La Couronne de Cuivre

[Quête : l'Invasion des Ombres]

Le diplomate sourit franchement devant l'exclamation de son nouvel allié, et c'est sans retenue qu'il se laissa aller à ce qui ressemblait de très près, aussi incroyable que cela ait pu paraître aux membres du réseau qui écoutaient la discussion, à de la bonne humeur.

Bien dit, maître gnome! J'ai plaisir à voir votre détermination.
Le clerc s'était levé de la natte où il était accroupi quelques instants encore auparavant et entreprit de guider Dubnium vers le lieu qui lui avait été réservé.
Je tiens tout d'abord à vous exprimer mes excuses quant au peu de confort que je suis en mesure de proposer à un savant tel que vous.
Les deux conjurés se trouvaient maintenant dans une autre grotte, de dimension plus réduite que la première, mais mieux aérée à en juger par le souffle d'air froid qui passait sur le crâne du gnome.

[Quête : l'Invasion des Ombres]

" C'est parfait ! J'ai déjà plus d'espace que dans ma chambre à l'auberge. Il suffira de quelques travaux pour rendre cette pièce parfaitement viable : assécher le sol, isoler les parois et installer quelques tables à tréteaux. Je vais me mettre au tavail tout de suite et je pense qu'il ne me faudra qu'un ou deux jours.

- Excellent ! répondit le prêtre. Nous pourrons ensuite nous mettre au travail.

- Bien sûr... à condition que vous m'indiquiez ce que vous attendez de moi exactement ! J'ai suffisamment de réserves de produits pour préparer des centaines de recettes et ces égouts me fourniront tout ce dont j'ai besoin pour poursuivre mes recherches. Quelles que soient vos désirs, je pourrai donc sans doute les satisfaire : il ne me manque que vos instructions."

Le gnome regardait le prêtre, attendant sa réponse.

[Quête : l'Invasion des Ombres]

Agrippa prit le temps de congédier un des rebelles affectés à sa protection personnelle avant de répondre. Moins les autres membres en sauraient sur les activités de Dubnium, et mieux cela vaudrait.

Les instructions sont simples, maître. Ce réseau de galeries n'est guère protégé que par le secret et le dévouement des citoyens rejetant la tyrannie de Morfea.
Je vous demande de consacrer dans un premier temps tous vos efforts à sécuriser les entrées, les salles servant d'entrepôt... et bien entendu la salle de commandement. Il ne s'agit pas simplement de trouver un système de piège efficace, poursuivit-il sur un ton plus pressant, mais de déterminer comment faire face de la manière la plus efficace, et la mieux adaptée à nos faibles moyens, pour nous dissimuler au mieux, échapper aux patrouilles qui ne manqueront pas de venir nous chercher jusqu'ici, et, pour aller au bout de ma pensée, d'envisager le pire.
Le pire, maître.

[Quête : l'Invasion des Ombres]

" - Pour nous dissimuler, la meilleure solution est à mon avis de boucher l'entrée des galleries avec un mur rétractable ou pivotant : les patrouilles n'iront pas chercher plus loin je suppose. Bien sûr, s'ils consultent un plan des égouts, ils découvriront aisément la supercherie mais si nous restons discrets, il n'y a aucune raison pour qu'ils le fassent.

Quant à envisager le cas où nous serions découvert, je propose de prendre des dispositions pour faire ébouler certaines parties des galleries en cas d'attaque. Cela retarderait les assaillants et nous pourrions alors fuir par des issues de secours... s'il est possible d'en mettre en place !

Si cela vous convient, je commencerai mon étude après-demain. J'aurai besoin de quatre à cinq hommes solides. S'il y a un maçon disponible, le travail en sera d'autant plus aisé et rapide. Qu'en pensez-vous ?"

[Quête : l'Invasion des Ombres]

Le chef du réseau aquiesça devant la proposition du gnome, mais la réponse ne lui semblait manifestement pas suffisante.

Vous m'avez mal compris, maître... certes, votre proposition nous aidera grandement, et je vous demande de bien vouloir la mettre en oeuvre au plus vite; mais ce sont également des dispositions plus... radicales, que je souhaite voir installées ici.

