Quête : cÂœur de sève

[Mornagest]

(hrp : tu peux nous trouver un autre titre de quête pour toi ? )

Le mage hocha la tête. Vaillant et sans crainte de l'inconnu, c'était un bon atout. Le moine pouvait se révéler être plus utile encore qu'espérer ; surtout s'il parvenait à dominer ses instincts de sorcier pour mieux les manipuler...

"Hum... dans un premier temps, il faut des ingrédients pour le sortilège. Je sais que tu as déjà passé du temps à récolter des plantes pour l'homme-lézard, mais je crains que tu ne doives t'y remettre un moment encore. J'ai quelques composants dans ma besace, mais il m'en manque. Tu pourras les trouver sur la route, je pense. Ce sont heureusement des plantes assez courantes dans ce genre d'endroits."

Il toussa, puis reprit : "La préparation durera un peu de temps à cause de cela, notamment. Le... rituel n'aura pas lieu ce soir. Il me faut prévoir les sortilèges adéquats. Je dois pour cela me reposer et étudier mon grimoire. Sois patient, mon ami. Et prends le temps de dormir, toi aussi. La route sera longue, demain. Nous sortirons du bosquet, et nous parcourrons une bonne distance vers Manost."

Il interrogea Umbre du regard, si ce dernier avait éventuellement quelque chose d'autre à ajouter...

[Umbre]

Et il fallait qu'il retourne faire le chien, le paysan qui récolte des plantes, mais cette fois si, le but final était totalement différent, les promesses de puissances avait aiguisé son esprit. Il était près à tuer pour posséder plus de pouvoirs. Mais il était patient aussi, tout vient à point à qui sait attendre lui répétait souvent les moines du Calimshan, car Shar peut rester tapi dans l'ombre pendant longtemps et surgir lorsque l'on s'y attend le moins. Le soleil commençait à se coucher et les ombres devenaient de plus en plus présente. Les yeux d'Umbre s'adaptèrent immédiatement à la luminosité décroissante, comme ceux de certains assassins, les humains devaient allumer des feux pour y voir et donc monter le camp. Umbre repéra deux elfes dont une femme et une demi elfe dans le groupe. Il s'était toujours senti à la fois proche et distant des demi elfes. Il était d'avantages proches des quelques tiefflines qu'il avait rencontré, mais ils étaient très peu nombreux... Il était souvent mal à l'aise avec les femmes car l'aura qu'il dégageait malgré sa beauté semi elfique et son charisme intimidait la plupart des femmes. Le magicien s'était penché sur ses livres et semblait très concentré, Umbre choisit donc d'aller chercher du bois dans les alentours. D'autres s'activaient sur la cuisine, le camp prenait forme...

[Mornagest]

La soirée passa paisiblement. Les discussions étaient rares, car chacun écoutait le moindre bruit émanant de la forêt, craignant de voir un quelconque adversaire surgir de nulle part et attaquer le groupe. Ils n'étaient pas en sécurité, ici, mais qu'est-ce qui les attendait à Manost ? Le danger serait tout autre, bien sûr, mais...

Umbre se vit attribuer le premier tour de garde pour la nuit, avec la demi-elfe, une fille assez robuste pour sa race, plutôt taciturne de prime abord, et qui répondait au nom de Brianna.

Les autres membres du groupe s'apprêtaient à passer leur première partie de la nuit bien au chaud dans leurs couvertures.

Le silence s'installa rapidement, à peine entrecoupé des rares bruissement de feuilles dans les arbres. Le vent était pratiquement inexistant, et exceptés les rapaces nocturnes dont on entendait de temps en temps le hululement, tout était calme. Brianna ne pipait mot, se contentant de dresser l'oreille au moindre son, les mains toujours libres de mouvements.

[Umbre]

Umbre s'assit en tailleur, face au feu et à environs deux mètres de Briana. Ses oreilles était elles aussi aux aguets et ses yeux fouillaient la pénombre en quête de mouvements. Son ombre jouait à se promener dans le camp par moment avant de revenir vers lui pour prendre une apparence normal à quelques mouvements près, tel que la main ou la rotation de la tête. Pour l'instant tout semblait calme, son bras lui faisait de moins en moins mal et la nuit était tiède.

