Page 3 sur 18

Posté : jeu. 23 mai 2013, 13:54
par Galathée
Gérold finit par se mettre debout. Il était légèrement plus grand que Claris et il dérouilla lentement ses épaules, concentré.
" Ils ne devraient pas revenir me voir avant demain. Enfin... Je dois avouer que je n'ai qu'une idée approximative de l'écoulement du temps... Mais ils ne me donnent à manger qu'une seule fois par jour, je pense, donc... Comme ils sont venus il y a peu, ils ne devraient pas revenir de sitôt."
Il eut un sourire carnassier.
" Je dois avouer que je ne serais pas contre les massacrer jusqu'au dernier. Il m'est venu quelques idées plutôt alléchantes pendant toutes ces heures d'attente..."
Son regard revint sur Claris.
" Mais je te suis redevable et je me plierai donc à tes décisions. Si celles-ci nous mènent dans le ventre du temple, ainsi soit-il ! Je n'ai pas peur des vieux squelettes."

Posté : jeu. 23 mai 2013, 15:01
par Claris de Corvimande
Claris se souvint soudain des restes de repas abandonnés un peu plus haut, et des quelques fruits conservés depuis. C'était peu, mais cela calmerait peut-être la faim que devait éprouver Gérold.

« Tiens, si tu en as besoin… »

Que faire, ensuite ? Diriger les opérations était assez stimulant ; néanmoins, cela restait peu habituel pour Claris.

« Quand j'ai commencé à descendre, ils étaient en train de débuter une réunion à l'extérieur. Je ne sais pas pour combien de temps ils en ont, mais c'est peut-être le bon moment pour aller fouiller un peu du côté du trésor et de l'antre de leur chef. Et si le chef lui-même est encore là, et seul… ma foi, tant pis pour lui. »

Le regard de Claris en prononçant les derniers mots était très explicite. Sa famille, après tout, ne vénérait pas le Scribe de la Mort en vain…

Posté : jeu. 23 mai 2013, 16:35
par Galathée
Il haussa les sourcils.
" Je crains de ne pas pouvoir t'être d'une utilité formidable... Ces scélérats ont massacré mon corbeau et je n'ai évidemment pas eu le loisir d'emporter mon grimoire... Il me reste une ou deux broutilles en tête, mais une fois que je les aurai dilapidées... Et bien, je serai le vaillant mais parfaitement inoffensif Gérold de Vainevie !"
Il marcha vers la porte et posa l'oreille contre le bois, avant de se redresser.
" Je ne sais pas s'il est très inspiré de se ruer face au chef de leur bande sans avoir un plan précis... En fait, je ne suis pas certain qu'il soit très prudent de se ruer vers lui, quelles que soient les circonstances... Il est plutôt grand et costaud, et à mon avis, il manie la dague un peu plus efficacement que toi ou moi."

Posté : jeu. 23 mai 2013, 17:00
par Claris de Corvimande
Claris porta la main à son épée.

« J'ai un peu plus d'allonge avec ceci au bout du bras. Mais tu l'as vu, et moi non : je me fierai donc à ton jugement sur lui.
J'aurais supposé que, s'ils s'étaient tous réunis au dehors, il serait avec eux ; mais je viens de me souvenir d'un bruit autre que celui qui m'avait guidé jusqu'à toi : peut-être était-ce dû à sa présence. Dans ce cas, il nous faudra être prudents… mais nous pouvons tout de même profiter de la tranquillité relative pour explorer davantage ce niveau.
 »

Avant de quitter la pièce, Claris dégaina l'une de ses dagues et la tendit à Gérold.

« Ce sera toujours un recours si tu en viens à épuiser tes “broutilles”… qui sauront, c'est certain, être utiles. Et toutes mes condoléances pour ton corbeau. »

Faisant honneur à leur nom, plusieurs mages de la famille de Corvimande avaient eu un tel animal pour familier, et Claris, quoique n'ayant aucune expérience de la magie, comprenait ce que cela pouvait signifier.

