[Quête] La Lune Noire

[Manfred]

« Rien qui ne concerne la raison de votre présence ici », répondit l’homme au sujet du livre.

Il n’était visiblement pas disposé à en parler. Il avait retrouvé sa froide neutralité, ce petit air supérieur. Le livre rangé, il refit face à Louve.

« Demain, vous ne reviendrez pas ici. Les villageois ignorent ma réelle nature. Pour eux, je suis juste un noble sur le déclin et je tiens à le rester. Je vous retrouverai dans la forêt. Il y a un arbre tordu, adossé à un rocher, pas très loin de cette maison, pas très loin de l’orée aussi. J’y serai quand le soleil sera au zénith. Ne vous montrez à moi que si je suis seul. Compris ? »

[Louve]

Tout ton petit protocole, fruit d'une petite mécanique bien huilée. Ta survie dépend de cela, la mienne aussi je crois. Une contrainte mais à laquelle je dois me plier si je dois découvrir. Tant que le jeu me plaira, je resterai bien sage, promis.

"Compris."

Il me semble que notre entretien est clos. J'ai peur qu'après, tu te mettes à pontifier comme une vieille humaine sr les principes de prudence.

"A demain, donc."

[Manfred]

« A demain », répondit simplement l’homme.

Il rouvrit fenêtre et volets, puis jeta un coup d’œil dehors. Enfin, il libéra le passage, invitant implicitement Louve à sortir par celui-ci. Il faisait encore nuit noire. Tout était calme.

« Ne soyez pas en retard. Je n’attendrais pas. »

[Louve]

Ton protocole, tes mises en garde, tes petites menaces pour t'arroger mon obéissance. Crois-tu pouvoir me faire plier ? Me crois-tu paladine, bête et disciplinée ? Bête, je suis, puissante. Mais je ne te sous-estimes pas. Tu coordonnes et tu es un intermédiaire direct entre les autres et ton prince. Quelque chose me dit que tu mérites du respect et que tu en attends. Tu es peut-être un adversaire redoutable. Mieux vaut être de ton coté, pour l'instant.

"A demain donc. Je serai là."

Louve sortit par la fenêtre, aussi discrètement qu'elle était rentrée. Discrètement encore, elle gagna la forêt, s'assurant qu'elle n'était pas suivie. Elle arriva au point de rendez-vous du lendemain, le dépassa volontairement. Puis elle revint sur ses pas par un autre chemin. Puis, lestement, elle grimpa dans un arbre. Comme elle en avait l'habitude, elle se cala entre une branche solide et le tron, et s'endormit presque aussitôt.

[Manfred]

Louve s’étant légèrement enfoncée dans la vieille forêt, les ramures la préservèrent des premières lueurs de l’aube. Ce fut quand les rayons du soleil se frayèrent un chemin jusqu’à elle que son sommeil réparateur prit fin. Autour d’elle, le verdoyant décor Silvestre s’épanouissait. Le jour promettait d’être beau. La fraicheur de la nuit tardait toutefois à s’en aller. Entre les troncs demeurait l’ombre. Et l’ombre de cet endroit avait de quoi intimider. Elle cachait mystère et danger. Quoi qu’il en soit, avant que midi n’arrive, la lycanthrope avait plusieurs heures devant elle.

[Louve]

Louve, toujours perchée sur sa branche ouvrit les yeux, aiguillonnée par les premiers rayons du soleil. Elle avait l'habitude de dormir peu et cela depuis qu'elle était toute petite. Ou peut-être avait-elle l'impression qu'il en avait toujours été ainsi. A l'abri de la futaie, elle s'étira puis fit claquer copieusement ses articulations. Elle ne se sentait pas spécialement inquiète, plutôt impatiente de découvrir cette communauté à laquelle elle pourrait peut-être appartenir. La solitude en elle-même ne lui avait jamais paru pesante. Mais s'allier à d'autres forces pouvait s'avérer plus qu'intéressant.

Immobile, attentive aux bruits de la forêt, elle resta là, à observer. Elle n'avait pas faim. Elle mangerait en temps voulu quand elle aurait trouvé sa proie.

