La Couronne de Cuivre

" Bah, c'est à vous de voir ! Je préfère quand même vous prévenir que l'eau de la cascade n'a un effet que si elle est bue sitôt récoltée. Dès qu'elle séjourne un tout petit peu, que ce soit dans le bassin ou dans votre gourde, elle perd son pouvoir. Même Kalo ne me contredira pas.... n'est-ce pas ?"
Cette fois, Kasumi perçut du mouvement dans les branches les plus basses de l'arbre. Il lui sembla apercevoir une silhouette haute de quelques pouces, coiffée d'un étrange chapeau rouge pointu.
" Sur ce point-là, en effet, je ne peux qu'acquiescer, répondit l'inconnu mi-homme, mi chèvre -un satyre peut-être. Le pouvoir de la cascade n'existe pas loin d'elle. Reste à savoir de quel pouvoir il s'agit... Je maintiens que celui d'annuler les sortilèges n'est accessible qu'en aval. Mais puisque nos jeunes amis ne semblent pas pressés de retrouver leur état normal, nous ne pouvons pas les y obliger !
Un miaulement désespéré lui répondit.

Apparemment, l'expérience ne plaisait guère à Mylène. Il pouvait la comprendre. Mais que décider alors que les versions de leurs interlocuteurs divergeaient tout à fait. Le demi-elfe était soudain décidé à tenter sa chance à nouveau à la cascade en admettant que l'effet ne pourrait de toute façon pas être renforcé par un deuxième bref séjour. Il exprima cette idée à haute voix pour obtenir l'avis du petit chat qui s'était logé dans sa poche.

Le petit chat émit son accord sous la forme de ronronnement. Il avait sauté de sa poche et se tenait soigneusement à distance de l'eau, comme tout félin qui se respecte. Ce devait être un instinct que Mylène avait un peu de mal à combattre : Se baigner dans l'eau de la rivière ne lui plairait certainement pas, et il n'était pas certain qu'elle parvienne à s'immerger dans le lac sous cette forme pour y trouver la grotte sous-marine. C'était peut-être la raison pour laquelle elle préférait elle aussi boire une tasse d'eau ?
Par contre, vu son attitude, il lui faudrait certainement amener l'eau lui-même à Mylène.

Le demi-elfe avait eu dans l’idée de porter le chat et de l’immerger soi-même brièvement dans la rivière mais c’était probablement une opération risquée et il tenterait donc, au moins dans un premier temps, de tester les effets sur lui-même puis, si le résultat s’avérait probant, de remplir sa gourde et d’en asperger aussitôt le chat. Si cela ne suffisait pas, il serait temps de revenir à son premier plan.

Mylène-le-chat, hésitante, avait fini par s'approcher de la rivière et elle lapa, du bout de la langue, un peu d'eau. Rien ne se produisit.
" Ce n'est pas celle-ci qu'il faut boire, s'exclama le petit être étrange au chapeau rouge pointu. C'est l'eau qui coule d'en haut. Juste une tasse....
- Pas du tout, répliqua le satyre. Il faut s'immerger. Mais dans la rivière ou dans le lac, surtout pas dans la cascade...
- Miaw !" miaula le chat, le poil hérissé. Ce qui devait vouloir dire que l'immersion, ce serait sans elle.
Les deux autres regardaient d'un oeil intéressés Kasumi s'approcher à son tour.

Kasumi commençait à en avoir assez de ces jeux puérils : si l'oiseau les avait aidés sans conditions, ces deux-là semblaient beaucoup s'amuser à leurs dépens. Ce fut néanmoins d'un pas décidé qu'il s'approcha de la chute d'eau pour y prélever de l'eau, quitte à remonter une partie du chemin. Et cette fois, il se tiendrait bien à l'écart pour éviter les éclaboussures fortuites.

Il parvint à prendre un peu d'eau sans se faire éclabousser. A part les mains bien sûr. Il la porta à ses lèvres, but quelques gorgées, et sentit la puissance de la magie qui s'écoulait dans son gosier, enflant dans son organisme. Tout devenait flou autour de lui, et il se sentait une force incroyable.
Lorsqu'il rouvrit les yeux, ceux-ci se trouvaient à plusieurs mètres du sol, et il s'aperçut que ses bras étaient devenu des ailes évoquant celles des aigles. Son corps s'était couvert d'une fourrure fauve. Et il était incapable de parler. Certes, il était à nouveau visible...
Il entendit un rire aigu, là-bas, à ses pieds, et distingua le petit être à chapeau pointu qui se tordait de rire en le regardant. Il lui suffirait d'un geste pour fondre sur lui et l'écraser dans ses serres. Il aperçut le chat, également, complètement affolé, qui cherchait à fuir. Il glissa malencontreusement dans l'eau.... et en ressortait sous sa forme normale de jeune fille. Mais totalement nue.
" Ah, voilà une vision des plus enchanteresses, s'exclama le satyre qui ne quittait pas des yeux la jeune femme. Je vous l'avais dit, qu'il fallait vous baigner..."

