La Couronne de Cuivre

L'objectif visé fut amplement atteint. le barde sursauta de façon fort spectaculaire, renversant la casserole d'eau qu'il mettait à chauffer.
- Je... oui, bien sûr...
Se retournant, il comprit la farce dont il venait d'être l'objet et s'empourpra.
-Espèce d'andouille, lança-t-il d'un air boudeur. Et moi qui rendait service à la collectivité. Puisque c'est ça, tu n'as qu'à te débrouiller !
Un sourd grognement se fit entendre, le faisant sursauter une seconde fois. Léo s'approchait, annonçant le retour de sa maîtresse. Celle-ci venait de la direction opposée à la rivière, fredonnant dans une langue inconnue de Kasumi, une récolte de fraises sauvages dans les mains.

Si le rôdeur concevait la moindre culpabilité à l’idée d’avoir ruiné une partie des efforts louables de son demi-frère, la pleine réussite de son plan déclencha tout de même son hilarité. Tout en allant chercher de l’eau au ruisseau pour remplacer celle qu’avait renversée Tilmandil, il lui lança une petite pique :

- Et moi qui voulais juste t’habituer à ce qui t’attend tout à l’heure, pour que le choc soit moins rude. Oh que je suis déçu !

Puis il remarqua qu’ils n’étaient à nouveau plus seuls. Il salua la druidesse avec déférence, la complimentant même sur son chant avant de se pencher au bord du ruisseau :

- Est-ce du sylvestre ? Ma mère a essayé de me l’enseigner autrefois mais je n’étais pas assez patient pour l’écouter.

La druidesse s'approcha de sa démarche souple et silencieuse.
- Oui, c'est du sylvestre... Une langue qui chante comme le vent dans les feuillages des grands arbres.
Elle s'approcha de lui, et fronça subitement les sourcil en remarquant, pour la première fois, les bracelets de cuir qu'il avait récupérés quelque part dans une cité perdue du désert.
- Où avez-vous eu ses bracelets ? demanda-t-elle abruptement. Vous permettez que je les regarde de plus près ? Il me semble les connaître...

hrp : wifi très aléatoire en roumaine... je ferai ce que je peux !

Kasumi n’avait pu s’empêcher d’admirer la façon efficace et discrète de se mouvoir de la druidesse, reconnaissant derrière la fluidité de l’ensemble certaines techniques qu’on avait tenté de lui enseigner avec plus ou moins de succès. Un peu perdu dans ses pensées, il sursauta - pour la plus grande joie sans aucun doute de Tilmandil - quand Eärundra s’adressa à lui avec un brin de brusquerie. Avait-elle remarqué son regard un peu trop insistant ? Non, cela concernait les bracelets trouvés dans les ruines. Un peu penaud, il baissa ses yeux vers eux, l’air de ne pas comprendre leur importance pendant quelques secondes avant de se reprendre pour répondre :

- Tilmandil et moi les avons trouvés en Calimshan, dans d’antiques ruines infestés de non morts. Je dois dire que je n’y pensais plus vraiment et n’ai pas pris la peine de les faire identifier. Vous voulez les prendre, peut-être, acheva-t-il d’un ton interrogatif tout en commençant à en défaire un.

- Merci, fit elle en le prenant en main. Mais rassurez vous, je vous le rendrai...
Elle l examina avec soin.
- C est bien eux...
Elle se tourna vers kasumi avec un sourire reveur.
- C est ma mere qui les a fabriques. Ils appartenaient a mon pere.... Ainsi, il a finalement rejoint le Calimshan... Et est mort la-bas, de ce aue vous en dites...

hrp clavier qwerty... je fais ce que je peux

Kasumi écarquilla les yeux de surprise. Comment, à des centaines de lieues de là, avait-il pu trouver un objet appartenant à un être cher d’une druidesse que seul le hasard ou presque l’avait fait rencontrer sur la route ? C’était décidément trop invraisemblable pour qu’il ne s’agisse d’une simple coïncidence. Mais que cela signifiait-il dans ce cas ? Que les bracelets revêtaient quelque importance cachée peut-être, que les dieux avaient un curieux sens de l’humour sans aucun doute !

