La Couronne de Cuivre

Victor regarda la hache avec envie, mais sans doute avait-il le souvenir récent de trop nombreuses incartades, et il se tint coi. Baptiste se servait de la coupe pour boire comme un grand seigneur, à l'ombre d'un arbre voisin. Titus s'immobilisa soudain, aux aguets. Il remua ses oreilles et renifla plusieurs fois.
" Vous entendez ?" demanda-t-il.
Il n'y avait rien à entendre, juste le souffle du vent dans les branches, le chant des oiseaux, le bourdonnement des insectes, le frou-frou de la cascade.
Mais il demeurait immobile, presque tendu.
Alors Taliesin l'entendit, porté par le vent. Le son d'un cor.

Ce n'était certainement pas la Vouivre : il imaginait mal un tel être annoncer ainsi son retour.
Non, un cor entendu au milieu de la forêt, cela lui inspirait davantage des chasseurs.
Y en avait-il, en pareil endroit ? Et si oui, de quelle nature étaient-ils ?
A tout hasard, il regarda les environs, en quête d'un endroit où ils pourraient voir sans être vus...

Il y avait des taillis et des rochers un peu partout, des troncs renversés, des fourrés, des buissons, des troncs larges derrière lesquels s'abriter. Mais il était difficile de savoir d'où venait le son du cor, car il retentit à nouveau, un peu plus proche, mais le vent l'avait porté d'une autre direction. De plus... qui disait chasseurs, disait chiens... et ceux-ci se fiaient rarement à leur seule vue pour débusquer le gibier.

Tenter d'échapper à quelque chose dont ignorait la localisation, c'était peine perdue : on avait toutes les chances de s'en rapprocher.
Et de s'égarer, aussi.
Comme de se disperser...
Et s'il s'agissait bien de chasseurs, s'ils avaient bien une meute, ils finiraient par les retrouver, quoiqu'ils fassent.
Taliesin décida donc qu'ils ne bougeraient pas : il continua son inspection des alentours, en quête d'une position défensive.
La source et ses bassins, par exemple, pourraient les protéger d'au moins un côté. Et si elle était sacrée, ou habitée par quelque être puissant, qui sait si cela ne jouerait pas en leur faveur ?

Les enfants étaient debout, désormais, rassemblés près du barde. Le cor résonnait entre les troncs et il leur sembla percevoir des aboiements, portés par le vent.
" Qu'est-ce qu'on fait ? demanda Baptiste, à mi-voix.
— On se bat !" répondit Victor.
Marius mettait des cailloux dans ses poches.

-Minute, papillon ! Je suis prudent, donc je prends des précautions, mais rien n'indique que ces chasseurs en aient après nous : il chassent peut-être simplement les biches. Bref, évitez les attitudes menaçantes ou provocatrices : on va d'abord juger de ce qu'il en est.
Si les chiens étaient vraiment agressifs, ce n'étaient pas les gosses qui feraient le poids : il leur conseillerait plutôt de plonger dans l'eau. Cela ne les protégerait guère mais cela leur procurerait peut-être un répit qu'il pourrait mettre à profit.

Après quelques nouvelles minutes d'appel du cor et d'aboiements, la meute fut sur eux. Une multitude de chiens bruns, haut comme des veaux, déferlèrent autour de la source, sans guère se soucier des enfants et du barde, et allèrent laper l'eau fraîche, encerclant le bassin de leurs queues battantes. Marius et Baptiste furent renversés, se relevèrent, alors que des cavaliers surgissaient d'entre les arbres. Ils étaient une dizaine, montés sur des chevaux énormes, tous bardés de fer comme des chevaliers, des casques aux formes animales dissimulant leurs traits. Les bêtes comme les hommes étaient vêtus de gris sombre rayé de blanc, sans armoiries. Perchés sur leurs animaux, les chasseurs ne semblèrent pas réaliser qu'il y avait des intrus aux abords de la source. A moins que les fentes de leurs heaumes ne soient simplement trop étroites pour qu'ils voient quoi que ce soit autour d'eux.

