[Bâtiment] La Boutique d'Eldurvellir du Val Bise, Mage Extérieur

[Eldurvellir]

La boîte comportait une longue incrustation de nacre, étendue tel le symbole serpentin de Tiamaat et dont les coloris variés rappelaient le parcours d’Eldurvellir.

Les coloris graves d’une enfance sans éclat, dominée par les tâches ménagères auprès du mage qui l’avait recueilli, puis par les austères études que son intelligence lui valut.

Les coloris solaires de sa découverte de l’amour, les coloris verts et bleus de ses voyages, les coloris de sang de ses actes les plus sombres.

Presque au terme de l’arabesque nacrée, un blanc éclatant représentant le moment de sa transition à une nouvelle jeunesse, un éclat blanc-bleuté à la fois minuscule et remarquable : l’arrivée de Tiamandis dans sa vie.

Puis un rose léger et cependant curieusement intense : la jeune druidesse qui l’avait aimé, qui l’aimait toujours. Eldurvellir le ressentit en lui comme une évidence, alors même qu’il avait enfoui son sentiment envers elle si profondément qu’il l’avait presque oublié.

Enfin vinrent les coloris du voyage et de l’aventure avec les bandits, de vert et de rouge sang mêlés, un jaune symbolisant le bandit Fhiongan, devenu son ami.

Suivaient des bleus profonds de la mer, le bleu nuit de Sombria, les coloris délicats de son arrivée à Melandis et des rencontres qu’il y avait faites : un vert d’espérance pour Béroalde puis les coloris sombres et cruels de sa dernière aventure.

Enfin, un jaune vif, joyeux, marquait la fin de la splendide arabesque de vie.

Eldurvellir murmura :

- Magnifique…
- L’arabesque de nacre est vivante… Elle continuera à s’enrichir, au fil de ta vie et de tes actes.
- Merci.
- Tu découvriras d’autres choses sur toi-même, sur ton passé et ton présent. Seront-elles agréables, je ne saurais te le dire… C’est ce que je te souhaite du fond du cœur.

[Eldurvellir]

La soirée se termina dans une ambiance étrange, tantôt gaie tantôt grave. Gaie grâce à la présence de Perline et Béroalde, grave lorsqu'elles s’absentaient pour aller chercher quelque chose. Le mage avait eu les larmes aux yeux en comprenant la nature du présent de l’artisane.

Enfin Uwelane et Béroalde prirent congé. Eldurvellir songea accompagner son amie de cœur chez elle, mais une ombre qui lui parut familière sembla se profiler sur la gauche de la maison.

- Uwelane, Alde chérie, je vous verrai demain… Merci pour vos superbes cadeaux, je suis très touché, vraiment… Et si heureux d’être votre compatriote !

Il les embrassa chaleureusement et appela un porte-fanal pour les faire accompagner en toute sûreté.
Elles partirent, discutant gaiement. Eldurvellir siffla doucement. Un homme sortit de l’ombre où il s’était dissimulé.

- Alors, cher petit mago, tu vas bien ?
- Fhiongan !

Les deux hommes se jetèrent dans les bras l’un de l’autre.

- Ah çà, si je m’attendais !
- Comment vas-tu, Eldurvellir ?
- Magnifiquement bien ! mais entre donc, entre ! tu as trouvé une auberge ? Sinon, on trouvera bien une petite place pour toi à la maison.
- En fait je comptais t’emmener dans une bonne auberge, si tu en connais une, mais je préfère ton invitation. Cela fait au moins une décennie que je ne suis pas entré dans une maison bourgeoise…
- Je pense même que j’aurais une proposition pour toi, si l’aventure te tente…

Ils entrèrent. Perline était en pleine vaisselle.

- Voici ma jeune servante, Perline. Perline, voici mon compagnon de voyage Fhiongan. C’est grâce à lui que j’ai eu suffisamment d’argent pour acheter la maison.
- Bienvenue à Melandis, messire Fhiongan.
- Merci Perline. Je vois que tu sers parfaitement ! la maison est bien… Bravo, Eldurvellir, tu as su investir utilement.
- J’ouvre boutique, Fhiongan. Potions, onguents de soins… Et lorsque j’aurai suffisamment d’argent, je prendrai aussi une licence pour faire des objets en cuir.
- Magnifique ! ah vraiment, tu réussis dans la vie !

Perline apporta du vin aux épices.

- Nous avons mangé, mais peut-être as-tu faim ? Sors quelque chose de bon, Perline.

La petite servante sortit les restes et les fit réchauffer.

- Ah que ça sent bon !

Fhiongan le Rusé se régalait. Eldurvellir alla tirer de la bière au sous-sol. Bien recevoir un bon ami tel que « Belle Besantine », ça se fêtait dignement.

[Eldurvellir]

La bière était forte, et les deux amis furent bientôt assez gais. Mais le mage conserva suffisamment sa tête pour envoyer Perline se coucher et garder le souvenir de la proposition qu’il voulait faire à Fhiongan.

- Bon… J’ai besoin d’aller chercher des plantes, assez loin, dans une forêt dangereuse. Un homme tel que toi est indispensable. Et d’ailleurs, pour peu qu’il y ait quelque ruine intéressante à visiter, il me faudrait une petite équipe. Tu sauras me recruter ça, je pense ?
- Sans problèmes. Mais je ne peux présenter l’équipée comme étant une promenade à cueillir tes simples… Trouve donc une proposition plus alléchante !

