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Posté : dim. 15 déc. 2013, 18:18
par Taliesin
Il aurait pu se courber en deux, marquer la porte du Bainite repentant tout en restant hors de vue, puis continuer sa progression sans examiner l'autre cellule. Mais il devait se être méticuleux, n'avait pas le droit de se montrer négligeant.
Il n'avait pas trente-six solutions, par conséquent.
L'elfe revint donc sur ses pas, décidé à gagner une section déserte du corridor et à y incanter.
Son dernier sort d'invisibilité.
Qu'il regretterait sans doute amèrement d'avoir utilisé si tôt, puisqu'avec la chance qui était la sienne, le deuxième cachot serait probablement désert.
Tant pis.
Au poins gagnerait-il dix nouvelles minutes de répit.
Posté : dim. 15 déc. 2013, 18:33
par Galathée
Au moment où il commença à incanter, il entendit qu'on remontait le couloir non loin. Aux sons qui lui parvenaient, il devina qu'il s'agissait des deux Bainites et de leur prisonnier. Il eut le temps de terminer son sortilège avant qu'ils ne tournent le coin et n'arrivent dans sa portion du conduit. L'homme blessé titubait, soutenu par l'un des deux clercs, dont l'armure hérissée de pointes frottait contre son flanc. Le second clerc marchait quelques pas derrière, un court fouet à la main.
" Allez, on y est presque, mon grand, dit ce dernier d'une voix doucereuse, en cinglant le prisonnier d'un bref coup dans les jambes. Encore un petit effort et tu pourras te reposer.
— Est-ce que Kyle a dit s'il fallait le soigner ?
— Je sais pas. Il t'a l'air mourant, à toi ?"
Taliesin avait la possibilité de les laisser passer, en se plaquant contre le mur, ou de les devancer. Mais il ignorait jusqu'où ils iraient.
Posté : dim. 15 déc. 2013, 18:58
par Taliesin
Les précéder, c'était prendre le risque de manquer de temps pour marquer les portes comme il en avait l'obligation. C'était prendre le risque, aussi, de rencontrer d'autres clercs venant en sens inverse et, par conséquent, d'être pris en tenaille sans guère de possibilité de s'échapper.
Bref, là encore, une seule solution.
Il les laissa passer.
La mort dans l'âme.
Car les suivre, cela signifiait perdre de précieuses minutes, alors que celles-ci étaient comptées.
La situation se compliquait. Ce qui n'avait rien d'étonnant : jusqu'ici, tout était trop bien allé...
Posté : dim. 15 déc. 2013, 19:38
par Galathée
Au moment où les clercs le dépassaient, le prisonnier trébucha et vint heurter le mur à quelques pouces seulement de l'endroit où se tenait Taliesin. Le Bainite le releva sans ménagement, en profitant pour enfoncer une main gantée de métal dans la plaie impressionnante qu'il avait à l'épaule, et lui arracha un cri de douleur. Son pied nu recula pour reprendre appui sur le sol et toucha la jambe du barde. Le contact ne dura qu'un instant, mais il sembla à Taliesin que l'inconnu avait eu un léger sursaut de surprise. Peut-être était-ce une impression, cependant. Les tapisseries décoraient toujours les murs et il avait pu penser avoir touché l'un de ses bourreaux. Ces derniers poursuivirent dans le couloir tout en le rudoyant avec un bonheur manifeste. Taliesin leur emboîta le pas, profitant de leur raffut pour pouvoir progresser. Le clerc de Baine prisonnier les interpela au moment où ils passaient devant sa cellule et celui qui tenait le fouet s'immobilisa.
" Alors, Powys, ça va ? On prend l'air ?
— Tarm, je t'en prie, parle au Grand Maître...
— Moi ? Mais pourquoi je ferais un truc pareil au juste ?"
Le premier clerc s'était arrêté et donna un coup brusque dans le pli des genoux de son prisonnier, lequel tomba sur les rotules avec un grognement de douleur. Ses omoplates semblaient gravement brûlées et diffusaient l'odeur que Taliesin avait perçue plus tôt. Le Bainite posa un pied sur son épaule et poussa doucement, la mine perplexe. Il tenait la chaîne qui emprisonnait le blessé, l'empêchant de basculer vers l'avant, en dépit de la douleur qu'il lui occasionnait.
" Je te jure que je ferai tout ce que tu voudras ensuite... Je te le promets par le poing de Baine !
— Et qu'est-ce que tu pourrais faire pour moi ?
— Je ne sais pas... Tout !
