La Couronne de Cuivre

RP : Retour à Luménis

Kasumi tenta de retenir l'homme en avançant certains détails récents remarqués dans le village : un bébé en couches dans une famille qu'il décrivit de son mieux, des travaux récents de charpente sur tel toit de corps de ferme mais ses connaissances de ces communautés étaient trop lapidaires pour convaincre de manière certaine. De plus, le trouble généré par la description ne manquait pas de susciter en lui les hypothèses les plus folles : doppleganger, mage ou sosie qui profitait de son identité pour commettre des forfaits. Cela le gênait profondément.

- S'il fait tirer cette histoire au clair, allez quérir la garde. Si j'étais dans votre situation, j'en ferais probablement de même.

RP: Retour à Luménis

Le dénommé Alan, muré dans sa colère, était sourd aux arguments du rôdeur. Mais ses compagnons, moins concernés par le drame donc plus objectifs, hochèrent la tête à plusieurs reprises en entendant les détails donnés. L'homme finit par sortir pour quérir la garde. Un moment de silence gêné s'ensuivit. La plupart des clients firent mine de retourner à leurs occupations, gardant cependant un oeil sur la scène pour ne manquer aucun évènement croustillant.
L'aubergiste finit par prendre la parole.
- Vous devriez monter poser vos courses dans vos chambres, en attendant les gardes... J'espère que vous n'avez pas le projet de vous éclipser avant leur arrivée : il nous faut tirer cette histoire au clair. Il s'agit probablement d'une coïncidence, d'une simple ressemblance troublante, mais je dois vous avertir que si vous avez le moindre rapport avec la disparition de ma nièce, je ne pourrai pas vous garder comme client.

RP : Retour à l'abri

Un peu angoissé par ce climat de suspicion et désireux de protéger Astrée des regards pesants ou curieux, Kasumi se rangea à l'avis de l'aubergiste de monter poser leurs achats dans la chambre. De toute façon, s'ils devaient quitter l'auberge, ils devraient en repasser par là. Avant de s'éclipser, il assura celui-ci une nouvelle fois de son innocence et de son incompréhension dans cette affaire.

RP : Retour à Luménis

La situation dépassait leur entendement. Il semblait que Kasumi eut un sosie plutôt malintentionné, s'il fallait en croire ce qu'avait raconté le frère de l'aubergiste. Astrée était un peu secouée par les menaces dont ils avaient fait l'objet : elle avait ressenti un sentiment d'oppression difficilement surmontable quand on les avait soudainement entourés de beaucoup trop près. Mais elle s'efforça de le masquer de son mieux, tentant de réconforter son compagnon.

Ils n'eurent guère le temps de discuter plus de quelques minutes avant qu'on toque à leur porte : c'était le dénommé Alan, accompagné de deux gardes.
- Jeune homme, vous savez pourquoi nous sommes ici... une plainte vient d'être déposée contre vous, et nous vous demandons donc de nous suivre au poste de garde pour que nous prenions votre déposition afin de tirer cette histoire au clair. Gente dame, vous pouvez rester ici.
- Mais je ne veux pas rester toute seule ! protesta Astrée, l'inquiétude perçant dans son ton plus qu'elle ne l'aurait souhaité.
- Vous n'êtes pas concernée.
- Mais vous aurez certainement besoin de m'interroger pour attester de ce qu'il vous dira! lança-t-elle, d'un ton suppliant.
Les deux gardes s'entreregardèrent, puis se tournèrent vers Kasumi, interrogateurs.

RP : Retour à Luménis

Kasumi tenta de rassurer Astrée en affirmant que ce ne serait pas long même s'il était loin d'en être certain lui même. Toutefois, il était évident qu'il ne parviendrait pas à la convaincre. Il s'adressa donc aux gardes d'un ton conciliant :

- Je vous suis bien sûr mais ma compagne peut-elle nous accompagner ? On m'a accusé sans preuve aussi je m'inquiète un peu. Je serais plus tranquille si elle pouvait venir avec moi.

RP : Retour à Luménis

L'un des gardes hocha la tête.
- Si c'est ce que vous souhaitez, pourquoi pas... Après tout, vous auriez pu souhaiter ne pas parler de tout cela devant votre compagne. Ah, je dois vous prévenir, mademoiselle, que vous devrez attendre dans le hall d'entrée pendant l'interrogatoire.
Astrée acquiesça vigoureusement, trop soulagée de ne pas rester seule à se morfondre dans la chambre d'hôtel. Elle se rongerait peut-être les sangs, mais au moins elle serait là-bas.

