La Couronne de Cuivre

Lorsqu'il passa devant elle, Venlitia marqua un temps d'arrêt, ses pupilles s'étrécirent à la vue des cheveux gris clair. Elle resta coite une poignée de secondes, à la recherche du souvenir d'un souvenir qui s'effilochait déjà en ayant à peine été évoqué.

Alors qu'il disparaissait de son champ de vision, elle repris ses moyens et eu un reniflement dédaigneux, encore sous le coup d'une colère dont elle ne comprenais pas la cause. Mais un souvenir en chassant un autre…
[color="80000"]Pour sûr, qu'ils étaient prêt à se permettre des tas de choses cette nuit là…[/color]

Puis, réalisant l'énormité de ce qu'elle venait de dire, elle changea subtilement de sujet.
[color="80000"]J'ai vu pire. Vous êtes Al Eberhart ou Al Wazuss?[/color]

Il revint dans sa direction et tira un tabouret pour s'asseoir en face d'elle. Il avait les yeux très pâles et un sourire interdit étira ses lèvres.
" Je suis Aloysius Eberhart. Donc j'imagine que c'est un mélange des deux. Vous avez un accent intéressant. Vous venez de loin ?"
L'apprenti s'était approché et lui tendit un petit bol. Le guérisseur le huma, puis le passa à Venlitia.
" Pour la douleur. C'est léger, ça ne vous assommera pas."

Venlitia prit le petit bol qu'il lui tendait et, après l'avoir reniflé également, le vida d'un trait.
J'ai une sacré bonne constitution, je ne me souviens pas mettre jamais sentie assommée par des remèdes!

Elle allait bomber le torse fièrement pour appuyer ses propos lorsqu'elle se souvint de sa nudité. Lui agiter sa poitrine sous le nez n'était peut-être pas du meilleur goût. En plus, il y avait aussi le gamin. Il était plutôt sympa, autant ne pas créer de moment embarrassant.

Elle releva une mèche rebelle derrière son oreille et plissa les yeux en fouillant sa mémoire.
Mon père disait que maman venait de Kara-Tur, mais comme elle est morte en couche, je ne pense pas que ça joue sur mon accent. Et je ne sais pas exactement d'où mon père venait, on voyageait tout le temps lorsqu'on était ensemble.

Elle sourit avec un regard enflammé et leva un doigt devant son nez.
Je sais! C'est l'accent de la liberté! Battant les flots en compagnie d'hommes et de femmes de tous horizons, ne vivants que pour le frisson de l'aventure et partageant le pain, le pont et le parler tout à la fois sur l'océan de la gloire! Ha!

Le guérisseur rit.
" On va dire ça."
Il jeta un oeil sur son apprenti, qui était repassé derrière la jeune femme.
" Ancelin va vous étendre un onguent sur les blessures. C'est désagréable, mais ça va légèrement endormir la peau. Ensuite, je ferai un rapide curetage. Ce sera douloureux. Si c'est trop douloureux, vous me le dites, mais j'ai l'impression que vous en avez vu d'autres et que vous allez tenir le coup. Ensuite, je recoudrai ce qui doit l'être. Ancelin vous lancera un sortilège de soin très basique, qui aidera à la cicatrisation et évitera les balafres disgracieuses. Ensuite on mettra un dernier onguent, et je placerai une étoffe de protection propre, pour ne pas que vous salissiez les plaies ou vos vêtements. Idéalement, essayez de dormir le dos à l'air : enfermer des blessures de ce type n'aide pas à la guérison, surtout par ces chaleurs. Je vous donnerai un onguent à remettre chaque matin, après nettoyage, pendant six jours. Vu l'endroit des blessures, ça ne va pas être évident à faire seule. Vous avez quelqu'un qui peut vous donner un coup de main ?"

La jeune femme sourit, six jours de badigeonnage ça n'était pas cher payé pour en finir avec ces picotements incessants! En plus c'était le gamin qui ferait de la magie, s'il travaillait avec Aloysius que la serveuse mettait sur un piédestal, c'est qu'Ancelin devait être un petit génie, ou quelque chose dans ce genre. Elle hocha la tête à chaque étape de soin énumérée et conclut :
[color="80000"]C'est vous le maître, Maître! [/color]

Elle allait répondre qu'elle avait un camarade pour l'application d'onguents, lorsqu'elle se rendit compte qu'en fait, ils n'avaient jamais parlé plus loin que repas, repos et aventures. Jamais de l'opportunité de voyager de concert.
Pourtant, cela semblait presque évident! Elle lui en parlerait ce soir devant une belle tranche de taureau, ou deux.
[color="80000"]Je pense que j'aurais la possibilité de me faire aider.[/color] hasardât-elle toutefois par avance.

