La Couronne de Cuivre

" Ah... J'avais oublié cette composante du problème..." dit Arthur.
Et c'était une chance, cela lui avait évité de se poser trop de questions quand il était en selle.
" Vous avez réussi ? Il est rentré chez lui ? Ou bien vous avez dû le... désintégrer ?"

Le mot parut surprendre le nain.

« Désintégrer ? Oh, comme vous pour les morts-vivants ? Détruire ainsi des créatures vivantes est au dessus de nos forces : nous n'avons qu'un pouvoir de renvoi. »

Il hésita.

« Je ne prétendrais bien sûr pas connaître les arcanes du paladinat aussi bien que vous, mais j'aurais tendance à dire que cette différence d'effet n'est due qu'à la différence de cible : les morts-vivants devraient être poussière, et vous les ramenez à la poussière ; les créatures des plans inférieurs devraient rester dans ces plans et nous les y renvoyons. Dans les deux cas, ce que nous faisons, c'est simplement remettre les choses dans leur état normal. »

Son regard revint vers le lieu de la bataille.

« Pour répondre à votre question, nous sommes parvenus à l'affaiblir suffisamment pour que je puisse le renvoyer là d'où il vient – faute de quoi, il y aurait ici un cadavre, comme il y a eu hier des cadavres de lémures. C'était un adversaire plus dangereux que ce que son apparence équine pouvait laisser à présager. »

" J'imagine."
En réalité, Arthur était soulagé que le cheval soit rentré chez lui. Même s'il était dangereux et démoniaque, il l'avait transporté jusqu'à Rohan (et le retour), et il aurait trouvé déloyal de le renvoyer à la poussière —*oups, il fallait se méfier des mots qu'on utilisait — de le tuer.
" Et il reste toujours un diablotin, c'est ça ? Vous croyez qu'il a pu voler très loin ?"

« Voler… ou autre chose, puisqu'ils sont capables de se métamorphoser. Mais, même si je préférerais naturellement le renvoyer d'où il vient, et que je ferai tout mon possible pour cela, il ne m'inquiète pas particulièrement : ces créatures sont plutôt faibles, et surtout, très lâches. De surcroît, nous lui avons donné quelques raisons de se méfier des créatures de ce plan. Il causera encore quelques misères, bien sûr ; mais tant qu'il sera seul, il ne devrait pas présenter un bien grand danger pour les gens du coin. »

Malgré ses paroles apaisantes, on sentait aisément qu'il avait effectivement l'intention de s'attarder dans la région tant que son travail ne serait pas terminé.

Et Arthur était persuadé qu'il ferait du bon travail. Mais la raison de sa venue en ces lieux lui revint brusquement.
" Ah... Heu... En fait... La tieffeline dit qu'on n'a pas attrapé le vrai méchant. Que l'incantateur, c'était juste une marionnette. Mais elle dit aussi que les bardes pourraient savoir qui était le grand méchant, parce qu'il aurait sans doute été dans les histoires de la région, parce qu'il reviendrait de temps en temps ou bien il aurait déjà essayé. Je sais que vous n'êtes pas un barde et puis vous n'êtes pas non plus de la région, mais comme vous êtes un spécialiste... On s'est dit que peut-être vous auriez déjà entendu parler d'un extérieur désagréable avec un goût pour les plaines de la Trouée."

Alurtil sembla prendre un instant pour démêler les paroles d'Arthur.

« Un extérieur qui tenterait périodiquement de venir en ces lieux ? Non, ça ne me dit rien… C'est cette tieffeline qui vous en a parlé ? Les gens de son espèce ne sont pas dignes de confiance, elle a pu simplement dire ce qui lui passait par la tête pour essayer de vous faire peur ou de détourner votre attention. »

Manifestement, il avait encore plus de préjugés à l'encontre des tieffelins que le paladin. Sa conscience professionnelle le poussa cependant à demander des précisions.

« Qu'est-ce qu'elle vous a dit, comme sornettes, au juste ? »

Arthur ne perçut pas du tout les paroles d'Alurtil comme l'expression d'un préjugé, mais plutôt comme un signe qu'il s'était peut-être laissé abuser par la bouche en coeur de la diablesse. Ce serait bien son genre, après tout, tandis que le nain était un homme d'expérience.
" Heu... Elle a dit... Je ne sais plus. Ce que j'ai dit là. Que ce n'était pas son coup d'essai. Que l'invocateur, tout ça, c'était une diversion. Que l'autre, le grand chef, faisait des expériences... et qu'il l'avait poussée dans le portail pour faire diversion pendant le rituel... pour pouvoir passer discrètement, lui, je suppose. Peut-être que c'est le diablotin qu'on cherche. Qu'il a changé de forme ? Je dis n'importe quoi. C'est plus ou moins ce dont je me souviens. Peut-être que si vous allez la voir, au Temple de Lliira, elle vous en dira plus. Mais pas si vous vous méfiez d'elle. Alors elle en dira moins."