Le poste de garde était tout proche. Comme annoncé, on désigna à Astrée une chaise dans le couloir qui servait de hall d'accueil, et Kasumi fut conduit à l'étage, devant l'un des officiers de la garnison. Le dénommé Alan, lui, ne fut pas autorisé à attendre le résultat de l'entrevue : on l'assura qu'il serait informé des suites données à sa plainte.
L'officier, un homme d'âge mûr et visiblement expérimenté, désigna une chaise à Kasumi, en face de son bureau, et ne s'embarrassa pas de préliminaires.
- Monsieur, vous êtes convoqué ici car une plainte a été déposée contre vous. Vous êtes accusé d'avoir kidnappé, ou peut-être assassiné, une jeune fille de 15 ans qui a disparu il y a un peu moins d'un mois. Pourriez-vous tout d'abord décliner votre identité, ainsi que les raisons qui vous amènent en ville, avant de me donner votre version de l'affaire.

RP : Retour à Luménis

Kasumi avait eu un mot apaisant en direction de sa compagne avant de suivre l'officier à l'étage sans le moindre signe de protestation. Celui-ci ne s'embarrassant ni d'introduction, ni de formules de politesse, le rôdeur se contenta de répondre à sa question d'un ton catégorique et assuré :

- Kasumi Meredith Hendulaurë, citoyen de la cité de Luménis et rôdeur formé à Haute Forêt. Mon dernier passage au Pont des trois Sires remonte à l'hiver dernier, de retour d'une mission spéciale pour le compte du Haut conseil et le temple de Lathandre. Je me suis rendu en vacances dans les montagnes de fer et ma raison de mon passage ici ce soir est mon retour à Luménis. De nombreux témoins pourront confirmer mon passage et ma présence à cent lieues d'ici pendant les faits qui me sont reprochés. Par ailleurs, je n'ai aucune connaissance de la personne qui a été enlevée.

RP : Retour à Luménis

Bien entendu, l'officier ne se contenta pas de ces dénégations. Il demanda à Kasumi un compte rendu détaillé de ce qu'il avait fait durant le mois qui venait de s'écouler, le questionna sur les lieux qu'il avait traversé, sur les personnes qu'il avait rencontrées et qui pourraient se souvenir de lui. Il insista particulièrement sur son emploi du temps de la journée où la jeune fille avait disparu, ce qui obligea le rôdeur à fouiller dans sa mémoire et à compter les jours : ils se trouvaient alors quelque part sur les rives de la ravissante, peu avant leur arrivée à Haute-Roche, quelque part en pleine nature donc sans témoins pour le confirmer.
- De deux choses l'une, conclut l'officier. Soit vous mentez - et de façon très convaincante-, soit vous avez un sosie. Je devrais pouvoir assez facilement vérifier vos dires, du moins vos descriptions très précises concernant Haute Roche, puisque l'un de nos concitoyens s'y trouvait peu de temps avant vous. Je vais envoyer l'un de mes hommes le chercher.
Joignant le geste à la parole, il fit tinter une petite sonnette et sortit sur le palier donner quelques ordres à l'homme qui apparut dans l'embrasure de la porte.
- J'interrogerai également votre compagne pour vérifier que ses dires corroborent les vôtres. Néanmoins, poursuivit-il, même s'il s'avère que vous vous trouviez réellement là-bas aux dates que vos mentionnez, cela ne suffit pas complètement à prouver votre innocence. Car même s'il vous est impossible d'avoir parcouru à cheval la distance entre ici et là-bas aussi vite, rien ne prouve que vous n'avez pas pu utiliser un sort de téléportation si vous êtes bien le barde décrit par Alan Delapeyre. Certes, cela serait fortement en faveur de la thèse du sosie, mais ne suffirait pas à obtenir une certitude absolue....

