L'antre d'Asmodeus

[Asmodeus]

La momie n’avait rien moins qu’envie de s’attarder dans les rues de la ville au risque de déclencher un fâcheux incident préjudiciable à ses plans de discrétion. Sa mission l’avait tenu bien trop éloigné de son domaine et Asmodeus aspirait à en retrouver le confort et la quiétude.

Il ne tergiversa pas et s’éloigna dans une rue qu’il jugea déserte avant de voyager rapidement sous la forme d’un tourbillon de sable jusqu’au-delà des grilles du grand cimetière. Là, il reprit une marche plus classique sans vraiment se soucier des dangers mortels que recelait l’endroit pour les vivants.

Il s’engouffra dans un caveau donnant sur des tunnels menant eux-mêmes à son domaine et sa première action, en y arrivant, fut de jeter l’épée honnie au fond d’un sarcophage dans lequel elle ne pourrait plus lui nuire. Il la sortirait peut-être plus tard pour aviser de son utilité potentielle mais il avait présentement besoin de calme pour réfléchir à son avenir immédiat.

[Le Façonneur]

Et du calme, il put en avoir, à son grand soulagement. Isolée dans son sarcophage, l’exécrable épée magique ne pouvait guère l’insupporter. Ho, certes, elle vomissait injures et provocations à longueur de temps, mais sa prison de pierre atténuait sa voix que la distance achevait d’étouffer. En somme, la momie pouvait enfin sereinement penser à l’avenir. L’anneau du Façonneur lui ouvrait de nouvelles perspectives.

[Asmodeus]

La voie de repli était bel et bien bloquée : le nain le constata instinctivement en examinant la lourde paroi de pierre. Il en déduisit également qu’il avait fallu un mécanisme particulièrement ingénieux ou une force surhumaine pour bloquer le passage. Toutefois, avant qu’il ait pu vraiment étendre ses réflexions et alors qu’il était en train de rejoindre le petit groupe qui avait déjà commencé à pénétrer dans la salle ovale, un cri d’effroi se fit entendre. Legcarn bouscula l’un de ses hommes pour arriver plus vite sur le lieu de l’action et eut tout juste le temps de percevoir l’indicible…

Une créature dont la taille était magnifiée par des atours d’apparat – robe, bâton ornementé et couronne – avait surpris un des humains du groupe. Avant que ce dernier ait pu réagir ou que ses compagnons n’aient esquissé le moindre geste pour lui venir en aide, la momie lui asséna un coup de bâton d’une grande puissance au niveau du cou.

Asmodeus -> Tourbillon de sable

Alors que la victime s’effondrait tel un pantin désarticulé, la créature se transforma en un tourbillon de sable aveuglant et réapparut en haut des marches d’un escalier, hors de portée. Le monstre franchit tranquillement l’arche de pierre du fond de la salle.

[Manfred]

« Et bien, je crois qu’on l’a trouvé, notre momie », déclara Legcarn avec une légèreté plutôt inappropriée à l’instant présent.
Le barde lui lança un regard appuyé, ce à quoi il répondit sèchement :
« Vous vous attendiez à quoi, Maître Bellevoix ? Hein, vous vous attendiez à quoi ?
- À ça. Je ne suis pas un imbécile, je savais que ça pouvait tourner comme ça !
- Vous le saviez, mais vous ne l’aviez pas réalisé. Votre visage blanc comme un linge l’affirme, le crie devrais-je plutôt dire !
- Moi j’ai pas vu si c’était une momie, intervint la blonde au poignard. Avec un peu de chance...
- La chance, je l’emmerde ! le coupa le nain. C’est rien qu’une pétasse qui nous lâche au mauvais moment, et j’en sais quelque chose ! Cette chose, c’était la momie. Et derrière nous, c’est un passage fermé. On n’atteindra pas les autres sorties sans buter ce mort-vivant. Ça tombe plutôt bien, on est là pour ça. Alors, vous tous, on se reprend et on se prépare à livrer bataille ! Je veux voir des visages de tueur, pas de vierges effarouchées, pigé ?! »
Il avait parlé de plus en plus fort, il avait parlé comme, quelques mois plus tôt, il l’avait fait devant son détachement, lors d’une escarmouche mal engagée. Il parvint à remobiliser ses reitres, tout en se disant intérieurement que c’était vraiment de la vermine. Il aurait dû trouver mieux. Le vieux et la blonde valaient quelque chose, mais pour le reste, ils auraient rompu les rangs rien qu’à la vue des Manostiens pourtant affaiblis par la mort de leur dieu tutélaire.
« Allez, on avance ! »Cette fois, il prit la tête.

[Asmodeus]

Indifférent aux paroles de remobilisation que Legcarn s’efforçait de tenir, le monstre disparut lentement à la vue de toutes et tous. La salle ovale possédait deux autres accès apparent en dehors de la voie que le groupe venait de parcourir que celle que venait d’emprunter la momie. Chaque arche se situait à mi-hauteur et était accessible par une courte volée de marche mais il fallait obligatoirement descendre dans une sorte de bassin pour les atteindre.

Un bassin au sol spongieux à l’odeur fortement cuivrée. Les vétérans parmi le groupe de pilleurs identifièrent sans peine son origine : du sang avait été versé ici. Et ils n’allaient pas pouvoir faire autrement que d’y tremper les pieds. Etait-ce une nouvelle mise en scène ? Une menace ? Une illusion ? Toujours était-il que le seigneur des lieux s’éloignait à chaque instant d’hésitation. Hésitations que le discours se voulant galvanisant ne suffisait pas tout à fait à dissiper.

