La Couronne de Cuivre

Sylveneige alla au fond de la pièce et tenta d'ouvrir la porte. Sûr, Streen est là-dedans, songea t-elle. Où sont les petits outils ?

Brusquement l'elfe réalisa que si la pièce du fond était fermée, un des frères avait pu remarquer qu'on avait touché aux outils. Et si ces potions n'étaient pas ce qu'elles semblent être ? Si l'un des frères avait eu le temps de les changer contre d'autres, néfastes voire mortelles ?

Enfin Sylveneige s'en remit à la chance. Elle prit une potion violette, censée être une potion d'invisibilité. Et si l'un des frères lance un sort de détection des invisibilités ? Hésitante, elle regarda attentivement les fioles blanches. Se décidant enfin - et se maudissant au passage pour laisser son imagination vagabonder dans tous les sens - elle ouvrit la fiole contenant le liquide violet et la porta à ses lèvres.

Elle but une ou deux gorgées, prudemment, sans rien ressentir, puis vida la fiole, toujours sans rien ressentir. Peut-être était-elle devenue invisible ? Elle voyait ses mains, mais quelqu'un d'invisible voyait probablement son propre corps...
Elle dut tirer la lame de son épée pour constater que rien ne s'y reflétait. Elle était invisible.
Les outils étaient toujours présents, plus ou moins là où elle les avait posés précipitamment. Mais démonter la serrure -ou la porte- prendrait du temps...

Sylveneige décida d'aller aussi silencieusement que possible là où étaient Jolan et les deux frères.

Si Jolan est valide, le libérer rapidement et nous neutraliserons les deux frères... Ou alors je tue l'un des frères d'un coup bien ajusté... Mais s'il a le temps de se défendre, l'autre pourra incanter quelque sort tout pourri... Tout pourri pour moi, en tous cas... Non, vraiment, je préfère me glisser près de Jolan et le libérer discrètement... Dans ce bazar, il y aura bien un marteau que je puisse lui mettre dans les mains... Après, la surprise aidant, nous neutraliserons les deux frères aisément, je pense.

L'elfe parcourut la pièce des yeux pour trouver une arme à remettre au paladin, avant de sortir mettre son plan à exécution.

Evidemment, songeait-elle, notre mission est fichue... Mais qui sait, nous pourrons peut-être extraire quelques informations utiles de la part de ces deux malfaisants. Et puis, pas question que quiconque torture Streen.

L'elfe trouva facilement un marteau, mais également un couteau bien affûté. Les deux pouvaient servir d'armes. Il y avait du reste une bonne quantité d'outils en tout genre, qui semblaient servir régulièrement à en juger par l'absence de poussière sur la trousse à outil et les marques laissées sur l'étagère : on la déplaçait souvent.
Elle se dirigea ensuite vers la porte, mais au moment où elle s'apprêtait à sortir, elle vit les deux clercs sortir de la pièce voisine, le plus jeune poussant le paladin devant lui. Celui-ci semblait un peu groggy, peut-être à bout de force. Il avait les poignets liés derrière son dos, ou plutôt enchaînés : on lui avait passé des menottes de métal noir. Ses pieds étaient également enchaînés, mais il avait suffisamment de latitude pour avancer à condition de faire des petits pas.
Gwaric se dirigea droit devant lui, et manqua percuter Sylveneige qui n'eût que le temps de se glisser de côté : il entra dans la pièce où elle se trouvait juste auparavant et se mit à fouiller parmi les outils. Son frère, lui, tira le loquet de la porte qui semblait donner sur l'extérieur, et Sylveneige aperçut des marches d'escalier qui montaient. L'homme poussa Jolan devant lui, l'obligeant à monter les marches.
Nul n'avait remarqué la présence de la rôdeuse, bien sûr.

