[Lieu] Route de Lumenis à Antelucas

[Kmir Tailleroc]

Kmir observa l’homme avec intérêt, tout en restant soigneusement à sa place. Loin de lui l’envie de s’exposer à une maladie exotique.
« Disons que je suis curieux, répondit-il. Vous avez raison, cela-dit, je n’ai pas pour habitude de proposer mes services gratuitement. Néanmoins, ce que je peux faire gratuitement, c’est investiguer un minimum. Si je trouve un moyen de vous aider, je vous en ferai part et je suis certain qu’on pourra se mettre d’accord sur une rétribution honnête. Si je ne trouve rien, j’aurais perdu du temps, mais plus que vous dont l’investissement va se limiter à me raconter en détail ce qui vous est arrivé. »
Ce n’était pas un discours qui allait lui attirer une grande sympathie. Malgré tout, cette approche plutôt franche avait le gros avantage de justifier sa démarche. Sans doute deviendrait-il moins étrange aux yeux du couple en suivant le comportement attendu de la part d’un marchand. Les marchands, c’était ordinaire, les svirfnebelins, beaucoup moins.
« Qu’en dites-vous ? »

[Voyageuse]

L'homme haussa les épaules, toujours méfiant.
" Je n'aurai pas grand-chose à vous offrir. A part le gîte et le couvert à volonté... Et puis... que pourriez-vous faire contre un sortilège ? A moins que vous ne soyez clerc, ou expert en malédictions en tout genre... Mais ma femme a l'air de croire que c'est quelque chose qui vient de votre monde. Elle dit que vu les symptômes...je suis raide comme la pierre et de la même couleur que vous. Peut-être après tout. Mais je sais comment j'ai chopé ce mal : j'ai simplement touché un objet contaminé, ou bien maudit, en aidant mon beau-frère à ranger ses trouvailles."

[Kmir Tailleroc]

« Intéressant... Ha tout hasard, je vais aller rendre une petite visite à votre beau-frère. Quel est votre nom ? Et le sien ? Votre fils m’a dit qu’il habitait dans un hameau à proximité. Vous pouvez me décrire le chemin à suivre ? »
Il avait terminé son petit déjeuné. La posture agenouillée n’étant pas des plus agréables à tenir longtemps, il descendit de la chaise, mais se tint toujours à distance de l’aubergiste. Un objet maudit ? C’était digne d’intérêt. Pourrait-il vraiment faire quelque chose ? Franchement, il en doutait. Mais puisque son but premier était de fouiner...

[Voyageuse]

L'homme croisa les épaules, les sourcils froncés.
" Mon beau-frère n'aime pas les visites. Vous ne serez sans doute pas le bienvenu. Surtout si vous êtes trop curieux vis à vis des petits trésors qu'il a accumulés. Ils n'ont pas de valeur, bien sûr, du moins la plupart du temps, mais il y tient beaucoup. Cela dit..."
Il parut hésiter.
" Que vendez-vous, comme marchandise ?"

[Kmir Tailleroc]

« Du vin, répondit Kmir. Enfin, disons plutôt que c’est ce que je transporte actuellement, par la force des choses. Cependant, j’ai longtemps œuvré pour une guilde de joailliers. Je peux expertiser les gemmes, les bijoux et pas mal d’autres petites objets de moindre valeur. Pensez-vous que votre beau-frère puisse être intéressé par une évaluation de ces trésors ? Dès fois, sans le savoir, on possède de véritables merveilles. »

[Voyageuse]

Il y avait eu une lueur fugace dans les yeux de son interlocuteur à la mention des pierres précieuses. Pourtant, il secoua la tête.
" Je ne crois pas que vous sauriez expertiser le genre de chose que collectionne mon beau-frère, fit-il. Il s'agit d'objets anciens qu'il rapporte lors de ses expéditions. Mais ce sont très rarement des pierres. Parfois des bijoux, c'est vrai, mais plutôt des vêtements, ou des armes. Plus souvent des parchemins. Mais je ne crois pas qu'il ait en ce moment quoi que ce soit digne d'intérêt pour un joaillier..."
Il semblait cependant hésitant, et finit par ajouter :
" En réalité, le seul bijou qui lui semblait digne d'intérêt, il me l'a confié pour que j'aille le faire expertiser, vu que j'étais sensé me rendre à Murols... Je peux aller vous le chercher..."