En tous cas, le rôdeur n’hésita pas une seconde sur la conduite décente à tenir : il délia l’attache du second bracelet avec délicatesse avant de le tendre à Eärundra en posant un genou à terre dans un élan un peu trop formel, sans doute inspiré par la présence d’un barde tout proche. Il déclara d’un ton tout aussi solennel :

- Il est hors de question que vous me les rendiez. Permettez-moi de vous les remettre en gage de mes plus sincères condoléance. Et sachez que je suis honoré d’avoir pu vous les rapporter.

Pas un mot sur le destin de son père : les ruines ne comptaient que des cadavres et des non morts et même s’il existait une chance infime que les bracelets y aient été apporté par quelqu’un d’autre, il sentait que tenter de donner des illusions à l’elfe n’était pas ce qu’elle attendait de lui, que ce serait lui manquer de respect.

A sa grande surprise, l'elfe ne répondit que par un haussement d'épaule.
Elle prit d'autorité l'une des mains du rôdeur et referma le bracelet sur son poignet.
- Gardez-les, j'insiste... C'est certainement un clin d'oeil du destin, un signe des dieux, qui a voulu que ces bracelets tombent entre vos mains. Un indice qui tend à prouver que j'ai bien fait de décider de vous accompagner pour vous aider...
Elle eut un sourire vaguement amusé.
- Et merci pour vos condoléances... Mais je n'ai guère connu mon père. Il est parti vivre sa vie, à l'aventure, quand j'étais une gamine d'à peine quinze ans. Il n'a été qu'un amant de passage dans la vie de ma mère, comme elle l'avait souhaité d'ailleurs. Je sais simplement qu'il était un demi-elfe, un rôdeur je crois.
Elle lui tendit le second bracelet.
- Quant à moi, je n'ai nul besoin de ces bracelets de toute façon. Je suis heureuse de savoir que c'est vous qui les porterez désormais...

Le rôdeur n’était pas tant surpris que cela à bien y penser : Eärundra avait déjà manifesté son caractère indépendant et généreux au cours des quelques jours depuis qu’il avait fait sa connaissance. Cette parcelle de son histoire, révélée par le hasard ou la volonté indirecte de quelque dieu, la lui faisait voir sous un autre jour, avec une autre dimension. La druidesse n’avait pas connu de père véritable, peut-être même pas du tout. C’était triste en quelque sorte… Kasumi ne put s’empêcher de faire le rapprochement avec sa propre histoire : avoir deux parents mais dont l’un avait été éternellement absent. Avoir perdu l’autre bien trop vite et pourtant si logiquement puisqu’elle avait été humaine et destinée à ne pas lui survivre bien longtemps. Il songea aussi à l’enfant demi-elfe qu’attendait la compagne de Tilmandil en se demandant si lui aussi connaîtrait une enfance aussi tourmentée.

Cependant Eärundra semblait accepter la chose comme allant de soi et son sourire amusé n’incitait pas à la morosité. Après avoir soigneusement fixé le second bracelet, il se redressa avec souplesse devant sa bienfaitrice et déclara d’un ton tout à fait sincère, sans l’avoir prémédité :

- Vous me faites un honneur considérable, Eärundra, une fois de plus. Et puisque c’est vous qui me les offrez, je les conserverai avec joie comme un vivant gage de votre générosité. J’espère de tout cœur vous donner raison d’avoir accepté de nous aider. En tous cas, j’essaierai de me montrer digne de votre don et d’en faire bon usage.

Après un instant à se rendre compte du silence qui avait suivi sa déclaration un peu trop emphatique, il crut bon d’ajouter d’un ton beaucoup plus léger :

- En tous cas, je suis bien d’accord avec vous sur le fait que les dieux ont parfois un bien curieux sens de l’humour. Votre père est parti en Calimshan à la recherche de quelque secret enfoui sous le désert alors que le plus précieux des trésors – une fille dont il aurait été très fier - l’attendait à l’endroit même d’où il est parti ! J’espère faire preuve de plus de discernement que mon comparse demi-elfe..

- A chacun ses trésors, conclut l'elfe avec philosophie. Pour lui c'était là-bas... Et c'est mieux ainsi, ma mère était une solitaire qui n'aurait pas souhaité une relation durable. Elle voulait un enfant, ce fut moi. Mais elle ne voulait pas d'un homme dans sa vie. Elle était ainsi, je n'ai jamais cherché à savoir pourquoi ou à me demander si autre chose aurait été préférable. Elle m'a transmis son goût pour la solitude et l'indépendance. Pourquoi se rendre dépendant d'un homme après tout ?
Elle sourit.
- Et vous-même ? Je sais que votre mère était une rôdeuse, qu'elle vivait loin de votre père. Un peu le même genre de caractère que la mienne, peut-être ?