Ils se sont séparés, pensa Sylveneige, belle erreur ! suivre Sann et Jolan... Piètre idée, le paladin n'est pas en état de se défendre, encore moins d'attaquer ! mieux vaut attaquer subrepticement Gwaric... Qui sait quelle potion utile il pourrait utiliser si j'allais attaquer Sann ! une fois le Gwaricounet éliminé, je libère Streen et nous serons deux pour sauver Jolan. On trouvera bien une potion pour le ravigoter, mon Streen chéri.

La rôdeuse se faufila doucement derrière Gwaric et s'apprêta à frapper, son épée à la main droite, le couteau qu'elle avait trouvé fermement tenu de sa main gauche, tourné vers l'homme. Deux armes, pour un malfaisant pareil, c'est mieux, décréta Sylveneige. Elle leva son épée et frappa.

Juste au moment de frapper, il lui apparut, à la maigre lueur de la lampe qu'il tenait, que ses vêtements et même sa peau semblaient présenter d'étranges reflets. Mais son geste était lancé, et l'épée s'abattit sur l'épaule de l'homme... avec un bruit étrange, celui du fer heurtant la pierre. L'onde de choc se propagea jusqu'à l'épaule de Sylveneige, et elle manqua lâcher son arme. L'épée avait légèrement rebondi, comme si elle l'avait lancée contre un roc. Elle lui parut d'ailleurs légèrement ébréchée, mais elle n'eut pas le loisir de s'en préoccuper. Gwaric s'était retourné vers elle, l'air serein, et se mettait à incanter.

Sylveneige eut la présence d'esprit de courir hors de la pièce. Elle referma vivement la porte et chercha des yeux une pierre à pousser devant pour la bloquer.

Stupide de fuir, évidemment, mais s'il avait réussi son incantation je me retrouvais dans la même situation que Streen et Jolan... Le répit sera bref, pourtant, mais si je parviens à neutraliser Sann pendant ce laps de temps, je n'aurais plus qu'un seul adversaire... C'est bien ma veine d'avoir suivi le plus fort des deux frères, tiens ! bon, une pierre, vite !

Au milieu du couloir d'un obscur sous-sol, les chances de trouver une pierre étaient infimes, à moins d'ouvrir la porte donnant sur l'extérieur et de revenir, mais elle n'en avait pas le temps. Heureusement, il y avait, tout simplement, un loquet, qu'elle put actionner, verrouillant la porte. Peut-être l'homme disposait-il de sorts pour ouvrir une serrure, mais elle gagnait ainsi un peu de temps...
A sa gauche se trouvait la porte par laquelle Sann avait entraîné Jolan, qu'il n'avait pas complètement refermée. Au-delà, une demi-douzaine de marches menait à une sorte de terrasse. Sann était en train d'y attacher le paladin à un piquet, face à l'est, à l'aube qui se lèverait bientôt. Il tournait le dos à la rôdeuse, heureusement : il n'était pas exclu qu'attaquer Gwaric ait annulé l'effet de la potion...

Sylveneige, soulagée d'avoir pu enfermer Gwaric, passa la porte qu'avaient franchi Sann et son prisonnier et monta silencieusement les marches.

Oh le beau dos, se dit la rôdeuse avec un soupçon de malice. On va pouvoir l'embrocher, le Sann, le désosser, lui arracher sa filandreuse tripaille d'immonde personnage puant.

Moins sûre de son épée dont l'elfe sentait qu'elle avait subi des dommages, Sylveneige prit vivement son arc et deux flèches de son carquois et ajusta son tir. Deux flèches coup sur coup, ça lui donnera le temps de se tourner avant de se prendre les deux suivantes, pensa t-elle.

La première flèche atteignit l'homme quelque part au beau milieu du torse. Mais il devait être protégé par une sorte de cuirasse qui empêcha le trait d'être mortel.
La seconde l'atteignit au flanc gauche comme il se retournait, le blessant plus grièvement cette fois-ci. Le sang gicla. L'homme serra les dents et cassa la flèche sans arracher la pointe, puis saisit son épée au moment même où Sylveneige encochait la troisième flèche. Il se précipita droit sur elle, levant son arme. La flèche le blessa grièvement à l'épaule, perçant la cuirasse. Mais la rôdeuse n'avait plus le temps de tirer la moindre flèche... et à peine celui de tirer son épée pour parer le coup.