[Kmir Tailleroc]

« Très bien. Confiez-moi le bijou. Je le lui rapporterait, dûment expertisé. »
Il fallait espérer que ledit bijou n’aurait pas trop de valeur, sans quoi Kmir allait devoir se faire violence pour ne pas le dérober. Heureusement, le mystère de l’objet maudit le prémunissait en partie de vol pouvant compromettre ce qui deviendrait peut-être une enquête.
« Savez-vous cependant quel objet précisément, parmi la collection de votre beau-frère, serait responsable de votre état ? »

[Voyageuse]

L'aubergiste secoua la tête.
" Malheureusement non. Et lui non plus. Il a le même mal que moi, depuis une veille déjà. C'est aussi pour ça qu'il avait besoin de mon aide. Il n'avait plus la souplesse nécessaire dans les doigts pour classer ses parchemins et les plus petits objets. Le fait que j'aie ressenti ensuite les mêmes symptômes nous a fait comprendre que la cause était peut-être un objet maudit. Mais ça peut être n'importe quoi. Y compris ce bijou, d'ailleurs... Je n'ai laissé personne d'autre n'y toucher, par prudence. Donc faites tout de même attention... Mais je vais vous le chercher..."
Il monta l'escalier, d'un pas pesant, et revint quelques minutes plus tard, tenant à la main un petit pendentif aux éclats prometteurs. Kmir reconnut immédiatement un petit rubis, serti dans un médaillon de métal doré.

[Kmir Tailleroc]

Kmir s’approcha, observa l’objet, mais ne le toucha pas.
« Madame pourrait-elle me trouver une bourse pour que je puisse transporter le bijou sans le toucher ? » demanda-t-il, tout en poursuivant l’évaluation visuelle.
L’estimation serait donc partielle, puisqu’il ne pouvait mesurer toutes les propriétés du bijou. Cependant, compte tenu de son expérience dans ce domaine, ainsi que de son milieu d’origine, il devrait être en mesure de pouvoir dresser un bilan convenable et donc annoncer une fourchette de prix vraisemblable dans le cadre d’une vente.
Il chercha par la même occasion des signes distinctifs sur le bijou qui pourrait trahir une origine, une mise en garde, quoi que ce soit d’insolite. Une glyphe naine ? Des mots en drow ? Pourquoi pas du gnome ?

[Voyageuse]

Le rubis était de petite taille, mais sa couleur et son éclat semblait indiquer une très grande pureté. Cette pierre avait une certaine valeur, sans doute. Mais il aurait fallu, pour en être sûr, pouvoir le prendre pour l'examiner de plus près.
Le médaillon, d'une forme ovale très banale, ne portait pas de signe distinctifs près du rubis. Quand l'aubergiste lui présenta l'arrière du bijou, il vit deux symboles entrelacés. Probablement des initiales, mais dans un alphabet qui n'était pas celui de la langue commune. Cela lui évoquait plutôt une écriture elfique. Ou peut-être drow. Plus ancien que l'alphabet actuellement en usage, cependant. Le bijou était donc ancien, mais la dorure semblait restée intacte. Peut-être était-il d'or pur.
Il ne semblait pas y avoir de runes indiquant un quelconque maléfice, mais il savait que les runes n'étaient pas forcément tracées de façon visible.
" Je peux vous donner un carré de tissu pour l'examiner sans le toucher directement, proposa l'aubergiste. Mais... Vous pensez qu'il a beaucoup de valeur ?"

[Kmir Tailleroc]

« De la valeur ? Oui, probablement, répondit Kmir, toujours concentré sur le bijou. La pierre m’a tout l’air d’être de qualité et l’absence d’oxydation me laisse supposer que le pendentif lui-même est en or massif. Par tous les dieux, où votre beau-frère a trouvé ça ? Les initial, au dos, semble être du vieil elfique. Peut-être du vieux drow, je ne suis pas certain. Cet objet est sans doute très ancien. »
Il devint pensif. Une lueur de convoitise avait traversé ses yeux noirs. Oublié la fête de Murols ! Cette merveille méritait tout son temps ! Il devait savoir où le beau-frère de l’aubergiste l’avait trouvé. Peut-être y avait-il d’avantage à prendre.
« Oui, donnez-moi un carré de tissu, s’il vous plait. »

[Voyageuse]

L'aubergiste lui tendit un torchon propre, suivant ses moindres gestes avec intérêt.
De près, le rubis était effectivement de bonne qualité. Il distinguait deux petits inclusions, minuscules, mais le joaillier avait su tailler la pierre de façon à ce qu'elles ne nuisent en rien à son éclat. Le pendentif lui-même était apparemment en or, mais peut-être mêlé à d'autres métaux pour en augmenter la dureté. Bien sûr, l'objet était de très petite taille, mais il avait indéniablement une certaine valeur. Et puis, il y avait ces inscriptions anciennes au dos, qui prouvaient son âge. Indéniablement, il s'agissait d'un ancien alphabet elfique. Mais rien qui fasse vraiment sens pour lui.
" Mon beau-frère disait qu'il était sûrement très ancien... Je ne sais pas où il l'a trouvé. Il explore souvent de vieilles ruines..."

