La Couronne de Cuivre

Après un salut cordial au Tavernier, Arya monta les quelques marches qui la conduire jusqu’à sa chambre et lorsqu’elle ouvrit la porte, le confort simple mais accueillant la satisfirent et en son fort intérieur remercia le tavernier de l’avoir installée dans cette chambre donnant sur la vie de la nature et lui permettant de rêver aux forêts qu’elle affectionnait . Ses premiers gestes furent de profiter de cette eau limpide et fraîche qui semblait l’attendre et après une toilette bien nécessaire, l’Elf rangea ses quelques affaires dans le coffre, y déposa également ses armes qui lui semblaient dans l’immédiat inutiles, puis s’allongea sur le lit qu’elle reconnu comme valant bien une couche de mousse épaisse.
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Elle resta longtemps allongée sur le dos, le bras croisés derrière sa tête à revivre ces premières heures à Lumenis qui lui apparaissait enfin comme une cité où elle avait l’impression qu’elle pourrait s’établir. Un sommeil réparateur vint la chercher dans ses rêveries et l’emporta jusqu’au petit matin où le chant des oiseaux qui étaient ses voisins vint la réveiller avec une enchanteresse et joyeuse mélodie alors que l’astre du jour venait d’amorcer sa lente course journalière.
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Elle s’étira longuement, fit une courte toilette, coiffa soigneusement sa longue chevelure qu’elle laissa libre, avant de revêtir le seul vêtement encore présentable après sa longue errance, une tunique irisée bien coupée dans un tissu léger agrémentée de quelques broderies discrètes, une cordelette nouée marquant la finesse de sa taille. Elle mit autour de son cou une fine chaîne sur laquelle était passé un médaillon elfe.
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Sans s’attarder, elle descendit d’un pas aérien les quelques marchent l’amenant dans la salle où le tavernier était déjà en train de servir les premiers clients de la matinée qu’elle salua à la volée.
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Bonjour à tous, quelle belle journée qui nous attend !
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La porte grande ouverte laissait entrer la fraîcheur matinale accompagnée par les premiers rayons de soleil et elle prit place non loin de là pour profiter de l’animation qui commençait dans la ruelle en attendant la venue du Tavernier.

Celui-ci ne tarda guère. Vu l'heure matinale, la clientèle était encore peu nombreuse, constituée avant tout des personnes ayant loué une chambre : marchands désireux de traiter au plus vite leurs affaires et voyageurs devant quitter la ville pour quelque périple, en majorité.
-Bonjour, m'dame ! fit l'homme en lui souriant. J'espère que vous avez bien dormi ! Qu'est-ce que ce sera, pour votre service ? Le laitier est passé, le fermier qui nous approvisionne en œufs aussi, devrait y avoir de quoi satisfaire vos apétits !

Arya n’avait pas eu le temps de penser à ce qui la contenterait pour ce premier repas de la journée lorsque le tavernier arriva pour s’enquérir de sa commande.
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- Bonjour Tavernier ! Je vous remercie, j’ai passé une excellente nuit et mon réveil fut des plus agréables, il s’en fallait de peu que je me croie au milieu d’une forêt tant mes petits voisins ont mis du cœur à chanter l’aube naissante. Vous pensez bien que cela m’a mise en appétit et si cela est possible, je prendrais du lait de chèvre, des œufs car ils doivent être très frais, du pain, du fromage et quelques fruits.
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Son sourire s’agrandit, son regard dans lequel brillait sa bonne humeur se posa sur le tavernier avec sympathie.
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- J’aime la mer et les navires, alors après j’irai errer un peu sur les quais en attendant que l’Université de la Magie ouvre ses portes, cela me plairait d’y enseigner et j’ose espérer qu’ils manquent de professeurs.
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Elle regarda l’homme un peu gênée, mais elle ne voyait pas à qui d’autre poser sa question, elle baissa le ton pour que les autres consommateurs ne l’entendent pas.
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- Et puis, peut-être pourriez-vous m’indiquer où je peux trouver un lavoir, mes vêtements ont bien besoin d’être rafraîchis en attendant que je fasse fortune.