Eh bien voilà : ils étaient juste venus pour que leurs chiens s'abreuvent !
En d'autres circonstances, s'il n'y avait pas eu les enfants, s'ils n'avaient pas été au beau milieu de la meute, si les nouveaux venus n'avaient pas eu l'air aussi guerriers, il les aurait peut-être abordés.
Mais en l'occurrence, il préféra n'en rien faire et demeurer discret. D'ailleurs, du geste, il suggéra aux enfants d'agir de même.

Mais ils ne demeurèrent pas tous invisibles bien longtemps : plusieurs des chiens, désormais désaltérés, relevèrent leur truffe de l'étang et se mirent à japper, reniflant autour d'eux, avant de se diriger vers Titus. En moins d'une seconde, le faune se retrouva encerclé par une dizaine de bêtes qui, sans être agressives, se montrèrent bientôt de plus en plus agitées, aboyant et gémissant pour attirer l'attention de leurs maîtres.
" Qu'est-ce que c'est que ça ?" demanda un des cavaliers, au masque de sanglier.
Un des cavaliers avança sa monture en direction du faune.
" Une créature à corne, Sire Muscade.
— Hum. Portez-la moi, Girofle, si elle ne mord point."

Bigre.
-Un instant, messire, je vous prie, lança-t-il alors d'un ton courtois.
Parce qu'évidemment, il n'allait pas abandonner le pauvre Titus à son sort.
[color=#FFFFF66]-Je me nomme Taliesin, simple voyageur en ces terres[/color], continua-t-il, espérant que l'attention se focaliserait sur lui. Quant à celui qui a suscité la curiosité de vos chiens, il s'agit de Titus, un jeune faune dont on m'a confié la garde.

" Diantre, Girofle ! Ils sont plusieurs."
Les cavaliers firent pivoter leurs montures dans la direction du barde, manquant piétiner Victor qui s'écarta de justesse.
" Seigneur, il y en a un autre ici !"
Un homme au heaume en forme de tête de taureau se penchait vers Marius.
" Combien êtes-vous, donc, Voyageur ? Vous êtes si... bas... et si petits... On ne vous voit guère. Sans vouloir vous manquer de respect."

-Vous ne faites que dire la vérité, répondit-il, aimable.[color=#FFF66] Et pour répondre à votre question, nous sommes cinq en tout.[/color]
Bon, cela semblait ne pas trop mal se présenter : mieux, ces géants avaient l'air plutôt courtois.
Mais, par prudence, il préféra demeurer sur la réserve et les laisser mener la conversation.

En fait, ces hommes n'étaient pas si gigantesques : chacun devait faire deux bons mètres et leur cheval tout autant au garrot. Leurs casques volumineux ajoutaient à l'illusion.
" Bon, Girofle, qu'en pensez-vous ? Un faune, dit-il. Pourrait-ce être celui que nous cherchons ?
— Il n'est pas blanc, Sire Muscade.
— Vous avez raison, Girofle. Mais il a des cornes.
— Dans ce cas, nous demanderons à Dame Mahaut de trancher.
— C'est un bon choix."
Un des cavaliers se pencha, souleva Titus du sol, et l'installa devant lui, sans se soucier des cris apeurés de l'enfant.
" Et les autres ?"
Le chef du groupe se tourna vers Taliesin.
" Où pourrons-nous vous trouver, bon sire, quand nous en aurons fini avec le faune ?"

-Un instant, s'il vous plait : Titus à peur, il faut que je le rassure.
Et de poursuivre, en sylvestre :
-Essaie de rester calme, Titus. Je sais que ce n'est pas évident mais je ne te laisse pas tomber, jamais de la vie : je vais te tirer de là.
A nouveau, il s'adressa aux cavaliers dans la langue du cru.
-Messires, je doute fort que ce soit le faune que vous recherchez : nous sommes étrangers à ce monde, nous y avons attéri par accident il y a seulement quelques heures. Par ailleurs, ça n'est qu'un enfant, et j'ai juré de veiller sur lui... S'il faut absolument que vous l'ameniez quelque part, je voudrais l'accompagner.