Voilà qui était des plus déplaisants : les deux êtres s'étaient bel et bien joué d'eux et de leur méconnaissance desrègles étranges régissant cette source et cet endroit. Bien décidé à leur rabattre le caquet, le demi-elfe se replongea à nouveau dans la source en espérant pouvoir retrouver son apparence. Si cela échouait, il n'aurait d'autre choix que de se diriger vers le lac comme il l'avait voulu au départ.

En replongeant dans la source, il ne retrouva pas son état initial. Il sentit un picotement sur sa peau et il lui sembla que les poils fauve qui la recouvraient devenaient durs comme du bois. Il se sentait un peu plus raide, mais aussi plus invulnérable, comme protégé par une armure.
Le petit être au chapeau pointu riait de plus belle. Le satyre lui jeta un vague coup d'oeil en secouant la tête.
" Je vous l'ai dit, il faut vous plonger dans l'eau, mais pas celle-ci.... et vous êtes trop gros pour vous immerger totalement dans la rivière. Mais vous serez au lac en quelques battements d'aile, sous cette forme."
Puis, se tournant vers Mylène, il s'inclina en une révérence un peu grotesque vu son apparence.
" Gente Dame... je serais très honoré de faire davantage connaissance....
- Nan mais ça va pas ? Fichez-moi la paix ! Pourquoi je suis toute nue ? Qu'est-ce que vous avez fait ?
- Moi ? Rien du tout ! Vos vêtements doivent être à l'endroit où vous vous êtes transformée. Mais... pourquoi vouloir cacher tant de beauté ?
Il la regardait d'un air gourmand et Mylène recula, cherchant en vain à se dissimuler, puis entreprit de remonter aussi vite qu'elle l'osait vers la grotte d'où ils étaient sortis.
" Kasumi, me laissez pas toute seule avec ce... ce.... cette créature !
- Rhoooo.... Vous ne savez pas ce que vous manquez, croyez-moi !"

Kasumi chercha à préserver l'intimité de Mylène en évitant de la regarder directement. Il s'interposa également sur le chemin du satyre, se redressant de toute sa hauteur menaçante pour enfin déclarer d'un ton qui n'était pas totalement du bluff :

- Je pourrais effectivement aller au lac en quelques minutes à peine et je pourrais aussi faire beaucoup plus. Vous avez de la chance que je ne sois pas du genre à envisager des désagréments envers ceux qui se moquent de nous mais il ne faut pas me pousser à bout. Maintenant il serait grand temps d'accorder vos récits et la réponse aura intérêt à me plaire !

HRP : en fait Kasu est devenu un griffon ou peut-être un hippogriffe, je ne suis pas sûre que ça parle ce genre de bête.... mais c'est pas grave, on va dire qu'il peut !

L'humanoïde à pattes de chèvre, inquiet de l'attitude de Kasumi, recula de quelques pas.
" Hey, c'est pas ma faute si ce fichu lutin s'est moqué de vous ! Moi je vous ai dit l'exacte vérité : vous plonger dans l'eau de la rivière ou du lac annule tous les sortilèges.
- Je n'ai pas menti, répliqua le petit être à chapeau pointu d'un ton haché, entre deux fous-rires. La cascade aussi annule les sortilèges ! Simplement, elle en jette un autre...."
Et il rit de plus belle, se roulant par terre en se tenant les côtes.
" J'avais tout intérêt à ce que votre amie retrouve sa forme originelle, pour profiter un peu de la vue ! Il n'y a rien de mal à cela...
Il se pencha de côté pour tenter d'apercevoir Mylène qui achevait de grimper sur les rochers.
" Dommage, ça ne va pas durer.... La cascade est farceuse, et votre amie va se trouver en contact avec l'eau pour récupérer ses vêtements. Qui sait comment elle va en sortir..."
En l'occurrence, elle en sortit sous une apparence beaucoup moins attirante : des cheveux blancs, une peau verdâtre fripée, un corps difforme, elle ressemblait, vaguement, à une grand-mère orque.
" Et voilà...." soupira le satyre.