Le clerc baissa encore d'un ton sa voix, de sorte que le gnome devait maintenant faire un effrt pour pouvoir saisir les mots de son interlocuteur.
S'il nous arrivait de devoir faire face à un siège, sans espoir de nous enfuir ou de nous dissimuler plus longtemps - et ne croyez pas que ce ne soit qu'une vue de l'esprit, je suis même convaincu que ce moment viendra un jour - alors faut-il nous assurer d'emmener le plus grand nombre possible d'assaillants avec nous. Et détruire toutes les informations qu'ils seraient susceptible de trouver ici, sur les cadavres des rebelles tombés, et dans nos effets personnels.
Comprenez-vous maintenant?

Agrippa regardait Dubnium avec un visage figé par la dureté, mais le ton de sa voix s'était presque fait implorant .

[Quête : l'Invasion des Ombres]

Le gnome regarda le prêtre interloqué.

" - Qu'est-ce que vous me racontez là ?! J'ai du mal à en croire mes oreilles... et ce sont des oreilles de gnome ! Je suis peut-être un ignare en matière de Real Politik mais il ne me semble pas que quand nous serons tous morts, il soit d'une quelconque utilité pour la libération de Lumenis de tuer qui que ce soit.

Je peux fournir des capsules de poisons à tous vos hommes, vous pouvez vous arranger pour ne conserver aucune information importante par écrit.

Mais il n'est pas question de vous laisser dévoyer la puissance que la science et moi nous vous apportons pour assouvir une basse vengeance de macchabée !

Et si c'est ce que vous attendiez de moi, je peux repartir tout de suite. Non mais ! "

Et Dubnium se campa devant le prêtre d'un air de défi.

[Quête : l'Invasion des Ombres]

L'éclat de voix du gnome ne devait pas être passé inaperçu, aussi Agrippa reprit-il au plus vite, sur un ton empressé mais toujours étouffé.

Cher maître, nous serons tous des macchabés un jour ou l'autre... la question est de savoir comment et pourquoi nous mourrons. Si tous ces hommes et toutes ces femmes qui viennent trouver un refuge dans ces grottes tombaient, alors pourquoi les priver d'une victoire dans leur mort? Les soldats de Morfea tuent et torturent sans scurpules; et, même s'il n'en était pas ainsi, ils sont les instruments de l'oppression et de la terreur, et méritent d'être combattus comme tels.

Agrippa reprit sa respiration avant de continuer d'une manière toujours aussi véhémente.
Votre suggestion du poison est excellente; l'idée d'accès dissimulés aussi. Maintenant, je vous prie de bien vouloir songer à un moyen de détruire l'ensemble de ce réseau en cas de situation désespérée. Vous en sentez-vous capable, vous qui semblez être étranger au monde qui vous entoure?

[Quête : l'Invasion des Ombres]

" - J'en suis bien évidemment capable mais pour la dernière fois, je vous affirme qu'il n'en est pas question. Et arrêtez de baisser la voix, on ne parvient plus à vous entendre !

Quand je suis parti de chez moi, je me suis promis d'utiliser la science pour aider tous ceux qui en auraient besoin. Je ne songeais même pas qu'on puisse l'utiliser à autre chose. "

Il pointa un index accusateur vers le prêtre.

" - Vous pouvez compter sur moi tant que vos plans contribuent à faire chuter Morféa. Et tuer pour tuer n'a, je pense, pas la moindre utilité. Je vais me mettre au travail maintenant parce que vous les "chefs" vous ne vous rendez pas compte que le temps des scientifiques est précieux. Je n'ai pas trois heures à gaspiller moi ! "

[Quête : l'Invasion des Ombres]

Agrippa eut un geste de la tête ridicule que Dubnium associa inconsciemment à celui propre aux volailles de basse-cour, et cela ne fit rien pour arranger le sentiment d'aversion que le gnome éprouvait pour le clerc.
Le Luménien resta sans voix pendant quelques instants, avant de se reprendre, sans même tenter de faire passer sa perplexité pour de la profondeur de réflexion.

Très bien. Vous avez le caractère mieux trempé qu'il n'y paraît au premier abord, messire gnome. Vous avez gagné le droit de travailler sur ce que vous avez bien voulu m'accorder ajouta-t-il d'un ton qui laissait volontairement transparaître la vexation, et, puisque vous en avez eu l'idée, je suis preneur des capsules de poisons.