" Dans ce cas, allons-y."
Il se releva et alla se laver les mains, longuement, tandis que l'adolescent, derrière Venlitia, lui badigeonnait le dos d'une substance froide qui sentait assez fort, mais quelque chose d'indéfinissable. Ensuite, le guérisseur passa derrière la jeune femme.
" On serre les dents ! Il n'y en a que pour quelques minutes."
Quelques minutes douloureuses, mais peut-être moins que prévu. Venlitia percevait son dos comme s'il était engourdi. Elle devina le mouvement de l'aiguille qui recousait sa peau davantage qu'elle ne le ressentit. Ensuite, Aloysius fit un pas de côté et lui adressa un sourire encourageant.
" Presque fini."
L'incantation d'Ancelin ne dura qu'un fragment de minute et une lueur dorée fusa, un instant, autour des épaules de la jeune femme. Elle ressentit un léger picotement, puis une odeur désagréable, piquante, lui chatouilla les narines. L'adolescent poussa un petit cri de dégoût.
" Ah, ça pu... sent mauvais !"
Aloysius était repassé derrière Venlitia, la mine froncée.
" Sans doute une réaction avec le blanc-de-mai, dit-il d'un ton pensif. Ça vaut la peine de le noter. Mais l'important c'est le résultat et ça m'a l'air parfait."
Il reparut.
" Dernier onguent et c'est terminé."
Les doigts agiles de l'apprenti la couvrirent d'une substance peu collante, puis elle sentit qu'on lui posait une étoffe sur le dos.
" Ça va adhérer. C'est normal, ne vous en faites pas. Pour la décoller, il faudra utiliser de l'eau tiède."
Aloysius se déplaça à nouveau vers son armoire et y prit un petit pot, qu'il rapporta à sa patiente.
" Et voilà ce qu'il faut mettre dessus. Des questions ?"
L'odeur désagréable, qui rappelait vaguement l'oeuf pourri, était toujours dans l'air mais commençait à se dissiper.

Venlitia sourit en coin à Aloysius. Les mouvements et leurs vibrations dans son dos lui avaient rappelé la tension des voiles lorsqu'on les raccommodait dans l'urgence et qu'elle devait tenir rapprochés les éléments à recoudre alors que le vent s'y engouffrait encore par rafale. Elle serrait les poings, plus par habitude, ce n'était pas sa première couture ; cependant le baume marchait redoutablement bien.
La jeune femme avait froncé également les sourcils lorsque la jolie lueur dorée avait laissée place à une odeur qui lui rappelait tant la renifle d'un crache feu venant de tirer, que le tonneau d'aliments gâtés des cuisines d'un coq.

Mais elle s'était abstenue de faire tout commentaire avant que le maître et son apprenti n'aient fini leur office.
[color="80000"]Je savais pas que la magie de guérison servait aussi à faire des farces. Sourit-elle. Tant que c'est pas ma couenne qui se met à poquer comme ça!
En même temps, le truc dont tu m'as tartiné sentait déjà assez fort… La magie c'est peut être le sel des cataplasmes qui puent? Ça relève le goût… ou l'odeur.[/color]

Elle attrapa le petit pot que le guérisseur lui tendait.
[color="80000"]Merci. C'est gentil d'avoir prit le temps même s'il est tard.[/color]

Elle attrapa la besace qu'elle avait laissée au pied de sa hallebarde, près du tabouret, et en sortit un gilet de cuir souple et léger qu'elle passa tranquillement. Alors qu'elle passait le dernier losange en os dans sa boutonnière, elle regarda Ancelin, puis Aloysius, perplexe.
[color="80000"]Je pourrais quand même, heu… bouger un peu, sans que ça se rouvre, non? Au cas où?[/color]

" Est-ce que si je vous dis non, ça va changer quelque chose à votre comportement ?" demanda Aloysius avec un léger sourire.
Il croisa les bras.
" Si vous faites des efforts sur des sutures, bien sûr qu'elles vont sauter ! Et si elles ne sautent pas, c'est votre peau qui va lâcher."
Il secoua la tête avec un haussement d'épaules.
" Laissez-leur trois jours ? Vous pouvez monter à cheval ou écrire vos mémoires... mais évitez la chasse à la baleine."