[Mornagest]

La demi-elfe n'avait pas desserré les mâchoires depuis le début de leur garde. De même qu'elle n'avait daigné jeté qu'un vague coup d'œil en direction d'Umbre, avant de reporter son attention sur les alentours. En tant qu'assassine, elle ne devait sans doute pas craindre beaucoup de choses, mais le moine avait l'impression qu'elle agissait comme les autres femmes, se détournant de lui simplement à cause de son apparence indiciblement inquiétante. À moins qu'il ne l'intéressât tout simplement pas.

Il en était à ce point dans ses réflexions personnelles, lorsqu'un bruit soudain et proche retentit dans la clairière. Une branche brisée ? Cela ressemblait à un craquement sourd. Aux aguets, les deux veilleurs avaient déjà dégainé leurs armes.

Le craquement se reproduisit une nouvelle fois, plus proche encore. Ce n'était pas un arbre, Umbre en avait la certitude. Le bruit était moins puissant. Et il n'y avait pas d'arbre proche dans cette direction...

[Umbre]

Umbre s'adressa à Brianna en elfique: "Réveil les autres, ce n'est pas normal, je vais voir ce que c'est."
Avançant pas à pas il cherchait du regard l'origine du bruit mystérieux. Son ombre commença à se coller à lui et l'adrénaline montait dans son corps, mais pour l'instant il ne voyait rien à combattre... Si ce qui les attaquait était invisible, seul le mage pourrait les aider.

[Mornagest]

Le craquement se poursuivait, à plusieurs reprises désormais, et de façon très proche. Umbre distingua vaguement une forme dans la nuit, mais ne parvenait pas à visualiser les contours précis de ce qu'il voyait.

Brianna n'eut pas à réveiller beaucoup de monde : avec le vacarme provoqué, la plupart des assassins étaient déjà sur le qui-vive, probablement habitués à une vie de roublardise et de veille permanente. Le mage, en semi-repos pour mémoriser ses sorts, jura - être interrompu pendant ce processus était ennuyeux ; il fallait souvent tout reprendre depuis le début - et se prépara à lancer ses sortilèges.

Soudain, la chose fut visible. C'était une troupe de squelettes, animés par quelque magie maligne, qui les envoyait droit sur eux avec force craquements sinistres d'os qui s'entrechoquaient. Umbre ne put voir combien ils étaient, mais il avait l'impression qu'ils étaient plus nombreux que leur propre troupe.

Chacun était équipé d'une sorte de petit écu pour se protéger des coups, et d'une masse lourde et hérissée de pointes acérées. D'anciens combattants morts dans le Bosquet et revenus à la vie sur le caprice d'un nécromancien sordide ? L'heure n'était pas aux suppositions...

[Umbre]

Il ne fallait surtout pas qu'il se fasse encerclé, Umbre commença donc à reculer pour rejoindre ses compagnons, mais le nombre de mort-vivants était encore inconnu, il choisit donc de lancer un autre de ses pouvoirs pour les rendre plus voyant, en particulier aux yeux des humains qui devaient peiner pour les distinguer.

jette un sort > Détection des morts-vivants

Umbre se demandait qui, ou quoi pouvait bien être à l'origine de ceci, un nécromencien? une vieille malédiction? un ancien champ de bataille dont les combattants n'avaient pas trouvé le repos?...

[Mornagest]

Les squelettes rougeoyaient maintenant dans l'obscurité, rendant leur détection plus aisée pour les combattants pris par surprise. Chacun était prêt à se battre.

Umbre vit rapidement deux squelettes foncer vers lui, maniant leurs masses avec force et agilité. Le rictus permanent qui ornait leurs crânes décharnés les rendant encore plus inquiétants que des adversaires classiques, comme les orques ou les gobelins. Et ils étaient insensibles à de nombreux sortilèges... de même qu'ils ne connaissaient pas la peur ; ils l'instillaient au cœur de leurs victimes.

[Umbre]

Une fois qu'il eu suffisamment reculé pour ne pas être encerclé il se prépara au combat avec les deux squelettes qui l'attaquaient. Il ne fallait pas qu'il cherche à les trancher ou à les embrocher de sa lame, sur eux ça n'aurait que peu d'effet. Mais il était moine, il savait se battre sans armes. Lorsque le squelette le plus rapide fut suffisamment près il envoya un coup bas de sa jambe arrière en direction du genou décharné de la jambe avant de celui ci. L'impact se ferais sur la face interne du membre qui était bien moins résistante. Avec un peu de chance, l'attaquant se retrouverait avec une jambe en moins et donc obligé de rampé pour continuer le combat.