— Et bien écoute... Je dois dire que planter une bonne cinquantaine de coups de fouet sur ton charmant dos, ça me convient déjà très bien. C'est le barbelé, vois-tu. Un prêt des Loviates. J'ai toujours eu envie de le tester sur autre chose qu'un stupide paladin. Tu as l'opportunité de montrer à tous qu'un Bainite tient plus longtemps qu'une de ces raclures bienveillantes... Imagine !"
La cellule d'en face contenait un homme couché, à la respiration rauque, qui gisait dans une flaque nauséabonde.
Posté : dim. 15 déc. 2013, 19:51
par Taliesin
Il ne s'était qu'à demi trompé : la geôle était occupée, mais pas par le captif qu'il recherchait.
Sa manœuvre avait donc été une erreur, et sa seule consolation, c'est qu'il pourrait marquer la porte.
Du moins, quand ces monstres se seraient remis en marche.
S'être laissé dépasser était une bévue pire encore que la précédente. Bien sûr, il ne pouvait savoir qu'ils lambinerait en chemin - quoiqu'avec la présence dans les parages d'un Bainite prisonnier, il aurait dû s'en douter. Mais dans tous les cas, il était en train de gaspiller stupidement ses dernières minutes d'invisibilité.
Et sitôt que la dernière se serait écoulée...
Ça sentait mauvais. Très, très mauvais.
A quoi s'était-il attendu, cependant ? Trouver le gosse, retourner voir Guéric, l'accompagner pour participer à la libération puis se rendre au point de rendez-vous, tout ça en dix minutes... Y avait-il vraiment cru ?
Non, évidemment. Il avait juste évité d'y songer.
Et il allait encore éviter.
Peut-être aurait-il malgré tout l'opportunité d'aider les autres, qui sait ?
Posté : dim. 15 déc. 2013, 20:23
par Galathée
Le Bainite prisonnier pleurait à présent, suppliant dans ses sanglots.
" Va pas tenir plus longtemps qu'un paladin, si tu veux mon avis." commenta celui qui tourmentait le prisonnier enchaîné.
L'autre grimaça et haussa les épaules, faussement désolé.
" Ouais, t'as raison. Une honte !"
Visant juste entre deux barreaux de la grille du volet, il asséna un coup brutal du manche de son fouet dans le visage de son collègue enfermé, lequel poussa une plainte et chuta au sol. Riant, les deux clercs reprirent leur route, forçant leur victime debout en tirant sur ses liens. Ils suivirent une nouvelle longueur de couloir sans portes.
" Il va faire quoi, ensuite, avec Powys ?
— Honnêtement, je crois qu'il vaut mieux pas poser la question. J'imagine l'envoyer s'occuper des bêtes en bas pendant un temps. Ou alors le virer dans un temple secondaire. Peut-être que s'il rampe assez, Hiram sera intéressé de le reprendre avec lui.
— Tous les rebuts de Melandis vont dans ce temple, ça doit être l'horreur...
— Crois-moi, il vaut mieux être ici, sous la coupe de Jurt, qu'à Rysentis. Le clerc moyen tient trois ans, et ils perdent plus de neuf novices sur dix."
L'autre frissonna puis ils rirent. Le morceau de couloir suivant ne présentait qu'une porte, à gauche, et à nouveau un long couloir s'enfonçant vers la droite, parallèle à celui dont ils étaient sortis.
" La prochaine fois, on prendra par là, c'est plus court.
— Mais notre soleil voulait se dégourdir les pattes, pas vrai, soleil ?"
Il s'approcha pour donner un petit coup de fouet sur les épaules brûlées du prisonnier, mais ce dernier ne répondit rien, se contentant d'un gémissement étouffé.
" Tu es cruel, tu sais bien que vu l'état de sa langue, il va avoir du mal à répondre.
— Je suis cruel. Tripes et maudites tripes, tu m'as percé à jour."
Ils continuèrent dans le couloir crénelé, ignorant la porte à leur gauche, beaucoup plus épaisse que celles qui fermaient les cachots, et dépourvue de volet. Taliesin eut l'impression d'entendre un grondement sourd s'en échapper. L'odeur était aussi particulière, mais il ne put la replacer. Répugnante, en tout cas.
Le barde sentit alors les cheveux se dresser sur sa nuque et l'air picoter étrangement autour de lui. Son invisibilité était sur le point de se dissiper.
Posté : dim. 15 déc. 2013, 21:18
par Taliesin
Tu es un irrécupérable crétin doublé d'un incapable crasse, se morigéna Taliesin, amer, furieux.
Oh oui, il s'en était tiré honorablement jusqu'à la découverte du Bainite prisonnier. C'est à dire tant que tout était allé comme sur des roulettes.
Et sitôt que la situation s'était corsée, il avait commis coup sur coup deux erreurs qui l'avaient au mieux réduit à l'incapacité la plus totale, au pire condamné à mort.
