La Couronne de Cuivre

Astrée haussa les épaules.
" Comme si les femmes devaient être... sous contrôle ?! Ben voyons ! Mais vous faites ce que vous voulez de votre vie ! Ce n'est pas une histoire d'être contrôlable ou pas, c'est une histoire de choisir son destin, autant que possible. Après, il y a peut-être des enjeux familiaux, des alliances qui se jouent via ce genre de mariage arrangé.... Mais ça n'est pas forcément votre problème. Votre vie vous appartient, jusqu'à preuve du contraire...
Il valait mieux que la jeune fille ait le ventre plein avant de remonter en selle, et elle n'étaient pas à quelques minutes près, aussi ne chercha-t-elle pas à pousser la jeune fille à se remettre en selle. Elles pourraient marcher si c'était plus confortable..

La jeune fille rit de bon coeur.
" Ah ! Vous êtes une rebelle ! Je l'ai su tout de suite, quand je vous ai vue, avec vos... vêtements... et puis que vous étiez toute seule ! Mais vous savez sûrement que ce n'est pas une manière de penser convenable... et certainement pas répandue. Les gens considèrent en général que chacun doit connaître sa place, non ? Les choses sont comme elles doivent être pour une bonne raison, et tout le tralala."
Elle transforma sa voix pour imiter celle de quelqu'un d'autre.
" Les tradition, ma petite, il faut les respecter ! Les femmes, en cuisine ! Les hommes, à la chasse ! Et si on te dit que ce bon François est bien pour toi, tu dois faire confiance aux anciens !"

Astrée rit joyeusement.
" Je n'ai pas vraiment connu ce genre de sermon. On n'a même pas essayé de me faire croire que le jeune homme en question était bon pour moi. Je devais l'épouser, et c'est tout. Si ça se trouve c'était quelqu'un de bien, d'ailleurs, je n'en sais strictement rien. Je ne l'avais jamais rencontré avant. Sa famille était riche, c'est tout ce que je sais."
Elle secoua la tête.
" De toute façon, mon truc à moi, c'est plus la chasse que la cuisine. Alors qu'est-ce que j'aurais fait d'un époux riche dans une belle maison ? Il faut bien que je prenne la place qui me correspond. Il ne vous reste plus qu'à trouver la vôtre... Après, il faut éventuellement être prêt à quitter sa famille, mais le monde est si vaste que vous y trouverez bien une place.

" Oh, je vais commencer par travailler à l'auberge... Peut-être que je me trouverai un beau militaire..."
Elle papillonna des yeux.
" Il parait qu'il en vient, souvent, ça fait partie de leur formation."
Elle rit joyeusement, croqua dans la pomme avec énergie.
" Mais je rigole. Je dois juste garder l'oeil ouvert au cas où on envoie quelqu'un à mes trousses. Je pense avoir bien masqué mes traces, mais ils sont fichus d'en appeler à la garde, ou je ne sais quoi..."

Astrée doutait fortement que la jeune fille sache comment bien masquer ses traces. Et donc, elle aurait probablement bientôt maille à partir avec ceux qui la recherchaient.
" A mon avis, ils vont assez vite soupçonner que vous avez songé à rejoindre votre cousine. Ou en tout cas, c'est l'une des pistes qu'ils vont explorer. Donc il faut vous attendre à avoir affaire à d'éventuels poursuivants, tôt ou tard. Après, tout dépend si vous avez dépassé l'âge d'être libre de vos allées et venues..."

" C'est aussi une question de tradition, ça, non ? Je pense que la loi luménienne dit que c'est 16 ans... mais dans mon village, ça a toujours été 17. C'est lié à une légende locale, vous voyez ? Donc... Ça se discute."
Elle sourit.
" De toute façon, ils raconteront des bobards à la garde pour qu'elle me retrouve. Ils diront que j'ai été enlevée, qu'ils ont peur que je sois en danger... Il y a dix ans, la garde n'aurait rien fait, mais de nos jours, ils sont drôlement plus... zélés qu'avant."