Mais il n'était pas temps de s'en préoccuper. Pour l'heure, la main prête, au cas où, à saisir son arme, Claris sortit prudemment de la pièce. Si le chef se tenait au bout de ce couloir, revenir en arrière et s'engager dans le dernier couloir pourrait s'avérer la meilleure option…

Posté : jeu. 23 mai 2013, 20:28
par Galathée
Gérold la suivit, les pieds nus sur la pierre craquelée. Elle l'entendit jurer à voix basse puis redoubler de prudence. Le petit grattement se faisait toujours entendre et lorsque Claris amorça le tournant, veillant à rester dissimulée dans l'ombre, elle aperçut l'embrasure d'une porte ouverte, illuminée par une lampe à huile tremblotante, et la silhouette d'un homme assis, écrivant sur du parchemin. Difficile d'en distinguer davantage à la distance à laquelle elle se trouvait, mais elle devina également une seconde forme penchée sur la première. Le brigand était affairé mais il n'était pas seul. Gérold posa une main légère sur son épaule.
" Je crois qu'on vient derrière nous..." souffla-t-il.

Posté : ven. 24 mai 2013, 00:46
par Claris de Corvimande
Il fallait donc faire vite.
Le brigand était occupé, et ne risquait donc pas de les remarquer dans l'immédiat – il savait écrire, visiblement, ce qui, déjà, faisait remonter d'un cran le sérieux qu'on pouvait lui accorder – et l'autre silhouette ne semblait pas davantage attentive à ce qui se passait au dehors ; c'était déjà une chance.

Les vêtements de Claris n'étaient pas particulièrement criards et, son anneau inactif, il lui était possible de passer relativement facilement inaperçu dans les ténèbres environnantes – du moins, tant que les passants n'amenaient pas leur propre lumière avec eux. Mais il était probable que ce serait le cas.

Aussi prestement et silencieusement que possible, Claris fit signe à son compagnon de battre en retraite : la porte de la pièce où Gérold avait été enfermé serait sans doute leur meilleure assurance de passer inaperçus, si les brigands avaient déjà fait leur retour dans les parages. En la laissant aussi légèrement que possible entrouverte, ils parviendraient peut-être à observer sans être remarqués…

Posté : ven. 24 mai 2013, 07:25
par Galathée
Ils repartirent rapidement en arrière et se glissèrent dans la pièce. Gérold recula jusqu'à la place qu'il avait occupée et se mit à taper sur le mur, des coups répétitifs, semblables à ceux que Claris avait entendus plus tôt. Il lui décocha un sourire désolé et un haussement d'épaules.
" Cette petite merde va encore nous empêcher de dormir, tu vas voir ça..." grommela une voix dans le couloir, puis il y eut un choc brutal contre la paroi, à hauteur de l'endroit où le jeune mage se trouvait. Le bandit jura violemment.
" Bordel, je me suis explosé la main !
— C'est de la pierre, pas du bois, imbécile, lui rétorqua l'autre.
— Je ne vois pas pourquoi on ne peut pas lui casser quelque chose. Ça le ferait taire et ça se répare aisément, pourtant.
— Aisément, aisément...
— Ils sont pleins d'oseille, ces nobles."
Les voix s'éloignaient déjà dans le couloir, vers le fond, et le bureau qu'occupait leur chef. Bientôt, Claris n'entendit plus rien. Si elle voulait les écouter, il faudrait qu'elle reparte vers l'avant, mais elle n'avait aucun moyen de savoir s'ils entendaient rester longtemps au sous-sol où s'ils n'y faisaient qu'un bref passage.

Posté : ven. 24 mai 2013, 10:02
par Claris de Corvimande
Point positif : les brigands n'avaient, semble-t-il, pas remarqué les traces laissées vers les profondeurs. Ce qu'ils n'avaient aucune raison de faire pour l'instant, ne se méfiant pas. Ce “piège” pourrait donc jouer en temps utile, sans éveiller l'attention jusque là.

Que faire ensuite ? Il aurait peut-être été opportun de profiter de ce que la discussion attire leur attention à tous pour revenir auprès des escaliers pour revenir dans l'autre couloir. Mais comment savoir si le temps dont ils disposeraient serait suffisant ?

D'un autre côté, savoir ce qui se disait pouvait être utile : on n'était jamais trop renseigné sur ses adversaires – et les brigands étaient les leurs, qui qu'il arrive : Claris doutait à présent fortement de pouvoir accomplir sa mission sans devoir, à un moment ou à un autre, croiser le fer.