Laissant sans plus de manière le gnome où il se tenait, Agrippa quitta les nouveaux appartements de Dubnium pour retourner au centre de commandement.

Agrippa => Communication à distance => Mekren le Maudit

"Dubnium le gnome alchimiste a pris ses quartiers. Interdiction de sortie. A surveiller, à éliminer si le jugez utile."

[Quête : l'Invasion des Ombres]

Tandis que le chef de la résistance s'éloignait en marmonnant quelque chose d'indistinct dans sa barbe de trois jours, le gnome se félicitait de l'avoir suivi. Pour lui, c'était un garçon charmant, un peu écervelé bien sûr mais personne n'est parfait ! Il avait quand même imaginé une belle bêtise avec ses idées de massacre post-mortem. Dubnium mettait cela sur le compte de sa qualité de prêtre, donc d'être dépourvu de bon sens. Non pas que lui-même en soit particulièrement pourvu, mais lui au moins, il ne s'entêtait pas quand une idée était visiblement mauvaise. Et s'il y a une chose dont il était persuadé, c'est qu'Agrippa en personne ne pouvait penser autrement.

Il passa les heures suivantes à rendre habitable la pièce qui lui était dévolue. Ce fut un travail de longue haleine car il avait absolument besoin d'un lieu propre et surtout sec pour y entreposer ses mécanismes, ses produits et ses herbes qui supportaient mal l'humidité. Il commença par repérer les différents endroits de la pièce par lesquels arrivait l'eau. Il fallut ensuite boucher les plus petites ouvertures avec de la toile de jute bourrée de paille dense et recouverte d'un enduit imperméable pour l'adhérence. Dubnium qui n'avait pas prévu de travaux en milieu quasi-aquatique dut d'ailleurs en fabriquer quelques flacons supplémentaires au pied levé car l'opération en consommait énormément.

La seconde partie du travail d'isolation consista à détourner les ruissellements au débit trop fort pour être simplement bouchés. La plupart se trouvant à proximité du bras principal de cette portion d'égoût, le travail fut effectué par un nain à petits coups de marteau et en descellant une ou deux pierres afin d'offrir à l'eau un chemin plus rapide et contournant le nouveau laboratoire de l'alchimiste. Les murs furent ensuite recouverts de toile pour isoler de l'humidité et retenir l'eau suintant des murs. Le plafond était lui fort heureusement assez sec pour ne pas nécessiter de travaux supplémentaires !

Une fois tout cela terminé, Dubnium commença à déballer son matériel sous l'oeil curieux et quelque peu admiratif des résistants qui l'avaient aidé à s'installer. Il essaya de leur expliquer l'usage de ses différents instruments, le pourquoi et le comment des formes biscornues qui émerveillaient les plus jeunes et des noms qui les faisaient rêver. Il s'attira ainsi la sympathie d'un bon nombre de membres du mouvements. Mais une fois cela achevé et la petite assemblée dispersée, il fallut bien se mettre au travail, c'est-à-dire à la confection des capsules de poison. Ah ! Quelle idée il avait eu là ! Ce n'était pas entièrement de sa faute : il avait du surenchérir sur l'idée ridicule de l'autre par une autre idée ridicule pour l'en détourner. Il se demandait d'ailleurs où il avait bien pu aller chercher la sienne...

Quand soudain, il eut une illumination... Il voulait du poison ? Il en aurait et on allait bien rigoler !

