La Couronne de Cuivre

Je saluai la nordique qui semblait vouloir prendre congé et répondit avec un petit sourire à la magicienne qui semblait surprise que je me sois intéressé à ce genre de littérature.

- Je n'y manquerai pas Dame Ailyn.

J'avais remarquer que le voleur était de plus en plus agiter, il semblait préparer quelque chose, un vol ou autre action intolérable de ce genre. Je préférai donc garder un œil sur lui...

Ailyn adressa un franc sourire à Léandre. Ils ne s'entendaient décidément pas tout le temps, mais le soldat avait parfois de quoi surprendre, et peut-être même, qui savait ? de quoi se rendre sympathique à l'occasion.
La jeune femme surpris le regard de Léandre vers Elthanion, et lui jeta un œil à la dérobée... C'était vraiment à se demander ce qu'il fichait. Fronçant un sourcil, elle repoussa une mèche de cheveux noirs qui lui barrait les yeux, et se pencha vers lui :

"Vous êtes sûr que tout va bien ?"

Elle regarda les personnes alentours en attrapant sa chope dans laquelle il restait encore un peu de bière.

"Vous avez repéré l'une des anciennes victimes que vous avez délesté de sa bourse ?"

"Bon, aller, c'est pas tout ça..."

Ailyn se leva de table, repoussant doucement sa chaise.

"... Mais faudrait aller faire dormir les yeux. Demain, y fera jour, et y sera grand temps de..."

Elle sourit à ses deux interlocuteurs avant de leur adresser un clin d'oeil :

"... faire du tourisme, dirons nous."

Elle but ce qui restait dans sa chope, puis la reposa bruyamment sur la table.

"Bonne nuit, messieurs. Faites de beaux rêves."

Enfin, elle se détourna à la recherche des escaliers avant de traverser tranquillement la salle de réception de l'auberge.

Moi même je finit mon dernier poulet et mon verre de cidre, et adressa quelques mots à la magicienne qui semblait vouloir nous quitter :

- Vous de même Dame Ailyn.

De son coté le voleur conservait un comportement étrange, enfin surtout inhabituel chez lui et semblait vouloir "prendre l'air" :

- Je vais vous accompagner Messire Elthanion.

Son attitude m’inquiétait et je préférais don garder un œil sur lui, déclarer vouloir l'accompagner était un bon prétexte.

Je sortis, il faisait assez frais ce soir là, l'air marin certainement porté par le vent, traversait les rues non pavées du port sous un ciel nocturne. Je suivit donc le voleur dans ces étranges rues...
Son attitude de cette nuit m’étonnait, en effet d'habitude le voleur était plus flamboyant, et semblait à l'aise à peu près partout, mais là je pouvais presque déceler une forme d’inquiétude, intrigué j'entrepris donc de soulever le problème :

- Messire Elthanion, puisque nous somme seuls, pouvez vous me dire ce qui vous tracasse ?

Face aux révélations du voleur je m'adossa à un mur et croisa les bras. Les drames pendant le temps des troubles avaient été nombreux, moult fidèles sont morts au court de ce conflit, et les elfes vivants plus longtemps devaient encor s'en souvenir. Je leva la tête et répondit au roublard en plein spleen.

- Je ne sais pas si je suis le mieux placé pour parler de ce genre de sentiments, mais la perte d'un proche, et la tristesse que cela peut apporter même tant d'année après ne m’évoque rien de risible, messire Elthanion.

Le sujet de mon frère m’irritait, et m’irritera certainement toujours mais je pris sur moi de ne pas m’énerver. Toujours adossé au mur je fermai les yeux, et poussai un soupir avant de répondre au Voleur :

- Disons que de mon coté, j'ai préféré partir non sans certains regrets, mais cela valait mieux que de finir par devenir fratricide... Cela n'aurai fait qu'entacher encor plus et irrémédiablement le nom de notre famille... Et si malgré mes efforts je ne parvenait pas à sortir notre blason, je ne voulais pas devenir celui qui allait définitivement l'enterrer !
Je tiens à rester droit et ne pas avoir à m'excuser de mes actions envers mes ancêtres ou Siamorphe, et espère qu'un jour je parviendrai à faire renaitre le prestige sur ma maison.