[Manfred]

Les heures s’écoulèrent lentement. Rien de très spécial n’attira l’attention de Louve. Quelques animaux passèrent à proximité, rien de plus. La forêt ne semblait pas attirer les villageois, même en journée. Malgré tout, quelques humains finirent par se montrer. Le soleil était alors à mi-chemin du zénith. Ils étaient trois, trois hommes robustes. Une hache de bucheron sur l’épaule, ils progressaient prudemment entre les arbres vénérables. Ils parlaient bas. Louve ne reconnu aucun d’eux.

[Louve]

Ils ne ressemblent pas à ceux que j'attends. Ils ont plus l'air de simples bûcherons. Méfiance. Sont-ils aussi un leurre à coté tout près de ces chasseurs de garous ? Ils se croient puissants avec leur hache car ils ont le pouvoir de repousser la forêt, au profit de leur civilisation. Ils ne savent même pas que le danger les guette. Ou peut-être sont-ils ceux que j'attends, prenant le fer qu'ils portent sur leur épaule comme un prétexte ? J'ai peu de moyens de le savoir. Il n'est pas encore l'heure ...

Se penchant un petit peu tout en restant discrète, elle huma de façon à percevoir leur odeur. Celle des garoux était caractéristique. Pas reconnaissable pour un odorat humain mais elle n'était pas de cette espèce. Ce faisant, elle continua d'observer la suite des événements tout en se tenant prête à changer d'arbre s'ils s'en prenaient à celui dans lequel elle s'était perchée.

[Manfred]

Louve ne décela pas la moindre trace de garou dans les odeurs qu’elle sentit. Et les bucherons poursuivirent leur route, ignorant qu’ils étaient observés. Bientôt, ils avaient disparût et l’attente de la rousse reprit. Le soleil montait. La journée était belle, presque sans aucun nuage. Il faisait chaud. Par-delà la forêt se percevait les aboiements d’un chiens et quelques infimes éclats de voix... signe du bourg proche.

Voilà enfin midi arrivé. Et Louve le vit. Sans aucun doute c’était lui. Pile à l’heure, pile au lieu du rendez-vous. Le jeune homme plein de noblesse hautaine s’avançait, l’air absent de celui qui se balade. Sa chevelure noire, ses habits usés, sa pâleur fatiguée. À sa ceinture, son épée. L’odeur était bien celle du même loup. Et celui-ci était seul...

[Louve]

Louve ne voulut pas qu'il la voit perchée dans un arbre. C'était un manque de dignité certain. Elle se tapit donc plus avant dans les frondaisons pour descendre là où il ne la verrait pas. Il sentait assurèment son odeur et savait qu'elle était proche. Aussi ne chercha-t-elle pas à se dissimuler plus longtemps.

Accoudée contre le tronc qu'elle venait de descendre, elle attendit qu'il croise sa route. Un léger sourire sur le visage, elle dissimulait tant bien que mal son impatience.

[Manfred]

Le noble devait avoir effectivement senti Louve avant de la voir car lorsque ses yeux froids tombèrent sur elle, c’est à peine s’il eut une réaction. Il se contenta d’avancer à une allure égale. Lorsqu’il passa à côté d’elle, il lui adressa un unique mot :
« Venez. »
Voilà tout et déjà il poursuivait sa route. Il s’enfonçait dans les profondeurs de la forêt.

[Louve]

Louve regardait de tous ses yeux. Ce n'était pas qu'elle ne connaissait pas la forêt, au contraire. Elle avait depuis toujours constitué son refuge et surtout son terrain de chasse. Aujourd'hui, elle guettait, le nez et les oreilles à l'affut, cherchant à détecter d'éventuelles indices de la présence de ses semblables. Elle n'était pas inquiète - elle avait netemment les capacités de parer une attaque - mais elle restait néamoins sur ses gardes.

Les muscles bandés, attentive, elle suivait son guide à qui - elle ne mit pas longtemps à s'en apercevoir - elle n'avait pas demandé son nom.

[Manfred]

Après avoir cheminé près d’une demie heure, s’enfonçant sans cesse plus profondément dans la vieille forêt, Louve, guidée par l’aristocrate taciturne, finit par pénétrer dans une petite clairière. Les ramures des arbres s’étendant loin, seule le centre de cette clairière laissait apparaître librement le ciel bleu. Par cette trouée dans le feuillage, la lumière tombait sur le sol herbeux en une sorte de colonne. Ici, les senteurs sauvages étaient fortes.