Eldurvellir prit une mine déconfite, qui eut pour effet de faire rire aux larmes le bandit.

- Ce n’est pas bien difficile, d’approfondir le sujet… Va te renseigner sur les environs, sur les endroits qui sont suscet… suspect… sus-cep-ti-bles… ah, elle est bien, ta bière… susceptibles d’être intéressants. J’entends par « intéressants », qui rapportent bien ! un trésor, voilà qui est plaisant à entendre, pour des aventuriers ! même un p’tit mago comme toi peut le comprendre, hein ?
- Bien sûr… Mais je dois me renseigner… Et sincèrement, s’il y a des renseignements sur une quelconque ruine inexplorée, je pense bien qu’elle ne l’est pas restée, inexplorée ! et que ses trésors ont été découverts depuis belle lurette.
- Fais un peu de recherches… Toi qui aimes les livres, tu devrais bien trouver quelque chose, dans la Bibliothèque Impériale…
- Tu as raison ! sans quelque chose d’intéressant, il sera difficile de recruter un groupe d’aventuriers de qualité. Dès demain, je vais faire ma petite enquête… Mais ça prendra un certain temps…
- Oh je te fais confiance. Et je vais chercher avec toi, et tendre l’oreille dans la taverne où je vais m’installer.
- Tu ne veux pas rester ici ?
- Et comment tendrais-je l’oreille aux bons plans, ici ? Allez, ne t’inquiète pas, nous trouverons rapidement un but lucratif suffisamment tentant pour que nous recrutions sans mal nos aventuriers !

Quelques gobelets de bière plus tard, ce fut un Fhiongan très joyeux et enchanté de sa future aventure qui partit en direction de l’auberge du Luménien Noyé.

[Eldurvellir]

Eldurvellir, titubant quelque peu, alla chercher une fiole d’un liquide vert. Ce n’est pas tout à fait ma potion contre l’ivresse, mais cet antidote devrait tout de même faire de l’effet…
Il but et se sentit mieux. La fatigue le prenant d’un coup, le mage alla se coucher.

Le lendemain, une odeur de fruits cuits le réveilla. Il descendit et vit Perline, très en forme, qui préparait des confitures.

- Sans vouloir te contrarier, Perline, je préfère les fruits frais…
- Oui, mais ce n’est pas toujours la saison… Avec mes confitures, vous aurez des fruits au cœur de l’hiver. Je mets quelques épices, vous adorerez.
- Oh, certainement ! je te fais confiance.

Eldurvellir et Perline prirent le petit-déjeuner et le mage se prépara à partir pour la bibliothèque.

- Où allez-vous ? Recruter des compagnons pour vos cueillettes ?
- Heu… En quelque sorte. Occupe-toi de la maison, je reviens en fin de soirée. Si je ne suis pas de retour pour le dîner, je te ferai porter un message.
- Parfait. A ce soir ! messire !
- A ce soir, Perline.

Eldurvellir eut quelque mal à se dépêtrer d’un Bémour qui tenait absolument à lui mordiller les chevilles, mais parvint enfin à sortir.
L’esprit joyeux, il se dirigea vers le quartier occulte de la ville.

Suite :
http://www.baldursgateworld.fr/lacouron ... post352999

[Eldurvellir]

Revenu chez lui, Eldurvellir se sentit impatient. Impatient de savoir quels allaient être ses compagnons d'aventure, impatient de partir tenter sa chance pour un trésor perdu.

Perline avait entretenu la maison et nettoyé la boutique. L'odeur âcre mais cependant agréable du savon flottait dans l'air. Le mage ne perdit pas de temps : il prépara quelques potions pour le voyage, pesta contre sa gourde qu'il ne trouvait point et finit par retrouver tombée derrière l'étagère où il tenait ses objets dédiés aux rites de Tiamaat.

Vivement, il prépara quelques provisions : viande séchée aux épices, fruits secs et un pain.

- Tout ça ?

La petite servante le regardait faire, un peu ahurie de voir son maître soudain si pressé.

- Oui, nous trouverons de la nourriture en forêt, mais je ne sais pas si nous en trouverons si facilement lorsque nous descendrons aux tréfonds de la terre...
- Mais pourquoi...
- Fhiongan et moi recrutons pour aller cueillir des simples... Mais pas seulement ! tu me vois recruter sur cet appel glorieux "mage cherche guerriers pour cueillette dans les bois" ?

Perline éclata de rire. Eldurvellir rit aussi, mais pour des raisons probablement moins avouables.

[Eldurvellir]

La petite servante nettoya la table en du salon-bibliothèque.

- Ils viennent quand, vos aventuriers ?
- Oh, j'espère que Fhiongan me les aura recrutés d'ici ce soir.
- Il est possible d'ils arrivent d'ici quelques heures, donc.
- Oui... Il faudra les accueillir dignement.
- Un vin aux épices, je pense, et je ferais bien une tarte aux poires...
- Ah ! oui, bonne idée.

Eldurvellir s'inquiétait quelque peu. Après les gâteries dispensées par Perline, les haltes en campement lui paraîtraient plutôt sobres.

[Eldurvellir]

Quête : le Trésor de Fénelone Doublange

En provenance de : http://www.baldursgateworld.fr/lacouron ... post357871

Ils arrivèrent rapidement devant la porte de la boutique d'Eldurvellir. Fhiongan frappa avec enthousiasme.


