La Couronne de Cuivre

" Ça fait longtemps qu'on n'expose plus de nouvelles statues au Belvédère. Regardez, il est plein ! Autrefois, on organisait parfois des consultations populaires pour effectuer des remplacements. Mais il s'est créé un comité historique de la sculpture luménienne pour protester contre cette tendance au modernisme... Bref, je pense qu'ils n'ont plus rien touché depuis longtemps... Enfin, je ne suis pas expert. Vos amis sunites en savent sûrement davantage."
Il la regarda avec un sourire.
" Mais je parie que vous seriez flattée, vous, si on vous immortalisait de la sorte. Il faut dire que vous pourriez être l'allégorie de bien des choses."

La jeune-femme rougit instantanément - signe que le paladin avait peut-être visé juste - mais elle devait bien reconnaître que la réplique du paladin était de bonne guerre. Elle s'écarta de la statue de son homologue comme si elle avait l'intention de poursuivre la visite plutôt que de répondre mais elle s'était simplement donné le temps de trouver quelque-chose d'intelligent à dire :

- Allons, je doute qu'un artiste perde son temps à me sculpter pour faire de moi une allégorie de quoique ce soit mais je dois reconnaître avoir pris beaucoup de plaisir à poser pour mon amie Amélie tout en sachant que vous profiteriez du résultat.

Arthur rougit légèrement.
" C'était... un cadeau tout à fait inattendu, murmura-t-il. Votre amie a beaucoup de talent... Votre portrait est... juste un peu en deçà de votre réelle beauté. Mais vous n'avez pas réellement cru que je vous oublierais, si ? C'était une petite taquinerie..."

Le visage de Chandara rayonnait sans même qu'elle s'en rende compte à chaque fois que le jeune-homme la complimentait ainsi. Elle leva son regard vers lui pour répondre à sa question avec une sincérité touchante :

- Je voulais surtout vous faire une surprise mais j'ai craint plus d'une fois - qu'à défaut de m'oublier tout à fait - vous ayez pu passer à autre chose. Et je n'aurais alors pas pu vous en vouloir : ce qui s'est passé en Dorrandin semble un peu irréel et vous êtes revenu à votre vie ici, à cette ville magnifique au milieu de vos amis si bienveillants. Vous auriez pu avoir envie d'oublier tout ça...

" Un Lathandrite va toujours de l'avant, mais il n'oublie jamais, Chandara. Si certains moments, sur Dorrandin, ont été terribles pour moi... Si d'autres ont été fantastiques... Ils font tous partie de moi, maintenant. Glisser sous le tapis le passé, ça ne fait jamais... qu'une bosse dans le tapis. On finit toujours par trébucher dessus."
Il grimaça de sa métaphore maladroite.
" Mais ce que je voulais dire, c'est que je n'ai rien oublié de ce qui s'est passé là-bas. Et même si les conditions étaient particulières... pourquoi regretterais-je les instants de lumière, qui ont été si précieux, quand les ténèbres semblaient avoir tout emporté ?"

Chandara ne semblait pas trouver sa métaphore si maladroite que ça et elle s'approcha à nouveau de lui alors qu'il évoquait un épisode auquel elle avait mille fois repensé depuis qu'il s'était produit. Elle était ravie et même heureuse d'obtenir cette confirmation que leur geste avait eu une signification similaire pour lui. Alors, portée par l'instant, elle se laissa aller à une confidence même si elle craignait de paraître ridicule et par trop fleur bleue :

- Pour ma part, je ne risque pas de l'oublier non plus. Une fille n'oublie pas la toute première fois où elle reçoit un baiser.

" Ah..." murmura le jeune paladin.
Il la regarda un instant, droit dans les yeux, et parut s'y perdre, comme s'il ne voyait plus rien d'autre autour de lui. Pendant une seconde, il sembla qu'il allait échapper à leur emprise, car il papillonna des paupières, puis doucement, il se pencha vers elle et l'embrassa doucement sur les lèvres. Pas longtemps, mais sans se presser non plus.
" Je n'aurais jamais imaginé... mais j'en suis heureux." souffla-t-il ensuite.

