[Habitation] Demeure d'Arya Du Varden

[Arya Du Varden]

Les minutes s'égrainaient lentement, mais Constantin ne revenait pas. Le petit fantôme était entre deux portes grâce aux enfants. Il avait bien découvert le mécanisme, l'endroit où le faire fonctionner, mais le bonheur de participer avec les quatre garçons l'avait conduit sur le début de chemin qui lui apporterait la paix éternelle. Sur le seuil de cette porte, il avait retrouver le Seigneur qui l'avait injustement puni et les litanies de celui-ci pour se confondre en excuses d'avoir causé la mort de l'enfant, ses parents également présents et la notion du temps qui lui échappait depuis longtemps faisait qu'il ne se rendait plus compte qu'il avait une réponse à apporter.

[Taliesin]

Parmi les garçons, la perplexité finit par se teinter peu à peu d'une certaine inquiétude. Elle était relative : ils savaient que le fantôme ne risquait rien. Mais, ils n'empêche : sa disparition posait question.
-Constantin ? finit par lancer Podrick, après une consultation silencieuse avec ses amis.
Il s'était efforcé de se ne pas employer un ton trop pressant, au cas ou le défunt page soit en train d'analyser le fonctionnement obscur d'un mécanisme complexe. Mais il était prêt à réitérer l'appel, avec un peu plus d'insistance, si le silence se prolongeait.

[Arya Du Varden]

La voix de Podrick porta bien jusqu'à Constantin, mais celui-ci trop pris par l'instant présent en compagnie du Seigneur qu'il avait servi et de ses parents, n'y répondit pas immédiatement et c'est à ses interlocuteurs qu'il répondit le regard brillant.

Ce sont mes amis ! Il faut que je les rejoigne.

Mais ce ne fut pas chose facile, les siens tentaient de le convaincre de les suivre, mais le petit spectre n'y arrivait pas et c'était pour lui difficile de les quitter. Pourtant, au deuxième appel, il parvint et s'échapper de l'emprise qui en l'instant n'était pas assez forte et presque immédiatement, il réapparu face aux enfants.

Voilà, le mécanisme il est pas ici, il faut remonter l'escalier et y'a trois phases à faire dans le bon ordre d'après ce que j'ai pu voir.

Alors que les enfants remontaient en toute hâte pour activer les différents mécanismes qui allaient leur ouvrir la porte de l'aventure, il leur indiqua où et dans quel ordre les activer et soudain, oubliant de leur dire qu'il ne s'agissait que d'une petit niche dans laquelle se trouvait un petit coffret, Constantin sentit le besoin de parler de sa rencontre.

Vous savez, j'ai vu le Seigneur de Fierallure et y'avait mes parents aussi ...

[Taliesin]

Les quatre garçons continuèrent un instant à activer les mécanismes, puis s'immobilisèrent soudain, comme les mots du petit spectre se frayaient un chemin dans leurs esprits surexcités.
Dans un même mouvement, ils firent face à Constantin, l'observant avec attention. Et quelques secondes plus tard, les trois frères se tournaient vers Podrick. Après tout, c'était lui l'expert en fantômes...
Celui-ci, fort de son expérience avec Marcelline, pensait savoir de quoi il retournait.
-Oh, c'est une super nouvelle ! fit Podrick, cherchant les mots justes. Ça veut dire qu'ils sont venus te chercher, que tu n'es plus obligé de rester enfermé ici ![font=&quot][/font]

[Arya Du Varden]

Le visage de Constantin marquait sa perplexité, oui, il aurait voulu les rejoindre, mais cela ne lui avait pas été vraiment possible, quelque chose le retenait encore ici sans qu'il puisse en comprendre la raison.

Ben, p'être qu'ils sont venus me chercher, mais ben ... j'pouvais pas vraiment les rejoindre, c'était ... il était là ... enfin là-bas et moi entre les deux ... ou plutôt ici.

Puis changeant de sujet comme si la question le tarraudait, lui faisait mal, mais qu'il ne comprenait pas vraiment le pourquoi.

Bon, on continue vers cette fabuleuse aventure ?

[Taliesin]

Les trois frères ne détournèrent pas les yeux de Podrick, comme s'ils attendaient son verdict.
-Tu ne préfères pas les rejoindre ? avança le petit garçon. Nous, on serait super content que tu continues l'exploration avec nous - les autres acquiescèrent - mais... On voudrait pas que tu restes éloigné d'eux à cause de nous.