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Le tavernier, souriant, lui répondit à voix basse, d'un air de conspirateur.
-Vos vêtements, vous n'aurez qu'à nous les confier. On les fait laver pour certains de nos clients trop affairés pour s'occuper de ce genre de tâches quotidiennes. Ils sont contents, et ça donne du boulot à quelqu'un... Laissez-les donc dans votre chambre, on s'en chargera. Pour le reste... Vous êtes magicienne ? J'aurais pas cru. Je vous aurais plutôt vu barde, rapport à votre chanson d'hier. Mais c'est vrai que les elfes sont souvent doués en magie... Tenez, l'une de nos nouvelles conseillères, dame Lathiriel Dizathir. Ben, c'est une elfe, et elle dirige l'Université. Il vous faudra sans doute la rencontrer, si vous voulez trouver du boulot là-bas. A mon avis, y aura de la place : l'ancien directeur et plusieurs professeurs étaient du côté du tyran... Inutile de dire qu'on les a pas laissé garder leur poste !
Sa tirade terminée, il s'en fut dans les c uisines et revint avec le petit déjeûner commandé par Arya. Il lui souhaita ensuite bon apétit et partit s'occuper ses autres clients.

Devant elle un copieux repas de produits frais, dans son esprit une excitation en pensant à sa future journée et un nom qu’elle avait immédiatement retenu « Dame Lathiriel Dizathir » , les paroles du Tavernier, comme celles d’un consommateur la veille au soir, lui permettaient de croire que son rêve allait devenir réalité. Maintenant, Arya croyait en son destin et avait de plus en plus la certitude que ce n’était pas un hasard si ses pas l’avaient conduite jusqu’à Lumenis et qu’il lui fut conseiller de se rendre à la Taverne de la Bienveillance, qui portait si bien son nom. La couleur de ses yeux ressemblait à une mer aux eaux calmes dont la surface était parcourue par une brise légère donnant l’impression que les étoiles de la nuit étaient venues y jouer pour les faire étinceler.

- Arya prit le gobelet qu’elle porta à ses lèvres, le vidant à moitié avant de le reposer en passer sa langue gourmande sur ses lèvres tant le breuvage était à son goût. Puis, sans se presser, elle s’attaqua aux œufs dans lesquels elle trempa le pain frais à la mie moelleuse et à la croûte croustillante, fit honneur au fromage frais comme au plus corsé, avant de terminer par un fruit juteux et sucré gorgé du soleil de cette fin d’été.

Le temps avait filé comme un lièvre détalant devant le chasseur et une fois son petit-déjeuner terminé, sortant de ses rêveries, elle se leva et se dirigea vers sa chambre pour préparer les vêtements qu’elle laisserait au bon soin du Tavernier, les pliant avant de les déposer sur le coffre, se réjouissant qu’une personne en prendrait soin pour elle et les lui rendrait fleurant bon le frais et le savon, avant de prendre une minuscule musette et de regagner le comptoir derrière lequel l’homme s’afférait. Elle posa sa clef tout en souriant.

- Je vous remercie pour votre amabilité, j’ai déposé sur le coffre les vêtements dont je vous ai parlé. Maintenant, je vais à la conquête pacifique de Lumenis.

Elle se dirigea vers la porte d’un pas léger, s’arrêta sur le seuil pour aspirer une grande bouffée de l’air frais qui avait une senteur de liberté, avant de se diriger vers le port.

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Le magicien quitta le débarcadère et chercha l’auberge qu’on lui avait conseillée. Ce ne fut pas bien difficile de la trouver surtout qu’il avait l’habitude d’évoluer en des lieux inconnus. Il mit son mulet à l’écurie et poussa la porte de la Bienveillance. Une chaude atmosphère l’accueillir et il apprécia cela. Il faisait plutôt froid à l’extérieur avec le vent marin et la nuit naissante. Manfred regarda la pièce en restant un instant au seuil de l’entrée et adressa un aimable « Bonsoir. » aux clients qui s’y trouvaient. Ceci fait, il s’avança vers une table libre et s’y installa. Bataki quitta alors son épaule et vint se poser au bord de la table. Il se tourna vers son maître et lui adressa un regard évocateur.
« Oui, oui, toi aussi tu auras de quoi manger. » Murmura le vieillard.
« J’espère bien. » Croassa le corbeau sans trop de discrétion.
Le devin voulut rétorquer quelque chose mais il s’abstint. Il se contesta d’attendre que quelqu’un vienne à lui.

