La Couronne de Cuivre

Astrée respirait l'air humide avec un rien de nostalgie. Ils étaient encore loin de la mer, mais les senteurs des marais lui rappelaient pourtant un peu son enfance dans un village de pêcheurs. C'était tout de même une odeur un peu moins agréable, plus douceâtre, que celle des bords de mer. Et surtout, c'était une odeur promettant humidité et insectes à profusion. Heureusement qu'ils n'étaient pas en été.
Elle observa les environs avec une légère hésitation. A gauche, la campagne était trop peuplée, chaque parcelle était rattachée à une ferme et il leur faudrait demander la permission s'ils voulaient s'y arrêter. Elle préférait tenter de s'aventurer côté marécages. Avec un peu de chances, ils trouveraient un petit bout de terrain suffisamment sec pour y dormir. Ou bien, s'il y avait assez de branchages morts, ils pourraient les utiliser pour s'isoler de l'humidité du sol. Il y avait aussi le petit bois en bordure de route, bien sûr, mais la route était fréquentée, peut-être y seraient-ils dérangés...
" On a le choix entre ces petits bosquets probablement tranquilles, mais marécageux, ou le petit bois, là-bas, moins humide, mais sans doute plus fréquenté, résuma-t-elle à Byron. Personnellement, j'ai tendance à privilégier la tranquillité, donc j'irais bien voir si ces bosquets sont si humide qu'ils en ont l'air, ou si on peut s'y installer relativement au sec. Si vraiment c'est trop impraticable, si on ne trouve pas d'endroit sain où bivouaquer, on pourra toujours se rabattre sur le bois qui borde la route... Enfin, sauf si tu crains trop l'humidité bien sûr.

Byron était prêt à se ranger à l'avis de la rôdeuse aussi la suivit-il lorsqu'elle quitta la route pour s'approcher des bosquets de bouleaux. Le sol devint rapidement spongieux et ils se retrouvèrent dans l'eau jusqu'à mi-jambe, contraints de faire volte-face. Astrée constata que la plupart des bouleaux poussaient directement dans un lac, ou alors c'était une zone que le printemps avait inondé. Les multiples ruisseaux qui dévalaient des montagnes et traversaient la plaine étaient gonflés par la fonte des neiges.
Ils cheminèrent un moment dans la gadoue, puis retournèrent vers la route, un peu penauds.
" Il a trop plu, remarqua Byron. Nous ferions mieux de tenter ce bois... Nous nous dissimulerons bien."

" On n'a pas vraiment le choix, de toute façon, répliqua Astrée avec un haussement d'épaules, reprenant pied avec soulagement sur la terre bien ferme. J'espère qu'on trouvera un coin au calme, loin de la route. Sinon on n'aura plus qu'à quémander l'asile dans une grange... mais je préférerais vraiment bivouaquer."
Avançant en direction du bois, elle grimaça en jetant un coup d'oeil à ses chausses.
" Dans ces moments-là, je t'envie de ne pas avoir besoin de porter des pantalons ou des chausses. Il va falloir que je me cherche une rivière pour un brin de lessive... Et faut encore trouver de l'eau propre au milieu de toute cette gadoue ! Enfin, tu me diras, il y a toujours les canaux d'irrigation...

" Je te signale que je ne suis pas beaucoup plus propre que toi... Sauf que moi, je n'ai même pas de vêtements protecteurs. Je profite directement des tiques et des sangsues."
Ils gagnèrent l'ombre du petit bois et le centaure se raidit.
" D'autres personnes bivouaquent non loin..."
Il y avait effectivement une odeur de feu dans l'air, et Astrée détecta des traces de pas dans l'humus sur leur gauche. Il y en avait cependant dans bien des directions : sans doute était-ce l'abri préféré des voyageurs sans le sou ou avides d'une dernière nuit à la belle étoile avant l'arrivée à Luménis.

Astrée grimaça.
" C'était à prévoir..."
C'était bien pour cela qu'elle aurait préféré trouver un coin de sol sec dans les marécages.
" Écoute, on va essayer d'avancer un peu plus loin, et ensuite on prendra à droite et on essaiera de s'éloigner au maximum de la route et des autres bivouacs. Ce bois est assez grand pour trouver une place tranquille... J'espère en tout cas."
Le bois côté marécage était peut-être moins fréquenté. Elle n'osait pas trop se joindre à des inconnus pour une nuit. Peut-être devraient-ils, au contraire, privilégier le nombre pour ne pas attirer de convoitise. Mais elle était plutôt habituée, elle, à privilégier la discrétion et à se cacher.