La jeune fille avait donc probablement entre seize et dix-sept ans. Juste à l'âge limite. Mais effectivement, ses parents pouvaient raconter ce qu'ils voulaient aux gardes. Et puis il lui faudrait pouvoir prouver son âge.
" J'imagine que vous n'avez aucun document officiel susceptible de prouver que vous avez plus de seize ans, de toute façon ? Et vous comptez faire quoi, quand les gardes vont apparaître ? Vous cacher ? S'ils débarquent à l'auberge alors que vous y êtes, plusieurs personnes pourront témoigner vous avoir vue, surtout si vous y travaillez..."

" Mais ils ne me trouveront pas. Je vais me couper les cheveux, me les teindre, m'inventer un faux nom... et Lara me donnera un coup de main. Ils ne l'ont jamais trouvée, elle, alors pourquoi est-ce qu'ils me trouveraient moi ?"
Elle eut un sourire retors.
" En plus, j'ai laissé une fausse piste... Luménis. Tout le monde pense toujours que toutes les jeunes filles veulent aller à Luménis. Bon, l'idéal, ce serait que je me trouve un mari avant qu'ils me retrouvent. Comme ça... finis les soucis !"

" Parce que vous placez votre salut dans un homme ?"
Astrée rit.
" Je vous conseillerais plutôt de parvenir à être complètement indépendante, apte à subvenir à vos besoins. Il n'est jamais bon de dépendre de quelqu'un, fusse-t-il prince charmant."
La fausse piste luménienne était une bonne idée, elle devait en convenir. L'idée de se teindre et couper les cheveux, également.
" Ne tardez pas à changer d'aspect, reprit-elle, plus sérieusement. Si vous savez où se trouve votre cousine, d'autres peuvent le savoir.... Et puis, ils pourraient peut-être utiliser des chiens pour flairer votre piste, et savoir de quel côté vous êtes partie."

" Je suis partie il y a six jours, déjà. S'il y avait des chiens..."
Elle s'interrompit comme le fracas d'un galop retentissait derrière elle. Le temps que les deux jeunes femmes se retournent, elles virent passer, à bonne vitesse, un cheval gris pommelé, sellé, bridé, chargé de fontes bien remplies, mais dépourvu du moindre cavalier. L'animal hennit en les dépassant, puis continua à la même allure sur la route.
" Oups."

" Hum... Il doit y avoir un cavalier quelque part, j'imagine..."
Astrée observa l'animal qui s'éloignait, et haussa les épaules. Elle n'allait pas lui courir après en laissant la jeune fille sur le bord de la route.
" Bah, il s'arrêtera bien un jour ou l'autre... "
Peut-être le retrouveraient-elles un peu plus loin. Sûrement, même. Peut-être, aussi, Prince pouvait-il tenter de l'appeler en hennissant. Mais ça n'aurait sans doute aucun effet.

Elles marchèrent un moment sans revoir le cheval gris qui les avait dépassées. Il n'y avait nulle trace de son cavalier derrière, non plus : sans doute avait-il désarçonné beaucoup plus loin. Après avoir avalé une seconde pomme, Aderyn décréta qu'elle se sentait suffisamment bien pour remonter en selle et, avec l'aide, d'Astrée, elle se jucha à nouveau sur Prince. Peu après, elles atteignirent le village dont Maximilien avait parlé à la druidesse, celui qui contenait trois auberges. Il était encore tôt, cependant, et rien n'empêchait les deux jeunes femmes de poursuivre leur périple jusqu'à l'Auberge du Champ de Bataille.

Astrée, par curiosité, regarda si elle voyait le cheval fugueur dans les rues du village. Il n'allait tout de même pas galoper ainsi jusqu'à la Lorien, il devait s'arrêter tôt ou tard, et de préférence dans un endroit qui sentait bon l'écurie.
Elle chercha également du regard quelqu'un qui serait susceptible de lui dire si la prochaine auberge -probablement celle du Champ de Bataille- était encore loin ou si elles pouvaient espérer l'atteindre avant la nuit. Elle comptait bien poursuivre sa route jusque là-bas, puisque sa jeune compagne de route devait s'y rendre. A moins que la distance soit vraiment trop importante.