Louve perçut également une autre odeur. Elle lui fit penser à celle de Zig, mais en plus intense, en plus prégnante... Elle repéra, non loin de la colonne ensoleillée, mais tapis dans l’ombre, une forme voutée. En s’approchant d’avantage, elle constata qu’il s’agissait d’une vieille femme. Son visage ridé et anguleux inspirait celui d’une sorcière. Ses cheveux gris, longs et gras, dégringolaient sur ses épaules et dans son dos. Elle portait une robe informe et s’appuyait sur un bâton tout aussi noueux que ses membres rachitiques.
« C’est elle », déclara sobrement l’homme à l’intention de la vieille.

[Louve]

Louve était bien placée pour savoir qu'il ne fallait pas se fier aux apparences. Qu'une personne gracile pouvait abriter en lui un animal sauvage au sens propre comme au figuré. Aussi ne regarda-t-elle pas le moins du monde l'ancêtre de haut, au contraire, elle la salua avec respect. Peut-être la vieille dame était-elle la cheftaine de la meute. Aussi mieux valait-il la traiter avec toute la déférence qui lui était due.

Par politesse également, elle la laissa s'exprimer la première. Mieux valait d'emblée faire bonne impression. Adoptant non pas une attitude mielleuse mais pas une attitude de défiance non plus.

[Manfred]

L’ancêtre s’approcha en claudiquant de Louve. Elle détailla cette dernière de la tête aux pieds, s’approcha encore, lui saisit sans prévenir le menton et plongea ses yeux perfides dans les siens. Louve, quant à elle, n’avait plus le moindre doute : derrière cette vieille femme se cachait un rat. Elle pouvait assez facilement imaginer le visage de rongeur en s’inspirant des traits ridés de la vieillarde.
« Hummm... peut-être une bonne candidate... » marmonna l’ancêtre pour elle-même.
Elle se tourna vers l’aristocrate.
« Du vent ! Vos absences à répétition suscitent des doutes à votre sujet. Or nous avons besoin que vous restiez en poste encore un petit moment. »
Le noble acquiesça d’un geste raide avant de s’en aller. Ces deux là ne devaient pas énormément s’apprécier. Un loup pouvait-il se laisser commander par un rat ? Apparemment oui, lorsque le rat en question avait tant d’expérience. Il y avait assurément le poids de toute une vie de machination sur les épaules de la vieille. Lorsque le loup garou eut déserté la petite clairière, l’ancêtre reprit à l’intention de Louve :
« Tu es donc venu nous voir... Nous, La Lune Noire... mais pour y trouver quoi au juste ? »

[Louve]

Louve regarda l'ancêtre sans exprimer ni mépris ni dégout. Pourtant, ils faisaient déjà tempête sous son crâne. Un rat ... Quelle bassesse. En même temps, ce n'était surement pas pour rien que le rongeur était arrivé en haut de la pyramide. Donc méfiance. Mieux valait faire abstraction de ses à priori si elle voulait être acceptée.

Justement, l'aïeule lui posait une question au sujet de ses intentions. Elle répondit au bout de quelques instants.

"Jusqu'à récemment, je n'avais jamais appartenu à une meute. Mais au fil du temps je me suis aperçue que l'on nous méprise, que l'on nous chasse. Nous sommes obligés de nous cacher des hommes. Cela n'est pas normal. Notre race est noble. C'est nous qui devrions vivre en maître et devenir les chasseurs plutôt que les proies. En nous alliant, nous leur serions supérieurs. Et je veux contribuer à cela."

[Manfred]

« Je vois... je vois... », croassa la vieille, sans cesser d’observer Louve.
Ses yeux semblait vouloir percer la jeune femme jusqu’aux tréfonds de son âme. Elle finit toutefois par s’éloigner de quelques pas, se tenant soigneusement à distance de la colonne de lumière, comme si le soleil pouvait la brûler.
« Zig nous a parlé de toi. En bien. Il a presque fait tes louanges. – Petit ricanement. – Il semble que tu l’as rencontré lors de son épreuve. Qu’as-tu à me dire là-dessus ? Que s’est-il passé, la nuit dernière ? »

[Louve]

Louve réfléchit un moment avant de répondre.