La jeune femme aurait sans doute pu grimper dans un arbre pour être tranquille, mais Byron ne le pouvait pas, aussi s'enfoncèrent-ils dans le bois côté ouest. Il n'était ni épais, ni grand, aussi atteignirent-ils rapidement la lisière. Ils repérèrent un autre feu sur leur droite, cheminèrent un moment à l'orée du bois, s'immobilisèrent sous le couvert de hêtres tortueux qui créaient comme un dôme de verdure. D'autres avaient campé là quelques jours plus tôt, ce qui était probablement inévitable.
" Je pense qu'il faut considérer cet endroit comme une vaste tente, où chacun profite de son alcôve... Nous ne trouverons pas mieux : ce bois n'a plus rien de ses origines. C'est un endroit de bivouac de la route à l'orée."

" C'est vrai. Mais on peut considérer qu'on est tombés sur une belle alcôve, ici... On n'y sera pas mal."
Si elle avait été seule, elle se serait installée avec un hamac en haut d'un arbre, pour être sûre que personne ne la voie. Ou à défaut de hamac, sur des branches bien stables. Enfin, puisque Byron ne le pouvait pas, ils n'avaient pas d'autre choix que de camper sur sol en espérant n'être pas dérangés durant la nuit. Reynald disait qu'ils ne risquaient rien, aussi près de Luménis, mais tout de même, elle n'était pas tranquille. Justement parce qu'ils étaient près de la ville.
Elle commença à rassembler un peu de petit bois à l'emplacement du feu précédent.
" Je me demande si on ne devrait pas organiser un tour de garde pour être tranquille, dans un lieu aussi fréquenté... Mais à deux, ça va être difficile, on a besoin de dormir."
En même temps, ce n'est pas comme s'ils ressemblaient à de riches voyageurs susceptibles d'attirer les convoitises.

" Je ne dormirai que d'un oeil, ne t'inquiète pas. Je ferai une meilleure nuit quand nous serons rendus. Je pense que ma masse devrait suffire à écarter les importuns, cela dit."
Il apporta un peu de bois à la rôdeuse.
" De toute façon, à présent que nous sommes si proches de la ville... La nervosité m'empêchera de dormir."

Astrée lui sourit avec douceur. Elle faillit lui demander ce qui le rendait si nerveux, puis se souvint qu'il n'exprimerait pas ses émotions, qu'il valait mieux ne pas l'y pousser. Il lui semblait toutefois que la ville en elle-même devait l'impressionner bien davantage que l'idée de parler à ses dirigeants.
" Tu sais, Byron... la ville, c'est un peu comme les villages qu'on a traversés mais en plus grand. Il suffit, une fois dedans, d'oublier que c'est grand. Et puis on ira se ressourcer très souvent dans le grand parc verdoyant. C'est ce que je fais quand j'y séjourne, chaque fois que j'ai besoin de m'immerger dans un peu de nature. Ce serait bien s'ils nous autorisaient à y bivouaquer, d'ailleurs."
Pour Byron, ce serait sans doute mieux qu'être enfermé dans une grange juste à la sortie de la ville. Au fond, le parc verdoyant se rapprochait davantage de la nature que les champs à parte de vue des alentours.
" Et je t'amènerai aussi au bord de la mer, respirer l'air du large... C'est un morceau de nature que la ville n'envahira jamais. Et ça fait partie de ce que Neffen m'avait demandé de lui décrire, alors je compte sur toi pour lui raconter la façon dont la perçoit un centaure !"

" La mer ?"
Il rit.
" Je n'y avais même pas songé. Voir la mer. Je vais être une célébrité, en rentrant, tu sais ça ? Je vais en avoir pour des soirées et des soirées de contes au coin du feu... Les enfants vont me harceler, les adultes m'aborder mine de rien... Peut-être finirai-je semi-barde, comme mon père, par la force des choses... Mais la position est convoitée et protégée... Je devrai tourner ça autrement, éviter les grands effets... Peut-être lui raconter pour qu'il le raconte ensuite. Il faudra que je me trouve un nom épique... Byron-le-Leste, quelque chose comme ça."

