[Lieu] Sur les pavés de l'esplanade

[Taliesin]

L'enfant, qui avançait en regardant le bout de ses bottes, releva brusquement la tête et fixa Arya avec des yeux horrifiés.
-Quoi ? s'exclama-t-il. Travailler ? Maintenant ? Après ça ? Ah non hein ! Tout ce que vous voudrez mais pas travailler !
Il s'interrompit, grimaça, jeta un regard aux alentours comme s'il craignait que quelqu'un ait surpris ses mots, puis poussa un profond soupir.
-Enfin, j'ferai comme vous direz, m'dame. Même si c'est pour aller travailler.

[Arya Du Varden]

Le regard d’Arya était enjoué, Podrick encore prit dans les affres de cette première rencontre avec sa future occupation d’écolier n’avait pas compris sa question.
<!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]--><o></o>
Bon ma proposition semble ne pas te convenir, mais vu que tu as une envie incontournable de travailler, je ne vais tout de même pas t’en empêcher, moi j’ai besoin de me dégourdir les jambes, alors je vais aller au grand parc, m’acheter des marrons chauds et courir un peu, remarque je peux t’obliger à me suivre, mais ce ne serait pas très gentil de ma part.
<!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]--><o></o>
Elle passa sa main dans les cheveux de l’enfant en riant et attendant sa réaction …

[Taliesin]

Podrick la dévisagea un instant puis tenta de sourire. Une tentative vaillante mais peu concluante.
-C'est la dernière pipe du condamné, c'est ça ? souffla-t-il. J'ai entendu dire qu'avant d'les zigouiller, on permettait aux condamnés à mort d'fumer une dernière pipe. Ou d'boire un dernier coup... Donc c'est la dernière ballade au parc avant l'enfer de l'école ? J'dis pas non... Faut que j'en profite, parce que quand j'serai avec les p'tits, ben... J'serai sans doute obligé de vous tenir la main partout ou on ira et de pas courir parce que sinon je risquerai de me faire mal.
Il secoua la tête.
-Ah, et on j'devrais sans doute porter une bavette pour pas me salire quand je mange. Alors oui, j'veux bien profiter d'mes derniers moments en tant qu'grand.

[Arya Du Varden]

La magicienne amusée par la manière qu’avait Podrick pour clamer son amertume le regarda longuement d’un regard enjoué faisant mine de le toiser, puis elle passa son bras par dessus son épaule l’invitant à avancer.<o> A défaut de pouvoir lui éviter de faire ses premiers pas dans une classe de petits, autant petit à petit chercher les bons côtés.

</o> L'enfer de l'école, que voilà des paroles toutes faites pour quelqu'un qui ne c'est pas ce qu'est l'école ou est-ce une manière de me dire que tu voudrais être chouchouté comme un p'tit bout ? Jeune homme, sache que ce n’est pas parce que tu n’as pas eu la chance d’entrer à l’école avant aujourd’hui que tu auras le droit de fumer une dernière pipe ou de boire un dernier coup, tu n'as même pas encore été jugé, alors pour la condamnation ... pas plus que je te donne la main ou que je fasse la dépense d’une bavette. Tu es un grand et ce n’est pas un passage transitoire dans une classe de petits pour évaluer ton niveau, voire même s’il y a quelques lacunes à combler qui prolonge un peu le temps que tu y seras qui me feront changer d’avis. Alors ce ne sont pas de tes derniers moments dont tu vas profiter maintenant, mais du début de ta nouvelle vie. Et ta nouvelle vie c’est aussi de discuter de ce que tu ressens, de ce que tu souhaites. Alors il faut que nous parlions de l’école pour que tu voies aussi les avantages et pas seulement les inconvénients.<o>

</o> Ce n’est certainement pas très glorifiant de se voir intégrer dans une classe d’enfants plus jeunes que soi, ne serait-ce que pour une évaluation. Je pensais qu’ils le feraient comme nous le faisons à l’université, mais ils ont des raisons que je ne connais pas et qui tient de leur expérience. Tu as déjà l’avantage de savoir lire, écrire et compter et durant la courte période où tu resteras dans cette classe, tu pourras te targuer d’être le meilleur élève, alors cela est déjà une superbe compensation, car une fois chez les grands, pour être dans les premiers de classe ce sera bien plus difficile.<o>

</o> Vu de cette manière, c’est déjà un mieux, ne trouves-tu pas ?

[Taliesin]

Podrick fit la moue.
-J'sais bien que c'est mieux, laissa-t-il tomber. Mais n'empêche, c'est un peu la honte, quoi. Avec les petits ! Moi j'sais ramoner des ch'minées, faire la plonge, vendre des journaux. J'sais m'débrouiller pour gagner ma croûte. Eux, j'suis sûr que c'est encore leurs parents qui les habillent et qui les mouchent !
Il grimaça.
-Pis j'vous dis pas la réputation, quoi. Quand j'arriverai chez les grands, ils me traiteront de bébé ou de débile. Ah ça... Moi qu'étais habitué à être vu comme un grand, à donner les conseils, à être l'plus débrouillard, ça va m'changer.
Ses épaules s'afférèrent.
-J'sais que c'est pour l'mieux, que c'est pour que ça se passe bien après. Je le sais, mais ça rend pas les choses plus simples. C'est quand même dur à avaler, ça...

[Arya Du Varden]

La magicienne pouvait comprendre cette fierté qu’il s’était forgée de s’en sortir tout seul, cette force et cette débrouillardise qui soudain paraissaient inutile, mais ce qu’il avait acquis ne serait jamais perdu et surtout, ne l’aurait pas amené bien loin.<o>

</o> Je crois que la meilleure chose qui sera à faire, c’est de travailler très dur pour arriver chez les grands et y rester en étant plus fort qu’eux non seulement en ramonage de cheminée, vente de journaux et nombre d’assiettes lavées, mais surtout dans toutes les branches que tu auras au programme, ils te respecteront vite lorsque tes résultats seront meilleurs que les leurs et qu'en plus tu leur raconteras tes petites promenades sur les toits, ils sauront que tu n'es n'y un petit, ni un débile.<o>

</o> Et puis surtout, tu ne seras pas le premier à suivre ce chemin et dans la classe des grands des enfants ont dû comme toi commencer avec les petits et s'en sentir blessé. Alors, essaie de ne pas te projeter dans un futur dont tu ne sais rien, vis aujourd’hui, demain est encore loin et tes débuts à l’école encore bien plus loin. Le présent c’est le grand parc que nous apercevons et le marchand de marrons qui nous attendent.