RP : Retour à Luménis

Kasumi avait fait preuve de bonne volonté en livrant le maximum de détails sur son itinéraire des dernières semaines mais les implications des paroles de l'officier ne lui plaisaient guère. Apparemment, même s'il prouvait sa présence à l'autre bout du continent pendant les faits qui lui étaient reprochés, cela ne suffirait pas à convaincre de son innocence. Il était probable qu'on cherche à le retenir à moins de mettre la main sur ce sosie. Le demi-elfe répondit d'un ton un rien plus impatient :

- J'espère que le témoignage de ma compagne et de ce villageois de votre communauté suffiront à dissiper les doutes à mon encontre. Car à part en appeler à Mielikki pour confirmer ma profession, je ne pourrais pas prouver que je ne suis pas barde et que la magie m'est totalement étrangère.

Il avait hésité à ajouter que chanter prouverait certainement son absence de compétence mais il doutait que l'officier soit sensible à ce genre d'humour.

RP: Retour à Luménis

L'officier haussa un sourcil.
- En appeler à Mielikki ? La Dame des bois ? Qu'entendez-vous par là, exactement ? Est-ce une menace ?
Il semblait vaguement inquiet, et parut se contraindre au calme.
- Si vous avez un moyen sans danger de me prouver que vous êtes rôdeur et non barde, cela pourrait effectivement aider à vous disculper...

RP : Retour à l'abri

Le rôdeur s'inquiéta un instant que ses paroles aient été mal interprétées et que sa situation délicate en pâtisse encore davantage. Il s'empressa donc de rassurer son interlocuteur :

- Moi, je ne le peux pas mais un prêtre de Mielikki, si vous pouviez en contacter un pourrait certainement s'en porter garant si je jure ma foi en prenant la déesse des bois à témoin.

RP : Retour à l'abri

L'officier réfléchit un moment.
- A ma connaissance, il n'y a pas de prêtre de Mielikki en ville, mais j'essaierai de me renseigner dans les temples, ils sauront peut-être où en trouver un...

On frappa à la porte, et un jeune soldat échangea quelques mots avec l'officier.
- Je vous laisse un moment en compagnie de mon subordonné, il y a quelques points que je dois approfondir... Il va vous accompagner dans une des cellules de garde à vue, mais rassurez-vous, cela ne sera que pour une petite heure je pense.

Il s'éclipsa aussitôt, laissant Kasumi seul avec le nouveau venu - un jeune homme dont la musculature imposante compensait le manque d'expérience, et qui gardait la main sur le manche de son épée.
- La cellule est à l'étage suivant. Veuillez passer devant, s'il vous plait, ajouta-t-il en lui désignant l'escalier.
Le pallier supérieur comportait deux postes à barreaux donnant sur deux cellules vides. L'homme lui désigna la plus grande.

RP : Retour à l'abri

Kasumi était indigné mais l'officier s'esquiva avant même qu'il ait pu lui en faire part. On l'enfermait sans aucune preuve comme s'il était déjà inculpé du crime qu'on lui prêtait sur la seule fois d'un témoignage. Cependant, résister aurait été aussi futile que contre productif aussi passa-t-il devant le soldat sans même lui adresser un mot. A la vue de la cellule, il y entra non sans ajouter :

- Notez que je suis ici parce que je juge bon de collaborer avec vous mais si l'attente devait s'éterniser, je devrais en informer le conseil à mon retour à Luménis. Il est tard et j'escomptais me reposer devant un bon repas...

RP : Retour à l'abri

L'agent ne daigna pas répondre et s'en fut sans un mot, après avoir soigneusement verrouillé la porte.
Les minutes commencèrent à s'égrener, interminables. Il était difficile d'évaluer le temps qui passait. Au bout de quelques dizaines de minutes sans doute, un bruit de pas se fit à nouveau entendre. Un coup d'oeil à travers la grille apprit à Kasumi que cela ne le concernait pas :deux soldats encadraient deux hommes qui s'invectivaient à voix haute, et en seraient probablement venus aux mains si on ne les avait pas solidement maintenus. Leur démarche titubante et leur débit de parole indiquaient un état d'ébriété avancé. Voulant visiblement éviter une bagarre, les soldats décidèrent de les mettre chacun dans une cellule. Le rôdeur vit donc, sans grand enthousiasme, la porte de sa cellule s'ouvrir et un homme d'une quarantaine d'année y entrer en titubant, poussé sans ménagement. Il sentait l'alcool à plein nez, portait des haillons, une barbe mal entretenue, et il fusilla le demi-elfe du regard.
- Qu'est-ce-t'as à m'regarder comm'ça, l'elfe ?
Le garde reverrouilla la porte derrière lui.