Quoi qu'il en soit, il semblait peu judicieux d'aller, à deux, se faufiler jusque là : plus nombreux ils étaient, plus délicate serait la discrétion, et plus périlleuse la retraite. Gérold comprendrait, sans doute : d'eux deux, il n'était pas le plus habitué à ce genre d'exercices.

Claris souffla donc, juste assez haut pour ne se faire entendre que de son compagnon :


« Je vais aller jeter un peu l'oreille par là… attends-moi là, je reviens. »

Fallait-il donner des consignes pour le cas où Gérold l'entendrait se faire capturer à son tour ? Trop de respect pour lui pour lui demander de venir jouer les secours au péril de sa vie ; pas assez pour lui conseiller de s'enfuir en l'abandonnant sur place. Il choisirait bien seul… et le cas, de toute façon, ne devrait pas se produire, pas vrai ?

Dans un état légèrement plus nerveux qu'à l'accoutumée, Claris s'avança, l'oreille aux aguets…

Posté : ven. 24 mai 2013, 13:54
par Galathée
Gérold acquiesça et demeura en arrière tandis que la jeune fille reprenait son exploration du couloir. Elle parvint rapidement au point qu'elle avait occupé un peu plus tôt et glissa un nouvel oeil vers le bureau. Il y avait désormais deux hommes en plus de ceux qu'elle avait aperçus plus tôt. La porte était plus largement ouverte et elle put les détailler. Ils n'avaient rien de bien spécial, portaient des armures de cuir, des armes au fourreau, épées courtes et longues, dagues passées à la ceinture, et semblaient, globalement, jeunes, sales et costauds. Ils n'étaient sûrement pas issus d'une aristocratie des brigands, cela semblait clair.
" Ça me semble la meilleure chose à faire. Ensuite, nous bougerons.
— Même si ton commanditaire n'est pas venu ?
— S'il ne vient pas, on peut toujours voir directement avec le père, non ?
— Je ne ferais pas une chose pareille. Les Vainevie ont le bras long et je n'ai franchement pas envie de me taper des nécromants sur le paletot.
— S'ils ne vient pas, on l'égorge et on le jette aux vautours.
— S'il ne vient pas, on le vend. Il y a un réseau d'exportation qui part de Virziw. Ce n'est pas la porte à côté, mais il y a des antennes plus bas, notamment près du canyon.
— Je ne le supporterai pas jusque là.
— Ficelé dans une caisse, il ne te dérangera pas.
— Il va tambouriner contre la paroi avec ses pieds. Pourquoi on ne le drogue pas ?
— Ça coûte cher, le lotus. Et ça abîme. On a besoin de lui en un seul morceau.
— Pffff... J'espère que ce type va se pointer parce que je n'en peux plus.
— Bon, mais donc c'est convenu. Vous partez à la nuit, retour dans deux jours. Nous préparerons le butin en vous attendant. N'oubliez pas de ramener une paire de dromadaires."

Posté : ven. 24 mai 2013, 14:21
par Claris de Corvimande
Ainsi, l'arrivée de Claris était advenue à point nommé : quelques heures de plus, et Gérold aurait été emmené.
D'une manière assez égoïste – mais l'égoïsme n'était généralement pas chose à donner des complexes aux nobles mélandiens –, il était permit de penser qu'une arrivée un peu plus tardive, pendant le transport du prisonnier, aurait pu être intéressante également, puisque cela aurait réduit le nombre d'hommes gardant les lieux.

Ce ne fut cependant bien sûr pas ces pensées-ci que Claris évoqua en revenant en hâte auprès de son compagnon ; d'autant qu'il était possible d'obtenir un avantage plus grand encore avec son concours.


« Ils ont prévu de t'embarquer ce soir. Dans une caisse, attaché, mais apparemment indemne.
Je vois deux choix : soit on se dissimule dans les couloirs qu'ils ne fréquentent pas d'ici-là, en espérant pouvoir les abattre un par un pendant qu'ils te chercheront ; soit ils t'emmènent, je vous suis, et on élimine tes gardiens avant de revenir ici. Dans le second cas, on aura deux jours de répit avant qu'ils ne s'inquiètent – mais comme c'est toi qui irait dans la caisse, je te laisse choisir. Les deux sont aussi risqués, je pense.
 »

Claris avait parlé à mi-voix, aussi vite et clairement que possible. Il fallait se décider vite, pour agir avant qu'une irruption imprévue ne compromette les deux plans.