[Taliesin]

Podrick hocha vaguement la tête.
-Mouais... D'toute façon, j'ai toujours vécu au jour le jour, comme on dit. Alors j'vais pas commencer à m'faire du souci maintenant, hein ? Enfin, j'dis ça, mais en même temps, c'est pas facile.
Il fourra les mains dans ses poches et observa quelques instant les cimes des arbres du parc qui se rapprochaient.
-Pis de toute façon, qu'ils essayent de se payer ma tête, j'vous assure que je les laisserai pas faire... Pas en m'battant, hein ! J'cognerai personne sauf si on me cogne... Mais j'saurais leur rabattre leur caquet, j'ai l'habitude de ça... Donc j'eevrais pas trop m'inquiéter...
Il s'immobilisa, et regarda Arya avec espoir.
-R'marquez, y a un autre moyen que j'me fasse encore moins de souci. Vous pourriez faire un mot au directeur comme quoi j'ai r'çu un sort magique qui fait que j'peux pas aller aux thermes parce que si j'y vais je meurs ou je me transforme en monstre. J'suis sûr que ça marcherait ! Vous voulez bien, dites ?

[Arya Du Varden]

La magicienne aurait voulu conserver une mine sérieuse, mais la proposition de Podrick l'amusa au point où elle ne put se retenir de rire. Tant les mots que les mimiques de l'enfant, ainsi que l'intonation de sa voix étaient des plus drôles.

Et bien, je ne peux pas faire un mot dans ce sens, ce serait un mensonge et tu sais que ce n'est pas bien.

Déjà le parc se dressait face à eux, majestueux et un petit triste avec ses arbres dénudés, mais la neige tombée la veille et les quelques pâles rayons de cette fin d'après-midi qui se glissaient entre le branches le rendait tout de même attirant.

[Arya Du Varden]

Depuis la taverne, le trajet se faisait en silence que rompit rapidement l’elfe pour que les peurs de l’enfant ne deviennent pas démesurées. <o>

</o> Souviens-toi les thermes et du plaisir que tu y as trouvé et cela pour dépasser une peur encore plus grande que celle d’y aller puisque c’est toi qui à proposer que nous nous y rendions. Ce ne pas facile, mais je sais que tu y arrivas. Fais-toi confiance Podrick, c’est le meilleur chemin que tu puisses trouver.<o>

</o> L’école était en vue, l’Elfe enroba l’enfant de sa tendresse, ils franchirent la grille et elle lança tel un défit espérant qu’une fois de plus ce simple fait rende à l’enfant son assurance et sa répartie.<o>

</o> Premier test pour savoir si un jour tu seras chevalier. Au revoir Podrick, on se reverra à la taverne.<o>

</o> Malgré son optimisme, elle avait le cœur en peine de l’effort qu’il allait devoir faire, de la peur qui devait l’étreindre, alors qu’elle allongeait son pas se retenant de se retourner pour le suivre des yeux, et se dirigeait vers l’homme qui surveillait la cour, un des maîtres sans aucun doute, voire peut-être celui de Podrick.<o>

</o> Bonjour Monsieur, Arya Du Varden, si cela était possible, j’aurai souhaité rencontrer brièvement Sieur Dobbins.<o></o>

[Taliesin]

L'homme, dont la grande taille était atténuée par la silhouette voûtée, tourna vers Arya un regard gris acier. Il portait des binocles, des vêtements à la coupe impeccables, sombres et stricts, avait des cheveux autrefois châtains, aujourd'hui quasiment blancs, et un visage ridé qui le faisait paraître beaucoup plus vieux qu'il ne l'était sans doute en réalité.
-Enchanté de faire votre connaissance, madame Du Varden... fit-il d'une voix un peu rauque. Je suis monsieur Dobbins. Je suppose que vous voulez me parler de votre pupille, Podrick, qui nous rejoint aujourd'hui ?

[Arya Du Varden]

L’elfe était habituée à des professeurs au physique toujours jeune et mis à part quelques hauts-mages dont l’age se comptait près du millénaire, cela avait été son quotidien depuis sa naissance. Certes, le directeur de l’établissement n’était pas tout jeune, mais sieur Dobbins lui sembla d’un age largement dépassé et tout en lui semblait trop sévère, trop stricte. Malgré le sourire aimable et avenant qu’elle lui offrit, elle n’avait qu’une certitude, elle ne l’aurait pas aimé et aurait été la pire des pestes si elle dut être son élève. Mais en l’instant, il s’agissait de l’intégration de son petit protéger et elle éluda tout ce qui lui déplaisait dans son interlocuteur.<o>

</o> Sieur Dobbins, ravie de faire votre connaissance, en effet Potrick commence aujourd’hui et j’aurai souhaité, lorsque vous pourrez m’accorder un peu de temps, pouvoir m’entretenir avec vous de cet enfant et de sa scolarisation. Je suis professeur et je sais qu’une bonne collaboration entre les responsables et les enseignants est le meilleur garant pour une réussite. Je ne veux en aucun cas retarder la rentrée de la classe et comme à part deux matinées par semaine, je peux gérer mon temps comme je le souhaite, ce sera à votre convenance. Si cela pouvait ne pas trop tarder, ce serait l’idéal, même si je sais que cela ne serait pas forcément pénalisant pour lui si vous n'aviez pas de disponibilités rapidement, car les enfants sont si différents entre la maison et lorsqu’ils sont en cours, d'autant que je sais par votre directeur que Podrick n’est pas le seul à faire ses premiers pas bien après les autres.
<!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]--><o></o>
Arya n’en dit pas plus, bien qu’elle trouvait barbare la manière de mesurer le niveau de connaissances de l’enfant qu’elle n’avait jamais rencontrée auparavant. Des tests bien faits auraient eus un résultat similaire sans le mettre dans une situation humiliante.<o></o>