Sylveneige eut juste le temps de se décaler légèrement dans l'idée de déséquilibrer son assaillant.

Sann porte une armure, probablement une besantine de qualité. Il faudra donc viser le cou... Ou le haut de la cuisse, assez profondément pour toucher l'artère. Dégainer et frapper ! s'il tombe à son tour, je le frapperai là où il sera plus aisé de l'atteindre de façon... efficace, sinon définitive.

Son adversaire était un bon combattant, probablement plus expérimenté qu'elle, et il était protégé par une cuirasse quelconque. Mais sa blessure au flanc, sérieuse, gênait ses mouvements, et il n'avait pas l'agilité de l'elfe.
Elle n'eût aucune difficulté à esquiver sa charge, lui entaillant au passage une jambe, et se redressa avant lui. Déséquilibré par sa nouvelle blessure, il perdait encore en souplesse, mais non en force : il chargea à nouveau et finit par toucher Sylveneige à l'épaule gauche, au terme d'une esquive manquant un tout petit peu d'envergure. Fort heureusement, la blessure n'était pas profonde. La rôdeuse, en revanche, profita de la fin du mouvement pour lui asséner un coup violent à la base du cou... Et l'homme s'écroula.

Sylveneige examina Sann. Il était évanoui et elle en profita pour fouiller dans ses poches. Peut-être avait-il sur lui des potions intéressantes... S'il prend une potion de soins en sortant de son évanouissement, je suis fichue... Et une potion de soins peut me servir à moi, peut servir à Jolan... Bon, il a quoi, comme armure ? Si je pouvais lui prendre, ça aussi je peux m'en servir...

Les mains de l'elfe fouillaient le sharite avec rapidité et efficacité.

Bon, à Jolan, maintenant... Si une des potions peut le sortir de son état comateux...

La rôdeuse appela à voix basse :

- Jolan ! Jolan, ça va ?

Le seule fiole qu'elle trouva était une potion d'invisibilité. Mais elle dénicha des clés, en revanche. Tout un trousseau, parmi lesquelles, peut-être, celles des fers de Jolan.
Quant à l'armure de Sann, c'était une veste de cuir clouté, épaisse, qui serait certainement bien trop grande pour elle... mais qui ne lui serait plus d'aucune utilité à lui à en juger par le flot de sang qui s'écoulait de sa blessure. Son épée, qu'il avait lâchée, se révéla être un cimeterre à la lame brillante, parfaitement lisse, qui n'avait gardé aucune trace du sang de la blessure infligée à Sylveneige. Comme s'il l'avait absorbé.
Le paladin hocha lentement la tête en réponse à sa question.
- Ils m'ont lancé des sorts... qui m'affaiblissent... je ne servirai... à rien..., parvint-il à articuler.

hrp : prochain post probablement dans une semaine

Sylveneige jura. Elle avait espéré soit que Jolan puisse agir, l'aider à neutraliser Gwaric, soit trouver sur le corps de Sann une potion de soins à faire boire au lathandrite.

- Bon, Jolan, je ne peux pas vous aider pour l'instant... Gwaric est enfermé, mais pas pour longtemps, et il ne va pas manquer de nous tomber dessus ! patience, donc... Je vais essayer de nous débarrasser de l'affreux frérot et de libérer Streen.

La rôdeuse posa son épée près de Jolan.

- Prenez mon épée... Elle est abîmée, mais elle pourra vous servir si jamais Gwaric arrive jusqu'à vous. Je vais prendre le cimeterre de Sann... Pas sûr que je m'en serve, on dirait que la lame aime le sang... Qu'elle le boit... Boudiou que c'est malsain !

Sylveneige prit malgré tout l'arme. Elle prit la besantine et la donna à Jolan.

- Servez-vous-en comme couverture, elle vous protégera... Je vais tâcher de faire au plus vite.