Le regard du rôdeur se fit rêveur tandis qu’il analysait les révélations d’Eärundra et tentait de se souvenir de son enfance et de sa perception de ses parents d’alors. Ils étaient déjà sur chemin du retour avec le chargement d’eau quand il lui répondit enfin :

- Je n’étais guère plus qu’un adolescent quand elle nous a quitté mais je crois qu’elle aussi avait ce côté… félin. S’attacher à son enfant jusqu’à ce qu’il soit capable de se débrouiller par lui-même mais guère à un autre type de relation durable. Toutefois, je crois pouvoir affirmer qu’elle aimait sincèrement mon père, tout comme il l’a aimé aussi. Ils étaient trop différents, elle attachée à ses bois, à sa communauté, lui à la ville et sa famille elfique. Ils se seraient usé à vivre chaque jour ensemble sans discontinuer pendant des années. Toutefois, ils étaient toujours ravis et heureux quand ils finissaient par se retrouver après une longue absence. Mais nous devrions poursuivre plus tard de peur que Tilmandil commence à se faire de drôles d’idées. Quoiqu’il n’ait absolument pas besoin d’aide en la matière !

Eärundra eut un haussement de sourcils amusé, mais n'ajouta rien. Et Tilmandil les accueillit en effet avec un sourire narquois, plein de sous-entendus.
- Il vous en faut du temps pour simplement remplir une gamelle d'eau.... Heureusement que je suis plus efficace que vous ! J'ai même démonté la tente.
En l'occurrence, c'était peut-être une idée dont il aurait peut-être pu s'abstenir : la toile gisait au sol en un tas informe, à demi pliée, tandis que les barres métalliques et les pitons étaient entassés à côté.
- Mais je n'arrive pas à la faire tenir dans le sac, admit le barde, légèrement empourpré.
- Je vous laisse vous dépatouiller avec tout ça, fit Eärundra d'un ton moqueur. Moi, je m'occupe du petit déjeuner !

Le regard amusé de la druidesse était contagieux et Kasumi dut contenir un fou-rire en regardant le tas informe qui avait été une tente quelques instants plus tôt. Cela aurait assurément vexé son demi-frère qui avait fait preuve de beaucoup de bonne volonté aussi le demi-elfe prit soin de lui donner quelques conseils sans avoir l’air de lui donner une leçon :

- Oh, c’est simplement que tu as cherché à plier la toile et non la rouler. Cette conception n’est pas facile et il vaut mieux être deux pour la ranger. Donc si tu veux bien me donner un coup de main, ce ne sera pas de refus sinon Eärundra aura fini de préparer le petit-déjeuner, aura mangé et aura même fini la vaisselle avant même que j’en ai fini. Ce serait dommage ! On n’aurait pas à manger ! Tiens, ces piquets servent à donner un point d’appui pour enrouler le tout bien serré. Ensuite il suffit de commencer par le bout le plus évasé là. Tu vois, ça va tout seul. Mais ne va pas trop vite, notre druidesse n’a pas fini les corvées et ce ne serait pas si mal d’y couper…

- Oui, tu as raison, on a tout notre temps....
Mais ils eurent beau faire mine de prendre leur temps, à eux deux, ils eurent tôt fait de rouler la tente.
Eärundra achevait de cuire une omelette, et une théière sifflait, lorsqu'ils la rejoignirent.
- N'ayez crainte, je vous ai laissé les tartines à préparer... je ne voulais pas courir le risque de vous vexer en faisant tout le travail...
Preuve qu'elle avait certainement entendu la remarque de Kasumi...

Ils se remirent en route assez rapidement, sous un ciel devenant menaçant. Il leur restait plusieurs heures de marche et il était plus que probable qu'un orage éclaterait bien avant leur arrivée. Les arbres, assez espacés aux abords de la rivière, ne leur fourniraient qu'un abri très relatif. A moins qu'ils ne s'éloignent du cours d'eau et s'enfoncent dans les bois impénétrable qu'ils apercevaient non loin, où la protection des feuillages serait plus efficace. Kasumi, du reste, connaissait suffisamment les lieux pour ne pas s'y perdre. Il n'y a guère que Léo qui n'apprécierait guère le détour : la végétation actuelle lui permettait de cheminer un peu à l'écart, ce qui lui convenait fort bien. Il était clair qu'il détestait les bois touffus et dense où il ne pouvait repérer ni ennemi, ni proie.
Tilmandil, insouciant et inconscient certainement des présages du ciel, avait pris sa flûte et en jouait un air entraînant, cherchant peut-être à se donner du courage pour soutenir le rythme imposé.