Cela prit un certain temps. C'était l'heure de pointe à l'auberge, et le tenancier ne savait plus où donner de la tête pour répondre aux sollicitations de sa clientèle fournie. Il ne lui serait jamais venu à l'esprit de se plaindre d'une semblable activité - il aimait son métier et la tyrannie de Nwalk n'avait pas été exactement propice aux affaires - mais il devait bien avouer qu'à force de courir d'une table à l'autre, il avait un peu le tournis.
Il finit cependant par remarquer Manfred et se présenta à lui dès qu'il en eut la possibilité.
-Bien l'bonsoir, messire ! fit-il d'un ton bonhomme..Qu'est-ce que ce sera, pour votre service ?

« Et bien, cher monsieur, j’aimerais avoir un bon repas. Mon voyage en mer a creusé mon appétit. Pour le menu, je vous fais confiance. Si vous avez une spécialité, pourquoi pas me la faire goûter. Je ne serais également pas contre un bon verre de vin. » Répondit le magicien en regardant le tenancier.
« Et moi ! Et moi ! Ne m’oubliez pas ! » Fit le corbeau un peu inquiet.
« -Ha oui. Et quelque chose pour mon compagnon à plumes.
-Quelque chose de bon ! » Reprit le volatile en fixant l’aubergiste et en battant à quelques reprises des ailes.
« Bataki, un peu de tenue, je te pris. »

L'intervention du volatile ne parut pas le moins du monde décontenancer l'aubergiste. Il en avait vu des vertes et des pas mûres depuis qu'il tenait l'établissement. Des multitudes de rôdeurs aux compagnons à poils et à plumes, des cohortes de mages aux familiers divers et variés avaient logé sous son toit. Et même des alchimistes, comme ce gnome, Dubnium Nikelkadmium, qui s'était livré ici même à moult expériences, sans provoquer la destruction du bâtiment. Alors, ce n'était pas un simple corbeau parlant qui allait l'étonner, ça non !
-Quelque chose de typique, alors ? Hum... Du coq au épices, ça devrait vous plaire... Certains trouvent que faire cuire la volaille qui accueille l'aube de ses chansons n'est pas de très bon goût dans la cité de Lathandre, mais nos cuistots ont de l'humour... Et c'est fameux, vous verrez ! Quant à votre compagnon... Je devrais aussi trouver de quoi faire son bonheur.
Il s'esquiva sans plus tarder et disparut derrière son comptoir. Il refit peu après son apparition dans la salle commune, servit les commandes les plus rapides puis, après une nouvelle éclipse, revint chargé d'un plateau portant les mets commandé par l'étrange duo. Pour le corbeau, il y avait une longue lichette de viande crue et saignante. Manfred comprit que, s'il avait pu lui dénicher quelque chose de faisandé, pour coller au mieux aux apétits charognards de l'oiseau, il l'aurait fait. Mais sans doute était-ce interdit de posséder de la viande avariée dans une cuisine, au vu des normes d'hygiène en vigueur...
-J'espère que vous serez satisfaits...fit-il après avoir déposé le tout sur la table. Et si vous avez besoin de quoi que ce soit, criez très fort !
Un instant plus tard, il était reparti vaquer à ses occupations.

