Je n'ai pas vu de média parler de "retournement de veste", simplement, ils ont rabattu leur verbe, car avant l'élection de Syriza il était quand même question de choses bien plus grandioses que ça. Là, le gouvernement Grec va rencontrer l'Allemagne, et demander un report pour sa dette, assurer ses créanciers qu'il va bien les rembourser, qu'il tiendra ses promesses, et son plan spécifique que toutes les mesures seront prises pour rembourser, et il spécifique même que les mesures humanitaires se feront SANS SURCOUT FINANCIER. C'est pas anodin, quand même ?
Au sujet des articles, et de la partialité supposée du Monde dans cette histoire :
Ce qui me frappe, c'est l'article de Médiapart : cet article n'est pas un article de presse (un article étudie un sujet, une tribune défend une thèse) et ce n'est d'ailleurs pas un article de Mediapart mais un blog associé à MediaPart. Lorsqu'on regarde un peu on voit qu'il s'agit d'une tribune écrite par
Elias Duparc, et en utilisant l'ami google on découvre qu'il est...accessoirement...secrétaire de section du parti communiste (voir son
twitter ici par ex, l'image de fond en dit long sur qui est connivent avec qui). Donc...bon, entre un article (des articles, il n'y a pas que le Monde, on va dire les 15 premiers articles de journaux du monde entier qui parlent de cette affaire), et un responsable communiste défendant un responsable politique se référant également au communisme, je ne sais pas qui est le plus "objectif" ou connivent, non ? En tout cas pour ma part, cela suffit à me mettre le doute sur l'objectivité de cette tribune.
Une partie de l'aile gauche de Syriza a quand même l'air d'accord avec le fait que ce soit plus ou moins un renoncement (
l'Humanité en parle ici, mais peut être eux aussi sont dans la connivence avec le pouvoir ?
Les commentaires de l'article ne disent pas autre chose d'ailleurs)
Et il n'y a pas que le Monde, il y a aussi
les Echos , le huffington post
détaille point par point les divers renoncements. Et je suis sûr que si je regarde je trouve d'autres journaux. Libération
n'y va par exemple pas par quatre chemins :
L’Eurogroupe a approuvé mardi la liste des concessions qu’est prêt à faire le gouvernement Syriza. Il autorise aussi des mesures sociales si celles-ci n’ont pas d’impact budgétaire.
Et, si on sort de la France, le Guardian (classé à gauche, en tout cas plus que le Monde)
dit clairement lui :
Alexis Tsipras, the Greek prime minister and leader of the Syriza movement, had to bow to German-led pressure to stick to the broad terms of its €240bn (£176bn) bailout in order to obtain a four-month extension to the rescue he repeatedly pledged to scrap. Late on Monday the new finance minister, Yanis Varoufakis, sent a six-page list of proposed economic reforms to Brussels which held to some of Tsipras’s election campaign pledges, but largely diluted or abandoned them to win the support of the other 18 governments in the eurozone, and of the troika of bailout overseers from the European commission, the European Central Bank (ECB) and the International Monetary Fund (IMF).
Le New York Times
ne dit pas autre chose.
Et le fait même que le FMI + la BCE "valide" cet accord (pourtant eux c'est quand même pas des humanitaires) me laisse penser qu'il doit quand même être un peu plus consensuel que les discours de Syriza qu'on entendait il n'y a pas longtemps.
Alors peut être que Le Monde fait de la retape néolibérale, mais il n'est clairement pas le seul.
Dans tous les cas, renoncement ou pas, je pense qu'il s'agit avant tout de politique d'image.
L'Allemagne (la CDU) et la France et la plupart des pays Européens ne veulent pas avoir l'air de céder à la Grèce, et la Grèce ne veut pas avoir l'air d'avoir cédé devant l'Europe, je pense qu'au final, la réalité, on ne la connaîtra que dans quelques mois/années aux mesures prises (mais à ce moment là, les gens s'engueleront pour savoir qui est responsable de l'échec/la réussite de cette politique). Ils le font aussi d'autant plus pour éviter la montée des partis protestataires anti-austérité, que ce soit d'extrême droite (AfD, FN, UKIP) ou d'extrême gauche (Podemos). L'Espagne est notamment vent debout contre Syriza car Podemos est proche de la victoire en Espagne.
Pour ce qui est du fond, et après pas mal de lecture, il me semble que c'est surtout un délai que tout le monde s'est accordé. Le FMI dit spécifiquement que les mesures supplémentaires ne sont pas assez spécifiques et qu'ils donnent 4 mois supplémentaires au gouvernement pour détailler leur liste, concernant "la TVA, les retraites et les réformes du marché du travail (sa libéralisation, quoi)". Et Syriza doit faire tampon entre un peuple qui a des attentes légitimes, et des créanciers qui ont la trouille.
Mais en dehors de l'avis de chacun, ce que j'espère c'est un scénario à l'Argentine (suite à la crise de 2001), avec un étalage de la dette, un désserrement qui permettra à l'économie de repartir et produira de la richesse. Ainsi, tout le monde pourra sauver la face, en renonçant chacun un petit peu.