[Manfred]

Les paroles restaient des paroles. Les actes parlaient d’avantage. Voilà pourquoi Legcarn avait pris les devants. La vue du bassin de sang ne l’émut guerre. En revanche, un léger espace se fit entre lui et les autres. Le doyen de la troupe finit par se secouer. Il déboucha une de ses fioles d’eau bénite et la jeta dans le sang, espérant conjurer un éventuel maléfice.
« Idiot »[], grommela tout bas le nain, seul à pouvoir entendre sa remarque.
Mais la précaution du vieux acheva de décider les indécis, le groupe se mit en branle pour de bon. Par un curieux hasard, Dalvier se trouvait maintenant plutôt en queue de peloton. Legcarn prit directement le passage que venait d’emprunter la momie. Il allait devoir se battre, autant le faire le plus tôt possible avant d’être trop affaibli par les pièges que ne manquait pas de posséder cet endroit impie.[/i]

[Asmodeus]

Un grondement se fit entendre droit devant mais la momie avait disparu, profitant certainement de l’hésitation du groupe et du temps qu’il lui avait fallu pour traverser le bassin et remonter les marches. Legcarn se trouvait face à un long couloir rectiligne menant à une autre arche ouverte.

Jetant machinalement un œil à ses pieds pour vérifier qu’il ne s’y trouvait aucune chausse-trappe, le nain avisa que son séjour dans le bassin lui faisait laisser des traces : en dehors de l’effet psychologique, c’était certainement un moyen qu’avait employé le maître des lieux pour mieux les suivre à la trace – ou attirer des attentions malvenues sur eux.

Alors que cette réflexion traversait son esprit, un de ses hommes poussa un juron et jeta sa besace au sol. Une nuée grouillante d’insectes et de vermines s’en échappa tout comme des autres sacs de rations que le groupe avait pris soin d’emporter.

[Manfred]

« Cette momie commence à me les briser ! » gronda Legcarn en se débarrassant de sa propre besace.
En apparence, les événements l’agaçaient, en vérité, il commençait à se dire que lui-même avait probablement sous-estimé l’ampleur de la tâche. Ils auraient vraiment dû prendre un clerc, voir deux. Quoi que Dalvier n’aurait peut-être pas eu de quoi payer. Non, en fait, le seul bon plan, ça aurait été de tuer le barde dès l’entrée des catacombes, de le dépouiller et de ressortir aussitôt. Maintenant, il était trop tard pour faire marche arrière. Il devait vaincre.
« On reste concentré ! Et on se grouille ! » beugla encore le nain.
Ils devaient se hâter, trouver le monstre, le tuer, piller son trésor. La peur, déjà commençait son office. Et d’ailleurs, où était Maître Bellevoix ? L’ancien soldat crut qu’il s’était fait la malle, mais il le vit, en dernière position, avec sa rapière lumineuse. Être le dernier, ce n’était pas forcément la meilleure place. Bah, qu’il crève ! Il y aurait moins à partager ! Il faudrait juste songer à ne pas perdre la carte.

De son côté, Dalvier commençait à envisager la possibilité de partir en catimini. Les risques étaient trop grands, il s’en rendait compte. Alors mieux valait partir pendant que le monstre était occupé. Il connaissait un chemin, il lui fallait juste la bonne occasion.

[Asmodeus]

Sous l’impulsion de l’ordre direct du nain, le groupe se remit en marche à l’exception du barde et de l’homme qui se trouvait le plus proche de lui. En effet, le premier avait marqué une hésitation tandis que le second avait préféré rester à côté de lui – que ce soit à cause de la lumière rassurante que dégageait sa lame ou tout simplement pour le surveiller.

C’est ainsi que le nain, la roublarde et le doyen de leur groupe avaient pris quelques mètres d’avance sur eux quand ils se pressèrent pour tenter de les rejoindre. Mais le couvercle d’un lourd sarcophage posé debout bascula juste à cet instant au milieu du couloir.

Le guerrier le plus proche interposa le manche de sa lourde hache en un réflexe salutaire mais la créature qui se trouvait à l’intérieur s’en saisit et elle était bien trop forte pour qu’il puisse résister à son attraction. De sa deuxième main, la momie entraîna l’homme à l’intérieur comme s’il s’agissait d’un enfant.

ur les ordres de Legcarn, les deux hommes les plus proches tentèrent de porter secours à leur complice mais un regard du mort-vivant les figea littéralement sur place, lui laissant le loisir de refermer le couvercle du sarcophage sur le reître et lui-même.

[Manfred]

« Ok, ça pue », []dit, tout bas, le nain.
Il se détourna de la scène, qui l’avait lui-même un peu ébranlé et poursuivit sa route.
[/I]« On avance, putain de merde ! On avance ! » beugla-t-il.
Il n’attendit personne. Quelque chose, dans son ton, dans son attitude, prouva aux autres qu’il n’avait plus le contrôle sur les événements, qu’il ne l’avait jamais eu. Son autorité s’en retrouva atténuée, pour dire le moins. La blonde au poignard et le vieux le suivirent tout de même, ainsi que deux trois autres. Dalvier, lui, avait déjà fait demi-tour. Il se rua vers le bain de sang pour prendre une autre voie, une voie qu’il savait mener vers une autre sortie.
« Qu’est-ce que tu fous ! lui hurla un des reitres, prêt à lui tirer un carreau d’arbalète dans le dos.
- Je sauve ma vie ! Je sauverai aussi la tienne si tu viens avec moi ! »
L’argument fit mouche, l’arbalétrier s’élança à sa suite. Dès qu’ils passèrent le sang, le barde se stoppa.
« Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? s’étonna l’autre.
- Vos bottes, retirez-les. On laisse des traces visibles comme le nez au milieu de la figure. Je ne veux pas que cette chose puisse nous suivre ! »
Bellevoix suivait déjà son propre conseil. Le reitre l’imita et tous deux s’enfoncèrent dans les ténèbres d’un nouveau couloire, guidé par la rapière lumineuse ainsi que par la mémoire d’un trajet peut-être salutaire.

