La Couronne de Cuivre

Sylveneige leva un sourcil, battit des cils. Là, elle était sidérée.

Au bout d'une bonne minute, elle parvint à articuler :

- C'est ça. On les tue tous. Et après, ce sera très facile de retrouver les artefacts. Ils les auront certainement mis bien en évidence, juste pour que messire Streen les prenne et reparte avec.

Elle se prit la tête entre les mains.

- Mais que fais-je avec un type qui a oublié son cerveau à l'auberge ? C'est pas possible, pas possible, pas possible !

Jolan haussa un sourcil aux dernières paroles de Streen, et grommela, acquiesçant aux remarques de Sylveneige.
- Soit vous êtes suicidaire, soit vous êtes inconscient. Vous ne savez ni leur nombre, ni leur force, et vous parlez de foncer dans le tas...
- Pour ce qui est des réponses à vos questions, coupa l'aubemestre d'un ton calme, je peux vous dire avec certitude que les sharites savent que les paladins de l'Aster sont sur leur piste. Parce que c'est leur mission de paladin... Simplement, ils ne peuvent savoir exactement jusqu'où ils ont avancé dans leurs découvertes. Mais ils sont, par nature, méfiants et prudents.
- Tellement que nous n'arrivons pas à savoir avec certitude où ils se trouvent, à Hauterive...
- Oui, mais si je me souviens bien de votre rapport, vous avez identifié avec certitude deux sharites en nos murs...
- Deux frères... que vous n'avez pas voulu qu'on arrête.
- Non, bien sûr que non, mieux vaut les laisser libre pour qu'ils nous permettent de remonter la filière jusqu'aux responsables.
- Je ne partage pas forcément cet avis...
Jolan se tourna vers les deux aventuriers.
- Selon moi, il y a plusieurs stratégies possibles. Nous pouvons les arrêter, les interroger et leur faire dire où se trouve le repaire de leurs complices.
- Cela peut marcher... en admettant qu'ils sachent où se trouve le siège de la secte, qu'ils parlent, et que l'alerte ne soit pas donnée là-bas.
- Ou bien les filer chaque fois qu'ils quittent Luménis, en espérant qu'ils se rendent là-bas. Ou repérer leurs contacts les plus fréquents en ville, et les filer également, s'ils servent de messagers...
- Ou encore infiltrer la secte...
- C'est une chose qu'en tant que paladin je ne peux faire, vous le savez bien !
Jolan soupira.
- Je ne sais pas quelle expérience vous avez de ce genre de mission... mais quelle option vous paraît, à vous, la plus intéressante à suivre ?

Streen décida de ne pas en rajouter une couche même si cela le démangeait. Oh oui, ca le démangeait même beaucoup. Mais ils auraient tout le temps de revenir sur la discussion. L’heure n’était pas aux tirades cinglantes. Après qu’ils eurent parlé, il dit :
-Infiltrer la secte me parait une bonne idée. Nous pourrons nous approcher des artefacts sans nous faire remarquer. Le seul problème est qu’il faut d’abord la trouver.
Puis à Jolan :
-Votre aide ne serait pas de trop mais si l’intégrer est contre vos principes, ma compagne et moi nous débrouillerons pour cela.
Mais une autre idée lui vint :
-Suivre en filature me parait également une bonne idée. Si on force les deux frères à parler, rien n’indique qu’ils le feront et ils pourraient donner l’alerte rapidement. Ce serait se jeter dans la gueule du loup.
Il conclut :
-Voici donc mes idées. Quelles sont vos préférences ?

HRP: A paartir de ce soir, je pars en week end. je reviendrai lundi soir. Si vous le souhaitez, vous pouvez commencer à avancer sans moi.

- Ah tu vois, quand tu veux !

Sylveneige contempla son compagnon d'un regard radouci.

- L'infiltration me paraît à moi aussi une bonne idée... Et messire Jolan pourra, quant à lui, opter pour la filature. Ce qui n'est pas mal du tout... Après tout, si nous nous mettons en danger nous aurons des chances de nous en sortir grâce à lui.

La rôdeuse regarda tristement son magnifique harfang.

- Mais peut-être les Sharites n'acceptent-ils pas les animaux... En ce cas, pourrais-je le confier aux bons soins d'une personne du Temple ? Une personne versée en fauconnerie, peut-être ?