Il ne pouvait plus continuer à chercher le gosse, ni même à marquer ne serait-ce que quelques portes supplémentaires.
Il n'avait pas les talents requis pour déverrouiller l'huis voisin et ainsi, qui sait, libérer une créature susceptible de semer la zizanie dans les parages.
Non, la seule chose qu'il était encore en mesure de faire, c'était de profiter de ses ultimes secondes d'invisibilité pour trouver un endroit où se cacher.
Bien sûr, cela ne ferait que retarder l'inéluctable échéance. Mais au moins ne nuirait-il pas aux autres tandis qu'ils accompliraient leur mission.
Mission que sa stupidité menaçait de compliquer drastiquement, puisqu'ils essaieraient probablement de l'aider. Et, ce faisant, se condamneraient peut-être à mort, eux aussi.
Il faillit se siffler.
Il serait toujours temps de ressasser et de se maudire quand il aurait trouvé une cachette. Pour l'heure, il importait de ne pas tout gâcher en étant immédiatement repéré.
Comme les clercs continuaient à leur rythme d'escargots dans le corridor flanqué de geôles, le barde se glissa dans le couloir de droite. Qui conduisait, si sa représentation mentale du complexe n'était pas erronée, en direction des salles de tortures. Où aucune de leurs cibles, principale ou secondaires, ne se trouvait, évidemment.
Bah, c'était tant mieux. Plus loin il serait du théâtre des opérations, moins de chances il serait de causer une énième catastrophe.
Posté : dim. 15 déc. 2013, 22:22
par Galathée
Il cessa donc de suivre les deux clercs et leur prisonnier pour bifurquer vers la droite. Il aperçut un peu plus loin deux couloirs face à face, mais il y avait d'abord deux portes, une ouverte, l'autre de cellule. Par le grillage du volet, sur sa gauche, il eut juste le temps d'apercevoir une forme blanche striée de rouge, encombrant la surface du cachot. De l'autre côté, la porte ouverte donnait sur une petite salle de torture vide, si l'on ne comptait pas le corps inerte qui gisait écartelé sur la table. Vivant, mort, difficile à dire en n'y jetant qu'un rapide coup d'oeil.
Posté : dim. 15 déc. 2013, 22:47
par Taliesin
Se terrer dans semblable pièce n'était pas une bonne idée : les cachettes manquaient, le bourreau pouvait revenir d'un instant à l'autre, et il ne se sentait tout simplement pas le courage de demeurer en présence d'un cadavre. Encore moins d'un blessé, d'ailleurs : il ne pourrait s'empêcher de lui venir en aide, ne serait-ce qu'en mettant un terme à ses souffrances.
Il allait donc jeter un coup d’œil dans les deux couloirs, pour voir comment les choses s'annonçaient. Mais, au préalable, il allait marquer la porte de la cellule voisine, après avoir vérifié ce qu'elle contenait. Il avait une opportunité d'être encore un peu utile à ses compagnons, alors il n'allait pas s'en priver.
Posté : dim. 15 déc. 2013, 22:57
par Galathée
C'était la licorne. Elle était enchaînée à chaque sabot par quelques maillons d'une chaîne noire, rivés immédiatement à des anneaux fixés à même le sol. Son corps blanc était zébré de blessures, à l'endroit où le fouet avait déchiré sa peau et le sang coulait en mille ruisseaux écarlates sur ses flancs. Elle portait un simulacre de bride autour de la tête, un carcan de métal hérissé de pointes, qui lui meurtrissaient la peau. Ses yeux clairs roulaient dans ses orbites tandis qu'elle luttait, en vain, contre ses liens. Elle jeta un regard vers le volet au moment où Taliesin s'arrêtait, comme si elle pouvait percevoir sa présence à défaut de le voir.
Posté : dim. 15 déc. 2013, 23:12
par Taliesin
Il n'avait pas réussi à garder les yeux ouverts plus d''une seconde.
En une demi-heure tout au plus, il avait déjà vu maints spectacles odieux. Et pourtant, aucun n'égalait l'horreur de celui-ci. Une telle créature ainsi mise au supplice... Il en avait les tripes et la gorge nouées, le cœur serré comme dans un étau de glace.
Il déglutit péniblement.
Il adressa à la licorne un sourire inutile et une pensée désolée qui l'était tout autant.
Puis il traça le signe : l'entaille habituelle mais également une autres, minuscule, partant légèrement en biais de son sommet. Manière de figurer une corne. C'était idiot, puisqu'un regard à l'intérieur suffisait à savoir ce qui se trouvait derrière le battant. Mais il le fit quand même, à tout hasard.
Enfin, il recula... et s'immobilisa.
