La Couronne de Cuivre

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

Ce bruit insolite chassa en une seconde la langueur contre laquelle Kasumi luttait depuis plusieurs minutes. Il se leva en un bond et s’empara d’Etincelle qu’il avait laissée près du feu. Première Neige se redressa en sentant la nervosité de son maître. Si elle avait entendu la cloche, ce bruit anodin ne l’aurait pas inquiété mais la réaction du rôdeur la mit aux aguets et elle tendit les oreilles et battit la queue dans une attitude inquiète.

Le demi-elfe tournait son regard dans toutes les directions, tentant de percer les ténèbres gelées au-delà de leur cercle de lumière. En bon guetteur, il avait évité de regarder en direction de la flamme pour que sa vision ne se désaccoutume pas de la pénombre mais, malgré cette précaution, il ne voyait aucun danger visible n’étant même pas certain de la direction d’où était venu le bruit. Si les autres n’avaient pas réagi aussi vivement, il aurait pu croire l’avoir imaginé. Peut être s’agissait-il de l’une des chaloupes de la Nébuleuse ? Il tourna son regard vers l’océan mais il parvenait à peine à distinguer les vagues qui s’écrasaient non loin sur les rochers. Si une embarcation se cachait là, il ne la verrait pas. S’il s’agissait d’alliés, il ne pouvait qu’espérer qu’ils apercevraient leur feu de camp. S’il s’agissait d’ennemis… Il resserra nerveusement la prise sur la poignée de son épée.

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

Astrée, petit à petit, s'était réchauffée. Et elle voyait que Léo, tout proche, paraissait avoir repris quelques couleurs. Prince des Frelons avait depuis longtemps renoncé à ses chatouilles et s'était installé près du garçon, ressentant sans doute sa détresse.

Elle sursauta, comme Léo, en entendant le bruit de la cloche. Et immédiatement, des images inquiétantes lui vinrent à l'esprit, des processions de fantômes, de squelettes, appelés par la cloche à une mystérieuse cérémonie dans un temple immatériel. Elle pâlit, et tenta de réagir. Elle n'allait tout de même pas se laisser impressionner par l'atmosphère inquiétante de ce lieu parsemé d'ossements, au froid glacial même en cette saison ?
Elle frissonna. Tout cela lui rappelait, malgré elle, une certaine nuit dans la forêt maudite, où les fantômes des voix de sa fille et de son défunt mari étaient venus la hanter.... Une cloche sonnant ainsi, au milieu de la nuit, dans ce lieu de perdition... c'était certainement des fantômes...

- C'est peut-être juste une vache égarée, tenta-t-elle de se rassurer à voix haute, parfaitement consciente de la stupidité de son hypothèse... Ou un bateau...
Non, si c'était un bateau, ils auraient entendu des cornes de brumes... Ue bateau ne serait pas assez proche pour qu'on puisse entendre des cloches, ils évitaient certainement cette zone de récifs.
- Ou un temple... murmura-t-elle plus bas. Hypothèse certainement aussi absurde. Sa voix sonnait bizarrement dans le froid et l'étrange atmosphère du lieu.
Elle se refusait à parler de fantômes, comme si, en refusant de les nommer, elle pouvait parvenir à leur ôter toute réalité. Elle sentait la peur s'insinuer en elle. Et son sentiment de vulnérabilité était encore renforcé par sa nudité. D'instinct, elle saisit une tunique encore un peu humide, prête à l'enfiler. Ses armes étaient toutes proches, mais à quoi serviraient-elle ?...

De mystères en mystères... Il fallait récapituler. Eux, naufragé sur des récifs plein d'os ; un climat inédit toujours plus froid ; un bruit de cloche. Se grattant la tête, Zaiu essayait de mettre un peu de logique dans tout ça. Une vache ici ? Des fantômes ? Des fantômes de vaches ! Noooon ! Que peuvent vouloir des bovidés hectoplasmiques éthérés ? Comment taper des fantômes ? ...

Mais d'ailleurs, pourquoi des fantômes de vaches seraient-ils agressifs ? les vaches vivantes ne le sont qu'en de rares occasions ... Astrée évoqua ensuite un temple. Il l'aurait sans doute vu alors regagnaient la côté, il ne faisait pas encore nuit. Non, non ... C'était autre chose ...

Dressé, cheveux au vent glacial, un air de défi orgueilleusement affiché sur son visage, l'elfe lança à claire et tonnante voix :

Ha !
Si tu n'es pas le froid qui craint les coups puissants de Zaiu,
Ose montrer le bout de ton nez !
Si la vertu t'accompagne, on ne l'aplatira pas !

Quelles sont tes intentions mystérieuse clochette des nuits venteuses et glaciales !?

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

Pour toute réponse, il y eut un éclair, au dessus de l'océan. Un éclair d'orage, bien qu'aucun coup de tonnerre ne l'accompagne. Puis, avec une soudaineté incroyable, le vent se leva, mordant, hurlant, charriant des embruns gelés qui ressemblaient à du grésil...
La flamme élémentaire vacilla, manqua s'éteindre.
Il y eut un nouvel éclair silencieux, puis un autre encore, comme si une tempête se déchaînait, juste en face d'eux, sur la mer tumultueuse qui se contorsionnait...
La cloche résonna, à nouveau. Plus proche, semblait-il.
La flamme élémentaire vacilla. S'éteignit.