[Quête : l’invasion des ombres]
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Dubnium ne ménagea pas sa peine et, les jours suivants, il se consacra entièrement à deux chantiers d’importance : la confection des capsules de poison et la dissimulation des tunnels menant à la base des résistants.
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Ce second projet alla d’abord bon train : il ne fallut que quelques heures au gnome pour imaginer un système permettant de faire pivoter des parois factices. La réalisation de celles-ci fut également aisée : on réalisé des pans de maçonnerie à partir de pierres descellées des murs.<o></o> Mais les choses se compliquèrent sérieusement avec les gonds. Si leur schéma était clair dans l’esprit de Dubnium, il eut beaucoup de mal à le faire comprendre aux résistants assignés à son service. Aucun d’entre eux n’était familier de ce genre de travaux et, malgré leur bonne volonté manifeste, ils ne parvinrent pas à saisir les subtilités pourtant si évidentes du mécanisme : des écrous renforcés et une série d’engrenages ici pour éviter que le mur ne pivotât à la moindre pression de l’extérieur, une poulie et une courroie de cuir double cloutée pour permettre une ouverture silencieuse de l’intérieur, ce n’était pas si compliqué ! Et pourtant, il fallait croire que si, à la manière dont deux des assistants de l’alchimiste finirent par s’enfuir en maugréant qu'être massacrés par la garde leur ferait sans doute moins mal au crâne que ces interminables explications.<o>
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Dubnium fut donc contraint de réaliser lui-même une partie des systèmes pivotants. Heureusement pour lui – car les tunnels menant au camp étaient nombreux – le nain qui s’était acquitté du détournement des ruisselets traversant le laboratoire finit par prendre le coup. A eux deux, ils purent enfin triompher de cette tâche fastidieuse.
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Une semaine après l’arrivée du gnome parmi les résistants, la base rebelle était entièrement dissimulée aux yeux de quiconque viendrait fureter dans les égouts. Le travail était si bien réalisé qu’il n’y avait aucun moyen de repérer les entrées des boyaux obstrués. A moins bien sûr d’avoir un plan. Ou de frapper tous les murs à coups de marteau. Mais, franchement, qui pourrait bien avoir une idée aussi saugrenue ?

Quête : l'invasion des ombres

Une semaine. Voila déjà une semaine qu'elle était là dedans, au milieu des odeurs d'égout qui lui provoquaient des nausées. C'était sans compter le bruit que faisait le gnome avec ses différents mécanismes. Une semaine et Althéa ne se sentait toujours pas à sa place. Certes, elle était aux cotés d'Agrippa. Mais petit à petit, jour après jour, elle voyait celui-ci s'éloigner. Ou plutôt changer, devenir l'exact contraire de l'homme qu'elle avait connu. Au départ, elle avait espéré qu'il redevienne comme avant. Mais le petit prêtre maladroit la poursuivant pour lui rendre son cheveu semblait avoir totalement disparu. Elle avait tenté de se faire une raison, de se dire qu'au fond, le changement n'était pas si radical, qu'elle s'y ferait après tout. Mais à mesure qu'elle avançait, elle ne pouvait que constater qu'un vide s'était installé entre eux, une routine ... Elle s'échappait le temps de retrouver Ravestha et redescendait lui faire son rapport. A chaque fois, elle avait espéré que l'homme qu'elle aimait ait refait surface un fugitif instant, un geste d'attention, une oreille attentive. Mais Agrippa d'Orgeval avait décidé de se montrer inflexible et le demeurait. Et elle n'avait toujours pas pu lui parler de ce changement qui tout doucement s'amorçait ...

Sa solitude la renvoya plusieurs années en arrière, à ses journées qu'elle avait passées seule dans les dunes. Là, elle pouvait rêver de la mer et des grands horizons. Elle pouvait s'évader. Mais elle avait changé à présent. Et le paysage de Luménis ne lui rappelait pas celui d'antan. Et elle aimait ... Au bout d'une semaine, elle n'en put plus d'attendre ce changement qui ne venait pas. De vivre jour après jour avec cet étranger qu'Agrippa était en train de devenir. Elle se mit à regretter Manost et sa vie de là bas. Lothrigen, Titoeil, Elissa, tout lui semblait loin. Elle retrouvait sa ville le temps des entretiens avec le grand émissaire. Le réconfort n'allait pas bien loin. Puis, un jour, n'en pouvant plus de se heurter chaque jour au même mur, elle se planta devant lui, les mains sur les hanches.

"Félicitations monsieur Agrippa d'Orgeval. Oui, il est beau votre changement. Vous êtes devenu un ... magnifique limon vert ..."

Elle laissa passer quelques secondes, le temps de laisser croire au luménien qu'elle allait le laisser répondre mais reprit avant qu'il ait ouvert la bouche.

"Comment ça un limon vert ? Oh, mais cela pourrait être toute autre chose. En tout cas, pas l'homme pour qui je suis venue ici. Au fait, si vous le voyez, dites lui de revenir. Dois je parler plus fort ou est ce que tu m'entends de tes hautes sphères de monsieur important. Ou est ce que je dois t'envoyer un pigeon voyageur. Remarque, c'est ce que je suis devenue depuis que je suis ici. Titoeil te dirait que les limons verts et les pigeons se marient bien dans une assiette. Dans la vraie vie, je n'en suis pas tout à fait sûre. Enfin, je me demande si tu me comprends ... Je ne parle pas stratégie ..."