A l'intérieur, Eldurvellir sursauta.

- Ah, ce sont eux !
- Ou quelque miséreux blessé qui vient se faire soigner à l'œil...
- On n'est pas chez Heaulm, ici, Perline !
- Eh bien, heureusement encore !

Eldurvellir rit et descendit prestement l'escalier pour aller accueillir les visiteurs.

- Eh bien, sire et dame, je vous souhaite le bonjour. Fhiongan, tu as expliqué les grandes lignes de notre affaire, je suppose ?
- Oui, p'tit mago, ne t'inquiète pas.
- Dans ce cas, montez je vous prie.

Ouvrant largement la porte, le mage leur indiqua l'escalier soigneusement ciré par la jeune servante.

[Alexiel]

Le semi-elfe avait laissé son cheval au Luménien Noyé, où il avait du reste réservé une chambre pour la nuit, avant de suivre l'homme pressé qu'était Fhiongan le temps de quelques rues. Il n'avait guère eu le temps de se familiariser avec la voleuse que ce dernier avait attirée elle aussi dans cette affaire, mais ça n'en vaudrait la peine que s'ils acceptaient le contrat.

Ce fut Eldurvellir lui-même qui leur ouvrit la porte. Politesse exquise, ou bien défaut de personnel... Le décalage entre le langage du recruteur et celui de son maître était savoureux, et c'est avec un remerciement distingué qu'Alexiel suivit son hôte à l'étage. Il était un peu déçu, le mage semblait bien jeune... et en la matière la puissance se mesurait essentiellement en années d'études fastidieuses. La main sur sa garde, en apparence pour se donner une posture et en réalité par prudence, il se laissa docilement guider, attendant plus ample informé.

[Echo]

Bien loin de partager l'enthousiasme de Fhiongan, la tieffeline observa la boutique avec une certaine défiance. Elle n'avait jamais vu cette échoppe auparavant, et pourtant elle s'était souvent vanté de connaître Melandis comme sa poche. Mais ce n'était peut-être pas surprenant vu le temps qu'elle avait passé à ramper dans la fange des égouts ces derniers temps. Et que faisait-elle pour fêter son retour à la surface ? Ni plus ni moins qu'accepter une quête qui la priverait encore du vent dans ses cheveux ou de la caresse du soleil sur sa peau. Enfin, SI elle acceptait. Rien n'était moins sûr : la tieffeline avait encore ses doutes. Mais pour l'heure, elle se laissa conduire au premier étage, admirant les lieux en silence. Arrivé devant l'hôte de la maison, Chance lui tendit la main. Elle faisait parfois preuve d'une civilité qui la surprenait un peu.

- Alors c'est vous, El...

Bon sang, comment avait-il dit qu'il s'appelait déjà ? Elle se souvenait simplement que c'était imprononçable, aussi renonça t-elle rapidement à retrouver ce nom.

- Eldur ? Eldy ? Bien, moi c'est Chance. Beaucoup plus facile à prononcer et à retenir.

[Eldurvellir]

Eldurvellir leur serra la main, souriant à la remarque de Chance, puis les guida à l'étage et les pria de s'installer autour de la table en demi-lune, où Perline venait de placer gobelets et vin aux épices.

- Voici Perline, ma servante. Apporte-nous le journal de la roublarde. Et mon carnet de notes.
- Oui messire.

La petite alla chercher le document sans autre commentaire. Il fallait qu'Eldurvellir soit dignement considéré, ainsi elle-même le serait. Malgré son jeune âge, Perline avait un raisonnement qui se tenait.

Le mage prit le journal avec soin et l'ouvrit. Il en lut quelques passages :

Lahire Sombrefeu et moi décidâmes de partir à l’aventure au nord de la jeune cité de Melandis.

En cette année 1364, le printemps avait été pluvieux, après un hiver assez froid, où de véritables congères étaient apparues pour la première fois sur le continent. Les bois grouillaient de Gobelins, faciles à vaincre et amateurs de belles gemmes et d'argent !

Alors nous sommes partis : Lahire Sombrefeu, chevalier noir… Ambre Tristelune, mage émérite au cœur glacé, Dzerr-Epeire, le clerc elfe noir, et enfin mon compagnon de toujours, mon frère de sang Athis Apremont, un guerrier-voleur joyeux...

- Il y aurait eu des traces d’une antique cité, enfouie dans les profondeurs de la forêt du nord. Ainsi Ambre, notre mage, a parlé.
- Qui dit antique cité dit choses intéressantes… Or, argent… Le nord et sa forêt seront donc notre destination ! qu’en dites-vous ? a aussitôt dit mon Lahire chéri.
Tout le monde a acquiescé, moi la première ! d’emblée nous sommes tous tentés par la perspective de richesses oubliées. Ambre Tristelune est une érudite, férue d’histoire, et son idée d’explorer les terres du nord, eh bien ! qui la remettrait en doute ?

Eldurvellir, tourna quelques pages.
Nous découvrîmes un éboulement de roches :
- Là !
Ah que j’ai été fière de ce « Là ! », fière d’avoir vu la première, sous l’amas de roches effondrées, ce qui semblait bien être une porte. Athis me le confirma, puis parvint à l’ouvrir. Quel bon voleur que mon cher ami Athis d’Apremont !

Le mage s'interrompit de nouveau.