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

Kasumi observait le phénomène surnaturel, l’air dérouté. Mais lorsque la flamme de leur foyer vacilla puis s’éteignit, il réagit enfin, conscient du danger mortel qu’ils courraient tous. Il commença par invoquer à nouveau la lumière magique d’Etincelle. Le danger d’être repéré lui semblait bien minime alors que ni Astrée ni le mage ne pourraient y voir quoique ce soit autrement. La lumière divine le rassurait aussi, il devait bien se l’avouer. Il éleva la voix pour couvrir le bruit du vent qui se déchaînait en un sinistre hurlement :

- Mettez-vous dos à la falaise ! Ridculle, Léo restez près de moi s’il vous plait ! Il ne faut surtout pas nous séparer. Zaïu, voyez vous un passage dans la falaise ?

Tout en reculant pour exécuter ses propres recommandations, il lança son sac au pied des rochers puis s’empara du bâton d’Astrée alors que celle-ci s’habillait en hâte avec la tunique humide dont elle s’était emparée. Une fois la défense organisée, il prendrait le temps de l’imiter si toutefois il était encore temps. Il maudissait l’humidité qui rendait son arc inutilisable. Il n’avait pas encore pris le temps d’en changer la corde pour l’une de celle qu’il conservait dans de la toile cirée.

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

Un naufrage… Ou un bateau fantôme… Et une tempête tout aussi étrange et surnaturelle que celle qui les avait amenés ici. Peut-être allaient-ils devoir accueillir d’autres naufragés ? Ou peut-être serait-ce des fantômes ?
Telles étaient les pensées désordonnées qui traversaient la tête d’Astrée alors qu’elle observait l’étrange phénomène.

Mais elle cessa immédiatement d’échafauder des hypothèses quand subitement la lueur du foyer s’éteignit. Un vent glacial les transperça jusqu’à la moelle. Elle vit Kasumi réagir, leur donner l’ordre de s’adosser à la falaise. Machinalement, elle enfila sa tunique, ses vêtements, essayant de faire abstraction du froid et de la peur qui l’envahissait.
Elle saisit le bâton que Kasumi lui tendait, mit son arc humide et ses flèches sur son dos. Elle scrutait l’obscurité, regrettant presque la lumière dégagée par l’épée de Kasumi qui les empêchait de deviner ce qu’il y avait au-delà du cercle de lumière. Mais c’était le seul moyen de voir où ils mettaient les pieds… Et ils en auraient besoin s'ils devaient escalader la falaise rapidement.

- Je vais envoyer Prince des Frelons explorer cette falaise, annonça-t-elle. Qu’on sache au moins ce qui nous attend en haut.
L’écureuil, se montrant pour une fois obéissant, disparut rapidement au-dessus de leur tête. Sans doute n’était-il pas mécontent de s’éloigner de la mer en furie qui s’écrasait contre les rochers, les éclaboussant d’embruns.

- Si jamais… si jamais c’était des fantômes, ou je-ne-sais quoi de non vivant… Peut-être vaudrait-il mieux rallumer une flamme pour les repousser ?
Sa voix était soudain étrangement ténue, trahissant son angoisse.

Alors apparemment, la vertu n'accompagnait pas la clochette. C'était quand même un peu fanfaron de sa part que de déchainer ainsi les éléments ; fanfaron et mal venu puisque les petites gouttes gelées en myriades martelaient le non moins petit corps du frêle elfe. Il comprenait donc la réaction des ses compagnons qui s'habillait à la hâte. Il en fit autant avant de se blottir à son tour contre la rocaille. Comme le lui avait demandé Kasumi, il avait jeté un rapide coup d'œil en arrière pour déceler une quelconque échappatoire. Cependant, le "spectacle" qui s'offrait à lui réaccapara bientôt toute son attention. Cette scène cataclysmique le fascinait. C'est sur, il ne regarderait plus les clochettes, triangles et autres objets métalliques produisant une note du même œil.
Scrutant en direction du son, serrant son arme, il tentait de contrôler son stress et le froid qu'il ressentait en respirant profondément.
Quelque chose allait apparaître !
C'était imminent !

Un léger rictus se dessina alors ses lèvres, malgré tout.

