La Couronne de Cuivre

Ayant remercié Gloria, il donna quartiers libres aux enfants, à condition qu'ils ne s'éloignent pas trop.
En ce qui le concernait, ce serait sans doute le même programme que la veille : entretenir le feu allumé par Baptiste, faire chauffer de l'eau, inventorier leurs vivres, sans oublier quelques bouffées de tabac...
Pour le reste, il était probable qu'il se livre aux exercices donnés par le prince sitôt sa veille terminée. Et s'il avait encore du temps, peut-être rendrait-il, à nouveau, l'épée à la pierre.

En l'absence d'écrevisses, il leur fallut cette fois se contenter de viande fumée, qu'ils attendrirent dans un ragoût qui, s'il avait l'aspect similaire à celui de la veille, fut épicé tout à fait autrement. Victor, toujours en appétit, avait depuis longtemps adopté les expériences culinaires de son frère, même quand elles étaient audacieuses ou franchement ratées, tandis que Marius était toujours suspicieux, goûtait du bout des lèvres, puis finissait par dévorer sa pitance comme un enfant qui n'a pas eu l'habitude de manger à sa faim (ce qu'il était sans doute). Titus était plus difficile, mais Baptiste avait pris l'habitude de lui réserver une part sans viande et plus riche en légumes.
Les lieux ne prêtaient pas à de grandes aventures, car la zone était dégagée, les arbres peu nombreux et offrant peu de prises, et les enfants prirent le parti de respecter les consignes données par le barde. Ils jouèrent donc à chat (avantage Victor), puis à un jeu d'approche, où il fallait ramper dans les herbes en faisant le moins de bruit possible pour surprendre le "guetteur" (avantage Marius). Titus se prêta à leurs jeux avec bonne humeur et en poussant parfois des petits cris d'excitation qui firent mourir de rire ses partenaires (il n'en prit guère ombrage). Baptiste se contenta de cuisiner, puis les rejoignit pour quelques parties après s'être assuré que Taliesin savait exactement comment surveiller son ragoût.
Ils mangèrent, la nuit tomba, et les enfants militèrent pour une nouvelle histoire de Gérard, bien entendu.

Taliesin respecta évidemment la tradition et narra comment Gérard de Berge triompha d'une cabale de magiciens malfaisants œuvrant à voler des années aux honnêtes citoyens. Cela ne régla en rien son problème de cheveux blancs mais... Serait-il resté le Loup Blanc, dans le cas contraire ?
Une fois le récit terminé, il se bourra une nouvelle pipe et attendit tranquillement que Marius se manifeste pour sa fringale nocturne. Il lui semblait en effet peu probable que cela cesse du jour au lendemain.

Mais cette fois, Marius ne chercha pas à s'endormir avant de revenir à la charge, peut-être avait-il appris de ses tentatives de la veille ? Il termina le plat de ragoût, mangea encore du pain, puis se recoucha et sombra rapidement, laissant à Taliesin le loisir de terminer sa pipe puis d'entamer ses fameux exercices... sans doute était-il peu utile de se présenter devant le fantôme sans avoir un minimum travaillé...

HRP : tu peux décrire l'expérience comme tu l'entends...

Ensuite, si tu t'appliques, tu pourras lancer Prestidigitation à volonté.

Taliesin respecta scrupuleusement les consignes du prince.
Il s'installa confortablement entre les racines d'un arbre voisin, déposa l'épée sur ses genoux et, yeux fermés, se concentra sur le sortilège de prestidigitation.
Il était simple : d'ailleurs, il s'agissait plus d'un tour de magie que d'autre chose.
Le problème, c'est qu'il n'était pas censé le lancer comme il l'avait toujours fait, à la manière des bardes, en s'appuyant sur le pouvoir qui découlait des notes, des harmonies, du rythme, bref, sur le pouvoir qui découlait de la musique.
Non, il était censé le lancer à la manière d'un magicien, c'est à dire en recourrant directement à la Toile, ce qu'il n'avait jamais fait jusqu'ici. Et ce qui paraissait donc aussi étrange qu'ardu.
Mais l'épée devait faire office de focaliseur, il l'avait bien compris.
Il devait s'appuyer sur elle, ainsi que sur les recommandations du prince.
Penser au sortilège, le laisser venir à lui, prononcer mentalement les paroles permettant de le déclencher. Continuer jusqu'à percevoir la Toile.
Percevoir.
Sans doute fallait-il compter davantage sur les sensations que sur la réflexion.