Quand ils avaient rejoint Eärundra, Kasumi avait adressé un sourire qu’il espérait désarmant à la druidesse avant de répliquer en regardant son demi-frère :

- Nous avons de la chance, Timandil mais j’en profite aussi pour te mettre en garde afin que tu ne sois pas surpris ce soir. Ne te fies pas aux manières parfaitement civilisées d’Eärundra d’accommoder la nourriture comme nous l'aimons car la plupart des druides, pour ce que j’en sais et sans vouloir aucunement vous offenser, très chère, se contentent de ce que la nature met à leur disposition et ne prennent pas la peine de transformer les plantes ou même de cuire leur viande. D’ailleurs, à ce sujet, la plupart se contentent de la nourriture de leur forme animale de prédilection. Il n’y aurait probablement pas de si succulentes omelettes ou même de tartine si nous étions tombés sur une de ses consœurs.

Puis, après s’être occupé des dites tartines, les trois aventuriers s’étaient mis en devoir de prendre rapidement des forces avant d’affronter l’étape du jour…

Quand il devint évident que celle-ci menaçait de s’avérer arrosée, Kasumi hésita quelque peu sur la conduite à tenir, repoussant au maximum le moment de s’approcher des bois plus denses. En effet, ils progressaient plus aisément et donc plus rapidement en terrain quasiment découvert sans compter que la forêt luxuriante recelait des dangers appelant à davantage de vigilance. Tilmandil bénéficiait d’un chapeau et le rôdeur se doutait qu’Eärundra ne craindrait pas plus que lui-même de se mouiller quelque peu le temps de se mettre à l’abri quand l’orage éclaterait. Avertir Tilmandil du danger était cependant souhaitable ne serait-ce que pour ne pas donner l’impression de n’avoir su le prévoir. La druidesse l’avait certainement constaté d’elle-même mais restait un peu en retrait avec Léo, sans doute pour ménager le barde.

- Hâtons-nous avant le déluge ! Eärundra, il faudra que nous restions groupés quand la pluie nous forcera vers le cœur de la forêt.

Et la pluie vint, bien sûr. Subite, violente, un véritable déluge. Eärundra proposa immédiatement de bifurquer vers les bois plus denses, mais Léo refusa tout net d'y entrer. Avec un grognement, il se détourna et poursuivit sa route, de son pas souple de félin, longeant la forêt touffue qu'eux s'apprêtaient à traverser.
- On dirait que ce bois ne lui inspira pas confiance, marmonna Eärundra. Je peux le comprendre... On n'y verra rien à plus de quelques mètres. Lui a besoin de repérer ses adversaires à distance; mais d'un autre côté, si on reste sous ces grands arbres, on va se faire saucer... Que préférez-vous ?

Le déluge ne tarderait pas à percer la protection de leurs vêtements, même ceux du rôdeur, prévu pour ce genre de désagréments. Mais il devait avant tout penser à son demi-frère, de loin le plus vulnérable de leur groupe sans doute. Il se tourna donc vers la druidesse en élevant la voix pour qu’elle porte par-dessus la tourmente :

- Je sais que vous ne craignez pas ce genre de petites averses anodines mais il vaut mieux nous mettre à l’abri. Pensez-vous pouvoir convaincre Leo de se fier à moi ? Je pense pouvoir parcourir ces bois les yeux fermés et y repérer tout danger et il n’y en a guère si près de la zone d’influence du camp.

Et aussitôt d’entraîner le groupe vers le sous-bois : ce serait toujours ces quelques secondes de gagnées qu’elle que soit la décision d’Eärundra.

Eärundra n'hésita que quelques instant avant de les suivre. Léo, quand à lui, resta obstinément à l'écart des bois dense dans lesquels ils venaient de pénétrer, préférant de loin la végétation plus espacée.
Leur progression devint beaucoup plus lente : ils butaient sur des racines, les ronces les assaillaient de toute part, et Tilmandil ronchonnait chaque fois qu'il manquait trébucher ou qu'une bestiole non identifiée l'effleurait.
Néanmoins, kils approchaient. Kasumi connaissait les lieux. Les signes de piste étaient plus nombreux.