Posté : ven. 24 mai 2013, 15:07
par Galathée
Gérold parut scandalisé par la seconde proposition de son interlocutrice.
" Il n'est pas question qu'on me saucissonne et qu'on me fourre dans une caisse ! s'exclama-t-il, avant de s'empourprer et de baisser le ton. Ces... ces ruffians ont suffisamment posé leurs sales pattes sur mon anatomie pour toute une vie ! Je préfère encore descendre à genoux jusqu'en Ombreterre par les souterrains de ce temple ! Franchement, de Corvimande, dis-moi que tu plaisantes ! Descendons ! Affrontons des momies ou que sais-je ! Mais je ne vais pas dans une caisse. Dans aucune caisse. Que cela soit bien clair. J'ai ma dignité."

Posté : sam. 25 mai 2013, 00:15
par Claris de Corvimande
Évidemment. D'ailleurs, qu'aurait répondu Claris si la situation avait été inversée ? Mais cela valait, après tout, la peine d'avoir essayé – voir un membre d'une autre famille enfermé dans une caisse aurait eu quelque chose d'assez… amusant. Néanmoins, Gérold fut aussitôt gratifié d'un sourire entendu, comme s'ils avaient tous deux toujours été sur la même longueur d'onde.

« C'est bien ce qui me semblait. Donc, prenons la seule issue raisonnable. »

Tout en expliquant la suite, Claris se dirigea vers la porte, faisant signe à son compagnon de suivre. Il fallait faire vite.

« Comme je te le disais, l'escalier venant de l'entrée mène sur un autre escalier, continuant dans les profondeurs, et sur deux couloirs. L'un des deux vient par ici, et semble souvent utilisé. L'autre est parfois employé, mais beaucoup moins. J'ai laissé des traces les dirigeants vers les profondeurs ; il me semble donc que le plus sûr, dans l'immédiat, est de se réfugier dans le second couloir, où ils auront sans doute moins l'idée de nous rejoindre. »

Posté : dim. 26 mai 2013, 16:04
par Galathée
" Je te suis." fit Gérold, manifestement soulagé.
Ils gagnèrent le couloir, puis le petit palier, et se dirigèrent dans le second couloir, Claris devant, le jeune homme derrière. Ce second corridor semblait en tout point semblable au premier, si ce n'est qu'il s'incurvait dans l'autre direction, et qu'il n'était éclairé que sur les premières toises. Une porte béait dans le mur de gauche, une autre semblait fermée un peu plus loin dans l'ombre, puis les ténèbres prenaient peu à peu possession des lieux et le bout du parcours était complètement invisible. Ils entendirent du bruit derrière eux : une partie des brigands remontait probablement vers la surface.

Posté : dim. 26 mai 2013, 16:47
par Claris de Corvimande
Le plus important, dans l'immédiat, était de se mettre hors de vue : si les brigands les repéraient maintenant, l'intérêt de s'être dissimulés dans les parages diminuerait particulièrement. Il fallait attendre que l'alerte soit donnée, et qu'ils commencent à suivre la piste laissée bien en évidence et suggérant que le prisonnier s'était réfugié dans les profondeurs.

En entendant, après avoir réactivé son anneau, les quelques brigands approcher, Claris ne prit donc pas le temps de s'interroger sur ce que contenait le reste du couloir, qu'il serait toujours temps de visiter plus tard : la porte la plus proche, celle qui était béante, leur permettrait de se dissimuler le temps que passage se fasse. En espérant que la pièce sur laquelle elle débouchait ne recèle aucun danger…

Posté : dim. 26 mai 2013, 16:56
par Galathée
Ils se ruèrent donc à l'intérieur, puis fermèrent la porte le plus silencieusement possible derrière eux. C'était une petite pièce semblable à celle dans laquelle avait été retenu Gérold, toute en longueur, et qui ne renfermait plus rien. Une étagère vide était taillée dans la roche, ainsi qu'un ancien autel, ou peut-être une table, désormais brisée. Claris retrouva des inscriptions en langue inconnue sur les murs, ainsi qu'une gravure de serpent, cette fois plus clairement reconnaissable. Elle paraissait aussi ancienne que le temple lui-même.
" Es-tu vraiment certain qu'ils avaient l'intention de m'emmener cette nuit ? Je pensais que leur commanditaire devait venir jusqu'ici. C'est en tout cas ce qu'ils avaient sous-entendu."