"Que la nuit dernière, j'étais encore ignorante. Je ne connaissais rien de la Lune Noire ni des épreuves initiatiques pour la rejoindre. Je ne savais rien non plus qu'il existait une faction adverse dont le but est de nous confondre et de nous chasser. Ils nous connaissent, nous et nos vulnérabilités. La lame de Rolau m'a causé une blessure qui est restée ouverte. Zig m'a dit qu'il s'agissait d'argent. Aujourd'hui, je m'éveille avec un but et un ennemi à poursuivre : les Lames d'Argent."

[Manfred]

« Intéressant... »
La vieille eut un sourire énigmatique. Puis elle eut un léger mouvement de la tête.
« ...Seulement, tu n’as pas vraiment répondu à ma question. Je t’ai demandé ce qui s’est passé, pas ce que tu en as retiré, ce que tu en as pensé. Comprends-tu la différence ? Ou... fais-tu exprès d’être vague ? Je répète : que c’est-il passé, hier ? Tâche d’être précise. »

[Louve]

Louve hocha la tête. L'heure n'était point au badinage.

"Je m'approchais du hameau lorsque j'ai vu un homme et Zig que je pris d'abord pour un enfant se diriger vers le couvert des arbres. Je les ai suivis à distance jusqu'à ce que Zig l'attaque. Comme j'ai reconnu un de mes semblables et que je trouvais le combat déséquilibré, je suis intervenue. J'ai mésestimé ce chasseur de loups garoux car il est parvenu à me blesser et la plaie n'a pas cicatrisé. Mais Zig et moi sommes parvenus à le maîtriser puis à le tuer. Il m'a parlé de vous puis m'a montré l'amulette que l'homme portait autour du cou. Zig l'a décapité avant de partir. Puis j'ai laissé le corps en vue pour montrer notre supériorité. Je pense qu'il savent que nous sommes parmis eux parcequ'ils nous traquent. Mais je voulais qu'ils sachent que nous ne nous laisserons pas faire sans apposer de résistance. Zig m'a parlé d'une maison dans le village qui appartenait à un membre de la Lune Noire. Et il m'a conduit ici ..."

[Manfred]

« Et Zig t’avait aussi demandé de dire que tu n’étais pas intervenu, car il devait s’occuper du tueur de garou seul », compléta aussitôt la vieille, avec une certaine fourberie dans la voix.
Elle laissa quelques secondes de silence s’écouler, peut-être pour éprouver l’aplomb de Louve, puis ajouta sur le ton de la conversation :
« Mais Zig ment mal. Je savais déjà tout. Ainsi, tu as été franche. Un bon point pour toi. Je pense que tu plairas au Prince de la Lune Noire. Je suis Malagate, sa conseillère, et sa représentante en son absence. »

[Louve]

Louve se redressa avec au coeur du ventre un sentiment de fierté. Elle était surprise de découvrir que la dénommée Malagate n'était encore qu'un intermédiaire. Cela s'expliquait immanquablement au vu des Chasseurs présents dans la région. Elle demanda.

"Me sera-t-il possible de rencontrer ce Prince de la Lune Noire ?"

Pas de "quand", ni de "Où", simplement cette question fermée et pas pressante. Elle ne voulait pas froisser l'autorité.

[Manfred]

« Bien sûr que tu le verras. C’est lui qui décide qui entre dans la meute et comment. Le Prince puise dans la sagesse et la puissance de Malar. Je gage que tu n’as encore croisé aucun lycanthrope de sa stature. »
Malagate fit signe à Louve de la suivre et commença à quitter la clairière. Malgré son âge avancé, son pas était sûr et rapide.
« Pour l’heure, le Prince est occupé. Tu vas l’attendre avec Zig. Il vous verra tous les deux et conviendra de ce qu’il faut faire. »
Une grotte ne tarda pas à émerger d’entre les arbres. À flanc d’une petite falaise, elle était quelconque.

[Louve]

Louve ne dit rien mais ne s'arrêta pas pour autant d'observer, d'écouter et de laisser venir les odeurs qui affluaient. Bien sûr, elle ne reniflait pas explicitement, cela aurait sans doute était mal vu. Elle n'était pas inquiète mais ses muscles étaient tendus, près à être employés pour la fuite ou l'attaque.