Chandara semblait s'être mué en une petite chose fragile et délicate alors que le paladin la regardait avec intensité. Elle n'avait pas anticipé ce qui se produisit alors et son cœur - qu'elle venait de lui ouvrir - avait brusquement accéléré jusqu'à s'affoler complètement quand il s'était penché vers elle. Ses muscles semblaient ne plus lui répondre et elle n'avait donc pas esquissé le moindre geste jusqu'à ce que les lèvres d'Arthur se posent délicatement sur les siennes et qu'il l'embrasse avec toute la douceur et la tendresse qui semblait le caractériser.

Alors qu'il s'écartait d'elle sans précipitation, elle se sentit sourire comme jamais car - même si son regard embué par l'émotion ne lui permettait pas de le vérifier de visu - ce doux baiser signifiait encore bien plus que les précédents qu'ils avaient échangé sous le coup de l'émotion. Celui-ci paraissait plus réfléchi, plus mûr, plus chargé de sens. Elle ne voulait pas s'emballer de peur de tomber de haut mais elle avait la sensation grisante et merveilleuse qu'ils avançaient pas à pas l'un vers l'autre. Une fois n'est pas coutume, le paladin avait réussi à avoir le dernier mot.

HRP : Désolée, j'ai eu des soucis d'internet...

Son silence ne manqua pas de l'embarrasser, bien évidemment. Rougissant, il regarda autour d'eux, craignant manifestement de découvrir un public hilare ou indiscret. Mais les Luméniens vaquaient à leurs occupations, promenades et discussions, sans se soucier outre mesure du jeune couple. Dans le belvédère, déjà, il y avait d'autres tandems attardés, et chacun escomptait bien profiter d'un peu d'intimité.
" Hum, dit finalement Arthur, sans savoir très bien où poser les yeux. Avez-vous des envies pour la suite ?"

HRP : je suis surtout désolé pour toi ! (f)

Chandara leva vers lui un regard un peu rêveur, lui sourit avec tendresse puis jeta un œil autour d'eux avant de se glisser à nouveau à son bras avec grâce et détermination.

- J'aimerais bien boire quelque-chose : vous pensez que nous pourrions trouver un vendeur de boissons fraîches par ici ? Et ensuite, je voudrais que nous poursuivions un peu la visite du parc.

Elle s'interrompit le temps de se hisser sur la pointe des pieds pour chuchoter à l'oreille du jeune-homme d'un ton charmeur :

- Peut-être y connaissez-vous un endroit plus discret ? Pour que nous échangions d'autres baisers aussi doux...

Arthur devint écarlate. Couvrant la main que Chandara avait glissé dans le creux de son bras de la sienne, il l'entraîna entre les statues, sans rien dire, sans aucun regard pour toute cette beauté de marbre. Il était manifestement un peu nerveux, mais il s'efforçait de ne pas le laisser voir.
" Il y a toujours des vendeurs de jus de fruits un peu plus bas... Je parie que nous pouvons trouver quelque chose que vous n'avez jamais goûté... Il nous vient des parfums de Maztica dont les noms sont parfois imprononçables..."
Ainsi, ils regagnèrent les allées arborées du parc.

Kasumi mena sa compagne vers le petit belvédère qui constituait une curiosité du grand parc verdoyant : en effet, on y trouvait une concentration de camelots et on pouvait en outre admirer une belle collection de statues de tous styles qui valait assurément le détour. Le demi-elfe avait l'intention de s'y attarder avant d'enchaîner sur la suite de leur programme : après tout, la matinée avait été aussi studieuse que productive et ils avaient bien mérité une petite pause.