Alaric observa le harfang, et secoua la tête.
- Ce n'est pas qu'ils n'accepteraient pas les animaux... Un rat, un corbeau peut-être, ou même un loup... mais certainement pas un harfang blanc comme neige. C'est une secte de la nuit et de l'obscurité.
- Non, ça ne collerait pas, confirma Jolan avec une grimace.
- Bien sûr, vous pouvez le laisser au temple, nous avons un maître fauconnier, qui s'occupe surtout des quelques oiseaux nous apportant parfois des messages. Certains s'accrochent à ce genre de pratique... Il faudrait vous rendre à côté de l'écurie...
- Je vois où il se trouve, intervint Jolan. Je les guiderai.
- Parfait. mais... pourquoi ne le laissez-vous pas tout simplement en liberté en vous attendant ? Je pensais qu'il y avait un lien suffisant, entre une rôdeuse et son compagnon, pour que vous puissiez facilement vous retrouver ensuite... Ou peut-être n'avez-vous pas créé encore ce lien ? Ou le pensez-vous inapte à se débrouiller seul ?

- Oh parfaitement ! je veux dire oui, il peut se débrouiller seul... Mais il va me chercher, si je pars sans lui. Et me trouver. Et me faire quantité de démonstrations d'affection qui risquent de compromettre la mission... Pour finir, je l'aime énormément et cela me tranquilliserait de le savoir en de bonnes mains, bien soigné et bien nourri pendant mon absence.

Sylveneige embrassa tendrement l'oiseau.

- Et je le tiens beau, en lui lavant son plumage chaque semaine, avec un savon que je fais moi-même. Sa nourriture est d'excellente qualité - pour tout dire, il mange avec moi ! donc je n'ai aucune envie de le retrouver avec un plumage infect, parce qu'il aura traîné n'importe où...

[HRP et le temps qu'on digresse artistement sur Lumi, ça permet à Streen de passer le week-end]

hrp oui... mais bon, ça peut pas non plus prendre des plombes...

L'aubemestre écouta les explication avec une attention polie, mais il semblait se concentrer sur autre chose, sans doute des points importants de cette histoire de sharites.
- N'ayez crainte, il sera très bien soigné en nos murs.
- Pour en revenir à votre question, poursuivit Jolan en se tournant vers Streen, nous connaissons deux personnes de la secte, deux frères. C'est en passant par eux que vous pourriez vous infiltrer. Je connais leurs habitudes, ce qu'ils font de leurs soirées, je sais comment entrer en contact avec eux. Si vous vous sentez prêt à tenter l'expérience bien sûr ! Moi j'en serais incapable, je préfère une bonne filature, une bonne surveillance... c'est peut-être plus long mais à mon avis moins risqué.

- Bon, je vous laisse mettre au point les grandes lignes, moi je file confier Lumi au fauconnier.

Sylveneige courut jusqu'aux écuries et trouva le maître fauconnier, auquel elle présenta le harfang.

- Bonjour, maître fauconnier. L'aubemestre me donne une mission, et je dois laisser mon oiseau quelque temps. J'ai l'autorisation de vous le confier.

Suivirent quelques explications un peu décousues, accompagnées de moult battements de cils. L'homme supporta le tout avec patience, et prit Lumi avec soin. Le bel oiseau fut immédiatement conquis par la manière du maître fauconnier, et Sylveneige put rejoindre l'aubemestre et ses compagnons parfaitement rassurée.

[HRP je me suis permis de faire agir de manière très neutre le maître fauconnier - j'avais droit ou pas ? Dis-moi si ça ne va pas, j'édite]

Streen avait finalement approuvé la plan de Sylveneige. La meilleure chose à faire était d’infiltrer le culte pour pouvoir s’emparer des artefacts. Pendant qu’elle partit voir le maître fauconnier, il demanda au paladin Jolan :
-Je suis partant pour infiltrer le culte. Vous pourrez de votre coté accomplir votre filature. Mais avant tout, comment se nomment les frères du culte et avez-vous une idée pour les inciter à nous enrôler Sylveneige et moi ? Nous ne pouvons pas aller les voir directement pour dire que nous voulons entrer dans leur secte, ca serait trop louche.