« Sans doute pas le diablotin, non. »

Mais il semblait intrigué par les propos d'Arthur.

« J'imagine qu'il faudra que en effet que je lui pose quelques questions moi-même. »

Derrière eux, les soldats de Rohan avaient réuni leurs chevaux, et l'un d'entre eux se préparait à aller quérir un prêtre pour leur camarade blessé.

Mission accomplie !
" Sans doute oui. L'invocateur est dans les limbes, mais elle, elle a des tas de trucs à raconter."
Il ne leur restait plus qu'à rentrer à Rohan, une nouvelle chevauchée en perspective, ce qui était, au final, la quintessence du bonheur.

L'un des soldats partit en effet directement pour Rohan, afin d'aller quérir un prêtre, tandis qu'un second restait au chevet du blessé. Le dernier homme valide les escorta, portant avec lui le nain qui ne disposait pour sa part d'aucune monture. Avant de rentrer en ville, le petit groupe fit un crochet par la ferme, qui servait désormais de base d'opération à la soldatesque ; mais il n'y apprirent rien de nouveau. Le diablotin disparu, où qu'il soit, se faisait discret ; et l'examen des environs n'avait pour l'heure révélé aucun nouvel indice concernant les activités de l'incantateur.
Alurtil et le soldat qui l'accompagnait prirent donc peu après la direction de la ville, et sans doute du temple de Lliira. Arthur pouvait les accompagner s'il le souhaitait, jusqu'à leur destination finale ou seulement pour le trajet jusqu'à la ville, s'il souhaitait ensuite se rendre à son auberge, au temple de son dieu à lui, ou dans n'importe quel autre lieu, à moins qu'il ne préfère rester dans les environs et se prêter volontaire pour participer aux battues.

Considère qu'il ne se passe rien de spécial sur le trajet vers la ville, le cas échéant.

Arthur hésita pendant tout le trajet. Il lui semblait qu'il aurait mieux fait de rentrer à son auberge, rester sage, ne pas se mêler de choses qui le dépassaient et auxquelles il n'entendait rien, éviter la tieffeline comme la peste, ce genre de choses. Dans le même temps, il était un tout petit peu curieux. Il décida donc de rester avec Alurtil : après tout, il était venu le chercher pour ça... Il fallait qu'il aille au bout de ce qu'il avait entrepris, c'était très paladinesque. Seuls les gens qui manquaient de volonté et d'honneur laissaient les choses en plan.

La prêtresse de Lliira – la même que précédemment – les accueillit lors de leur arrivée au temple. Elle semblait – était-ce possible ? – légèrement moins enjouée qu'elle ne l'aurait dû. Et s'en expliqua d'ailleurs sitôt qu'Alurtil eut brièvement exposé le motif de sa visite – sans s'embarrasser, lui non plus, de la questionner sur son nom.

« En votre absence, j'ai parlé au prêtre de Deneir qui était venu nous prêter main forte. Les archives, c'est plus leur rayon que le nôtre, après tout. Bref, il n'a pas su me renseigner immédiatement, mais il a dit que ça lui rappelait peut-être quelque chose, et il est reparti pour son temple en vitesse. De mon côté, j'ai réexaminé notre blessé, et… eh bien, disons que l'histoire tient la route. Je ne suis pas spécialiste en magie profane, mais il me semble que son état est plus que compatible avec un sortilège choisi à dessein pour l'empêcher de nous révéler quoi que ce soit sans éveiller les soupçons. Je continue de chercher à identifier ledit sortilège, et je ne désespère pas de parvenir tout de même à le remettre sur pied. »

Son sourire revint malgré tout avec la dernière phrase.

L'histoire de la tieffeline semblait donc tenir la route ; Arthur ne savait pas s'il devait en ressentir soulagement ou inquiétude. Même si la Lliiranne ne parvenait pas à lever le sortilège qui affectait l'invocateur, celui-ci finirait sans doute par toucher à son terme, rares étaient les charmes permanents. Mais pour l'heure, le paladin supposait que la priorité d'Alurtil serait d'aller interroger plus finement la planaire, pour autant qu'il parvienne à garder quelque civilité.