Les chevaliers s'entreregardèrent, ce qui déclencha un concert de cliquetis métalliques. Il n'était pas clair qu'ils parvenaient à juger de quoi que ce soit à travers les grilles, fentes et autres trous qui leur servaient d'ouvertures sur le monde.
" Ma foi, pourquoi pas ? dit finalement Sire Muscade avec un haussement d'épaules. Nous allons au Festival, j'imagine que c'est aussi là que vous vous rendiez, de toute façon."
Il se tourna vers ses hommes.
" Ciboulette, vous prendrez la petite fille. Poivre, le blondinet qui veut en découdre. Sire Romarin, l'angoissé. Vous, Messire Taliesin, vous monterez avec Sire Cannelle. Savez-vous sonner du cor ?"

-Eh bien, je sais comment cela fonctionne, d'un point de vue théorique, mais je dois avouer ne jamais avoir essayé.
De surcroit, si le cor était à l'aune de leur propre taille, il doutait d'avoir le souffle pour en user convenablement.
-Tu vois, Titus, ça s'arrange : nous venons avec toi, lança-t-il ensuite au faune, rassurant.
Puis, aux autres enfants :
-La licorne m'a parlé de ce festival, et j'avais envie d'aller y faire un tour... L'occasion fait le larron, comme on dit !

Les enfants eurent l'air tout sauf rassuré par cet enthousiasme forcé mais ils ne se débattirent pas lorsque les cavaliers les hissèrent devant eux. Sire Cannelle, au masque d'ours, tendit son cor à Taliesin. Il était de belle taille mais pas complètement démesuré et l'elfe put en tirer un son plus ou moins acceptable qui fit rire la compagnie avant qu'elle ne s'ébranle. Les chiens et les chevaux s'élancèrent et soudain la forêt s'effaça. Ils galopaient, les sabots des chevaux fracassaient branches et feuilles mortes dans un bruit de tonnerre, les chiens aboyaient devant et de temps en temps, Sire Cannelle — qui avait eu pitié du barde (mais moins de ses oreilles) — sonnait le cor. Mais autour d'eux, on ne voyait plus les arbres : non, ils galopaient dans une brume grise qui les isolait de tout. Dans l'air flottait une odeur d'épices mélangées, muscade, cannelle, ciboulette, cumin, clou de girofle, un peu de thym, une pincée de laurier, du poivre... Les chevaliers se mirent à chanter dans une langue gutturale, incompréhensible, une sorte de chant guerrier, tandis que leurs montures galopaient de plus en plus vite, prisonnières de leur brouillard. Les chiens avaient disparu mais on les entendait toujours aboyer quelque part dans le lointain. Cette cavalcade dans un univers d'odeurs et de brume avait quelque chose d'hypnotique et Taliesin réalisa qu'il devait lutter contre le sommeil.
Puis subitement, la brume se déchira et ils furent environnés de ténèbres, devant, derrière, partout autour d'eux, piquetées de lumières. Encore quelques secondes, la forêt reparut dans la nuit, et la lumière explosa autour d'eux comme ils repassaient au trot puis au pas au coeur... d'un indéniable festival.

Au final, ça n'avait pas été très long.
Du moins en avait-il eu l'impression : en réalité, cela avait pu durer fort longtemps.
Mais le temps, l'espace, avait-ce vraiment un sens, ici ?
Qu'importe : de toute façon, ce qui était fait était fait. Et le voyage en lui-même avait valu le détour : ça n'était pas rien, comme expérience.
A présent, restait à découvrir la destination.
Toutefois, avant de s'intéresser à tout ce qui l'entourait - ce qu'il ne manquerait pourtant pas de faire d'ici peu -, Taliesin jeta un regard aux quatre gamins, pour s'assurer qu'ils allaient bien.

