[Lieu] Le Domaine d'Averlande

[Galathée]

Elle pinça les lèvres.
" Je ne suis pas sûre que Lorcan, Trévor et moi-même resterons au manoir. La sécurité est dans le nombre, sauf si le danger est dans ce nombre. Et si, comme Lorcan le pense, le meurtre de Maurin est l'acte d'un esprit invoqué, ce n'est pas notre nombre qui va y changer quoi que ce soit. Ces créatures surgissent et repartent selon des lois qui nous échappent. Enfin... Etant vous-même doté de pouvoirs magiques, je suppose que ça ne vous est pas complètement étranger. Vous avez peut-être de quoi placer des sceaux protecteurs."

[Taliesin]

Taliesin secoua la tête.
-Malheureusement non. Peut-être serais-je en mesure de combattre un tel être mais même cela, ce n'est pas sûr : cela dépend de sa nature. Et de sa puissance.
Il soupira.
-Et Lorcan ? Connaît-il des moyens de se protéger contre pareilles menaces ? D'après votre fils, il est expert en ces matières.

[Galathée]

" Il est capable de placer des sceaux protecteurs, effectivement. Mais pour trouver exactement quelle entité a été invoquée, et s'assurer de la repousser, il devrait sans doute faire des recherches plus approfondies... Chacun de ces esprits a ses caractéristiques, ses faiblesses et ses marottes..."
Elle haussa les épaules.
" A mon avis, notre crainte principale ne devrait pas être que l'entité qui a tué Maurin frappe encore... mais plutôt que celui qui l'a invoqué ne récidive. Avec une autre cible."

[Taliesin]

-Je suis bien d'accord avec vous. Et c'est pour cela que je songe à notre organisation pour cette nuit...
Il observa la pièce, un instant.
-Rester dispersés, par groupes de gens se faisant entièrement confiance, pour éviter les coups de poignard dans le dos ? Tous se regroupper, en comptant sur la force du nombre, en espérant qu'elle empêche l'assassin de frapper à nouveau ? Trancher entre ces deux solutions contraires n'est pas forcément évident...

[Galathée]

" Nous ne resterons pas au manoir. Ce que vous faites, vous, c'est votre problème. Le temps pourrait se dégager. Il est quoi... à peine passé midi ? Je suis sûre que certains descendront avant la nuit, ou tenteront de le faire. Vous êtes peut-être raisonnable, ou en donnez l'impression, mais ce n'est pas le cas des trois quarts de ces artistes. La sagesse, ce n'est pas leur point fort. Sans doute est-ce nécessaire pour en arriver là où ils sont, mais c'est ainsi."
Elle haussa les épaules.
" Je ne suis pas leur maman. Qu'ils se débrouillent."

[Taliesin]

Il la fixa un instant, songeant à répliquer que les gens dont elle parlait ainsi étaient les amis de son défunt employeur et qu'en mémoire de lui, elle aurait pu vouloir les protéger... Mais il s'abstint : elle devait avoir ses raisons et, de toute manière, il aurait été stupide de provoquer de nouvelles tensions.
-En ce qui me concerne, j'ai un peu trop tendance à vouloir protéger tout le monde : cela m'a déjà joué des tours mais que voulez-vous, on ne se refait pas... Ceci dit, quand les enfants sont avec moi, j'arrive au moins à établir des priorités.
Il eut un bref sourire.
-Bon, mais je vais récupérer ce fameux pantalon.
Il ne prendrait rien d'autre : il serait aisé de revenir ici, en cas de besoin. Par ailleurs, il avait déjà l'essentiel avec lui : son épée, le pipeau...

[Galathée]

Ils refirent ensuite le trajet dans l'autre sens, sans échanger davantage. La brume se levait peu à peu, c'était indéniable, mais les conditions climatiques demeuraient très incertaines. Lorsqu'ils arrivèrent à l'intérieur, ce fut pour découvrir que le repas avait été servi dans le salon. L'équipe en cuisine avait fait de nombreuses tourtes, aux goûts divers, de quoi réchauffer les corps et les coeurs dans la grisaille. Tout le monde semblait rassemblé, même si certains s'étaient installés à table, d'autres dans les fauteuils, et d'autres, encore, mangeaient debout. Les enfants et Miranda semblaient avoir formé un petit groupe de conspirateurs dans un coin et la conversation était manifestement animée. Les halfelins mangeaient dans leur coin, le manteau déjà sur les épaules. Elsa devisait avec Georgina. Haran était à la fenêtre, sans assiette. Le personnel s'était également regroupé, en bout de table. Il manquait Lorcan mais Kathleen n'en sembla pas particulièrement surprise.