Tous trois se dirigèrent donc vers la chambre de la tieffeline, qu'ils trouvèrent à peu près dans la situation dans laquelle Arthur l'avait laissée un peu plus tôt. Celle-ci se mit à dévisager ostensiblement le nain dès qu'il passa la porte.

« C'est vous, “maître Alurtil” ? Je ne vous imaginais pas comme ça. »

Il acquiesça sans se formaliser ouvertement de cet accueil – même s'il était manifeste que se montrer courtois lui demandait des efforts.

« Ce que vous avez dit à mes confrères tout à l'heure pourrait s'avérer d'une certaine importance, et j'aimerais, si vous le désirez, obtenir quelques précisions. Néanmoins, vous comprendrez, je l'espère, que nous prenions quelques précautions. Accepteriez-vous d'être soumise à une zone de vérité ? »

La tieffeline parut vexée.

« Ben voyons. J'ai du sang de démon, donc je raconte forcément des bobards, c'est ça ? »

Arthur se garda bien d'intervenir. Les choses seraient fatalement tendues entre ces deux-là, mais la tieffeline faisait probablement aussi peu confiance au nain que l'inverse. La zone de vérité profiterait au final à tout le monde : la jeune femme ne serait pas la seule à être contrainte par ses effets. De toute façon, elle ne pouvait pas s'attendre à ce qu'ils lui accordent d'emblée leur confiance : le contraire aurait été d'une naïveté crasse — du genre qu'on reprochait volontiers aux Lathandrites — et elle devait pouvoir le comprendre.
Le jeune paladin décida de se poster à côté de la Lliiranne, en observateur, et de voir comment les choses se dérouleraient. Alurtil avait de l'expérience en ces matières, il savait sûrement ce qu'il cherchait.

HRP : bon, j'essayais de faire ça en dialogue direct, mais on dirait que ça ne me réussit pas des masses pour l'instant, alors on va faire autrement.

La tieffeline ne tarda finalement pas trop à accepter, à la condition que ce soit la prêtresse qui lance le sort. Ce qui semblait convenir à tout le monde, et fut donc fait. Les premières questions du nain furent ensuite de l'ordre de la pure civilité : ils purent ainsi apprendre qu'elle se nommait Lyna Richardsan, et qu'elle était originaire d'un plan baptisé « Gaste grise ». Ce nom attira d'ailleurs un frisson au gardien ; et Arthur eut l'impression que, après que la tieffeline ait ajouté qu'elle et son clan en étaient partis pour échapper à la Guerre de Sang, les questions devinrent quelque peu moins sèches.
Elle raconta de nouveau qu'elle avait été capturée et enfermée un temps dans une cage, devant subir quelques expériences sur lesquelles elle ne s'attarda pas. Suite à quoi elle avait été poussée par son geôlier à travers un portail dont elle ignorait la destination – ledit magicien ne prenait pas particulièrement de gants puisqu'il avait poussé le serviteur qui était allé la chercher en même temps qu'elle. Elle s'était ensuite réveillée dans ce temple, sans intentions mauvaises envers les personnes du coin, jura-t-elle.
Dans l'ensemble, si ce récit différait de celui qu'elle avait déjà fait, ce n'était au pire que par quelques menus détails.

HRP : ce n'était pas un problème... Si ? Mais c'est sûr qu'Arthur n'est pas le genre à intervenir dans la conversation... ce qui ne me dérangeait pas, cela dit...

Hormis certains noms ésotériques, Arthur n'avait pas appris grand chose de neuf, mais il espérait qu'Alurtil pourrait en tirer davantage. La tieffeline semblait au final digne de confiance — certains êtres résistaient aux sortilèges de vérité, mais elle n'avait pas l'air d'avoir lutté contre ses effets — et il leur restait donc la désagréable certitude que le gros poisson était toujours dans la nature, et sans doute à l'oeuvre. Ils ne pouvaient pas se permettre de perdre du temps... sauf que le jeune paladin, a minima, n'avait aucune idée de ce qu'ils cherchaient, et où.
" Maître Alurtil, cela vous renseigne-t-il ?" demanda-t-il finalement.
Si ce n'était pas le cas, il leur faudrait compter sur l'adepte de Dénéir et ses archives...