Ils étaient tous les quatre indemnes, peut-être un peu sonnés, mais ils regardaient déjà autour d'eux avec intérêt, profitant de la vue que leur offrait leur perchoir. Seul Titus paraissait toujours effrayé, conscient sans doute que son périple n'était pas complètement terminé.
Le festival, lui, se déployait autour d'eux en échoppes, roulottes, tentes colorées, dressées entre les troncs d'arbres mais aussi dans les hauteurs, illuminées de plantes phosphorescentes, de bougies, de lampes à huile ou de sphères chatoyantes imbues de magie. Il y avait des odeurs sucrées, d'autres plus piquantes, complètement exotiques, inconnues, capiteuses, toutes agréables, se mélangeant au-dessus des têtes et entre les jambes, montant jusqu'aux cavaliers puis jusqu'au ciel. Et dans la pénombre, puisqu'il faisait nuit, Taliesin vit des êtres minuscules, d'autres plus grands, d'autres gigantesques, certains velus, d'autres de terre ou de feu, à visage humain, animal ou ni l'un ni l'autre, des créatures issues des arbres, ou des enfants de dragon, des fées de toutes sortes, ailées, cornues, diaphanes, des esprits intangibles, des champignons parlants, des renards sur deux pattes, des oiseaux à deux têtes, ainsi que, de temps en temps, quelqu'un qui paraissait humain, elfe ou nain, identique en tous points à ce qu'il aurait pu voir sur Toril. Autour de la chasse, les gens s'écartaient sans trembler, sans cesser de rire, de bavarder, ou de manger.
Car mille choses cuisaient ici ou là, appétissantes, tentant les estomacs creux de leur petit groupe.
" Voulez-vous que nous vous déposions ici ? Nous ramènerons le faune ensuite, s'il n'est pas celui que nous cherchons."
C'était à lui, bien sûr, que s'adressait Sire Muscade, au travers du brouhaha.

La réponse ne se fit pas attendre.
-Si cela ne vous dérange pas, je tiens à l'accompagner. Comme je vous l'ai dit, on l'a confié à ma garde et... je me dois donc de veiller sur lui.
Titus avait beau avoir des cornes, cela restait un être intelligent dont ces étranges chevaliers, et leur commanditaire, ne pouvaient pas disposer comme bon leur semblait.
Quant aux gens, aux lieux, aux choses qui l'environnaient de toutes parts et qui enflammaient sa curiosité, ils attendraient que cette affaire soit réglée : il n'en profiterait alors que mieux. Et le petit faune pourrait en profiter également.

Sire Muscade ne parlementa pas et le petit équipage reprit sa route dans les travées du festival. Les chiens, eux, semblaient s'être tout simplement volatilisés mais aucun des chasseurs ne semblait s'en soucier. Taliesin nota aussi qu'ils ne rapportaient aucun gibier... à part Titus. Ils cheminèrent un moment, bifurquèrent sur la droite, dans une allée tout aussi encombrée que la première, puis dans une autre, un peu plus élevée, qui permit au barde de réaliser que ce fameux festival semblait s'étendre sur des rues et des rues et des rues encore, si l'on pouvait appeler ainsi ces arrangements provisoires entre les troncs des arbres gigantesques. Ils parvinrent finalement devant une enceinte de draps rouges et bruns tendus entre des troncs et s'engagèrent dans un passage gardé par des soldats aux masques de félin, couverts de fourrure. Une fois derrière cette muraille de toile, les cavaliers démontèrent lourdement, un par un, posant leur invité sur le sol pour ceux qui en avaient. Ensuite, sans ralentir, ils se dirigèrent vers une imposante tente rouge rayée de jaune, presque un chapiteau. Il leur fallut se baisser pour entrer. A l'intérieur, se trouvait un semblant de chambre, partiellement masqué par un paravent peint, sur la droite. Un siège confortable, sur une petite estrade, occupait la partie gauche, et installée sur cet espèce de trône, se trouvait une jeune femme d'une beauté saisissante mais tout à fait inhumaine. Elle avait les traits fins, le nez pointu, les yeux en amande, mordorés, les cheveux roux sombre, tombant en boucles souples sur ses épaules. Elle portait une tenue de fourrure brune, une combinaison qui semblait d'une seule pièce et qui mettait en valeur sa silhouette élancée, presque androgyne. Lorsque les cavaliers entrèrent, elle se tourna vers eux et sourit, un sourire qui n'était pas dépourvu de chaleur, mais aussi d'un poil d'ironie, peut-être, ou de malice.
" La Chasse-Brume ! s'exclama-t-elle d'une très jeune voix. Quelles nouvelles, braves soldats ?"

Le barde ne pipa mot.
Cette femme - dame Mahaut, si sa mémoire ne lui faisait pas défaut - devait être d'un certain rang : l'enceinte, la vaste tente, le siège aux allures de trône, tout semblait l'indiquer. Par conséquent, sans doute était-il recommandé de ne pas prendre la parole sans y avoir été invité.
En revanche, s'il le pouvait, il se rapprocherait discrètement de Titus, afin de le rassurer.