[Taliesin]

Peut-être était-il toujours occupé avec ce fameux rituel. A moins qu'il n'ait entrepris de fouiller les affaires des halfelins, puisque ceux-ci n'attendaient manifestement qu'une ouverture pour se carapater. C'était, à son sens, une mauvaise idée ; il les comprenait cependant et, de toute façon, doutait fort de pouvoir les faire changer d'avis.
Quoi qu'il en soit, dans l'immédiat, il allait tenter d'attirer discrètement l'attention de Victor, pour lui signaler qu'il avait amené son pantalon de rechange. Ensuite, il irait se chercher à manger puis... de la compagnie. Sans doute celle d'Haran, puisqu'il était seul - et à moins, bien sûr, qu'il ne désirât ardemment le rester.

[Galathée]

Victor lui fit signe, manifestement peu désireux de se changer dans l'immédiat. Il faut dire que les enfants étaient rassemblés non loin de la flambée, ce qui devait tempérer les désagréments d'avoir les jambes à l'air. Devant la mine insistante de Taliesin, il finit par venir chercher son pantalon avant de retourner discuter avec les autres.
A table, on lui servit de généreuses tranches de tourte, à la viande et aux légumes mélangés, et il put ensuite rejoindre Haran, qui lorgnait le parc, songeur. Il l'accueillit d'un sourire un peu las.
" Alors ? Qu'était cette urgence ? Les enfants sont revenus surexcités et ça conciliabule sec... Vous avez fatalement trouvé quelque chose."

[Taliesin]

Il hésita puis acquiesça.
-Peut-être bien, oui. Mais je préfère ne pas en parler tout de suite...
Mieux valait que les fouilles soient au préalable terminées. Ou que Lorcan et Kathleen aient publiquement expliqué la situation.
Et ici, comment ça se passe ? demanda-t-il.

[Galathée]

Haran le dévisagea avec la mine de celui qui n'apprécie qu'à moitié qu'on ne lui raconte pas tout, mais il n'insista pas.
" Ici ? Comme dans un poulailler surpeuplé au coeur de l'hiver : le grain va détourner un instant l'attention de la volaille, mais dès qu'on ouvrira une fenêtre, tout le monde filera en caquetant."
Il observa la pièce.
" Je me demande ce que va devenir cet endroit... le domaine... Les gens qui y vivent et y travaillent depuis des années... Je suppose que ça dépendra de qui le récupère... Votre garçon ou les Steynhave. Et ne me reparlez plus de ramener Maurin. C'est un beau rêve mais il n'est pas réalisable. Les gens ont peur de la mort et encore plus de ceux qui reviennent de l'endroit d'où on n'est pas supposé revenir. Si vous lui infligiez ce sort... Il serait traité comme un paria, un pestiféré, un monstre même. Ce n'est un destin qui n'est souhaitable à personne."

[Taliesin]

Taliesin fronça les sourcils.
-Je suis assez surpris par cette attitude vis-à-vis de la résurrection. Je connais les réticences des Lathandrites vis-à-vis de cette pratique : mais pareil refus catégorique et définitif me paraît spécifique à la branche hélonnienne du culte. Les branches locales des autres religions ne présentent pas cette particularité et, à l'instar du reste de leurs églises, ne voient aucun inconvénient à ramener ceux qui peuvent l'être. La seule limite est pécuniaire : les diamants restent rares.
Il soupira.
-En bien des lieux, personne ne trouverait horrible le retour de messire Maurin et, au contraire, tout le monde serait heureux de le retrouver. Pour être totalement honnête, être empêché d'offir cela à Baptiste à cause de croyances locales que je respecte totalement par ailleurs... C'est pour le moins frustrant.
Pour ne pas dire révoltant.