[Kmir Tailleroc]

« De vieilles ruines... Je vous crois volontiers. Pour moi, cet objet a définitivement de la valeur. Sa finition est superbe, celui qui l’a construit connaissait son affaire. Ajouté à son âge... Son prix dépasse les 20 pièces d’or. Il pourrait atteindre les 50 chez un spécialiste. »
C’était une estimation honnête, il n’avait aucune raison de mentir. Il détacha enfin son regard du bijou.
« Il est hélas tout à fait possible que cet objet soit celui qui ait pu vous maudire, vous et votre beau-frère. Des fois, pour briser une malédiction, il suffit de remettre les choses à leur place. D’autres fois, c’est beaucoup plus compliqué. »
Il marqua une brève pause, puis conclut :
« M’autorisez-vous à prendre le bijou pour le remettre à votre beau-frère ? Je pourrais ainsi discuter avec lui et savoir si oui ou non je peux vous être d’une quelconque utilité. Si vous vous en sentez encore capable, vous pouvez bien sûr m’accompagner. Maudite ou pas, ce bijou a de la valeur et je comprendrais que vous ne désiriez pas le laisser à un inconnu. »

HRP : j’ai donné le prix en partant du principe qu’une pièce d’or, c’est déjà beaucoup. S’il ne te convient pas, n’hésite pas à me faire modifier.

[Voyageuse]

HRP : concernant la valeur des objets, je te fais toute confiance, je suis sûre que tu t'y connais mieux que moi !

L'aubergiste parut hésiter.
" C'est que... Je ne suis pas sûr d'être en état de faire le trajet. Je suis affaibli, j'ai souvent des vertiges. Même si ce n'est pas très loin, ce ne serait pas raisonnable, d'après ma femme. Je n'ai même pas pu la convaincre de me laisser aller en ville à la recherche d'un clerc : elle y a envoyé nos fils."
Il soupira.
" Bref, je suis coincé ici. Et le bijou... je préfère le garder. Ne le prenez pas mal, mais... Je ne vous connais pas. Je me vois mal laisser un bijou de valeur à un inconnu, vous comprenez. Je ne vois pas vraiment ce qu'il vous apporterait, d'ailleurs. Vous pouvez très bien aller voir mon frère, de ma part, sans l'avoir avec vous..."

[Kmir Tailleroc]

Kmir tendit le bijou dans le torchon à l’aubergiste. Il mémorisa cependant dans un coin de son esprit les initiales au dos de l’objet, objet qui très certainement avait sa place dans la chambre dudit aubergiste. Se déciderait-il d’y faire un discret petit tour ? Pas pour l’instant en tout cas.
« Voici. Je comptais simplement le lui ramener, l’objet ayant été expertisé. Le réunir avec les autres trésors de votre beau-frère permettrait également d’effectuer d’éventuelles comparaisons. Mais vous avez raison, je n’en ai pas besoin simplement pour parler. Puis-je avoir le nom de votre beau-frère, ainsi que le votre ? C’est tout ce qu’il me manque et je pourrai m’en aller. »
Brève pause, puis :
« Ha non, il faut que je paye mon séjour en vos murs. Avec tout ça, j’ai failli oublier. »
Il le rappelait pour donner une bonne impression, mais si on ne lui accordait pas la remise promise, il allait l’avoir mauvaise.

HRP : en fait, dans D&D5, les objets magiques n’ont aucun prix indiqué, le jeu partant du principe qu’ils sont trop rares pour être vendus. Seuls les objets ordinaires ont des prix, or ceux-ci partent du principe qu’on peut se balader sans problème avec des milliers de pièces d’or. J’ai tendance à diviser par 10. Ainsi, le harnois complet qui vaut plus de 1000 PO, je le fais passer à plus de 100. Voilà ma logique.