- Ici un long récit de bataille, dont je vous fais grâce... Enfin nous arrivons au passage le plus intéressant :

Ah le beau trésor que nous avons trouvé ! des pièces d’or à profusion et de la belle bijoutaille, qui donnèrent à Ambre l’occasion d’étaler, une fois n’est pas coutume, son ignorance :
- Incroyable ! je n’ai jamais vu de telles runes… Un soleil côté face, des runes inconnues côté pile… Et ces bijoux, martelés, mais avec une précision et un sens artistique indéniables. Je ne connais aucun peuple qui travaille ainsi les métaux précieux.

- Nous avons donc un trésor et un peuple inconnu... N'est-ce pas susceptible d'intérêt ? Malheureusement les choses se gâtent...

Eldurvellir reprit sa lecture.

Est-ce l'hiver et ses glaces qui ont déstabilisé le terrain ? Un éboulement, un véritable glissement de terrain ouvrit une fissure dans le sol, qui s'agrandit brutalement, nous faisant choir dans les entrailles de la terre. Ambre Tristelune et Dzerr-Epeire disparurent dans les tréfonds de la terre. Quant à Lahire Sombrefeu et Athis d’Apremont, je parvins à ramper jusqu'à eux une fois que les tremblements se furent calmés. Tous deux étaient morts, leurs corps déchiquetés par une énorme roche luisante.

La quête d'or et de richesses vaut-elle la mort d'hommes si braves ? Le trésor, lui, était perdu. Et je ne désire pas le retrouver, le sang de mes compagnons a coulé dessus.

Le mage releva la tête et contempla son auditoire. Fhiongan avait bien travaillé, semblait-il. L'homme semblait être un chevalier digne, la tieffeline une recrue indispensable pour une mission qui se passerait en sous-sol.

- Qu'en pensez-vous ?

[Alexiel]

Le chevalier noir avait écouté le récit avec attention, retenant les questions qu'il lui inspirait au fur et à mesure qu'elles lui venaient aux lèvres.

Alexiel n'était pas particulièrement fasciné par l'or, sauf dans la mesure où ce dernier permettait de corrompre les esprits faibles, de se racheter une monture et de rafraîchir un équipement par trop usé. En somme, ses besoins étaient limités ; de plus, il connaissait bien d'autres manières d'obtenir ce qu'il voulait, allant de la séduction au mensonge, avec un détour par l'intimidation. Aussi n'était-il pas particulièrement inquiet d'avoir confirmation de ce que la piste, qui manquait de fraîcheur, risquait de les conduire à un trésor absent, subtilisé depuis longtemps par l'un ou l’autre des membres survivants du groupe - voire englouti pour jamais dans le tremblement de terre...

En revanche, il était très intéressé par la mention presque marginale d'une civilisation perdue. Il restait extrêmement peu de témoignages des civilisations anciennes de Dorrandin, et notamment en territoire mélandien. Qui avait un peu arpenté les cryptes, dont le dédale s'étendait sous le cimetière de la cité, y trouvait des salles voûtées immenses, assez grandes pour faire office de salle du trône ou de nef de cathédrale ; et cependant, on ne savait presque rien de leur histoire, sinon que leurs bâtisseurs avaient tout à fait disparu quand débarquèrent les premiers colons de Féerune, un peu plus de deux cents ans plus tôt. Bien qu'il ne soit ni mage, ni historien, Alexiel trouvait donc quelque intérêt à cet aspect de l'expédition, qui lui enflammait plus volontiers l'imagination que la course aux très hypothétiques pièces d'or.

Néanmoins, plus il aurait d'informations, mieux cela vaudrait.

« Vous recrutez un combattant. Or vous avez sauté un fort intéressant récit de bataille, qui m'aurait permis de savoir plus ou moins à quoi m'attendre. »

[Eldurvellir]

Eldurvellir sourit.

- Ainsi parle le guerrier ! le Bois du Gobelin Pouilleux est un repaire de gobelins, bien sûr, mais il semblerait qu'ils soient aussi secondés par des orcs autrement plus efficaces au combat... Le journal mentionne également des monstres, sans préciser leur nature. Quant aux armes, celles des gobelins sont peu élaborées, mis à part les archers qui ont parfois des flèches de feu. Les orcs ont essentiellement des armes de corps à corps, les meilleures étant des haches +1. Mais ce ne sont pas ces combats qui ont été la plus grande difficulté du groupe. Maintenant il est vrai que le groupe de Fénelone Doublange comptait une personne de plus.

Le regard du mage se porta vers la jeune tieffeline. Elle semble jolie, malgré la capuche qui lui mange la moitié du visage. Chance... Espérons que nous en ayons, de la chance... Souriant, il s'adressa à elle.

- Jeune dame Chance, si vous avez des questions n'hésitez pas... Quoique je ne sois pas sûr d'avoir efficacement répondu à messire... Messire ?

[Echo]

Le tieffeline était pensive. Le fait que la compagnie précédente ait été décimée dans cette expédition l'avait quelque peu refroidie. Ce n'était pas une combattante mais elle préférait que le danger puisse être combattu l'arme au poing ; or, une fois sous terre, c'était plutôt leur environnement qui conspirerait contre eux, et l'idée de finir sous un éboulement de cailloux ne l'enchantait guère.