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

-Je crains ne plus de flamme élémentaire en mémoire... fit la voix assourdie du mage en train d'enfiler sa robe. Normalement, elle dure tant qu'on se concentre... Il ne me semble pas avoir été assez distrait pour qu'elle disparaisse, mais il faut croire que si...
Sa tête émergea des replis du vêtement. L'instant suivant, il la coiffait de son chapeau pointu.
-Et je n'ai rien d'équivalent sous la main... Des sorts de feu, j'en ai, bien sûr, mais ils ne sont pas très... appropriés...
Il parlait toujours avec le même calme joyeux, malgré les éclairs qui se multipliaient, malgré la vent qui forcissait, les vagues qui attaquaient les rochers, juste devant eux...
La situation des rescapés n'était pas brillante. D'autant que les quelques observations de Zaiu ne lui avaient pas révélé d'échappatoires. Et que, pour l'heure, les explorations de Prince des Frelons n'étaient pas plus probantes : la falaise était abrupte, verticale, et même, assez fréquemment, en surplomb. Les prises fiables n'étaient pas très nombreuses de surcroît : même pour l'écureuil, la progression aurait pu être plus aisée. Il lui faudrait en tout cas un certain temps avant d'atteindre le sommet...
La cloche avait résonné, à nouveau, de plus en plus proche. Une première fois. Une deuxième. Une troisième enfin, alors que Léo s'exclamait soudain :
-Un bateau ! Il y a un bateau !
Il disait vrai, tous purent bientôt le constater : à la lueur des éclairs innombrables, tanguant dangereusement sur les flots déchainés, se découpait la silhouette d'un grand navire. De ce qu'ils pouvaient en juger, il avait manifestement souffert de la tempête : certains de ses mats s'étaient brisés, ses voiles pendaient, déchirées...
-On dirait la Nébuleuse... murmura encore l'enfant.
Ce n'était pas faux...

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

Le rôdeur avait du mal à en croire ses yeux. La Nébuleuse n’aurait jamais aussi bien porté son nom qu’en cet instant s’il s’agissait bien de leur navire. Le vaisseau offrait une vision fantomatique et rendue d’autant plus incertaine par la lumière émanant de sa lame. Pourtant, il n’était pas prêt à renoncer à ce soutien tant la vue du navire se dirigeant sur les rochers acérés et parsemés d’ossements le glaçait d’effroi.

Instinctivement, il leva sa main gauche et la posa sur l’épaule du jeune Léo, sans un mot. Cette vision devait perturber le garçon encore plus que lui et la dernière chose dont il avait envie était de le voir courir à la rescousse de son père et se précipiter vers sa propre mort. Le bateau continuait à s’approcher comme dans un rêve, guidé de son propre chef alors que son équipage était toujours invisible et que son pont n’était éclairé d’aucune lumière apparente. Kasumi se surprit à murmurer une prière à Mielikki et tourna un instant son regard vers Astrée.

- Tenez-vous prêts, murmura-t-il sans savoir lui-même à quoi il devait s’attendre.

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

Astrée suivait de son mieux la progression de l’écureuil, concentrée sur ses perceptions, certaine que ses compagnons la préviendraient s’il fallait agir. La paroi était difficile, avec des passages en en dévers. Même elle, habituée à escalader toute sorte de paroi, mettrait du temps à la franchir. Il lui faudrait utiliser la corde. elle devait avoir quelques pitons dans son sac pour équiper la paroi, mais la corde était trop courte, il faudrait détacher au fur et à mesure…. Et rien ne disait que ses compagnons soient capables de la suivre, mêmes encordés. Il leur faudrait sans doute des heures…

Elle fut interrompue dans ses réflexions par l’exclamation de Léo, et revint à la réalité. Elle ouvrit des yeux ronds comme des soucoupes en apercevant le navire. Qui ressemblait effectivement étrangement à la Nébuleuse…
Elle aussi posa une main sur l’épaule de Léo.
- Non, ce n’est pas la Nébuleuse, affirma-t-elle, péremptoire.
Même si le navire lui ressemblait… Après tout, on a toujours tendance à voir des choses connues… Et la Nébuleuse était certainement par le fond, détruite. Ce navire était autre chose. Soit un autre navire. Soit… un fantôme ?

Et Kasumi disait de se tenir prêt… Mais prêt à quoi ? Qui a jamais combattu un navire fantôme ?
Et puis… et si c’était vraiment la Nébuleuse ? Le doute subsistait dans son esprit. Après tout, l’hypothèse n’était pas moins plausible que celle d’un fantôme. Mais mieux valait taire ces doutes, pour éviter que Léo ne se précipite au-devant du danger.
Depuis quand tu crois aux fantômes ?
Elle ne savait plus que croire. Elle écarquillait des yeux, trop aveuglée par la lumière de l'épée pour parvenir à dinstinguer quoi que ce soit sur le bateau.

Même s'il avait eut trois épaules, Léo n'aurait pas eut à sentir la main compatissante et fraternelle de Zaiu ; et pour cause, d'une part, il y avait Astrée au milieu, et d'autre part il pensait plus à sauver le bateau qui l'avait sauver qu'à l'état d'esprit du gamin. Du reste, le tableau apocalyptique du vaisseau en péril reflétait un certain esthétisme, dégageait une certaine fascination.

Il faut prévenir l'équipage qu'il y des récifs ici !

Hééééééé hooooooooooooooo !

En même temps, Zaiu agitait ses bras et marchait vers le bords, prêt à secourir.