Il ne leur restait, au juger, qu'une bonne heure de marche, quand Eärundra s'arrêta net.
- Léo a des ennuis...
Un rugissement lui répondit aussitôt, suivi d'un cri. Une voix humaine.
La druidesse disparut instantanément, filant en direction de son fauve. Il ne se trouvait guère qu'à une centaine de mètres, du reste.

Kasumi hésita un instant de plus, partagé entre l’idée de la suivre pour porter secours à Léo et celle de rester à protéger Tilmandil. Finalement, il opta pour la première solution en filant à toute vitesse entre les arbres comme s’ils n’étaient que des ombres après avoir passé des instructions fermes à Tilmandil :

- Il vaut mieux que tu ne bouges pas mais fais-toi entendre en cas de problème !

Au rythme où il allait, il aurait tôt fait de rejoindre la druidesse ou le tronc d’un arbre. Tout en courant, il cria à l'adresse de l'humain quel qu'il soit :

- Par la grâce de Mielikki, ne touchez pas au lion !

S'il s'agissait d'un des rôdeurs du camp, peut-être cela suffirait-il à arrêter une confrontation avant qu'il y ait des blessés.

-Pourquoi ? Il est à vous ? répondit une voix à quelques dizaines de mètres de lui seulement.
- Il est à moi, répliqua la voix d'Eärundra.
Kasumi, entre-temps, était parvenu à sortir du sous-bois dense dans lequel il se trouvait, et embrassa d'un oeil la situation : Eärundra se jetant entre Léo et deux hommes armés d'arcs, flèche encochée, prêt à tirer. Ceux-ci abaissèrent immédiatement leur arme. Ils étaient jeunes, encore presque adolescents, et leurs vêtements les désignait comme hommes des bois. Mais ils étaient inconnus de kasumi. Peut-être encore des enfants lorsqu'il avait lui-même quitté les lieux.
- On ne pouvait pas deviner, maugréa l'un d'eux. Quand il nous a vu avec nos arcs il s'est mis à gronder, prêt à attaquer.

Kasumi lâcha un soupir en constatant que la situation était désormais presque sous contrôle. Toutefois, il s’en était fallu de peu qu’un drame se fut accompli, pour Léo aussi probablement que pour les deux jeunes gens. Le rôdeur leur adressa un regard quelque peu sévère avant de s’adoucir :

- Les lions sont des animaux taciturnes, un grondement n’est souvent qu’un avertissement. Vous avez cependant eu raison de ne pas tirer avant d’en avoir le cœur net. Qui est votre instructeurs, jeunes éclaireurs.

Le titre était certainement surévalué car on ne passait éclaireur qu’une fois adulte en général, du moins d’après ses souvenirs et si les règles n’avaient pas changé depuis, mais les flatter un peu ne pourraient pas faire de mal.

- Je me nomme Kasumi et voici Eärundra. A qui avons-nous affaire ? Et présentez-nous aussi vos amis, ils ne craignent rien, ajouta-t-il après un instant d'hésitation en désignant un buisson.

HRP : désolé d'avoir improvisé sur la fin. Si ça te gêne de rajouter quelques PNJs muets, j'éditerai.

- Je suis Willem.
- Et moi, Mica. Et dans les buissons, c'est juste ma petite soeur. Emea, tu peux sortir !
Une gamine d'environ huit ou neuf ans sortit de sa cachette. Elle avait un drôle d'oiseau multicolore sur l'épaule.
- Et lui c'est Coco, lança-t-elle, pas timide pour deux sous, en désignant le perroquet.
- Coco ! Coco ! répéta celui-ci.
- Et notre instructeur, c'est le vieux Jeremiah.
Un nom qui évoquait à Kasumi un homme âgé, taciturne, mais excellent pisteur et archer hors pair. L'un des plus anciens rôdeurs du camp.
- Et où vous rendez-vous ainsi, nobles étrangers ?
- Et comment vous savez qu'on a un instructeur ?