Il y avait un peu de monde dans le village, des voyageurs et des locaux, et il ne fut pas difficile pour Astrée d'obtenir les informations qu'elle cherchait : en effet, deux vieilles dames, assises sur un banc, devisaient en regardant passer les voyageurs, commentant — souvent avec de joyeux rires — tout ce qu'elles voyaient. Astrée apprit donc que le cheval gris était passé mais avait continué sa route, malgré les tentatives de plusieurs personnes pour l'arrêter — c'était manifestement un animal futé — et que l'Auberge du Champ de Bataille se situait encore à environ deux heures de marche, mais que si elles le désiraient, il y avait un chariot juste là qui s'y rendait, pour y apporter des oeufs et du lait, et qu'il y avait sûrement moyen de négocier le passage avec Morten, le charretier, qui était un brave gars plein de bonne volonté.

Astrée, s'il n'en tenait qu'à elle, aurait poursuivi sa route sans demander l'aide de quiconque. Deux heures, ça n'était pas très loin, et elle n'avait pas besoin d'un chariot. Mais Adewyn était fatiguée, et de surcroit semblait ne pas beaucoup apprécier le balancement de sa monture.
" Est-ce que vous voulez qu'on demande s'il y a une place dans ce chariot, proposa-t-elle à la jeune fille, pour vous y reposer plus confortablement ? A moins que vous craignez que ça fasse un témoin, qui se rappellerait vous avoir vue passer par ici ?", ajouta-t-elle à voix plus basse.

" Non, ça m'est égal mais... j'aimerais mieux rester avec vous, dit Aderyn. Je ne suis pas très à l'aise de voyager toute seule avec un homme que je ne connais pas... Même s'il est plein de bonne volonté, comme disent les grands-mères, mais... J'ai déjà rencontré quelques messieurs pleins de bonne volonté sur la route et... honnêtement, j'ai ma dose."
Elle eut un sourire contrit.
" Mais vous voyagiez solitaire et puis vous vous retrouvez avec moi..."

" Bah, ne vous en faites pas, je retrouverai ma solitude bien assez tôt ! Et c'est toujours intéressant de faire quelques rencontres, plutôt que toujours se contenter de parler à son cheval.... même s'il est adorable, ajouta-t-elle en flattant l'encolure de Prince. Donc je resterai à proximité, sur Prince. Comme ça vous ne risquerez rien. Ou peut-être que je monterai dans le chariot s'il y a vraiment beaucoup de place, mais je ne voudrais pas qu'on lui donne l'impression d'envahir sa charrette..."
Mais alors qu'interroger les grands-mères sur la route à prendre ne lui avait demandé qu'un petit effort sur elle-même, Astrée se trouva plus intimidée face au dénommé Morten. Même s'il était soi-disant plein de bonne volonté. Elle n'aimait pas quémander un service à un inconnu.
" Bonjour... heu... Les deux dames là-bas.... nous ont dit que vous alliez à l'Auberge du Champ de Bataille... Comme nous.... Et on n'a qu'un cheval pour deux.... Donc on se demandait... si vous auriez éventuellement un peu de place en trop dans votre chariot."
Bon, voilà. C'était dit.

Morten était un petit homme tout mince, complètement chauve et âgé d'au moins soixante ans. Autant dire que s'il avait essayé de s'en prendre à Aderyn, elle l'aurait aisément étalé d'un coup du droit, ou distancé à la course. Il paraissait au moins aussi gêné qu'Astrée, rougissant comme une tomate lorsqu'elle lui adressa la parole. Tordant son chapeau entre ses mains osseuses, il répondit plutôt à la pointe de ses bottes.
" Je peux emmener la petite jeune fille, oui, pas de problèmes, je vais par là, il y a de la place."
Son teint rosé devint rouge vif.
" Mais est-ce que... en échange... est-ce que... vous pourriez éventuellement... m'aider à décharger sur place ? C'est que c'est assez lourd et souvent, ils sont trop occupés à l'auberge pour me donner un coup de main... mais je comprendrais que vous refusiez, bien sûr, je veux dire... c'est mon métier et pas le vôtre, mais..."