[Galathée]

HRP : Moi je l'imaginais assez comme ça : lacouronne/l-Encyclopedie-des-terres-de ... post475460

" Je ne sais pas exactement d'où vous venez, mais la chose n'est pas anodine en Hélonna, qu'on soit lathandrite ou pas. Peut-être est-ce différent en Féérune, je n'en sais rien, je dois dire. Mais peu importe, au final. Maurin est d'ici et c'est ici que les choses se jouent. Je ne veux pas vous empêcher de dépenser votre argent et votre énergie, mais... en imaginant que Maurin accepte de revenir, en imaginant que ce soit possible... Vous ne pourrez jamais le ramener ici. Personne ne le supportera. Les gens ne le supportent déjà pas dans les livres... alors un vrai mort-vivant..."
Il frémit.
" Croyez-en mon expérience : je ne fais que les mettre sur papier, et je suis déjà considéré comme un déviant. Si vous avez l'intention de ramener Maurin... Trouvez-lui un autre nom, une autre identité, et gardez-le dans un endroit où personne ne le connait. Mais honnêtement, je ne suis pas sûr qu'il acceptera de revenir. Quelle que soit l'injustice de la situation, ce serait aller à l'encontre de ses propres valeurs."

[Taliesin]

-Je reste perplexe. D'abord, il n'aurait rien d'un mort-vivant, puisqu'il s'agirait de résurrection et non de nécromancie. Ensuite, comment condamner une telle pratique alors que les dieux bons en offrent la possibilité à leurs prêtres ? Si c'était mal, il la leur interdiraient, voilà tout... Enfin, n'est-il pas paradoxal de refuser la ressurection mais d'accepter les soins divins prodigués par les clercs ? Après tout, eux non plus ne sont pas naturels ; eux aussi vont à l'encontre de la nature en soignant des maladies ou des blessures qui seraient sinon mortelles. Mais personne n'y voit d'inconvénient.
Soupir.
-Mais rassurez-vous : Baptiste lui-même n'aime pas cette idée, alors je ne la mettrai pas en pratique. Messire Maurin demeurera mort, son fils à nouveau orphelin et son assassin victorieux. Ainsi soit-il.
Son ton n'était pas agressif mais... résigné et découragé.
Il y avait de quoi l'être.
Foutues superstitions.

[Galathée]

" Je comprends votre amertume, mais le sort frappe sans cesse, et c'est la loi du monde... Maladie, accident, rapine, guerre, révolution, les orphelins se comptent par centaines, en Hélonna. Et votre garçon ne l'est plus, orphelin, il vous a, vous. De ce que j'ai compris, Maurin n'était pas certain que se révéler soit une bonne chose. Il l'a fait parce qu'il y a ce manoir, qu'il voulait que les Averlande lui survivent... Mais il n'était pas son père, sinon son père de sang. Evidemment, je comprends que cela soit bouleversant, pour le gosse, pour vous... Vous avez sans doute de bonnes raisons de vouloir le faire revenir... et un parcours où ce genre de choses — la mort — n'est qu'une broutille que l'on lève de quelques mots. Mais ce n'est pas la majorité. Les gens d'ici perdent des bébés à la Soufflante et des frères à un glissement de terrain et des parents aux loups. Aucun, jamais, ne pense à la résurrection. La majorité n'ont déjà pas de quoi se payer un prêtre pour une jambe cassée."
Il poussa un bref soupir.
" Mais je n'ai de toute façon pas à juger de vos raisons, légitimes ou pas. Maurin était un ami, je suis sous le choc de sa perte... mais de là à le ramener... C'est une perspective difficile à concevoir. Ce qui ne veut pas dire que l'assassin va s'en sortir victorieux. Après tout, nous ne savons pas qui l'a tué et pourquoi... et donc nous ne savons pas s'il ou elle a obtenu ce qu'il voulait."

[Taliesin]

-Il ou elle a déjà obtenu la mort de messire Maurin : même si ce n'était qu'une étape, cela lui est acquis. Mais vous avez raison de dire que si ce n'était pas son objectif final... il n'a peut-être pas encore obtenu tout ce qu'il désirait. A nous de voir si nous pouvons l'en empêcher.
Pas sûr qu'ils y arrivent, puisque, pour l'heure, ils ne disposaient que de pistes non confirmées.
C'était déjà un début, cependant.

[Galathée]

La porte s'ouvrit sur Kathleen, qui balaya la pièce de son regard froid, avant de s'arrêter sur Taliesin et de lui faire signe. Haran eut un sourire.
" Vous vous êtes attiré les bonnes grâces de Kathleen. Hum. Pas mal. Mais ça ne me surprend pas. Elfe, ça fait d'office un peu nature, non ?"
La jeune femme ne fit pas un mouvement vers le barde, cependant, demeurant à la porte sans le quitter des yeux, avant d'esquisser une légère grimace et de retourner dans le hall.
" Il y a là un signe, m'est avis." ajouta Haran.