Ils se trouvèrent sans difficulté un banc de pierre, depuis lequel ils avaient une vue imprenable sur l'ensemble des oeuvres exposées. En ce début d'après-midi, nombre de promeneurs étaient retournés à leurs tâches. La pause déjeuner était terminée, comme en témoignaient les nombreux pigeons qui ne daignèrent même pas s'arracher à leur casse-croûte en les voyant arriver. Les restes abandonnés par les hommes faisaient le bonheur des oiseaux et rongeurs. Un écureuil fila prestement devant eux, attrapant un trognon de pomme avant de disparaître dans un arbre.
Il fut plus difficile de trouver de quoi se sustenter. Ce n'était décidément plus l'heure. Mais ils purent mettre la main sur des tranches de pain tartinées de fromage accompagné de jambon, et d'autre agrémentées d'un mélange étonnant de figues, miel et noix. Ce n'était pas un vrai repas, mais ça calait l'estomac suffisamment pour attendre le soir.
Sylvia regarda les statues avec davantage de curiosité que d'émerveillement. Elle n'y connaissait rien en sculpture, et autant elle admirait les proportions parfaites des bustes les plus ressemblants, autant d'autres oeuvres, plus fantasques, la laissaient complètement de marbre.
" J'imagine que tu dois venir souvent dans ce parc, quand tu loges à Luménis. Enfin, je crois que moi, je ne pourrais pas m'empêcher d'y venir plusieurs fois par jour pour fuir le bruit et la foule..."

Kasumi se fit songeur un instant pour se replonger dans ses souvenirs de la ville et en profita pour finir l'une de ses tartines avant de répondre :

- C'est vrai que c'est un bel endroit : une sorte de petit havre de verdure. Mais je préférais le bosquet des docks. Enfin, lors de mes rares temps libres : comme je te l'ai dit, j'étais souvent sur les routes et, à Luménis, je travaillais la plupart du temps. Au Grand Fort principalement. Bref, je n'ai jamais vraiment vécu ici au sens où on l'entend d'ordinaire. C'est pour ça que je n'y ai jamais cherché un logement permanent.

" Tu travaillais au fort ? s'étonna Sylvia. Tu y faisais quoi ? Tu faisais partie de la garde, des soldats ? "
Elle secoua la tête, amusée.
" Je ne t'imaginais pas dans ce rôle. Je veux dire... Devoir toujours obéir à des officiers... Et puis, être enfermé entre quatre murs..."

Kasumi éclata de rire en s'imaginant en uniforme de patrouille ou en train de faire le planton sur un rempart et répliqua avec bon humeur :

- Grands dieux non ! En fait, j'intervenais en tant que consultant externe alors je n'ai jamais été vraiment soumis à la hiérarchie. Et quand je n'effectuais pas des missions à l'extérieur de ville, je m'improvisais instructeur pour les jeunes gardes. Pour leur apprendre les bases du pistage ou du combat, ce genre de choses. Cela m'a permis de ne pas perdre la main !

La rôdeuse rit elle aussi.
" Instructeur, alors... oui, ça te va mieux en effet. Mais donc, tu avais en quelque sorte un emploi là-bas ? Et tu as démissionné pour revenir à Everaska, ou juste pris des congés ? C'est juste pour savoir si tu ne risques pas de te faire embaucher dès que tu auras mis un pied là-bas...

Kasumi se pencha pour l'embrasser sur les lèvres puis répliqua d'un ton joyeux :

- Aucun risque : j'ai bien mieux à l'esprit comme programme ! Je n'ai jamais été embauché de manière fixe : je multipliais les missions ponctuelles un peu en fonction de mes disponibilités. Je ne compte pas arrêter mais cela me laissera tout de même beaucoup de temps à nous consacrer.

" J'espère bien, rétorqua Sylvia en lui rendant son baiser. Parce que je préfère te prévenir tout de suite : je n'ai pas l'intention de vivre durablement dans cette ville, aussi belle soit-elle, et aussi attaché que tu sembles y être : pour moi c'est niet ! Je me sens enfermée au milieu de tous ces murs, il y a trop de monde, trop de bruit. Je ne pourrais jamais vivre ici. Même pour tes beaux yeux !"
Elle posa la tête sur son épaule avec un soupir d'aise.
" Après, je comprends bien qu'il faut un peu d'argent pour vivre, donc que tu aies besoin de venir travailler ici régulièrement... Mais j'espère qu'ils comprendront que tu préfères les missions hors les murs ! Et... Tu crois qu'ils me laisseront t'accompagner s'ils t'envoient en mission au loin ?"

Il passa une main dans ses cheveux et les caressa amoureusement tout en la regardant droit dans les yeux pour lui répondre d'un ton doux :

- J'en suis persuadé : tu as beaucoup de compétences qui me seraient utiles sur certaines missions. Et nous travaillons parfaitement en équipe, tous les deux ! De toute façon, je n'ai pas envie de m'éloigner longuement de toi, mon amour.

