son nom... Ni qu'elle me l'ait donné, d'ailleurs. Mon nom est Eldurvellir du Val Bise, mage extérieur de l'Ecole du Necronomicon. Voici l'attestation qui m'a été remise après le passage de mon examen.

Eldurvellir déroula le document avec soin et le présenta à l'Appariteur.

L'homme lut attentivement le certificat puis hocha la tête.
-L'Appariteur Talbart n'est pas de service ce matin. Mais je vais vous faire entrer puis demander à ce qu'on vous conduise au Bureau des Solliciteurs. C'est avec sa responsable que vous avez eu affaire.
Ainsi débuta la procédure que le mage commençait à bien connaître : le garde lui fit passer la porte puis le mena jusqu'à l'entrée du bâtiment central, là où un second Appariteur prit la relève. Quelques minutes plus tard, il retrouvait le bureau qui, lui aussi, semblait désormais presque familier.
-Ah, messire Eldurvellir, contente de vous voir. lui dit son occupante. J'imagine que si vous vous êtes déplacé, c'est que vous avez beaucoup à dire. Alors asseyez-vous et faites moi part de vos découvertes, je vous prie.
Droit au but, comme de coutume.

- Bonjour, ma Dame. J'espère avoir des informations intéressantes... Malheureusement j'en ai assez peu. Espérons qu'elles seront malgré tout utiles.

Eldurvellir sortit son compte-rendu soigneusement rédigé en runes antiques.

- Voici mon rapport de mission. Je vais vous le faire oralement, mais je vous donnerai également mes notes et dessins.

J’ai eu la chance de rencontrer une des victimes de la secte. Il s’agit d’une jeune fille nommée Clémentine qui travaille à l’auberge du Luménien Noyé. Elle a été enlevée chez elle, ce qui permet de supposer soit que la secte cherche des personnes bien ciblées, ou qu’elle est suffisamment puissante pour pouvoir enlever des citoyens avec une certaine facilité. Clémentine a réussi à s’enfuir. Sa capture datait à l’époque de deux mois et quelques jours.

Clémentine reste persuadée que la secte aura sa revanche, ou tout au moins qu’elle tentera de l’enlever à nouveau. Afin de ne pas se faire repérer, elle a depuis son enlèvement des habitudes très discrètes. Je dirais qu’elle vit dans la peur d’un nouvel enlèvement, ou pire.

Le frère de la jeune fille, Alexandre, a été également fait prisonnier. Lui était toujours prisonnier de la secte. Sa sœur a donc voulu recruter des personnes susceptibles de l’aider à le libérer. J’ai réussi à me retrouver dans le groupe et nous sommes allés à l’endroit d’où l’ex-prisonnière s’est enfuie.

Il s’agit d’un accès aux cryptes, dans le sous-sol du cimetière de Melandis. Un monument à colonnades, assez petit et fort abîmé, se trouve dans la partie ancienne du cimetière. Il comporte un escalier qui accède à un sous-sol, une antique chapelle. Dans une des alcôves, on trouve un levier ; lequel, actionné, fait pivoter un des sarcophages – celui du milieu. Le sarcophage révèle à son tour un escalier qui donne dans les cryptes.
Selon Clémentine, cet accès se trouvant loin de l’antre de la secte, n’est pas surveillé. Effectivement, il est assez bien protégé de nuit ! par toutes les créatures qui errent, morts-vivants, zombies et autres…

Après la fuite de la jeune fille, un des accès au temple souterrain de la secte a été fermé. Une lourde grille de fer en bloque l’accès. Nous avons dû prendre un autre couloir, farci de goules et autres joyeux personnages… Il existe plusieurs accès, dont un au deuxième sous-sol qui est très dangereux. De fait, il y a des guetteurs chargés de surveiller les accès du premier niveau, mais le deuxième se garde tout seul… Ses dangers sont suffisants pour éliminer tout individu désireux de s’y promener.

Nous avons pensé infiltrer la secte, ce qui serait possible peu de temps avant une cérémonie. Pour leurs rites, les cultistes revêtent des vêtements particuliers, nantis de cagoules qui dissimulent leurs traits. Mais nous n’avions pas le temps de mettre au point une stratégie efficace pour capturer quatre adeptes portant ces tenues… Bref nous avons opté pour l’attaque, en attirant un par un les premiers gardiens.