[Voyageuse]

" Ah, oui, la note... Mais je suis un peu ennuyé que vous n'ayez eu qu'un maigre dîner hier, suite à mon incapacité..., fit l'aubergiste.
- Nos fils ont promis une ristourne, de toute façon, le coupa sa femme qui venait de les rejoindre.
- Ils ont bien fait. Donc je vais vous compter l'équivalent de la nuit et du petit déjeuner seulement, ça me semble plus honnête. Ça fera donc quatre pièces d'argent. "
Tout en parlant, il avait rangé le bijou dans la poche de sa chemise.
" Et pour répondre à vos questions : mon nom est Martin Laplagne, et mon beau-frère s'appelle Bruno Desplace. Vous le trouverez... Heu... Il faut revenir un peu sur vos pas, et prendre une petite route sur la gauche, qui part vers l'est. Ca doit être la deuxième ou la troisième route.
- Plutôt la quatrième, si tu comptes le chemin du moulin, corrigea sa femme.
- Moi, j'aurais dit la troisième en comptant le chemin du moulin... En tout cas, c'est la seule route où il n'y a pas de borne indiquant un nom de hameau. Les mauvaises langues disent qu'il a enlevé la pancarte pour avoir la paix...

HRP : Pour l'argent, j'avais lu quelque part l'approximation : une pièce d'or pour 15 euros ; et dans le site concernant la version DD 3, il y a quelques prix indiqués. Mais si tu penses que mes prix sont trop bas ou trop hauts, tu me dis !

[Kmir Tailleroc]

HRP : fais vraiment comme tu le sens. De toute manière, c’est un détail.

« Très bien, je devrais trouver. Merci pour votre accueil. Si vous ne me revoyez plus, c’est que mon entretien avec votre beau-frère n’a aboutit à rien. Dans cette hypothèse, puisse Tymora mener à vous un prompte rétablissement. »
Disant cela, il déposa deux pièces d’argent sur la table. Puis, non sans oublier de rabattre son capuchon afin de dissimuler un minimum son visage, il s’en alla.
Il n’avait point besoin d’aide pour atteler sa mule à sa charrette. Ceci fait, il tâcherait de suivre les instructions des deux commerçants. Il devait absolument découvrir où le beau-frère de Monsieur Laplagne avait déniché ce superbe pendentif. Avec son savoir faire de pilleur de trésors, il y aurait peut-être moyen de s’en mettre plein les poches. Et si en bonus il trouvait comment briser la malédiction, il pourrait passer pour un bienfaiteur.

[Voyageuse]

Il traversa en sens inverse le village, maintenant pleinement réveillé. Il aperçut une femme tirant un seau au puits, et quelques enfants jouant dehors. L'ambiance était paisible, peut-être même trop calme pour un jour d'été. Un peu plus loin, à l'extérieur du village, se trouvaient deux paysans en train de faucher un pré, rassemblant le foin en une meule magnifique.
Nul ne prêta vraiment attention à lui, même si le regard des paysans était un peu insistant : sa petite taille surprenait.
Il trouva sans trop de difficulté le troisième, puis le quatrième chemin vers la gauche, qui se touchaient presque. Aucun d'eux n'avait de borne. Le premier allait vers un hameau de taille respectable, visible depuis la route. L'autre disparaissait derrière un repli du terrain.

[Kmir Tailleroc]

Il prit ce dernier. L’aubergiste lui avait précisé que son beau-frère habitait un hameau minuscule, que sa maison était même pratiquement la seule du lieudit. Sûr de son choix, il guidait la mule, l’esprit encombré d’hypothèses et de questions gravitant autour de ruines pleine d’attraits.
La chasse au trésor était une activité qu’il avait découvert après avoir quitté la guilde. Il ne savait s’il la préférait au cambriolage, mais il adorait la compagnie des lieux atypiques. Les pièges, les monstres, il s’y était fait, et ceux-ci n’étaient guère plus difficile à affronter que la bêtises des ignorants et la vigilance des gardes. Mais n’était-il pas en train de trop s’avancer ? La piste était ténue et elle pouvait fort bien se rompre sous peu au milieu de ce jour estival.
D’abord, trouver le beau-frère. Ensuite, le faire parler. Enfin, aviser.

[Voyageuse]

Il fut tiré de ses réflexions par le son d'une pierre cognant sur sa charrette, quelque part à l'arrière. Puis il y en eut une autre, plus près de lui cette fois.
Les projectiles venaient de l'avant.
" Faites demi-tour, lança une voix fort peu amène. Je n'ai rien à acheter à un marchand ambulant."
Il ne voyait pas celui qui parlait, mais il devinait sa présence derrière le petit muret de pierre qui bordait le route un peu plus loin.
Il n'y avait nulle habitation en vue.