" Dame, nous avons trouvé celui-ci, dit Sire Muscade en désignant le faune apeuré, qu'un des cavaliers tenait contre lui d'une main posée sur son épaule.
— Très intéressant, répondit Dame Mahaut. Et ?
— N'est-ce pas celui que vous cherchez ?
— J'ai parlé d'un chamois blanc. Celui-ci est un faune... plutôt roux.
— Ah. Il a presque la bonne odeur.
— C'est l'odeur de chèvre. Mais bien essayé.
— Merci, Dame."
Sans rien ajouter, Sire Muscade fit signe à ses hommes et ceux-ci quittèrent la tente en y abandonnant Titus, Taliesin et les trois autres enfants. Ils auraient pu en profiter pour prendre la tangente à leur tour, mais la jeune femme regardait désormais Taliesin droit dans les yeux, le sourire mutin toujours aux lèvres, et il aurait été très impoli de s'éclipser sans un geste ou une parole...

Et se montrer impoli aurait été risqué, face à pareille personne. Mais même sans cela : le barde était plutôt du genre courtois.
-Dame, c'est un plaisir de vous rencontrer, dit-il en s'inclinant.
Il n'avait pas particulièrement l'intention de s'attarder : le festival les attendait. Néanmoins, il n'était pas non plus opposé à l'idée d'une conversation : celle-ci pouvait s'avérer à la fois utile et agréable.

" Messire." répondit la jeune femme en s'inclinant de concert.
Les enfants, autour de lui, parurent un peu intimidés. Baptiste et Victor imitèrent leur père, mais les deux autres avaient déjà reculé vers la sortie, sans pour autant oser franchir la toile.
" Veuillez excuser le comportement de la Chasse-Brume. Ils se fient presqu'exclusivement à leur odorat et... il n'est pas toujours très fin, quand il s'agit de créatures venues d'un plan voisin. J'espère que votre compagnon ne gardera pas un souvenir trop difficile de cette rencontre."

-Je pense également : s'il était impossible de détourner les membres de la Chasse de leur mission, ils se sont néanmoins montrés fort courtois. Par ailleurs, cette rencontre nous aura permis de rallier rapidement le festival : je suis sûr que Titus, tout comme nous tous, sera ravi de ce qu'il y découvrira.
Quoique, à bien y réfléchir, cela l'émerveillerait sans doute moins que la "simple" forêt...

Elle haussa ses fins sourcils, puis acquiesça sans se départir de son sourire.
" Profitez-en mais demeurez vigilants. Vous et le... faune avez une certaine... connivence avec notre monde, mais ce n'est pas le cas des enfants humains. Même si les gens ne se montrent pas hostiles, c'est la trame de Féérie en elle-même qui pourrait les leurrer."

-Merci pour ce conseil : je les garderai à l’œil.
Encore plus que d'habitude, disons.
-Si je puis me permettre, une question, dame... Existe-t-il, au sein du festival, des moyens de regagner le plan matériel ou des personnes susceptibles de nous y aider ? Nous connaissons déjà un chemin, bien sûr, mais cela nous épargnerait quelques jours de trajet une fois notre visite terminée.

La jeune femme rit doucement.
" S'il est un endroit où vous pourrez trouver des personnes susceptibles de vous aider, c'est bien le festival, mais il n'existe aucun passage en ce lieu même. Il est chargé d'une telle magie qu'il serait très dangereux d'y ouvrir une porte vers votre monde. Ce serait même considéré comme un crime."
Son expression se fit plus sérieuse.
" Je pourrais moi-même vous mener à un passage, mais malheureusement, je ne peux pas quitter le festival dans l'immédiat."

-Serait-il indiscret de vous demander ce que vous êtes venue y faire ?
Peut-être recherchait-elle des éléments pour un rituel : n'était-elle pas déjà en quête d'un chamois blanc ?
-Il ne s'agit que de mon deuxième voyage en Féérie, sachant que le premier fut fort bref, expliqua-t-il. Alors forcément, ma curiosité est enflammée, et je m'efforce de prendre des marques...
Or donc, ils avaient bel et bien atterri en Féérie, ce plan miroir sur lequel courraient moult légendes, quoique fort peu précises.

La Couronne de Cuivre

[Quête] Escapade en Féérie