[Mornagest]

Le moine avait bien imaginé la séquence qu'il allait entreprendre, mais son évaluation de la distance à laquelle se trouvait le squelette était erronée : son pied fendit l'air sans atteindre la cible, passant à plusieurs centimètres du tas d'ossements animés. Ce dernier répliqua aussitôt, accompagné par son "congénère".

La masse d'armes du premier squelette heurta Umbre de plein fouet, le faisant reculer de plusieurs pas. Pour douloureux que cela fût, le coup lui sauva la vie, car le second squelette n'eut pas l'occasion de l'achever sur-le-champs. Le moine était sérieusement blessé : son bras gauche était encore brûlant de sa blessure de la journée, et maintenant, l'autre venait d'avoir son humérus réduit en miettes...

[Umbre]

Sous le coup Umbre ne put retenir un grincement de douleur, ses bras étaient hors combat, il ne lui restait plus que ses jambes. Il recula encore pour attendre le prochain assaut. Lorsque le prochain squelette attaquerait l'arme haute, il enverrait son pied dans l'espace entre le bassin et les côtes de celui ci. Il toucherait directement la colonne vertébrale et le casserait en deux si tout se passait bien. Mais avec cet échec, il était moins sûr de lui. La douleur le faisait transpirer à grosses goutes et du sang ruisselait le long de son bras meurtri. Seul l'adrénaline lui permettait de tenir encore debout pour combattre.

[Mornagest]

Par chance, les squelettes n'étaient pas des créatures intelligentes. L'immunité aux sortilèges affectant les capacités cognitives était aussi un désavantage : ils n'étaient pas capables de penser. Un seul des deux squelettes se dirigea donc vers Umbre, tandis que l'autre chercha un moment une autre cible avant de se détourner et attaquer quelqu'un d'autre ; le moine ignorait qui, et il n'en avait cure : il devait sauver sa peau.

L'énergie du désespoir ? La concentration portée à son maximum à l'approche d'une mort affreuse et peu reluisante ? La volonté d'un maître supérieur, omniscient et magnanime ? Le coup de pied que porta Umbre fut magistral, et fracassa le mort-vivant exactement comme il le souhaitait. Les deux moitiés de squelette tombèrent au sol, et le moine l'acheva avec rage en le piétinant sauvagement.

Il mit un bon moment avant de cesser de crier, entré presque dans une fureur digne des berserkers. Autour de lui, le combat était moins ardu qu'il ne l'avait craint : les squelettes étaient nombreux, mais fragiles, et les assassins avaient une longue expérience du combat, que ce soit individuellement ou en duo. La troupe de morts-vivants se retrouva rapidement anéantie jusqu'au dernier.

Quelques menues blessures à déplorer. Le moine n'avait pas de chance...

"Je vais essayer de te soigner", souffla Brianna, sortant quelques accessoires de premiers soins de sa besace. Les autres s'assuraient que la menace était réellement écartée, et tentaient d'en découvrir l'origine.

[Umbre]

La fureur d'Umbre retombait lentement, son souffle était encore bruyant, et la douleur devenait de plus en plus forte avec la baisse de l'adrénaline, Il vit que son ombre c'était collée à lui mais en lui donnant des griffes aux mains et aux pieds ainsi que des ailes de chauves souris qui rapetissaient doucement, au rythme de son souffle qui devenait de plus en plus calme... Le fait que Brianna l'aide était pratiquement inespéré, car si personne ne l'aidait il n'était pas sur de pouvoir poursuivre le voyage et donc de participer à la mission. Il partit s'assoir en serrant les dents sous la douleur, le simple fait de marcher était une torture, le choc de ses pied sur le sol était lourd a cause de la fatigue mais diffusait une vague de douleur dans son bras fracturé à chaque pas.

[Mornagest]

La tension du combat retomba rapidement ; les assassins étaient fatigués, et la route qu'ils auraient à mener était encore longue.

Brianna, bien que toujours aussi taiseuse, se révéla douée pour soulager au moins la douleur que ressentait Umbre. Sa plaie au bras cicatriserait lentement, s'il prenait garde. Elle immobilisa son bras droit pour permettre à l'os de se reformer.