" Byron-le-Leste, oui, ça t'irait bien... Ou Byron-la-flèche... Et il pourrait y avoir deux bardes, dans la harde, non ? Mais bon, comme tu es déjà messager de Sheldon, j'imagine que tu ne peux pas avoir deux fonctions. Mais le barde de ton peuple fera comme Reynald, il mettra tes exploits en chansons. Peut-être qu'il t'appellera Byron-le-Messager, Byron-le-Gris, Byron-l’Éclair... Je suis sûre qu'il te trouvera un nom bien, pas la peine de te tracasser, ça fait partie de son boulot ! Et il chantera tes aventures le soir au coin du feu..."
En parlant de feu, le leur commençait à flamber doucement. Elle fouilla dans leurs affaires, à la recherche des deux lièvres, de quelques légumes et d'un peu de matière grasse qu'elle mit à fondre dans une gamelle.
" Tu verras, c'est beau la mer. Si tu veux, on peut même essayer de te faire monter sur un bateau, et remonter ainsi jusqu'au Pont des Trois Sires. Byron-le-Marin, ça sonnerait pas mal non ? Le premier centaure de la harde a avoir osé quitter la terre ferme..."
Elle rit joyeusement.
" Ils n'oseront pas y croire ! Mais je crois que ça nous ralentirait, en fait. C'est moins rapide qu'à pied..."

" Tu m'excuseras, mais il n'est pas question que je monte dans un bateau. Jamais. Nager, par contre, ça me tente bien. J'imagine que ça ne doit pas être possible en ville, mais peut-être qu'on pourrait aller par la campagne, un jour... On verra bien, je suppose, en fonction de comment les choses se passent."
Il haussa les épaules et offrit d'aider la rôdeuse à griller les lièvres. En utilisant du bois vert, on pouvait le rôtir directement sur la flamme. Après quelques minutes, leur dôme de verdure était empli de bonnes odeurs et d'une chaleur agréable... La nuit était désormais complètement tombée, et ils aperçurent d'autres brasiers, ça et là, piquetant les ténèbres du petit bois.

"Je n'ai jamais vu autant de bivouacs indépendants sur une surface de terrain aussi réduite, commenta Astrée. Mais je suis certaine qu'on a trouvé le plus beau coin du bois !"
Byron avait raison, c'était comme autant d’alcôves. Et finalement, tous ces points de lumière et de chaleur étaient presque jolis, vus d'ici. Mais pas forcément très rassurants. Là où il y avait beaucoup de passage de voyageurs, il pouvait y avoir également des détrousseurs. Cependant, leur dôme de verdure était plutôt excentré, et ils n'avaient rien pour attirer la convoitise. Donc ils ne risquaient rien, sans doute.
Elle fit rissoler les légumes coupés en dés dans un peu de matière grasse, y ajouta quelques herbes, un peu d'eau et le jus gouttant des lièvres en train de rôtir, puis en tendit une énorme portion à Byron. Il lui fallait certainement au moins un lièvre entier rien que pour lui, peut-être même la moitié de l'autre. Elle avait encore du mal à estimer les quantités dont il avait besoin, aussi se contenta-t-elle de découper une petite portion de viande pour elle-même, le laissant se servir seul.

Il mangea son lièvre et une bonne assiette de légumes, mais parut ensuite tout à fait satisfait. Il étendit ses sabots avant, s'étira en bâillant, puis sortit sa grande couverture de son sac et sa tunique de nuit. Il se changea rapidement et sans fausse pudeur, puis s'emmitoufla bien chaudement. Ils étaient loin de tout cours d'eau, aussi devraient-ils attendre le lendemain pour pouvoir faire leur vaisselle : s'aventurer dans le marécage en pleine nuit était probablement peu raisonnable. Le centaure s'adossa à un arbre et la rôdeuse le vit dériver doucement, le regard dans le vague, les bras repliés sur la poitrine, les doigts serrés sur la laine tissée qui le protégeait. Quelque part sur leur gauche, quelqu'un jouait de la musique. On rit un peu plus loin, de l'autre côté de la route.