Venlitia éclata de rire.
[color="80000"]Très bien! J'ai compris, pas de chasse au dragon ni de bataille avec les orcs![/color]

Elle ajouta à mi-voix, extrêmement sérieuse, tout en rangeant sa tunique dans sa besace.
[color="80000"]Pour l'instant… [/color]

Elle se planta devant Aloysius en souriant, son étrange malaise initial compensé par le réconfort de le dépasser d'une bonne grosse tête.
[color="80000"]De toute façon, je ne pourrais rien faire dans votre liste. Je ne compte pas reprendre la mer pour l'instant, je n'ai pas les moyens d'acheter un cheval et depuis un gros coup sur le crâne je n'ai plus vraiment de mémoire pour ce qui s'est passé avant d'avoir été appelée à mener carrière sur les flots![/color]

Vanny farfouilla dans le fond de la besace afin de rassembler l'argent qui lui restait et tendit sur sa paume ouverte la dizaine de pièces qu'elle y avait récupéré.
[color="80000"]Est-ce qu'il y a assez?[/color]

" Chacun paie ce qu'il peut, dit Aloysius. Si vous préférez payer en nature, c'est possible aussi."
L'apprenti tenta maladroitement de masquer un rire. Le guérisseur haussa les sourcils avec une grimace.
" Pardonnez un adolescent à l'esprit mal tourné. Je voulais dire que vous pouvez payer avec autre chose que de l'argent, si vous avez besoin de ces pièces."
Il était retourné se laver les mains.
" Au passage, vous savez que perdre la mémoire suite à un choc sur la tête, c'est un mythe, n'est-ce pas ? Ça n'arrive pas comme ça."

Venlitia avait également arqué un sourcil avant qu'Aloysius n'explicite sa déclaration. Pour la forme et sans même le regarder, elle fit claquer une pichenette sur le front d'Ancelin avant de faire tinter l'intégralité de sa poignée de pièces dans une coupelle vide à côté de la vasque qu'utilisait le guérisseur.
[color="80000"]Bah! C'est ceux qui n'en demandent pas qui les utilisent le mieux! [/color]

Elle fit quelques mouvements d'épaules en lançant un sourire narquois à l'apprenti. Puis répondit à Aloysius, en haussant les épaules.
[color="80000"]Dans tous les cas, je me souviens pas de grand chose d'avant de m'être retrouvée sur un navire. J'ai quelques morceaux de souvenirs, comme le fait d'avoir voyagé avec mon père et certaines des histoires qui le concernaient, mais j'étais déjà plutôt grande et je ne saurais pas dire combien de temps ça a duré. Et avant ça, pfuit, c'est le trou noir ; à peine quelques images, quelques noms, qui me donnent une impression de déjà-vu. Comme avec vos cheveux.[/color]

Aloysius s'empourpra légèrement et ébouriffa ses cheveux gris d'une main distraite.
" Ah oui, ça. Mais je me souviendrais de vous, si je vous avais déjà rencontrée, sans aucun doute."
Il revint vers elle et resta debout. La consultation était terminée. Au bruit de toux qui provenait de la salle d'attente, Venlitia put deviner qu'Aloysius avait encore du travail.
" Vos souvenirs doivent être quelque part dans votre tête. Quand on oublie son passé, c'est généralement qu'une partie de nous-mêmes l'a voulu ainsi, pour...effacer des souffrances anciennes. Ou alors c'est une affaire de magie, je suppose, mais je n'y connais pas grand chose. Ce n'est en tout cas pas un coup sur la tête, ça c'est certain."
Il se dirigea vers la porte.
" Mais je ne vous ennuie pas avec ça. Je vous souhaite un prompt rétablissement... et essayez d'éviter le fouet, où que vos pas vous mènent."

Elle avait récupéré son arme et s'était contentée de hocher la tête concernant le point de vue du guérisseur sur la perte de mémoire.
Elle n'y entendait rien en magie, mais elle avait passé de nombreuses nuits à triturer ses méninges pour tenter de figer plus clairement des souvenirs qui lui semblaient êtres aussi fugaces que l'écume d'une vague léchant le sable. Si rien ne lui était revenu, c'est que ça n'était plus là.

Vanny passa la porte en ébouriffant les cheveux d'Ancelin et se tourna vers ses guérisseurs.[color="80000"]
Merci pour les soins! Et si jamais vous avez besoin de quelque chose, d'ingrédients légendaires ou de plantes rares, qui pourraient se trouver en parcourant la région ; faites moi une liste, ça ne coûte rien! Je suis à la "Couverture à Carreaux" jusqu'à demain matin.[/color]

Elle tourna les talons après un dernier salut de la tête et sortit du dispensaire pour prendre la direction de son très attendu repas.