Et bien, l’arrivée dans la cité de lumière débutait fort bien. Aucun problème avec les douaniers et maintenant, cette aubergiste agréable et quelque peu original…. Manfred n’avait pas de raison de se plaindre. Il remercia l’homme avant qu’il ne disparaisse puis, il commença à déguster le plat qu’on venait de lui servire. Le corbeau, lui, avait débuté son repas dès que le plateau fut posé et il semblait pressier d’en finir avec sa viande saignante. Décidément, il manquait un peu de savoir-vivre.
« Bataki, ton repas ne va pas se sauver. » Fit remarquer le mage d’une voix basse et sévère.
« -Qui sait ?
-Moi. Il n’a pas ce qu’il faut. C’est une question de logique.
-Il peut ramper.
-Aller, fait preuve d’un peu plus de civilité, tu veux ? Parfois, tu me fais honte.
-Désolé maître, j’assairais… »
L’oiseau noir adopta une cadence plus raisonnable un bref instant avant de reprendre son thymie effréné. Tans pis…. Et tous cas, ce coq aux épices était succulent mais le vieillard n’y faisait pas vraiment attention. Sitôt la discussion avec son familier terminée, il sombra dans ses réflexions. Ses expériences passées et envisagées, ses constatations, ses espoirs, ses échecs, tous cela tournoyait dans sa tête et à cette dense spirituelle s’ajoutait la brume de la fatigue et le bourdonnement des conversations des autres clients. Ce n’était ni le lieu, ni le moment pour avoir des réflexions constructives.
Manfred réalisa qu’il venait de finir son repas et c’est sans surprise qu’il constata que Bataki était dans le même cas. Plutôt que de crier pour appeler l’aubergiste, il se leva et se rendit au comptoir. Son corbeau était retourné s’installer sur son épaule. Là, le magicien accosta le tenancier dès que celui-ci passa à proximité et qu’il paraissait pouvoir écouter.
« Combien vous dois-je pour le repas ? Et j’aimerais aussi avoir une chambre s’il vous en reste une. »

L'aubergiste lorgna le tableau des clefs. Il était presque vide.
-Vous avez de la chance, m'sire ! fit-il. Beaucoup de bateaux sont arrivés aujourd'hui, et on est presque complets. Mais il me reste deux chambre... La plus grande est au dernier étage, ce qui vous obligerait à vous farcir tous les escaliers... Enfin, ça me paraît pas être un problème pour vous, vous semblez encore avoir bon pied bon œil... L'autre est un peu p'tite et donne sur la rue, mais elle est au premier, donc, c'est à vous de voir ce que vous préférez... Avec le repas et le petit déjeuner demain, ça vous ferait deux pièces d'or.

-Et bien, je vais prendre la plus grande. Comme vous l’avez très justement remarqué, le temps ne pèse que modérément sur mes épaules et ce n’est pas un escalier qui va m’arrêter. Répondit Manfred tout en sortant une bourse plutôt bien remplie de l’intérieur de sa robe grise et en posant deux pièces d’or sur le comptoir.
-Ce que vous servez est excellent ! Croassa alors Bataki.
-Oui, en effet, c’était très bon. Je ne regrette pas d’avoir suivit le conseil du douanier.
Le magicien attendit ensuite qu’on lui remette la clef de la chambre. Il n’allait pas s’attarder dans la grande salle.

L'homme saisit l'une des deux seules clefs restantes sur le tableau et la tendit à Manfred.
-Tenez. C'est la 27. J'espère qu'elle vous conviendra. N'hésitez pas à venir me voir, en cas de besoin : je suis pas près de me coucher...
Au sortir de deux raides volées d'escalier, le mage put découvrir son pied à terre. C'était une vaste chambre, meublée d'un grand lit, d'une imposante commode, et d'un grand bureau. Broc d'eau clair et bassine complétaient le tableau. Quant à la fenêtre qui éclairait les lieux, elle donnait sur la calme cour de l'auberge et préservait ainsi l'occupant du vacarme de la rue, même si ce dernier était encore audible, vague rumeur dans le lointain.

