La Couronne de Cuivre

La remarque ne manqua pas la faire légèrement rosir cette fois mais elle n'en souhaita pas moins la bonne journée aux jeunes-gens sans avoir besoin de préciser qu'elle reviendrait certainement bientôt leur rendre visite. Elle rejoignit ensuite rapidement la blonde qui s'était proposée de lui servir de guide. Dès qu'elles se furent un peu éloignées, elle prit sur elle de lui demander :

- Moïra n'a pas vraiment eu l'occasion de nous présenter alors est-ce que je peux te demander ton prénom ?

C'était toujours plus simple de communiquer quand on se retrouvait à égalité sur ce plan de son point de vue.

La blonde sourit.
" Pardon ! Je suis Valentine,dit la jeune femme en se glissant dans la rue. Est-ce que tu as déjà réfléchi à ce qui te ferait plaisir ? Des robes ? Un manteau ? Le tailleur est génial, mais si tu n'as pas de suggestions, il ne saura pas faire grand chose."

Chandara lui rendit l'un de ses plus beaux sourires avant de répondre d'un ton joyeux :

- Alors je suis ravie d'avoir fait ta connaissance, Valentine ! Et pour ce que je compte lui demander...

Elle marqua une pause, l'air rêveur, avant de reprendre sur le même mode :

- Une jolie robe pour commencer, bien sûr : que je puisse porter pour aller danser si j'arrive à convaincre Arthur de m'y emmener. Hum... Voyons... Et aussi une jolie tenue pour monter à cheval : j'ai toujours rêvé d'en avoir une ! Après, pour le manteau, j'aurai bien le temps d'y revenir quand ce sera la saison. Oh, et je crois qu'il me faudrait absolument un joli chapeau mais j'imagine qu'il faudra que j'aille trouver un spécialiste ailleurs... Après, ce sera aussi en fonction de l'inspiration !

Valentine rit de bon coeur.
" Je peux imaginer que Manost soit rigoriste, mais toutes les villes dorrandines sont-elles à ce point grises ? Je dois avouer que j'ai du mal à y croire. On importe pas mal d'étoffes de votre île, et il y a des choses superbes. Pourquoi fabriquerait-on de tels tissus si ce n'est pas pour en draper les corps ?"

Chandara parut surprise par cette remarque mais la bonne humeur de Valentine était communicative et elle répondit sans tarder :

- A moins de faire partie de la haute société peut-être et de l'armée, on ne trouve vraiment rien de seyant à Manost. Surtout dernièrement : les gardes sont devenus à ce point tatillons qu'ils interrogent ceux - et surtout celles - qui portent des couleurs trop vives. Comme s'il pouvait s'agir d'éléments séditieux, n'importe quoi ! Les rares robes que j'ai pu y faire faire l'ont été en cachette par une amie à qui j'ai rendu un service.

Elle arbora une mine scandalisée avant de reprendre d'un ton plus doux :

- Après, je viens d'une plus petite ville où on sait tout de même un peu plus faire la fête et apprécier les bonnes choses mais la mode y est plutôt... rurale. Alors tu dois comprendre que Luménis a des allures de paradis pour quelqu'un comme moi !

" Oui... Des étoiles pleins les yeux ! Nous en voyons passer beaucoup, des comme toi. L'important, c'est d'arriver à garder un peu la tête froide. Nombreuses sont les demoiselles qui rentrent ensuite chez elles et dépriment de ne plus pouvoir se gorger du faste de la capitale... Ce n'est pas l'idée non plus. Il faut arriver à voir la beauté où elle se trouve. Les campagnes offrent d'autres agréments. Bon, ça ne vaut sans doute pas une belle robe, je le reconnais volontiers."
Elles remontaient désormais vers le port. Sur leur passage, les regards les suivaient, mais Chandara nota rapidement qu'on admirait davantage la Sunite qu'elle. Il faut dire que cette dernière était très légèrement vêtue, et marchait avec une certaine langueur... parfaitement étudiée.