" Peut-être que parfois, tu y seras obligé... mais pas tout de suite j'espère. Me retrouver toute seule dans un endroit où je ne connais encore personne, ça me fait moyennement envie... Donc je vais commencer par profiter pleinement de ces moments où tu es tout à moi ! Je sens que ça ne durera pas forcément..."
Elle ferma les yeux, se laissant aller contre lui, parfaitement détendue.
" On est bien, là. Je ferais bien une sieste, tiens. Tu me préviens quand il faut se mettre en route pour le fort ?"

Il l'accueillit et la serra dans ses bras pour qu'elle y trouve une place confortable et posa à son tour son menton sur son épaule en soupirant un soupir d'aise :

- On a vraiment tout notre temps ! Le fort et le marché ne nous prendront pas plus d'une heure alors autant profiter un peu de la quiétude du parc.

Il ferma lui aussi les yeux comme pour mieux ouvrir ses autres sens à la présence de la rôdeuse.

Ils restèrent un long moment assis là, profitant simplement de la chaleur de cette journée de Mirtul, des chants des oiseaux, des rires des enfants jouant plus loin. Le soleil était traître cependant, et la peau de Sylvia, habituée à l'ombre des grands arbres, ne tarda pas à rougir. Ils durent donc se replier, hélas trop tard pour échapper au coup de soleil.
Le milieu d'après-midi approchait, cependant, et il était temps pour eux de gagner de grand Fort s'ils voulaient être sûr d'y rencontrer le "contact" de l'aubergiste, le sergent Dumontrond, ou l'une des connaissances de Kasumi.

Aiguillonnée et encouragée par les paladins de l'Ordre de la Rose Rubis, c'est une Chandara volontaire et énergique qui s'était précipitée dans le quartier marchand pour se procurer les différents accessoires utiles au plan qui avait germé dans son esprit dès lors qu'elle avait quitté le temple de Sunie.

La jeune-femme n'était en effet pas du genre à tergiverser et elle ne se sentait pas vraiment capable d'observer passivement toute une ville pour y trouver la beauté qui s'y cachait ou les amours qui n'osaient se dire ou s'exprimer.

Chandara s'était donc installée non loin du belvédère et de ses jolies statues et avait déposé - bien en évidence - un tableau noir à plusieurs panneaux et des craies en nombre à destination des promeneurs. En haut du tableau, elle avait simplement inscrit, en guise d'invitation et de consignes :

"Trouvez le courage,
D'inscrire un message,
A l'homme ou la dame,
Qui anime votre flamme !

Inscriptions ouvertes jusqu'au Premier Tarsakh - En cas de réclamations, vous adresser au temple de Sunie le plus proche."

De son point de vue, il n'y avait plus qu'à trouver un bon emplacement d'où observer ce qui allait se produire. En se cachant dans un buisson ou derrière une statue, elle espérait bien obtenir l'identité d'amoureux secrets qui n'osaient pas se déclarer. Ensuite, elle improviserait...

Pendant un moment, les passants ignorèrent complètement son panneau. Il faut dire qu'environ vingt mètres plus loin, un marchand de poisson frit avait installé son étal et bradait les prix en scandant des slogans imagés. L'odeur était prégnante, surtout à une heure aussi matinale. Mais il fallait croire que les Luméniens aimaient le poisson, car on venait de toutes les allées pour faire la file devant son brasero.
Ensuite, quand la file arriva jusqu'à son tableau, les gens qui étaient en train d'attendre à sa hauteur se mirent à le lire. Certains rirent, d'autres grimacèrent, personne n'écrivit la moindre chose. Puis ce fut le tour d'un groupe de gamins âgés de 12-13 ans. N'apercevant pas le propriétaire du matériel, ils ne résistèrent pas longtemps à ramasser des craies et couvrir les tableaux... mais de là où elle se trouvait, Chandara ne pouvait pas voir avec quoi... Ils n'avaient pas le profil d'amoureux transis, cependant.