[Taliesin]

Taliesin acquiesça.
-En effet. Et mieux vaut ne pas la faire attende.
Jl s'arracha un sourire.
-Je reviens.
Et de se diriger vers la porte, se demandant ce que Kathleen souhaitait lui dire. Sans nul doute cela avait-il un rapport avec les fouilles...

[Galathée]

Elle l'attendait de l'autre côté de la porte.
" Les composants de l'invocation proviennent des affaires des Saugeverte. Dans celles de la femme, plus précisément. Lorcan était d'avis de la sortir de la pièce par la peau du dos, mais je lui ai conseillé la mesure et de vous poser la question. Vous n'étiez pas un ami de Maurin, mais vous m'avez l'air relativement diplomate."

[Taliesin]

-Il me paraît en effet préférable d'agir avec douceur, au moins dans un premier temps, répondit-il. Apreès tout, ce rituel ne visait peut-être pas messire Maurin ; il est même possible qu'elle ne l'ait pas réalisé elle-même et que le véritable auteur ait caché le matériel dans ses affaires... Bref, je peux essayer de la convaincre de quitter le salon afin que nous ayons une petite discussion avec elle, sachant que son mari l'accompagnera sans doute. Si elle refuse obstinément de venir, et j'espère qu'il n'en sera rien, il sera alors temps de songer à d'autres méthodes.

[Galathée]

" Faites ça. Nous vous attendons dans le bureau." dit la jeune femme.
Sans attendre elle repartit et le barde put regagner la salle à manger. Hormis Haran, qui l'observait depuis sa fenêtre, personne ne prêtait guère attention à ses allées-venues. Il put donc s'approcher des deux halfelins, qui mangeaient sur leur bout de table et devisaient à mi-voix en surveillant les autres convives d'un air soupçonneux. Ils se turent lorsque Taliesin arriva et Bernard Saugeverte l'accueillit d'un sourire crispé.
" Toujours de la brume, je suppose ?"

[Taliesin]

-Oui. Mais le temps à tendance à s'éclaircir : à voir si cela se confirme.
Sur ce, estimant que tourner autour du pot ne servirait à rien, il décida d'entrer dans le vif du sujet.
-Écoutez... Je suis navré d'interrompre ainsi votre repas mais je dois vous entretenir d'un sujet important et... le salon, avec toutes ces oreilles à portée, ne me paraît pas le lieu idéal. Accepteriez-vous de me suivre jusqu'au bureau de messire Maurin ?

[Galathée]

" Le bureau, n'est-ce pas l'endroit où..." glapit Ancolie, inquiète, en s'accrochant au bras de son mari.
Le halfelin acquiesça.
" Le corps n'y est plus, ma chère, tu le sais. Oui, nous allons venir."
Il jeta un coup d'oeil autour d'eux puis se leva. Son épouse l'imita et ils se dirigèrent vers la porte. Tout le monde les suivit des yeux. Sauf peut-être les enfants. Personne ne s'interposa quand ils sortirent dans le couloir. Une fois la porte refermée, ils frémirent de concert.
" Vivement que nous soyons rentrés, dit Ancolie. Cet endroit est épouvantable."
Les deux halfelins suivirent ensuite Taliesin jusqu'au bureau. Bernard savait manifestement à quoi il ressemblait mais Ancolie l'examinait avec curiosité et un peu de crainte. Lorcan et Kathleen les y attendaient, sévères, de l'autre côté du bureau.

[Taliesin]

Déduisant de l'attitude de ces derniers qu'ils entendaient lui laisser la parole, le barde ne fut pas long à la prendre.
-Si je tenais à m'entretenir en privé avec vous, c'est parce que nous avons découvert, dans l'aile abandonnée, les traces d'un rituel qui, d'après Lorcan, aurait pu être mené cette nuit dans le but d'invoquer un esprit mauvais. Suite à cela, nous avons convenu que le mieux serait que Kathleen et lui fouillent toutes nos affaires, afin de déterminer qui pourrait en être l'auteur. Or, c'est dans vos possessions, Ancolie, que Lorcan a trouvé le nécessaire pour réaliser un teul rituel. Vous comprendrez, dès lors, que nous aimerions savoir de quoi il retourne...
Il s'était efforcé de parler avec tact, d'un ton sérieux mais non accusateur, pour bien montrer que, dans l'immédiat, on ne les accusait de rien et qu'on souhaitait simplement des explications, des éclaircissements.