[Taliesin]

Monsieur Dobbins se frotta le menton.
-Seriez-vous d'accord pour que nous nous rencontrions à la fin de cette semaine ? Cela peut vous paraître long, je le conçois. Mais cela m'aura permis d'évaluer un peu votre garçon, de mesurer ses forces et ses faiblesses et, ainsi, de pouvoir discuter avec vous en connaissance de cause. Vous donner un rendez-vous plus proche m'obligerait à traiter Podrick différemment des autres élèves, à l'interroger davantage, Je le ferai, évidemment, mais le plus discrètement possible, afin de ne pas nuire à son intégration, de ne pas rendre trop pesantes ses premières journées d'école. Lorsque l'on n'en a pas l'habitude, cela peut être une expérience déroutante, et je ne voudrais pas qu'il pense que je m'acharne sur dès les premières heures.

[Arya Du Varden]

Si la magicienne accordait à M. Dobbins que sa proposition était raisonnable, que trop questionner Podrick risquait de le déstabiliser, voire de le braquer, il y avait bien un point qui lui paraissait détonner par rapport à son approche qui était très professionnel et pourtant que lui même mettait en avant, le fait d’obliger l’enfant à fréquenter la classe des petits pour évaluer ses connaissances était dès le départ, nuire à son intégration. Le ton de l’elfe était toujours respectueux et son sourire cachait parfaitement le fond de ses pensées, se braquer contre celui qui serait le premier enseignant à s’occuper de l’enfant était prendre trop de risques et pourrait lui être nuisible.
<!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]--><o></o>
Et bien, je ne connais pas vos méthodes pour évaluer les connaissances des enfants, mais s’il vous semble qu’une semaine est nécessaire, alors je vous fais confiance. Bien entendu, s’il devait se passer un fait important, comme je l’ai dit à votre directeur, vous pouvez me laisser un message à la Taverne de la Bienveillance où nous logeons encore pour quelques temps ou à l’université de la magie où je serai en général lorsque Podrick sera en cours. Maintenant, il ne nous reste plus qu’à fixer l’heure de notre rendez-vous.<o></o>

Depuis qu’elle était arrivée, Arya ne s’était pas retournée pour voir comment se comportait Podrick de manière que les autres enfants n'ait pas l'impression qu'elle le surveillait ou le surprotégeait, elle ne le laissait pas paraître, mais elle craignait qu'un regard ou un mot de travers lors de cette première approche l'ait blessé. D'autant que même lorsqu'elle pourrait naturellement poser son regard sur lui en partant, elle ne saurait pas grand chose et devrait attendre qu'il rentre pour en savoir plus.<o></o>

[Taliesin]

De son côté, l'instituteur ne cessait de promener un regard vigilant sur la cour, surveillant les enfants qui s'y trouvaient déjà fort nombreux : les cours n'allaient pas tarder à débuter.
-Oh, pour l'évaluation, nous faisons des contrôles de connaissances, évidemment. Mais le niveau des enfants se mesure aussi par leur participation, par les questions qu'on leur pose durant la classe... Chaque enfant étant différent, certains se montrant plus timides que d'autres, plus rétifs à parler, les choses peuvent prendre plus ou moins de temps. Mais au final, on arrive toujours a se faire une bonne idée de ce qu'ils savent facilement faire ou, au contraire, de ce qui leur pose problème...
Il parut se concentra sur la cour, comme s'il hésitait à intervenir, mais reporta finalement son attention sur Arya.
-Pour l'heure du rendez-vous... Les cours se terminent à quatre heures, et je restent souvent ici jusqu'à bien plus tard. Nous pourrons donc nous rencontrer en milieu ou fin d'après-midi, à votre convenance.

[Arya Du Varden]

L’approche des humains semblaient bien hésitantes à la magicienne qui savait que dans un cursus, il y avait les connaissances incontournables et que celles-ci étaient simple à évaluer. Son expérience et sa méthode avait déjà démontré que de se baser sur l’attitude et la participation ne démontraient aucunement les connaissances et que le hasard pouvait favoriser tout comme pénaliser. Que celui qui était à l’aise pouvait aisément n’avoir que le minimum des bases nécessaires, voire être en dessous, sans que cela paraisse, car il n’hésitait pas à lancer à tout va ce qu’il savait, mais ne serait-ce qu’en égratignant cette couche superficielle dans des entretiens particuliers par des questions plus pointues qui auraient pu être interprétée comme le fait de vouloir nuire à l’élève lors d’un cours, on s’apercevait qu’il n’y avait rien d’autre et que ce ne serait pas un élève qui sortirait du lot, voire que celui-ci échouerait lorsque le niveau demandait un plus. Par contre, certains timides qui donnaient l’impression de devoir réfléchir longuement, car troublés par la présence de leurs camarades, cachaient sous cette image d’élève dont le niveau serait bas, d’excellentes connaissances, voire de vrais petits génies. Pour se faire une idée du juste niveau en se basant sur le système qu'allait devoir subir Podrick, cela pouvait demander quelques semaines à plusieurs mois, au risque de braquer l'enfant.