Posté : dim. 26 mai 2013, 17:11
par Claris de Corvimande
Hum. Rien d'intéressant ici ; mais rien de risqué non plus, au moins. Le trésor des brigands était sans doute de l'autre côté, dans le couloir le plus fréquenté ; quant à l'objet recherché par le Façonneur, s'il ne se trouvait pas dans le trésor, il serait sans doute quelque part dans les profondeurs. Néanmoins, même si les autres salles de ce couloir-ci ne contenaient rien de mieux, les visiter permettrait au moins de passer le temps avant qu'une occasion se présente de régler leur compte aux occupants des lieux.

« Hum. Peut-être ai-je mal compris ; je n'étais pas dans la situation la plus sereine pour écouter aux portes. Je n'ai en tout cas aucun doute sur le fait que plusieurs d'entre eux doivent partir ce soir, et revenir dans deux nuits. Ils ont évoqué ce sujet juste après avoir parlé de ce qu'il adviendrait de toi… mais peut-être n'y avait-il aucun rapport entre les deux, ou bien ne comptaient-ils t'emmener avec eux que si leur commanditaire ne se présentait pas, en effet. »

Posté : dim. 26 mai 2013, 17:46
par Galathée
" Si une partie d'entre eux s'en vont, nous aurons peut-être une belle opportunité d'agir..." fit Gérold avec une grimace. " Même si j'imagine que tu ne voudras pas quitter cet endroit sans avoir trouvé ton fameux artefact. Puis-je savoir pourquoi tu le recherches ? J'ai toujours du mal à comprendre comment tu as pu arriver jusqu'ici... Je n'étais pas conscient pendant la majeure partie du trajet, mais à entendre leurs voix, ils avaient l'air d'avoir chevauché longtemps et dans des conditions passablement désagréables. Affronter les Terres du Basilic sur base volontaire... Je suis impressionné."
Il s'était arrêté devant la gravure de serpent et la repassa lentement du bout du doigt, pensif.

Posté : dim. 26 mai 2013, 18:18
par Claris de Corvimande
Pourquoi ? À vrai dire, Claris n'était pas loin de se poser la même question.

« Je… monnaie mes services, pourrait-on dire. Il y a une nouvelle échoppe en ville. Enfin, pas vraiment en ville, je pense : la porte qui y mène a l'air de pouvoir déboucher n'importe où. Bref, le type en question vend de bons objets, et cherche des gens motivés pour lui en rapporter d'autres. Comme je m'ennuyais un peu, j'ai décidé de tenter le coup, et me voilà donc là juste à temps pour te libérer. Je n'ai pas eu à traverser les Terres du Basilic : une tour en ruine, à quelque distance d'ici, fut mon point d'arrivée lorsque j'ai franchi sa porte avec ma mission. »

Il aurait été, sans doute, possible de mentir, mais à quoi bon ? Cela serait, peut-être, moins impressionnant aux yeux de Gérold, mais Claris ne recherchait aucune gloire imméritée, et rechignait à manquer d'honnêteté quand la situation ne l'imposait pas.

S'il fallait visiter, une par une, toutes les pièces de ce temple, peut-être fallait-il ne pas tarder trop à se mettre à la tâche. Celle-ci était vide ; restaient les suivantes, même si elles le seraient probablement tout autant.
L'anneau coupé pour ne pas risquer d'attirer l'attention, Claris entreprit d'entrebailler légèrement la porte, afin de regarder si les brigands étaient encore dans les parages, ou si la voie était libre pour avancer plus loin.

Posté : dim. 26 mai 2013, 18:32
par Galathée
Il n'y avait plus personne dans le couloir et aucun signe de mouvement. Gérold s'était approché derrière la jeune fille et semblait également aux aguets. Il ne put cependant s'empêcher de reprendre la parole.
" Je reconnais bien là la réputation qui t'est faite ! Partir à l'aventure, courir le danger, parce qu'on s'ennuie ! Ah, la triste jeunesse mélandienne !"
Son ton était plein d'humour sans être moqueur.
" Ce temple est ancien et remonte, m'est avis, à un temps qui précède la fondation de Melandis. Peut-être trouverons-nous ton trésor dans le sous-sol... et peut-être y trouverai-je mon compte, moi aussi... Avec un peu de chance, les bandits seront repartis lorsque nous gagnerons la surface..."