Il n'avait pas le droit de se cacher. Pas après avoir vu ça.
Il n'avait pas le droit de baisser les armes sans les avoir brandies encore un peu.
Les couloirs étaient sombres. Leur sections courtes.
On entendait les gens venir de loin.
Or, dans l'immédiat, aucun bruit de pas.
Il pouvait retourner dans le couloir crénelé, marquer le battant imposant dont sortait l'horrible odeur, après avoir collé une oreille contre lui afin de tenter de deviner ce qui se trouvait au-delà.
Il pouvait continuer dans le même corridor, un petit moment du moins, et rebrousser chemin au besoin.
A moins qu'il ne s'intéresse à nouveau aux deux passages tout proches ? Et continue tout droit si rien n'attirait son attention ? Ainsi s'enfoncerait-il dans le complexe au lieu de rester en périphérie. N'avait-ce pas été son intention, un peu plus tôt ? Avant que l'apparition des clercs ne le force à changer d'avis ?
Si.
Et il savait où se cacher, à présent, ne fut-ce que brièvement.
C'était un début de programme. Risqué, certes. Mais s'il était prudent... Il devrait réussir à ne pas être attrapé immédiatement.
Il le mit donc en œuvre sans perdre un instant.
Posté : dim. 15 déc. 2013, 23:26
par Galathée
La porte solide d'où sortait l'odeur nauséabonde dissimulait manifestement une créature de mauvaise composition. Taliesin l'entendit grogner, gratter le sol, puis tirer sur sa chaîne qui claqua avant de pousser un hurlement furieux. Il ne put cependant pas l'identifier davantage, d'autant qu'il n'y avait aucune ouverture dans la porte. Il entendit des rires un peu plus loin dans le couloir : manifestement, les deux clercs s'étaient arrêtés au niveau de la cellule suivante dans la succession répétitive des crénelures du couloir. Le barde revint donc en arrière, dépassa la licorne sans la regarder, et s'immobilisa juste avant le croisement, pour jeter un oeil dans les deux couloirs. Celui de droite était long, rejoignant probablement un corridor parallèle, celui dont étaient sortis les deux clercs plus tôt. Plusieurs portes s'ouvraient dans le mur de droite mais aucune dans le mur de gauche qui, à mi-longueur, semblait s'ouvrir sur une vaste salle ronde. Des bruits de lutte en parvenaient, mouvement des corps, chocs des armes, cris subits, douleur, hargne, violence. Deux clercs étaient dans le couloir, regardant en direction de ce combat invisible. Le couloir de gauche était très court et s'arrêtait manifestement dans un autre couloir. Une porte de cellule se trouvait sur le mur du fond. Tout droit, le couloir se prolongeait sur environ trois toises, avant de connaître un nouveau croisement. Une porte béait à gauche, diffusant de la lumière et libérant des conversations. Celle de droite était fermée, mais on entendait des cris perçants, ainsi que des paroles étouffées, s'en échapper.
Pour l'heure, Taliesin était toujours invisible. Mais pour combien de temps ?
Posté : dim. 15 déc. 2013, 23:44
par Taliesin
Que faire sans prendre de risques inconsidérés ?
D'abord, aller à gauche, pour vérifier et marquer cette cellule toute proches. Pour observer le couloir transversal qui la longeait, aussi. ensuite, si rien n'avait attiré son attention, revenir là où il se tenait pour l'instant.
Et puis...
Rebrousser chemin pour poursuivre l'exploration du corridor crénelé ? Guère envisageable dans l'immédiat, avec les deux clercs à proximité : qui sait s'ils n'allaient pas revenir en arrière ?
Partir à droite ? Non plus. Certes, il y avait des protes, mais trop de monde, aussi, que ce soit dans la salle où l'on se battait ou à l'extérieur.
Tout droit, alors.
Oui, tout droit. Il devait passer devant l'ouverture béante avant que l'invisibilité ne se dissipe. Et s'il était forcé de revenir sur ses pas pour une raison ou pour une autre, l'obstacle ne serait pas infranchissable : les gens installés au dedans, occupés à discuter, ne devaient pas être très attentifs. De surcroit, il aurait l'opportunité d'identifier l'origine de ces cris stridents...
Tout cela paraissant relativement raisonnable, il passa à l'action.