L'elfe but la potion d'invisibilité et se prépara à affronter Gwaric.

hrp : j'en déduis qu'elle l'a libéré...

Trouver la bonne clé pour défaire les fers de Jolan lui avait pris un certain temps. Trop de temps, sans doute. Elle entendit des pas derrière elle au moment même où elle avalait la potion d'invisibilité.
- Les masques tombent... mais vous croyez vraiment qu'être invisible va suffire à vous protéger de moi ? lâcha Gwaric d'un ton ironique.
Il fixait l'endroit où elle venait de disparaître. L'air à son contact avait une apparence étrange, comme floue.
- Vous savez déjà que vous ne pouvez rien contre moi... mais je vais vous laisser un choix. Votre ami demi-elfe se trouve non loin d'ici, vous le savez. Je peux l'atteindre d'ici, et vous également, par un sortilège extrêmement douloureux... Si vous voulez le lui éviter, vous n'avez qu'une chose à faire. Ramasser... hum... l'espèce de fouet que vous voyez là-bas au sol... et vous décider à torturer le paladin à ma place... Qu'en dites-vous ?

Sylveneige ne répondit pas, mais se déplaça légèrement en prenant garde de ne faire aucun bruit. Sûr, Gwaric ne peut que deviner l'endroit où je suis... Et son apparence me fait penser que lui aussi a avalé une potion quelconque ou s'est ensorcelé pour un résultat que j'ignore, mais je suis sûre de ne pas avoir envie de tenter de le savoir ! allez, on file, pour libérer Streen.

L'elfe commença à partir, suivant du regard Gwaric et espérant qu'il ne s'apercevrait pas tout de suite d'une chose : Jolan n'avait plus ses fers. La besantine étendue sur le paladin cachait l'épée que Sylveneige lui avait confiée.

Gwaric attendit quelques secondes une réponse qui ne vint pas, tout en reculant en direction des escaliers redescendant au sous-sol, qui n'étaient qu'à quelques pas derrière lui. Il se positionna juste à l'entrée des escaliers, empêchant par là Sylveneige d'y accéder sans risquer de le bousculer. C'était très certainement son seul objectif : être certain qu'elle ne passerait pas.
Il parut hésiter un instant, puis se mit à incanter.
Il était difficile de savoir s'il avait vu que Jolan était détaché. Il devait s'en douter, puisque le paladin n'était plus attaché au poteau de torture et qu'il avait dû surgir de l'escalier au moment où Sylveneige achevait son oeuvre.
Jolan, de son côté, restait immobile.

Je ne parviendrai pas à le tuer en un seul coup, même avec le cimeterre, pensa Sylveneige. Et là, il incante pour détecter l'invisibilité, sans nul doute... Que faire ?

La rôdeuse regarda le cimeterre. Sa lame brillait d'un éclat rougeâtre : une arme magique, certainement. Se pourrait-il que la magie du cimeterre suffise pour blesser gravement Gwaric ? De toute façon, les choix étaient limités. Soit attaquer avant la fin de l'incantation de son ennemi, soit fuir. Et se dissimuler où, sur cette terrasse ? derrière Jolan ? ah, je vous jure, on n'est pas aidé... Sylveneige faillit jurer à haute voix, mais se retint juste à temps.

Elle brandit le cimeterre, visant Gwaric au cou.

Mais il se passa un phénomène étrange. Le cimeterre refusa de frapper. Ou peut-être était-ce son bras qui refusait de lui obéir. Elle resta bloquée avec son arme en l'air. Comme arrêtée par un mur d'air ?
Et l'incantation s'acheva à ce moment-là, sur un dernier geste de Gwaric effleurant ses paupières. Un sourire moqueur étira les lèvres du clerc alors qu'il fixait son regard sur elle. Il semblait la voir clairement, ayant sans doute annulé les effets de la potion d'invisibilité. Mais le fait qu'elle soit toute proche et armée ne l'inquiéta pas plus que ça : il recommença à incanter, tranquillement...