Kasumi espérait que Mylène ait pu retrouver ses vêtements et qu'elle puisse ainsi les renfiler après s'être immergée et lui-même chercha si les siens n'étaient pas tombé lors de sa transformation en oiseau. Après, il suffirait de convaincre Mylène de m'immerger à nouveau ici en prenant garde que le satyre lui laisse son intimité puis voler à tire d'aile jusqu'au lac. Et à la liberté.

Mylène n'eut pas besoin d'être convaincue. Après être descendue de la cascade avec une dextérité surprenante pour une vieille orque, elle posa son tas de vêtements sur une pierre au bord de la rivière, toute proche de Kasumi, et lança un regard noir au satyre qui lui renvoya un sourire totalement innocent. Elle se plongea illico dans l'eau.
Elle en ressortie sous sa forme originelle, toujours parfaitement nue, et le nouveau regard qu'elle lança au satyre aurait suffit à glacer n'importe qui. Pas lui, visiblement, qui se contenta de sourire encore plus largement et de lancer :
" Damoiselle, savez-vous que vous êtes d'une grande beauté ? Quel dommage de cacher ce que la nature a si bien mis en valeur !"
Néanmoins, il ne chercha pas à s'approcher d'elle, et lorsqu'elle se dissimula derrière l'imposante silhouette de Kasumi en guise de paravent, il se contenta de hausser les épaules avec un soupir.

Kasumi, cependant, avait repéré ses propres vêtements, qui hélas semblaient en loques : l'étirement qu'ils avaient subi avait fait craquer une partie des tissus, et sa tunique était certainement irréparable.
" Les chausses doivent pouvoir être sauvées, les bottes aussi, fit Mylène en s'en emparant. Je prends aussi nos deux sacs... Et.... on va là-bas comment ? Je peux monter sur votre dos ?"
Première Neige, quant à elle, ne le pouvait certainement pas, et observait la scène un peu à distance. Kasumi sentait son anxiété.

Kasumi chercha à lui transmettre un peu de sérénité et se contenta d'un hochement de tête en guise d'approbation du plan de Mylène : toutefois, il allait tenter un premier essai de vol avant de se risquer à la prendre sur son dos. Après tout, il n'était pas du tout certain de parvenir à se stabiliser du premier coup et il ne pouvait pas prendre le risque de blesser son apprentie. C'était une expérience parfaitement inédite pour lui, sans doute encore plus déroutante que son voyage à dos d'aigles d'Everaska.

A sa grande surprise, les gestes lui vinrent naturellement. Il battit des ailes une fois, deux fois, se souvenant du mouvement maintes fois observé chez les oiseaux de toute espèce. Une troisième fois, en faisant d'instinct quelques pas en avant.... et il ne sentit plus rien sous ses pieds. Un autre battement de ses immenses ailes et il prit de l'altitude sans aucun effort. Restait à comprendre comment se diriger. Il se souvenait de l'aigle qu'il avait chevauché : il pencha un peu d'un côté, puis de l'autre...
" Hey ! cria Mylène, vous partez..."
Il n'entendit pas la fin : ses ailes puissances l'avaient amené déjà trop loin.

La sensation était indéniablement grisante et il aurait été facile de s'y abandonner. Pour autant, après un tour supplémentaire sur lui-même, Kasumi tenta d'atterrir non loin de Mylène et de sa louve tout en maintenant un certain périmètre de sécurité. Si cette dernière épreuve était couronnée de succès, il pourrait passer à la suite du programme et transporter Mylène jusqu'au lac pendant que Première Neige les suivrait.

Première Neige, épouvantée, fila dans les herbes hautes, se réfugiant aussi loin que possible de l'immense créature ailée qui descendait vers elle. Mylène préféra elle aussi opter pour la prudence, s'éloignant de quelques toises. Il entendit la voix du satyre qui la suivait, lui proposant de lui servir de guide dans sa découverte de la forêt.... ou de tout ce qu'elle voudrait bien découvrir avec lui.
Il avait quant à lui toute la place nécessaire pour atterrir... et heureusement, car c'était un peu plus délicat que de décoller. Battant des ailes, il parvint à freiner son avancée, perdant de l'altitude, puis se stabilisant à deux toises du sol dans un battement d'ailes supplémentaires. Il se sentit descendre un peu trop vite, battit des ailes et remonta, puis descendit à nouveau... Un atterrissage en douceur n'était pas chose aisée. Mais à la troisième tentative, il heurta le sol, manquant se fouler une cheville au passage. Il était indemne, et Mylène se précipita vers lui, soulagée.
" On part d'ici !" lança-t-elle en se hissant sur son dos.