Posté : lun. 16 déc. 2013, 08:25
par Galathée
Taliesin partit donc vers la gauche, franchissant les quelques toises qui le séparaient de la porte. Pour l'atteindre, il dut traverser une portion de couloir qui faisait des angles à gauche et à droite. Il y avait deux possibilités. Soit il avait atteint le bout de l'étage, soit la structure en créneaux formait également des passages transversaux. Difficile de le savoir. Cependant, juste à sa droite, il vit que le mur était ouvert sur le dessus, et, y jetant un coup d'oeil rapide, il découvrit une cage d'escaliers descendant dans le ventre de la terre. Si les plans de la Réunion étaient exacts, il se trouvait à l'extrémité du niveau des cellules, par rapport à l'endroit où ils étaient arrivés. Le point de ralliement. Il pouvait aller voir si quelqu'un en avait déjà marqué les marches, mais le rat, jusqu'ici, n'avait pas bougé.
Il eut de la peine à jeter un coup d'oeil dans la cellule qu'il avait voulu inspecter, car l'odeur qui s'en échappait était terrible et des mouches noires vinrent bourdonner devant son visage, le forçant à reculer. Il avait tout juste eu le temps d'apercevoir... deux corps, peut-être, décharnés, blafards, qui paraissaient à l'état de cadavres, et il lui semblait avoir vu un bras à moitié rongé sur l'un des deux. Un gémissement lugubre s'échappa alors de la pièce. Au moins un des deux était vivant.
L'invisibilité de Taliesin se dissipa alors, le laissant exposé dans son couloir obscur. Il entendait toujours les clercs, moins fort cependant, ils devaient être à quelques tournants seulement sur sa gauche, laquelle formait sans doute le coin de la structure. Et puis il entendit un cri aigu, venant de la même direction. Un cri de gosse, immanquablement.
Posté : lun. 16 déc. 2013, 09:09
par Taliesin
L'escalier ! Tout n'était peut-être pas fichu, finalement...
Une fois n'est pas coutume, l'elfe se félicita pour sa réaction. Il avait paniqué, certes, Et il avait su se reprendre.
Quoique... Ce sursaut, il le devait bien davantage à la vision de la licorne suppliciée qu'à lui-même...
Qu'importe. Seul le résultat comptait.
Mais bientôt, il oublia la volée de marches, oublia l'horrible spectacle entrevu dans la cellule.
Un gosse.
Ce n'était peut-être pas le bon. Sans doute, même. Car la cruauté des Bainites n'ayant pas de limites, ils faisaient partie de leurs victimes privilégiées.
Néanmoins, il devait aller voir.
Aussi silencieux que possible, tous les sens en alerte, tentant de se protéger contre les atrocités dont il allait probablement êtretémoin, il s'avança dans la direction d'où était venu le cri.
Posté : lun. 16 déc. 2013, 09:24
par Galathée
Il tourna le coin vers la droite, et dut s'immobiliser une seconde. Devant lui, protégé par un parapet haut d'à peine un pied, se trouvait un gouffre béant. Le couloir devenu chemin sur son côté gauche le contournait sur trois côtés en un créneau bien ordonné. Le barde put se pencher mais son regard d'elfe ne lui permit pas de voir le fond du trou. Une odeur immonde en remontait, propre à faire tourner la tête. Au-dessus, fixé au plafond, un treuil grossier, muni d'une corde et d'un crochet indiquait qu'il devait être possible d'y faire descendre quelque chose. Le gosse cria à nouveau, un cri de peur plus que de souffrance, et le barde entendit quelqu'un rire joyeusement. Il contourna donc rapidement le puits, veillant à ne pas s'approcher trop du bord, longea une portion plus classique de couloir, où s'ouvrait la porte d'une cellule qu'il ne prit pas le temps d'inspecter. Les cris et les rires étaient tous proches, à présent.
Il s'arrêta au coin suivant pour jeter un oeil dans le prolongement du couloir. Deux portes face à face — disposition classique — ouvertes, l'une et l'autre. Personne dans le couloir.
" Bon, je t'explique comment ça va se passer, disait une voix désormais connue, provenant de la cellule de droite. Tu le prends comme ça, fermement, petit mouvement du poignet... Enfin, tu devras peut-être y mettre le bras, toi."
Il y eut le sifflement caractéristique d'une mèche de fouet, suivi du son plus étouffé du contact avec la chair, un grognement de douleur — pas de cri — et un hoquet de surprise, plus aigu celui-là.
" Tu vois, c'est pas dur. Tu vas faire ça comme un chef. T'as intérêt de toute façon."
Posté : lun. 16 déc. 2013, 09:39
par Taliesin
Peut-être le treuil servait-il à descendre de la nourriture - vivante ou non - aux bêtes du niveau inférieur, celles qu'avait évoqué l'un des clercs.
Quant à la scène dont il entendait les échos... On devait apprendre à un novice le maniement du fouet. A un novice ou à un captif : après tout, infliger contre son gré du mal à autrui, c'était une autre forme de torture...