RP : Retour à l'abri

Passablement énervé et peu décidé à se laisser intimidé par le soiffard, le demi-elfe évalua la corpulence du soiffard et, décidant qu'il ne courait guère de danger, satisfit sa rancœur contre cette cible commode :

- En fait, je ne suis qu'un demi-elfe, l'humain. Je regarde simplement avec qui ces idiots de garde semblent penser que j'apprécierai de passer une nuit. Déjà que ce n'était pas confortable, en plus je vais devoir supporter tes effluves. Franchement, les rôdeurs sont amenés à partager la tanière de grizzlis mais rien ne les prépare à ça.

RP : retour à Luménis

L'homme, le cerveau embrumé par l'alcool, mit quelques instants à réagir - l'expression perplexe de son visage montrait qu'il tentait d'analyser le sens de la phrase -, puis il devint rouge de fureur.
- 'spèce de... demi-portion !
Et il se rua sur le rôdeur, levant son bras pour le frapper de son poing fermé.
L'homme était plus costaud et plus lourd que Kasumi, mais son état d'ébriété le rendait passablement maladroit donc plutôt inoffensif face à l'agilité du rôdeur, qui esquiva sans difficulté la charge. Toutefois, l'étroitesse de la cellule gênait les mouvements du demi-elfe, et l'homme ne semblait pas vouloir s'arrêter à ce premier échec.
- J'vais t'casser la gueule !

HRP : je te laisse raconter la bagarre...

RP : Retour à l'abri

Après avoir aisément esquivé les deux premières charges dictées par la fureur, le rôdeur répliqua avec désinvolture tout en assénant un humiliant coup de pied au derrière du malotru :

- Un beau programme mais il faudrait avoir les moyens de ta politique mon gros !

Il n'anticipa pas suffisamment la réaction du soulard et se fit violemment bousculer par un coup d'épaule en traître. Manquant de place pour contrôler son déplacement et se dégager à temps de la paroi, il encaissa rudement la charge tête baissée qui l'atteignit au côté et lui coupa le souffle. L'homme compensait par la rage son absence de subtilité et pressa son avantage d'un coup de poing qui atteignit Kasumi à l'œil. Celui-ci fut étourdi par l'impact et eut à peine le temps de songer au joli cocard dont il allait écoper. Mais, passablement échaudé par les coups et ayant hâte de mettre fin au combat, le rôdeur se dégagea d'une roulade qui lui donna l'espace nécessaire pour se glisser de côté lors de la charge suivante. Il profita de la démarche titubante de son adversaire pour lui faire un croc en jambe qui l'envoya s'étaler de tout son long entre les couchettes. Ne lui laissant aucune chance de se relever, il fléchit un genou sur son omoplate tout en lui saisissant le bras dans une clé implacable et en tordant son poignet pour le paralyser complètement.

- Si tu veux passer la nuit par terre, ça me convient tout à fait, j'aurai l'usage des deux couchettes. Si tu es d'accord, tu n'as qu'à rester par terre, inutile de répondre.

RP : Retour à Luménis

L'homme marmonna pour toute réponse quelque chose de totalement inintelligible, tout en tentant vainement de se débattre pour échapper à la poigne du rôdeur.
Son comparse, quant à lui, n'était pas resté inactif. Estimant sans doute que lui seul avait le droit de donner une raclée à son camarade de beuverie, il s'était mis à brailler de toutes ses forces, appelant le garde.
C'est ainsi qu'au moment où l'inconnu donnait enfin des signes d'épuisement, prêt semble-t-il à se montrer plus conciliant, que la porte s'ouvrit sur les gardes finalement accouru. Jaugeant la situation d'un seul coup, d'oeil, ils se ruèrent à l'intérieur Sans laisser le temps à Kasumi de réagir, et le saisirent brutalement, le tirant en arrière pour libérer l'inconnu.
- Alors comme ça on fait du grabuge ? Ton compte est bon pour passer la nuit en cellule, mon gaillard ! Tu vas nous accompagner à l'étage du dessus...

RP : Retour à Luménis

La soudaine attaque dont il fit l'objet lui faillit faire commettre un impair. Il n'aurait pas été difficile de profiter de l'élan du garde pour le pousser contre les barreaux de la cellule mais il aurait resté son comparse. En outre, le rôdeur ayant récupéré une partie de son contrôle, décida de calmer le jeu.