-Merci. Je vais chercher quelques livres et je monte. Bon courage pour votre fin de journée.
Le magicien se détourna et sortit de l’auberge pour gagner l’écurie où se trouvait son mulet. Il enleva à ce dernier un sac et retourna avec dans la grande salle de l’établissement avant de s’engager dans les escaliers. Ainsi chargé et sans le soutien octroyé par son bâton, qu’il avait volontairement laissé dans ses bagages, le magicien éprouva tout de même un peu de difficulté à gravir les marches. Il maudit intérieurement sa vieillesse et arriva à la chambre numéro 27. Il entra et referma la porte derrière lui. Son corbeau alla se poser sur le bureau.
-On a eut pire.
-As-tu besoin de dire sans cesse des évidences ?
Manfred alla poser le sac de toile à côté de son familier et l’ouvrit. Plusieurs gros grimoires apparurent. Malgré la fatigue du voyage, le vieillard était tenté de s’y plonger. Il saisit l’un des ouvrages, l’ouvrit, le feuilleta un peu, puis il le referma. Indécis, il alla jeter un coup d’œil par la fenêtre. La nuit était presque tombée. Ce n’était pas raisonnable d’étudier les Arcanes ce soir. Le magicien fit donc uniquement ce que sa profession imposait puis il reposa le livre et referma le sac. Il désigna ensuite ce dernier de la main et murmura une formule. Il s’agissait d’un sort d’Alarme. C’était pour
cette raison qu’il avait emporté le sac dans sa chambre, il voulait protéger son contenu qui avait d’une importance capitale pour son projet, sans compter que plusieurs manuscrits étaient compromettant.
Ceci fait, Manfred s’assit sur le lit et resta un instant pensif. Peut de temps plus tard, il s’était allongé et avait sombré dans un profond sommeil alors que Bataki s’était installé sur le sac et ne dormait, comme à son habitude, que d’un oeil.
Le vieillard ne se réveilla pas très tôt le lendemain. Il ne fut pas long à apparaître dans la grande salle, portant son sac au-dessus duquel dormait encore le corbeau. Il chercha des yeux l’aubergiste.

Tout autant que la veille au soir, l'homme s'afférait à satisfaire sa clientèle. Certes moins nombreuse, celle qui occupait à présent la grand-salle était sans doute aussi bien moins aisée à satisfaire. Les marchands s'étaient pour la plupart esquivés depuis longtemps, après avoir avalé en toute hâte un solide petit-déjeuner : les affaires n'attendent pas.
Ceux qui s'attardaient à l'auberge étaient d'une tout autre espèce. De celle, précisément, qui se réveille avec d'affreux mots de crâne et un goût horrible au fond de la gorge. Le tenancier s'efforçait de soulager leurs mal, préparant patiemment les recettes diverses et variées qu'ils réclamaient pour s'apaiser, proposait parfois les siennes face aux cas les plus désespérés...
Il finit cependant par pouvoir s'arracher aux griffes de ces soulards temporairement repentis pour venir se porter à la hauteur de Manfred.
-Bonjour, m'sire ! Bien dormi ? Voules manger un bout ? C'est pas très tôt, mais on dénichera bien quelque chose pour vous sustenter...

-La nuit fut très agréable. J’en avais besoin. Et oui, je prendrais bien quelque chose. Encore une fois, je vous fais confiance pour le menu, répondit le magicien.
Ensuite, ne désirant pas vraiment avoir pour compagnie l’un des ivrognes présents dans la salle, il s’approcha d’un pas tranquille d’une table vide. Il y posa son sac puis s’y installa. Il attendit que l’aubergiste vienne le servie et il ne tarda pas à penser aux affaires qui l’avaient conduit à Luménis. Il s’agissait maintenant de trouver un endroit où s’installer. Le vieillard comptait bien ouvrir son commerce et il espérait que les démarches ne seraient pas trop compliquées et surtout, pas trop longues. Le temps, il n’en avait pas à perdre. Bataki, lui, semblait bien partit pour faire une grasse matinée.

Peu après, l'aubergiste survint et déposa devant Manfred un petit déjeuner autrement plus copieux que ne l'avaient laissé supposer ses modestes propos : pain frais, beurre, miel, confitures et marmelades, gruau d'avoine... il y avait largement de quoi combler un petit creux matinal.
-Alors, des projets pour la journée ? s'enquit-il une fois assuré qu'aucun autre client n'avait pour l'heure besoin de ses services. Toujours beaucoup de démarches quand on débarque quelque part, je le crains... Enfin, sauf si vous êtes que de passage.