Il lui fallut un certain temps avant de frôler la Toile pour la première fois. Il le perçut comme un crépitement d'énergie dans ses ténèbres intérieures, une sorte de barrière qui picota d'abord à la lisière de son esprit, puis céda subitement et l'électrisa tout entier, très légèrement mais sans conteste. Il eut, pendant une seconde, la sensation que s'il ouvrait la bouche à cet instant, il parviendrait à allumer une torche, nettoyer une casserole ou créer quelques notes de musique.
Mais il lui fallut répéter l'exercice. Une fois, dix fois, davantage. Parfois la Toile était introuvable. Parfois elle lui bondissait dessus comme un chien ravi de retrouver son maître. Une fois, le sortilège lui échappa et une pluie d'étincelles crépita dans la nuit.
Enfin, au bout d'un temps qui parut éternel et en même temps très court, il eut la sensation qu'il pouvait approcher son sortilège sans devoir vraiment y réfléchir, en quelques instants, la toile se joignait à lui, encore et encore, sans qu'il se sente diminué, maladroit ou hésitant.

HRP : et donc... gagné !

Il poursuivit encore, cependant, jusqu'à ce que la sensation se transforme en certitude.
Enfin, il se leva, remit l'épée au fourreau et entreprit de se promener tranquillement dans l'obscurité.
Entrer en veille immédiatement lui semblait impossible : il avait besoin d'assimiler l'expérience qu'il avait vécue, de calmer l'excitation liée à son succès, de chasser - temporairement - de son esprit les réflexions que cela lui inspirait, les perspectives qu'il entrevoyait.
Une bonne demi-heure s'écoula ainsi avant qu'il ne retrouve le calme intérieur. Alors, la fatigue revint et il s'installa pour entrer en transe.
S'il en émergeait assez tôt, il retournerait voir le prince sans perdre de temps. Sinon, cela attendrait le lendemain.

Il en émergea lorsqu'une main posée sur son épaule le secoua.
" Si tu veux avoir le temps de manger avant de partir, c'est le moment d'arrêter le yoga." lui dit Baptiste.
Assis autour du feu, à quelques pas, les trois autres mangeaient du gruau sucré dont l'odeur délicieuse flottait dans l'air.
" C'est quoi du yoga ? demanda Marius.
— C'est une sorte... de méditation... de Karatur." dit Baptiste en retournant vers eux.
Il faisait jour, déjà, depuis sans doute une bonne heure.

Soit ses exercices de la nuit l'avaient épuisés, soit il les avait terminés plus tard qu'il ne l'aurait cru.
Ou peut-être les deux à la fois, en réalité ?
Bah, qu'importe : il se sentait reposé et c'était bien là l'essentiel.
-En l'occurrence, j'étais en rêverie. C'est la façon dont les elfes dorment, expliqua-t-il.
Puis, après avoir remercié Baptiste pour avoir préparé le petit déjeuner, il se prépara à déguster avec appétit la part qui lui revenait.

" Ça veut dire que tu dors jamais, dit Marius. Comme ça doit être... triste. Dormir, c'est quand même un plaisir de la vie !"
Victor rit joyeusement.
" Les elfes sont déjà immortels et magnifiques, ils peuvent bien être privés des plaisirs du sommeil ! Sinon c'est pas juste !" s'exclama-t-il.
Marius demeura très sérieux, contemplant Taliesin avec pitié.
" Je te plains."
Le gruau, accessoirement, était délicieusement agrémenté de morceaux d'abricots et de pêches. Autour des chariots lointains, on paraissait plus ou moins au même stade d'éveil.

Il sourit.
-Oh, il ne faut pas. J'arrive aussi à dormir comme les humains. Bon, sans doute n'est-ce pas exactement la même chose, mais ça s'en rapproche et ça me permet de profiter du confort d'un bon lit ! Quant à la rêverie, ça n'a rien de désagréable, loin s'en faut : c'est une sorte de long rêve.
Il s'agissait là d'une simplification, évidemment.