"En attendant de voir un prêtre", conclut-elle, laconique.

"Reposez-vous, tous les deux. Vous avez eu assez d'émotions pour la nuit. Nous prendrons le quart de garde suivant", annonça un des assassins.

[Umbre]

Umbre fit un signe de tête en direction de l'assassin qui prenait la suite de la garde pour le remercier, puis il fixa Brianna dans les yeux et la remercia à son tour. Vivement qu'ils arrivent, il pourrait voir un prêtre et être soigné rapidement, mais demain la suite du voyage en cheval serait un enfer... Mais la fatigue faisait son oeuvre et Umbre sombra rapidement dans des rêves étranges ou il possédait des pouvoirs magiques tel que la télékinésie...

[Mornagest]

Le petit matin réveilla Umbre, lorsque le soleil vint lui réchauffer le visage. Il ouvrit les yeux, et sentait déjà la douleur dans ses membres blessés. Il pourrait tenir le voyage avec un peu d'aide, mais il ne devait pas compter sur un combat avant longtemps, c'était certain.

Autour de lui, quelques-uns des membres du groupe étaient déjà en train de se préparer à lever le camp, tandis que les autres somnolaient encore tranquillement.

[Umbre]

La douleur rendait le réveil pas très agréable, mais elle signifiait qu'il était en vie. Il commença par s'assoir et entreprit une rapide méditation pour essayer de la rendre plus supportable. Une fois qu'il eu terminé, il entreprit de ranger ses affaires à l'aide de son bras encore valide bien que douloureux lui aussi. Il savait qu'il aurait besoin d'aide pour monter sur son cheval, mais pour l'instant il aidait de son mieux pour ne pas paraitre faible, chose qu'il ne supportait pas. Il fait un signe de tête pour saluer ceux qui se préparaient près de lui. Son ombre semblait plus calme aujourd'hui, elle imitait pratiquement ses mouvement, bien que celle ci n'ai pas de bras cassé.

[Mornagest]

L'heure du départ arriva rapidement, et après quelques acrobaties, Umbre, assisté de deux membres du groupe, parvint à se tenir sur son cheval. Il ne pouvait pas vraiment tenir les rênes, aussi durent-ils veiller à ne pas chevaucher à une allure trop poussée, du moins le temps de sortir du Bosquet des Pierres.

"J'espère que nous quitterons cet endroit après le dîner. Je n'ai pas vraiment envie de passer une nouvelle nuit dans ces bois sinistres peuplés de créatures de la sorte."

Fort heureusement, le groupe n'eut à essuyer aucune autre attaque durant le reste de leur périple sur ces terres. Il fit cependant quelques haltes en chemin, le mage ayant besoin de récolter certaines plantes pour Umbre, qui ne pourrait s'acquitter de cette tâche au vu de son état.

Suite vers la Cordillère du Faucon

[Umbre]

Umbre serrait les dents à chaque pas de son cheval. Son bras en écharpe était maintenant bleu et gonflé au niveau de la fracture. L'immobilisation faite par Brianna était plus que salutaire et les pauses nécessaires au mage pour sa cueillette était plus que bienvenus. Mais Umbre ne lâchait pas prise et le voyage se poursuivait bien qu'un peu plus lentement en direction de la Cordillière du Faucon.

[Zyl]

"D'acc, chef."
Sheaxie ôta ses gants verdâtres et les jeta sur le côté alors que l'Homme-Lézard s'éloignait, étira un moment ses épaules fatiguées de s'être penchée, et entreprit d'installer le matériel, prenant bien soin de ne serait-ce qu'effleurer les instruments dont elle n'avait aucune idée de la fonction -un bon nombre-, sur la petite table prévue à cet usage. Non seulement ils n'avaient pas une tête très seldarinique, mais ils avaient aussi l'air très fragiles. L'orque se contenta de dégager suffisamment d'espace pour ses magnifiques coudes verts et musclés (et surtout les autres instruments, ceux dont elle *connaissait* l'emploi et qui lui serviraient). Elle s'attacha les cheveux, chercha un moment dans le matériel d'alchimie jusqu'à tomber sur des lunettes de protection -la cigüe dégagerait sûrement, en plus de son odeur abominable, des sucs pas très bons pour les yeux-, renfila ses gants et s'attela à sa tâche, commençant par découper la plante en tronçons plus maniables.
La demi-orque ne mit pas longtemps à s'absorber dans son travail. Voilà. Ça, ça lui plaisait. Découper une honnête plante pleine de poison bien juteux, sans que quiconque ne cherche à la tuer. Toute seule. Tranquillement.