Bah j'ai tenté plusieurs fois d'attaquer le post précédent en version dialogue direct, mais celui-là ne me réussissait pas, alors bon. On va reprendre normalement pour la suite.

« Cela m'apprend au moins que certains tieffelins semblent parfois dignes de confiance.
– C'est déjà sympa de le reconnaître. »

Le gardien n'avait pas l'air de poursuivre un but précis en posant ses questions. Pour autant, son attitude laissait entendre qu'il interrogeait autant sa mémoire que leur témoin.

« Ce… magicien, puisque cela semblait en être un. Pourriez-vous nous dire à quoi il ressemblait ?
– Eh bien euh… il avait l'air à peu près humain, je crois. C'était bizarre, d'ailleurs, vu que le coin où il vivait avait tout l'air d'être une strate infernale ou un truc du genre. Plutôt pâle, cheveux noirs… enfin, vous voyez le tableau. »

La lliirane, qui, depuis qu'elle avait lancé le sort, était demeurée aussi muette que le lathandrite, choisit cet instant pour intervenir.

« Si on vous amène du papier et des crayons, vous sauriez nous en tracer un portrait ?
– Eùh, je crois. Ça fait un moment que je n'ai pas dessiné, mais… »

Arthur n'arrivait pas du tout à réconcilier l'image d'un village de tieffelins dans les Enfers (ou tout Plan apparenté) avec l'activité "dessin", mais alors là pas du tout. Il avait beau tenter de générer des tableaux bucoliques de joyeux enfants, parchemin à la main, allant s'exercer devant l'arbre voisin, il n'obtenait que des flammes, des rochers, des visions d'horreur, de combats sanglants, de créatures informes.
Mais comme Alurtil devait accepter que les tieffelins puissent être dignes de confiance, Arthur devait accepter que les tieffelins puissent, à l'occasion, d'une manière ou d'une autre, avoir l'opportunité de dessiner.
Il était curieux de voir le résultat, en tout cas. Même s'il n'imaginait pas qu'il reconnaîtrait qui que ce soit, même si le portrait était réussi.

La prêtresse eut elle aussi l'air surpris à cette réponse. Sans doute avait-elle envisagé de proposer que quelqu'un d'autre trace le portrait d'après les descriptions de la tieffeline, et n'avait-elle d'abord proposé qu'elle dessine elle-même que par précaution, pour ne pas la vexer davantage, en pensant que la réponse serait négative. Toujours est-il qu'elle se reprit rapidement et sortit de la pièce pour se mettre en quête du matériel requis.

Le nain, cependant, ne sembla pas vouloir attendre pour continuer son interrogatoire.

« Pourriez-vous me donner davantage d'informations sur les “expériences” qu'il menait ?
– Bah euh… la magie, ce n'est pas spécialement mon domaine, donc bon… Tout ce que je peux dire, c'est que quand il faisait ses essais sur moi, ça avait tendance à me rendre particulièrement faible… Oh, et dans ses autres cages, il y avait des gens qui avaient vaguement l'air de tieffelins, mais il y avait quelque chose qui ne collait pas. Un peu comme si ce n'en était pas vraiment, je ne sais pas comment décrire… »

" Comme des gens métamorphosés en tieffelins ?" osa Arthur, conscient du ridicule de ses paroles comme il les prononçait.
Il s'empourpra puis resta en retrait, totalement gêné d'avoir interrompu la conversation sérieuse de ses compagnons.

« Eùh… c'est un peu bizarre dit comme ça, mais… ouais, ça ressemblait à quelque chose comme ça. »

Alurtil resta silencieux un moment, sourcils froncés. Puis il finit par desserrer les dents.

« J'espère que les archivistes de cette ville font consciencieusement leur travail. »

Avant que quiconque ait pu ajouter quoi que ce soit, cependant, la prêtresse revint avec le matériel de dessin, qu'elle tendit à la tieffeline en adressant aux deux hommes un regard interrogateur.

Arthur ne savait pas exactement ce qu'Alurtil avait voulu dire par cette dernière remarque, et pourquoi il était subitement tenu à l'idée que leur ennemi transforme des gens en tieffelins. Si ça voulait dire quelque chose. On pouvait bien sûr métamorphoser un peu près n'importe quoi en autre chose, mais c'était un sortilège drôlement puissant, et si Arthur voyait l'intérêt de transformer un caillou en dragon rouge, il était moins sûr de cette histoire de faux tieffelins. Ils ne seraient pas passés inaperçus dans la Trouée, en tout cas.
Mais à présent, c'était à la jeune femme de dessiner... et à lui d'observer, poliment, le graphisme démoniaque.