Lorsque Zaïu et Venlitia furent de retour de leur soirée à la petite guinguettedu bord de rivière, la nuit était tombée depuis un moment déjà. La salle principale de l'auberge était à demie vide, le duo de musiciens qui y officiait rangeait son matériel, et les clients restants avaient visiblement bu plus que leur content d'alcool, à en juger par leurs chants égrillards à peine reconnaissable.
Une serveuse -la même que la veille- distribuait patiemment quelques derniers verres de bière, esquivant au passage une main baladeuse ou une invitation compromettante. Elle se porta à leur rencontre, souriante.
" Ah, je commençais à me demander si vous rentreriez avant l'heure de fermeture... Vos clés sont au tableau, à droite du comptoir. A cette heure, vous pouvez les récupérer vous-mêmes, mon collègue est parti dormir. Si vous voulez... une infusion, ou un dernier petit verre de gnôle, n'hésitez pas. J'espère que vous avez passé une bonne soirée ?"

Fi tentatrice ! Point de verres pour Venlitia et Zaïu ! Sachez que demain nous partons en mission. Et l'hygiène de vie est garante de bonne santé pour les aventuriers que nous sommes.

Le jeune elfe promena un regard sur la clientèle présente et ce qu'il vit le découragea encore plus de rester. C'est pour ça qu'il n'aimait pas trop les villes. Rencontrant à nouveau le regard de la serveuse, il comprit qu'il s'était laissé emporter. Il répondit tout penaud.

La soirée fut agréable. Zaïu espère que la votre aussi.

Et sans autre forme de procès, il alla regagner ses pénates de location pour faire ce que font tous les elfes de leur temps libre : méditer sur le non-sens de la vie dans une posture inspirante.

Venlitia étouffa un rire aux déclarations de Zaïu, ce voyage allait être riche en souvenirs! Elle le salua alors qu'il montait les marches et se tourna vers la serveuse tout en prenant place au comptoir.
[color="80000"]C'était une bonne soirée, une fois qu'on a trouvé un restaurant accueillant et festif! Je prendrait bien une infusion avant de dormir![/color]

Elle rassembla ses idées. Départ demain matin, suivre la route jusqu'à Roquebrune, etc... Puis réceptionner ce fameux colis pour ensuite le livrer quelque part. Pas mal de route, un commanditaire inconnu et un peu de mystère entourant l'objet. Ça sonnait plutôt pas mal pour une première aventure!
Ha! Et elle avait dit à Ancelin et Aloysius que s'ils avaient besoin d'un ingrédient dur à trouver, ils pouvaient lui laisser une liste à l'auberge. Elle profita que la serveuse posait la tasse devant elle.
[color="80000"]Dites, personne n'a laissé de message pour nous?[/color]

" Pas de message, non", répondit la serveuse en secouant la tête.
Elle avait l'air un peu ennuyée.
" Vous attendiez quelque chose ? Je n'ai pas été présente en début d'après-midi, il est possible que j'aie manqué un visiteur s'il n'a pas eu la patience d'attendre mon retour... Ce n'était rien d'urgent, j'espère ?"

Vanny agita sa main pour signifier qu'il n'y avait rien de grave, tout en finissant son infusion.
[color="80000"]Rien de grave, nous partons au lever du jour demain, je verrais au moment de partir avec la personne qui sera là si quelque chose à été mis de côté ! Bonne nuit à vous ![/color]

Elle monta les marches et pénétra dans sa chambre avant de s'affaler entre les draps, uniquement vêtue du bandage que lui avait fait Aloysius.

La guerrière s'éveilla le lendemain peu avant l'aube, mue par une vieille habitude, et se redressa dans le lit en baillant. Un coin du ciel s'empourprait par delà sa fenêtre.
Venlitia s'assit en tailleur sur le lit, alluma le chandelier sur la table de chevet et frappa deux coups secs au mur adjacent, dans la chambre de Zaïu.
[color="80000"]Debout naufragé! Rejoint moi dans ma chambre quand tu auras émergé! [/color]

Elle étouffa un rire à ce trait d'humour involontaire et rassembla les couvertures autour de sa taille avant de défaire le bandage. Elle fit passer sa longue chevelure par devant et décida de les tresser pour le voyage en attendant l'elfe.