[Galathée]

Bernard Saugeverte vira, en un instant, au rouge profond.
" Je suppose que vous plaisantez ?! s'offusqua-t-il, furieux. D'abord, de quel droit vous êtes-vous permis de fouiller dans nos affaires ? Vous êtes de la garde ? Depuis quand ? Ce que vous racontez est ridicule ! Comme si Ancolie pouvait faire une chose pareille ! Un — qu'avez-vous dit ? — un rituel pour invoquer un esprit maléfique ? C'est absolument absurde ! Ancolie n'y connait absolument rien ! Elle ne ferait pas de mal à une mouche ! Elle ne sait même pas tordre le cou d'un poulet !"

[Taliesin]

Il acquiesça puis répondit d'un ton posé :
-Je n'en doute pas. Et c'est pour cela que j'ai tenu à ce que nous en discutions ici, par souci que nous puissions nous expliquer calmement, sans que cela vous porte préjudice.
Il les observa tour à tour avant de reprendre :
-Pour le reste, tout ce que nous avons entrepris l'a été dans le but de trouver l'assassin de messire Maurin, afin qu'il ne puisse ni s'enfuir, ni récidiver. Et je n'ai procédé à aucune fouille moi-même : Kathleen et Lorcan s'en sont chargé, en commençant par mes propres possessions.

[Galathée]

" Et vous n'avez pas pensé qu'ils pourraient être les gens les plus susceptibles de s'y connaître en rituels obscurs ? Maurin avait mis en garde Lorcan contre ces pratiques !"
Le halfelin ne tourna vers le garde-chasse.
" Il vous avait demandé d'arrêter ! Il me l'a dit ! Vos... sortilèges... attiraient le mauvais oeil !"
Le garde-chasse fit un pas en avant et le halfelin se ratatina sur lui-même. Kathleen s'interposa cependant, bloquant le passage de son collègue et peut-être compagnon.

[Taliesin]

Puisque Kathleen était intervenue, il jugea inutile d'en appeler au calme - ç'aurait été redondant. A la place, il préféra répondre posément au sieur Saugeverte :
-On m'a dit que Lorcan s'y connaissait en matière de rituels : c'est pour cela que j'ai fait appel à lui pour examiner celui que nous avons découvert. Par ailleurs, je suis parfaitement conscient que ne connaissant personne ici, qu'ignorant tout des relations, des antagonismes, bref, de la situation, je pourrais être aisément manipulé si je n'y prenais garde. Alors j'y prends garde, croyez-moi, et plutôt deux fois qu'une.
Il fit une courte pause, se tourna vers Ancolie et lui demanda, très courtois :
-Madame, pourriez-vous nous dire ce qu'il en est de cette histoire de rituel ? Je suis tout prêt à croire qu'il y a une explication très simple et sans rapport aucun avec la mort de messire Maurin mais;.. nous avons besoin de vous entendre.

[Galathée]

" Je n'ai certainement pas appelé d'esprit funeste ! s'exclama-t-elle, d'une voix rendue aiguë par la tension.
— Comment savez-vous que ce n'est pas lui qui a fait le rituel ? demanda Bernard. Il a très bien pu faire semblant de le découvrir ! Il était furieux de toutes ces... mazticanneries que les d'Averlande avaient introduit ici. Et Maurin n'avait aucune intention de s'en défaire...
— Les désaccords de Lorcan avec le sire d'Averlande n'atteignaient certainement pas les sommets que vous imaginez, grommela Kathleen. Lorcan ne l'aurait jamais tué ! Il l'a pratiquement élevé !
— Et alors ?"

[Taliesin]

Le barde, s'efforçant de demeurer parfaitement calme, continua à s'adresser à Ancolie.
-A nouveau, madame, je veux bien vous croire. Mais peut-être avez-vous réalisé ce rituel dans un autre but... Si tel est le cas, dites-le moi, s'il vous plait. Je vous jure que je ne le répéterai pas : la seule chose qui m'intéresse est de découvrir le meurtrier de messire Maurin. Le reste, les éventuels antagonismes entre les personnes se trouvant ici... Ce n'est pas mon affaire.