Le nain n'eut manifestement pas la patience de demeurer sur place en laissant la tieffeline se concentrer sans intervenir. Au bout de quelques instants, il sortit de la pièce et se mit à faire les cent pas dans le couloir. La prêtresse, pour sa part, observait Lyna se mettre à l'œuvre. Si Arthur avait eu, dans son éducation atypique – pour un paladin, s'entend – l'occasion d'observer de maîtres artistes à l'œuvre, il ne manquerait sans doute pas de se dire qu'elle s'y prenait affreusement mal, académiquement parlant. Néanmoins, elle semblait avoir une certaine dextérité et une certaine assurance, et le portrait qu'elle dessina – celui d'un homme mince, aux cheveux sombres, les traits sévères et le visage marqué de quelques légères cicatrices –, s'il n'était pas à proprement parler réaliste, était sans doute suffisant pour reconnaître l'individu si on venait à le croiser.

« Je n'ai pas trop perdu la main, on dirait. »

" Vous êtes drôlement douée." lâcha Arthur, spontanément.
Et il le pensait, même si la tieffeline s'y était prise n'importe comment. Lui-même était capable de tracer un cercle et de l'agrémenter de quelques symboles cabalistiques pour représenter les yeux (des boules), le nez (un V) et la bouche (une barre plus ou moins droite en fonction de l'émotion). Ce gars-là, il avait un vrai visage !
Bon, après, il ne l'avait jamais vu, ou du moins, il n'en avait aucun souvenir. Ce n'était sans doute pas surprenant, vu qu'il n'était pas vraiment du coin, non plus... et il y avait des gens, de toute façon, qu'il valait mieux ne pas connaître.

« Merci. »

La tieffeline parut visiblement touchée par le compliment. Peut-être parce qu'il s'agissait d'un événement assez rare de la part d'un paladin, ceux-ci étant habituellement peu enclins à complimenter les gens de son espèce.
La prêtresse, pour sa part, avait observé silencieusement l'œuvre, et vint en récupérer le résultat sitôt celui-ci terminé.

« Nous allons pouvoir transmettre ce portrait à la garde : même si ça ne leur évoque rien, ils sauront au moins qui nous recherchons. »

" Bon... dit Arthur. J'imagine que je devrais rentrer à mon auberge. Si vous avez besoin de moi... Vous savez où me trouver."
Il se tourna vers Alurtil.
" A moins que vous ayez besoin de moi pour le diablotin ? Je ne sais pas si vous avez un moyen de le localiser ? Parce que la Trouée, c'est rudement grand..."

« Malheureusement, non. Mais il est probablement aux côtés de son maître, désormais : nous retrouverons sans doute l'un en même temps que l'autre. Et si ce que je pressens est exact… vous feriez en effet mieux d'aller vous reposer, car nous aurons besoin de toutes nos forces pour la suite. Mais il vaut mieux attendre des nouvelles des archivistes : il se peut que je fasse fausse route. »

La prêtresse de Lliira semblait ne pas vouloir laisser place au pessimisme, et demanda au paladin d'un ton léger

« Souhaitez-vous que nous vous envoyions chercher dès que nous aurons du nouveau ? »

Arthur aurait préféré qu'Alurtil en dise davantage sur son pressentiment, car il n'adorait pas les surprises de manière générale, et encore moins les mauvaises surprises. Mais si le nain avait voulu s'expliquer, il l'aurait fait, et Arthur n'était pas non plus homme à insister auprès des gens discrets.
" Si vous pensez que je peux être utile, faites, bien sûr. C'est ma mission de paladin et je serai honoré de servir."
Voilà qui était bien guindé.
Il en rougit d'embarras et prit rapidement la poudre d'escampette, direction son auberge.

Aucun incident particulier ne se produisit sur le trajet, et il trouva celle-ci à peu près comme il l'avait quittée. Rien de particulier n'y avait bougé, pas plus qu'il n'y avait de message pour lui ou quoi que ce soit d'approchant. Difficile de savoir combien de temps les prêtres de Dénéir – et autres archivistes qui avaient sans doute été chargés de la même tâche – mettraient à retrouver les informations demandées, si toutefois il y avait quoi que ce soit à retrouver. Mais, dans l'intervalle, le paladin était libre de ses mouvements.

La Couronne de Cuivre

[Lieu] Rohan