" Bah, si vous nous rendez service, c'est normal qu'on fasse la même chose, non ? Après tout, c'est pas non plus votre métier de convoyer des jeunes filles. Donc on vous déchargera vos cageots, ne vous en faites pas."
Pouvoir rendre service à l'inconnu en échange d'une petite place la soulageait. Elle n'aurait pas l'impression d'abuser de sa gentillesse.
Elle se tourna vers Aderyn, ne voulant pas tout décider à sa place.
" Enfin... est-ce que ça vous convient ?"

" Bien sûr." dit Aderyn en s'approchant.
Le charretier leva la bâche de son chariot, dévoilant une demi-douzaine de jarres fermées, contenant sans doute le fameux lait, et plusieurs paniers d'oeufs, soigneusement bourrés de paille. Il y avait largement la place pour la jeune fille de s'y installer et elle utilisa son sac de vêtements pour se faire un dossier confortable. Une fois parés, Morten siffla pour mettre sa paire de mulets au pas.
" Je peux pas trotter à l'aller, sinon je risque de casser quelque chose... mais mes bestioles ont un bon pas. Je veux pas vous empêcher de galoper, cela dit."
Quoi qu'Astrée décide, il était bien clair que Morten ne serait pas bavard et qu'elle pourrait, de toute façon, profiter du paysage dans un relatif silence.

Astrée remercia à nouveau le vieil homme. Comme promis, elle ne comptait pas s'éloigner beaucoup du chariot. Même si ce Morten ne présentait clairement pas le moindre danger, elle avait dit à Aderyn qu'elle resterait à proximité, et donc elle resterait. Du moins la plupart du temps. Connaissant Prince, il aurait sûrement envie d'accélérer l'allure tôt ou tard. Elle le laisserait galoper un moment mais veillerait à ne pas prendre trop d'avance.

Par courtoisie, elle demeura néanmoins un moment aux côtés du chariot, au cas où le conducteur souhaite engager la conversation. Il ne lui avait pas fait l'effet d'être un bavard, mais la politesse exigeait de ne pas filer immédiatement.

Le vieil homme ne dit rien et Prince finit par suggérer à sa cavalière de prendre un peu d'avance. Le petit cheval était plein d'énergie après ces quelques heures de marche et il fit donc, pendant un moment, des allées et venues sur la route, ne distançant jamais vraiment le chariot malgré quelques belles pointes de vitesse. Le paysage autour d'eux changea, tandis que le ciel prenait des teintes plus chaudes. Les ombres s'allongèrent sur la route. Au loin, Astrée devina les remous d'un orage, encore lointain. La campagne avait perdu ses bosquets et ses prés pour devenir plus nue, et bientôt Astrée découvrit un décor tout à fait étrange, d'arbres isolés et de pierres dressées. Ils étaient innombrables, entremêlés, comme un champ où on les aurait plantés côte à côte. Il y avait plus de rochers que d'arbres, mais leur disposition ne paraissait pas naturelle, ni aux premiers, ni aux seconds. Sur la gauche de la route, se dessina alors la silhouette d'un bâtiment de belle taille. En face se trouvait une autre construction, plus modeste. Le champ de rochers et d'arbres s'étendait surtout sur la gauche, mais pas seulement.

Astrée déambula un moment à travers les rochers et les arbres, songeuse. Il y avait certainement là un symbole, même si elle ne parvenait pas à en saisir le sens. Des vivants et des morts, peut-être, les arbres étant la vie, et les pierres représentant la mort. Elle ne savait pas trop. Mais elle pourrait sûrement demander à l'auberge, si les tenanciers n'étaient pas trop débordés.
Elle jugea que l'auberge devait être le plus grand bâtiment et s'en approcha. Elle ne comptait pas y entrer tout de suite : elle voulait d'abord attendre le paysan et l'aider à décharger. Et puis, elle voulait être certaine que la cousine d'Aderyn était présente et que la jeune fille aurait un toit pour la nuit.