L’elfe faillit lancer sa vérité à son interlocuteur lorsque le regard de celui-ci s’attarda sur les enfants présents dans la cour, son cœur s’accéléra comme si un danger venait d’apparaître, mais elle maîtrisa ses craintes nées de l’attachement à l’enfant et que sieur Dobbins change de sujet en parlant de leur rendez-vous lui permit non seulement de patienter encore avant de poser son regard protecteur sur l’enfant, mais également de ne point aborder un sujet qui aurait risqué de courroucer le maître prenant ainsi le risque que celui-ci porte ombrage à Podrick en cherchant à le piéger ou à le mettre mal à l’aise. Seule constatation qui lui sembla évidente, elle ne faisait pas confiance à cet homme. Pourtant l’intonation de sa voix et son sourire laissait entendre le contraire alors qu’elle répondit après quelques instants de réflexion.<o>

</o> Et bien disons peut-être fin d’après-midi, ainsi quelles que soient mes obligations à l’université, je sais pouvoir être libre. <o></o>

La magicienne n’avait pas choisi de venir juste à la fin des cours, uniquement au cas où Podrick n’aurait pas dépassé cette crainte de passer pour un petit que l’on vient chercher à la sortie de l’école pour lui tenir la main.<o></o>

[Taliesin]

-Parfait... fit monsieur Dobbins avec un sourire. Nous nous reverrons donc en fin de semaine... D'ici là, ne vous faites pas trop de souci : je suis sûr que Podrick se sentira vite à l'aise parmi nous. Et vous pouvez être sûre que nous ferons notre possible pour lui faciliter les choses. Mais pour l'heure, si vous voulez bien m'excuser...
Il tapa dans ses mains et lança d'une voix forte.
-Allez, les enfants ! En rang ! Nous allons rentrer.
La fin subite des exclamations, des rires et des cris, derrière la magicienne, lui prouva que les écoliers ne se le faisaient pas dire deux fois. Soit qu'ils fussent particulièrement disciplinés, soit qu'aucun d'entre eux n'osât ouvertement défier son autorité...

[Arya Du Varden]

Pour la magicienne, il était temps de prendre congé, de se retourner pour constater le comportement de Podrick, de ceux qui l’entouraient ou le rejetaient. Sourire cachait encore et toujours l’impatience et les craintes qui se bousculaient dans son âme telles des aiguilles qui ne permettaient pas d’oublier que la responsabilité d’un enfant, l’amour qu’on lui portait, avaient de multiples facettes et qu’il fut heureux n’était pas que l’œuvre de son propre dévolu, mais également de la société dans laquelle il devait évoluer.<o>

</o>Alors qu’elle saluait sieur Dobbins, fronçait les sourcils au silence trop profond qui venait de se faire derrière elle alors qu'il invitait ses élèves à se regrouper, le cœur prêt à exploser, se retenant déjà de courir vers lui pour lui apporter du réconfort si cette première approche le voyait triste et esseulé, elle se retourna souriante pour chercher du regard le visage de son petit protéger parmi la nuée de gamins maintenant étrangement silencieux qui attendaient de pénétrer dans le bâtiment ...

[Taliesin]

Elle le repéra dans l'un des rangs qui venaient de se former. Dépassant largement la plupart de ses condisciples qui, non contents d'avoir deux ou trois ans de moins que lui, étaient plus petits de plusieurs centimètres. Il avait calqué son attitude sur la leur, silencieux, immobile, même si son regard balayait le cour, détaillait les élèves, les enseignants qui commençaient à apparaître. Il repéra Arya, lui adressa un sourire un peu tendu, puis reporta son attention sur monsieur Dobbins qui s'approchait d'eux d'un pas mesuré. Et la magicienne put constater que, propre, peigné, vêtu de neuf, rien ne le distinguait de la foule des gamins qui l'entouraient. Personne, ne le connaissant pas, n'aurait pu se douter de son passé récent...

[Arya Du Varden]

L’elfe devait se contenir, garder son sourire confiant, ne pas se précipiter vers Podrick dont la haute silhouette se détachait sans que rien d'autre ne le différencie des enfants qui l'entouraient, ni s’enfuir, surtout ne pas flancher. Ses souvenirs d’école lui manquaient, avalés par son amnésie comme un gouffre qui n’aurait pas de fond. Elle avança cherchant à ne plus penser, mais le silence n’en était que plus oppressant comme si le temps était en suspension.<o>

</o> D’une main indécise, Arya ouvrit la grille et franchit cette frontière où il lui semblait qu’elle venait d’abandonner son petit protéger, être sans défense face à l’âme triste et despotique d’un maître. Sachant que s’arrêter serait une erreur, elle choisit d’allonger le pas et de se diriger vers le brocanteur pour y tenter de trouver des meubles qui étaient indispensable pour sa maison, saine et nécessaire occupation. La lutte fut rude, mais lentement, sa notion du présent fut moins vive et les souvenirs de son passé vinrent détendre son âme, gommer en partie l’impression négative que sieur Dobbins lui avait envoyée de plein fouet. <o>

</o> Déambulant devant la vitrine, s’engageant dans l’arrière cours, revenant sur ses pas, l’elfe ne faisait que caresser les bois fraîchement cirés qui semblaient vibrés sous ses doigts ou gémir lorsqu’ils étaient encore marqués par les traces du temps et des mauvais traitements subis.<o>

</o> Une voix la héla et presque surprise elle se retourna pour apercevoir le commerçant vêtu d’une blouse bleue qui lui tombait sous les genoux, tenant un vase richement décoré dans les bras venir à sa rencontre un sourire commerçant sur le visage.<o>

</o> Cette apparition des plus naturelles, vint à bout des affres qui résidaient encore dans son esprit et c’est d’une oreille attentive et d’un œil scrutateur qu’elle suivit les explications du brocanteur sur les meubles qu’elle désignait ou que spontanément il lui proposait. <o>