- Oui, c'est évident...
- Je pense qu'il faudrait faire en sorte qu'eux aient envie de vous recruter... ils sont friands de personnes émotionnellement fragiles, déprimées, à la suite d'un deuil ou d'une grosse déception, d'une trahison.. Ils aiment le secret, le complot, manipuler, tramer des vengeances dans l'ombre. S'ils vous sentent au diapason avec ce genre de sentiment, il y a de fortes chances qu'ils vous invitent à les suivre. Mais... En serez-vous capables ?
Jolan secoua la tête.
- Pour ma part, c'est évidemment non. Je suis incapable de mentir ou dissimuler, ce serait contraire à mes engagements de paladin. Mais si vraiment vous vous sentez capable de le faire... Je sais où ces hommes traînent le soir, je peux vous les désigner. Vous n'avez pas besoin de connaître leur nom, ce serait loçuche...

Entendant les dernières paroles de l'aubemestre, Sylveneige fut prise soudain d'une idée très embêtante : et si l'endroit où traînaient les Sharites était la plage près du bosquet des docks ? Et si les Sharites étaient ceux-là même contre lesquels Streen et elle - et Lumi ! - avaient combattu ?

Aïe. Aïe aïe aïe. Oh nom di diou.

Elle espéra que cette pensée ne resterait qu'une pensée... Si... Oh non, mieux valait arrêter de divaguer.

Décidément les paladins étaient des sous-doués. Incapables de mentir. Quelle blague. Bref ces types n'étaient pas autonomes, et de bien des manières.

- J'ai une idée !

Sylveneige se tourna vers Streen.

- Martin va être utile !

S'adressant à tous, elle raconta :

- J'ai connu un beau roublard, qui a tenté - tenté, hein, Streen ! - de me séduire. L'homme est mort, après m'avoir trahie et avoir aussi trahi mon ami ici présent. Lui aussi était très intéressé par les artefacts que nous recherchons... Bref je peux jouer la jeune amoureuse trahie, désemparée, prête à n'importe quelle bêtise pour tromper son désespoir.

La rôdeuse réfléchit un instant.

- Et Streen peut ressentir la nécessité de quête existentielle, de donner un sens à une vie qu'il sent vide... Ce n'est qu'une suggestion, hein, Streen chéri.

Streen fut surpris par les propos de Sylveneige. Et dire qu’il y a deux jours, il se posait encore cette question. Comment avait elle pu deviner ?
-Oui bien entendu Sylveneige chérie, tu as tout à fait raison sur ce point. C’est même une question que je me pose encore…
Voyant qu’il était entrain de gaffer, il se reprit :
-Heu oui, que je me posais encore auparavant. L'histoire de la quête existentielle me parait une bonne idée.
Aie aie aie, pourvu que Sylveneige n’interprète pas de manière transversale ses propos. Si jamais elle s’imaginait qu’il allait renoncer à l’accompagner à Evereska, ca risquait de partir en vrille. Non non, elle ne devait pas s’imaginer ça. Histoire de changer de sujet, il demanda à Jolan:
-Je crois que nous sommes prêts messire Jolan. Dés qu'il en sera de même pour vous, on pourra partir voir ces deux frères.

Jolan hocha la tête.
- Il va nous falloir patienter jusqu'en fin d'après-midi, en ce cas. Ils dînent régulièrement dans une taverne assez mal famée, située dans le quartier est de la ville. Ils y viennent d'assez bonne heure, pour jouer... vous savez, le genre de jeu habituel des tavernes, jeux d'argent et de hasard, paris, jeux d'adresse. Mais c'est un endroit assez mal fréquenté, il y a souvent des rixes, il faudra vous méfier. la garde fait des rondes dans les parages, mais ça ne suffit pas toujours... Enfin, si vous y allez dans l'après-midi, vous devez éviter le pire.
- Vous parlez du Fond de la Barrique j'imagine ?
- Oui, tout à fait. Parfois, ils terminent la soirée à la maison close. Sauf votre respect, mademoiselle, je ne crois pas que ce soit un endroit convenable pour vous... Mais vous n'aurez sans doute pas à vous y rendre. Je pense... qu'il faut se rendre là-bas en fin d'après-midi, et passer le temps, se fondre dans l'ambiance... Savez-vous jouer aux cartes par exemple, ou à des jeux de plateau ? Pas à deux jeux de stratégie comme les hermines, ou les loups chasseurs. Non, je pense à des jeux où on mise de l'argent. L'écureuil, ou le Nain des Pierres, par exemple... Bon, si vous ne savez pas, vous pourrez toujours parier sur ceux qui jouent.