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

Zaiu avait beau crier à pleins poumons, sa voix était emporté par le vent, se mêlait à ses hurlements... On ne devait rien entendre, du navire.
Celui-ci poursuivait sa course erratique en direction des récifs. Il n'en était plus qu'à quelques encablures, à présent et, à la lueur intermittente des éclairs, les rescapés pouvaient voir des silhouettes s'agiter sur le pont, dans la mâture...
-Mon père foncerait jamais comme ça, si près de l'île... murmura Léo. A moins qu'il ne l'ait pas vue. A moins que...
Il se retourna brusquement, releva les yeux vers le sommet de la falaise.
-Il y a un feu... gémit-il. Un grand feu...
Les autres suivirent son regard : oui, il y avait des flammes, la haut. Ils voyaient sans mal leurs lueurs dansantes... Elles n'étaient pas apparues depuis très longtemps, cependant : sinon, Prince des Frelons en aurait informé Astrée.
-Des naufrageurs, reprit le gamin d'une voix un peu trop aiguë. P'pa doit croire que c'est le phare... il doit vouloir se mettre à l'abri dans la baie...
Avant que les rôdeurs n'aient pu esquisser le moindre geste, l'enfant avait bondi, s'élançant vers les vagues furieuses.
-Ils vont s'échouer ! cria-t-il, presque hystérique. Ils auront pas le temps de se détourner ! Il faut aller là-bas pour les secourir ! VITE !
L'instant suivant, il plongeait dans le bras de mer.

Il fallait quand même un sacré cran, ou une bonne dose d'inconscience, ou les deux, pour se jeter dans une eau aussi déchainer. Cela plus à Zaiu qui ôta son haut avant de suivre Léo. A situation désespéré, mesuré désespérée comme dirait Jafar... Et à nouveau le contact de l'eau glacée, les vagues, quelques écorchures sur les récifs là où il n'y avait pas beaucoup de fond. Léo nageait avec une vigueur insoupçonné. Quel noble idéal que de sauver son paternel. Zaiu aussi devait puiser des forces dans un idéal ! Sauver son sauveteur ! Plus enthousiaste qu'inquiet, il fendait la mer de par son crawl pugnace lors des creux des vagues. L'idée était de ne pas gaspiller son énergie à lutter contre les vagues.

Il se posa aussi la question de comment il se ferait entendre, et aussi de comment il ferait pour ne pas se faire assommer par le navire mais bon, chaque chose en son temps.
A quelque coudées de Léo, il lança une question à laquelle il n'entendrait surement pas la réponse :

Je te suis !
Faudra faire quoi après ?Bientôt, il ne faudrait plus seulement lutter contre la mer, mais aussi contre le froid ...

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

Kasumi n’avait pas réagi assez vite pour retenir Léo qui se précipitait déjà dans les vagues avec Zaiu à sa suite. Les deux nageurs s’étaient précipité dans les flots et tentaient de rejoindre le récif où allait s’échouer le navire selon toute probabilité. Il était maintenant trop tard pour faire quoique ce soit pour empêcher la catastrophe. Conscient que se mettre lui aussi en danger ne servirait probablement à rien, il retira tout de même sa tunique afin qu’elle reste sèche si jamais il parvenait à revenir. Avant de plonger à son tour dans les flots, il interpela le mage :

- Pouvez-vous prévenir les marins de l’imminence du choc ?

Chaque seconde comptait désormais mais il tenait à dissuader Astrée de le suivre :

- Reste là, je t’en prie. Il faut que l’un de nous puisse s’occuper des survivants.

Quête : Tel est pris qui croyait prendre.

Les événements s'étaient enchaînés trop vite. Léo, puis Zaïu, et maintenant Kasumi, qui plongeaient et nageaient vers le bateau. C'était complètement stupide : jamais les marins ne les verraient dans l'obscurité, ils allaient se faire heurter par le navire... Et de toute façon ils arriveraient trop tard pour empêcher le naufrage. Si naufrage il y avait... Elle n'arrivait pas à se défaire de l'impression que tout cela était irréel, qu'il s'agissait d'une illusion, d'un bateau fantôme. Impression certainement dûe aux ossements qui l'entouraient... Et au brouillard qui enveloppait la scène.

Mais que le bateau soit réel ou pas, une chose était certaine : Léo et Zaïu étaient fous de se lancer ainsi dans l'eau glacée. Et Kasumi n'avait pas d'autre choix que d'aller rechercher Léo...
Quant à elle, que pouvait-elle faire ? C'était peut-être vraiment un naufrage, causé par le feu qu'elle apercevait au-dessus - qui peut-être était l'oeuvre de morts-vivants ou d'un esprit malfaisant, ou même des mages de l'asile même si elle n'y croyait guère.

Elle ne vit qu'une chose à faire, dérisoire et sans doute inutile. Elle se précipita vers l'épée longue que Kasumi avait abandonnée au sol, activa la pierre de Bélenn, et aussitôt la lumière revint, intense. Elle grimpa le plus haut possible sur les rochers et tenta de faire des signaux de lumière, espérant au moins que la lueur de l'épée révèleraient les rochers qui l'entouraient, les ossements blanchâtres, et que le capitaine du bateau - s'il y en avait un, reconnaitrait l'endroit et tenterait de se détourner. Même si Léo avait dit que c'était trop tard... Peut-être, au moins, pourraient-ils se préparer au naufrage.
Elle ne quittait pas des yeux ses compagnons, prête à plonger à son tour à leur secours. Et restait à savoir ce qui se passait au-dessus d'eux... Elle se concentra, cherchant à contacter Prince des Frelons.