- Une histoire intéressante mais beaucoup de paramètres hasardeux. Il faut que ce fameux trésor soit toujours là-dessous et qu'on puisse réussir à l'atteindre. Oh, et ne parlons pas du plafond qui risque de nous tomber sur la tête, ou du sol qui peut s'ouvrir sous nos pieds à tout instant. Ce dont vous avez surtout besoin je crois, c'est d'une bonne dose de chance...

Ou d'une bonne dose de drogue, en ce qui la concernait.

- Néanmoins... ce serait assez plaisant de réussir là où a échoué la « célèbre Fénelone Doublange ».

Son sourire et le ton qu'elle avait employé pour désigner la roublarde ne laissait planer aucun doute quant au peu d'admiration qu'elle avait pour elle.

[Alexiel]

Voyant que le mage le dévisageait à nouveau avec insistance, le chevalier fit un signe d'excuse, se rappelant la question laissée en suspens.

« Oh, mille excuses. Votre ami, en m'abordant tout à l'heure, voulait à toute force que je m'appelle Kernsten, et il paraissait si fort y tenir que je n'ai pas osé le contrarier. Mais si nous devons passer un peu plus de temps ensemble, Alexiel conviendra mieux. »

Alexiel, tout court. Il avait eu un nom de famille, jadis, il n'y avait pas si longtemps que cela - un nom qui tenait plutôt bien son rang dans l'aristocratie mélandienne, du reste. Il avait personnellement veillé à son éradication.

Il baissa les yeux, songeur, laissant jouer ses doigts fins sur le bois de la table. Eldurvellir avait le mérite de fournir des réponses précises, ce qui lui conférait un peu plus de crédibilité qu'à son associé. Pour l'heure, Alexiel avait plutôt envie d'écouter sa curiosité, et à quoi bon être ce qu'il était si ce n'était pas pour faire ce qui lui chantait quand cela lui chantait ? De toute façon, il les planterait là dès que ça lui chanterait aussi.

« Nous devons parler salaire, et je gage que Chance partagera mon avis sur ce point. La présence du trésor étant loin d'être garantie, un intéressement sur celui-ci ne saurait dispenser d'une part fixe. Mon cheval a besoin d'avoine, d'une nouvelle selle, et j'en passe. »

En réalité, ce point était pour lui de peu d'importance, mais on attendait d'un mercenaire que ce soit son obsession, et il avait pour politique de se donner pour ce que l'on s'attendait à trouver chez lui. Après tout, il avait bien dit aux portes qu'il était un mercenaire en quête de contrat ? Il avait rarement été aussi près de dire la vérité, mais c'était bien malgré lui.

[Eldurvellir]

- HA !

Tous se tournèrent vers , Fhiongan, qui sourit de toutes ses dents, l’air plus carnassier que jamais.

- Là, mon cher p’tit mago, je suis aussi intéressé ! j’ai dit à nos futurs compagnons qu’une quête avec toi valait le coup, mais là il me faut aussi du solide. Ce trésor perdu, c’est très bien ! et je suis sûr que la piquante Fénelone – oui, ma chère Chance, elle était très bien, Fénelone Doublange… Très très très bien…

Le ton du bandit se perdit, un air truculent surgit brièvement sur son visage buriné.

- En un mot comme en cent, Eldurvellir, tu comptes trouver ce trésor. Certitude absolue ? Et dis donc, ta servante, si elle servait un peu ? On ne va pas contempler ton hypocras plus longtemps, faisons-lui son affaire !

- J’arrive, dame et sires !

Perline arriva, un plat rempli de petits gâteaux bruns à la main. Elle le posa avec soin sur la table, suffisamment loin des documents pour ne pas risquer de les salir. Puis elle servit l’hypocras.

- Merci, Perline.

La petite servante sourit et retourna en direction de la cuisine, ou elle s’occupa du petit Bémour, son chiot.

Eldurvellir reprit la parole.

- Bien sûr, je comprends parfaitement votre point de vue. Il n’entre pas dans mes habitudes de mentir à une compagnie que je recrute !

Il toussota.

- Je serais désolé que vous refusiez, mais je le comprendrais. Effectivement rien n’est sûr, je veux dire que rien ne garantit que nous trouvions le trésor de Fénelone Doublange. Mais le bois est rempli de gobelins sur qui prendre pas mal d’objets intéressants et d’or. Ces richesses-là seront les vôtres quoi qu’il advienne. Si vous désirez un dédommagement complémentaire, je peux m’engager à vous faire des potions à titre gracieux.

Le mage sourit, d’un sourire beaucoup plus charmeur que celui de Fhiongan.

- Mais songez à ce qui nous attend très probablement : un trésor, mais aussi un peuple étrange et inconnu à découvrir ! et peut-être davantage !

Il but un peu d’hypocras.

- J’ai cependant deux impératifs : je dois cueillir grande quantité de simples pour mes potions et remèdes et, absolument être fidèle à ma ville Melandis.

Eldurvellir jeta un œil froid à ses invités et continua :

- Si nous trouvons ce peuple et qu’il est hostile à Melandis, nous devrons trouver le moyen de le détruire.

[Echo]

Chance attrapa l'un des petits gâteaux bruns et le mangea avec enthousiasme. Elle n'était peut-être pas venue pour rien, en fin de compte. Elle en attrapa un deuxième avec avidité.

- J'aimais beaucoup votre histoire de trésor, et maintenant vous parlez de détruire un peuple dont on ne connaît strictement rien ?