Et il lui fallait bien reconnaître que - même si elle ne faisait pas tout à fait pâle figure - Chandara était loin de se sentir complètement à son avantage en compagnie de la magnifique Valentine. Ce n'était peut-être pas plus mal car, au fond, elle ne s'intéressait que peu à ce que pouvaient penser les marins et elle se sentait un peu plus libre de ses mouvements mais cela titillait tout de même un aspect de sa personnalité qui ne lui était pas vraiment familier. Etait-ce une certaine forme de vanité ? Les paroles de Valentine sur le fait qu'elle ne serait plus la seule jolie fille parmi les Sunites lui revinrent alors en tête mais elle les balaya en se concentrant sur sa conversation :

- C'est sûr que j'ai un peu peur de déchanter : tout me parait nouveau et magnifique ici et je suis en vacances alors j'en profite mais j'ai un peu peur de vite me sentir à nouveau seule après le départ d'Arthur. Et de toute façon il me faudra bien rentrer à un moment où à un autre. et c'est une raison de plus de profiter de mon séjour, tu ne trouves pas ?

" Oh, je ne voulais certainement pas suggérer de ne pas profiter ! Luménis est une ville superbe, c'est certain, et tu aurais tort de ne pas essayer d'en tirer le meilleur parti. Il faut juste que tes finances suivent, car ce n'est pas l'endroit le plus bon marché du coin... Mais peut-être la vie est-elle en réalité plus chère à Manost ? Je dois dire que je n'en sais rien. A ma connaissance, on n'y trouve pas de Sunites. Ou alors seulement des vagabonds de passage... Nous en savons somme toute très peu."
Chemin faisant, elles étaient parvenues dans les rues beaucoup plus animées du port, et Valentine fut sifflée et interpelée plus d'une fois, sans que cela ne l'inquiète vraiment. Peut-être le fait qu'elle soit une prêtresse, et donc potentiellement capable de se défendre, suffisait-il à garder les importuns à distance...

Les premières fois, Chandara s'était un peu crispée et avait recherché - en vain évidemment - le marteau à sa ceinture mais les réactions tranquilles de Valentine finirent par l'apaiser d'autant qu'elle se sentait elle-même les moyens de remettre des importuns à leur place s'il le fallait. Elle ne s'en était alors plus vraiment préoccupé et avait livré des réponses à la superbe Sunite : la vie n'était pas donnée à Manost par rapport à sa région natale mais elle disposait tout de même d'un pécule lui permettant de surmonter les difficultés tant qu'elle ne cherchait pas à mener un grand train de vie.

- A ce propos, il me semble important de faire un don au temple à l'occasion de mon séjour et je me demandais ce qui serait susceptible d'être bien accueilli...

Elles avaient dû ralentir le pas car la concentration de personnes était devenue trop importante pour cheminer distraitement.
" Tout don est bienvenu, Chandara. Chacun donne en fonction de ses moyens, répondit Valentine en riant. Regardez ce que vous pouvez vous permettre. De toute façon, c'est entre la déesse et vous."

Entre la déesse et elle... Cette pensée la fit sourire tant elle contenait une vérité si pure qu'elle réchauffait le cœur. Loin d'être un simple acte social pour bien figurer dans la bonne société comme pouvaient le penser certains, faire un don à son temple était effectivement une façon de rendre hommage avant tout à Sunie. Elle répondit d'un air rêveur et évita de justesse de bousculer un passant dont elle s'était approchée trop près :

- J'imagine que vous avez besoin d'or pour vos œuvres de mécénat mais je pensais à autre chose qu'à de l'argent... Vous organisez des fêtes si j'ai bien compris et je ne doute pas de la qualité de vos fournisseurs mais peut-être que vous seriez susceptible d'apprécier de nouvelles saveurs ? Ma famille produit des vins qui ont une certaine réputation en Dorrandin et j'en ai emporté quelques bouteilles. Est-ce que vous avez l'équivalent d'un sommelier à qui je pourrai en faire gouter ?

Evidemment, il y avait aussi le fait accepter de poser pour Soren qui pouvait être considéré comme une forme de don à la déesse mais elle préféra ne pas y revenir : c'était là un sujet qu'elle devait réfléchir en son âme et conscience et pour lequel elle ne pensait pas devoir demander de conseil à quiconque.

« Nos œuvres de mécénat… Vous êtes romantique, Chandara. Nous avons besoin d’or pour nourrir et vêtir les prêtres, pour chauffer le temple — enfin, pas à cette saison, pour repeindre un mur ou boucher une fissure, acheter de nouvelles assiettes pour remplacer celle qui sont brisées, entretenir le jardin… Les œuvres de mécénat viennent bien loin derrière ! Nous ne vivons pas d’amour et d’eau fraîche, contrairement à ce que pensent certains. »
Elle lui sourit avec indulgence.
« Mais nous sommes amateurs de bonne chère, vous ne vous trompez pas… Vous pourriez rencontrer le sommelier, effectivement, si vous avez envie de célébrer la beauté de cette manière. »

Elle rougit néanmoins : elle aurait dû songer à ces contingences pratiques : le temple et ses jardins ne pouvaient pas être aussi beau sans être entretenu et s'en occuper devait revenir cher effectivement. Mais au moins n'avait-elle pas commis d'impair concernant le vin et faire découvrir les grands crus de son domaine était une chose qu'elle escomptait mener à bien. Mais pour l'heure, Valentine et elle avaient une toute autre mission à accomplir : une autre façon de célébrer la beauté pour rendre grâce à la Dame. Et elle ne doutait pas que la Sunite puisse être de bon conseil pour l'aider à se mettre en valeur.