Hors les cérémonies, les adeptes se connaissant, il n’est pas possible de tenter une infiltration.
Nous avons réussi à perturber quelque peu la secte, ou plutôt un des lieux où elle a pris repaire : une grande idole de bois a été détruite. Malheureusement, si nous avons réussi à libérer quelques esclaves, aucune personnalité importante du culte n’était présente.

Le frère de Clémentine était curieusement affublé d’une robe de cérémonie sélunienne. Pourquoi ? Le garçon semble penser que les adeptes avaient vis-à-vis de ce vêtement une réaction de rejet. Se pourrait-il que la secte ait quelque grief contre Séluné et fût désireuse de profaner son culte en sacrifiant le jeune Alexandre de manière infamante et cruelle ?

Vous trouverez joints à ce compte-rendu un plan de l’accès à la salle qui servait de repaire à la secte ainsi que des croquis de la salle de l’idole. J’ai également pris, pour mon propre bénéfice, des notes et croquis d’une salle nantie d’un magnifique sarcophage. Je pourrai vous en faire copie si vous jugez que ce peut être important ou lié à la secte. Ou simplement pour compléter le savoir détenu en vos livres.

Eldurvellir espérait de tout son coeur que ses informations l'aideraient à obtenir la nationalité mélandienne qu'il convoitait avec tant d'ardeur. Blottie contre la gorge de son maître, Tiamandis entama une timide mélopée, douce et quasi-hypnotique, en mode suraigu.

Avant de lui répondre, la femme prit le temps de lire par elle-même le rapport qu'Eldurvellir lui avait remis ainsi que d'examiner les plans et les croquis qui accompagnaient le document.
Enfin, elle se redressa et jeta au regard pénétrant au mage.
-A la base, votre mission devait se limiter à une enquête et n'impliquait certainement pas une attaque en règle. Par ailleurs, à cause de celle-ci, les hauts responsables de la secte seront encore plus difficiles à identifier et à appréhender. Néanmoins, vous avez bien fait d'intégrer le groupe d'assaillants, puisqu'ils auraient de toute façon mené leur opération à bien. Cela vous a permis de réunir de précieuses informations qui nous seron- très utiles pour annihiler ce culte démoniaque.
Elle s'autorisa un bref sourire.
-Je considère donc votre mission comme accomplie. Je vais dès à présent vous rédiger une recommandation que vous pourrez porter au capitaine Ithrand : avec elle, je pense que vous n'aurez aucun mal à obtenir la nationalité mélandienne. Ensuite, j'irai trouver mes supérieurs : il faut que nous envoyions immédiatement des Appariteurs au LUménien Noyé, pour arrêter cette Clémentine et son frère. Ils doivent connaître des détails supplémentaires : peut-être les ont-ils oubliés, mais il existe des moyens pour fouiller parmi les souvenirs... De surcroît, s'ils sont peu ou prou liés à l’Église de Séluné, il est important de les empêcher de nuire au plus tôt. Il ne manquerait plus qu'une déesse bonne gagne en influence dans notre cité !
Elle s'empara d'une plume et d'un parchemin vierge.
-Oh, et effectivement, s'il vous était possible de nous donner copie des documents dont vous disposez sur ce sarcophage, nous vous en saurions gré, ajouta-t-elle avant de commencer à écrire l'attestation.

Eldurvellir sourit et se perdit un moment dans ses pensées. Allons ! la citoyenneté mélandienne est en vue, et ce de manière sûre. Quant à Clémentine et Alexandre, bah, ils ne mourront pas d'être un peu secoués par les autorités de l'Ecole du Necronomicon... J'aurais bien levé le petit doigt pour la fille, mais elle ne souhaite pas ardemment me revoir... Tant pis pour elle. Quant au gamin... On ne le torturera pas. Enfin... Pas vraiment.

La voix aigue de son familier se fit soudain plus audible.

- Oui, Tiamandis... Je vous remercie infiniment, ma Dame.

Les yeux brillants de joie, le jeune mage rayonnait.

- Je vous ferai donc copie de mes notes et croquis du sarcophage, avec grand plaisir.