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-Faudra les repêcher ! avait crié Léo à l'intention de l'elfe qui le talonnait, sa voix rendue presque inaudible par le tumulte de la tempête. Les aider à monter sur le récif !
L'eau était glaciale, terriblement agitée, et y progresser était rien moins qu'évident. Pourtant, l'énergie déployée par les nageurs, les sentiments divers qui les animaient leur permirent de ne pas sombrer, d'avancer malgré tout, contre vents et marées. Et de se rapprocher des rochers plus qu'aux trois quarts immergés.
Ils les avaient presque atteints lorsqu'une vive lumière illumina les environs. Une gigantesque boule de feu traversait le ciel, partant des falaises derrière eux et décrivant une courbe ascendante dans les cieux tourmentés. Ridculle, après quelques instants de réflexion, avait incanté... Il ne devait pas s'attendre à ce que son sortilège produise de tels effets, car il s'était retrouvé projeté sur les rochers, derrière lui...
A la lueur du projectile magique d'une taille incroyable, véritable comète de feu sous les nuages de plomb, les rescapés purent admirer en détail le naufrage du navire. Il percuta le récif au moment précis où Léo et Zaiu y prenaient pied : il y eut un craquement tonitruant, suivi d'une clameur de voix terrifiées qui vrilla leurs tympans, les glaça d'effroi...
Puis... Plus rien.
En haut des falaises, le feu avait disparu. A travers les yeux de Prince des Frelons, Astrée avait pu voir, quelques instants, un brasier de flammes dansantes qui semblaient naître du sol rocailleux, dénudé. Elles s'étaient volatilisées sans crier gare, ne laissant derrière elle pas la moindre cendre, pas le moindre fagot calciné.
Disparu aussi, le bâtiment échoué. Nulle part, il n'y avait de traces de l'accident : ni planches, ni morceaux de mats, ni pans de voiles. Ni cadavres : juste ces ossements blanchis, coincés entre les sommets acérés des rochers ou ballotés par les flots.
Ces ossements blanchis qui semblaient tout à coup animés d'une vie nouvelle, se rapprochaient les uns des autres, se rassemblaient en monceaux précaires qui, rapidement, prenaient l'allure de squelettes entiers...
Qui tendaient désormais les bras vers l'elfe et l'enfant debout, côte à côte. Vers Kasumi qui allait bientôt les rejoindre. Vers Astrée et Ridculle, aussi. De partout, sous les falaises ou sur le récif, les morts se relevaient.
S'avançaient.

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Kasumi se hissa difficilement sur le récif au moment où le navire aurait du le heurter. Il se redressa péniblement, à bout de souffle à cause de l’effort et du bain glacé, n’ayant plus vraiment le contrôle de ses muscles tétanisés ni de son esprit engourdi par la disparition brutale de l’illusion. Malgré son corps qui réclamait de s’effondrer d’épuisement, la scène d’horreur qui se déroulait tout autour d’eux le glaça d’effroi. Instinctivement, il porta sa main à son côté pour se rendre compte qu’il avait laissé ses épées sur la plage. Un regard angoissé dans cette direction lui apprit que le phénomène macabre menaçait aussi Astrée, Première Neige et le mage. Aiguillonné par l’urgence de leur situation, il se rapprocha de Léo et de Zaiu en titubant :

- Vite, il faut regagner la plage avant que ces monstres nous en empêchent.

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Astrée vit, incrédule, l'étrange sort lancé par Ridculle, le bateau qui disparaissait subitement... Et les ossements qui se mettaient à bouger...
Elle faillit hurler de terreur, se contint à grand-peine. Instinctivement, elle se rapprocha du mage, ses armes et celles de Kasumi à la main. Ridculle était toujours à terre.
- Ca va, vous n'êtes pas blessé ? Vous pouvez vous relever ?

Autour, les squelette avaient pris forme et avançaient vers eux. Elle sentit ses poils se hérisser et dut lutter contre la panique qui l'envahissait. Et qui augmenta encore lorsqu'elle vit, autour de Kasumi, Zaïu et Léo désarmés, que la même scène se déroulait. Il fallait qu'ils reviennent... et vite. Les squelettes ne savaient certainement pas nager. Enfin... elle l'espérait.

Elle se mit en garde, son bâton à la main, ses autres armes à terre, prête à se défendre de son mieux contre les ossements sur pieds.
- J'ai un briquet, on peut faire du feu pour les tenir éloignés, fit-elle machinalement. Mais je suis sûre que vous avez mieux à proposer...