A ces mots je levai aussi mon regard vers le ciel nocturne, ma bouche marqua un léger sourire à l’évocation d'une future collaboration, tout en laissant aller le flot de mes paroles...

- Essayons déjà de survivre Messire Elthanion.

- Oui un peu de repos ne nous fera pas de mal, les prochains jours risquent d’être chargés.

Répondis-je au Voleur en lui emboitant le pas.

Rentré dans ma chambre je rendis grâce Siamorphe par une prière quotidienne et partis me couchez. La fatigue l'emporta sur le désappointement que je ressentait à l'idée de dormir dans un arbre... Le matin je me levai tôt comme à mon habitude, prenant acte des événements d’hier sur mon habituel carnet, fis ma toilette et descendis, précédé de peu par le voleur qui se précipita sur une table libre. Je m'avançai donc et et lançai la formule consacrée :

- Bonjour sire Elthanion !

Dorian s' étant couché relativement tôt, il put dormir suffisamment. De la sorte, ç' est frais et dispos qu' il s' éveilla le lendemain matin alors que la vie s' organisait doucement dans l' établissement. La chambre spacieuse comportait une pièce d' eau : le bon vampire put donc procéder à ses quotidiennes (sauf en quête) ablutions. Ensuite il s' habilla de vêtements légers avant de descendre à son tour rejoindre ses amis dans la grande salle de l' auberge de l' Elan Rouge. Elthanion et Léandre étaient déjà attablés. Dorian les rejoignit et les salua avec son habituelle prévenance.

" Bonjour à vous Elthanion, bonjour à vous Léandre. J' espère que Sharess et Tymora vous ont accordé de doux songes. "


Le guerrier luménien tourna la tête pour voir si des serveurs se trouvaient à proximité de leur table puis dit à ses compagnons :


" Que diriez-vous de commander notre petit-déjeuner ? "


Après une bonne nuit de sommeil, son estomac commençait à gargouiller un peu...

Nous étions rejoins par le forgeron, qui semblait comme de coutume assez jovial.

- Bonjour à vous maitre Cheveux-de-Jais.

A la mention de Sharess et de Tymora, je sentait mes poils se hérisser, la luxure de la première et de l'inconstance de la seconde aurai tôt fait de m’échauffer la bile...

- Ni l'une ni l'autre , je ne fais pas partie de leurs fidèles, Siamorphe m'en préserve, sinon malgré le cadre... forestier j'ai passé une bonne nuit merci et vous même ?

Un petit déjeuner ? Je ne mangeai jamais le matin, je n'en ressentait pas la nécessité...

- De mon coté, navré de vous décevoir mais je ne mange jamais au réveil...

Dorian avait remarqué l' absence de réaction d' Elthanion lorsque il avait mentionné ses deux divinités tutélaires. Peut-être le roublard comptait-il d' avantage sur l' intervention de sa déité personnelle pour suivre son chemin le jour et pour obtenir des songes apaisés la nuit. Quant à Léandre, le jeune guerrier ne semblait pas du tout proche des valeurs incarnées par la dame Chance et la dame Chat. Qu' importe au final.

" Chacun suit sa propre vérité " se dit philosophiquement le bon vampire.


A Léandre :


" Ma foi, mon sommeil fut suffisamment long et raisonnablement doux. Le cadre forestier a détendu mon corps et mon esprit en fait. Les bras blancs, le teint laiteux et la chevelure de feu de dame Sharess m' ont il est vrai agréablement tenu compagnie. "


Et à Elthanion :


" Effectivement, ces dames devraient sous peu nous faire le plaisir de leur présence " fit Dorian à ses amis d' un air entendu.