[Arya Du Varden]

Constantin disparut quelques instants traversant le mur avant de revenir. Il aurait bien voulu rejoindre les siens, mais il n' arrivait pas.. Sans vouloir dire la vérité aux garçons, il préféra jouer l'indifférence.

Ben .. vous savez ... c'est pas quelques minutes en plus qui changeront quequ'chose .. et pis, j'voudrai bien savoir c'qui y'a dans le p'tit coffret qu'y a dans la niche. Il ne vous reste plus qu'un mécanisme à activer, alors ce ne sera pas long.

Et déjà Constantin descendait et se plaçait devant ce qui était le trésor qui allait apparaître.

[Taliesin]

-D'accord ! fit Podrick d'un ton léger. Alors, poursuivons l'exploration !
-Ouiiiiiiii ! conclurent les autres, enthousiastes.
Si les gamins s'attendaient à découvrir un nouveau dédale, les mots du petit fantôme dissipèrent leurs illusions. S'ils en éprouvèrent quelque déception - ils se sentaient parés pour de nouvelles aventures -, ils n'en laissèrent rien voir, l'oublièrent même, peut-être, lorsqu'ils activèrent l'ultime mécanisme et gagnèrent à leur tour le pied des marches.

[Arya Du Varden]

La descente des dernières marches s'étaient faites sans attendre et lorsque les garçons arrivèrent devant le mur indiqué sur le plan, ils virent une pierre qui tournaient lentement sur elle-même. Rapidement, ils purent apercevoir la petite niche creusée directement dans la pierre et un petit coffret que entrait juste dans l'espace disponible. Mais ils durent attendre que la pierre eut fait un demi-tour total avant de pouvoir saisir le coffret.

Celui-ci était particulièrement lourd et une solide serrure en interdisait l'ouverture. Podrick se souvint tout à coup, qu'il avait trouvé une clef ...

[Taliesin]

L'enfant, qui avait laissé ladite clef dans sa chambre - il ne pensait pas en avoir l'utilité au cours de cette dernière exploration -, fit aussitôt volte face.
-J'reviens ! J'ai de quoi ouvrir ça ! lança-t-il par dessus son épaule, alors qu'il gravissait déjà les escaliers.
Il ne ralentirait le pas que dans le laboratoire d'Arya, pour ne rien y déranger. Ensuite reprendrait sa course. Il n'en aurait même pas pour cinq minutes...

[Arya Du Varden]

Lorsque le mécanisme donnant sur les sous-sols se mit en branle, la magicienne posa l'éprouvette qu'elle tenait et porta son regard vers l'ouverture qui se faisait. Voyant arriver Podrick seul, Arya fronça les sourcils même si l'aspect plutôt décontracté de l'enfant ne présageait rien de mauvais.

Tu remontes seul ?

[Taliesin]

-Oui, mais je vais pas tarder à redescendre... expliqua-t-il, s'immobilisant quelques instants. En fait, le truc secret, c'était juste une niche avec un petit coffre dedans, et je crois que j'ai la clef du coffre dans ma chambre. Donc j'allais juste la chercher...
Et il s'apprêtait déjà à repartir.

[Arya Du Varden]

La réponse de Podrick fut si brève concernant le petit fantôme, que la magicienne craint le pire. Bien consciente de l'excitation que l'enfant pouvait ressentir à la découverte de ce coffret et à la curiosité de connaître son contenu, elle ne le laissa pas filer vers sa chambre.

Oui ... pour Constantin, cela veut dire ... Podrick tu sais ce que je souhaite, qu'il puisse rejoindre les siens et maintenant tu sais ce qu'il lui faut, tu as assisté au départ de bien des spectres et tu as compris que s'ils sont retenus ici, il faut tenter que cette chose n'existe plus. Je sais que tu ne peux faire de miracle, mais je te demande de faire tout ce que tu peux. Alors, vous avez vu Constantin ?

[Taliesin]

Le gamin s'immobilisa une nouvelle fois.
-Ben oui ! Il nous attendait, on aurait dit. Et quand on lui a proposé d'explorer avec nous, il a été tout de suite d'accord. Même que c'est lui qui a trouvé comment ouvrir la niche... Bon, il a été absent un long moment, et on s'est inquiétés, mais c'était parce qu'il avait retrouvé son seigneur et ses parents... Comme je l'appelais, il est revenu pour nous dire comment activer les mécanismes, et quand je lui ai demandé s'il préférait pas, au lieu de continuer avec nous, retourner vers sa famille et tout, qu'ils étaient venus le chercher, il a répondu que ça pressait pas... Je crois, en fait, qu'il peut pas encore tout à fait partir. Peut-être qu'il pourra après qu'on ait vu ce qu'il y a dans le coffret, qu'on aura passé un peu plus de temps avec lui et qu'il comprendra que personne lui en veut plus pour hier...