Sylveneige grinça des dents.

- J'ai horreur des jeux d'argent ! je gagne mon argent honnêtement, ce n'est pas pour le semer aux quatre vents !

Elle soupira.

- Mais je suppose qu'il s'agirait en fait d'investir pour une bonne cause... Oh et zut ! je parierais sur les joueurs, plutôt que jouer moi-même... Et toi, Streen ? Ah ! dis donc, pas question que tu ailles en maison close, hein ? Hein ???

Streen fut abasourdi par les propos du clerc et du paladin. Il dit aux protagonistes :
-A ce qu’il me semble, tout bon clerc doit rester dans son église pour prier et faire la messe à ses adeptes, pas pour se fondre parmi les gens et fréquenter les tavernes les plus mal famées. Des clercs qui passent la journée à jouer à des jeux d’argents et à finir la soirée à la maison close, on aura tout vu. Certes je ne connais pas Shar mais je pense que leur déesse doit avoir honte d’eux, je me trompe ? Exactement le genre de types méprisables que l’on trouve dans la cité.
Puis sur un ton radouci à Sylveneige :
-La maison close ? Mais j’y suis déjà allé Sylveneige chérie. J’en ai même beaucoup profité. Tu es certaine de ne pas vouloir y faire un tour ?
Il éclata d’un rire tonitruant avant de reprendre :
-Désolé je n’ai pas pu m’empêcher, c’était trop tentant. Mais pourquoi irais je alors que je t’ai déjà toi ?
Puis sur un ton plus sérieux:
-En réalité je n’y suis jamais allé et cela ne m’intéresse pas. Ce qui m’importe, c’est de pouvoir approcher ces deux clercs et de nous faire enrôler dans la secte. Par contre je n’ai pas du tout d’argent sur moi. Mais je préfère que ce soit Sylveneige qui parie. Avec mon don qui m’a accordé la malchance, on risque de tout dilapider.

Sylveneige écarquilla les yeux lors de la première tirade de Streen, émit un gémissement de tigresse lors de la deuxième, manqua se jeter sur son ami toutes griffes dehors lors de la troisième, et finit dans ses bras à la fin de la quatrième phrase.

- Oh Streen, je savais que tu n'es pas comme toutes ces brutes qui utilisent les femmes pour leurs bas instincts ! mais je déteste que tu joues avec mes sentiments.

Elle s'écarta aussi vivement du jeune homme qu'elle s'en était rapprochée, rougit de s'être montrée aussi démonstrative dans un temple.

- Mais en ce qui concerne ton sentiment sur les clercs, je ne suis pas d'accord avec toi ! les clercs du dieu Baine, par exemple, ne manquent pas de combattre, ceux de Cyric de fomenter disputes et querelles de toute sorte. Seuls les dieux de bonté et d'amour requièrent des clercs sages et soucieux du bien-être de leurs croyants. Et enfin, il s'agit d'une secte davantage qu'une religion : les sectateurs pratiquent donc le recrutement d'adeptes par un prosélytisme agressif. Où trouvent-ils leurs adeptes ? Là où le désespoir mènent les gens, là où les bourses se délient facilement... A la taverne la plus vile, par conséquent.

[HRP ceci parce que je ne posterai vraisemblablement pas demain soir, en tous cas pas tôt.]

Leurs interlocuteurs avaient eux aussi ouvert de grands yeux en entendant les paroles de Streen, et hochèrent la tête avec un bel ensemble aux explications de Sylveneige.
- Nous parlons d'adeptes de Shar, voyons... Leur domaine c'est les ténèbres, le complot, le secret, les guerres aussi. Ils aiment semer le désespoir dans les coeurs. Mais je veux bien imaginer que vous ne connaissiez pas grand-chose à tout cela, après tout.
Jolan grimaça.
- J'espère que votre... naïveté en ce domaine ne vous jouera pas de tours. Je vous en conjure, il faudra vous méfier. Ne leur faites jamais confiance.
- Et bien sûr, le temple peut vous fournir la somme d'argent dont vous estimez avoir besoin... Si elle reste raisonnable bien entendu.