Il fallait qu'il en ait le cœur net, cependant. S'il était contraint de se replier, au moins aurait-il la mince satisfaction d'avoir entièrement exploré l'un des flancs du complexe.
Aussi s'avança-t-il, plus prudent que jamais. Un coup d’œil à l'intérieur de la cellule suffirait. Le Baninte comme son "apprenti" étaient trop occupés pour prêter attention à ce qui se passait au dehors.
Du moins, il fallait l'espérer.
Posté : lun. 16 déc. 2013, 09:56
par Galathée
Il s'approcha donc, circonspect, jeta d'abord un oeil dans la cellule de gauche. A peine plus grande qu'un réduit, elle était vide.
" Il faut que ça saigne. Pour chaque coup qui ne saigne pas, tu en prendras un. Et moi je fais toujours saigner."
Taliesin jeta un oeil dans la cellule de droite. Le prisonnier qu'il avait suivi plus tôt était debout, enchaîné face contre le mur gauche, dans le même état lamentable que quelques minutes plus tôt. Obstruant partiellement sa vue, à quelques pas de l'embrasure de la porte, se tenait, l'observant, le clerc qui l'avait traîné jusqu'à sa cellule. Plus loin, derrière le supplicié, se trouvait l'autre — le dénommé Tarm — aux côtés d'un enfant. Taliesin ne le voyait pas de face, mais il avait probablement une dizaine d'années, les cheveux bruns sales, et il avait mouillé les guenilles qui lui servaient de chausses. Le clerc bainite avait placé le fouet dans sa main.
" Allons."
Les genoux du gosse tremblaient.
" Besoin d'un petit incitant ?"
Le clerc attrapa sa tunique par les épaules et la déchira d'un coup sec, révélant son dos nu, indemne. Il passa un doigt ganté de métal sur ses omoplates.
" Ce sera joli, juste ici, une petite marque rouge... puis peut-être une autre là..."
Le gamin eut un sanglot unique.
" Frappe-le, maintenant !" ordonna le Bainite d'une voix rude.
Le bras de l'enfant fit un mouvement mou et le fouet toucha le dos du prisonnier sans grand effet.
" Hum. Je crois pas que ça ait saigné, ça.
— Non, j'crois pas non plus.
— Tu sais ce que ça veut dire, n'est-ce pas ?
— Il a bien visé ! Tu peux au moins lui laisser ça !
— Non, je peux pas. Tu comprends... Ça lui laisserait l'impression qu'il a le droit à l'imperfection. Or, un fils de paladin, ça doit être irréprochable. Ben oui. C'est forcé."
Et il arracha le fouet des mains du gamin qui recroquevilla par terre en gémissant.
Posté : lun. 16 déc. 2013, 10:26
par Taliesin
Dire qu'il avait failli se terrer dans un coin, alors que la but était toute proche...
Mais il ne l'avait pas fait, grâce en soit rendue à la licorne.
A présent, il importait de ne pas se laisser gagner par la panique, de réfléchir froidement, d'agir avec méthode.
D'abord, il sortit délicatement Fine de sa poche et la déplaça de sorte à ce qu'elle voie ce qui se passait dans la cellule. Elle pourrait en informer Ybarra qui, à son tour, transmettrait la nouvelle aux autres. Lesquels seraient en mesure de le rejoindre, puisque le petit animal avait observé son itinéraire.
Mais cela leur prendrait du temps, et il aurait dû passer à l'action bien avant leur arrivée.
Pragmatisme. Efficacité.
Le Bainite le plus proche, il pouvait l'atteindre rapidement, l'expédier ad patres d'un coup de dague dans le cou ou la gorge.
L'autre... Il userait de son épée. Sans lui laisser le temps de prendre le gamin en otage.
Bref, une fois entré en scène, il ne pourrait s'interrompre, devrait abattre les deux clercs.
Il lui fallait donc attendre le bon moment.
Peut-être Tarm allait-il demander à son comparse de relever ou de retourner l'enfant, afin qu'il puisse viser son dos...
Il fallait compter là dessus.
Il tira sa dague.
Et, de l'autre main, vérifia que l'épée glisserait aisément hors du fourreau.
Posté : lun. 16 déc. 2013, 10:37
par Galathée
Mais le clerc de Baine ne comptait pas faire dans la dentelle. Taliesin avait à peine eu le temps de se pencher pour déposer Fine que résonnait déjà le son du coup de fouet. Le sifflement avait été bref, rapide, léger, mais l'enfant éclata en sanglots lourds.
" Ça saigne tout de suite, ce genre de peau, commenta le clerc qui se trouvait près de la porte.
— Je frapperai plus fort la prochaine fois, tiens-le toi pour dit, grommela l'autre. Maintenant, à toi."