Quête : l'Invasion des Ombres

Agrippa n'avait pas eu de discussion prolongée avec Althéa depuis leurs retrouvailles. Ils se contentaient jusqu'à présent de parler des contingences organisationnelles et des trivialités de l'existence qui était la leur au fond de ces galeries.
Il connaissait suffisamment la jeune femme pour sentir que sa patience envers lui était testée à ses limites, et qu'il ne s'agissait que d'une question de temps avant qu'elle ne se décide à venir lui faire part de son mécontentement. Ils n'avaient pas retrouvé ce qui avait fait la beauté de leur relation à ses débuts - il y avait une éternité de cela, à ce qu'il semblait au Luménien. Et comment l'auraient-ils pu? Confinés dans des égouts dont ils ne sortaient que rarement et toujours avec la peur non avouée de ne jamais revenir, il aurait été étonnant que tout puisse se passer comme si de rien n'était.

Je sais, Althéa. Je suis effectivement un limon vert. Après tout, ces égouts sont devenus mon milieu naturel, à présent. Et ils ne sont guère adaptés à l'oiseau des mers que tu es.
Pardonne-moi, je sais que tu m'en veux, mais j'ai toujours peur d'aborder ce sujet avec toi, de peur... de peur d'entendre ce que je ne veux pas entendre. Je...

Le clerc n'acheva pas sa phrase, les larmes commençant à couler sur ses joues, et s'éloigna à grand pas. Il se perdit dans le dédale de souterrains avant qu'Althéa n'ait pu se décider à le poursuivre. Il essaya de s'expliquer à lui-même [post=162878]sa fuite[/post], de manière rationnelle : il ne pouvait pas pleurer ainsi, pas maintenant, pas devant ses hommes; mais, au fond de lui, il sentait bien que c'était parce qu'il ne supporterait pas d'avoir la certitude qu'Althéa n'aimait plus celui qu'il était devenu.

Au fin fond d'égoûts encore un peu plus perdus depuis qu'il était arrivé, Dubnium s'ennuyait ferme. Ou du moins, il se trouvait dans l'état d'esprit qui chez lui s'apparentait le plus à de l'ennui : vu de l'extérieur il était toujours aussi affairé que d'habitude et lui-même prenait toujours autant de plaisir au milieu des mélanges bouillonants et des grincements des rouages... mais il serait bien monté s'amuser avec les autres !

Seulement quand il avait voulu suivre Agrippa, les gardes lui avaient gentillement conseillé de rester en bas, prenant prétexte de son aspect inhabituel qui le ferait inmanquablement repéré par les gardes et attirerait l'attention sur le groupe des résistants. Vexé, le gnome décida de leur prouver qu'il pouvait se montrer utile à la surface. Il mit au point un projet secret et ne ressortit presque plus de son laboratoire pendant de longs jours...

(pour des raisons d'organisation temporelle, je rappelle que cette scène se passe forcément avant le rendez vous de la taverne de la bienveillance, sinon c'est pas cohérent avec la date de mon rendez-vous avec Dedalus)

[Quête : l'Invasion des Ombres]

Revenant de sa rencontre avec Dedalus, le Maudit ne perdit pas de temps, suivant le chemin de la salle principale avec l'aisance de l'habitude qui commençait à venir. Il parvint rapidement à l'endroit ou il savait pouvoir trouver le clerc qu'il avait sauvé quelques jours -une éternité- plus tôt.

Agrippa était effectivement là. Le Maudit fondit sur lui avec un sourire jusqu'au oreilles. Il prit la peine de baisser la voix et de vérifier que personne n'était assez prêt pour comprendre ce qu'il allait chuchoter, puis lâcha, tout essouflé:

"J'ai trouvé, Agrippa! Un ancien conseiller en fuite, Dedalus...Il veut vous rencontrer..."