[Kmir Tailleroc]

Kmir fit stopper sa mule et déclara d’une voix forte, mais toujours très neutre et un peu traînante :
« Je cherche Bruno Desplace, de la part de son beau-frère, Martin Laplagne. Êtes-vous Monsieur Desplace ? »
Heureusement qu’il avait demandé les noms. Si ceux-ci faisaient arrêter les pierres, ce serait déjà ça de gagné. Ce n’était pas parce qu’il avait déjà expérimenté ce genre d’accueil qu’il les appréciait. Quoi qu’il en soit, il faudrait plus que des cailloux pour le détourner de son but.

[Voyageuse]

L'inconnu eut une hésitation. Et les pierres cessèrent de pleuvoir.
Puis il reprit, l'air toujours aussi courroucé
" M'étonnerait que mon beau-frère m'envoie un marchand ambulant ! Il sait que je déteste les colporteurs. Je présume que vous l'avez embobiné avec vos belles paroles, et vous comptez maintenant me faire croire que vous avez sa recommandation ! Fichez le camp !"

[Kmir Tailleroc]

Bien, il parlait à la bonne personne. Et puisqu’il était justement possible de parler, il estimait que les choses ne débutaient pas si mal. Il répondit, d’un ton égal. C’était comme s’il n’y avait jamais eu de pierres lancées.
« Sachez, monsieur, que je n’ai rien à vous vendre. Il se trouve que j’ai examiné ce que vous avez confié à votre beau-frère. Or, je suis bien placé pour avoir un avis plutôt précis sur l’objet. En outre, j’ai eu vent de... enfin, vous devez comprendre à quoi je fais allusion. »
Il laissa passer une seconde, puis ajouta :
« Je le répète, je n’ai rien à vendre, et surtout pas de prétendus remèdes miracles. Il est probable que je ne puisse être d’aucune utilité, mais dans le doute, je lui ai promis de me renseigner. Dans le pire des cas, je vous apprendrai juste ce sur quoi vous avez mis la main et quel prix vous pouvez espérer en retirer. »
Par t’acte, il évitait de rentrer dans les détails alors qu’ils étaient dehors. Ces choses réclamaient plus de discrétion.

[Voyageuse]

Son interlocuteur ne répondit pas immédiatement, comme s'il hésitait. Puis il lança d'une voix cinglante :
" Laissez tomber ! Mon beau-frère devait aller à Murols, voir une personne que je lui ai indiquée, quelqu'un de confiance. Il n'a jamais été question d'impliquer quiconque d'autre dans cette histoire. Je ne comprends pas pourquoi vous vous en êtes mêlé, je ne sais pas ce que vous espérez, mais vous feriez mieux de reprendre votre route."

[Kmir Tailleroc]

« Il n’y est pas allé, sa femme s’y est opposée, il est trop faible. J’ai proposé mon aide parce qu’un détail sur l’objet que vous lui avez confié a attiré mon attention. Il se pourrait que ça me concerne, de manière indirect. »
Petite pause, puis :
« À vous de voir si vous voulez discuter dehors, exposé à d’éventuelles oreilles indiscrètes, ou chez vous. »
Toujours ce calme détaché. La virulence de son interlocuteur donnait l’impression de lui glisser dessus sans l’atteindre. Après, intérieurement, il voulait que cela aille plus vite. Il n’avait pas de temps à perdre avec ce type. Qu’il lui dise où il pouvait se remplir les poches et il le laisserait volontiers dépérir.

[Voyageuse]

" Je ne vois pas en quoi ça pourrait vous concerner", grommela l'inconnu.
Mais le dernier argument de Kmir devait avoir fait mouche car il finit par s'avancer sur le chemin.
Nettement plus jeune que sa sœur, il devait avoir une bonne trentaine d'années, des cheveux blonds hirsutes, des yeux d'un bleu de glace. Il était d'une stature imposante, exceptionnellement grand. A se demander s'il n'avait pas du sang ogre dans les veines.
" Vous pouvez venir... Mais juste pour discuter. Je n'ai rien à acheter... et rien à vendre non plus, ajouta-t-il.
Il le précéda sur la route, qui devenait à cet endroit simple chemin de terre, descendant au milieu des broussailles jusqu'à un petit ruisseau. Il habitait une vieille maison de pierre, de taille modeste, et pas très bien entretenue. Kmir aperçut deux autres maisons un peu plus loin au bord de l'eau, en si mauvais état qu'elles étaient peut-être à l'abandon.
Il poussa une porte, donnant sur une pièce sombre mais propre, meublée d'une grande table et quelques chaises.
" Je suis Bruno Desplaces, fit-il en s'effaçant pour le laisser passer. Mais vous le savez déjà. A qui ai-je l'honneur ?"