Quelle déception ... Après avoir vaincu les flots glacés et déchainés, après avoir réussi à prendre pied sur le récif, voila que la nébuleuse disparaissait. Le merveilleux plan de sauvetage et toutes les louanges qui auraient du en découler venaient de tomber à l'eau si je puis dire.Pire, des squelettes partout qui se dressaient ! L'inhospitalité de cette île fit regretter quelques instants à Zaiu sa forêt natale. Mais comme le soulignait le ton impérieux et emporté de Kasumi, il fallait agir.

C'est donc avec autant de réflexion préalable qu'à l'aller que Zaiu empoigna léo l'envoya à la mer avant de le rejoindre. Bon l'avantage, c'est qu'il commençait à connaitre le bras de mer et, qu'avec la marée, il regagnerait la côte plus facilement.

Allez allez allez !
On faiblit pas !
Y a des trucs à taper la bas !

... On va finir par y rester ...

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

Le gamin, pris au dépourvu par la manoeuvre de Zaiu, ne s'en offusqua pourtant pas et entreprit au contraire de nager avec vigueur. Peut-être la perspective de pouvoir affronter, près des falaises, les "trucs à taper" lui redonnait-elle du cœur au ventre, après la déconvenue réservée par le bateau fantôme. A moins qu'il ne soit simplement aiguillonné par la peur...
Mais, à l'instar de ses compagnons, il était fatigué, transi, et dû faire un semblant de halte alors qu'ils se trouvaient tous trois au milieu du bras de mer. Il s'apprêtait à repartir lorsqu'il poussa un cri soudain... et disparut sous l'eau.
Au même moment, Kasumi et Zaiu sentirent quelque chose de glacé les saisir à la cheville, tenter de les attirer vers le fond...
-Y en a en d'sous ! cria Léo, toussant et crachant, en remontant à la surface. M'ont piqué ma botte !
Sur la rive, à une vingtaine de mètres d'eux, Astrée, Première-Neige et Ridculle avaient serré les rangs. Le vieux mage s'était emparé de son arbalète, s'occupait à la remonter avec des gestes précis.
-Je ne sais pas si recourir à la magie est une bonne idée... répondit-t-il, d'un ton calme, à la question de la rôdeuse. Vous avez vu ce qu'a donné la boule de feu que j'ai lancée ? Si je recommence, on sera tout aussi grillés qu'eux. Et si je lance autre chose, je ne préfère pas imaginer les conséquences... Je vais essayer d'y réfléchir.
Il épaula son arme.
-Et pour bien réfléchir, rien de tel qu'une petite partie de chasse. J'vais leur montrer, moi, à ces gugusses, qu'il faut savoir rester mort quand on a trépassé !
Et de décocher aussitôt un carreau qui alla se ficher entre les deux orbites vides du plus proche squelette. Ce qui eut pour effet de lui briser le crâne en mille morceaux, et de le faire s'effondrer en petit tas informe sur les rochers.
-La tête, ça fait toujours mal ! exulta-t-il en encochant un nouveau projectile.
Les morts-vivants, néanmoins, ne semblaient pas impressionnés par cette démonstration de force. Ils n'étaient plus qu'à quelques mètres d'eux, à présent, foule terrifiante qui s'approchait, inéluctable...

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

Alors qu’il allait porter secours à Léo, Kasumi sentit une main glacée se refermer autour de sa cheville nue et lui écorcher la peau. Il dut lutter pour contenir sa panique. Son premier mouvement pour se dégager l’entraîna vers le fond, à la rencontre de son agresseur. Il n’eut que le temps de bloquer sa respiration par réflexe avant d’être complètement immergé.

Sachant que les autres étaient dans l’incapacité de lui venir en aide et les ayant perdu de vue, Kasumi tenta de se contorsionner pour faire face à son adversaire et peut être le forcer à lui lâcher la cheville avant qu’il ne se noie. Une créature hideuse au corps boursouflé d'être trop longtemps resté dans l'eau lui jeta un regard haineux mais dépourvu d’intelligence. Dégoûté et paniqué, le demi-elfe se retourna aussi violemment qu’il le pouvait sous l’eau et tenta de décocher un coup de poing en direction du visage décharné du monstre en un geste dérisoire pour le repousser.

Non mais alors là ca ne va plus !
Affronter une horde de squelettes sur terrain rocailleux, en plein nuit par temps gelé, c'est presque amusant. Mais sous l'eau, c'est de la triche ! On frappe pas aussi fort et pas aussi vite ! Sans compter l'apnée ... Mais bon, il fallait serrer les dents ! Léo était remonté ! Zaiu le pouvait aussi !

Selon la théorie de "plus on bouge, moins on est agrippable", Zaiu se débattait tel un beau diable, ne laissant aucun de ses membres immobiles, les agitant en tout sens pour n'offrir aucune prise, limiter l'anticipation (un mort vivant le peut-il ?)

Haaaa ! Le glorieux combat d'un groupe de naufragés contre ... les éléments, les morts-vivants, le climat, la fatigue, le froid .... Ca commence à faire beaucoup ... Qu'importe ! Ils constituent un seul ennemi contre trois naufragés ...

Quête : Tel est pris qui croyait prendre.