[Mornagest]

Seule ? La question avait le mérite d'être posée. La clairière abritait un nombre impressionnant de créatures diverses et variées, aux mœurs du même bois. Si Sheaxie ne craignait rien concernant la plupart d'entre ces bestioles, c'est qu'elle-même était source de danger pour elles... et elles évitaient de l'approcher. Quelque chose de vert et d'aussi grand ne pouvait être amical. Sauf bien sûr si l'on était soi-même un orque.

L'apprenti sorcière avait réduit en petits bouts les tiges de ciguës et entreprenait de les écraser afin d'en récolter la sève. La tige, creuse, était résistante, et elle fit quelques efforts avant de parvenir à les réduire suffisamment en bouillie et obtenir, dans le fond du mortier, une pâte verdâtre d'aspect indéfinissable.

Elle se débarrassa des restes de tiges et incorpora les feuilles à la mixture, broyant à nouveau, avec plus de facilité cette fois. L'apparence visqueuse de la préparation faisait vaguement penser à des restes de gobelins écrasés par un oliphant, se dit-elle succinctement avant de s'arrêter brusquement dans son geste. Elle avait entendu un bruit.

[Zyl]

Elle leva les yeux, remonta les lunettes sur son crâne et jeta un regard circulaire à la clairière, posant son pilon sur la table.
"Chef ?"
Elle renifla l'air, mais évidemment ne sentit guère d'autre parfum que le doux fumet de pipi de chat de sa préparation.

[Mornagest]

Elle devait s'y attendre, les ennuis allaient encore lui tomber dessus à bras raccourcis. Après tout, c'était le train-train habituel depuis qu'elle était arrivée à Melandis, sinon avant encore. Qu'allait-il sortir des taillis pour l'assaillir brutalement et l'égorger avec violence et force ricanements sadiques ? Alors qu'elle se préparait à se défendre en cas - très probable - de besoin, elle s'imaginait une troupe d'orques sauvages, un troll géant, une meute de nains imbibés de bière et qui ne retrouveraient pas leur nombril sous leur barbe...

Un petit chat sortit des fourrés, fixant Sheaxie de ses grands yeux verdâtres. Il hésita, puis risqua un pas dans sa direction, mesurant prudemment chacun de ses mouvements. Après un moment passé sans que l'étrange créature ne l'attaquât sans raison, la boule de poils alla se frotter à ses mollets en ronronnant plus fort à chaque passage.

[Zyl]

"Salut, toi."
Sheaxie se sentit un peu bête. C'était un chat, et "Salut, toi." était une chose stupide à dire à un chat. Elle marqua une pause.
"Tu es un chat ! Oui..."
Encore mieux.
Nous devons marquer une pause dans la narration pour signaler que la proximité d'un chat diminue de manière exponentielle les caractéristiques "intelligence" et "sagesse" de tous les personnages vaguement humanoïdes (et les autres). Ce qui excusera le verbiage fort peu adapté au personnage de Shea qui est, on ne le rappellera jamais assez, une demi-orque ambitieuse, pleine de talent et qui a choisi pour se couvrir l'assurance "Paranoïa +", une assurance qui évolue avec ses besoins et ses envies.
"Un chtout pitit chaton mignon !"
Ce dont il n'avait pas besoin d'être informé, aucun chat n'en a jamais besoin mais ça leur flatte quand même l'orgueil alors ils adorent.
Sheaxie était vaguement consciente qu'elle aurait dû se méfier de la boule de poils, qui était sans aucun doute l'avatar d'un dieu vengeur venu la trucider. Oui mais l'effet pervers de la Proximité Féline agissait déjà sur son cerveau ! Regrettant de ne pouvoir caresser l'animal (ayant les gants couverts de cigüe, nous le rappellerons, ce qui aurait promis au chaton une prochaine toilette pour le moins intéressante), elle se remit au boulot, le cœur plein d'un sentiment duveteux et chaleureux désagréablement hors-personnage. Mais que pouvait-elle faire ? Tout comme elle n'était pas méchante au point de manger des cœurs d'orphelins en omelette (ils gardent mieux leur saveur sautés), elle ne pouvait pas décemment envisager de mettre un coup de pied à un chat. Poignarder un ami de longue date, trahir sa famille ou vendre un paladin au marché des harems Calimshite, d'accord, mais il y avait des choses qui ne se faisaient pas.
Ne tourne pas ton dos au chat. Il va te poignarder. Gniiih, imbécile !