Quand l'elfe se redressa, il constata que le gosse était à nouveau debout, le dos zébré d'une ligne rouge le long de laquelle perlaient quelques gouttes de sang. Il avait le fouet en main et était soutenu par Tarm. L'autre n'avait pas bougé et il serait aisé de lui enfoncer une dague dans le creux de la nuque. Ce ne serait cependant pas discret pour un sou...
Posté : lun. 16 déc. 2013, 11:12
par Taliesin
Évidemment, il avait mal jaugé la situation, et le petit en avait payé le prix.
En même temps, aurait-il pu empêcher le coup, s'il avait agi immédiatement ?
Non, tout était allé trop vite.
En revanche, il était en mesure d'empêcher le suivant.
Sa main se resserra sur la garde de sa dague.
Puis se détendit.
Oui, il était en mesure d'éliminer le premier Bainite. Mais Tarm... Il maniait le fouet avec une adresse redoutable, était à même de le récupérer en un instant et d'en user à son encontre. De le désarmer, peut-être. A moins qu'il ne préfère s'en prendre au gosse ? Il lui suffirait de le serrer contre son armure hérissée de pointes pour le blesser grièvement...
Non, c'était trop risqué. Il était un barde, non un guerrier ou un assassin.
Mais que faire d'autre ?
Il recula d'un pas.
Faire de l'autre clerc un allié.
C'était risqué, là encore. S'ils entendaient l'incantation, si le sort échouait...
Attendre, c'était le plus prudent.
Le plus prudent, mais le plus cruel.
Il ne pouvait attendre. Il ne le supporterait pas.
Il rangea sa dague, recula encore, le plus loin qu'il le put sans perdre le Bainite le plus proche de vue.
Puis...
Taliesin --> Domination --> Clerc de Baine
Les dés étaient jetés : advienne que pourra.
Posté : lun. 16 déc. 2013, 11:23
par Galathée
Avant qu'il ne commence son sortilège, Taliesin entendit le fouet siffler avec un peu plus de force, puis un grognement de souffrance.
" Et bien tu vois ! Suffisait d'y mettre un peu d'énergie !"
Les paroles incantatoires emplirent alors l'univers mental du barde, le coupant un moment de ce qui se tramait plus loin. Mots chuchotés, rythmés, chantés, mélodie envoutante, contraignante, flottant dans l'air, inaudible mais puissante, jusqu'aux oreilles du Bainite dans son embrasure. Taliesin sentit son esprit se raidir comme les premières notes de sa ritournelle lui parvenaient. Il lutta avec force, mais le barde continua à fredonner, sans relâche, sans répit, déterminé par l'urgence et la nécessité, et le Bainite de son côté combattit cette influence de toutes ses forces mentales. Sans doute étaient-elles visibles sur son visage, la tension et l'horreur provoquées par l'intrusion d'un ennemi au sein même de son crâne, mais son acolyte était trop occupé à compter les coups de fouet, à rire de la toile qui se dessinait sur les reins du prisonnier, des tremblements de l'enfant contraint au supplice... Le clerc résistait, se débattant comme un requin dans les filets d'un pêcheur, mais l'elfe maintenait sa pression, forçant sa volonté, l'imposant, dominant, jusqu'à ce que peu à peu, sa victime recule, capitule, puis s'effondre. Taliesin sentit la fureur et le désarroi de l'homme dont il venait de prendre possession. Il savait que le clerc tenterait encore d'échapper à son emprise, mais pour l'heure, il avait remporté la victoire. Il pouvait relâcher sa vigilance et ordonner.
Posté : lun. 16 déc. 2013, 11:33
par Taliesin
Continue à regarder comme si de rien n'était, lui ordonna-t-il par l'entremise du lien télépathique qui s'était établi entre eux.
Puis il s'approcha à nouveau de la cellule.
Il avait certes remporté une victoire, mais la situation demeurait précaire. S'il demandait au clerc désormais sous son emprise d'attaquer immédiatement, le gamin pourrait en pâtir, et cruellement. Comme toujours, il importait donc de ne pas confondre vitesse et précipitation... Dans l'idéal, il faudrait que son allié de circonstance se rapproche sans en avoir l'air de Tarm... et l'abatte d'un cop d'un seul.
Restait à voir si c'était possible. Et s'il pensait être assez fort pour vaincre à nouveau la volonté du clerc, afin qu'il commette cet acte pour lui contre-nature...
Posté : lun. 16 déc. 2013, 11:48
par Galathée
Tarm était toujours debout derrière l'épaule du gamin, les mains sur les hanches, désormais, et observait le travail de l'enfant. Celui-ci tremblait et sanglotait en silence, mais asséna un nouveau coup de fouet au prisonnier. Il grogna, le front appuyé contre la pierre, et le clerc de Baine fit signe au gamin d'arrêter. Il leva les yeux sur son collègue et grimaça.