" Le meilleur des deux mondes !" dit Baptiste avec le sourire.
Marius reprit un second bol de gruau tandis que Titus commençait à arpenter le pré avec son habituelle nonchalance. Une vaisselle et un petit rangement plus tard, ils étaient de retour dans le chariot, Gloria, Augustus et Julius en tête, avec cette fois Baptiste sur le banc. Marius et Victor commencèrent immédiatement leurs pérégrinations, et Titus resta à l'arrière, pensif, avec le barde. A présent qu'ils avaient atteint la route, le rythme de marche augmenta légèrement. Il leur restait néanmoins encore une belle trotte jusqu'à Togoria : les chariots à boeufs n'étaient pas aussi rapides que l'Ecureuil sur la Sylvestre.

Mais ils n'étaient pas à quelques jours près.
D'autant qu'il avait prévu, lors de leur halte à Togoria, d'écrire une lettre à Galathée pour l'informer que tout allait bien malgré leur retard et qu'ils étaient, sains et saufs, sur le chemin du retour. Il ne doutait pas que le service du courrier acheminerait rapidement le pli jusqu'à la ferme et mettrait ainsi un terme à la possible inquiétude de son épouse. Ce bien avant leur retour effectif.
Et en attendant, de leur côté, ils n'avaient qu'à tenter de profiter au mieux de ce voyage - et des paysages de la Vallée du Nirvana qu'ils quitteraient bientôt, au profit de la moins riante Trouée des Chevaux.

Et la Vallée du Nirvana se fit magnifique sous le soleil estival : le terrain était vallonné, par moments même accidenté, mais toujours luxuriant, de prés fleuris immenses, de bosquets aux formes extravagantes, de ruines et de rivières, de collines, de petits lacs, de bruyères violacées. De temps en temps, on voyait la trace de l'homme : une ferme, des champs plus ordonnés, un chemin, un hameau cossu. Mais de manière générale, il y avait peu de traces de la civilisation, hormis la route qu'ils arpentaient. Taliesin nota que les gardes de la caravane étaient vigilants, sans pour autant paraître inquiets, et il y en avait toujours un en mouvement, remontant la colonne au petit galop, dans un sens puis dans l'autre. Ils croisèrent d'autres voyageurs, surtout des cavaliers, mais aussi quelques chariots, un coche, et puis des marcheurs, en groupe ou solitaire.
Kelvim le rejoignit à nouveau en fin de journée.
" Même question qu'hier, maître barde. Voulez-vous descendre à l'auberge, cette fois ?"

-Nous allons camper, comme hier. La vallée est magnifique, autant en profiter ! D'autant qu'au-delà de Togoria, nous irons probablement d'auberge en auberge.
Oui, il tentait en quelque sorte de prolonger le séjour. Mais en ces lieux, par ce temps, il n'avait pas réellement envie de s'enfermer entre quatre murs. Titus serait ravi, par ailleurs, et les autres... Bah, ils auraient leur content d'hostelleries d'ici peu.

" Comme vous voudrez." dit le caravanier.
Comme la veille, ils installèrent leur campement dans une sorte de pré, non loin de l'auberge. Ils installèrent le chariot de Taliesin et de ses enfants à l'écart, près d'un bosquet.
" Y'a pas de point d'eau, cette fois. L'été a bouffé le ruisseau. Mais si vous avez besoin d'eau pour boire ou cuisiner, on en a. Si vous voulez vous laver, par contre, faut négocier avec l'auberge, ils ont l'habitude. Il y a aussi un étang, un peu plus loin par là, mais c'est quand même une bonne demi-heure de marche." leur annonça Gloria.

-Merci pour les renseignements. Et je pense que nous aurons effectivement besoin d'un peu de votre eau...
Quant aux ablutions... Bah, ils n'en mourraient pas s'ils passaient une journée sans en faire. Il en connaissait même certains qui seraient ravis, alors autant s'éviter des complications !
Ne leur restait donc plus qu'à procéder comme les jours précédents. Et peut-être que les enfants, qui avaient dû marcher à un rythme plus soutenu que de coutume, seraient fatigués plus tôt...