[Arya Du Varden]

la réponse de l'enfant rassura la magicienne, Constantin n'était pas loin de pouvoir partir et elle l'espérait, comme le disait Podrick, qu'avant qu'ils s'en reviennent, il aurait pu retrouver la paix. Nul besoin de torturer le garçonnet qui était visiblement pressé d'aller chercher la clef et de tenter d'ouvrir le coffret.

C'est bien Podrick, aller file maintenant, ne fait pas trop s'impatienter tes amis !

Le garçon fila dans sa chambre et redescendit presque aussitôt tenant précieusement la clef qui allait peut-être leur offrir une découverte passionnante.

Il redescendit l'escalier et sous les regards de ses amis et du petit fantôme, il enfila la clef qui ne se fit pas prier pour faire entendre un petit déclic et le couvercle fut aisément soulevé.

Une odeur étrange envahit immédiatement la petite pièce ...

[Taliesin]

Si les enfants eurent, instinctivement, un mouvement de recul, ils ne s'alarmèrent pas pour autant. Il ne pouvait en rien s'agir d'un piège, un d'un nuage de gaz dangereux comme, parfois, en lançaient les mages. Pourquoi aurait-on voulu piéger un coffre enfermé dans une cache très difficile à ouvrir et dont l'emplacement n'était indiqué que sur une carte dissimulée en un lieu incongru ? Si on avait fait une carte, c'était pour guider quelqu'un ; et on ne tentait généralement pas de piéger celui qu'on guidait !
Du moins, c'est ce que pensèrent spontanément les enfants.
-Si ça se trouve, le coffre il était... nermétique, et là, c'qu'on respire, c'est de l'air d'autrefois qu'était enfermé dedans ! lança Yann.
-Et ben, ça sentait pas bon, autrefois... murmura Thibault.

[Arya Du Varden]

Les fines particules sorties du coffret pénétraient rapidement dans l'organisme des enfants et ce fut Yann, le plus jeune à la corpulence la plus petite qui ressentit en premier les effets hallucinogènes qui avaient été engendrés par la décomposition de quelques précieuses graines qui y avaient été entreposées tout au long des interminables années que le petit coffret avait dû attendre avant que les jeunes aventuriers ne viennent à le découvrir.

Ce ne fut que quelques secondes plus tard qu'Etienne, puis Podrick et enfin Thibault en ressentent également les effets qui se firent rapidement puissants.

[Taliesin]

Yann se frotta les yeux.
-Oh, mon vœu a enfin marché ! s'exclama-t-il tout à coup.
-Quoi, ton vœu ? fit Thibault.
-Ben, c'est l'été !
-L'été ? intervint Etienne, incrédule.
-Oui, l'été ! Il fait super chaud, tout d'un coup ! Et vous voyez toute cette lumière ?
-Heu, Yann... tenta Podrick. La lumière, c'est celle de la lampe. Et en plus, on est dans un souterrain, donc on voit pas le soleil...
-Si ! persista le petit garçon, euphorique. Le soleil, il doit passer par un trou, un... soupirail, j'crois qu'on dit ! Et puis... Et puis... Ecoutez... Y a la mer, aussi ! La mer ! Les vagues et tout ! Vous entendez pas ?
-Moi, le seul truc que j'entends, c'est des tambours... murmura Etienne, soudain inquiet. Des tambours de guerre, on dirait...
-C'est... C'est peut-être les voleurs de boutons... fit Podrick, qui semblait les entendre aussi. On a dû les réveiller en ouvrant le coffret...
Thibault les observait, éberlué.
-Et, les gars, qu'est-ce qu'il vous arrive ? Je vois pas de lumière, j'entends r...
Il s'interrompit. Fronça les sourcils.
-Pourquoi y a des lianes, sur les murs ? Et des feuilles, et...
-On doit être dans la jungle qui borde la plage, fit Yann, le moins décontenancé de tous. Le moins décontenancé de tous, car il avait son explication personnelle aux étranges phénomènes qui débutaient. Le génie, il a dû décider de réaliser mon vœu, pour nous remercier de l'avoir libéré... Et il nous a téléportationné sur une île déserte...
-Pas si déserte que ça, vu les tambours... souffla Etienne.