Posté : dim. 26 mai 2013, 21:10
par Claris de Corvimande
Personne… le moment adéquat, donc, pour s'approcher de l'autre porte, celle qui semblait fermée. Sans doute une autre pièce vide – mais mieux valait vérifier, au cas où. Claris s'élança donc, non sans avoir auparavant répondu à son compagnon.

« Que serait la vie sans l'aventure et le danger ? L'ennui est tout autant mortel. Mais oui, nous trouverons sans doute dans leur trésor ou dans les richesses enfouies de quoi te dédommager. Je doute cependant qu'ils s'en aillent sans te chercher lorsqu'ils auront remarqué ta disparition – mais nous leurs ferons comprendre ce qu'il en coûte de se prendre à la noblesse mélandienne. »

Posté : dim. 26 mai 2013, 21:38
par Galathée
Cette dernière phrase fit son petit effet sur le jeune Vainevie car son regard se fit plus dur et Claris devina la tension dans ses épaules. Oh oui, il avait bien l'intention de régler quelques comptes avec ceux qui l'avaient ravi à son existence protégée.
De son côté, la jeune femme découvrit une pièce similaire à la première derrière la seconde porte. Vide, poussiéreuse, elle y trouva les vestiges vermoulus de quelques tonneaux, un ancien coffre démantibulé, une sorte de boîte de pierre vide, assez grande pour accueillir un homme allongé, une nouvelle table basse, brisée. Les murs paraissaient vérolés et un rat s'enfuit dans un trou comme elle s'approchait, à moins qu'il ne se fut agi d'une grosse araignée. Gérold demeurait sur ses pas, surveillant leurs arrières, la dague à la main.

" C'est sinistre, cet endroit... commenta-t-il au bout d'un moment. Je me demande si on va trouver la même chose en bas..."

Posté : lun. 27 mai 2013, 00:21
par Claris de Corvimande
« La même chose, je ne pense pas : là, ils ont dû passer nettoyer. En bas, il y aura des ossements et des toiles d'araignées en plus. »

Ce qui ne semblait pas déranger Claris outre mesure.
Quoi qu'il en soit, l'endroit était curieux. Cette boîte de pierre, surtout, qui lui rappelait quelques uns de ses cours sur les civilisations anciennes. Avait-elle autrefois contenu un corps ? Peut-être les brigands avaient-ils profané une tombe, pour s'emparer des bijoux du défunt… Quelques légendes parlaient d'anciennes malédictions qui frappaient les auteurs de tels actes. La malédiction, cette fois, serait bien réelle, et se nommerait Claris de Corvimande.

Fouiller les lieux était sans doute inutile ; mais mieux valait s'en assurer, même si c'était rapide. Bouger quelques débris, ni plus, ni moins. Ensuite, il faudrait aller examiner l'extrêmité du couloir. Peut-être celui-ci et l'autre se rejoignaient-ils, et Claris et Gérold tomberaient-ils de nouveau sur le bureau dans lequel se tenait le chef de bande ? Il faudrait faire attention.

Posté : lun. 27 mai 2013, 08:08
par Galathée
Claris ne trouva rien qui éveillât son intérêt parmi les débris abandonnés dans la petite salle : sans doute les bandits avaient-ils consciencieusement retourné tout ce qui pouvait l'être, emportant le moindre morceau méritant d'être vendu. Gérold, de son côté, semblait toujours intéressé par ce qui se dessinait sur les murs ou s'écrivait sur les plafonds, et examinait consciencieusement tout ce qui piquait sa curiosité. Les deux jeunes Mélandiens reprirent ensuite leur exploration du couloir. Il s'incurvait comme s'il avait voulu rejoindre le premier corridor, quelques pièces supplémentaires s'ouvraient dans ses parois, toutes plus vides les unes que les autres, puis il changeait brusquement de direction. Il se terminait en un long escalier étroit et rectiligne qui, loin de descendre, semblait monter vers la surface. Claris ne put cependant progresser longtemps dans cette direction : après seulement une vingtaine de marches usées, elle se retrouva face à un mur de sable. S'il y avait eu une issue autrefois, le désert l'avait envahie, comblant le conduit du sol au plafond.