Décidément, on mangeait bien à cette auberge, ce dit le magicien en regardant ce qu’on venait de lui servire. Du fait de ses voyages, il avait connu des lieux des plus misérables et des repas presque indigestes. Encore assez récemment, il s’était installé dans un petit village d’Amn très inconfortable. Voilà pourquoi il appréciait d’autant plus ces premiers contacts prometteurs dans la cité de lumière. Manfred commença à manger tous en écoutant le tavernier puis il fit une pose dans sa dégustation afin de pouvoir lui répondre convenablement.
-Et bien, je pense rester en ville et ouvrir un commerce. Je suis devin et peut-être que mon savoir pourrait être utile à certain. D’ailleurs, peut-être pouvez-vous m’aider. Savez-vous auprès de qui dois-je m’entretenir pour acquérir une maison et déclarer mon activité ?

Le tenancier se frotta le menton, pensif.
-Hum... Pour créer une boutique, c'est au Syndicat du Commerce qu'il faut s'adresser... C'est pas très loin d'ici, sur la place de Waukyne. Il me semble qu'ils l'ont réouvert récemment... C'est lui qui s'occupe des déclarations, de la cession des locaux et tout. Par contre... Je suis pas vraiment au courant des conditions qu'on peut vous réclamer, mais si je me souviens bien, qu'être citoyen facilite grandement les choses... Et pour devenir citoyen, c 'est la direction du salon des naturalisations qu'il faut prendre. Enfin, faites d'abord un saut au syndicat : ils vous diront si c'est absolument nécessaire. En tout cas, j'ai l'impression qu'on vous causera pas beaucoup de tracas : le conseiller Théobald fait tout pour redonner au commerce sa vigueur d'antan, et les bonnes initiatives sont plutôt soutenues uq'entravées.

Le magicien écouta avec attention les paroles de l’aubergiste. Visiblement, mettre sur pied une boutique ne serait pas bien ardue. Tant mieux mais restait à voir si c’était vraiment le cas. Le vieillard n’allait pas perdre un instant pour cela.
-Ce que vous me dites est encouragent. Je vous remercie de vos renseignements, ils me seront utiles.
Manfred mordit dans son pain puis quelque chose lui vint en tête, quelque chose qui, pour une fois, n’avait pas de rapport avec son projet. C’était suffisamment rare pour être signalé. Il interrogea de nouveau le tenancier afin d’en savoir plus sur une rumeur.
-Heu, dite-moi. J’ai ouie dire sur le navire qui m’a mené ici qu’il y avait eut dans la cité un événement grave. Je n’ai pas vraiment eut plus d’informations claires sur le sujet mis à part que le commerce en avait souffert. Que s’est-il passé ?

L'aubergiste poussa un imperceptible soupir. Il avait perdu le compte des voyageurs lui ayant posé semblable question lors de leur séjour en son établissement. A vrai dire, c'était quasi systématique. Il se faisait un devoir de leur répondre et ne voyait rien à cacher en la matière, ce n'était pas là le problème. Simplement, il aurait préféré pouvoir un peu oublier cette page sombre de l'histoire récente qui pesait encore de tout son poids sur la cité convalescente.
-Nous avons subi le joug d'un tyran... commença-t-il comme il le faisait à chaque fois.
Il se nommait Morféa Nwalk et était arrivé à Luménis parmi un groupe d'anciens esclaves ayant fuit Mélandis la Sombre. A force d'intrigues, de fausses promesses, Nwalk a non seulement réussi à soulever bon nombre de ces réfugiés, mais aussi une partie des habitants pauvres de la ville. Personne ne s'attendait à un tel coup d'état, et son succès fut complet.
Il secoua la tête.
-Je vous passe le détail des horreurs dont son règne fut émaillé. Sachez juste qu'il alla jusqu'à organiser la destruction d'un quartier entier et le massacre de tous ses habitants. Face à ces exactions, un mouvement de résistance s'est développé. Mais il a fallu des mois pour parvenir à chasser le Seigneur Noir de son trône. Depuis six mois qu'il a chuté, nous tentons de réparer ce qu'il a détruit, de panser les plaies qu'il a causées... Nous sommes en bonne voie, mais il reste encore énormément de travail. C'est pour cela que je suis optimiste pour votre commerce : on a besoin de toutes les bonnes volontés, afin de relancer les choses.