</o> Son choix était quasi arrêté sur un table accompagnée de ses deux bancs en excellent état, les montant de deux lits, deux coffres de belle taille, quatre chaises et un petit bureau. Le prix de l’ensemble respectait son budget, mais ne lui permettait pas pour l’instant d’acquérir plus de meubles, tout lui manquant, elle devait garder de quoi acheter literie et ustensiles de cuisine et également tout les petits achats qui seraient nécessaires et incontournable avant leur emménagement. Pourtant, ce fut derrière deux grosses armoires qu’il vint lui faire découvrir ce qu’il lui présenta comme une merveille qui ne pourrait que l’emballer. Une table elfique et ses deux bancsFaits de bois rares juxtaposés aux couleurs différentes qui formaient de beaux motifs, certainement d’un goût douteux pour les humains et décor trop marqué pour les elfes résidant depuis des décennies dans la cité voyant dans le mobilier régional une manière de mieux s’intégrer, ils l’avaient délaissées au point qu’elle ne fut plus qu’un meuble encombrant que l’on cachait, n’avait pas dû intéresser le chaland depuis belle lurette au vu de la couche poussiéreuse qui la recouvrait. Le marchant avait certainement vu en sa race une cliente potentielle qui le débarrasserait de cette marchandise invendable et même à un bon prix, la lui laissant au même coût que celle sur laquelle son choix s’était arrêté.<o>

</o> La grimace qui enlaidit le visage de l’elfe n’était pas généré par la table et ses deux bancs, ni par le prix demandé, mais par le manque de soin qui auraient dûs être apportés sur cette objet qui avait à ses yeux la supériorité des elfes et à ces bois qui criaient famine de ne pas avoir été nourris depuis des lustres.<o>

</o> Le marchand ne le comprit pas dans ce sens, mais avait parfaitement saisi que l’elfe avait un budget limité et à leur parfaite remise en état, il adjoint un petit secrétaire que l’elfe avait admiré, mais à l’achat auquel elle avait renoncé, espérant la décider. Pendant que l’homme parlait, Arya n’écoutait que d’une oreille distraite, se laissant empreindre par la vie du bois qu’elle tentait de débarrasser de sa poussière. A ce geste amoureux qu’elle faisait, pensant qu’elle voulait voir l’état du plateau, le commerçant sortit un chiffon d’une de ses poches tout en vantant la marchandise. Après un entretien de routine, la table serait aussi neuve que si elle sortait de chez l’ébéniste.<o>

</o> Le regard de la magicienne s’assombrit, comment cet homme pouvait-il enlever la vie passée dont était empreint le bois, encore un comportant humain qui lui paraissait étrange. Mais, loin d’avoir entendu ce qui lui avait été proposé, elle restait persuadée que cet objet qui lui offrirait au moins de ne pas être totalement dépaysée était hors de portée de sa bourse sans prétériter le reste de ses achats. Le marchand répéta ces dires précédents tout en ajoutant une petite chaise assortie au petit bureau pensant que l’elfe hésitait à se laisser tenter par un objet elfique.<o>

</o> Ce ne fut qu’à ce moment-là qu’Arya comprit le stratagème du brocanteur et sans montrer le bonheur que cette acquisition lui apportait conclut l’achat. Les meubles seraient livrés le lendemain après-midi et elle règlerait à ce moment-là le montant dû.<o>

</o> La matinée était loin d’être terminée et elle décida de se rendre chez le matelassier, les montants de lit ne servant à rien sans sommier, ni matelas et elle souhaitait aussi acquérir de gros coussins qu’elle mettrait dans son salon. Cette achat fut plus vite régler et à la promesse d’une livraison rapide, pas plus de deux semaines, l’elfe s’en retourna à lataverne où en attendant le retour de Podrick, elle se plongerait dans ses interminables calculs de formules en rapport à son expérience en cours ce qui lui éviterait de ne revoir que le visage de sieur Dobbins et craindre que par un comportement trop autoritaire, il ne dégoute l'enfant de l'école.<o></o>

[Taliesin]

Alors qu'Arya, arrivant tout droit de la Bienveillance, traversait la cour de l'école, monsieur Dobbins la regarda venir, paisible, un sourire poli aux lèvres.
-Bonjour sieur Dobbins, nous voilà déjà à la fin de la semaine et il me tarde de connaître votre avis après ces quelques jours de classe.
Il acquiesça.
-Moi de même, madame Du Varden. Suivez-moi, je vous prie. Nous serons plus tranquilles à l'intérieur.Il la conduisit dans le bâtiment, jusqu'à un salle occupée par une vaste table ovale, quelques fauteuils, un petit âtre près duquel trônait une théière. Il s'agissait, à n'en pas douter, de la salle des professeurs. Elle était déserte, pour l'heure.
L'enseignant l'invita à s'assoir. S'empara d'un parchemin déposé sur la table. Des notes, visiblement.
-Bien... fit-il après les avoir consultées. Je commencerai par dire qu'à mon sens, cette première semaine est globalement une réussite. Évidemment, l'on voit que Podrick n'a jamais été scolarisé, en dehors des cours que vous lui avez donné. Il a d'importantes lacunes, surtout en écriture et en culture générale. Il doit encore progresser en lecture. En calcul, il a indéniablement le niveau...
Il lorgna à nouveau son parchemin.
-Tout cela se normalisera bientôt, je n'en doute pas. Et les choses iront d'autant plus vite s'il se fait à son nouveau rythme. Car, pour l'instant, il peine un peu. Il a énormément de mal à se concentrer, à se tenir tranquille sur une chaise, à rester attentif plus d'une heure d'affilée. Malgré tout, il y met beaucoup de bonne volonté, ne cherche en rien à dissiper ses camarades. Je me permets d'ailleurs de souligner qu'il a un comportement irréprochable envers eux. Souvent, les élèves plus âgés qui arrivent dans cette classe sont dédaigneux, sinon méchants avec les petits. Ou, au moins, jouent les caïds. Ce n'est pas son cas. Aucun problème à ce niveau là, donc. Ni au niveau de ses rapports avec moi. Il a l'air d'avoir la langue bien pendue, mais il accepte les critiques sans rechigner. Bref : rien que de très encourageant, à mon sens.