[Mornagest]

Alors qu'elle réalisait qu'elle commettait probablement une erreur mortelle - la dernière de sa courte carrière d'herboriste improvisée dans une clairière dégoûtante et humide ? Sheaxie entendit à nouveau un bruit inquiétant derrière elle, à ses pieds. Ça y était, il se métamorphosait, et quand elle se retournerait, elle ferait face à une créature baveuse immense, de trois mètres de haut, les crocs aussi longs que ses propres bras, la peau encore plus verte et verruqueuse que la sienne.

Le chat s'étira, et pour attirer à nouveau l'attention de sa nouvelle amie, il planta nonchalamment ses griffes dans le haut du mollet gauche de la demi-orquette, qui sursauta abominablement pour le coup, en grognant de surprise, ce qui ne provoqua aucune réaction chez le félidé, sinon que reprendre sa position d'avant, l'arrière-train au sol, la queue fouettant la terre, le regard vers le visage de Sheaxie.

"Manger ?" semblait-il vouloir dire de ses petits yeux implorants.

[Zyl]

"Manger. Oui. Doit... Obéir maître félin. Mais plus tard, d'accord ? A moins que tu ne tiennes vraiment à mourir comme hm... Ce philosophe Calimshite... Ou Amnien, je sais plus, là."
Elle se remit à broyer sa cigüe, se sentant horriblement mauvaise. Encore une autre merveilleuse propriété des chats, ça. Les secondes qui passaient lui faisaient sentir un joug de culpabilité de plus en plus pesant.
"De toute manière, qu'est-ce-que les chats y connaissent aux philosophes ? Bon, sûrement à peu près la même chose que les demi-orques. Pas énormément, donc. Mais je suis en train de préparer un bon concentré bien empoisonné pour gagner ma croûte à moi, chat. Donc tu vas devoir patienter."
Elle cligna des yeux sous ses lunettes, s'immobilisant, et articula avec la voix la plus claire possible :
"Je suis en train de parler à un chat. Et là, je suis en train de parler toute seule. De mieux en mieux."
Elle avait une paire de pantalons épais du type qu'on met surtout pour se balader en forêt, pas pour aller danser au bal de la Duchesse. Fort heureusement, cela minimisait quelque peu les picotements des griffes du chat dans son mollet. Car il faut se souvenir que le chat est doté de six extrémité, dont une grande majorité (cinq) est pourvue en pointes.
Sheaxie acheva son plan de cigüe après en avoir extrait tout ce dont elle était capable.
Bon, je dois avoir le droit à une pause-déjeuner, j'imagine. Ils n'ont pas l'air de revenir, ces messieurs, tant pis pour eux. De toute manière, avec la cigüe, mieux faut se méfier des sandwichs des autres.
Elle ôta les lunettes, remua les cheveux avec un mouvement plein de feuilles mortes et de terre à défaut de grâce, puis enleva ses gants et se rinça les mains à l'eau.
Puis Sheaxie bailla, et entreprit d'aller trouver de quoi manger dans le chariot, ramenant avec elle une petite portion de viande séchée supplémentaire qu'elle fit tremper dans de l'eau avant de la donner au chat, se demandant vaguement pourquoi elle faisait ça pour une créature sauvage qui ne lui rapporterait rien d'intéressant (à part peut-être un peu d'urine sur les bottes, si elle avait de la chance). Elle tenta de savourer son repas, ce qui était une tâche ardue même lorsqu'on était doté de la capacité de focalisation de Sheaxie, étant donné que le pain était sec, la viande coriace et qu'elle détestait l'eau-de-vie au point d'abandonner l'idée d'en boire à peine les lèvres sur le goulot. Elle avait des mûres, heureusement. Ouf.
Son héritage orc, fort heureusement, l'avait dotée de mâchoires à toute épreuve, d'une qualité inimitable par tous ces faiblards d'humains et d'elfes, et à peine égalée par celles des nains (chez qui les cailloux étaient une composante vitale des petits pots pour bébés, ou c'était du moins ce qu'on lui avait dit).