- Cet homme m'a attaqué ! On dirait qu'il n'apprécie pas les elfes. Quant à vous, il me semble que la nuit est déjà pas mal entamée... Lâchez-moi à défaut de me relâcher, n'aggravez pas votre cas.

RP : Retour à Luménis

Le garde le toisa d'un air fort pu amène.
- Aggraver mon...??? Là c'est toi qui vient d'aggraver le tien, mon gaillard ! Menace à agent chargé de la sécurité, ça peut te coûter quelques journées au chaud...
- Quant à la nuit, elle commence juste, fit remarquer son compagnon, et notre supérieur ne devrait guère tarder. Mais étant donné la situation, cela ne changera pas grand-chose pour vous.
- Bon, vous nous accompagnez de votre plein gré en cellule d'isolement ou il faut qu'on vous y traîne ?
L'attitude du garde et sa carrure disaient clairement qu'il le ferait sons souci. Mais il avait repris le vouvoiement, signe qu'il avait retrouvé son sang-froid.

RP : Retour à l'abri

Kasumi en avait plus qu'assez même s'il se doutait bien qu'insister ne lui vaudrait rien de bon. Il fit donc mine de les suivre sans faire d'histoire mais ne put retenir une remarque peu amène lui aussi :

- Heureusement que ce n'est pas vous qui décidez alors, soldat conformément aux lois en vigueur. Vous laisserez votre supérieur en décider, pas vrai ? Et vous lui direz comment vous me mettez en cellule sans procès après m'avoir assigné un alcoolique agressif. Non, je lui dirai moi-même. Vous pourriez buter sur certains mots sans en comprendre la gravité.

RP: Retour à Luménis

Le soldat le plus colérique lui lança un regard de glace, mais ne pipa mot.
- Economisez votre salive, vous perdez votre temps, fit calmement remarquer l'autre. C'est la procédure.
A l'étage se trouvaient quatre cellules, dont l'une était occupée par un gnome qui lui jeta un regard empli de curiosité avant de retourner à sa gamelle de soupe.
On lui indiqua la cellule voisine.
- Entrez là. Vous avez manqué l'heure du dîner, malheureusement. On doit pouvoir vous trouver un peu d'eau et un reste de pain si vous avez faim...

RP : Retour à l'abri

Le rôdeur jeta un regard suspicieux à la cellule petite malpropre et sans fenêtre qu'on lui avait désignée. Il entra néanmoins sans faire d'histoire : le temps de régler ses comptes viendrait plus tard, quand il serait en meilleure posture. Plutôt que de répondre à la nouvelle provocation concernant le repas, il se contenta de souligner d'un ton narquois :

- Apparemment il était trop tôt en bas mais malheureusement trop tard en haut. Quel dommage ! Moi qui me faisait une joie de gouter à toutes les distractions offertes si généreusement par cet établissement !

Le demi-elfe tourna ostensiblement le dos aux gardes, signe qu'il n'attendait pas de réponse. Au lieu de cela, il commença à se concentrer pour contacter mentalement sa louve. Il devait lui faire passer un message à destination d'Astrée pour que celle-ci ne s'inquiète pas trop de son sort. Son enfermement durerait probablement toute la nuit et mieux valait qu'elle regagne l'auberge. Malgré tout, il restait inquiet quant à d'éventuelles tentatives de vengeance du villageois qui l'avait accusé mais il préféra garder par devers lui ce sentiment.

RP: Retour à Luménis

La réponse de la louve fut un sentiment de grande perplexité : le message à transmettre était trop complexe pour qu'elle le saisisse, et surtout pour qu'elle parvienne à le faire passer mentalement. Elle avait compris qu'il allait bien et qu'il ne fallait pas s'inquiéter, mais pour ce qui était du reste...
On lui apporta au bout d'un bon quart d'heure un bol de soupe très claire -ils avaient dû râcler le fond de la gamelle-, un pichet d'eau et un quignon de pain relativement frais. Et même, en prime, un -minuscule- morceau de fromage. Le cuistot avait dû prendre en pitié ce pensionnaire arrivé à la mauvaise heure... Ce n'était pas l'un des gardes à qui il avait déjà eu affaire, et il se contenta de déposer sans un mot le petit plateau du repas avant de refermer la porte.
Le gnome situé dans la cellule voisine, malgré la curiosité avec laquelle il l'avait dévisagé, ne chercha pas à entrer en contact avec lui. Et petit à petit le silence se fit dans le bâtiment.