Streen approuva la remarque du clerc.
-Je ne suis pas contre le fait que le temple nous donne une poignée d’or. Je n’ai jamais participé à des jeux de hasard mais je ne pense pas que la somme pour parier soit hors de prix, notamment dans une taverne mal famée. Combien de pièces d’or le temple peut il nous fournir ?

Sylveneige manqua s'étrangler. Ce Streen !

- Pour commencer, oui il nous faut un peu d'argent pour nos frais. Pour continuer, il est hors de question de jouer et de miser des pièces d'or. Pour finir, nous ne ferons que miser sur les joueurs et des pièces d'argent suffiront. Jeter de l'or par les fenêtres, et puis quoi encore !

La rôdeuse se tourna vers son compagnon.

- Streen, as-tu une once de bon sens ?

S'adressant à l'aubemestre, elle poursuivit :

- Une petite bourse suffira amplement. Nous ne sommes pas censés rouler sur l'or ! mais pour les appâter, nous pourrions leur faire croire à une vieille tante riche et gravement malade dont Streen est légataire... Qu'en dites-vous ?

Streen fronça les sourcils en entendant Sylveneige:
-Moi légataire? Je ne crois pas que ce soit une bonne idée. Le prétexte pour lequel nous infiltrons la secte n'est pas le même. je pense qu'il ne vaut mieux faire croire que nous ne nous connaissons pas et que notre rencontre n'est que le fruit du hasard.
Puis sur un ton plus froid:
-Je n'ai jamais dit que nous jouerions à un jeu mais qu'il faudrait parier. Et je sais trés bien que quelques pièces d'or suffisent. me prends tu pour un sot?
Puis au groupe:
-Moi je suis prêt. Dîtes moi quand il en sera de même pour vous.

Sylveneige marmonna entre ses dents.

- Un sot, oui, et de la pire espèce... ne pas se connaître, ah ouiche, tiens, ça vaut mieux... Mais pourquoi je traîne avec un type qui ne comprend rien, moi...

Décidément, les beaux gosses, ça n'avait pas grand chose dans la tête.

La rôdeuse finit par grommeler :

- Oui, bon, je suis prête aussi.

Streen n’avait pas apprécié les propos de sa compagne. Non seulement elle avait confirmé ses propos mais en avait en plus rajouté une couche. Pourtant il n’avait pas vraiment envie de débattre avec elle une fois de plus alors qu’elle finirait par avoir le dernier mot étant donné que les deux imbéciles à coté d’elle semblaient lui donner entièrement raison. Non, il avait une autre idée en tête. Une idée qui l’arrangeait très certainement.
-Donc un sot de la pire espèce ? Je vois je crois alors que nous allons nous mettre d’accord sur certains points.
Il adressa un geste solennelle quoique exagéré envers sa compagne avant de reprendre :
-Ô grande Sylveneige, toi qui est la personne la plus intelligente de l’univers, je t’implore d’aider un pauvre sot dans le besoin.
Il se retint de pouffer de rire avant de reprendre d’un ton réellement sérieux :
-Puisque Madame se plaint de trainer avec un sot de la poire espèce, le sot lui répond dans ce cas qu’il lui laissera parier toutes les pièces d’or possibles sans qu’il n’intervienne. Et il rajoute en plus que puisqu’elle saura mieux se débrouiller que lui, il compte sur elle pour expliquer aux deux frères la raison de sa présence pour s’infiltrer dans la secte. Après tout qui d’un pauvre sot ou d’une jeune femme intelligente se débrouillera le mieux ? Pour moi la réponse est claire. C’est donc Dame Sylveneige qui se chargera de tout, même d’expliquer la raison de ma présence.
Puis il partit d’un pas décidé vers la porte.
-Maintenant que l’on est tous d’accord, est ce trop vous demander de bien vouloir partir ?

- Non. Je ne bouge pas tant que les choses ne sont pas claires.

Sylveneige prit une profonde inspiration.

- Tu viens juste de prouver ce qui n'était que paroles de colère. Mais il faudrait que tu te rendes compte d'une chose : nos querelles ne sont rien, n'ont aucune importance. Par contre, récupérer les artefacts, voilà qui est vital pour Lathandre, vital peut-être même pour Lumenis toute entière.

La rôdeuse fixa Streen droit dans les yeux.