Le rôdeur adressa un sourire ravi aux enfants avant d’échanger un regard avec Eärundra qui préfèrerait sans doute s’occuper de son lion que de jeunes fauves des bois. Le demi-elfe adopta un ton mystérieux comme s’il s’apprêtait à révéler quelque secret aux enfants pour gagner leur confiance :

- Enchanté de faire votre connaissance, Emea, Mica et Willem. Et de la tienne aussi Coco. Et puisque vos questions sont légitimes, je me ferai un plaisir d’y répondre. Tout d’abord je sais que vous avez un instructeur car vous avez su adopter une bonne tactique d’embuscade : toujours laisser des renforts cachés pour déstabiliser l’adversaire et surtout ne pas tirer à tout va sans être certain de sa cible. Je constate avec plaisir que l’honorable Jeremiah dispense toujours d’aussi bons conseils. Nous nous rendions au campement pour y trouver informations et assistance dans l’accomplissement d’une quête d’importance. Oh, et nous ne sommes pas nobles. Nous en escortons un que nous avons laissé dans les bois… Si vous permettez que j’aille le retrouver, vous savez certainement qu’ils sont revêches quand ils se perdent trop longtemps en forêt…

- Une quête d'importance ? Du genre où faut trouver un trésor perdu dans une cité antique après avoir vaincu un dragon ?
- Avec un noble ? Beuark. Le genre avec des beaux habits qui hurle quand il met le pied dans une flaque de boue ?
- Il est riche ?
Eärundra, quand à elle, avait posé la main sur la tête de son fauve et lui parlait doucement çà voix basse. Les deux garçons lui jetaient encore quelques coups d'oeil craintifs, mais semblaient rassurés de voir qu'il se laissait caresser par l'elfe. La fillette, quand à elle, semblait mourir d'envie de le caresser elle aussi.

Kasumi adressa un regard attendri à la fillette en comprenant qu’elle était attirée par le lion au contraire de ses deux camarades plus âgés :

- Tu devrais demander à Eärundra de te présenter à Léo, le prince des mots d’Everaska. Je suis certain qu’elle sera d’accord.

Puis, il se tourna vers les garçons et continua d’un ton enjoué :

- Oh, les dragons ne sont pas si terribles… Ils ont tendance à se laisser flatter contrairement aux vieux ours sanguinaires de la Haute Forêt. Pour ce qui est de notre noble ami, je vous laisserai l’interroger vous-mêmes ! Et si nous allions le retrouver avant qu’il ne confonde le nord et le sud et se perde ?

Les deux jeunes garçons convinrent qu'il n'avait pas tort.
- On va vous accompagner, alors. On se fera moins tremper qu'ici...
Eärundra semblait se ficher comme d'une guigne de la pluie battante qui transperçait leurs vêtements.
- Je reste avec Léo, si ça ne vous dérange pas. Il suffit que je longe la rivière, c'est bien ça ?
- Je vais rester avec vous, intervint Emea. Je vous guiderai.
Sans doute voulait-elle également rester auprès du fauve. Eärundra, du reste, parut s'en apercevoir.
- Merci... Tu peux poser la main sur sa crinière, si tu veux, et même la caresser... mais pas trop longtemps !
- On se retrouve au campement, lança joyeusement la fillette en posant fièrement la main sur la crinière de Léo.

Tilmandil, obéissant pour une fois sans discuter aux consignes, n'avait pas bougé d'un pouce, se contentant de choisir l'endroit le mieux abrité pour attendre.
Il jeta un regard interrogateur à Kasumi en voyant son escorte.

Kasumi ressentit une pointe d’inquiétude en voyant la fillette s’approcher de Léo avec enthousiasme. Le moins que l’on pouvait reconnaître à Emea était qu’elle était courageuse, voire intrépide. Elle lui rappela immédiatement sa propre attitude pendant ses jeunes années, et peut-être encore un peu maintenant, il devait aussi se l’avouer. Un regard à Eärundra lui suffit pourtant pour être rassuré : il avait confiance en la jeune druidesse pour prévenir tout risque impliquant le fauve et elle semblait même avoir pris la fillette en affection. C’est donc sur un sourire qu’il la laissa sous la pluie pour rejoindre la forêt avec ses deux nouveaux acolytes. Tilmandil fut facile à repérer puisqu’il n’avait guère bougé de l’endroit où il l’avait laissé. Il aurait été facile de le surprendre mais cela aurait été mesquin aussi le rôdeur décida de suivre une autre idée qui le fit rire intérieurement. Il chuchota à l’adresse des deux garçons :

- Le prince Tilmandil est quelqu’un de gentil vous verrez mais à condition de respecter son titre et sa noblesse. Je sais que ce ne sont pas nos coutumes mais je vous invite à vous incliner et vous adresser à lui en utilisant "Votre Altesse elfique" quand vous le rencontrerez. C'est un peu pompeux, je sais...