Astrée se changea à son tour à la faible lueur des flammes, roula en boule son manteau en guise d'oreiller et s'enveloppa dans ses couvertures, s'installant aussi confortablement que possible sur le tapis d'herbe rase et de feuilles sèches.
Elle écouta un moment les bruits de la nuit, musiques, voix et rires épars, cherchant derrière ce brouhaha civilisé les petits bruits ordinaires de la nature, grattements de rongeurs, vols de chauve-souris. Les animaux du coin devaient être suffisamment habitués à la présence humaine pour continuer leur petit train-train nocturne sans s'en préoccuper, et se concentrer sur leur présence l'aiderait à se détendre suffisamment pour trouver le sommeil. Il suffisait de faire abstraction des autres bruits. C'était certes plus facile à dire qu'à faire. Mais la fatigue aidant, elle finit par ne plus sursauter aux bruits de voix, qui devinrent peu à peu un simple bruit de fond sans importance.
Elle laissa ses pensées dériver vers Luménis, songeant aux démarches qu'ils devaient faire. Elle eût une pensée pour Kasumi, aussi, qu'elle devait absolument trouver le temps de voir. Elle sentit son coeur se serrer, et préféra se concentrer sur autre chose. La harde qui devait tenir, là-bas, et les attendre avec impatience. Neffen, qui rendait visite chaque nuit à Byron dans ses songes. c'était incroyable tout ce qu'il pouvait faire. Dymphéa qui s'inquiétait sans doute. Puis elle songea à Reynald qui ne tarderait guère à les rejoindre, qui était peut-être déjà en route, quelque part derrière eux. Et elle finit par sombrer, plus détendue qu'elle ne l'aurait cru possible dans cet environnement.

Elle fut à nouveau réveillée par le mouvement de Byron, au petit matin. Comme la veille, il avait ranimé le feu et vidé une de leurs outres dans un récipient, afin de faire bouillir le thé. Il semblait d'excellente humeur et lui sourit quand elle émergea. Ils se préparèrent un rapide petit déjeuner, étouffèrent leur feu et se changèrent, puis se mirent en route, aux côtés de nombreux autres voyageurs qui avaient passé la nuit dans le bois, bateleurs et aventuriers hirsutes, pour la plupart. Un trio d'elfes en habits couleur feuille morte se rapprocha rapidement, surpris et ravis de croiser un centaure, et la conversation s'engagea aisément. Les elfes venaient à Luménis pour y voir des membres de leur famille et apportaient les salutations du Prince de Loth Ilmaril au représentant de la Lorien à la capitale. Byron leur exposa sa mission sans entrer dans les détails, expliquant que sa harde rencontrait quelques tracas avec les populations humaines dans les contreforts des montagnes. Les elfes compatirent et l'assurèrent de la nécessité d'en passer par un traité clair, soutenu par les dirigeants humains, même s'ils le regrettaient manifestement. Par égard pour Astrée, ils ne prononcèrent nulle parole insultante pour son peuple.
La conversation fila ensuite sur des sujets moins graves. L'un des elfes était herboriste, et il échangea de bons conseils avec la rôdeuse, l'interrogeant notamment sur les essences qu'elle avait dénichées en montagne. Cette conversation d'experts s'avéra riche en enseignements et l'elfe confia à Astrée plusieurs échantillons de plantes rares et inconnues, qui ne poussaient qu'en territoire elfique. Charmé par les paroles de la jeune femme, il lui promit aussi de la guider si jamais elle montait un jour jusque sur leurs terres, tout en lui recommandant de ne pas s'aventurer seule dans les terres de la Lorien : les elfes avaient un sens aigu de leurs frontières. Il s'enthousiasma aussi à l'idée de rencontrer Isudë dont, assez incroyablement, il avait entendu parler chez lui.
Et au fil de cette bienheureuse rencontre, la route de Luménis se déroula. Protégés à leur insu par leurs nouveaux amis, Byron et Astrée cheminèrent sans être importunés. En milieu d'après-midi, les remparts de Luménis étaient proches, et la jeune femme devina qu'ils seraient très bientôt aux portes.