Pff, voilà bien une réaction typiquement humaine.

- En ce qui me concerne, seul le trésor m'intéresse et je me garderai bien d'aller ennuyer qui que ce soit lorsque nous serons là-dessous. Cela vous convient-il ?

[Alexiel]

Alexiel avait écouté la décevante réponse d'Eldurvellir sans broncher, ravalant la moue dubitative que lui inspirait la promesse d'un butin faits de dépouilles de gobelins pouilleux. Comme le nom des lieux l'indiquait assez, ils y trouveraient plus de vermines que de gemmes, à n'en point douter. Néanmoins, la promesse de potions était beaucoup plus concrète, et avait de quoi intéresser un combattant qui, comme lui, tendait à en faire une consommation importante. Elles pouvaient procurer un avantage décisif en combat, et s'il repartait avec une petite réserve, il n'aurait pas perdu son temps... La question des simples à récolter signifiait aussi beaucoup de perte de temps, mais cela pouvait passer. En revanche, la dernière exigence d'Eldurvellir ne pouvait manquer de le faire réagir à son tour. Dans l'absolu, massacrer à tour de bras une population entière ne lui posait aucun problème, du moment qu'on avait un net avantage... Mais pourquoi donc cet impératif hors de propos ?

« Vous devez être fraîchement arrivé en ville, sinon j'aurais entendu quelque peu parler de vous ; d'où vous vient ce zèle fanatique ? Si ce peuple vit encore, il est loin de constituer une menace envers la cité : sinon nous serions déjà au courant, je pense. Pour ma part, je ne m'engage pas dans des génocides sans avoir soupesé les risques au préalable. »

[Eldurvellir]

- Absolument mon sentiment, messire Alexiel ; je n'ai aucun désir de massacrer une population qui ne nuit en rien à Melandis. Mais si elle complote contre la ville, là je n'aurai aucune compassion, quelle qu'elle soit. Je suis effectivement un Mélandien tout frais... Et je mettrai toutes mes facultés au service de la ville que j'ai choisie et qui m'a fait l'honneur de m'accepter en son sein.

Ce fut à ce moment que celui d'Eldurvellir palpita vivement et sembla monter à sa gorge. Tiamandis sortit du col de la chemise du mage et fila droit vers la cuisine, visiblement tentée par les oreilles du petit Bémour.

- Ah ! Perline, attention à ton chiot. Excusez-moi, c'est mon familier qui vient se sortir de son sommeil diurne. Pour revenir à notre affaire, puis-je comprendre que vous êtes partants, à la condition que vous n'ayez pas à affaire avec ce peuple caché ? Pour ma part, mon souci majeur est la sécurité de Melandis. Il n'est pas question d'un génocide gratuit, bien entendu. Ce serait indigne.

Eldurvellir reprit un peu d'hypocras.

- Evidemment, si nous entrons en contact avec ce peuple inconnu, il est fort possible qu'il nous soit d'emblée hostile : dans ce cas, nous ne ferions que nous défendre, bien entendu. Etes-vous d'accord sur ce point ?

[Eldurvellir]

Un long silence s'installa, à peine troublé par le fredonnement de Perline, qui préparait le repas du soir.

N'y tenant plus, Fhiongan s'écria :

- Encore un petit verre d'hypocras ! je sers tout le monde... Faudra vous décider, mes bons amis. Un peu de vin, ça vous aidera à bien réfléchir.

[Alexiel]

Il fallait beaucoup moins, ou beaucoup plus, selon les cas, qu'un verre d'hypocras pour corrompre Alexiel. Là, par exemple, la perspective encore vague de génocide gratuit avait quelque chose d'extrêmement stimulant, sans qu'il puisse dire exactement pourquoi. Il avait dans l'idée que le meurtre de ce genre serait particulièrement plaisant, non seulement à exécuter, mais aussi pour sa commanditaire de toujours et la Lune Noire ensemble. C'était comme une cerise bien mûre qu'il se repassait sur le bout de la langue, avant de l'écraser pour en laisser couler le jus voluptueusement. Cela le rendit quelques instants rêveur, laissant croire qu'il hésitait. Oh que non. La dernière sortie du mage lui laissant entendre que ce dernier ne serait pas très regardant sur les prétextes, et qu'il ne chercherait pas non plus la croisade stupide et périlleuse, ils pourraient manifestement s'entendre. Bien sûr, il serait toujours temps d'aviser le moment venu.

« Pour ma part, pourvu que vous me réserviez quelques unes de vos potions, c'est un retour en nature qui me convient et je suis partant pour l'expédition de recherche de ces ruines et de ce trésor. Dont je veux une part, cela s'entend, s'il se trouve. Pour ce qui est des éventuels rapports avec les indigènes, ils seront vraisemblablement sanglants – mais s'agissant d'une possible éradication, j'entends aviser en fonction du contexte. Ne soyez pas si timide avec cet hypocras, il en faut un peu plus pour m'effaroucher les boyaux. »

[Echo]

- Je suis partante pour le trésor, cela va sans dire. Pour le reste... eh bien vous vous en tirerez très bien à vous trois, non ?

Qu'ils aillent donc décimer tout un peuple de troglodytes si ça leur chante, elle n'avait aucune envie de prendre part à tout ça. Le fait de devoir travailler avec d'autres personnes était déjà suffisamment énervant, elle n'allait pas en plus subir leur rustre compagnie plus de temps que nécessaire.