Zaïu entra avec perte et fracas sans doute un peu trop tôt, alors que Venlitia était affairée à enlever ses bandages. C'est que le jeune elfe, bouillonnant de désirs et d’excitation quant à cette nouvelle aventure, n'avait finalement que très peu dormi. Sa nuit n'avait été que scénari tortueux et alambiqués, confinant à l'épique, avec sauvetage du multiversà 6 reprises sur la route de Solarcis.
En tombant nez à nez avec la géante rousse partiellement dévêtue, son attitude claironnante se changea tout de suite en un ton suave et mielleux, le regard emplit d'étoile. Refermant la porte du pied, un grand sourire aux lèvres ne donnant aucun crédit à ses "excuses", il déclama :

Ho ! Excuse-moi, Zaïu est habillé. Il va arranger ça tout de suite.

Joignant le geste à la parole, il ôta son bandana avec grâce et élégance, envoya ce-dernier entre les jambes de la pirate.

L'impromptu personnage referma la porte du pied alors que le dernier bandage tombait. Fort heureusement, Vanny était tournée vers la fenêtre et tournait donc le dos à la porte. C'était selon son idée le meilleur moyen pour que son compagnon puisse se servir du tabouret de la pièce pour l'aider avec le baume et cela venait par ailleurs de leur éviter un face à face un peu trop gênant pour débuter leurs aventures.

L'amazone des mers (un des seuls surnoms dont l'équipage de Stew l'aie affublé qui lui plaise) fit passer ses cheveux par devant alors que le bandana lui retombait sur un genou, dévoilant ainsi l'étrange cartographie en relief de son dos abimé. Le regardant par dessus son épaule, les poings sur les hanches, elle le gratifia d'un sourire de défi.
[color="80000"]Tout doux Zaïu! J'ai bien peur de n'avoir que cette magnifique musculature dorsale à offrir à tes bons soins... Enfin, si tu veux bien m'aider quelques jours avec ce baume à étaler là derrière.[/color]

HRP : Habile.

Bigre ! Voila de puissants deltoïdes ! Tu as du en dérouler de la corde pour les façonner ainsi !

Zaïu alla s'assoir derrière Venlitia, prenant un peu de baume dans chacune de ses mains. Il observa les blessures, circonspect, et commença une application doublé d'un massage garanti savoir artisanal ancestral elfique assorti du bonus en dextérité qui va bien.

Combien de desserts as-tu volé pour être gratifiée de pareil punition ?

La voix du jeune elfe était emprunte d'une sincère empathie.

hrp : merci, merci!

Les gestes de l'elfe étaient doux et attentionnés, ce qui tranchait avec le caractère primesautier auquel il avait habitué la pirate. Elle lui répondit en agitant un doigt de négation.
[color="80000"]Au contraire! Il s'agit plus des dessert que j'ai refusé à quelques gloutons mal élevés... Et si les "dèltowides" sont des muscles, HA! Ils peuvent être puissants, parce que du cordage à rouler, je sais ce que c'est![/color]

Elle regarda les premières lueurs de l'aube teindre les nuages épars dans le ciel matinal, un instant.
[color="80000"]Ça va être une belle journée![/color]

Elle sentait son dos tartiné de façon homogène et attrapa sans se retourner une des main de l'elfe pour y récupérer un doigt qu'elle appuya à la naissance de son cou, un morceau de bande propre coincé dessous.
[color="80000"]Maintient ton doigt deux minutes le temps que je bande tout ça.[/color]

Ce qu'elle fit sommes toute rapidement avant de libérer le doigt de son camarade. Elle se tourna alors vers lui en souriant, son bandana à la main et le lui renoua autour de la tête.
[color="80000"]Merci pour ton aide! Si tu me donne quelques minutes pour m'habiller, je te rejoint dans la grand-salle![/color]

Les filles c'est toujours prêt à en retard, grommela Zaïu en quittant la pièce.

Ses pas le guidèrent dans la grand-salle où il alla machinalement s'appuyer au comptoir. Coude posé sur le bois, tête posée dans sa main, de celle qui était libre, il jouait du bout des doigts un rythme tribal approximatif. Il était surtout impatient de partir sur les grands chemins, sentir la douce chaleur de l'aube chauffer sa peau, entendre le gravier crisser sous botte légère, avaler les lieux à l'affût de la moindre embûche ! Arriver au bon lieu pour accomplir sa mission. Mais attendez, il devait faire quoi déjà ?

La lali la lou lala...