[Arya Du Varden]

Globalement, l’elfe se doutait des résultats que sieur Dobbins lui donna, Podrick lui ayant à sa façon rapporté ses journées, mais pour elle, cela ne disait pas qu’elles étaient les lacunes de l’enfant en fonction du niveau souhaité et pour l’aider au mieux, il était incontournable qu’elle en ait connaissance. Surtout, les remarques positives la rendaient fière de son petit protéger et pour les remarques négatives, l'enfant avait toutes les raisons pour que cela ne lui soit pas imputable directement.

Il est évident que nous ne pouvions pas nous attendre à ce que Podrick se sente à l’aise à rester immobile, ni au fait qu’il puisse rester concentrer des heures durant dans une seule et même activité intellectuelle dès les premiers jours, cela différant en totalité de ses activités récentes. Cela viendra avec le temps, enfin je l’espère car je sais que certains enfants n’y arrivent jamais bien qu’ils soient toujours allés à l’école. D’ailleurs, Podrick en parle, car c’est pour l’instant fatiguant et pénible pour lui ce qui se comprend, mais c’est un enfant tenace et courageux qui sait surmonter les difficultés sans nuire aux autres, ce que vous avez remarqué.

Pour les lacunes que vous mentionnez, je ne mets aucunement vos dires en doute, mais il serait certainement souhaitable que je sache à quoi elles correspondent. Je ne suis ni de Lumenis, ni d’Helonna et mon éducation a été exclusivement faite chez les elfes, je n’ai donc aucune notion de ce qu’est la norme notre apprentissage étant fort différent.<o></o>
<!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]--><o></o>
Il m'est indispensable de connaître les genres de lecture que les enfants abordent, tout comme ce qui est la culture générale pour un enfant de son age, car c’est une chose que nous n’avons pas du tout aborder dans les cours que je lui ai donnés faute de temps et de durée. Pour la grammaire, lorsqu’il arrivera à mieux parler, cela ne pourra que s’arranger, mais … ce n’est pas évident pour lui et nous ne pouvons le lui reprocher. Je ne sais si vous avez déjà un liste qui puisse me guider ou si vous pourriez la faire, car pour bien l’aider, il est incontournable qu’il faut cibler correctement l’aide que je lui apporterai pour éviter une dispersion de son apprentissage dans un éventail trop large qui bien que toujours utile, risque finalement de le décourager.<o></o>

[Taliesin]

Dobbins sourit.
-Oh, pour le langage, Podrick m'a effectivement dit que vous ne vouliez pas qu'il avale ou mange ses mots... Cependant, au risque de vous désappointer, je doute que vous puissiez faire grand chose en la matière. La majorité de nos élèves parlent ainsi, à des degrés divers. Et les adultes font de même, dans la majeure partie de la ville. Je pense qu'il n'y a guère que dans les beaux quartiers où l'on prononce toutes les syllabes... Et encore...
Il consulta ses notes, pensif.
-Pour le reste... Je n'ai pas vraiment de liste à vous donner. Au niveau des lectures, je les fais travailler sur des livres de contes, ce qui a le mérite de les intéresser, en général. Mais il ne lisent pas beaucoup en dehors des cours, malheureusement... Pour la culture générale, et bien... C'est surtout l'histoire et la géographie d'Hélonna et, dans une moindre mesure, de Dorrandin. Pour les petits, ce n'est qu'une initiation légères, les choses se précisent pour les plus grands... Dans tous les cas, je ne saurais trop vous conseiller de laisser Podrick se détendre après la classe. Lui donner des leçons supplémentaires pourrait l'aider à avancer plus vite, mais cela serait prendre le risque qu'il ne finisse par être dégoûté du travail scolaire. Son insertion dans la classe des petits lui permet de se familiariser au rythme de l'école, de s'améliorer, aussi, là où il a des lacunes. Cela représente énormément d'efforts et de travail, pour lui. Je ne suis pas certain qu'il apprécierait qu'on lui en demande davantage... Il faut lui laisser le temps de s'habituer à cette nouvelle vie. C'est le plus important, à mon sens.

[Arya Du Varden]

La résignation de sieur Dobbins sur le parler en évoquant le prétexte qu’à Lumenis la population prononçait mal les mots l’interpella, tout comme le fait qu’il put supputer qu’elle allait faire étudier l'enfant après les heures de classe. Mais, n’en laissa rien voir par habitude de faire face aux parents qu’elle rencontrait et sourit aimablement tout en répondant avec calme et en rappelant qu'elle était aussi de la partie, ce dont elle aurait souhaité que le maître se souvienne.<o>

</o> J'ai certainement dû mal m'exprimer, de plus, je ne vous avais pas encore dit que je suis professeur, vous ne pouviez donc savoir que j'ai des connaissances quant aux capacités d'apprendre et aux besoins des enfants, même si comme tout un chacun, je peux commettre des erreurs. Cela vous rassurera et vous comprendrez par là que je n’ai jamais eu l’intention de lui faire suivre des cours supplémentaires les jours de classes, je lui offre de préférence de quoi se dépenser physiquement, ce dont il a bien plus besoin et qui lui permet de libérer son corps de l’inertie dans laquelle il s’efforce de rester. Je ne tiens pas plus à aller au-delà de ses possibilités ou lui imposer un surmenage intellectuel. Il est trop jeune pour décider aujourd'hui le métier qu'il fera demain, mais quel qu'il soit, une bonne instruction est indispensable.