- Alors tu feras comme moi : au mieux, sans aucune rancoeur. Sans arrière-pensée. Notre objectif : infiltrer la secte pour leur reprendre les cimeterres. Si tu ne te sens pas capable de mettre de côté ton amour-propre ni de jouer un rôle pour la bonne cause, alors contente-toi de la filature avec messire Jolan. J'infiltrerai seule la secte. Quelque soit le danger encouru.

Streen haussa les sourcils en entendant Sylveneige :
-Si tu crois que je ne suis pas au courant de l’importance de notre mission ni de la futilité de nos querelles par rapport à celle-ci ou alors que je vais céder à la colère uniquement pour mon amour-propre, alors là tu te trompes.
En l’espace d’un instant, Streen avait envisagé de laisser sa compagne infiltrer la secte toute seule. Il continua à la fixer en disant :
-Mais tu viens de prouver que tu doutes de mes capacités. Tout ce que je disais précédemment n’était que le prolongement de tes propos en considérant que je suis l’idiot de la pire espèce. Alors non, c’est toi qui de débrouillera pour parier avec les pièces d’or. Moi, je n’ai jamais approché un jeu ni même fait un pari.
Puis vers tout le monde :
-D’ailleurs je ne vois pas d’où vous est venu cette idée. Moi je préférais aborder directement les deux frères sans passer par de telles futilité.
Revenant vers Sylveneige :
-Si tu refuses de m’épauler pour expliquer pourquoi je souhaite intégrer la secte, ne vas pas te plaindre si je suis refusé et que tu te retrouves seule à l’intérieur. Moi je pense que je n’ai quasiment aucune chance de les convaincre. Mais toi, je suis certain que tu pourrais y parvenir.
Il aurait voulu crier à la place « mais toi, tu devrais y arriver en usant de tes irrésistibles battements de cils, tu devrais arriver à les charmer ces deux crétins de prêtres » mais il se ravisa. Ce n’était pas le moment d’énerver Sylveneige. D’autant plus qu’elle détestait que l’on fasse allusion à ses tentatives de séduction pour aboutir à ses fins même si elle le faisait réellement. Streen doutait à présent de la réussite de leur mission. Il ne voyait pas comment il allait convaincre les deux frères de l’intégrer dans la secte. Cette idée de quête existentielle lui paraissait totalement saugrenue. Non il faudrait trouver un autre prétexte mais quoi ? Ouch, si Sylveneige ne lui venait pas en aide à ce moment, il y aurait des chances qu’il finisse par se contenter de la filature. Mais bon, au moins elle était prévenue. Il poussa un soupir avant de reprendre à tout le monde :
-En tout cas, je m’impatiente moi à rester ici. Lorsque vous aurez fini, on pourrait partir je pense.
Streen s’angoissait déjà. Il sentait que ca n’allait jamais marcher. Un léger gargouillement de son ventre se fit entendre.

- Mais évidemment que je vais t'aider à trouver une idée ! mais le désespoir consécutif à la maladie incurable de ta vieille tante qui t'a élevé, ça ne te plaisait pas ?

Sylveneige battit des cils avec célérité.

- Bien sûr, j'ai d'autres idées... Tu sors d'un sevrage de drogue ou d'alcool difficile et là tu es sur le point de craquer... Tu es poursuivi et craint terriblement pour ta vie, et tu as besoin de te cacher... Tu es ambitieux, et tu cherches l'organisation qui aurait besoin de chefs... Tu es passionnément amoureux de moi qui ne t'aimes pas mais te tolère à mes côtés, et tu me suivrais jusqu'au bout du monde...

La rôdeuse eut un soupir interminable.

- Pour cette dernière option, c'est raté, je crois...

Une pointe de tristesse perçait dans le ton de sa voix.