Les senteurs venues de la cuisine -thé, œufs frits, gruau et fromage, reconnut l'odorat de Zaïu- auraient éveillé l'appétit le plus hésitant : le petit déjeuner était servi.
Mais le tartinage d'onguent avait pris un certain temps, et bon nombre d'autres clients les avaient devancés, aussi l'elfe dut-il attendre quelque temps avant qu'un serveur daigne s'intéresser à lui.
" Bonjour... J'espère que votre nuit fut calme et agréable."
La voix, douce et harmonieuse, appartenait à un jeune demi-elfe aux cheveux noirs.
" Je vais vous installer à une table... celle-ci, près de la fenêtre... et prendre votre commande. Nous avons à peu près tout ce qui se fait en matière de petit déjeuner, même cette boisson noire et amère venue de Maztica. Donc demandez ce que vous voulez, je vous le trouverai !"

Après le départ de l'elfe, Vanny s'était levée et habillée.
Elle passa quelques minutes de plus à nettoyer sa hallebarde, puis descendit enfin dans la grand salle après avoir empaqueté ses affaires.

La guerrière arriva en bas alors que le serveur se dirigeait vers Zaïu, assis près de la fenêtre. Elle lui adressa un sourire, mais laissa l'employé faire son travail avec son compagnon.
Venlitia se tourna vers le comptoir pour commander directement un solide petit déjeuner.
Bonjour! Qu'est-ce que vous avez de bon ce matin?

" On a... tout ce dont vous rêvez et même plus encore ! Bon, je plaisante ! Heu... On a du thé, et du café... cette drôle de boisson noire à la mode de l'autre côté des mers... enfin, à ce qu'il paraît".
La réponse venait d'un tout jeune homme -plutôt un jeune adolescent- qui venait de traverser la salle pour rejoindre son poste de l'autre côté du comptoir, un peu essoufflé.
" Et de la charcuterie, du fromage... du gruau, de la confiture, beurre, du miel... heu... du pain... des fruits... J'crois qu'c'est tout... Mais si vous voulez autre chose, ça peut se trouver. Mais quand même... j'vous conseille le gruau, il est fameux, le cuistot y met des fruits dedans ! Mais... prenez donc une table, vous s'rez mieux !"

Tisane, pain et miel pour Zaïu, ça fera l'affaire. Merci.

En vrai, il n'avait pas tellement faim et était pressé de quitter la ville pour retrouver un peu de quiétude en nature. Peut-être même traverser une forêt. Ca lui ferait le plus grand bien.
Mais un dernier obstacle pouvait encore ralentir leur départ. Il craignait que l'appétit gargantuesque de Venlitia ne se réveilla !
Zaïu ne tenait pas en place, gigotant sans cesse sur sa chaise.

(hrp : sorry sorry sorry! je serais plus en retard!)

Venlitia avait hoché la tête en cadence avec les énumérations de l'adolescent. Une fois l'inventaire des victuailles fini, elle frappa du plat de la main sur le comptoir avec un sourire satisfait.
Va pour le gruau, avec de la confiture! Et tu me mettra un beau baluchon de pain, de fromage et de charcuterie pour le voyage. Pour deux personnes!

Elle allait rejoindre Zaïu, l'observa un instant depuis le comptoir et se pencha finalement à nouveau vers le jeune tavernier de ce matin.
Rajoute aussi quelques fruits si tu veux bien! glissa-t-elle sur un ton de confidence en étirant le haut de son oreille en pointe.

Elle alla ensuite rejoindre son compagnon.
Prêt pour l'aventure?

Et c'est ainsi que grâce au super pouvoir de l’ellipse, nous apprenons rapidement que le petit déjeuné fut avalé en bonne et due forme et qu'aucun incident notoire ne fut à déplorer. Personne ne s'est donc bruler à la chaleur de la tisane et aucun pépin n'est passé dans le mauvais tuyau.
Retrouvons donc nos héros le pas léger et l’œil vif quittant l'auberge le ventre plein et cheminant vers l'accomplissement de leur destinée et le sauvetage du monde. Même si ce jour est férié, il ne faudrait pas trop se reposer sur ses lauriers.
Bien sûr, si notre auguste MJ avait prévu une embuscade ninja entre le gruau et la tartine, libre à notre patiente hôte de jouer avec la narration comme il se doit.

Zaïu jeta un regard entendu au ciel et d'une moue réprobatrice lança un subtil et profond.

Ha y a plus de saison !




PS : Pardon.
...
J'espère ne pas être allé trop loin.
<3<3<3