-Voilà une bien triste histoire, répondit Manfred après avoir écouté en silence le récit de l’aubergiste. Luménis n’avait pas besoin de cela. Hélas, il n’y a pas de lieux en ce monde où le malin ne tente pas de s’y introduire. Lors de mes voyages j’ai entendu parler de nombreuses tragédies dont beaucoup ne s’achevaient pas de manière heureuse. Enfin…. Je serais enchanté d’apporter mon aide pour que la cité se remette pleinement de cette sombre période.
Le magicien regarda son petit déjeuné mais il avait encore une chose à dire au tenancier avant de pouvoir manger.
-Je vais payer ma chambre pour ce soir. Bien que les démarches ne devraient pas être trop longues, je ne pense pas avoir un autre lieu où dormir avant quelques jours. Et plus, je laisserais mes bagages dans la pièce comme ça, ils ne m’encombreront pas. Combien vous dois-je ?
-Et… mais, y’a rien pour moi ?
Bataki venait de se réveiller et il regardait le plateau à la recherche de quelque chose à son goût. Le vieillard eut un petit sourire.
-Peut-être avez-vous encore quelque chose pour mon petit compagnon ? fit-il à l’aubergiste.

Le magicien finit son petit déjeuné tout en repensant à ses obscures ambitions. Il attendit ensuite quelques instants que son familier eut terminé à son tour son repas. Une fois, ceci fait, il se leva et prit le sac contenant ses grimoires pour le remonter dans sa chambre. Il avait un peu l’esprit ailleurs quand il l’avait descendu dans la grande salle et le corbeau ne put s’empêcher de faire une remarque à ce sujet.
-Bravo pour l’organisation ! J’applaudirais si j’avais des mains !
-Ho, toi, je sens que tu vas t’occuper de monter seul le reste des affaires.
-Heu…
Quand le vieillard eut déposé le sac, il fit plusieurs voyages entre sa chambre et l’écurie pour transférer le reste des bagages. Il eut la chance qu’un jeune homme, qui l’aperçu en plain effort, lui proposa son aide ce qui facilita grandement la manœuvre. Voilà, Manfred pouvait y aller. Il retourna dans la grande salle, salua l’aubergiste, remercia la personne qui l’avait aidé, puis il quitta l’établissement. Cette fois, il avait prit son bâton, c’était plus raisonnable, il allait certainement marcher pas mal de temps aujourd’hui. Tout d’abord, direction le syndicat du commerce.

C’est d’un pas rapide que Arya avait parcouru le chemin qui l’amenait depuis le . La nuit était sombre et elle n’avait pas traîné le long des ruelles faiblement éclairées par les quelques lampadaires épars. L’Elfe ne craignait pas particulièrement de faire de mauvaises rencontres, car elle saurait se défendre. Mais par habitude pour autant qu’elle le puisse, elle évitait de provoquer le mauvais sort.
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Lorsqu’elle pénétra dans l’établissement, comme c’était à l’habitude à cette heure de début de soirée, quasi toute les tables de l’estaminet étaient occupées. Le tavernier était occupé à quelques tables de là et l'Elfe se dirigea vers le comptoir et attendit sans impatience qu'il revienne tout en observant les clients.

La clientèle de l'auberge était aussi hétéroclite que de coutume : des paysans venus vendre leurs productions en ville, des habitués désireux de siroter un verre, des voyageurs de passage... L'abondance de matelots et de marchands signalait toutefois que des bateaux avaient rejoint le port en cours de journée.
Lorsqu'il remarqua Arya, le tenancier lui adressa un signe de la main en guise de salut. Mais il lui fallut encore s'occuper d'un certain nombre de consommateurs avant de pouvoir la rejoindre.
-Bonsoir, mademoiselle ! fit-il d'un ton joyeux. J'espère que tout s'est bien passé pour vous, aujourd'hui. Vous deviez aller à l'Université, si je me souviens bien...