Puis, il s’approcha du barde avec une lueur amusée dans le regard, laissant à ses nouveaux protégés le soin de se présenter et peut-être donner suite à sa farce.

Les deux jeunes garçons parurent quelque peu interloqués. Ils s'entreregardèrent, hésitants. Puis l'aîné s'approcha de Tilmandil, s'inclinant avec la raideur de qui n'est guère habitué à ce genre de chose.
- Votre altesse... heu... Votre altesse elfique.
Le second s'inclina avec encore moins de grâce.
Tilmandil les regarda, l'air complètement ébahi, et se tourna vers kasumi pour quêter une explication.
- Mais qu'est-ce que tu leur as dit ?

hrp : je quitte la roumaine demain (je pourrai poster depuis la hongrie mais pas ensuite), retour en france entre samedi soir et dimanche soir, tout dépend comment ça avance...

La réaction des enfants et celle de son demi-frère laissèrent une impression mitigée à Kasumi. Il se sentait un peu honteux d’avoir manipulé les deux jeunes garçons mais aussi peut-être d’avoir mis mal à l’aise Tilmandil vis-à-vis d’eux. Cependant, l’expression complètement ahurie de l’elfe valait à elle seule d’en subir les conséquences. Il s’excusa donc promptement auprès des deux enfants :

[color=#99000]- Désolé de vous avoir joué ce tour, jeunes rôdeurs, mais c’était nécessaire pour que vous puissiez désormais ajouter à b[color=#99000]votre tableau de chasse, [color=#99000]une prouesse des plus [color=#99000]ra[color=#99000]res, celle[/color][/color][/color][/color] d’avoir laissé sans voix un maître barde hors pair. Et bravo pour la révérence, elle était plutôt réussie ![/color]

Puis, pour ne pas ignorer plus longtemps la question de Tilmandil, il ajouta d’un ton un peu contrit :

[color=#99000]- Tilmandil, je te présente Willem et Mica. Ils sont les apprentis d’un de mes anciens instructeurs et vont nous escorter jusqu’au campement... Mes braves éclaireurs, je vous présente Tilmandil, célèbre barde itinérant en provenance d’Everaska. Je vous rassure tout de suite sur un point : il n’est pas noble et n’en a aucune des tares habituelles, comme vous pourrez vite le constater.[/color]

- Mais, si, je suis noble ! Bon, je ne suis pas une altesse royale, mais je suis membre de la haute noblesse d'everaska ! Je sais, ça ne se voit pas, avec les vêtements que je porte... la faute à mon demi-frère que voici qui tient absolument à me ridiculiser...
Tilmandil rit.
- Bon, d'accord, je ne suis pas vraiment noble, juste fils de diplomate. Et je suis enchanté de vous connaître, jeunes gens.
Il s'inclina gravement devant eux.
- Et donc vous allez être nos guides jusqu'au campement ? Me voilà rassuré ! je craignais que kasumi ne me perde volontairement au fond des fourrés...
- Vous êtes barde ? Et vous allez nous faire une représentation ? une vraie ? je n'ai jamais vu de barde !
- Je... Oui, bien sûr, si vous voulez...
- Mica, ne l'importune pas... Et nous allons vous guider, oui... Mais si ce n'est pas indiscret, qu'est-ce qui vous amène par ici , nous n'avons pas l'habitude de voir des bardes....

Kasumi s’approcha du barde et s’inclina avec raideur, feignant de prendre un ton de reproche :

- Rassurez-vous, noble sire, vous n’aurez plus à subir les conseils malavisés de votre guide et serviteur inexpérimenté ! Vous voilà maintenant entre de bien meilleures mains. Bien évidemment, leur tarif est bien plus cher que celui que je vous réclamais : il vous en coûtera moult représentations de vos talents bardiques. Espérons seulement que cela ne rendra pas nerveux certains des pensionnaires du campement. Si vous avez besoin d’un garde du corps à ce moment, il faudra que nous renégocions nos accords.

Puis, d’un ton plus sérieux, il répondit aux deux enfants, éludant en partie leurs questions curieuses :

- Tilmandil et moi sommes venus consulter la sagesse des anciens druides sur une plante médicinale rare qui pousse par ici. Ainsi que des informations sur un groupe d’elfes d’Everaska qui pourraient bien être passé par ici récemment.