Bon, peut-être avait-elle mal choisi son moment - ou son emplacement car elle doutait que les odeurs de fritures invitent au romantisme et au lyrisme amoureux - mais Chandara n'était pas encore prête à reconnaître un revers. La jeune-femme sortit donc discrètement de derrière son buisson en prenant la peine d'effectuer un petit détour, admirant au passage les nombreuses sculptures du belvédère ayant pour thème la mer et ses créatures. Elle fit mine de s'approcher de la file patientant pour acheter les mets délicieux du poissonnier mais son but était en fait de voir ce que les jeunes gens avaient inscrit, à la fois curieuse et un peu anxieuse de ce qu'elle allait lire sur ses tableaux. Il fallait malgré tout ne pas éventer sa présence de peur que l'appât ne donne pas une pèche fructueuse.

La décence nous empêche de reproduire ici ce que les adolescents avaient peinturluré sur les tableaux. Car il s'agissait davantage de dessins que de mots, ou même de tentatives de phrases. Disons juste qu'il s'y trouvait tentacules et écailles, bulles et rostres, oeufs et vaguelettes. En gros, il s'agissait d'une promotion pour le poissonnier voisin, invitant les patients qui faisaient la file à contempler leur futur menu. De déclarations d'amour, point, à moins que l'on puisse considérer l'affirmation " J'aime les langoustes à l'ail !" comme quelque chose de romantique.

Chandara ne s’était pas attendu à mieux de la part d’enfants facétieux et se commença à avoir des doutes sur l’efficacité de son idée. Toutefois, elle n’était pas du genre à renoncer après un premier échec et il devait bien lui rester une bonne heure avant de retourner à la commanderie pour rejoindre Arthur, manger et se préparer pour leur sortie de l’après-midi. Elle décida donc d’effacer les billevesées laissées par les enfants puis, avant de regagner sa position, se dit qu’il manquait peut être un élément pour encourager des initiatives plus conformes à ses attentes. Il fallait que quelqu’un commence par donner l’exemple. Alors, à la vue de tous, elle inscrivit un premier texte en songeant à un beau paladin blond :

« A mon doux Lathandrite qui me donne foi en un avenir radieux ! »

La file des clients de la poissonnerie ambulante l'observèrent tandis qu'elle griffonnait sur le tableau. Ce n'était pas très discret et le public se fendit de commentaires.
" Je ne veux rien dire, ma p'tite dame, mais c'est très générique. Lathandre, foi, avenir radieux... Mouais. Ça pourrait coller à n'importe qui, dit une petite vieille ridée comme une pomme, sous son chapeau de paille.
— Ah non, tous les Lathandrites ne sont pas doux, remarqua son voisin, un homme ventru en pourpoint orange vif. Mon cousin Freddy, qu'est un rustre de première, c't'aussi un lathandrite, et j'peux vous dire, très chère, qu'il était pas doux pour un sou. L'aurait assommé un boeuf avec son front.
— C'est doux avec les femmes, qu'elle parle, la rouquine, c'est pas parce qu'on cogne les vaches avec sa tête qu'on se comporte comme un taureau en rut une fois sous les draps, intervint une autre femme, âgée d'une bonne cinquantaine d'années.
— Qu'est-ce t'en saurait, toi, Vilma ? lui demanda sa voisine, sous son fichu.
— Si tu savais. Je t'ai déjà parlé de Flambard ?"
Elles se mirent à glousser d'un air entendu.
" Mouais, ça reste classique." conclut la vieille.

Voilà précisément le genre de manifestations qu’elle avait voulu encourager aussi la jeune-femme n’était-elle pas peu fière tout en tâchant de ne pas vraiment le montrer. Elle décida même de jouer les ingénues, faisant mine de chercher une meilleure idée à inscrire sur son propre tableau mais ce n’était évidemment pas son objectif.

- Je n’ai pas vraiment l’habitude d’écrire ce genre de déclarations… Mais peut-être accepteriez-vous d’en inscrire dont je puisse m’inspirer auprès de mon bel ami ?

Elle fit même le geste de tendre une craie aux personnes qui s’étaient approchées pour les inciter davantage à franchir le pas. Ce n’était peut-être pas de la plus grande subtilité mais il lui paraissait important d’encourager la flamme.

La Couronne de Cuivre

[Lieu] Le Belvédère du Parc verdoyant