Streen se radoucit en entendant les nouvelles idées de Sylveneige.
-Hmmm dit il d’un ton doux, en voilà des idées. Alors voyons voir :
-Le sevrage de drogue….pas vraiment la meilleure idée finalement. Ils me conseilleraient de me replonger dedans. Ensuite je ne crois pas que l’ambition ni la fuite des autorités soient les meilleures idées. Dans le premier cas, la secte n’apprécierait pas de voir quelqu’un qui souhaite gravir les échelons et dans le deuxième, ils ne voudront pas de quelqu’un qui risque d’attirer l’attention sur eux.
Il réfléchit avant de reprendre :
-L’amoureux que tu n’aimes pas et qui te suivra partout…il ne faut pas mélanger la réalité ou du moins une grande partie avec notre intention de nous infiltrer. En plus si tu tiens à jouer l’amoureuse trahie, ca ne collerait pas du tout.
Il reprit :
-Bon ca va j’ai compris, tu as gagné, on va utiliser l’idée de la maladie incurable mais pas de ma tante, de mes parents. En gros voilà le plan : tu fais ce que tu veux avec les pièces, tu t’approches des frères, tu joues l’amoureuse trahie et une fois qu’ils t’ont sur ta coupe, tu leur parle de moi en disant que tu m’as rencontré et que je ne trouve plus de sens à ma vie et que je suis désespéré, prêt à tenter n’importe quoi. Tu pourrais aussi rajouter que je suis benêt, ca m’évitera d’avoir à trop parler. Alors qu’en penses tu ?
En réalité, Streen n’avait pas de parents ni de tante mais quand il fallait faire un choix par défaut.

- Ouiiiii... Pas mal... Juste qu'il faudra bien réviser nos petites histoires respectives, ensemble, pour ne pas nous couper. Enfin, ensemble, c'est si nous décidons que nous nous connaissons... Ce qui vaudrait mieux, je pense...

Sylveneige réfléchit un instant.

- Il vaudrait que nous prétendions nous être rencontrés et décidé de nous consoler mutuellement, un truc comme ça... Nous pourrions prétendre noyer notre chagrin dans l'alcool... Pas besoin de jouer, juste s'installer, l'air désespéré devant quelques verres... Nous choisirons une table près d'une plante verte, dans laquelle nous verserons discrètement le contenu de nos verres.

Elle s'adressa à l'aubemestre et à Jolan.

- J'espère que la taverne a quelques plantes vertes... Sinon, que pensez-vous de mon plan ?

Durant leur petite... discussion..., l'aubemestre s'était plongé dans l'étude de quelques parchemins, manifestement peu désireux de s'en mêler, soucieux de discrétion. Jolan, lui avait affiché un air décontenancé, inquiet, désolé, puis vaguement soulagé. Pas totalement cependant : le regard qu'il posait sur eux était quelque peu dubitatif.
- Je... je suis mal placé pour donner le moindre conseil concernant ce genre de chose. Je vous l'ai dit, j'en suis incapable.
Il quémanda l'avis de l'aubemestre, du regard.
- Moi je vous dirais de suivre votre instinct. Mais ne perdez jamais de vue qu'il s'agir d'individus extrêmement dangereux. Ne prenez pas de risque inutile...
- Prenez le temps d'en discuter encore entre vous, de peaufiner votre histoire... mais nous ferions bien de laisser l'aubemestre poursuivre tranquillement ses activités. Je vous propose de nous retrouver en milieu d'après-midi. A la commanderie, si vous n'y voyez pas d'inconvénient... je vous rassure, je préviendrai les gardes que vous devez me rendre visite, et puis ce ne sera pas les mêmes...

hrp : vous faites un dernier post ici, puis jouez ce que vous voulez jusqu'à ce moment-là, ou bien vous résumez simplement en un post ce que vous faites jusqu'à la commanderie... Et je peux aussi vous répondre, bien sûr, si vous décidez d'aller explorer quoique ce soit dans la ville : je reste à l'affut, si je sens qu'il faut que je poste je poste

Ce fut avec un vrai soulagement que Streen quitta le temple de Lathandre. Comment les prêtres pouvaient ils supporter de vivre reclus dans de tels endroits où il règne en plus une chaleur accablante ? La vie de clerc n’était qu’ennui et s’il devait finir ainsi, il serait blasé, plutôt mourir.
-Alors Sylveneige chérie, demanda t’il. Y a-t-il un endroit que tu souhaites visiter ? Où à moins que tu ne préfères que l’on peaufine nos histoire respectives. Et puis qu’importe si jamais on a affaire à des clercs dangereux, ils ne me font pas peur. Cela dit, est ce raisonnable d’improviser ?

- J'ai faim. Après avoir supporté des paladins dont la prétendue incapacité à mentir me fait bien marrer, j'ai faim.

Sylveneige prit la main de son compagnon.

- Viens, il y a une auberge très bien dans le coin. Nous pourrons y mettre au point notre mission.

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La Couronne de Cuivre

[Temple] Le Sanctuaire de Lathandre