De fait, c'était là une réalité : copier, c'était aussi apprendre et s'approprier le savoir. Eldurvellir le savait mieux que quiconque et envisageait le laborieux travail de copiste comme un plaisir, le plaisir rare et précieux du savant avide d'élargir ses connaissances.

Il attendit que la Dame ait fini d'écrire, tâchant de se remémorer où il devait trouver le capitaine Ithrand.

La femme acheva la rédaction de la recommandation, parapha cette dernière, y apposa son sceau, l'enroula puis la cacheta avant de la tendre au mage.
-Voilà : chose promise, chose due. Ce fut un plaisir de travailler avec vous, messire Eldurvellir. Je vous souhaite bonne chance pour votre installation à Melandis.
Elle lui dédia un autre de ses brefs sourires puis retrouva sa mine sévère.
A la porte du bureau, l'Appariteur se tenait déjà prêt à reconduire le mage à l'extérieur de l’École.

- Au plaisir, ma Dame.

Eldurvellir suivit l'Appariteur, le salua avant de quitter l'enceinte de l'Ecole. Il chemina avec dignité encore quelque temps, puis hurla un retentissant YAHOU ! , et fut suivi d'un sprint digne d'un rôdeur jusqu'aux remparts.

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Beodacia excédée par la présence et les remarques de sa famille, murmurai à voix basse les récriminations qu'elle contenait depuis son arrivé à la demeure familiale... toujours le voile sur le visage pendant qu'elle avançait dans les rue pavé de la sombre cité.

- "Tu n'a rien fait pour mériter ce pain"... cette bonne blague, toi non plus vieux porc alcoolique ! Tu t'es gâcher la main à la bouteille et maintenant c'est un flemmard qui fait ton boulot...

- Parasite ? C'est le paladin qui se fout du clerc... elle s'est bien vue la petite morue ?

- Je me contiens ! Il le faut ! Sinon je vais tous les transformer en goule et les faire se bouffer entre eux...

Les paroles de sa "chère et tendre petite famille", traversait la tête de la jeune femme, qui ruminait le long du trajet qui la séparait du noyau Occulte de Melandis et donc de l’École du Necronomicon... Le corbeau posé sur son épaule préférais rester muet, sa maitresse ne semblait pas d'humeur à tolérer la moindre discussion.
Arrivée sur place elle faisait face à deux portes de bronze, gardées par des homme en habit noir que l'on nomme les appariteurs, ceux ci étaient chargés de mettre dehors les inopportuns, je m'adressa à l'un d'eux :

- Bonjour Messire, Je me nomme Beodacia Sang-d’encre, nécromancienne. Je me présente aux portes de cette noble institution pour proposer mes compétences et connaissances en tant que professeur.

L'appariteur l'observa avec attention.
-Beodacia Sang-d'encre, vous dites ? Nous avons été informés de votre probable venue.
Il fit volte-face : un instant plus tard, une petite porte s'ouvrait comme par magie dans l'un des deux imposants battants.
-Suivez-moi, je vous prie.
Tout en surveillant étroitement la nécromancienne, l'homme la guida à travers une vaste cour jusqu'à un bâtiment octogonal devant lequel un autre appariteur était de faction. Tous deux échangèrent quelques mots à voix basse, puis le second se tourna vers Beodacia.
-Veuillez me suivre.

Beodacia durant tout sa vie n’était jamais venu ici, ses seul souvenir du Necronomicon était ceux vu de l’extérieur lorsqu’elle était plus jeune, et ce que Hans lui avait raconté qui pour sa part était resté cantonné plus à l'ambiance générale qu'à une description physique du lieu. Le reste était des rumeurs, courante au sein de la population Melandienne.
elle suivit l'appariteur, en voyant la cour intérieure et en son centre un grand édifice octogonal, elle put voir aussi les huit tour de l’École se dresser vers le ciel, ainsi que celle certainement la plus connu car la plus visible au vu de sa taille gigantesque, la Tour du Recteur.

- Impressionnant ! Murmura-t-elle.

Puis suivit un autre appariteur dans le bâtiment octogonal, le rez de chaussée semblait abriter des bureaux, le centre administratif de l’École vraisemblablement.