Le trajet avait été agréable et riche en enseignements. Les trois elfes étaient sympathiques, et la rencontre renforçait l'envie d'Astrée de se rendre un jour dans la forêt de la Lorien. Reynald lui avait déjà parlé de Loth Imaril, éveillant sa curiosité, et puisque l'herboriste se proposait de lui servir de guide là-bas, elle accepta avec joie sa proposition. Restait à attendre l'occasion de se rendre là-bas... ou à la provoquer, après tout. Il lui suffirait de s'entendre avec lui pour qu'il veuille bien l'attendre à la frontière, fixer une date... Mais non, elle n'oserait jamais, il avait sûrement autre chose à faire après tout. Pourtant, c'était tentant. Il faudrait qu'elle y réfléchisse. Qu'elle ose lui demander son nom et une adresse, un endroit où le contacter si jamais elle souhaitait se rendre là-bas... Il était clair qu'en tant qu'humaine, elle n'y serait pas la bienvenue si elle s'y rendait seule. Qu'il était lourd, parfois, de devoir pâtir de la réputation de son peuple.

Rêvant à des projets de voyage qu'elle n'était pas sûre d'oser réaliser, la rôdeuse avait rangé avec soin les échantillons de plantes dans son sac. Elle était ravie de pouvoir les offrir à Isudë, à défaut d'avoir ceux qu'elle était sensée ramener des montagnes et qui étaient restés dans sa "chambre d'auberge" à Montequine. Bah, elle les récupérerait bientôt.

Elle fut presque surprise de voir les murs de la ville se rapprocher aussi vite. Le temps avait filé sans qu'elle s'en rende compte. Et les choses sérieuses allaient commencer pour Byron. Elle sentit un léger trac l'envahir, mais était consciente que ça n'était rien en regard de ce que devait éprouver son compagnon quadrupède. Pour l'heure, de toute façon, leur priorité allait être de trouver où loger.

Ils durent ralentir à bonne distance des murailles car la file des personnes qui cherchaient à entrer dans la ville s'étirait dans la campagne, sur un tiers de lieue. Des hommes de la garde luménienne, à cheval, canalisaient la foule et veillaient à ce que l'harmonie règne entre les personnes qui attendaient. Les elfes, habitués à prendre leur temps en toute chose, ne sourcillèrent pas, mais Astrée sentit la nervosité de Byron monter peu à peu comme ils avançaient, très lentement, personne après personne, vers les portes. Des chariots, des cavaliers, des petits troupeaux, un carrosse noir, un groupe de clercs pieds nus, des voyageurs de toute sorte, du barde dont la mandoline dépassait du paquetage au guerrier tout en armure bosselée, tout le monde attendait son tour avec plus ou moins de patience.
Astrée distingua bientôt l'arche des portes, et vit que la file se divisait en deux, à une dizaine de toises du passage. Des gardes par groupe de trois accueillaient chaque groupe pour leur poser les questions d'usage. Ils portaient la livrée classique, qu'Astrée connaissait bien, un uniforme bleu ciel marqué des armoiries luméniennes.
Au bout de pratiquement une heure à lorgner cet objectif lointain, à compter les secondes entre chaque passage, à tenter de deviner l'humeur de leurs futurs interlocuteurs, Astrée et Byron parvinrent aux portes.

HRP : poste donc aux portes, tiens

Quête : La piste de Ferleyn

Quittant la commanderie, puis la ville, Nir, Talianna et le paladin qui les accompagnait prirent le petit galop sur la piste qui s'éloignait de Luménis. C'était une voie large et relativement fréquentée par des chariots, des voyageurs, paysans et baroudeurs, aussi durent-ils rester en ligne pendant le début du trajet, pour ne bousculer personne. Les chevaux étaient dociles, le temps au beau fixe, le soleil haut dans le ciel. De part et d'autre de la route s'étendaient champs et prairies, fleuries par le printemps, où paissaient des moutons et des vaches. Ils franchirent un premier petit pont, ralentirent pour laisser se reposer leurs montures un moment. Le paladin laissa ses deux compagnons remonter à la hauteur de son impressionnant destrier.
" Avez-vous un peu d'expérience en matière de morts-vivants ?" leur demanda-t-il.

Nir se pencha pour caresser Crocs d'une main, tandis qu'il se tenait fermement à Renard de l'autre main. Cette fois, il écoutait, il put donc entendre Horatio et comprendre sa question. Il se remémora un de ses précédents voyages...