[Arya Du Varden]

Un seul semblait rester perplexe face à cette débauche de visions hallucinatoires, c'était Constantin que les observait ne comprenant pas ce qui se passait. Les enfants devaient avoir inventer un jeu sans lui donner les règles et franchement, il n'appréciait pas du tout.

Eh vous êtes pas sympa, c'est quoi ce délire. C'est pas l'été, y'a pas de tambours et encore moins de lianes. Si vous voulez que je vous laisse maintenant que vous avez trouver ce que vous chercher, y'a qu'à me le dire, c'est pas la peine de faire tout ce cirque.

Si dans l'air les particules s'estompaient, elles restaient toutefois présentes, car soulevées par les mouvements des enfants qui en avaient suffisamment respirer pour planer loin de la réalité dans les limbes des rêves secrets que leur subconscient n'avaient aucune peine à mettre pleine sensation de réalité à leur délire.

[Taliesin]

Ils se tournèrent tous vers Constantin. Le fait qu'il ne perçoive rien de ce qu'ils percevaient, eux, les troublaient profondément. Leurs sens ne pouvaient pas leur mentir à ce point, tout de même !
-Mais non ! On veut surtout pas que tu partes, et on fait pas de cirque... s'exclama Yann, avec la sincérité désarmante de son jeune âge. Tu vois vraiment rien ? Rien de rien ? Y a pourtant de la lumière tout partout, et puis fait tellement chaud...
-Et ces foutues lianes grossissent encore !
-Et les tambours... On dirait qu'il y en a partout...
-On va s'faire piquer tous nos boutons...

[Arya Du Varden]

La spontaniété de Yann fit regretter à Constantin sa question, mais bien qu'il ne connaissait pas ce qu'il croyait être un jeu, il le trouvait déjà très drôle et sans attendre se lança dans les fantasmes peuplant sa mémoire.

Ecuyer, vite mon armure avant qu'ils me piquent les boutons de mes caleçons, Chevaliers à l'aide ...

Tout en parlant, le petit fantôme tournoyait dans la pièce générant des courants d'air qui faisaient remonter à hauteur des narines des enfants la myriades de particule hallucinogènes qui s'étaient déposées sur le sol et sur la table

[Taliesin]

Les gamins poussèrent un soupir collectif. Constantin semblait enfin voir et entendre les mêmes choses qu'eux. Cela les rassurait quant à leur santé mentale...
L'instant suivant, ils écarquillaient les yeux : le petit fantôme leur apparaissait non plus revêtu de ses oripeaux de page, mais portant des plates aussi brillantes qu'imposantes.
-Comment tu fais pour supporter une armure par une telle chaleur ? fit Yann, admiratif, en s'essuyant le front d'un revers de manche. Moi, j'transpire déjà comme c'est pas permis...
-Un chevalier supporte son armure par tous les temps ! dit Thibault. Si j'en avais une, ce qui n'est malheureusement pas le cas, je l'arborerai aussi fièrement que Constantin.
-Pas moi ! s'exclama Etienne. D'abord, je crois que ça serait trop lourd pour mes épaules... Et puis, dans cette jungle, franchement, ça serait pas pratique pour se faufiler... Et de toute façon, les barbares ont jamais d'armure ! Ils se baladent avec presque rien sur le dos, pour bien montrer qu'ils ont pas peur qu'on leur perce la peau ! Alors, franchement, je donnerai mon royaume pour un pagne.
-C'est vrai qu'un pagne, c'est pratique quand il fait chaud...
-Oui mais les barbares ils viennent souvent de pays où qu'il fait froid. Donc c'est pas pour ça qu'ils en mettent, comme j'expliquais...
-Oui, mais s'ils étaient téléportés ici, seraient contents d'avoir que ça, des pagnes...
-Oh, je crois aussi, oui !
-Bon, les gars...dit Podrick, que les tambours inquiétaient toujours. Faut qu'on décide de ce qu'on fait... Parce que si c'qu'on entend, c'est des tambours de guerre, on est dans de beaux draps. Faut qu'on se prépare en cas d'attaque, qu'on reste pas au même endroit pour pas être facilement repérés...
Leurs visions s'étaient accordées, comme si ce qu'exprimait l'un deux devenait tout à coup réalité pour les autres. De fait, ils se retrouvaient désormais au milieu d'une jungle inextricable, écrasée de soleil et de chaleur, dont l'atmosphère humide et étouffante battait du vrombissement de myriades d'insectes...
Et du son sourd des tambours, dans le lointain.