Posté : lun. 27 mai 2013, 10:28
par Claris de Corvimande
Eh bien… dommage pour Gérold, qui, certainement, aurait bien voulu revoir la lumière du jour : il allait falloir errer plus longtemps dans les profondeurs.
Claris songea d'ailleurs que le retour risquait d'être périlleux pour son compagnon : après ses longues heures d'enfermement dans les ténèbres du temple, la forte lumière du soleil du désert lui serait d'autant plus agressive. À moins qu'ils ne sortent qu'à la nuit, il serait sans doute nécessaire de voler une monture aux brigands pour réussir à parvenir jusqu'à la tour.

Pour l'heure, la route étant coupée, il fallait revenir en arrière, là où se tenaient les brigands. Avaient-ils remarqué la disparition de leur prisonnier ? Il fallait être prudent…
Cela n'empêchait cependant pas de deviser à voix basse… du moins, tant que la lumière des torche était encore loin et que son anneau seul les éclairait.


« Dis-moi, tu es certainement plus calé que moi sur le sujet… les sculptures sur les murs t'évoquent-elles quelque chose en particulier ? Je pense avoir déjà lu sur quelque chose d'approchant, mais pas moyen de m'en souvenir… »

Posté : lun. 27 mai 2013, 10:45
par Galathée
Il n'y avait aucun signe d'agitation chez les bandits : le couloir était désert et silencieux, personne ne semblait s'inquiéter de l'absence du prisonnier pour l'heure.
" Je pense qu'il s'agit d'un temple dédié à une divinité du panthéon mulhorandi. Il parait très ancien, j'imagine qu'il n'est pas impossible que des colons venus de cette lointaine contrée ait un temps occupé ces régions... Ce qui est clair, c'est qu'il a été violé par des fervents du dieu Seth."
Il s'arrêta devant une statue au visage brisé.
" Ils ont cassé tout ce qui pouvait l'être, défiguré les représentations de l'autre dieu... Sans doute Osiris, vu son allure... et blasphémé partout sur les murs. Enfin, je ne lis pas cette langue, note bien... Mais la violence dans le trait me parait explicite. Plus les serpents... Seth est un dieu qui veut avant tout la destruction de ses semblables... Mais je ne sais pas ce que ça veut dire pour les sous-sols. Cette désacralisation semble remonter à des siècles : il ne reste sans doute pas grand chose de la haine qui y a présidé."

Posté : lun. 27 mai 2013, 17:12
par Claris de Corvimande
« Mulhorande… ça explique que je ne me rappelle pas ; je connais mieux nos histoires de religions à nous. C'est assez curieux qu'ils soient venus jusque dans nos régions, en tout cas. »

Quoi qu'il en soit, ils étaient maintenant de retour dans les parties éclairées, et rien, semblait-il, n'avait bougé. Que faire ensuite ? Retourner dans l'autre couloir, vers l'antre du chef de bande, ne serait pas le plus judicieux tant que ses sbires étaient à proximité. Attendre qu'ils découvrent la disparition du prisonnier, si ce n'était pas encore fait, serait long, et sans doute peu utile. Non ; l'heure était venue de s'enfoncer plus loin encore sous le sable.
Claris hésita un instant : fallait-il effacer les traces laissées ? Cela ne leur garantirait pas la sécurité dans les profondeurs, car les brigands n'auraient pas besoin de traces pour supposer qu'il s'était enfui par là ; et attirer quelques uns d'entre eux en bas permettrait de les affronter séparément, plutôt que tous ensemble à la remontée. En revanche, il y avait une précaution essentielle à prendre.