Et il était bien d'accord avec cette aspiration, quoique pas forcément pour les mêmes raisons que l'apprentie rôdeuse. Il jeta un dernier regard menaçant en direction du satyre si irrespectueux envers elle puis entreprit de décoller avec douceur pour ne pas risquer de la désarçonner. A quelques toises de hauteur, il battit des ailes de manière stationnaire pour s'assurer que Première Neige reprenait ses esprits et parvenait à les suivre. Puis, direction le lac. Pour l'atterrissage, il serait plus facile de s'y plonger, faisant ainsi d'une pierre deux coups si toutefois le satyre n'avait pas menti.

" Bon voyage !", lança le satyre, peu rancunier, en les voyant décoller.
Le petit être au chapeau pointu avait disparu dans la végétation.
Mylène dut s'accrocher fermement à son dos pour ne pas être désarçonnée -il sentit qu'on lui arrachait quelques poils. Mais il parvint néanmoins à lui assurer un minimum de stabilité. Avant de s'éloigner, il put voir que Première Neige s'était mise à courir à leur poursuite, longeant la rivière : il avait beau être déjà très haut, il disposait d'une vue incroyablement perçante.
Ils se dirigèrent droit vers le lac, et il sentit l'apprentie rôdeuse se détendre peu à peu. Elle commençait même à apprécier le paysage, à en juger par ses commentaires admiratifs. Le lac était tout proche, et, à la vitesse de ses ailes, il ne leur fallut que quelques minutes pour l'atteindre. La forêt l'entourait, gênant un atterrissage éventuel, mais il y avait néanmoins une large plage de cailloux, un peu plus loin sur la droite, et également une île sablonneuse et apparemment désertique, où poussait un seul petit bouquet d'arbres aux troncs fins et souples et aux larges feuilles vert sombre. Il pouvait aussi, bien sûr, plonger directement dans l'eau, en espérant qu'il retrouverait bien sa forme normale : nager avec des ailes lui serait en effet totalement impossible...

Kasumi opta pour une solution intermédiaire, volant de manière stationnaire à quelques mètres de l'eaupour permettre à Mylènede plonger sans crainte. Quant à lui, il avait l'intention de tenter un atterrissage dans les hauts fonds,là oùl'eau amortirait sa chute mais où il aurait tout de même pied au cas où la transformation ne puisse pas s'opérer.

Il ne pouvait pas être certain d'avoir pied, même à quelques mètres du bord : le sol pouvait très bien plonger rapidement à plusieurs mètres de fond. Sauf, sans doute, s'il choisissait d'être à proximité de la plage de galets, où il était très vraisemblable que le sol descende en pente douce.
Mylène, quant à elle, n'était pas convaincue.
" Heu.... vous voulez que je plonge là ? Avec les sacs, la nourriture, les vêtements ? Tout va être trempé. Il faudrait les lancer sur la plage.... mais on va peut-être casser du matériel si on fait ça. Bon... Mais c'est profond ici. L'eau est incroyablement transparente, je vois le fond d'ici, et il est rudement loin ! Je vais couler avec les sacs à porter ! Il faut se rapprocher encore un peu du bord, au moins, que je sois sûre d'avoir pied... "
Kasumi voyait sans doute encore plus nettement le fond du lac à travers l'eau parfaitement claire. Effectivement, ici il aurait pied, mais pas Mylène.

Puisque Mylène ne se sentait pas de tenter un plongeon, il se rangea à ses arguments et tenta un aterrissage en douceur sur la terre ferme, visant la plage de galets. Il espérait néanmoins que le choc ne serait pas trop rude : il préférait de loin éviter de tenter le diable et utiliser sa magie curative dans un endroit où elle n'opérerait peut-être pas, ou en tous cas pas tel qu'il le souhaiterait.

L'atterrissage fut un peu mieux réussi que le précédent : il commençait à gagner en expérience. Cela n'empêcha néanmoins pas Mylène d'être éjectée de son perchoir et de chuter au sol avec leurs sacs. Elle eut heureusement le réflexe de se recevoir avec une certaine souplesse. Elle aurait quelques hématomes, mais rien de cassé.
L'eau était à quelques toises, et si le satyre avait dit vrai, Kasumi aurait bientôt repris sa forme originelle. Mais alors qu'il s'avançait vers le lac, son regard perçant devina un mouvement dans les fourrés bordant la plage, évoquant la fuite d'une petite harde de chevreuils peut-être. Mylène, deux ou trois mètres au-dessous de lui, s'était relevée et regardait dans la même direction, d'un oeil rond de surprise. Lui ne voyait rien, les feuillages bas lui masquant ce qui se passait dans le sous-bois.
Il vit juste Mylène s'avancer sans la moindre hésitation vers les bois, le regard plein d'une stupeur émerveillée.