HRP : pour faire le point :
- Legcarn, le vieux, la blonde et deux ou trois autres gars continuent en avant.
- Dalvier et un autre gars prennent une autre voie, ils sont en fuite.
- Le reste cherchent à défoncer le sarcophage pour sauver leur compagnon ou sont totalement paniqué.

[Asmodeus]

Se séparer dans l’antre d’un mort-vivant conscient de leur présence et vengeur n’était peut-être pas la meilleure idée qui fut mais le groupe était visiblement trop chamboulé par ses premières pertes et sa situation catastrophique pour tenir ce genre de raisonnement logique.
Les deux hommes restés pour tenter de secourir la dernière victime en date parvinrent à faire basculer le couvercle du sarcophage au prix de grands efforts et d’un temps largement assez conséquent pour les isoler des autres. Et pour toute récompense à leur acte de bravoure et de solidarité, ils récupèrent le cadavre du guerrier au regard vitreux et au visage figé dans une expression de terreur pure. Ils trouvèrent également au fond du sarcophage un passage assez large par lequel la momie avait pris la poudre d’escampette.

***

Sitôt la mare de sang franchie et le couloir par lequel ils étaient venus emprunter, Dalvier et son nouveau compagnon d’infortune firent une nouvelle désagréable rencontre sous la forme de trois zombis fraîchement ramenés à leur semblant de vie. Comble de l’horreur, la matière première ayant présidé à leur création n’était autre que les cadavres des premiers reîtres tombés. Sans plus aucune trace de leur loyauté d’antan, les trois mort-vivants attaquèrent aussitôt les fuyards.

***

Le groupe de Legcarn put s’éloigner et atteindre un nouveau carrefour. Un coup d’œil à la carte subtilisée au barde apprit au nain qu’il fallait désormais tourner à gauche pour atteindre une salle de très grande dimension qui les rapprocherait sans doute du trésor. Une autre voie menait à une petite pièce dont la fonction était indéterminée et la dernière n’était tout simplement pas détaillée sur le plan partiel.

[Manfred]

Dalvier recula à la vue des morts-vivants. Il les avait reconnu. Mince, pourquoi avait-il la mémoire des visages ? Il se demanda brièvement si une autre voie n’était pas plus appropriée et chercha une carte qu’il ne trouva pas. Mais où était-elle ? Le nain n’avait pas pu lui la voler, il était bien trop gauche. La blonde ? La blonde, c’était elle ! Qu’elle aille croupir dans les neufs enfers, songea-t-il. L’exclamation de son compagnon de circonstance le ramena au moment présent.
« Ce ne sont que des zombis ! »
Le reitre, qui pourtant aurait dû être le plus effrayé car il se retrouvait face à des connaissances, n’eut aucun mal à troquer son arbalète pour une étoile du matin et à abattre cette dernière sur le crâne du premier cadavre. La tête explosa, la cervelle gicla, le corps s’effondra.
« Je t’avais jamais aimé, Rick ! » dit le spadassin en passant à l’adversaire suivant.
Dalvier, ragaillardi, chargea avec sa rapière. Il faudrait plus que ça pour les arrêter.

* * *

Prêt du sarcophage, les deux reitres isolés se regardèrent l’un l’autre. L’un récupéra sa torche. C’était leur dernière source de lumière. Ils prirent conscience qu’ils ne voyaient plus personne. Par où aller ? La peur leur faisait perdre le sens de l’orientation.
« Par là ! » dit l’un en pointant son doigt dans une direction.
Il avait crut entendre des bruits. Les bruits portaient loin dans les souterrains. Mais les bruits de qui ? De quoi ? Ils s’y précipitèrent. Tout valait mieux que de rester à côté du corps de leur pauvre ami.

* * *

« À gauche ! » ordonna le nain.
Plus c’était grand, mieux c’était. Enfin, selon lui. Il allait trouver cette momie, la tailler en pièces, ramener ses restes ainsi que son trésor à la surface et il allait devenir riche, très riche ! Et le barde, cette espèce de loque humaine avec un courage de gobelin blessé, il ne lui donnerait rien ! Non, rien, pas même la plus petites piécettes ! Voilà le plan. Et ses plans à lui, ils marchaient toujours ! Le groupe le suivit. Leur fuite en avant bifurqua donc à gauche.

[Asmodeus]

Se débarrasser de trois zombis ne posa guère de difficulté pour les deux combattants expérimentés. Les corps des trois anciens reîtres rejoignirent bien vite la masse des cadavres bien morts reposant dans ces cryptes. Une fouille très rapide ne révéla rien d’utile à récupérer sur eux : ils n’avaient pas de torche, de nourriture ou d’objets utiles à leur fuite. Le barde et son garde du corps purent donc continuer leur progression jusqu’à un carrefour offrant deux directions différentes…


***

Les deux guerriers avaient cherchés à s’éloigner du sarcophage qui faisait désormais office de tombe à leur compagnon. Leur pérégrination les mena vers un couloir qu’aucun d’entre eux ne se souvint d’avoir traversé à l’aller. Ce n’était pas forcément bon signe sinon que les bruits entendus semblaient se rapprocher. Des bruits de cliquetis qui pouvaient fort bien provenir des armes et des armures de leurs compagnons survivants. Mais au lieu de trouver le nain ou même certains des guerriers en débouchant dans une petite salle rectangulaire, ils eurent la désagréable surprise de tomber sur une petite silhouette translucide :

- Oh vous êtes revenus: c’est super chouette ! On va jouer au loup ! C’est facile, vous verrez !