[Kmir Tailleroc]

« À Kurk Longpioche », mentit Kmir en entrant dans la masure.
Il avait laissé sa charrette non loin de la porte. D’un coup d’œil intéressé, il considéra la pièce, puis fit face à son interlocuteur. Il chercha à évaluer à quel point il était touché par l’étrange affliction qu’il avait pu découvrir sur la personne de l’aubergiste.
« Bien, Monsieur Desplaces, je vous remercie de m’accorder un peu de votre temps. Entrons directement dans le vif du sujet, je gage que c’est ce que vous désirez. De ce que j’ai compris, vous êtes une sorte de chasseur de trésors. Or, vous avez assurément mis la main sur quelque chose de dangereux puisque vous voilà, vous et votre beau-frère, victimes d’un mal bien étrange. J’ai travaillé, de longues années durant, pour une guilde de joaillier. À ce titre, j’ai pu expertiser le bijou que vous avez confié à votre beau frère. Peut-être est-ce lui qui est à l’origine du problème. Peut-être pas. Quoi qu’il en soit, il est assez précieux, vous pourriez en espérer une bonne cinquantaine de pièces d’or auprès d’un spécialiste ou d’un collectionneur. Ce qui a cependant attiré mon attention, ce sont les inscriptions au dos du pendentif. »
Il laissa passer un instant de silence pour que Bruno puisse assimiler ses propos.
« Elles sont très anciennes, du vieil elfique, probablement du drow. Les elfes noirs viennent des profondeurs, tout comme moi. »
Il retira son capuchon.
« Je suis un gnome des profondeurs. »
Il se tint prêt à réagir en cas de problème.

[Voyageuse]

Le dénommé Bruno eut un mouvement de recul, et fixa Kmir avec des yeux exorbités.
De près, celui-ci pouvait voir qu'il avait le teint trop pâle, légèrement grisâtre peut-être, et sa démarche lui avait paru un peu raide, mais cela aurait pu être mis sur le compte de stature imposante. Bref, s'il était atteint du même mal que son beau-frère, c'était de façon plus légère.
" Vous êtes..."
Il secoua la tête, sans trouver ses mots.
" C'est vous l'origine de notre mal, alors ! Ou quelqu'un de votre peuple... Par l'intermédiaire de ce médaillon maudit. C'est évident ! Et vous osez ensuite proposer votre aide ?"

[Kmir Tailleroc]

« Vous faites fausse route, Monsieur Desplaces. Mon peuple est à peu près la seule chose qui n’est pas maléfique dans l’Outreterre. Je conviens que vous pouvez voir une ressemblance entre le mal qui vous touche et mon apparence, mais cela s’arrête là. Nous ressemblons à des êtres de pierre. Vous, j’ai peur que vous finissiez par devenir de la pierre. Convenez que la nuance est de taille. »
Toujours ce calme imperturbable. Il n’y avait sans doute pas mieux pour ne pas donner écho à l’hostilité de Bruno.
« Si, comme je le suspecte, vous avez trouvé un vieux bijou drow, il ne faut pas chercher plus loin l’origine de votre mal. Les elfes noirs affectionnent les maléfices et les pièges retors. J’ai une certaine connaissance de ces choses puisque, fatalement, les miens doivent s’en prémunir. Voilà pourquoi je propose mon aide, Monsieur Desplaces. »

[Voyageuse]

Son interlocuteur croisa les bras d'un air revêche.
" Admettons que ça n'ait rien à voir avec votre peuple... Quelle aide pourriez-vous bien proposer ? Vous n'êtes pas clerc, je suppose.... Êtes-vous mage ? Savez-vous comment annuler un maléfice drow ? S'il s'agit bien de cela, évidemment... Vous dites que votre peuple sait se prémunir contre ça.... Mais comment ? J'imagine que vous avez une forme de résistance à cette magie puisque vous partagez leur territoire, mais ce n'est pas notre cas... Donc que faut-il faire, d'après vous ?"