[color="66300"]-Hé bien, il y a quatre ans, quand je n'étais encore que l'apprenti d'un autre rôdeur, bien plus fort que moi, j'ai suivi mon maître dans une petite mission...Et, nous avons affronté divers morts-vivants. Des squelettes, des goules, des zombies et un nécrophage. Bien évidemment j'étais resté en arrière avec un arc.[/color]

Talianna se montre plutôt très bonne cavalière,même si la jument s'est montrée plutôt nerveuse au départ..la jeune amazone fit avec et un début de respect mutuel commence a se déssiner,la jeune fille reste entre le rôdeur et le paladin.

"J'ai quelques connaissances sur les morts vivants Sir Horatio,Comme tout ceux qui en ont croisés de prêt comme de loin,toujours est t'il que certains d'entre eux comme les blèmes et autres zombies peuvent infligés des maladies par leurs morsures et leurs griffures...je n'ai guère vue d'autres morts vivants a part cela,si ce n'est des squelettes...Du moins dans le Thétyr c'est ainsi,dans les rares tombeaux en ruines cachés dans les fôrets.et oui il vaut mieux rester a distance pour certains d'entre eux...si on dispose de faveurs divines,tels les prêtres on peut les affronter plus directement au corps a corps...mais c'est une chose que je recommanderais pas a beaucoup de monde a moins de porter une armure complète comme vous Sir Horatio."

Déclare la jeune elfe des bois au paladin.

"Je vous envie messire Nir,vous avez débuté votre vie d'aventure bien plutôt que moi.et dire que pendant longtemps je voulais partir a l'aventure moi aussi."

Continua Talianna d'un ton un peu moins formel et plus gai,A vrai dire elle débute réellement...jusqu'a maintenant tout ce qu'elle a fait ces derniers mois n'étaient pas vraiment ce qu'on pouvait appeler des missions ou des quètes trèpidantes loin de la...

Le paladin acquiesça, manifestement impressionné.
" Vous n'êtes donc plus complètement des novices. La plupart des gens, par ici, ne voient pas un seul mort-vivant de toute leur vie, à moins d'habiter la lisière de la forêt ou Dargyll... C'est là que nous arriverons ce soir. C'est un village un peu particulier... Il borde un grand cimetière, très ancien, avec des tombes par milliers, certaines n'ont que quelques siècles, d'autres des millénaires. On ne sait pas bien pourquoi tout le monde est venu enterrer ses morts à cet endroit... Sans doute une énergie particulière, ou bien était-ce le lieu de culte d'une divinité aujourd'hui disparue... L'un dans l'autre, des morts-vivants s'y lèvent régulièrement..."
Un sourire se dessina sur ses lèvres.
" Si vous êtes tentés, nous pourrons y faire un tour cette nuit, histoire de nous dérouiller un peu avant les choses sérieuses."

Talianna sourit,un peu d'action enfin,cela ne se refuse pas!

"Je ne dis pas non pour ma part.il faut savoir ce qu'en pense messire Nir maintenant."

Dit la jeune elfette des bois en attendant la réponse de ce dernier.

Nir rit à l'évocation du cimetière en tant que lieu de culte, puis, il sourit, se rappela vaguement comment éliminer différentes sortes de morts-vivants plutôt facilement, fit un signe de tête à Crocs, et rit de nouveau.

[color="66300"]-Hé bien, pourquoi pas. J'espère juste que ce n'était pas un lieu de culte envers Myrkul...[/color]

Le rire de Nir fit sourire le paladin, mais il se garda bien de faire un commentaire. Il reprit au contraire le fil de la conversation.
" Non, je ne pense pas que Myrkul soit là-dessous. C'est plus ancien et probablement très local. Les tribus qui vivaient ici autrefois étaient diverses et leur religion bien éloignée de celle de Féérune. Il n'y a pas que des tombes humaines, dans ce cimetière. Un peu d'elfes, un peu de nains, mais aussi toutes sortes de monstres intelligents : orques, kobolds, gobelins... sans compter des êtres que nous ne connaissons guère plus aujourd'hui, du moins en ces terres."
Son regard se perdit un moment dans la campagne environnante.
" Mais les morts de Dargyll ne se lèvent jamais en grand nombre. Nous aurons de la chance si nous croisons une goule ou un zombie. Il est plus probable que nous ne rencontrions que quelques squelettes ou un fantôme que nous serons incapables de toucher."