[Mornagest]

En avait-elle consommé elle-même récemment, pour perdre ainsi la raison ? Il fallait croire que la présence d'un matou modifiait le comportement de façon dramatique, et ce même pour les plus ignobles des cruelles créatures que Toril pouvait compter, à savoir, les femelles demi-orques.

Heureusement pour cette dernière, nul témoin ne pouvait enregistrer la scène et la diffuser largement ; les preuves compromettantes, cela n'existait pas encore vraiment dans les Royaumes - grave erreur s'il en fût.

Manifestement heureux d'être récompensé de sa persévérance tenace et de ses talents d'acteurs auprès de la créature verte et presque aussi poilue que lui, le chat se délectait de la viande en en engloutissant la totalité en quelques minutes, puis en se pourléchant les babines par la suite, avant de s'étendre paresseusement non loin de Sheaxie, fouettant l'herbe de sa queue, cette fois, et la toisant avec un regard emprunt de dédain caractéristique de la gente féline, tout en s'exposant avec une grâce qui ne pouvait laisser indifférent que les plus revêches des morts-vivants de ces contrées. C'est qu'on leur donnerait les bons dieux sans confession, à ces sales bêtes, juste à cause de leur apparence si "peluche". Alors qu'en réalité, elles avaient un caractère de liche avec une solide gueule de bois suite à une soirée anniversaire chez Lulu trop arrosée - la soirée, pas Lulu, quoique...

[Zyl]

"Tu sais, j'avais un rat, autrefois."
Fit-elle en se relevant, jetant au félin paressant un regard qui n'était pas dénué de jalousie. Bien sûr, les chats n'avaient pas besoin de *travailler* avec des poisons, eux, pour gagner leur vie. Ils étaient des chats, en vertu de quoi ILS ÉTAIENT DES CHATS. Et donc dotés de tout un tas de propriétés intéressantes et quasi-magiques pour faire se plier à leurs désirs et sans effort à peu près tous ceux qui passaient.
"Je veux dire, un gros, hein. Il t'aurait mis en pièces, hé. Un vraiment gros rat. Comme ceux que tu as sûrement la trouille... Nan, c'est la paresse, hein ? De chasser pour te nourrir."
Elle renifla et se remit au travail. Lunettes, puis gants, cigüe, mortier, pilon. Elle se demanda vaguement ce que Led Shark comptait faire avec les quantités astronomiques de cigüe qu'il avait l'air de vouloir obtenir. Elle entrait sûrement dans la préparation de pas mal de produits médicinaux et un peu moins médicinaux (ou alors médecine-terminale-inaux). Les affaires de Led Shark devaient aussi pas mal marcher, s'il avait le luxe de trois esclaves pour tenir sa boutique en son absence, après tout. Elle se demandait tout de même comment tout ce qu'ils ramasseraient, même raffiné, tiendrait dans le chariot, qui contenait déjà vivres, matériel d'alchimie et passagers. Led Shark ne leur avait sûrement pas fait faire tout ce chemin pour de la cigüe seule.
Le chat n'étant pas d'une conversation remarquable, les pensées de Sheaxie se remirent donc à leur marche en boucle paranoïaque habituelle, concoctant avec un délice qu'elle se refusait d'admettre mais qui était bien réel divers plans pour s'en sortir en cas de problèmes divers (y compris une attaque par un chevalier-épouvantail de trois mètres de haut monté sur wyverne, on ne savait jamais).

[Mornagest]

Le chat se désintéressa de la demi-orque, et alla s'installer sur un coin d'herbe pas trop haute pour être sèche pour s'allonger et battre de la queue de façon apparemment aléatoire, mais en réalité parfaitement étudiée pour être effectué entièrement au hasard. Il regardait Sheaxie entre les deux minces fentes de ses paupières presque entièrement fermées, une lueur sournoise et à la fois indifférente dans ce qu'il restait de visible de ses pupilles.

Alors que l'intrigant félidé échafaudait un plan machiavélique pour soutirer de la nourriture à la créature verte, l'homme-lézard revint de son escapade, les bras chargés de plants de diverses tailles, formes et origines.

"Voilà, une affaire rondement menée. Vous zzz'en avez terminé, Gahe ? J'aurai bezzzoin de votre aide pour nettoyer tout sssesssi."