[Quête : l'Invasion des Ombres]

Agrippa tressaillit en entendant le nom du Conseiller. Le sourire de son second était déjà une surprise en soit, mais la nouvelle qu'il apportait emportait la palme.
Dedalus! Vraiment? Voilà une excellente nouvelle, Saeadan. Si c'est bien de lui qu'il s'agit...
Je l'avais rencontré juste avant le début des troubles, lors de mon rapport sur ma prise de fonction à Manost, et il m'avait fait une excellente impression. Où est-il? Quand pourrai-je le rencontrer?

[Quête : l'Invasion des Ombres]

Le Maudit garda son sourire sans s'en rendre compte, trop content de lui.

"Oh, il n'y a pratiquement aucun doute sur l'identité de la personne que j'ai croisée. D'ailleurs, il sait prendre ses précautions, lui aussi. Je ne sais donc évidemment pas ou il peut bien se cacher. Je lui ai demandé de vous rencontrer au belvédère du parc, demain à l'aube. C'est un endroit dont on peut vite repérer une tentative d'embuscade et qui est encore assez sûr pour nous."

Quête : l'invasion des ombres

En arrivant, elle avait retrouvé Agrippa. Elle eût un léger soupir. Elle avait appréhendé de se retrouver seule avec son amant. Depuis leur dernière entrevue, elle se sentait mal à l'aise. Tous leurs moments passés ensembles vireraient ils à l'incompréhension et à l'affrontement systématique ? Elle n'en avait pas envie. Simplement besoin de la présence de celui qu'elle aimait malgré tout, d'un peu de complicité même s'il ne devait y avoir plus rien d'autre.

Un léger voile de tristesse était apparu devant ses yeux mais elle avait souri.

[Quête : l'Invasion des Ombres]

Alors que la jeune fille se tenait debout à l'entrée de la pièce qui lui tenait lieu de chambre, elle entendit un bruit inhabituel : une sorte de cliquetis accompagné d'un tintement semblable à celui de deux verres qu'on choque doucement l'un contre l'autre. Tous ses sens en éveil, elle se retira dans l'ombre afin d'observer l'origine de ce son. Elle perçut alors un pas feutré, presque inaudible : le visiteur s'efforçait de se montrer discret. S'agissait-il d'un intrus ? Devait-elle donner l'alarme ? Appeler Agrippa, les gardes ? Mais les égoûts étaient presque vides, c'était le soir de l'opération et la plupart des résistants y prenaient part.

C'est alors qu'elle entrevit la silhouette du mystérieux personnages, silhouette reconnaissable entre mille même dans la semi-pénombre du repaire marin. Dubnium Nikelkadmium avançait à petits pas silencieux dans le couloir, portant d'une main un paquet rectangulaire et de l'autre une valisette d'où provenait l'étrange son qui l'avait trahi. L'attitude du gnome qui était jusque là resté enfermé dans son laboratoire l'intrigua et elle décida de le suivre. Il se dirigea vers le quartier général d'Agrippa, y entra sans difficulté car personne n'y montait la garde et déposa le paquet sur une table, accompagné d'une lettre qu'il tira de ses vêtements.

Il jeta alors un coup d'oeil autour de lui et s'apprêta à quitter l'endroit.

Quête : l'invasion des ombres

Messire Nikelkadmium, un personnage pouvant bouleverser à lui seul la monotonie des lieux. Elle l'avait suivi le plus discrètement possible, curieuse de savoir ce qu'il projetait. Il avait déposé quelque chose sur une table ... Mystérieux personnage. Puis, il avait sorti une lettre et s'était retourné.

Surprise, elle s'était retrouvée nez à nez avec lui. Confuse d'être prise en flagrant délit d'espionnage, elle lui avait fait un sourire penaud, comme une excuse d'avoir été là, elle qui ne se sentait plus vraiment à sa place dans ces égouts marins.

A la vue de la jeune fille, le gnome poussa un juron étouffé :

" - Mille vilebrequins ! Moi qui voulait être discret ! Je me présente : Dubnium Nikelkadmium, gnome, alchimiste de mon état et présentement résistant en opération secrète. Vous comprendrez, ajouta-t-il d'un air qu'il voulait grave, que le plus grand silence quant à mes déplacement doit être respecté. Messire Agrippa lui-même l'a d'ailleurs demandé. "

Dubnium prit alors une expression qu'il voulait à la fois féroce et amicale. Le résultat fut une moue indescriptible accompagnée d'un grand sourire...