"Si ancien que cela?de combien de temps parlons nous et depuis quand ces iles sont t'elles découvertes?"

demande la jeune amazone au Paladin,Très curieuse..C'est toujours une bonne chose de connaitre de nouvelles contrées mais visiblement Hélonna semble avoir une petite histoire et Talianna ne refuserait pas de la connaitre.Même si les rares livres qu'elle ait lue ont eus souvent attraits sur la Côte des épées,le royaume Calimshite et également les contrées du Mitan.

" Je dois avouer que je ne suis pas historien, dame, dit le paladin avec un petit sourire embarrassé. Je ne sais pas exactement comment la colonisation féérunienne s'est faite, mais elle a plusieurs siècles... Trois, je pense, peut-être plus. Je ne suis pas certain. Les elfes et les nains étaient là avant nous. Et je pense qu'il y avait aussi quelques petits groupes humains ou presque. Luménis existait déjà, mais c'était un petit village de rien du tout... comme la plupart des grandes villes. Elles se sont développées ensuite, avec les colons."
Il haussa les épaules.
" Si vous voulez des détails, vous devrez consulter quelqu'un à la Bibliothèque de Luménis, quand nous reviendrons."

[color="66300"]-Dans le livre qui m'a guidé pendant la majeure partie de ma vie, il est écrit que Dorrandin et Hélonna ont probablement eu une histoire avant les colonisations, des millénaires plus tôt...Mais bon. Je pensais que ce n'était qu'un récit.[/color]

Nir sortit un très épais livre d'une sacoche et se mit à le consulter, essayant de trouver quelque chose.

[color="66300"]-Ah, oui, je crois que c'est par là. Il est dit que l'histoire depuis la colonisation a été dense, mais qu'elle n'est que récente. Qu'avant cela il y avait des autochtones, et que les elfes et les nains étaient là. Par contre, cela n'en dit pas plus. Aucune idée de comment ils sont arrivés là ou de ce qu'il y avait exactement avant la colonisation.[/color]

La jeune amazone écoute le rôdeur avec une certaine attention,il a un livre dans ses possétions?c'est pourtant pas fréquant qu'un aventurier parte a l'aventure avec un livre...et encore plus un livre qui parle des deux iles...les livres que Talianna a lue étaient des manuscrits détaillant certains empires ou royaumes...et un ou deux de l'explorateur Volo Geddarm,Ses fameux guides qui sont assez connus en Féerune....Elle a eue la chance de le rencontrer il y a 15 ans lors de la chute de Saradush,il était parmi les survivants qui furent hélas peu nombreux...

Néenmoins...ces souvenirs remontent a la surface ce qui fait que la jeune elfe demeure silencieuse pendant quelques instants...Que vont t'ils trouver dans ce hameau abandonné....Sans doute que des ruines et un temple profané...Talianna espère en son fort intérieur que ça ne sera pas le cas...un voeu pieu certes mais cela ne se fait pas de profaner des lieux de culte...encore moins ceux de divinités bonnes...

Les chevaux étant reposés, les trois compagnons purent bientôt reprendre une allure plus soutenue. La route était moins fréquentée mais on devinait encore les remparts de Luménis dans le lointain, tache sombre sur une immensité verte. Au milieu de l'après-midi, le ciel se couvrit soudain et une giboulée imprévue dégringola du ciel, trempant les cavaliers en quelques secondes de pluie intense. Les nuages disparurent presque aussitôt, comme s'ils les mettaient au défi de les accuser pour leur douche improvisée. Le soleil, généreux, tenta de les sécher, mais il était encore trop faiblard en ce début de printemps pour les sécher efficacement. Le grand galop, par contre, sembla avoir un certain effet. La campagne environnante demeurait verdoyante et civilisée, il y avait toujours une ferme dans leur champ de vision, et quand le soleil commença à décliner, le paladin remit son cheval au pas. Il se tourna vers Nir.
" Pensez-vous que votre loup pourrait rester en dehors du village ? Je conçois qu'il soit un auxiliaire efficace dans les régions hostiles dont vous êtes peut-être originaire, mais dans cette contrée agricole, sa présence pourrait nous attirer une méfiance inutile."

La Couronne de Cuivre

[Lieu] La campagne luménienne