***

Une nouvelle arche permettait d’accéder à la grande salle qui figurait sur le plan. Echaudée, la roublarde prit cette fois grand soin de vérifier que nul piège ou nul mécanisme de fermeture ne risquait de les surprendre. La salle en question n’inspirait guère les sens des quelques survivants mais le nain, la roublarde, le doyen des guerriers ainsi qu’un autre homme bien moins expérimenté qui avait rejoint le groupe de mercenaires récemment avancèrent avec prudence.

La salle était aussi vaste qu’ils l’avaient imaginée. Les statues et les riches ornements des sarcophages alignés le long des murs auraient fait le bonheur d’archéologues ou d’artistes mais le regard de Legcarn et de ses compagnons se dirigea vers une scène bien plus insolite : au milieu de la pièce était dressée une table rectangulaire comportant six places et qui n’aurait pas pâti de la comparaison avec celle des plus grands restaurants de la ville étant donné les couverts, carafes et chandeliers en argent qui y étaient disposés. Seule une chaise – celle située en face de l’entrée - était occupée par un homme vêtu de très riches atours.

- Ah bienvenue ! Félicitations pour avoir échappé à cette affreuse momie !

[Manfred]

Dalvier se félicita d’avoir mémorisé le bon trajet car il n’eut pas à hésiter et put correctement s’orienter. Lui et son compagnon de circonstance avaient ralenti quelque peu la cadence, histoire d’avoir une chance de repérer un piège éventuel. Le barde se félicitait d’avoir fuit, selon lui, au moment opportun. N’en demeurait pas moins que cette expédition était un complet fiasco. Il n’avait rien trouvé de valeur et faillit tout perdre, sans compter que l’or investi, une coquette somme tout de même, se trouvait dans les poches de ce nain exécrable. Un hurlement lointain le fit frémir. Non, vraiment, ce n’était pas le moment de traîner ici.

* * *

Le hurlement provenait d’un des deux spadassins ayant recroisé l’esprit de la petite fille. Terrorisé, il n’avait pas demandé son reste et à présent s’enfuyait. Il n’avait que faire de ne pas avoir de torche. Au moins, dans le noir, il ne pouvait plus voir ses horreurs ! Son compagnon, non moins effrayé, eut toute fois une réaction opposée.
« Crève saloperie ! » beugla-t-il en fonçant sur l’esprit.
Il lui donna des coups de torche, des coups d’épée. Il allait frapper tant qu’il le pouvait, tant que cette chose était là, ou que lui-même ne le serait plus...

* * *

La stupéfaction put se lire dans les yeux de ceux accompagnant Legcarn. Le nain, lui, devint instantanément, suspicieux. Les autres restèrent sur le seuil, hésitants, lui s’avança. Il considéra rapidement la table avant de toiser cet homme. Il avait abaissé sa hache, mais la tenait toujours fermement.
« Que peut bien faire quelqu’un comme vous dans un coin comme celui-là ? Hein, vous pouvez me le dire ? »
La réplique cachait une accusation à peine voilée. Et toujours, il s’approchait, le regard brillant. Peut-être allait-il pouvoir enfin tuer quelque chose. Il était frustré, il en avait besoin.

HRP : le groupe de Dalvier est sur le point de quitter ton domaine.

[Asmodeus]

Alors que le barde pensa sentir un courant d'air frais indiquant la proximité de la sortie, son compagnon le retint un instant par la manche en désignant une alcôve profonde. Celle-ci contenait une grosse urne funéraire qui semblait valoir à elle seule la somme que Dalvier avait versé au nain pour s'assurer de ses services. L'objet en onyx relevé de dorures était ouvert et semblait en outre contenir plusieurs diamants. Voilà de quoi largement rentrer dans leurs frais et sans risque d'affronter la maudite momie.

***

Les coups de torche comme ceux de l'épée traversèrent la substance qui composait le fantôme sans lui faire de dégâts apparents. Après plusieurs tentatives infructueuses, le petit spectre réagit avec une violence teintée de candeur :

- C'est pas du tout comme ça qu'on joue à ce jeu ! Je vais te montrer !

Et d'enlacer la jambe du guerrier en une étreinte glaciale qui lui vola une partie de sa force vitale avant de fuir à toutes jambes en éclatant d'un rire sinistre.

- Maintenant c'est toi le loup et c'est à toi de m'attraper !

***

L'homme se redressa lentement sans se départir de son attitude tranquille voire flegmatique. En s'approchant, Legcarn put davantage détailler son visage à la moustache impeccable et aux traits pomponnés à la dernière mode en vogue parmi l'aristocratie.

- Allons, vous êtes ici un invité et votre ton est quelque peu déplaisant. Mais il n'est pas trop tard pour vous rattraper : vous connaîtrez l'identité de votre hôte si vous déclinez vous-même votre identité. Est-ce trop vous demander, maître nain ?

[Manfred]

Dalvier s’approcha de quelques pas, éclaira l’urne de sa rapière lumineuse, hésita, jeta un coup d’œil dans le couloir qu’ils avaient emprunté. Les échos des hurlements d’une personne apparemment devenue folle lui parvenaient.
« L’urne est trop encombrante. Prenez les diamants. Vite, je vous couvre ! » dit-il au reitre.
Il flairait un piège et ne voulait donc pas courir le risque de toucher lui-même à ce trésor. Mais il serait idiot de ne pas en profiter, surtout qu’il semblait, pour l’instant, à peu près tiré d’affaire. Au pire, son compagnon mourait. Ce dernier, tout aussi cupide que Maître Bellevoix, voir même un peu plus, ne se fit pas prier. Il n’avait plus de sac, ayant dû s’en débarrasser. Alors il rangea son arme et prit l’urne à deux mains.
« Je vous ai dit... commença le barde.
- Je la déposerai si on doit se battre ! Vite ! On file ! »
Dalvier haussa les épaules puis pris la tête de ce duo. Direction la liberté ! Peut-être qu’au final cette expédition rapporterait quelque chose. C’était mieux que rien.