Et en lui-même il pensa :


" Pourvu que la nuit dans la chambre commune de nos camarades féminines ait été raisonnablement calme. Les prochaines journées risquent d' être un peu agitées. "


Et avisant les serveuses qui s' approchaient de leur table :


" Pour moi dames, ce sera des brioches, des croissants, un demi litre de thé et un verre de jus de fruit, merci. "


Contrairement à Léandre, Dorian avait l' habitude de manger plus que correctement à son réveil. Même si contrairement aux clients des tables voisines par exemple, c' était d' avantage des viennoiseries que de la charcuterie...

Galariel se réveilla avec le chant des oiseaux, ce qui semblait normal au vu de l'architecture d'inspiration elfique du quartier. Elle prit son temps pour se lever, elle serait bien encore restée un peu au lit mais elle doutait que ses compagnons aient envie de rêvasser au lit. Elle s'habilla, ceignit sa ceinture et descendit sans faire de bruit car les autres occupantes ne semblaient pas encore réveillées. Donc oui elle aurait pu rester encore un peu au lit à la réflexion.
Arrivée en bas, elle remarqua avec irritation que les mâles étaient déjà présents. Cela n'allait pas, où allait-on si les femmes commençaient à laisser les hommes mener la barque, elle allait devoir en toucher un mot à ses colocataires à la première occasion. Soupirant, elle salua ses compagnons:

- Bien le bonjour messieurs, prêts à occire du pirate et du mort-vivant?

Et du dracosire? Ajouta t-elle inpeto

- Attendons ces dames, elles ne devraient plus tarder...

Répondis-je au forgeron. Soudain confirmant mes dires, la mine contrariée de la nordique descendit les escaliers et se dirigea vers nous. Un dracosire avait du lui tirer les pieds durant la nuit, me fis-je la réflexion amusé en repensant à la dispute de tantôt.

- Bonjour Dame Galariel.

Lui dis simplement, évitant de faire des vagues inutilement, et lui répondit :

- Autant qu'on peut l’être ma dame.

Puis ce fut l'elfe noire et l'elfe des bois qui nous rejoignirent cette dernière semblait désirer nous annoncer quelque chose. Je porta ma main à mon menton, pose de réflexion habituelle et dit :

- Bonjour mesdames... A votre ton j'imagine sans peine qu'il s'agit de quelques chose de grave...

Dorian remarqua l' arrivée presque concomitante de Galariel d' abord puis de Talianna et d' Adrastia ensembles.

" Bonsoir Galariel " fit-il tranquillement.

Et peu après lors de la venue des deux dames elfes :

" Bien le bonjour dames " ajouta-t-il.

Les visages des deux elfes deux elfes affichaient un air préoccupé. Quant à Galariel, elle non plus ne semblait pas trop contente. Dorian était-il le seul à s' être levé du bon pied ?

" Pour ma part, je suis même prêt à occire des méchants pour deux " répondit-il gaiement à la Soeur du Premier Sang.

" Mais vous deux dames, avez effectué l' air d' avoir quelque chose à nous dire " continua-t-il à l' adresse de Taliana et Adrastia.

" Entamons ensembles ce solide et appetissant petit-déjeuner qui nous tend les bras " (ici le bon vampire désigna du regard les viennoiseries posées sur la table par les serveuses) " et ensuite, nous pourrons aborder les soucis qui semblent occuper votre esprit " fit-il.

Il était curieux d' en apprendre d' avantage et en même temps, savourer un bon petit-déjeuner était un des moments favoris de la journée du guerrier sharessien...

Ailyn émergea calmement avant de se souvenir de la soirée de la veille. Elle se redressa d'un coup et observa les lits de ses camarades : trois lits défaits, et un lit qui était resté désespérément... vide. Sylveneige n'était donc pas rentrée !

Elle se leva à la hâte, s'habilla, prit quelques instants pour se rincer la figure, brossa ses longs cheveux noirs avant de descendre les marches quatre à quatre jusqu'à la salle commune de l'auberge.