Kasumi poussa un cri strident d'avertissement pour éviter que Mylène ne s'éloigne de lui. Certes, il n'aurait pas besoin d'elle pour tenter de faire trempette mais il n'était pas du tout certain de recouvrer immédiatement et sans difficulté sa forme naturelle et originelle. Il vérifia aussi que ses vêtements fussent toujours avec leur affaires pour éviter d'avoir à se promener nu pendant de longues minutes. Enfin, s'il ne voyait rien de ce qu'avait aperçu Mylène en baissant sa grosse tête autant que possible, il irait tenter sa chance dans le lac sans perdre davantage de temps.

Ses vêtements étaient au sol, du moins ses chausses et ses bottes, et il avait probablement une tunique de rechange dans son sac. Mylène lui jeta un regard un peu interloqué, puis haussa les épaules et continua sa progression. Lui-même eut beau se pencher, il n'aperçut pas grand-chose, à part des silhouettes probablement équines, dont la couleur blanche tranchait nettement dans l'obscurité du sous-bois.

Il ne lui restait plus qu'à se plonger dans l'eau. Il lui fallut s'éloigner du bord pour s'immerger totalement -dans sa nouvelle forme, il lui était impossible de s'agenouiller ou de s'allonger. Il s'aida de ses ailes pour créer une petite vague qui vint submerger sa tête d'oiseau. L'instant d'après, il perdait pied, et sentit la panique l'envahir. Il avait heureusement de bons réflexes de nageur et parvint à regagner la surface. En l'occurrence, sa nudité fut salutaire.

Il regagna la petite plage à la nage. Avant même de reprendre pied, il distingua dans le sous-bois la silhouette de Mylène auprès de chevaux d'un blanc presque lumineux, qu'il mit quelques instants à identifier pour ce qu'ils étaient : des licornes.

Kasumi comprenait mieux que la jeune femme ait pu être subjuguée par cette vision. Lui-même n’était pas blasé au point que la découverte de licornes – symboles féériques de sa déesse - ne provoque pas de l’admiration. Il regagna rapidement le rivage à la nage et entreprit de se sécher sommairement avant d’enfiler des chausses et ses bottes. Puis, calmement, il s’approcha de la clairière en faisant son possible pour ne pas déranger les équidés et sa protégée.

Les licornes lui jetèrent un regard paisible, sans paraître s'effaroucher de sa présence. Elles étaient une bonne demi-douzaine, paissant dans une grande clairière juste à côté de la plage de galets. La plus petite d'entre elles se laissait caresser le chanfrein par Mylène, dont le regard était toujours aussi extasié.
" Bienvenue à vous, étrangers, finit par l'accueillir l'une d'elle comme il s'approchait davantage. Les visiteurs sont rares sur cette rive du lac."

Kasumi s'inclina courtoisement devant son interlocutrice, toujours aussi décontenancé par la faculté qu'il avait à comprendre tous les êtres féériques qui séjournaient dans ce lieu.

- Je vous remercie pour votre accueil, noble licorne. Nos pas ont été heureux puisqu'ils nous ont mené jusqu'à vous sur la route de notre retour.

La licorne hocha la tête.
" Vous allez près de la grotte sous-marine, alors, je présume. Prenez garde à la guenaude là-bas... Et si vous êtes sage, ne tardez pas trop à rentrer chez vous. Pas seulement parce que le temps s'écoule différemment ici. Mais aussi pour préserver votre jeune amie. Pour vous, qui avez du sang elfique, cet endroit doit résonner dans votre âme. Mais elle est humaine et ce monde ne lui convient pas."

Kasumi avait effectivement l’intention de se remettre rapidement en route maintenant que leur destination était proche et que lui comme Mylène avaient recouvré leur apparence ordinaire. Cet endroit était enchanteur et il aurait été aisé de tergiverser avant de le quitter mais l’instinct du demi-elfe le poussait à se mettre rapidement à la recherche de la grotte. Mylène pourrait profiter de la clairière et de ses occupants le temps que Première Neige les rejoigne. En attendant, Kasumi demanda à la licorne si elle pouvait leur indiquer le chemin de cette caverne inondée.

La Couronne de Cuivre

[quête] Petit détour par Féérie