Avec un peu de chance, elle connaîtrait le même sort que Fénelone : elle serait la seule survivante de cette expédition, à la différence qu'elle, elle n'aurait pas bêtement perdu son trésor dans les entrailles de la terre. Et voilà, pas besoin de partager, ce dont, soit dit en passant, elle avait toujours eu horreur. Oui, on pouvait toujours rêver...

[Eldurvellir]

Sans un mot, Fhiongan remplit le verre d'Alexiel. Eldurvellir souriait.

- Eh bien, nous faisons donc affaire ! j'en suis heureux ! pour ma part, j'aimerais partir au plus tôt... Demain si possible... Mais je comprendrais parfaitement que vous puissiez avoir besoin d'une journée, naturellement. Je fournis les potions nécessaires au voyage. A vrai dire j'en ai assez peu de prêtes, mais je sais fabriquer des potions de soins très rapidement et puis en faire en route. En forêt nous pourrons trouver notre pitance, cela est moins certain une fois parvenus dans les entrailles de la terre... J'ai préparé des galettes très nourrissantes, à base de viande séchée et de fruits secs. J'ai aussi une infusion de ma fabrication capable de donner un coup de fouet à nos corps fatigués. Bref, il ne manque que vos talents pour que l'équipée soit intéressante et fructueuse.

Le mage regarda l'hypocras, comme tentant d'y lire un signe, puis reprit :

- Vous devez probablement avoir pris une chambre à l'auberge. Si cela n'est pas le cas, vous pouvez bien sûr dormir ici, dans le salon. Pour le dîner... Perline !
- Oui, messire ?
- As-tu prévu quelque chose de consistant, pour ce soir ?
- Oui, un rôti. Je me suis doutée que nous serions plus nombreux que prévu !
- Fort bien. Vous êtes donc mes invités pour le dîner.

[HRP : dites-moi si on peut éluder les préparatifs, afin d'arriver rapidement au voyage]

[Alexiel]

Alexiel accepta de bonne grâce le dîner, même s'il faisait double emploi avec celui, un peu trop écourté à son goût, qu'il avait pu prendre tout à l'heure à l'auberge. Il annonça en outre qu'il avait effectivement réservé une chambre au Luménien Noyé, où son cheval l'attendait avec une impatience tempérée. Après plusieurs semaines de voyage, l'animal était en effet à moitié mort de fatigue... Néanmoins le chevalier noir comptait bien le reprendre : porter une armure pèse lourd, qu'on la porte sur son dos ou dans ses bagages, et rend la marche à pied fort pénible. Si quelqu'un devait crever à la tâche, mieux valait que ce soit sa monture que lui.
Il y avait une autre raison, non moins impérieuse, à son désir de retourner dormir là-bas : il avait besoin de se laver. En profondeur.

HRP : Alexiel ne prépare rien de particulier, on peut sauter directement pour ce qui le concerne

[Eldurvellir]

Un silence. Eldurvellir regarda la tieffeline, qui semblait s'être endormie.

- Dame Chance est fatiguée, je pense.

[Echo]

- Tout à fait, je suis morte de fatigue et j'accepte avec plaisir votre invitation !

Manger et dormir à l'oeil, voilà quelque chose dont elle ne se privait jamais. De plus, elle n'avait pas vraiment d'endroit où dormir cette nuit et n'avait aucune envie de partir en quête d'une auberge bon marché. Oui, bon marché, c'est du moins ce qu'elle aurait cherché en premier avant que ses pas ne l'amènent inexorablement dans les plus riches quartiers de Melandis sans qu'elle ne s'en rende vraiment compte. Elle n'y pouvait rien, le luxe l'attirait depuis ce sinistre exil dans les profondeurs de la ville.

Elle entama son assiette avec appétit.

[HRP*: En ce qui me concerne, on peut éluder les préparatifs, j'écrirai sans doute un petit paragraphe là-dessus juste avant de commencer les choses sérieuses.]

[Eldurvellir]

- Fort bien. Perline !

La petite servante desservit vivement la table du repas.

- Tu installeras un couchage dans le salon, pour Dame Chance.
- Oui-da, sur le sofa, madame sera parfaitement bien. Et je vous montrerai le jardin, pour les toilettes. Je ferai chauffer de l'eau pour vous, dès que vous voudrez bien sûr !
- Parfait ! messire Alexiel, donnons-nous rendez-vous dès demain matin ? J'irai tôt chercher des chevaux, mais Perline sera là et pourra vous préparer un petit-déjeuner.

Le mage parla encore un peu des préparatifs, puis Alexiel partit et tout le monde alla se coucher.

Le lendemain parut enfin, une journée au ciel blanc donnant une impression de dureté. Trois chevaux pommelés, très soignés, broutaient la maigre verdure qui s'entêtait à pousser devant la maison, tenus par un fermier quelque peu maniaque.

- Et v'm'les traînez pas n'porte où ! si v'z'allez dans n' donjon, m'les faisaiz pas minter des marches, hein ! s'pas des chiens, faut l' laisser derhors quind v'z'entrez quequ'part !
- Oui, oui, ne vous inquiétez pas. On ne va pas vous les manger, vos chevaux !
- Hein mé ! mé qu'on minge pas les ch'vaux !
- Non, évidemment. Nous sommes des gens civilisés, ne craignez rien.
- Ah bin ça va, 'lors. Lo, y'o Hersente et Hartel ; Le p'tit, Arald, l'est jeune mais gintil : il ira parrfait'mint pour la p'tite dame. Serrv'teur, mindame !