Mais les enfants étaient construits sur le modèle inversé : plus ils étaient fatigués, plus ils étaient agités. Si bien que Taliesin n'eut pas un instant de répit avant la nouvelle aventure de Gérard de Berge et l'extinction des feux. Cette fois, Marius s'était resservi en cours de repas et s'endormit comme un coeur. Les quatre enfants préféraient dormir à l'intérieur du chariot, qui avait des allures de petit cocon douillet, et leur rappelait peut-être une cabane dans la chênaie ou leur capharnaüm chez Amrod. Ils semblaient apprécier cette promiscuité chaleureuse. Et bientôt, le barde se retrouva seul sous les étoiles, à écouter leurs paisibles respirations.

Seul, mais pas pour longtemps.
Il lui suffisait de dénicher une pierre, d'y planter l'épée, et il se retrouverait en compagnie du prince.
Ce qu'il entreprit de faire.
Autant ne pas lambiner, ne pas laisser passer les opportunités qui se présentaient à lui.
Et puis, simplement... Il était motivé. Comment ne pas l'être ?

Urthemiel le retrouva comme l'avant-veille, dans la rotonde étoilée. Après de brèves salutations, il les transporta à nouveau dans la brume et invoqua son épée fantomatique.
" Nous allons nous battre à nouveau. Utilise le pouvoir que je t'ai transmis la dernière fois pour détecter mes failles. Ensuite, nous parlerons de magie. Tu me raconteras tes expériences avec la Toile."

Il acquiesça et se mit en devoir d'obtempérer en tout point.
Certes, alors même qu'il avait songé à prendre un apprenti, il trouvait toujours aussi déroutant de se retrouver à nouveau dans la peau de l'élève. Mais il avait toujours aimé à prendre, sans compter que la stature légendaire du prince facilitait les choses : face à pareil personnage, on ne pouvait que chercher à suivre son enseignement...
ll entendait donc de le faire le plus sérieusement possible, sans en rien ménager ses efforts.

Mais si Urthemiel donnait des directives, il ne le faisait jamais sur un ton autoritaire ou supérieur. Il paraissait même prendre du plaisir au duel qui l'opposait à Taliesin, un sourire concentré sur les lèvres tandis qu'ils croisaient le fer. Il demeurait, à ce stade, capable de surclasser aisément le barde quand il lui en prenait l'envie, mais c'était rare, et seulement lorsqu'il voulait prouver un point ou rompre l'affrontement pour lui donner un conseil.
Ils bataillèrent ainsi pendant une petite heure, sans doute, même s'il était difficile de conserver une notion claire du temps dans pareil environnement.
Ensuite, le prince s'assit sur le sol, en tailleur, et invita Taliesin à l'imiter.
" Parlons de ta rencontre avec la Toile, à présent. As-tu réussi l'exercice que je t'avais proposé ?"

Il acquiesça.
-Oui. Cela n'a pas été évident, parce que cela diffèrait grandement de ce dont j'avais l'habitude, et il m'a fallu m'y reprendre un grand nombre de fois. Mais j'ai fini par réussir.
Et il s'efforça, aussi fidèlement que possible, de lui décrire ce qui s'était passé, ce qu'il avait éprouvé... Il se disait que cela pourrait aider le prince à lui dispenser d'utiles conseils.

" C'est bien. Cela a pris peu de temps. Mais tu n'es pas un élève ordinaire, tu as déjà appris à te connaître, et cela facilite les choses."
Il parut songeur une seconde.
" Nous allons travailler ensemble sur un autre de tes sortilèges. Tu parlais d'illusions sonores, la dernière fois. Nous allons partir de ce sortilège, mais tu vas laisser la Toile s'immiscer dans ta ritournelle bardique pour la modifier... Ferme les yeux. Mets l'épée sur tes genoux. Evoque la mélodie de ces sons illusoires... puis laisse la Toile affleurer et s'en emparer. Fais-toi confiance pour la guider, la contrôler... rester dans le rythme de ce que tu connais... pour en faire autre chose..."