Plus tard, beaucoup plus tard lui sembla-t-il, Première Neige entra en contact avec lui pour lui signifier qu'Astrée était avec elle.

RP : Retour à Luménis

Trop énervé pour manger maintenant, le demi-elfe s'était contenté de boire la moitié du gobelet d'eau et de récupérer le morceau de pain sur son plateau. Il proposa le reste de son repas gastronomique au gnome de le cellule d'à-côté. Il avait apprécié l'attention néanmoins bien qu'il doute que les gardes obtus auxquels il avait eu affaire en soit les instigateurs. Il s'assit ensuite sur une couchette sans intention de dormir. Malgré tout, la sensation de sa louve le secoua comme s'il s'était légèrement assoupi. Il fit un effort pour transmettre des pensées positives à la louve mais son inquiétude gâchait ses efforts. Que faisait Astrée avec elle ? S'était-elle décidée à quitter la ville ? Pour quelle destination ? Il s'efforça de poser ses questions dans l'ordre, le plus simplement possible, à commencer par où elles étaient, ce qu'elles faisaient et vers où elles se dirigeaient. Il espérait que cela lui suffirait à comprendre les intentions de la rôdeuse et sa situation.

RP :Retour à Luménis

Le gnome avait accepté les restes du repas, sans grand enthousiasme, avec un vague mot de remerciement. Il ne semblait guère enclin à la discussion.

La communication avec la louve était loin d'être idéale, mais Prmière Neige lui fit clairement comprendre qu'Astrée allait bien, qu'elles étaient toutes les deux à côté d'un petit feu de camp, dans un bosquet pas très loin de la ville, et que tout était paisible. Nulle trace de danger ou d'inquiétude n'était perceptible. Astrée semblait à la louve plutôt sereine - du moins aussi sereine qu'elle pouvait l'être sachant son compagnon en cellule. Il comprit même qu'elle était sur le point de s'endormir.

RP : Retour à Luménis

Kasumi fut rassuré par cette communication mais enjoignit sa louve à bien faire attention cette nuit. Même s'il était peu probable qu'Astrée courre un danger si près d'une aussi importante communauté, il ne se pardonnerait pas d'être incapable d'intervenir si le moindre risque venait à survenir. Dans ces conditions, il était incapable d'imiter la rôdeuse même s'il ne pouvait que réussir à se faire du mauvais sang en vain. Sans bouger de sa couchette, il fit quelques étirements autant pour tromper son ennui que les crampes de fatigue.

RP : Retour à Luménis

La nuit fut longue... Mais la vielle bâtisse était si calme que Kasumi finit même par s'endormir. Le seul bruit qui rompait la quiétude de l'endroit était le léger ronflement de l'occupant de la cellule voisine. Et la paillasse un peu dure ne l'était pas davantage que le sol sur lequel ils dormaient depuis quelques jours.
Il se réveilla néanmoins avant l'aube. Il sut immédiatement, par le lien qui le liait à première neige, que tout allait bien pour elle et Astrée.

On lui servit un petit déjeuner aussi léger que le repas de la veille, avant de le laisser seul à nouveau. Pas longtemps heureusement : la convocation auprès du lieutenant qu'il avait vu la veille ne se fit guère attendre. On le conduisit dans le même bureau que la veille, où son interlocuteur terminait un rapport écrit.
- Asseyez-vous...
Il leva les yeux.
- La petite enquête que j'ai menée hier soir semble confirmer votre version des faits. Il est en tout cas très probable que vous vous trouviez bien à Haute Roche au moment des faits qui vous sont reprochés... ou du moins dans les jours qui suivaient. Cela n'exclut bien sûr pas la possibilité d'un sort de téléportation. Mais les dires de votre compagne ont confirmé en tout point les vôtres, et j'aurais donc tendance à vous croire. et puis je ne vois pas pourquoi vous auriez pris de risque de revenir ici si vous aviez commis les faits qui vous sont reprochés. Cependant...
Il soupira.
- Je n'ai pas trouvé de prêtre de Mielikki aurait pu confirmer vos dires. Et si le père de cette jeune fille disparue maintien sa plainte, je ne suis pas certain que le juge n'aille pas dans son sens. Pour moi, le seul moyen de vous innocenter pleinement, c'est de retrouver cet elfe qui vous ressemble tant...
Il n'avait pas fait la moindre allusion à la nuit passée en cellule.