Elle allait revoir Zig après l'avoir copieusement trahi. Curieusement, elle ne se sentait pas spécialement coupable. Si elle n'était pas intervenue, il serait sans doute mort à l'heure qu'il était. Du moins, c'est ce qu'elle se disait.

[Manfred]

HRP : navré pour le gros retard. Je pensais en fait t’avoir répondu. Encore une fois, n’hésite surtout pas à m’envoyer un MP si je suis trop long. Ça évite les petites erreurs bêtes dans ce genre.

Malagate désigna la grotte et assura que le Prince de la Lune Noire ne devrait pas être trop long. Elle attendit que Louve entre avant de s’éloigner et disparaître, happée par l’obscurité de la vieille forêt.

La caverne n’était pas très profonde. La loup-garou n’eut aucun mal à déceler l’odeur de Zig. Le gamin, sous sa forme humaine, était assis sur un rocher, la tête dans les mains. Il ne semblait pas spécialement inquiet. Par contre, il s’ennuyait. À l’approche de Louve, il se redressa, révélant sa trogne assez disgracieuse et ses yeux curieux qui ne tenaient pas en place.
« Tiens, te revoilà... Tu vois que mes petites infos mènent à quelque chose. »

[Louve]

Louve le regarda avec un petit sourire indéfinissable. Voulait-il qu'elle le remercie ? Dans tous les cas, il ne serait pas forcément content quand il saurait que la vieille femme était au courant de son mensonge. Peut-être devrait-elle lui dire, ou peut-être pas. Voir sa surprise pouvait se révéler amusant. Zig ne lui servait plus à grand chose à présent. A moins que ... Pour le moment, elle ne jugeait pas utile de le froisser et encore moins de le mettre au courant.

En tout cas, il était un compagnon pour tromper son attente.

[Manfred]

Mais Zig savait déjà que ses mensonges avait été éventés. En fait, il était plus que probable qu’ayant été incapable de tromper la vieille Malagate, celle-ci l’avait contraint à dire la vérité. Sans cela, l’aïeule n’aurait pu connaître le déroulement authentique de la mort du chasseur de garou. Le môme se leva, pour se dégourdir les jambes.

« Ils savent que tu m’as aidé. Et tu dois déjà le savoir. Ça fait pas trop mes affaires. Ça fait les tiennes par contre. Ce serait bien... si on s’entendait bien. On pourrait y gagner... mutuellement. »

[Louve]

Cette fois, le sourire de Louve s'élargit considérablement.

"Moi, je veux bien t'aider. Mais toi, qu'est-ce que tu as à m'offrir ? Je ne suis pas vraiment philanthrope tu sais ... Peut-être sais-tu ce qui nous attend au delà de cette caverne ? Non que j'ai peur de ce qu'il pourrait se passer ou non. Mais je n'aime pas spécialement les surprises."

Elle n'ajouta pas que ses longues années de solitude et surtout ses chasses à l'homme l'avaient rendu un rien paranoïaque.

[Manfred]

Les yeux de Zig brillèrent de malice.

« Je ne fais pas partie de la meute, pas encore. Je sais juste qu’on va être présenté au Prince de la Lune Noire. Et je gage que tu n’as jamais croisé un lycanthrope comme lui. La suite sera autant une surprise pour moi que pour toi. Après, ce n’est pas parce que je ne peux pas te filer un coup de main tout de suite que je ne le pourrai pas à l’avenir. »

Il eut un sourire en coin.

« Vous, les loups, vous êtes les chasseurs des campagnes. Nous, les rats, on est les chasseurs des villes. Imagine qu’un jour tu doives entrer dans une grande cité, tu auras besoin des conseils d’un rat. Ce rat, ce pourrait être moi. »

[Louve]

"Donc, tu me proposerais un genre de symbiose ...", souffla Louve sans se départir de son sourire.

Mais sous l'ironie, elle commençait déjà à calculer, soupeser les arguments de Zig qu'il fallait être sot pour prendre à la légère. Peut-être la relation entre Malagate et le prince s'était-elle tissée sur les mêmes critères. Aussi, conclut-elle.

"Cette alliance me plait. Marché conclu donc."