Il hocha la tête, puis prit le temps de méditer ses paroles.
Utiliser une méthode entièrement différente de celle qu'on connaissait n'avait rien d'évident. Modifier une méthode pour laquelle on était parfaitement rôdé serait-il plus aisé ? Il ne savait pas, se demandait si l'habitude n'aurait pas trop tendance à prendre le dessus.
Mais plutôt que de s'interroger, il débuta l'exercice.
Évoquer la mélodie...
Guetter la Toile, la laisser venir, puis la guider...
La laisser s'immiscer dans ce qui existait déjà, s'y mêler, l'altérer harmonieusement...

Il appliqua au mieux les directives du prince. Comme il le craignait, maîtriser ses habitudes bardiques s'avéra ardu et lui imposa de se concentrer totalement, effaçant toute autre considération, toute autre image ou sensation. Il glissa, plus d'une fois, manquant dérouler sa mélodie usuelle, mais chaque fois, quelque chose le retint, comme si Urthemiel — ou l'épée — se glissait dans son esprit pour lui servir de garde-fou. La Toile s'entremêla peu à peu à sa chanson, comme un contrechant, puis cessa d'être sonore pour devenir une impression plus diffuse, mais dont Taliesin devina l'immense puissance. Subitement, il s'embrasa, et toute ritournelle se tut. Devant lui, il entendit Urthemiel rire.
" Sehanine m'en est témoin, tu es affamé."
La main glacée du prince lui prit alors le poignet, quelques secondes, et Taliesin fut arraché à sa transe.
" C'est assez. Recommence l'expérience demain, chez toi, tu es prêt."

HRP : Taliesin peut désormais lancer Protection contre les armes et Illusion mineure.

-Très bien.
Il ne bougea pas tout de suite, cependant, demeurant au contraire assis tranquillement : l'exercice avait été particulièrement intense et il avait besoin de temps pour revenir à la réalité, pour se remettre.
-La nuit est un moment propice pour ce genre d'entrainement, reprit-il avec un demi sourire. Je ne suis plus bon à grand chose, quand c'est terminé, sinon à dormir.
Cela n'avait rien d'une plainte : c'était juste un constat badin. Pour le reste, quoiqu'il peinât encore à réaliser ce qui se passait, il était conscient de progresser, ce qui était fort encourageant.

" Un entraînement reste un entraînement, qu'il ait lieu ici ou là d'où tu viens."
Son sourire se fit mutin.
" Et puis tu n'es plus tout jeune, non plus."
Il ne laissa pas le temps à Taliesin de répliquer.
" Chez toi, tu vas t'entraîner à lancer ces sortilèges. Pas ceux liés au combat, sauf si tu en as besoin, mais les deux autres. Fais-le dix, vingt, trente fois sur la journée. Fais-le à pied, assis, debout, en selle, en courant, en grimpant aux arbres... Tente tout ce que tu peux, jusqu'à ce que leur survenue soit aussi naturelle que tes ritournelles l'étaient autrefois. Et sens cette disponibilité permanente de la Toile en toi. Cette affinité est nécessaire pour passer aux aspects plus complexes de ta formation."

-C'est bien compris.
Il sourit à son tour.
-Et je note que vos consignes mêlent astucieusement exercices magiques et exercices physiques, ce qui rejoint les deux aspects de votre enseignement.
Il risquait d'avoir l'air un peu idiot, à lancer des sorts dans certaines situations. Mais il suffirait de ne pas être vu !

" Je ne crois pas que tu aies besoin d'un entraînement physique très poussé." dit Urthemiel en se relevant.
Sans attendre que Taliesin en ait fait de même, il les ramena à la rotonde.
" Réfléchis à d'autres menus pouvoirs dont tu aimerais disposer à volonté. Nous en parlerons la prochaine fois et tâcherons de voir en quoi la toile peut t'être utile. Ensuite, lorsque tu seras en ville, procure-toi un grimoire. Cela ne doit pas être ton livre définitif, nous y viendrons ensemble, plus tard, mais un support pour écrire, ce sera nécessaire. La prochaine fois, je te parlerai un peu de l'épée, aussi. Elle doit faire partie de ton parcours, ce n'est pas un simple instrument. Mais j'anticipe. Il est l'heure pour toi d'aller te reposer et pour moi de retourner au néant."

La Couronne de Cuivre

[Quête] A travers la vallée...