Sur le rivage, Astrée ne vit pas Léo, puis Kasumi et Zaïu, disparaître sous l'eau. Elle les avait observés se jeter à l'eau, nager dans leur direction, et, persuadée qu'ils arriveraient sans encombre sur la berge, avait aussitôt reporté son attention sur les squelettes qui étaient maintenant tout proches d'elle.

Concentrée, elle se mit en position de combat, bâton en main. L'obscurité était revenue dès qu'elle avait lâché l'épée de Kasumi, mais la boule de feu leur faisait un peu de lumière, suffisamment pour qu'elle voie ses adversaires. Du coin de l'oeil, elle avait vu le mage tirer avec son arbalète. Elle se plaça non loin de lui, prête à le protéger s'il décidait d'incanter malgré tout. Puis avança d'un pas, et fit décrire un arc de cercle rapide à son arme, visant la tête - ou pluôt le crâne - de l'amas d'os le plus proche.

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

Comme l'avait fait Léo en se tortillant comme une anguille, Zaiu et Kasumi parvinrent à se libérer de l'étau glacé qui les entraînait sous l'eau. Le rôdeur, cependant, compte tenu de sa position, fut le seul à avoir un bref apperçu du spectacle qu'offrait le fond du bras de mer : des cadavres, une foule entière, qui tendaient les mains pour tenter de les saisir, de les attirer à eux...
Certaines les frolèrent comme ils se démenaient pour s'éloigner, Quelques unes manquèrent parvenir à les saisir... Mais ils s'échappèrent malgré tout, gagnèrent une zone moins profonde, purent enfin prendre pied sur la berge opposée.
Ils n'étaient pourtant pas tiré d'affaire : ici aussi, les squelettes pullulaient. Cependant, la plupart d'entre eux s'agglutinaient autour d'Astrée, de Ridculle et de Première Neige, resserrant sans cesse leur cercle meurtrier.
La rôdeuse avait déjà dû distribuer quelques coups. Le mage, lui, avait fini par lâcher son arbalète, voulant profiter des derniers instants de répit pour incanter.
-Bon, on va voir ce que ça donne... lança-t-il. Prenez garde, cependant, à ne jamais me toucher avec votre bâton ! Vous seriez grièvement blessée...
Puis il leva les mains

Ridculle -- > Bouclier de feu

Aussitôt, le vieil homme fut entouré d'un immense rideau de flammes vives, dansantes. Il se pencha, ramassa l'une des épées qui gisaient au sol, puis se jeta bille en tête dans la mêlée. Il savait probablement qu'il n'infligerait pas beaucoup de dégâts avec cette arme, mais son but était de toute façon bien différent : comme put le constater la rôdeuse, les squelettes qui tentaient de le toucher s'en ressentaient durement... Et il fendait leurs rangs sans hésiter, comme s'il voulait les détourner d'elle... Cela marchait, semblait-il. Les créatures d'outre-tombe, loin de craindre les flammes, paraissaient éprouver une étrange fascination à leur égard.
Peut-être voulaient-elles, une dernière fois, profiter de la chaleur qui avait déserté leurs dépouilles, déserté ces lieux maudits ?

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

Kasumi comprit que la manœuvre de Ridculle était avant tout destinée à semer la confusion chez les non morts même s'il parvenrait à en détruire certains au passage. Le demi-elfe remercia silencieusement son courage, bien décidé à profiter de la chance qu’il leur offrait de rejoindre Astrée et la louve. Il chercha rapidement du regard un objet qui pourrait lui servir d’arme sur la plage mais n’en trouva pas. Sa seule chance de se montrer utile serait de récupérer Etincelle toujours aux pieds de sa compagne en danger. Le rôdeur s’écria avec l’énergie du désespoir :

- Zaïu, Léo, il faut nous regrouper et nous armer. Restez près de moi surtout !

Puis, sans attendre de voir si ses paroles avaient eu l’effet escompté, il se précipita en évitant de son mieux la foule de squelettes le séparant d’Astrée, donnant quelques coups inoffensifs ici ou là quand il n’avait pas d’autre choix.

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Astrée observait l'étrange comportement des squelettes, qui semblaient attirés par le feu, pour s'y brûler, comme des papillons par la flamme. Le feu pouvait donc faire diversion, et les distraire un moment de leurs cibles... Il suffisait qu'elle mette le feu au tas d'algues séchées non loin...

Mais il y avait plus urgent. Kasumi, Zaïu et Léo avaient pris pied sur la berge, et tentaient de se défendre de leur mieux, sans arme. Elle fit décrire un grand arc de cercle à son bâton pour maintenir ses adversaires à distance quelques instants. Puis, saisissant l'épée longue restée à ses pieds, elle la lança de toutes ses forces, visant juste derrière ses trois compagnons, là où il n'y avait pas de squelettes à proximité.
- Kasumi, Zaïu ! Attrapez !
Elle espérait que ses compagnons soient plus prompt à réagir que leurs adversaires... Et regrettait de n'avoir aucune autre arme à portée de main à leur lancer. L'arc, peut-être... mais il ne leur serait pas utile en combat rapproché. Ou l'arme que Zaïu avait dû abandonner et qu'elle ne voyait pas derrière les squelettes.