[Arya Du Varden]

Fièrement Constantin fit mine de sortir son épée, lui qui ne pourrait jamais être chevalier avait enfin le pouvoir de l'être pendant ce jeu qu'il affectionnait de plus en plus.

N'ayez crainte, moi Constantin sans peur et sans reproche, je saurai vous défendre.

Le petit fantôme se mit à tournoyer n'arrangeant en rien les effets qui affectaient les enfants par les particules qu'il soulevait dans ses mouvements.

Je ne transpire jamais, quelle que soit la température, j'ai même pas peur ... de ceux qui battent du tambour, je peux anéantir une armée entière, personne ne volera vos boutons ...

Trop fier maintenant pour se rabaisser à poser la question, il se demandait qui pouvait être ces voleurs de boutons que les quatre garçons semblaient tant redouter.

[Taliesin]

-Gare... fit Podrick, d'un ton prudent. J'doute pas un seul instant de ta bravoure, Constantin. Pas un seul. mais... Y a pas mal de tambours. Alors, ça veut dire qu'il y a pas mal d'ennemis...
-Peut-être que ce sont pas des ennemis ? Peut-être que ce sont juste des gens qui font une fête ? suggéra Yann.
-P't'être. Mais faut quand même bien faire gaffe, on sait jamais. Et ça a vachement l'air de tambours de guerre comme on en décrit des fois, dans les histoires...
L'épée brandie par le petit fantôme avait un côté rassurant... bien que, sans doute aussi immatérielle que son propriétaire, elle ne leur serait pas forcément d'un grand secours. De surcroît, elle lui faisait cruellement ressentir leur dénuement : ils n'auraient que leurs mains nues à opposer à leurs possibles adversaires.
-Faut qu'on fasse le point... reprit-il. Comme ça, on pourra penser à une stratégie... Déjà, faut savoir ce qui nous est arrivé...
-Ben c'est pas compliqué ! répondit Yann, sûr de son fait. On a été téléportationnés dans un coin où qu'c'est l'été. C'est le génie qui a fait ça, pour nous remercier de l'avoir libéré.
Un silence pensif suivit sa déclaration. Puis les trois autres acquiescèrent : c'était l'exploration la plus probable.
-Donc, faut qu'on cherche comment on rentre chez nous... dit Thibault.
-Pourquoi rentrer chez nous ? s'étonna Yann. Si ça se trouve, c'est un super endroit, avec les gens qui font la fête et tout ! Et y a peut-être même pas d'école !
Il avait usé d'un argument de poids, qui fit son petit effet.
-En tout cas, faut qu'on bouge ! conclut Etienne. Y a rien ici. Faut qu'on avance pour voir si on découvre des trucs intéressants, des indices sur ceux qui battent le tambour...
Nouvel acquiescement collectif. L'instant suivant, ils se mettaient tous les cinq en route, s'enfonçant dans la jungle... qui n'était en réalité que le labyrinthe tortueux des sous-sols de la maison d'Arya. Mais, croyant leurs sens, la touffeur ambiante, la sueur qui perlait, les sons - vagues, chants d'oiseaux, tambours sinistres -, ils étaient persuadés d'avoir quitté ceux-ci pour un lieu situé à l'autre bout du monde.

[Arya Du Varden]

Pendant quelques instants Constantin ne compris pas pourquoi ils voulaient chercher comment rentrer chez eux, mais cette question disparut rapidement alors qu'ils se dirigeaient dans les dédales du sous-sol.

Prit par le jeu, son imagination débordante se laissant totalement aller, le petit fantôme hurla soudain tout en se précipitant l'imaginée épée en avant.

Là, ils sont là, attaquons avant qu'ils nous attaquent. Allez vaillants chevaliers, tous avec moi ...

Dans son élan, le petit spectre disparut dans le mur lui faisant face ...