Quête : l'invasion des ombres

L'air du gnome était tellement grave qu'elle manqua pouffer de rire. Mais elle parvint de justesse à demeurer sérieuse pour hocher la tête.

"Je comprends"

Un léger silence. Lui aussi détonnait avec le paysage, avec la rumeur de la bataille qui se profilait à grands pas. Une parenthèse s'ouvrant dans le silence. Le temps de parler un peu.

"Je suis Althéa de Lochnohan, de Manost. Enchantée de faire votre connaissance. Et je ... où allez vous donc dans le plus grand secret ?"

La question était un peu abrupte mais c'était le seul moyen qu'elle avait trouvé pour engager la conversation.

[Quête : l'Invasion des Ombres]

Le gnome considéra quelques instants la jeune fille qui lui souriait mi amicale, mi gênée. Ayant sans doute jugé qu'il pouvait lui accorder sa confiance, il se pencha vers elle pour lui répondre dans le plus grand secret. Althéa l'imita mais pour arriver à sa hauteur, il lui fallu se courber jusqu'à plier son corps à angle droit. Malgré l'inconfort de sa position, elle l'écouta avec attention.

" - Vous voyez le paquet là ? La jeune fille acquiesça. Ce sont des capsules de poisons destinées aux résistants. Afin qu'ils ne parlent jamais... Il suffit que vous en avaliez une et Morféa ne tirera pas un renseignement de vous. Vous devinez de quoi il s'agit ? "

Althéa eut un soubresaut, frisson de froid ou de dégout, de peur ou d'abnégation ?

" - Et bien je vais vous le dire ce que c'est, reprit le gnome. C'est du Radjaïdjah, du poison qui rend fou ! Rares sont ceux qui en connaissent la formule, et plus rares encore sont ceux qui sont capables de le synthétiser. Quant à préparer un antidote... Je n'aurais pas su le faire si je ne possédais pas la formule ! A mon humble avis, Messire Agrippa sera satisfait. Et comme il sera satisfait, il me laissera sortir prendre l'air. En somme, je ne fais qu'anticiper le succès de ma mission.

Vous me suivez ? "

Quête : l'invasion des ombres

Oui, elle le suivait, elle ne le suivait que trop bien. Un poison qui rendait fou et cela avec l'accord d'Agrippa. Mais fous, ne l'étaient ils pas déjà ? Aller se battre contre toute une armée. Et elle, n'était elle pas de loin la plus folle de toute ? Tout lui recommandait de fuir mais elle ne pouvait se résoudre à l'abandonner. A l'oubli, elle ne pouvait se résoudre. Mais elle ne voulait pas mourir ni même perdre la raison. Elle voulait vivre pleinement le futur. Et il lui promettait beaucoup. Mais pouvait elle en vouloir au gnome lui même emporté dans une histoire qu'il ne maîtrisait pas ?

Elle se sentit soudain nauséeuse. Un peu d'air lui ferait du bien.

"Oui ... et si vous le voulez, je pourrai même vous servir de guide"

[Quête : l'Invasion des Ombres]

" - C'est que... ,reprit le gnome, cela pourrait être dangereux ! Je ne sors pas vraiment pour une promenade de santé mais plutôt pour agir enfin concrètement contre Morféa. Je ne suis d'aucune utilité enfermé ici alors j'ai préparé cette petite valise de bataille. Il désigna sa malette. Elle est remplie de produits d'utilités variées mais qui bien employés causeront de nombreux ennuis à nos adversaires ! Je compte semer une sacré pagaille dehors et bien m'amuser !"

Le gnome eut un grand sourire.

" - Souhaitez-vous toujours m'accompagner Mademoiselle Althéa ? Vous avoir pour guide serait en tout cas un honneur et un plaisir et soyez bien assurée que je veillerai à votre sécurité ! "

[Quête : l'Invasion des Ombres]

Une homme avec une allure peu enviable progressait lentement dans les égoûts. Apparemment il connaissait bien l'endroit mais il gardait une très grande prudence, en espérant qu'il arriverait au bon endroit au bon moment...

Il n'était pas armé, et malgrè sa forte carrure, personne n'aurait été effrayé par un manant. Il abandonna son attitude grottesque pour se tenir droit et laisser à découvert son visage : Iluvatar revenait des entrepôts sur les quais, cela faisait longtemps qu'il n'avait plus de contact avec le QG.