Arrivée en bas, hors d'haleine, elle attrapa un tabouret pour s'installer immédiatement aux côtés de ses camarades qu'elle avait déjà repérés depuis le haut de l'escalier.

"Euuuuuh, bonjour !"

Elle hésita un peu, chipa un morceau de pain au milieu de la table, et demanda lentement :

"Quelqu'un a vu Sylveneige ?"

A la vue de ce qu'il y avait de disponible pour le déjeuner, Galariel retrouva vite un sourire carnassier et avide à la pensée de ce qu'elle allait dévorer pour bien commencer la journée. Mais ce beau projet allait devoir attendre un peu semblait-il, Sylveneige n'était toujours pas revenue de sa ballade nocturne.

- Sylveneige est une grande fille et de taille à se défendre, c'est peut-être son genre de passer la nuit dehors à la belle étoile. C'est une rôdeuse après tout, la ville n'est pas son environnement préféré.

Il était à espérer que l'optimisme de la guerrière ne soit pas contredit par les événements à venir.

J’écoutais tout le monde prendre la parole : la rôdeuse avait disparu, on n'avait pas besoin de cela, malgré son comportement entropique je pensais qu'elle aurai prévenu au moins un membre du groupe, mais faire preuve d'alarmisme ne profiterait à personne, mieux valait tenter de prendre une attitude rassurante...

- Ne nous alarmons pas avant d'avoir matière à être alarmer, et réfléchissons calmement. A-t-elle prévenu quelqu'un de ses intentions ? Demandons déjà au personnel de l'auberge, peut-être l'ont-ils vu partir, ou peut-être a-t-elle laisser un mot pour nous... sinon suivons la proposition de dame Talianna.

J’enfonçai le clou profitant des dire de la nordique :

- Et comme vous le soulignez dame Galariel, dame Sylveneige est apte à prendre soin d'elle, et rappelons nous que nous sortons d'un voyage en mer, certainement a-t-elle voulu profiter de la foret alentour.

Dorian avait écouté la nouvelle annoncée par Ailyn et il était un peu inquiet à l' idée que Sylveneige se trouvait on ne savait où, dans n' importe quelle situation possible. Mais Galariel et Léandre avaient rappelé avec bon sens que Sylveneige s' était peut-être contenté de se livrer à une escapade rapide liée à sa nature de rôdeuse et qu' en outre, elle était de taille à se défendre par elle-même.

Quant au bon vampire, il était le dernier à vouloir se montrer hyperprotecteur, cependant, savoir seulement où se trouvait Sylveneige le rassurerait un peu.

" Dame Sylveneige a le droit de s' occuper de ses propres affaires sans que nous nous en mêlions bien entendu. Et notre amie rôdeuse ne manque pas des ressources nécessaires pour se tirer de toute situation délicate " fit le guerrier-forgeron.

" Mais j' aimerais quand même savoir même sommairement où se trouve notre amie. Après tout effectivement peut-être est-elle simplement partie explorer la cité qui nous entoure. Une cité sylvestre, cela ne peut que plaire à une rôdeuse " fit le bon vampire à ses compagnons, d' un air entendu.

" Léandre a raison, commençons par poser quelques questions au personnel de cette auberge, puis au besoin, nous nous nous informerons auprès des hommes du guet " ajouta-t-il d' un ton tranquille.


" Mieux vaut ne pas dramatiser tout de suite " se dit en lui-même Dorian avec son calme habituel.

Ailyn se servit en silence, un peu dégoutée par le côté "peu concerné" de ses camarades. Son estomac restait un peu serré, et elle eut quelques difficultés avec sa première bouchée. Elle ne se souvenait que trop de la disparition soudaine d'un autre camarade, en d'autres temps et d'autres lieux, alors qu'ils étaient à la merci des déserteurs...

Elle avala une grande gorgée de jus de fruit, avant de poursuivre d'une voix neutre, effaçant totalement le tremblement qui aurait pu menacer sa voix :

"Bien, alors occupons nous de nos objectifs du jour. Quelles sont nos différentes destinations et comment se les répartir ?"