* * *

Le spadassin affaibli par le petit fantôme resta un instant désemparé. Il se jura que s’il sortait vivant de cette mésaventure, plus jamais on ne le verrait ne serait-ce que franchir les grilles du cimetière. Cet endroit n’était pas fait pour les vivants.
« Je... je ne voulais dérangé personne, balbutia-t-il, s’imaginant que le maître des lieux pouvait l’entendre. J’implore votre pardons ! »
Il fit face à chacun des murs de la salle, guettant un signe, une réponse, un pardon divin, n’importe quoi qui puisse le défendre de cette affreuse petite fille !

Pendant ce temps, son collègue qui s’était enfui venait de trouver un angle de mur dans le noir. Il s’imagina que c’était un cul de sac et il frappa les murs de ses mains, hurlant et pleurant. Qu’on le surprenne et il y avait de forte chance qu’il puisse mourir de peur au sens propre du terme.

* * *

Legcarn marqua une hésitation. Il tourna les yeux vers ses compagnons, toujours sur le seuil. Il les vit plonger dans l’expectative. Tout le monde avait un peu envie de croiser un humain aimable, peut-être un allier, sait-on jamais. Mais un allier, ici, est-ce que cela pouvait être autre chose qu’une sournoise illusion ? Le nain était persuadé que cet homme n’en était pas un, ou alors son cœur était aussi noir que ces catacombes. Il se présenta tout de même :
« Legcarn, pour vous servir. à qui avons-nous l’honneur ? »
Il eut même un sourire, révélant sans dent en or.

[Asmodeus]

Le reître qui accompagnait le barde parvint à récupérer l'urne sans dommage mais elle le ralentissait fortement. C'était toutefois un bon signe de la valeur de leur prise et l'humain esquissa un sourire cupide à l'adresse de son commanditaire : ils allaient tous deux sortir relativement riches de cette escapade s'ils parvenaient à quitter le cimetière. Cet objectif semblait en bonne voie car Dalvier aperçut - au bout d'une vingtaine de mètres environ - une volée de marche donnant sur un mausolée et, selon toute vraisemblance, une sortie. Monter les escaliers glissants avec le chargement n'alla pas sans peine mais les deux hommes parvinrent enfin à extraire leurs richesses sans rencontrer le moindre piège ou la moindre présence hostile. Restait toutefois à traverser tout un cimetière à la réputation sulfureuse.

***

Nul ne répondit au spadassin - ni maître des lieux ni dieu disposé à lui pardonner sa profanation - et le fantôme finit par se lasser de son compagnon de jeu. La petite fille le toucha à nouveau puis une nouvelle fois encore, se plaignant qu'il ne savait pas jouer, vidant le guerrier paniqué de toute sa substance vitale. Lorsqu'il finit par s'effondrer, trop faible pour même parvenir à s'accrocher à son dernier souffle de vie, le spectre se lamenta :

- Ben maintenant t'es tout cassé ! Mais je connais quelqu'un qui te réparera plus tard !

Le petit fantôme s'éloigna de sa malheureuse victime pour s'en aller trouver un autre compagnon de jeu qu'elle n'eut aucun mal à dénicher en train de se lamenter face à un mur.

***

L'homme hocha calmement la tête mais demeura coi un moment comme s'il évaluait cette réponse à l'aune de critères secrets et impénétrables. Il répondit finalement d'un ton assuré et même magistral :

- Lord Asmodeus, Seigneur des catacombes. En quoi sauriez-vous le servir, maître Legcarn ?

[Manfred]

Enfin les choses semblaient prendre une appréciable tournure. Seulement Dalvier n’étant pas le premier des abrutis, il savait ne pas encore être tiré d’affaire. Pas une seule fois il ne toucha à l’urne, préférant surveiller les environs à la lueur de sa rapière. Son compagnon de circonstance lui fit quelques remarques agacées, car ce trésor était lourd et un coup de main aurait accéléré la manœuvre, mais le barde sut faire celui dont le rôle nécessitait un complet investissement. Un d’eux devait bien être capable de réagir sur le champ à une menace. En tout cas, ils arrivaient à la surface et pouvaient poursuivre. Ils ne souffleraient qu’après avoir franchi les grilles.

* * *

Décelant la présence de la petite fille, le spadassin paniqué fit une crise cardiaque et mourut sans même l’aide du spectre. Décidément, elle n’avait pas de chance. Ses jouets étaient si fragiles !

* * *

« Oh, c’est très simple », répondit Legcarn.
L’instant d’après, il brandissait sa hache, qu’il tenait maintenant à deux mains, avala d’une foulée la distance qui le séparait de ce seigneur des catacombes et abattit son arme avec une force suffisante pour trancher à la fois un corps humain et la chaise en dessous. Les nains n’étaient peut-être pas les créatures les plus rapides du multivers, n’en demeurait pas moins que la promptitude à réagir de l’ancien soldat surpris tous ses compagnons, y compris la blonde roublarde. Certes, il aurait pu négocier, c’aurait été plus intelligeant. Seulement, il estimait être face à un nécromancien, il avait une chance de le tuer avant qu’il ne puisse lancer un sort, et s’il y parvenait, il pourrait peut-être piller cet endroit. C’était quand même son objectif.

[Asmodeus]

Le reître glissa sur la dernière marche et faillit renverser l'urne et son contenu mais parvint à se rattraper de justesse. Il jeta un nouveau regard de reproche au barde mais il savait tout aussi bien que ce dernier qu'ils étaient loin d'être tirés d'affaire. D'ailleurs, des grattements et des frottements tous proches et venant de plusieurs directions semblaient indiquer qu'ils n'étaient plus seuls.