Surtout, ce n'est pas parce qu'il a commencé l'école plus tard que les autres qu'il doit en être pénalisé. Le fait d'aborder des sujets divers lorsqu’il n’a pas cours, de manière plus ludique que vous pouvez vous le permettre dans le cadre de l'école avec une classe entière me semble sans aucun danger, découvrir à deux l’histoire et la géographie, visiter les lieux pour mieux comprendre et enregistrer est de plus enrichissant. J’ai également constaté qu’il est capable de parler presque correctement et le fait qu’à Lumenis, on néglige une bonne élocution n’est pas suffisant pour un pis aller. D’autant que prononcer correctement les mots et former des phrases convenables est une aide certaine pour l’orthographe et la grammaire.<o>

</o> Concernant le calcul, c’est une branche où Podrick a des facilités, donc évidemment plus d’attirance, dans votre programme cette capacité sera-t-elle stimulée ou pas ? Si je vous pose cette question, c’est simplement qu’il serait regrettable qu’il n’ait pas par ce biais une valorisation indispensable pour affronter les autres branches où les résultats seront moins valorisants, voire parfois dévalorisants. Vous avez dû constater qu'un élève qui se voit obligé de stagner là où sont ses meilleures capacités finit rapidement par se décourager pour toutes les branches, y compris celle qu'il aborde avec plus d'enthousiasme.<o></o>

[Taliesin]

L'instituteur, toujours calme et posé, ne se départit pas de son sourire.
-Je sais que vous enseignez à l'université, madame. Lors de notre première rencontre, vous m'aviez dit de vous y contacter, en cas de besoin. Et notre directeur n'a pas manqué de m'informer de votre métier. Cependant, et n'y voyez nulle offense, je puis sans crainte de me tromper avancer que les choses sont bien différentes lorsque l'on est face à un public composé de jeunes adultes, d'adolescents ou d'enfants. Les facilités et les difficultés ne sont pas les mêmes, la manière de leur transmettre le savoir doit donc s'adapter.
Il se carra sur son siège.
-Pour le langage, je crains que nous ne nous soyons mal compris. Je ne disais pas qu'il ne faut pas encourager Podrick à s'améliorer. Et je n'insinuais pas non plus que tous les Luméniens parlent de la même façon que lui. Simplement... Je ne sais pas comment se passent les choses, chez les elfes, mais, parmi les humains, il existe une différence entre le langage écrit et le langage oral : ce dernier se pare de quelques syllabes moins souvent prononcées, de racourcis... On ne peut rien contre cela, et, à mon sens, cela contribue aussi à la richesse de la langue. On ne parle plus aujourd'hui comme on parlait il y a cent ans. On parlera différemment dans un siècle...
Il redressa ses lunettes d'un geste machinal.
-Quant aux possibles cours supplémentaires que j'évoquais, je me suis permis cette mise en garde car nombre de parents, pensant bien faire, assomment leurs petits d'une telle masse de travail qu'ils finissent par les rendre allergiques à l'école... Je ne présumais évidemment pas que vous agiriez ainsi, et la manière dont vous envisagez les choses, sous forme d'activités culturelles et ludiques, me paraît des plus appropriées. Concernant le calcul, enfin...
Il joignit les mains sous son menton, concentré, désireux sans doute de se faire comprendre sans que demeure la possibilité de quiproquos.
-Malheureusement, Podrick ne pourra pas bénéficier d'un enseignement plus poussé que ses camarades en ce domaine. Nous avons trop d'élèves pour faire un travail totalement individualisé, même si nous faisons des groupes au sein de chaque classe, selon le niveau de chacun. La valorisation se fait de manière naturelle : par les évaluations positives des devoirs ou des exercices qu'ils me rendent. Par leur participation, aussi : lorsqu'un enfant est doué dans une matière, il hésite moins à lever spontanément la main pour donner une réponse et est ravi lorsqu'elle est correcte. Evaluations et participation mettent en valeur ses atouts. Mais il incombe au professeur de l'engager à participer également dans les domaines où il éprouve davantage de difficultés, à se montrer positif dans les commentaires qu'il note sur ses devoirs, même quand ils sont mauvais. Brimer les enfants avec des sentences catégoriques et péremptoires ne les aide certainement pas à progresser, et je ne suis pas coutumier de ce genre de pratique... Bref : les compétences en calcul de Podrick seront valorisés, il en tirera du courage pour progresser ailleurs, mais je ne peux pas lui donner des leçons plus approfondies que celles que je donne à ses camarades. Pour individualiser complètement l'enseignement, il faudrait un précepteur pour chaque enfant... Ce que peuvent se permettre les personnes aisées, qui ne représentent pas la majorité de la population.

[Arya Du Varden]

Nombre de fois durant son instruction sur les non-elfes, Arya avait entendu «les humains se contentent de peu, leurs capacités sont faibles et la volonté de les instruire des déficiente». Elle ne dit rien, mais ne pouvait que constater que ce qu’elle n’avait pas voulu croire était réalité. Ce n’est pas pour cela que sieur Dobbins n’était pas à la hauteur, il avait peu de moyen et beaucoup d’élèves, il faisait son possible avec les conditions mises à sa disposition. Mais que dire de cette différence flagrante entre cette école qui devaient cultiver les graines qui seraient les fruits de demain où rien n’était fait pour une instruction optimale alors qu’à l’université de la magie les fonds étaient colossaux.<!--[endif]--><o></o>N’ayant déjà que mal jugé le fait qu’un enfant ne puisse aller à l’école faute d’avoir un toit et de la nourriture, elle devait se rendre à l’évidence que si elle ne trouvait d’autres chemins, Podrick n’aurait guère plus de chance avec le minimum qu’il recevrait ici que s’il ne recevait rien.<o>

</o> En cet instant, Arya regretta de ne pas avoir les moyens financiers d’offrir un précepteur à Podrick pour que ses capacités soient mises en évidence et qu’il puisse bénéficier d’une instruction optimale qui offrirait plus de savoir avec certainement moins de contraintes. Ce n’était certes pas un rêve de l’enfant, mais la magicienne ne doutait pas qu'en restant dans cette école, il n’aurait jamais un niveau à la hauteur de ses aptitudes quelles qu’elles soient, qu’il en eut peu ou beaucoup, le résultat final serait toujours au-dessous de ce qu’il aurait dû être qu'il se décide à devenir écuyer ou choisisse un autre métier.<o>