Puis elle se précipita vers le tas d'algues, sans cesser de se protéger avec son bâton, frappant quelques coups au passage, dans l'espoir de parvenir à y mettre le feu.

Contrairement à kasumi, Zaiu lui avait une arme, où plutôt il s'en procura une !
Arrivée peu de temps avant le demi elfe, il avait lestement saisit un fémur d'un squelette en train de se former. Un gourdin plutôt sommaire s'il en est. De plus, il était souhaitable que ce squelette fut bien nourri en calcium de son vivant. De toute façon, il serait bientôt fixé.

Puis Kasumi intervint et s'élança à corps perdu dans la foule macabre.

Léo, suit-le de prés !
Reste dans le sillage qu'il ouvre !
Zaiu cogne ceux de derrière !

Bim ! Bam ! A grands coup de fémur, Zaiu tentait de tenir en respect ceux qui s'approchait trop près du petit rouquin !

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

Léo n'obtempéra pas immédiatement. Au contraire, il rebroussa chemin pour récupérer l'épée lancée par Astrée et dont Kasumi, qui venait tout juste de faire volte-face, était encore trop éloigné. L'arme à la main, visiblement bien décidé à s'en servir, le gamin rejoignit à grandes enjambées Zaiu, gratifiant au passages les squelettes de quelques coups plutôt adroits. Puis tout deux rejoignirent le rôdeur.
Encore à quelques mètres d'eux, Astrée était parvenue a allumer du feu. Les flammes étaient petites, grigotaient faiblement les algues pour certaines humides. Mais, déjà, elles avaient attiré l'attention d'une poignée de non-morts qui s'avançaient, mains tendues.
Quant à Ridculle, nimbé dans son feu magique qui projetait alentour de chaudes lueurs dorées, il virevoltait au milieu d'une marée macabre sans cesse plus fournie, Le vieux mage, très à son aise, semblait beaucoup s'amuser.
-Aucun d'entre vous n'a de grande cape noire à capuchon, hein ? Ni de faux ? s'exclamait-il. Aucun d'entre vous NE PARLE COMME ÇA, pas vrai ? Alors je n'ai vraiment rien à craindre d'une pareille bande de décharnés sans cervelle, ha ha !
Peut-être le pensait-il, à moins que ce ne fût là que pure bravade. Mais les squelettes étaient nombreux, autour de lui. Trop, peut-être. Et d'autres se rapprochaient constamment... Viendrait forcément un moment où il serait submergé et abattu, malgré le sort qui le pro(égeait...

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Lorsqu’il aperçut Léo qui rebroussait chemin, Kasumi interrompit sa course avant d’atteindre le dernier cercle compact d’ennemis qui entourait la rôdeuse et sa louve. Son hésitation lui fit perdre son élan et quelques squelettes se détournèrent pour l’attaquer. Confusément, le rôdeur se demanda si ces non morts avaient remarqué qu’il était désarmé ou se contentaient d’attaquer le vivant le plus proche d’eux. Il n’avait cependant pas le temps de se poser ce genre de questions purement académique et chercha frénétiquement ce qui pourrait lui servir d’arme. En désespoir de cause, il ramassa le tibia d’un squelette démantibulé et fit de son mieux pour repousser les assaillants les plus proches en brandissant son gourdin improvisé, cherchant à fracasser quelques crânes. Il était en situation bien précaire et déporté par rapport à la position occupée par Astrée lorsque Zaiu et Léo le rejoignirent enfin.

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Astrée maintenait les squelettes à distance avec son bâton, en blessant certains, en démantibulant d'autres. Il fallait qu'elle protège son feu naissant encore quelques instants, elle ne pouvait pas prendre le risque qu'il soit piétiné et éteint par les squelettes. Du coin de l'œil, elle apercevait Ridculle, entouré d'une nuée d'ossements mobiles. Il ne tiendrait pas très longtemps... Et qui sait combien de temps son sort le protègerait ? Kasumi, Léo et Zaïu, eux, paraissaient moins menacés.

Elle alimentait son feu du mieux possible. Il fallait qu'il soit suffisamment imposant pour attirer à lui les squelettes, pour que ceux-ci se détournent des humains, et se brûlent d'eux-mêmes. C'était leur meilleure chance de s'en sortir. Elle avait l'impression de perdre du temps, elle aurait dû foncer au secours du mage. Mais elle s'obligea à quelques instants de patience supplémentaires.
Puis, dès que les flammes s'élevèrent suffisamment haut, elle s'en écarta. Jouant de son bâton pour éloigner ses assaillants, elle se fraya de son mieux un chemin au milieu des squelettes, en démantibulant certains, en blessant d'autres. Elle se ruait dans la direction où se trouvait le mage, dont elle n'apercevait que la lueur rougeâtre du bouclier de feu qui se reflétait sur les ossements. Il avait grand besoin de renfort...

La Couronne de Cuivre

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