Streen n’avait pas eu le temps de défaire ses liens. Néanmoins, il avait l’avantage de la surprise. Gwaric ne l’avait pas vu venir. Et devant l’horreur de la situation, il n’avait pas d’autre choix que d’agir et de tuer le clerc par derrière ou sa compagne mourrait sur le coup. Il devait faire attention. Il n’avait le droit qu’à un seul essai. Du mieux qu’il put, il s’approcha le plus prés possible de Gwaric par derrière. Il n’avait pas le temps de réfléchir. Il prit du mieux qu’il put sa dague dans la poche de sa tunique et la planta dans la gorge du clerc. Avait il réussi ?

Sylveneige n'eut que le temps de sourire largement.

- Gwaric, Gwariiiic ! vous êtes trop fort ! je me range de votre côté, vous êtes trop intelligent, trop brillant ! par rapport à d'autres... Vous voyez ce que je veux dire... Je n'ai jamais torturé, une nouvelle expérience pour moi, je ne demande qu'à être guidée par vous...

Derrière Gwaric se profilait une silhouette connue. Distraire ce salaud, le temps que Streen agisse, pensait la rôdeuse.

Le bras de Streen, étrangement, semblait doté d'une volonté propre. Il eût beau viser parfaitement, son geste s'arrêta net, à une dizaine de centimètres du cou du clerc, sans même l'effleurer. Exactement comme le cimeterre manié par Sylveneige.
Gwaric acheva tranquillement son incantation, sans faire mine d'avoir entendu la phrase de l'elfe. Il se retourna, fronça les sourcils en voyant la présence de Streen dans l'escalier, et, sans s'en préoccuper davantage, le contourna pour rentrer à l'intérieur de la maison.

Que fabriquait Gwaric ? Pourquoi partait il maintenant ? La situation était de moins en moins compréhensible. D’abord il n’était pas parvenu à l’occire comme il l’avait espéré. Il avait probablement lancé un sort de protection. Mais pourquoi avait il incanté de nouveau ? Le sort ne semblait avoir aucun effet. Etait ce encore un sort de protection. Et pourquoi paraissait il surpris de voir Streen ? Avait il été si négligeant ? Et pourquoi prenait-il la fuite alors que ni Streen ni Sylveneige ne représentaient un danger pour lui ? Streen ne pouvait pas partir à sa poursuite à cause de ses pieds et ses mains liés. Il serait trop lent. Il hésita à lancer sa fiole noire en direction de Gwaric mais il venait de disparaitre. Même si Streen ne comprenait pas son manège, il était évident qu’il allait revenir et cette fois, il serait probablement avec son frère. Il se tourna vers sa compagne certes heureux de la revoir mais incapable d’effectuer un geste.

- Streen, viens sur la terrasse, vite, il a dû jeter un sort sur la zone, il faut s'éloigner de là et vite !

Sylveneige attrapa Streen et le traîna littéralement sur la terrasse, près de Jolan.

- Maintenant, on fait quoi ? Jolan, allez-vous mieux ? Je vais récupérer l'espèce de fouet qui traîne là-bas, ça fera toujours une arme de moins pour Gwaric...

Dans le lointain, un grand oiseau apparut. Sylveneige l'aperçut et pensa soudain à Lumi.

[HRP : Voya, je te laisse le soin de faire intervenir ou non Lumi]

Il ne se passa rien dans l'escalier. Le sort du clerc ne leur était apparemment pas destiné. Ou alors il ne ferait effet que plus tard.
Jolan, allongé au sol, avait le teint grisâtre.
- Non, je ne vais pas mieux, articula-t-il faiblement. Ils m'ont juste... tailladé les poignets avec ce cimeterre maudit... et il m'a volé toute mon énergie. Et pas seulement physique : je ne sens plus la moindre parcelle d'énergie Lathandrite. Je crois que c'est l'une des deux armes qu'on était chargés de retrouver...
Il jeta un coup d'oeil au corps sans vie de Sann, juste à côté de lui.
- Mais c'est bien que vous ayez eu une de ces crapules...