" Ça va ? Tu as l'air pâle.
— Ça va très bien.
— C'est l'odeur, je parie. La pisse, le sang... Avec la fumée en plus. Faut du temps pour s'y faire."
Il haussa les épaules.
" Bon, mais on peut s'arrêter ici. Ce n'est pas comme si notre soleil avait un rôle prévu pour les réjouissances du jour. Tandis que notre petit paladin a encore une longue soirée devant lui, pas vrai."
Le gosse, les yeux baissés, frissonna. Le prisonnier gronda à nouveau.
" Allez, on y va. Je connais un monsieur qui a envie de te rencontrer... Pas très gentil, mais très très méticuleux. Tu verras, ce sera... diablement intéressant."
Il reprit le fouet des mains du gosse et le poussa vers la sortie.
Posté : lun. 16 déc. 2013, 11:57
par Taliesin
Il avait bien fait d'attendre, pour une fois... Certes, il lui fallait réfléchir à un nouveau plan d'action, mais la bonne nouvelle, c'est que le garçon ne serait plus tourmenté avant d'atteindre le niveau supérieur.
Niveau qu'il n'atteindrait pas, évidemment.
Sors. Et positionne-toi juste à gauche de la porte, pour les laisser passer devant.
Le Bainite ne verrait sans doute aucun inconvénient à agir de la sorte. Et, ce faisant, il lui offrirait un rempart derrière lequel se cacher...
Posté : lun. 16 déc. 2013, 12:03
par Galathée
Tarm et le gosse sortirent devant l'homme dominé, Taliesin caché dans son ombre.
" Bon, tu fermes quand même. Je sais bien qu'il n'a aucune chance de se faire la malle, mais Kyle a parfois des lubies."
Le second Bainite eut un instant d'hésitation et le premier le dévisagea avec une grimace.
" Tripes, Mostyn, t'es dans le chou, mon vieux."
L'esclave de Taliesin prit les clés à sa ceinture pour fermer la porte. Heureusement pour le barde, Tarm avait déjà fait volte-face et poussait le gosse devant lui.
Posté : lun. 16 déc. 2013, 12:11
par Taliesin
Verrouille la porte. Puis emboîte lui le pas. Rapidement.
Déjà, il tirait sa dague. Il avait l'intention d'avancer dans le sillage du clerc et, sitôt parvenu près des autres, de se glisser dans le dos de Tarm pour lui frapper la nuque.
Restait à espérer que celui-ci n'avancerait pas trop vite. Car il fallait intervenir avant qu'ils n'aient atteint la cellule du Bainite prisonnier.
Posté : lun. 16 déc. 2013, 12:24
par Galathée
Le dénommé Mortyn s'efforça de rejoindre Tarm, lequel avait déjà dépassé le coin. Au moment où ils le rejoignirent, celui-ci se tourna vers son collègue, manifestement pour lui dire quelque chose. C'est l'instant que choisit le gamin pour se dégager d'un coup d'épaule et filer. Tarm poussa un juron formidable et brandit le fouet, dont il asséna un coup vers l'enfant. Mais l'architecture chaotique des couloirs l'empêchait d'avoir un bon angle et la mèche déchira une tapisserie, tandis que le gosse disparaissait derrière le mur.
" Grouille-toi, Mort ! Il ne peut pas s'enfuir !"
Tarm était déjà parti à sa poursuite.
Posté : lun. 16 déc. 2013, 12:30
par Taliesin
Le gosse ne pouvait pas le savoir, mais il venait de compliquer drastiquement sa propre libération.
Rattrape-le. Vite. Mais ne l'abîme pas.
Lui-même continua a avancer derrière le clerc. Un peu moins vite, cependant, car la prudence exigeait qu'il jette un coup d'œil en avant, à chaque nouveau tournant.
Cela avait quelque chose de paradoxal, et pourtant il croisait bel et bien les doigts, mentalement, pour que Tarm ou Mostyn remettent vite la main sur l'enfant. Si possible avant qu'il n'ait atteint la fameuse cellule où croupissait le Bainite en disgrâce.
Posté : lun. 16 déc. 2013, 12:40
par Galathée
Mortyn s'élança mais la voix de Tarm brisa son élan.
" Tripes ! Il a pris à gauche ! s'exclama le clerc. Va aux escaliers ! Il ne faut pas qu'il descende ! Je le prends en tenaille !"
Il y eut un son de trompe, soudain, et Taliesin eut l'impression d'entendre des exclamations surprises, lointaines.