L'appariteur la précéda d'abord dans un imposant hall, puis dans un long couloir, jusqu'à une porte où était apposée une plaque de cuivre indiquant "Bureau des solliciteurs". Beodacia y fut reçue par une femme d'âge mur, le cheveu gris et la mine peu commode.
-Salutations, dame Beodacia. Asseyez-vous, je vous en prie.
Son interlocutrice baissa les yeux sur une lettre déroulée devant elle.
-Le moins que l'on puisse dire, c'est que vous avez fait une entrée remarquée en notre cité.

Elle s’assit dans le fauteuil en face du bureau et répondit aux salutations de la dame qui la recevait, dame certes à l'apparence peu amène mais toutefois qui était dans ses manières plus cordiale que ce qu'elle avait reçut de la part d'autre humain depuis son retour à Melandis...

- Bonjour ma Dame...

Beodacia ne connaissait pas le nom de son interlocutrice. Celle-ci tenait un un pli entre les mains, certainement un rapport du capitaine de la garde.

- Vous êtes visiblement au courant de cette histoire, cela ne m’étonne pas. Un léger incident de ce genre intéresse bien entendu l’École du Necronomicon je suppose, d'autant que j'avais prévenu le Capitaine Ithrand de mon intention de venir ici.

Tout ceci pourquoi ? Quarante morts vivants qu'un claquement de ses doigts avait suffis à faire s’écrouler... Dans son esprit la garde avait du en voir d'autres et des bien plus inquiétantes. mais au vu de la situation de branlebas de combat que son arrivée avait suscitée elle devait réviser son jugement.

-Cela nous intéresse, en effet. A Melandis, l’École du Necronomicon est le symbole le plus flagrant de tout ce qui touche à la magie : par conséquent, les gens ont tendance à lui associer l'ensemble des mages, qu'ils fassent ou non partie de notre vénérable institution, et à nous juger en fonction de leurs actes. Voilà pourquoi, au-delà même des lois impériales, nous nous efforçons de réguler la pratique des arcanes.
Elle replia la lettre.
-Je ne vais pas vous faire la leçon : le capitaine Ithrand s'en est probablement suffisamment chargé. Néanmoins, je tiens à souligner l'importance de ne pas exposer des morts-vivants dans l'espace public, à moins bien sûr qu'il ne s'agisse d'une question de vie ou de mort. Voyez-vous, nonobstant l'aversion des quidams pour ces créatures, les adeptes de Kelemvor ont tendance à gagner en pouvoir, en influence et, comme vous le savez sans doute, ils détestent la nécromancie : ils n'aimeraient donc rien tant que la voir interdite, sous prétexte qu'il s'agit, selon eux, d'une pratique barbare provoquant des troubles et s'avérant indigne de notre glorieuse nation. Je doute fort que l'empereur cède un jour à leurs doléances, mais vous comprendrez qu'il vaut mieux ne pas leur donner de grain à moudre.

- Je suis au courant, ma famille à du batailler pour obtenir le droit de pratiquer le commerce d'objet magique dans leur boutique.

Sa mère dans sa jeunesse n'avait eu de cesse de lui rappeler, combien ils avait dû démarcher et montrer patte blanche à la guilde et à au Necronomicon pour obtenir ce privilège lucratif.

Devant l'insistance de son interlocutrice sur la nécessité de ne pas montrer l'existence des morts-vivants, elle leva son voile noir, laissant apparaitre la marque de brulure sur la partie gauche de son visage et ses yeux vairons et dit :

- Je suis bien placée pour savoir ce que la nécromancie génère comme emportement stupide de la part de la populace et des crétins patentés, mais comme vous pouvez le voir l’expérience à un prix, et je n'ai pas envie de repayer.

Cette action lui coutait, elle avait du prendre sur elle pour évoquer ne serai-ce qu'un peu ce sujet sensible... mais elle afficha un sourire de façade tout en rabaissant son voile.

Beodacia riait jaune en pensant que les Kelemvorites qui chassaient les morts-vivants à ce moment là, étaient pour beaucoup d'anciens Myrkulites qui avait passé leur temps à en lever... Ironique quand on y pense.

La Couronne de Cuivre

[Bâtiment] L'École du Nécronomicon