Il s'en voulait de ne pas être revenu, mais former de jeunes résistants aux arts du combat et de la tactique n'était pas tâche aisée et demandait beaucoup de temps.

Alors qu'il continuait à s'engouffrer dans des couloirs plus étroits les uns que les autres, il entendit des voix. Immédiatement il se plaqua contre le mur et écouta. Aucunes des intonations des deux personnes ne lui étaient familières, il décida d'attendre un peu et de réfléchir : amis ou ennemis?

Quête : l'invasion des ombres

Semer une belle pagaille et bien s'amuser ? Voila bien longtemps qu'on ne lui avait pas promis un tel programme. Une belle évasion, une parenthèse seulement quelques heures. Oublier, ne serait ce qu'une seconde. Si elle le pouvait du moins. Avant, c'était tellement facile qu'elle devait prendre sur elle pour redevenir sérieuse. Il n'y avait pas si longtemps. Avait elle vieilli à ce point ? Où était donc passée la jeune femme insouciante qu'elle avait toujours été ? Le temps de l'enfance était déjà si loin. L'ombre d'un passé fugitif passa dans ses yeux bleu nuit. Elle hocha la tête et sourit au gnome :

"Va pour la belle pagaille"

[Quête : l'Invasion des Ombres]

" - Formidable ! s'exclama le gnome avec un grand sourire. Si vous avez tout ce dont vous pensez avoir besoin, nous pouvons y aller. A nous l'aventure ! "

Les deux compères se dirigèrent alors de concert vers l'une des sorties aménagées par Dubnium pour permettre les discrètes allées et venues des résistants. La nuit aidant, ils parvinrent à la surface sans se faire remarquer...

Point d'émergence

[Quête : l'Invasion des Ombres]

Iluvatar soupira de soulagement lorsque les voix s'éloignèrent. Il aurait eu du mal à justifier sa présence face à deux personnes inconnues.

Il s'avança dans la pièce aménagée qu'il n'avait plus vu depuis un bon moment. Un sourire satisafait se dessina sur son visage lorsqu'il découvrit dans un coin, toujours dans le même sac, ses affaires de paladin.

Son armure, son épée... Un à un, il sortit les éléments qui constituaient son attirail de paladin de Lathandre. Il observa tous ces objets un instant, sans bouger.

Tout en souriant il enfila son armure lui rappelant son dévouement à Lathandre. Une fois habillé correctement, il s'agenouilla et pria pour sa divinité, cette même divinité qui lui avait apporté réconfort dans les moments de solitude.

En finissant sa prière, il adressa dans un murmure un "merci", les yeux au plafond.

Il alla chercher son épée, et prenant un chiffon, il s'asseya sur un banc et l'astiqua attendant de voir le retour de résistants...

[HRP]Bonjour à tous les RPistes au fait. Excusez moi pour mon absence prolongée, mais la rentrée dans la vie étudiante n'est pas si simple, surtout quand on ne revient chez soi que le week end.

Quoiqu'il en soit je suis de retour, je passe en semaine régulièrement sur le forum (merci la B.U) et je me tiens au courant. Taliesin est au courant que j'ai repris le RP, quant à moi je ferai de mon mieux pour reprendre mes marques dans le RP.

Et désolé du dérangement à QDI et Althéa

Le palouf est de retour mes amis.[/HRP]

[Quête : l’invasion des ombres]
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Un bruit de pas se fit bientôt entendre, et Iluvatar releva la tête. Un homme s’approchait : il le reconnut aussitôt pour être l’un des assistants d’Agrippa. Un dénommé Grégoire, pour autant qu’il s’en souvienne. Celui-ci s’arrêta à côté de lui et le salua courtoisement.
<o></o>    -Bonjour, Sire Belred. C’est un plaisir de vous revoir parmi nous ! Althéa regrette de ne pouvoir vous accueillir en personne, mais il est fort occupé, ces derniers temps. Il m’a donc chargé de venir m’enquérir des résultats de votre mission et de discuter avec vous de la future affectation de vos troupes. Ainsi, puis-je vous demander si les jeunes recrues vous paraissent dors et déjà aptes au combat ?

La Couronne de Cuivre

[Structure] Les égouts marins

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L'invasion des Ombres

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