***

La hache du nain était maniée avec une force qui aurait probablement découpé un tronc en deux. L'homme ne fit pas un seul mouvement pour éviter le coup tant l'attaque avait été rapide et surprenante.

Mais plus surprenant encore en fut le résultat : le fer toucha l'épaule du riche occupant des lieux mais l'arme ripa et rebondit avec autant de force qu'elle était partie. Déséquilibré par cet effet inattendu, le nain lâcha sa hache qui rebondit plusieurs fois au sol en un fracas métallique de sinistre augure. Et pour tout signe qu'il n'avait pas simplement rêvé, le nain vit une vilaine déchirure dans le tissu de la robe que portait son interlocuteur.

Asmodeus tourna lentement son regard vers le vêtement abîmé et une expression de colère froide remplaça son expression plutôt affable jusque-là :

- Alors ça c'était franchement stupide de votre part !

Et dans un mouvement lent mais inéluctable, il abattit son poing sur le visage du nain avec une force surnaturelle. Il y eut un craquement au niveau de la mâchoire et Legcarn chancela. Il avait reçu d'autres coups au cours de sa carrière mais celui-ci donnait particulièrement la nausée.

Asmodeus -> Poing putréfiant -> Legcarn

HRP : je considère que l'arme n'est pas magique.

[Manfred]

HRP : en effet, le nain n’a pas d’arme magique. Personne n’en a.

« Posez ça ! dit Dalvier au reitre. Votre masse et votre arbalète vont être indispensables. »
Le barde cherchait à savoir si les morts-vivants se trouvaient à l’intérieur ou, comme il le pensait, à l’extérieur. S’ils n’avaient à faire qu’à des zombis, ils pourraient sans doute se poster vers la sortie et tenir cette position pour abattre les cadavres sans se faire submerger. Et si jamais il y en avait trop, Maître Bellevoix n’excluait pas une fuite soudaine au détriment de son compère. La richesse, c’était bien, la vie, c’était mieux.

* * *

Legcarn, stupéfait, refusait de croire que son coup n’avait pu trancher net cette créature. Car il ne pouvait n’avoir à faire qu’à une créature, aucun humain n’aurait pu être encore vivant en cet instant.
« Bougez-vous ! » grogna-t-il, d’une voix à la limite de l’incompréhensible.
Un filet de sang lui sortait de la bouche. Il avait la mâchoire brisée. La douleur en aurait fait défaillir plus d’un, mais pas ce nain. Lui se précipita, le regard fou, vers sa hache. Il allait la récupérer et frapper encore, parce que cette fois, il en était sûr, ça allait marcher ! Au niveau de la porte, le doyen réagit. Il avança sur Asmodeus et lui lança une fiole d’eau bénite.
« Disparaît créature du malin ! » déclara-t-il d’une voix blanche.
On le sentait à deux doigts de fuir. La blonde également réagit, mais ce ne fut que pour un peu plus se mettre en retrait. Elle allait voir ce qui allait se passer et aviserait en conséquence.

[Asmodeus]

Le reître obéit en posant soigneusement l'urne et son contenu au sol pour dégainer ses armes. Les créatures semblaient bien provenir des alentours du mausolée et elles semblaient nombreuses. Un peu trop pour aller à leur rencontre en tous cas. La brume s'était levée et formait un épais tapis empêchant de voir le sol mais bientôt plusieurs silhouettes se détachèrent sur la pénombre - une puis deux puis cinq : des silhouettes massives comme si les zombis et les squelettes qui s'approchaient portaient eux aussi une armure. Le combat ne s'annonçait pas aussi aisé que celui qui leur avait permis de fuir des cryptes.

***

Asmodeus ne s'interposa pas entre le nain et sa hache. La fiole qui venait de l'atteindre venait de provoquer une douleur tout à fait désagréable mais il en aurait fallu bien davantage pour lui occasionner des dégâts sérieux. Il se tourna avec une expression de fureur vers le doyen et laissa tomber le masque de son illusion élaborée.

A nouveau, c'est le seigneur momie dans toute sa splendeur qui faisait face aux quatre survivants. Asmodeus marcha en direction du lanceur d'eau bénite avec la ferme intention de lui faire payer au prix fort son outrage. Cet imbécile l'avait énervé et il était grand temps de marquer le coup avec le sortilège le plus puissant de son répertoire :

Asmodeus -> Mise à mal -> Doyen

Voilà qui allait rapprocher un peu plus cet idiot défraîchi de sa tombe !

[Manfred]

Dalvier n’hésita pas. Son sortilège de protection était encore actif et, au besoin, il pouvait le renouveler. Les morts-vivants auraient beaucoup de mal à le toucher. Il prit position vers l’entrée et, le cœur battant, se prépara à croiser le fer. Le spadassin, masse en main, se posta en face de lui afin que tous deux puissent attaquer le même adversaire.
« Faut tenir, on n’a pas le choix ! » déclara le barde.
Il se fit éloquent, allant même jusqu’à prononcer quelques vers glorieux qui pouvait décrire leur épique résistance. Son compère s’en retrouva galvanisé.

Dalvier > Inspiration bardique > reitre

Et si les choses tournaient mal, Maître Bellevoix avait son plan de secours.

* * *

Le doyen poussa un hurlement terrible et s’effondra. Ses mouvements devenus erratiques l’empêchèrent de jeter sa troisième et dernière fiole d’eau bénite. Celle-ci lui échappa des mains, roula sur le sol dallé. Legcarn reprit sa hache et, poussé par la peur, poussé par la rage, chargea Asmodeus, décidé à lui donner un coup dans le dos. Dans le même temps, le dernier spadassin, celui qui tenait compagnie à la blonde sur le seuil, joignit ses efforts à ceux du nain et fonça en avant, avec son épée brandie.