Streen jeta un regard apitoyé en fixant le paladin. Puis son regard fut méprisant lorsqu’il passa sur Sann. « Bien fait » pensa t’il. Il regretta de ne pas avoir accompli la besogne lui-même. Mais l’heure n’était pas au passé mais au présent.
-Je suis heureux de le voir baignant dans son sang moi aussi. Mais il faut se préparer à agir, au cas où le frère reviendrait avec une quantité de sorts pour nous faire la peau. Je pense que Sann a sur lui le moyen de me libérer de mes chaînes.
Streen se surpris à continuer de croire que la mission pouvait être menée à bien même s’il n’était plus possible d’intégrer la secte. Si un des cimeterres se trouvait ici, il était probable que l’autre soit à proximité. La mission pouvait être encore accomplie avec succés.

Sylveneige fixa le cimeterre avec inquiétude.

- Dites, Jolan, pouvez-vous marcher ? Et pensez-vous que nous pouvons sortir de cette maison maudite ? Gwaric a mis des pièges partout... Et s'il n'a pas réellement tout piégé, il nous faudrait trouver comment partir... Il y a peut-être une issue, de cette terrasse ?

Avançant vers l'espèce de fouet que Gwaric lui avait désigné, la rôdeuse le ramassa puis le brandit face au paladin.

- Et ça, ce ne serait pas aussi une arme bien particulière ? Bon, faut retrouver l'autre cimeterre aussi... Une idée, Streen chéri ? Moi, je filerais bien tout de suite, hein...

Le fouet semblait tout à fait ordinaire, sans la moindre rune gravée ni le moindre éclat étrange. Mais Sylveneige n'était pas une spécialiste.
- Je ne sais pas s'il a tout piégé... Mais cette terrasse est ouverte à l'est, on peut donc tenter de partir par là. Sauf que je ne sais pas si la grille est ouverte...
Jolan s'était assis sur son séant. Il semblait passablement affaibli.
- Je dois pouvoir marcher, oui... pas grand-chose d'autre, pas me battre en tout cas. Mais de toute façon, je n'ai pas le droit de partir d'ici avant d'avoir rempli ma mission. Je trouverai l'autre cimeterre. Mais si vous souhaitez vous esquiver tout de suite avant qu'il revienne, je le comprendrai fort bien ! Vous pourriez déjà mettre celui-ci en sécurité au temple.
Il eût un sourire apitoyé à l'adresse de Streen et se tourna à nouveau vers Sylveneige.
- Vous devriez libérer votre ami, les clés doivent être sur le même trousseau que pour mes fers... Enfin, si c'est bien Sann qui vous a enchaîné ?

Streen approuva la remarque de Jolan.
-Oui en effet, avec mes chaînes, je suis incapable de combattre et puis je ne peux même pas partir. Si au moins je pouvais être libéré, je pourrais être plus utile pour affronter l’autre zigoto.
Puis après réflexion :
-Enfin…si c’est vraiment possible. Ni Sylveneige ni moi ne sommes parvenus à lui donner le coup de grâce. Existe-t-il un moyen de l’empêcher d’utiliser ses pouvoirs ?
Enfin à l’adresse de Jolan :
-Il n’est pas question de repartir avec le premier cimeterre. Si nous le faisons, le frère saura que récupérer les artefacts était notre intention. Il serait bien capable de venir à Luménis pour le prendre de force. Tâchons d’abord de trouver l’autre cimeterre s’il est bien ici. En tout cas nous ne pouvons pas vous laisser seul ici. Vous seriez impuissant face à notre ennemi s’il revenait. A trois nous avons une chance alors cherchons le second cimeterre puis revenons à Luménis.
Streen espérait que le second cimeterre était bien ici mais il en doutait. Pourquoi les deux frères auraient pris sur eux les deux cimeterres alors qu’il était bien plus pratique de les laisser en sécurité dans leur secte? La présence de l’un d’eux ici était déjà incongru alors deux…Mais si c’était vraiment le cas, il fallait en profiter.

La Couronne de Cuivre

[Quête] Hauterive