[Taliesin]

-Constantin, reviens ! cria Etienne.
Mais c'était trop tard : le page s'était volatilisé, avalé par un rideau végétal qu'eux même ne pourraient franchir.
-Il va se faire capturer... gémit Yann, angoissé.
Podrick lui posa une main sur l'épaule.
-Mais non ! C'est un fantôme, il ne risque rien...
-Lui non, mais nous... S'ils ont compris qu'on était là, s'ils ont entendus Etienne...
Spontanément, ils baissèrent les yeux sur leurs vêtements, promis à un cruel martyr. Et encore, cela n'interviendrait que dans le meilleur des cas. Si leurs ennemis n'étaient pas de simples voleurs de boutons, s'il s'agissait de ces sauvages cannibales peuplant les récits de voyage...
Quoi qu'il en soit, les mots du petit spectre avaient provoqué leur effet, inspiré leur imagination débridée par les graines hallucinogènes. Les battements de tambours s'étaient faits tonitruants ; ils pouvaient presque sentir les êtres qui les battaient, tout proches...
-Faut qu'on s'éloigne ! s'exclama Podrick, raisonnable.
Les autres obtempérèrent aussitôt. Même un chevalier, même un barbare ne chargeait pas sans armes, sans savoir à qui il avait affaire. Ils détalèrent donc dans le couloir, pour eux infime sente au milieu de la végétation dont ils percevaient les frôlements. Leurs impressions étaient si réelles, si tangibles, qu'ils levaient parfois les mains pour écarter une fougère, chasser un insecte trop entreprenant, essuyer la sueur qui leur coulait dans les yeux, brouillant leur vue...

[Arya Du Varden]

Soudain face aux enfants bondit Constantin brandissant son épée et hurlant aux ennemis.

Mécréants, vous ne toucherez pas à mes amis.

Et de se battre en virevoltant, faisant mine d'enfoncer son arme dans un corps qui ne pouvait que succomber à son coup. Puis, après quatre morts, il se retourna regardant son épée et tout en l'essuyant sur un gisant.

Maintenant, tous sont partis, les tambours se sont tus, les villageois nous attendent pour nous fêter, suivez-moi ...

Et de s'avancer dans le couloir qui amenait au hall central sous l'escalier ...

[Taliesin]

Les garçons s'entreregardèrent, hésitants. Du combat, ils n'avaient pas vu grand chose, tant al végétation étaient dense. Ils ne doutaient pas qu'il ait eu lieu, cependant. Et, de fait, les tambours avaient cessé.
-Comment qu'il a pu leur faire du mal ? souffla Yann.
-Ben, son épée, elle est peut-être solide, en fait...
-Ou alors les autres, ils ont fait semblant de mourir, et nous tendent un piège... Parce que ça serait bizarre de nous faire une fête alors qu'ils ont eu des morts...
-Peut-être que les villageois c'est pas les mêmes que ceux qui jouaient du tambour ?
Ils haussèrent les épaules. Ils ne sauraient la vérité qu'en suivant Constantin auquel ils faisaient entièrement confiance. Ils se mirent donc en avant, tout en demeurant sur leurs gardes prêts, en cas de pépin, à vendre chèrement leur vie. Ou du moins leurs boutons.

[Arya Du Varden]

Constantin se retourna vers les garçons.

Mais non, les joueurs de tambours étaient les voleurs de boutons, alors si vous en avez perdu, vous pourrez prendre tous ceux que vous voulez et en plus, y'a plein de gâteaux au chocolat et des bonbons en quantité. Regardez ...

Le petit fantôme fit un geste circulaire comme si au milieu d'une clairière venait d'apparaître un village dont les habitants dansaient autour de tables couvertes de sucreries et qu'au sol trônaient de multiples caisses remplies de boutons.

Le jeu, la confiance des garçons, la fierté de ce chevalier qui n'avait pas pu l'être, le spectre palissait régulièrement, chaque fois un peu plus ...

[Taliesin]

Mais les enfants ne notèrent pas le phénomène. Les yeux écarquillés, ils fixaient le village qui leur était apparu jusque dans ses moindres détails. Sur un sol sablonneux - ici, les hallucinations rejoignaient la réalité, car ils se trouvaient dans la salle centrale, sous l'escalier, ainsi recouverte pour atténuer les possibles chutes depuis les marches escamotables - se dressaient des huttes comme en décrivaient les marins au longs cours ; il y avait des tables, oui, chargées de friandises ; et, en face d'eux, au-delà du rideau d'arbres ceignant la clairière, la mer se dessinait, turquoise, sous un soleil resplendissant.
Tandis que Thibault et Podrick fixaient les gâteaux, gourmands, que Yann observait la mer, tenté, Etienne gardait les yeux rivés sur les monceaux de boutons.
-Devaient être un paquet, les voleurs, pour avoir piqué tout ça... Et toi, Constantin, tu dois être un sacré chevalier pour les avoir mis en déroute à toi tout seul... dit-il, admiratif.