En fait, seule la blonde à la dague ne bougea pas. La momie la vit jeter un regard en arrière, devina qu’elle se demandait si fuir n’était pas préférable, mais décida finalement d’attendre et de voir. Après tout, c’était sans doute elle la plus intelligente du groupe. Elle avait compris qu’attaquer ou fuir était voué à l’échec. Alors elle allait tenter une troisième solution.

[Asmodeus]

Les créatures montèrent son peine les larges marches situées devant le mausolée et se frayèrent un chemin chaotique vers les deux défenseurs. Leur regard pourri reflétait encore une lueur de prédation exacerbée : ils ne tenaient debout que pour tuer. Et le reître et le barde étaient les seuls fous encore vivants à la ronde. Galvanisé, le soldat abattit son arme avec violence sur le premier mort-vivant. Dalvier perçut une ouverture pour faire de même avec davantage de finesse. Un coup ripa sur le casque, ne faisant que déséquilibrer le zombi, un second arracha une partie de son visage et il s'effondra. Mais dans l'intervalle, deux autres avaient déjà pris sa place. Le combat était engagé.

***

Se désintéressant du doyen quasiment hors de combat, la momie fit face à ses deux assaillants et éclata d'un rire des plus sinistres. Les ricanements dérangeant furent rapidement ponctués d'échos crissant à mesure qu'une nuée sortait de chaque interstices dans le dallage de la salle. Des insectes dégringolaient aussi du plafond pour rejoindre ceux du sol et former une nuée opaque d'ailes et de crochets tranchants. Le phénomène submergea la momie et ses deux assaillants et la nuée chercha aussitôt des chairs fraîches dont elle chercha à se repaître.

Asmodeus -> Nuée d'insectes

[Manfred]

Dalvier continuait d’encourager son compère par des paroles galvanisantes, tout en cherchant à défendre sa position. Ils devaient tenir, au moins un peu, jusqu’à ce que les morts-vivants se massent à l’entrée. Le reitre, ainsi soutenu, ne donna aucune prise à la peur et se montra d’une efficacité plutôt appréciable. Il était de toute façon acculé. Hors de question de faire marche arrière, de retourner dans les catacombes. Pour lui, il fallait vaincre ou tomber. Il fracassa le crâne d’un nouvel ennemi. Le corps s’affala sur le premier. Voilà déjà la relève. Le barde avait un peu plus de mal, mais sa rapière, précise, trouva quand même une faille dans la défense approximative de son adversaire. Un curieux jeu de lumière avait débuté. L’unique vraie source de lumière était l’arme de Bellevoix, cette arme qui dansait au rythme du combat.

* * *

Le spadassin et le nain se retirèrent, ébranlés, martyrisés par cette nuée immondes d’insectes.
« Du feu ! beugla le nain. Il nous faut du feu ! Que cette chose crame ! »
La blonde hocha la tête puis se recula, comme si elle allait chercher une torche. Mais en vérité, elle continuait d’attendre dans l’obscurité.

[Asmodeus]

Un autre mort-vivant s'effondra puis un autre. Mais il en venait encore d'autres, tant d'autres. Le guerrier tenait bon mais il commença à fatiguer au bout d'un moment. Par mégarde, il récolta une blessure légère puis une seconde. Les cadavres s'accumulaient devant et autour de l'entrée du mausolée mais les morts en marche ne semblaient pas même s'en soucier. Un courant d'air glacé effleura soudain le barde et il vit une ombre se dessiner à la périphérie du combat. Une ombre qui se déplaçait indépendamment des autres belligérants.

***

La momie décida de passer une nouvelle fois à l'offensive pour ne pas laisser le temps aux pilleurs de se reprendre.

- Tu veux du feu, en voici !
Asmodeus -> Flamme sacrée -> Legcarn

Asmodeus partit d'un nouveau rire mauvais alors que le nain prenait feu. Il s'apprêtait déjà à l'immobiliser s'il faisait mine de s'approcher pour lui nuire.

[Manfred]

« Nous y sommes presque ! Tenez encore un peu, juste un peu ! » déclara le barde, plein d’espoir feint.
Sauf que l’instant d’après, il faisait un geste et se volatilisait dans un nuage de brume.

Dalvier > Foulée brumeuse

Il réapparut à l’extérieur, au-delà des marches, au-delà du groupe de morts-vivants. Il se mit aussitôt à courir, courir pour sa vie, alors qu’il entendait derrière lui le spadassin mourir. Il progressait presque à l’aveuglette à cause du brouillard, mais son sort de protection était toujours en place. La grille ? Où diable se trouvait la grille ?

* * *

Legcarn, aussi courageux qu’il soit, céda à la panique. Embrasé, cerné d’insectes hideux, il se mit à hurler et à courir. De l’eau, un bassin, n’importe quoi du moment que cela lui permettait d’éteindre ce feu. Voyant cela, son coéquipier paniqua également et s’enfuit vers le couloir. La blonde le laissa passer, ne le suivit pas. Elle arborait une mine anxieuse, se demandant si elle n’était pas folle d’ainsi rester, mais elle avait son plan, sa carte à abattre. Qui sait, tout espoir n’était peut-être pas perdu.

[Asmodeus]

Dans sa panique, le barde s'engouffra entre des dizaines de tombes inconnues, se perdit dans les allées qui semblaient toutes identiques compte tenu de la faible visibilité. Le cimetière de Melandis était si vaste qu'il était aisé de s'y perdre, de tourner en rond pendant des heures. A moins bien sûr de faire une mauvaise rencontre qui interrompe définitivement toute pérégrination. Dalvier dut reprendre son souffle en s'appuyant sur un muret. Sa voix se faisait sifflante et il s'aperçut que ses mains étaient raidies, presque décharnées. Il fut pris d'une quinte de toux qui le tint plié en deux pendant plusieurs secondes et lui laissa des étoiles dans les yeux quand il parvint à les rouvrir.