</o> Pourtant, elle resta aimable sachant qu’elle seule pourrait trouver une solution et que faire bonne figure était le meilleur moyen pour l’instant d’offrir une chance à l’enfant. Comme elle le faisait avec les parents de ses étudiants lorsque cela ne changeait rien au problème, elle ne reprit aucun point, n’émis aucune contradiction, inutile de vouloir imposer son point de vue alors que les moyens n’y étaient pas ou qu’un jugement sur ce qu’elle ferait fut porté sans aucune connaissance. Toujours aimable, semblant totalement conciliante et confiante, elle ne perdit pas son sourire.<o>

</o> Podrick est tout à fait conscient de ce qu’il sait et de ses lacunes. Certes, il ne s’exprime pas dans ce sens, mais ne craint pas de le dire. Je pense que nous pourrions nous revoir d’ici deux semaines si cela peut vous convenir. Je ne voudrais pour l’instant pas trop abuser de votre temps et je pense que vous m’avez donné une vue d’ensemble assez complète, d’autant que bien qu’il n’ait rien dit, Podrick était un peu tendu de savoir que je venais vous voir. Il est temps que je le rassure et qu’il sache que rien d’autres n’a été dit sur son travail que ce qu'il sait déjà et surtout que ses efforts ont été remarqués et reconnus.

[Taliesin]

L'instituteur se leva.
-Très bien. Dans deux semaines. Même jour et même heure, si cela vous agrée. Et pour dire un dernier mot de Podrick... Et bien, si j'encourage mes élèves, je ne suis jamais dithyrambique en leur présence : c'est le meilleur moyen de créer des jalousies dans le groupe. Cependant, je reconnais sans mal que c'est un bon garçon. il est brave, attentionné avec les autres et a toujours à cœur de bien faire. Je ne doute pas qu'il puisse faire de grandes choses, et je serai heureux d'y avoir contribué, aussi peu que ce soit. Car je pense que son séjour dans ma classe ne durera pas très longtemps.

[Arya Du Varden]

Sans commenter les compliments et sur le devenir de l’enfant qui eurent qu’un effet intérieure de fierté sans pour autant s’épancher aux yeux de l’instituteur, la magicienne suivit le mouvement est se leva sitôt que le fit sieur Dobbins.
Chaque pas est un bénéfice et celui qui l'accompagne a droit à une reconnaissance. Pour notre prochaine rencontre, le jour et l’heure me conviennent parfaitement, je vous suis reconnaissante pour le temps que vous avez bien voulu me consacrer. Que votre soirée soit heureuse sieur Dobbins.

<u1></u1>Toutes les pensées de l’elfe n’étaient désormais plus que tournées vers Podrick et elle ne s’attarda pas. Sur le chemin de la taverne, la magicienne entrevoyait déjà comment elle ferait découvrir et découvrirait par la même occasion l’histoire et le géographie, de quelle manière elle aborderait la grammaire et la lecture, offrirait l’avantage d’une instruction plus poussée en calcul à Podrick, le tout de manière ludique et qui serait pour l’enfant un moyen d’avancer. Surtout, elle reconnaissait que depuis que le destin l’avait éloignée des siens, elle n’avait jamais cessé de progresser dans ses connaissances, mais que ses choix ne s’étaient pas portés sur la découverte ne serait-ce que de Lumenis. Jeux et voyages seraient leurs loisirs dès qu’ils auraient emménager et surtout lorsque le printemps reviendrait, une manière de s’instruire tout en permettant de mieux se connaître.

[Voyageuse]

Quête : une si belle nuit.

Il était près de midi lorsque Yaël et Emeric, après avoir quitté le manoir De Percival arrivèrent sur l'esplanade, et les derniers clients du matins s'attardaient sur le marché, ménagères faisant quelques courses urgentes pour le repas de midi, ou simple badauds déambulant tranquillement avant d'aller casser la croute chez eux ou dans les nombreux petits troquets du quartier.

La boutique du pâtissier qu'ils cherchaient, Cade Baiefleurie, se trouvait sous les arcades, auprès de quelques autres boutiques bien achalandées, attirant apparemment la clientèle huppée de la ville. Un marchand d'articles en cuir, un tailleur, une taverne à l'apparence assez luxueuse. La boutique était ouverte, apparemment. Emeric hésita un instant et se tourna vers son jeune compagnon.
- Veux-tu manger un morceau avant d'entrer dans la boutique ? Il est presque midi et ton petit déjeuner de ce matin ne devait pas être très copieux, au fort....

[Seymour]

Et effectivement le ventre de Yaël criait famine, mais ce dernier l'avait consciencieusement ignoré jusqu'à présent. Il ne pouvait cependant pas lui refuser l'invitation.

- Oui très bien, allons-y, je dois avouer qu'il ne me reste plus grand chose dans l'estomac et que si je ne mange pas un bon repas très vite, je risque de tomber en syncope.
Mais cette fois-ci, je pourrais payer ma part !

Et il sourit en montrant son autre bourse, maigrelette cependant.

- Je ne sais pas trop quoi manger, ni où. Alors je te laisse, encore une fois, l'initiative.

[Voyageuse]

Quête : une si belle nuit

Emeric haussa les épaules.
- Il y a une taverne juste à côté du pâtissier. Mais sans vouloir sous-estimer ta fortune, je crais qu'elle ne soit au-dessus de tes moyens... Pour trouver quelque chose de moins cher, il faut plutôt aller dans cette direction. Il y a quelques bars qui proposent en général des plats du jour assez bons marché.

Tout en parlant, il entraînait le jeune mage dans une ruelle en direction du port, d'où d'élevaient des odeurs alléchantes. Ils finirent par choisir une petite taverne qui ne payait pas de mine, mais où Emeric certifia pouvoir trouver les meilleurs entrecôtes de la ville. Et effectivement, la viande qu'on leur servit était excellente.
- Dis-moi... Tu as une idée concernant cette histoire d'empoisonnement ? Tu sembles penser que c'est le pâtissier... simplement parce qu'il a pu voler ta bourse ? Et... tu penses qu'on l'aurait payé pour ça ?