« Marche bien dans mes pas. Mieux vaut éviter qu'ils apprennent prématurément que nous sommes deux. »

Posté : lun. 27 mai 2013, 17:30
par Galathée
Gérold obéit docilement et les deux jeunes gens s'approchèrent à nouveau de l'escalier obstrué. Ils se glissèrent sans peine entre les rochers tombés et gagnèrent les marches qui descendaient plus profond dans le temple. Elles étaient usées, couvertes de poussière, et semblaient s'enfoncer dans une obscurité de plus en plus dense, que l'anneau peinait à dissiper. Un courant d'air presque froid remonta subitement des ténèbres, sifflant, et Claris entendit son compagnon sursauter.
" Moi qui trouvais ça sinistre plus haut... souffla-t-il. Comment peut-on être certain qu'on ne va pas tomber sur un piège quelconque ?"
Des statues défigurées jalonnaient toujours leur parcours, mais elles étaient désormais plus petites, placées dans des niches espacées toujours de la même distance, et Gérold s'immobilisa pour en prendre une, qu'un coup avait sectionnée à mi-hauteur.
" En plus, si c'est bien Osiris, il y a sûrement une nécropole, là-dessous... Et en imaginant que les adeptes de Seth l'aient visitée... Oh... Je préfère ne pas y penser. Avec un peu de chance, ça comptera pour mes travaux pratiques de nécromancie !"

Posté : lun. 27 mai 2013, 23:23
par Claris de Corvimande
« Oui, au moins, ça risque d'être drôle… »

Le ton enthousiaste de Claris ne masquait pas entièrement l'appréhension qui commençait à se faire sienne. Où diable mettaient-ils les pieds ?

Théologiquement, se posait une question intéressante. Jergal lui-même, du temps où il était dieu de la Mort, ne voyait pas d'inconvénient à lever des armées de défunts, tant que la Mort recevait au final son dû ; mais Kelemvor, qui avait reprit cette attribution et dont Jergal s'était fait le scribe, les considérait comme une abomination. Tous deux avaient par ailleurs combattu Velsharoon, dieu des morts-vivants.
Claris, qui n'avait jamais encore eu directement affaire avec des créatures de se genre, se demandait quelle serait sa réaction s'il s'en levait face à eux, ou si son compagnon faisait mine d'en lever lui-même – fort heureusement, ou non, il était assez peu probable qu'il ait la maîtrise et l'expérience requises pour ce faire.

Redoublant de prudence tout en réfléchissant à la question, Claris avançait dans l'escalier, priant pour que la lumière de son anneau suffise à leur progression. Si les brigands les poursuivaient ici, cela serait certainement intéressant…

Posté : mar. 28 mai 2013, 12:32
par Galathée
Mais de poursuite, il n'en était pas encore question. Claris réalisa d'ailleurs que l'escalier semblait s'être refermé derrière eux : les ténèbres étaient telles qu'elle ne parvenait plus à distinguer la sortie et elle ne percevait pas encore de point d'arrivée. Non, rien que des marches usées, de la poussière et l'obscurité, parfois des pierres roulant sous son pas. Le souffle de Gérold, les battements de son propre coeur. Et bientôt une odeur. Au début, de renfermé, comme si on n'avait plus ouvert les fenêtres d'une chambre depuis des années. Puis de terre, humide, sauvage, l'humus du fond des bois, chargé de pluie, havre des champignons. Champignons... Pourriture. Oui, une odeur plus forte, à présent, âcre, désagréable, des effluves de décomposition, de mort. Mille rats crevés dans le fond d'un tonneau vermoulu.
" Est-ce qu'on est vraiment sûrs que c'est une bonne idée ? demanda alors Gérold d'une voix incertaine. Est-ce que ça en vaut vraiment le coup ?"

Posté : mar. 28 mai 2013, 14:29
par Claris de Corvimande
L'endroit était… charmant. L'odeur, à la fois étrangère et familière de la mort… Si Kelemvor présentait la mort comme partie intégrante de l'existence, naturelle et nécessaire, Jergal, lui, insistait sur sa nature de grand mystère – et cette seconde vision semblait beaucoup plus adaptée en ces lieux.

« Sommes-nous sûrs ? Non. Mais si ce n'est pas une bonne idée, en as-tu une meilleure ? Je ne pense pas que rester au milieu des bandits et de leurs animaux soit tellement mieux que ces ténèbres inconnues ; et si par malheur nous réveillons quelque chose ici… eh bien, nous pourrons toujours remonter en attirant cette chose sur eux, je pense. »

Le masque d'assurance dont Claris se revêtait ne servait pas qu'à impressionner Gérold, mais également à exorciser ses propres peurs. Entre la crainte et la curiosité, la seconde avait d'ores et déjà prit le dessus.