***

Le seigneur momie esquissa un geste nonchalant vers le nain pour lui lancer un sortilège d'immobilisation. Il lui plaisait de prendre quelques instants pour le voir se consumer, pour le voir perdre tout espoir et toute parcelle de raison alors que les insectes et les flammes le consommaient et le consumaient.

Mais, avant que l'autre garde blessé ne quitte son champ de vision, il se transforma pour se déplacer instantanément et se placer sur sa route. Il n'eut alors aucune peine à user de son regard d'épouvante pour le paralyser de terreur. Profitant de sa position de faiblesse, il tendit la main pour le saisir à la gorge et le soulever puis le projeta tel un sac de chiffons vers son ancien chef.

D'un pas nonchalant, il s'approcha finalement de la roublarde qui n'avait toujours pas esquissé le moindre mouvement. Son attitude n'était pas franchement hostile. Aussi peu qu'elle puisse l'être en tous cas. Et il demanda avec calme :

- N'avez-vous pas peur ? J'aurais cru que seuls les paladins soient capables d'un tel aveuglement.

[Manfred]

« Non ! Non ! » glapit Daliver.
Il ne savait pas ce qui lui arrivait. Mais il se sentait mourir. Il rassembla ses esprits, luta contre la panique qui venait au galop. Poursuivre, il devait poursuivre. La grille devait être par là... ou par ici, quelque part. Au pire, il allait aller en ligne, droite, suivre une allée, il tomberait bien quelque part. Il se remit en marche. Il aurait courut s’il l’avait pu. Mais ses forces lui faisait défaut. Il allait s’en sortir et cette mésaventure ne serait bientôt plus qu’une des histoires qu’il raconterait aux clients d’une auberge. Il changerait les événements, s’arrogeraient quelques exploits pour se mettre en valeur et dénigrer ce nain imbécile. Oui, bientôt, tout ceci ne serait qu’une histoire...

* * *

Alors que les cris d’agonies du nain raisonnaient dans la vaste pièce et que les gémissements de ses hommes moribonds les accompagnaient, la blonde certes bien peu rassurée répondit avec grand respect :
« Oh si, messires, j’ai peur. Il faudrait être fou pour ne pas avoir peur. Mais j’ai déjà travaillé pour des magiciens, à deux reprises, des nécromanciens du Nécronomicon pour être plus précises. Ils étaient sinistres mais réglos. J’me dis que vous êtes peut être pareil. »

[Asmodeus]

HRP : Dalvier souffre d'une malédiction majeure compte tenu du larcin dont il a été complice en emportant l'urne funéraire jusqu'à l'extérieur du domaine.

A force de fuite en avant et de retraites précipitées, le barde se trouva complètement épuisé mais il avait atteint l'un des bords du cimetière. La grille en était infranchissable à cet endroit mais il lui suffisait désormais de la suivre jusqu'aux grandes portes. A condition d'être encore assez lucide pour choisir la bonne direction et éviter les groupes de morts en maraude.

***

Asmodeus esquissa un sourire - ou ce qui s'en approchait sur son visage de mort-vivant pour le moins intimidant. Il hocha calmement la tête et plongea son regard bleu acier dans celui de l'humaine avant de répondre avec un certain entrain :

- Futée et plutôt séduisante avec ça. Vous avez dû avoir de beaux succès au sein de la guilde. Comment en êtes-vous venue à travailler pour ces amateurs ? Non, ne répondez pas de suite. Asmodeus va vous demander trois choses et vous laissera la vie sauve si vous les accomplissez avec loyauté. La première est de répondre à une question toute simple : quel est le nom de ces mages qui vous ont employé ? Simple curiosité professionnelle, n'y voyez aucun mal.

[Manfred]

Dalvier empoigna les barreaux de la grille et dût s’y cramponner pour ne pas s’effondrer. De nouveau des étoiles blanches dansaient devant son champ de vision. Le sol tanguait, l’air lui manquait et il avait le cœur au bord des lèvres. Non, décidément, quelque chose s’était produit. Mais quoi ? Il n’avait pas le temps de répondre à cette question. Il devait quitter le cimetière et pas plus tard que maintenant. Il ne courra pas le risque de chercher l’entrée. Non, il préféra à nouveau user de sa magie.

Dalvier > Foulée brumeuse

Le voilà de l’autre côté de la grille. Il sût à l’instant même que ce sort avait grillé ses dernières forces. Il fit un pas dans la ruelle qui se présentait à lui, puis un autre, avant de s’effondrer, blême, au bord d’un caniveau. Le mendiant qui le dépouilla, une heure plus tard, crut qu’il était mort, et ce fut sans doute ce qui sauva la vie du barde. Car il allait se réveiller le lendemain, sans bourse, sans botte, sans rapière ni couvre-chef, mais sans blessure également. Terriblement affaibli, le récit terrifié qu’il allait conter allait ajouter à la légende du cimetière et des cryptes...
[
* * *

La blonde réfléchit soigneusement aux mots qu’elle prononça bientôt. Elle savait qu’avec les puissants, un simple mot pouvait tuer.
« Hum, Messires, je ne voudrais pas créer un malentendu. Si je suis là, cette nuit, c’est pas à cause d’un magicien. C’est à cause de ce barde qui nous accompagnait. Dalvier Bellevoix qu’il s’appelle. Quant aux nécromanciens que j’ai servi, ça fait de ça un p’tit moment, je ne connais pas leur noms. C’était des nobles, ils étaient du genre condescendants. Ils voulaient des cadavres frais pour leurs expériences. J’ai pas cherché à en savoir plus. Faut jamais chercher à savoir, sinon ça se fini mal. »

HRP : Dalvier est sortie de l’histoire. Tu pourras quand même conclure pour dire s’il survit finalement à la malédiction.