Il y avait d'autres personnes parmi les arbres et les rochers, la plupart assez éloignées d'Astrée. Certaines étaient solitaires, d'autres en groupe de quelques uns, et toutes déambulaient tranquillement. Il n'y avait pas de bruit, hormis le chant des oiseaux et le bruissement des insectes. Elle quittait le site lorsqu'un jeune homme arriva à sa rencontre, en courant. Il portait une livrée grise et verte, marquée d'un écusson représentant un arbre et un rocher sur la poitrine.
" Excusez-moi, dame, mais les chevaux sont interdits sur le site. Si le vôtre a... déféqué, nous vous demandons de... hum... ramasser."
Prince n'avait rien fait de tel, bien sûr.

Astrée se sentit rougir, embarrassée. Elle aurait dû deviner, après tout, puisque c'était un site particulier, visiblement dédié à la mémoire d'un événement. Et l'homme, avec sa tenue spéciale, devait en être une sorte de gardien.
" Excusez-moi.... Je ne savais pas que c'était interdit... Mais je vous promets, il s'est bien tenu. Sinon j'aurais nettoyé, bien sûr. Je ne voulais pas... salir..."
Elle désigna d'un geste vague le champ de pierres et d'arbres.
" ...ce lieu. Ces arbres et ces pierres.... Je suppose que ça a été créé pour symboliser quelque chose ?"

L'homme parut surpris, peut-être un peu choqué, mais se para rapidement d'une mine avenante, tout à fait professionnelle.
" C'est le site de la Bataille du Vain Serment, dame. La dernière grande bataille entre le peuple elfe et les humains, qui a eu lieu en 1286. Ce sera bientôt le centenaire. Chaque arbre symbolise un elfe tué au combat... et chaque pierre symbolise un humain. Il y a 2524 arbres, pour la plupart des chênes, des hêtres, des tilleuls, des platanes, des pins et des mélèzes. Il y a 8711 pierres, toutes issues des carrières de granit de Togoria. Le site a été inauguré en 1316." "

" Ah.... D'accord."
On aurait presque dit qu'il récitait les pages d'un guide de voyage qu'il aurait appris par coeur.
" Et qui l'a créé, ce site ? questionna-t-elle avec curiosité. Les humains ou les elfes ?"
Elle penchait pour les humains, plus nombreux à être tombés au cours du combat.

" C'est un site de paix, dame. Il a été créé conjointement par les humains et les elfes, pour que tous, toujours, se souviennent du prix que chacun a payé." récita-t-il.
Son sourire revint.
" Des visites guidées sont organisées à partir de l'Auberge, si cela vous intéresse. Il y a aussi les statues du sculpteur Soren, sur l'esplanade nord, et une exposition dans les combles."
Son sourire devint mutin.
" Mais je devine que vous n'êtes pas venue ici pour ça. Sans quoi... vous auriez déjà su tout ce que je viens de vous raconter. J'en déduis aussi que vous n'êtes pas de la région."

Astrée mit quelques instants à se remémorer pourquoi le nom de Soren lui était familier. Puis elle se souvint : ce devait être le sculpteur qui avait tant insisté pour faire poser Byron, à Luménis.
Elle chassa ses souvenirs de son esprit, se promettant de rendre visite aux centaures dans un moment. Après l'hiver sans doute. Et elle sourit à la remarque du gardien.
" Non, effectivement, je ne suis que de passage. Mais je suis heureuse d'avoir trouvé cet endroit : il mérite effectivement qu'on s'y arrête. C'est intéressant de connaître les événements qui ont marqué les relations entre les races qui peuplent l'île... Et j'aimerais bien pouvoir en faire une visite guidée, puisque cela existe. S'il y a de la place bien sûr. Il faut que je m'adresse à l'auberge, c'est ça ?"

" Oui, c'est juste là, dit le jeune homme en désignant l'Auberge. Il est un peu tard pour aujourd'hui, mais demain, sans soucis. Il y a pas mal de monde à l'auberge, mais c'est grand, il y a toujours de la place."
Il leva les yeux vers le ciel.
" On va avoir de l'orage cette nuit, mais ce sera terminé demain... et la plaine a un certain cachet après la pluie : les arbres sont plus verts, les rochers plus gris. C'est assez saisissant."

La Couronne de Cuivre

[Lieu] La Route de la Lorien