RP : Retour à Luménis

Alors qu'il pensait que la farce ubuesque touchait enfin son terme, l'officier, indécis et manifestement incompétent, semblait désireux de prolonger son calvaire. Qu'un tel homme se soit élevé jusqu'au grade d'officier en disait long sur les difficultés de recrutement que rencontrait encore Luménis et ses alentours depuis la chute du tyran. Le demi-elfe contint à grand peine la rage qui aurait pu le pousser à l'étrangler sur place. Au lieu de cela, il répondit d'un ton trop calme, tellement qu'il lui sembla glacial à lui-même :

- Vous semblez manifestement indécis. Voilà qui est très regrettable pour un officier de votre rang. Je vais donc me permettre de vous rappeler quelques faits tangibles qui orienteront votre décision : d'une part, si je maitrisais la téléportation, il y aurait bien longtemps que je vous aurais faussé compagnie, préférant l'air frais à celui, nauséabond de vos cellules. D'autre part, si vous n'avez pas été en mesure de trouver un prêtre de Mielikki, un elfe à description variable ou même une once de bon sens pendant cette longue nuit, je crains que tout cela ne soit pas de ma faute. Je vous aurais bien aidé à trouver l'un ou l'autre mais vous m'avez retenu prisonnier sans prendre la peine de m'inculper. Vous avez également omis de passer la consigne à vos hommes de me considérer comme un témoin et non comme un criminel déjà condamné ce qui m'a valu la compagnie d'un soulard bagarreur puis une nuit à l'isolement dans vos gêoles. Je suis quelqu'un de plutôt patient aussi vous donnerai-je encore deux pistes : n'importe quel membre du clergé de Lathandre saura attester de mon passé héroïque. Mon médaillon en atteste. Si je n'étais pas de bonne nature, je serais incapable de le porter sous la lumière du soleil. Si cela ne suffit pas à vous rassurer vis-à-vis de vos administrés, un clerc ou un paladin de Tyr reconnaîtra mon innocence devant le dieu de la justice. Je suis encore prêt à coopérer avec vous en qualité de citoyen respectueux de Luménis mais de deux choses l'une, soit vous tirez parti de vos erreurs et cessez ce déni de justice, soit vous persistez dans cette voie. Dans le premier cas, je serais prêt à envisager d'oublier cette histoire au nom de la recherche de cette malheureuse et du criminel à l'origine de sa disparition. Dans le second, vous apprendrez un jour quels sont les alliés sur lesquels je peux compter et les services dont je les rendus redevables.

RP: retour à Luménis

L'homme avait pâli, puis était devenu cramoisi. De colère.
- Alors vous le prenez comme cela ? Moi qui m'apprêtais à vous signifier votre mise en liberté pendant l'enquête, votre attitude change tout... Vous osez proférer des menaces à mon encontre ? Et vous vous prétendez soldat ?
Le ton montait.
- Si vous étiez soldat, vous sauriez que la première règle est d'obéir aux ordres et de faire respecter le règlement... et en l'occurrence le règlement est, en cas de bagarre, de séparer les combattants et de les mettre dans des cellules séparées, sachant qu'une bagarre en garde à vue est automatiquement punie de quelques heures de prison. Mes hommes n'ont fait que l'appliquer. Parce que vous semblez oublier une chose : ici, vous n'êtes pas le soi-disant héros de guerre devant lequel Luménis doit s'incliner, vous n'êtes qu'un simple étranger dans nos murs, accusé de faits graves pour lesquelles une enquête approfondie est indispensable ! Mon boulot à moi, c'est d'enquêter, et j'ai parfaitement le droit de vous garder ici tant que l'enquête n'est pas bouclée. Une plainte pour enlèvement justifie amplement une mise en détention provisoire. Non mais pour qui vous prenez-vous ? Sachez également que vous venez de vous rendre coupable, par votre attitude, d'une infraction punie d'une amende de 35 pièces d'or ou 7 jours de prison, pour outrage à agent dans l'exercice de ses fonctions.
Il s'était levé.
- Gardes ?

La Couronne de Cuivre

[Lieu] Le Pont des trois Sires