Le sourire d’Arya était une réponse en elle-même et le ton enjoué de sa voix démontrait que les nouvelles étaient excellentes, bien au-delà de sa visite à l’Université.
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- Bonjour Tavernier ! Vous voilà de superbe humeur, c'est à croire que votre journée a été aussi bonne que la mienne. Telle que vous me voyez, je suis maintenant Lumenienne et pour répondre à votre question, j’ai été engagée à l’Université, je commence demain. J’en suis fort satisfaite car l’ambiance me semble propice pour un travail de qualité. En me promenant, j’ai également fait la connaissance de plusieurs personnes et me suis inscrite à la Bibliothèque. Cette première journée m’a été très favorable et enrichissante au point que je vais vite me retrouver débordée par mes nouvelles occupations, l’Elfe rit de bon cœur, qui en fait ressemblent à celles que j’ai toujours eues.
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Si c'est possible, j’aurai volontiers pris mon repas dans ma chambre. J’ai emprunté un livre à la Bibliothèque et j’ai hâte de découvrir ses écrits, pour cela je serais plus tranquille en me retirant.

L'homme acquiesça.
-Bien sûr, je comprends. Je vous monte ça dès que possible, c'est à dire... - Il jaugea la salle comble et les clients qui le réclamaient déjà - d'ici un p'tit quart d'heure, à vue de nez.
En réalité, le quart se mua en demie heure, mais au moins le repas que l'aubergiste apporta dans la chambre de la magicienne était-il chaud et copieux. Une fois de plus, il l'invita à venir le trouver si elle avait besoin de quoi que ce soit, puis s'en fut regagner le rez-de-chaussée et le tumulte des conversations.

Dès qu’elle fut dans sa chambre, Arya rangea avec soin la bourse que lui avait remise l’intendant de l’Université dont les pièces d’or tintèrent joyeusement et dont elle avait bien l’intention de se séparer d’une partie en réglant son dû et quelques avances à l’Aubergiste, ainsi que le parchemin prouvant de sa citoyenneté qu’elle relut avec délice. Puis, elle s’installa sur le lit et se plongea dans la lecture du livre emprunté à la Bibliothèque.
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L’Elfe ne vit pas le temps passé, mais fut plus que ravie lorsqu’elle aperçut le plateau bien rempli dont le fumet la mis plus que jamais en appétit, elle qui n’avait rien avalé depuis son petit déjeuné sentit d’un seul coup son estomac crier famine.
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Elle s’installa à la petite table qui lui permettait juste de poser son plateau et son livre. Tout en savourant les aliments dont elle appréciait chaque bouchée, elle dévorait les lignes qui couraient sous ses yeux comme un lièvre poursuivi par un renard.
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Une fois son repas terminé, elle retourna sur son lit, sans cesser de lire s’y installa confortablement. Les heures passèrent et sans que Arya ne s’en rende compte, elle sombra dans un sommeil profond aux rêves multiples qui l’emmenèrent au plus profond de ses contrées décrites habillement dans l’ouvrage, mais qui ne faisaient pas partie de ses souvenirs.
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A l’aube naissante, elle fut tirée de son sommeil par une kyrielle d’oiseaux lançant à l’univers leurs chants mélodieux et puissants. Elle s’étira longuement souriante à ce jour nouveau, puis se leva en pleine forme. Alors qu’elle faisait sa toilette et s’habillait, sa journée se mit en place et c’est un éclat de rire qui retendit alors qu’elle prenait dans la malle son grimoire, le parchemin prouvant sa naturalisation et une trentaine de pièces dans la bourse dont elle glissa une dizaine dans la sienne, elle mit le tout dans sa triste besace qui était guère présentable mais qui lui était indispensable, et une vingtaine de pièce d’or dans une pochette qu’elle remettrait comme avance au tavernier pour la chambre et les repas. Le temps allait lui être compter si elle voulait pouvoir faire toutes les occupations qu’elle avait programmées et qui en l’instant lui tenaient toutes à cœur mais il y avait trois priorités : le RV avec Podrick sur les quais, la préparation de ses cours du lendemain à l’Université et une visite à Angwe à la Bibliothèque. Elle espérait également trouver le temps pour s’acheter quelques vêtements et surtout remplacer sa besace qui en avait un réel besoin.
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Une fois prête, elle quitta sa chambre et descendit rapidement l’escalier pour s’installer comme la veille à une table près de la porte d’entrée qui était ouverte laissant les odeurs et la fraîcheur matinales venir enivrer les quelques clients présents à cette heure matinale.
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