Le paysan partit, se retournant de nombreuses fois pour observer le comportement du mage vis à vis de ses chevaux. Mais Eldurvellir les cajolait et ne put être pris en faute par le fermier sourcilleux.

Enfin le groupe fut prêt à partir.

[Echo]

Mais qu'est-ce qui lui avait pris d'accepter ce boulot ? C'est la première question qu'elle se posa en ouvrant les yeux au petit jour. Elle se la posa une deuxième fois lorsqu'elle se retrouva face à "Arald" dont elle tenait la bride sans vraiment savoir qu'en faire. Était-elle censée lui grimper dessus ?

- Bien bien bien, dit-elle au cheval avec un pointe de nervosité dans la voix, il paraît que tu es gentil. N'est-ce pas que tu es gentil, Arald ? Tu ne vas pas me faire tomber en chemin ? Nooon, ce serait assez douloureux, et assez humiliant aussi. C'est ma première fois tu sais, alors il faudra être très doux, d'accord ?

Bon, Arald n'avait pas l'air de comprendre tout ce qu'elle lui disait, pas même la moitié en fait, mais elle se répéta que tout se passerait bien. Elle lança tout de même un regard suppliant au mage avant de demander :

- Est-ce que la route sera longue ?

C'est qu'on ne devait plus trop sentir ses fesses après une journée entière sur le dos de pareil animal...

[Alexiel]

De son côté, Alexiel avait été très ponctuel à l'égard du rendez-vous, et n'avait pas manqué de venir profiter du petit-déjeuner de Perline ; c'était une cuisinière émérite, et le guerrier n'avait que trop peu souvent l'occasion de prendre un repas correct entre deux expéditions hasardeuses. Alors qu'il se trouvait encore attablé, son cheval, déjà sellé, attendait près des autres, impassible. Une longue nuit de repos à l'étable lui avait redonné un peu de vigueur et il ne faisait plus aussi triste figure que la veille, lorsqu'il avait passé les portes. C'était un cheval de guerre, un bai brun presque noir, robuste et fort, qu'il appelait Eclipse, et si le semi-elfe pestait volontiers contre lui, il y était somme toute attaché : c'était son seul allié fidèle, et son seul bien.

Il descendit bon dernier, après avoir rendu longuement honneur à tout ce que Perline lui proposait. Quand il apparut enfin devant la maison, Chance paraissait tenter de s'expliquer avec le demi-poney qu'on lui avait attribué. Les saluant tous d'un simple signe de tête, il enfourcha sa propre monture sans même s'aider des étriers, d'un mouvement rapide et sûr, sans doute très agaçant.

[Eldurvellir]

Eldurvellir admira la désinvolture avec laquelle Alexiel monta à cheval. Pas de doute, on tenait là un homme sûr. Il se retint de rire en voyant la tieffeline inquiète face au cheval. La rassurer, et tout ira bien, pensa t-il.

- Dame Chance, ne vous inquiétez pas. Ce cheval est bien soigné, donc il est équilibré et se comportera bien. Je vais placer ces couvertures derrière votre selle, vous serez calée et ne risquerez rien.

Il plaça les couvertures derrière les selles des chevaux.

- Il fera froid, ce sont des terres montagneuses. Nous aurons besoin de protection, le feu de camp n'y suffira pas.

Pendant ce temps, Fhiongan avait équipé son cheval.

- Allez, Hartel, du nerf... Désolé, p'tit mago, mais j'ai perdu ton canasson au jeu... A la Porte de Baldur, ça ne plaisante pas...
- J'espère juste que l'ivrogne a qui tu l'as cédé ne l'a pas trop fait souffrir !
- Oh non, c'était une vieille... En fait elle a joué pour l'acquérir, je pense. Elle semblait adorer les bêtes.

Eldurvellir rit.

- Bonne chance à ce pauvre cheval, alors ! dame et sires, nous partons. En allant vivement, nous serons au Bois du Gobelin Pouilleux d'ici deux bonnes journées... Peut-être trouverons-nous une auberge pour ce soir, mais rien n'est sûr, dans ces contrées. Attendons-nous à loger à la dure !

Le mage enfourcha Hersente et la petite troupe se dirigea vers les portes de la ville.

Suite : http://www.baldursgateworld.fr/lacouron ... post359617

[Eldurvellir]

Perline commençait à s'ennuyer un peu. Bémour, le chien, était une compagnie parfaitement délicieuse, mais le maître de maison lui manquait. Ca fait déjà si longtemps... Et s'il ne revenait pas ? En son for intérieur la jeune servante savait qu'Eldurvellir avait dû tout prévoir, mais elle était malgré tout un peu inquiète. Heureusement qu'Uwelane et dame Béroalde passent de temps en temps discuter... Et qu'il y a tout de même un peu de pratique !

Le mage avait préparé beaucoup de potions, et montré à sa servante comment préparer les plus simples - heureusement les plus demandées. Ca permet au moins de payer les fournisseurs et l'impôt de ville. Sans cela, qui dit que je n'aurais pas déjà été expulsée et la maison saisie ?

Bémour arriva juste à temps pour lui éviter de s'apesantir sur le sujet.