Chemin faisant, les deux jeunes femmes étaient arrivées dans une rue bordée de boutiques diverses. Valentine savait manifestement où elle allait et elle guida Chandara jusqu'à l'enseigne de bois du tailleur.

Depuis les commerces portuaires.

La jeune-femme ressentait une attirance irrépressible - et qu'elle ne s'expliquait qu'en partie - pour ce merveilleux endroit depuis la première fois où elle était passée devant quelques jours plus tôt à peine. Mais elle avait depuis gagné l'assurance de pouvoir y retourner aussi souvent qu'elle le souhaitait aussi résista-t-elle cette fois à l'envie d'y effectuer un passage : il commençait à se faire tard l'air de rien et elle se languissait de son amoureux. Avec un peu de chance, elle parviendrait à le surprendre, quitte à ne faire que l'observer de loin en attendant qu'il soit libéré de ses engagements pour la soirée.

Personne ne jaillit du Temple de Sunie pour l'attraper, aussi put-elle continuer sa route en direction du dôme de doré du Temple de Lathandre et, plus loin, de la commanderie des paladins. Deux novices étaient en faction, ils la laissèrent entrer sans lui poser de questions, et, contrairement à ce qu'elle avait imaginé, elle n'eut pas la possibilité de se mettre en quête d'Arthur : il l'attendait dans la cour, appuyé à un muret. Il avait une selle sur les genoux, qu'il graissait méthodiquement, mais il était manifeste que c'était davantage pour passer le temps qu'avec l'intention de la terminer avant le repas du soir.

Chandara était à la fois ravie de retrouver Arthur et un peu honteuse d'avoir manifestement trop traîné lors de ses emplettes. Toutefois, elle entreprit de se rattraper immédiatement de ce temps perdu en s'approchant du jeune-homme pour lui décocher son plus beau sourire et annoncer d'un ton mutin mais suffisamment bas pour n'être entendue que de lui :

- Excusez-moi mais j'ai rendez-vous avec un charmant paladin : cela ne vous dérange pas si je m'assois à côté de vous pour attendre qu'il ait fini son service ?

Et elle joignit aussitôt le geste à la parole, prenant place tout à côté de lui sur le muret.

Quête : Un autre appel

Revenant de ses emplettes, la jeune femme arriva donc à hauteur du Temple de Sunie. La grille du parc n'était pas fermée, mais celui-ci était toujours aussi désert : les Sunites dormaient encore, comme en attestait la porte close du sanctuaire proprement dit. Les oiseaux, par contre, étaient en plein concert et les fleurs épanouies dégageaient leurs mille parfums pour le plus grand bonheur des abeilles. Les allées étaient tranquilles et Chandara pouvait y déambuler de tout son saoul, sans risquer d'être importunée...

Les jardins étaient tout bonnement sublimes et semblaient magnifiés par la rosée matinale et le chant mélodieux des oiseaux se réveillant sous un ciel radieux. Elle se mit à arpenter les allées désertes le cœur en joie, ne sachant plus où poser les yeux émerveillés et débordant de curiosité comme lorsque - jeune-fille - elle cherchait avec ses frères les cadeaux qu'avaient disséminés ses parents dans leur petit jardin.

Et cette fois les surprises consistaient en des œuvres pleine de finesse qu'elle découvrait au hasard de ses joyeuses pérégrinations, la ravissant autant sinon plus que la petite fille choyée et aimée qu'elle avait été. Au bout de plusieurs minutes, elle se surprit à siffloter un air gai et enjoué mais cela l'amusa plus que cela ne la gêna et elle poursuivit sa balade avec entrain, recherchant avec plaisir les statues marquées d'un simple "S" révélateur de son auteur.

S'il y avait de nombreuses statues du Sunite dans le parc, il était loin d'être le seul artiste exposé. La plupart des sculptures représentaient des êtres humains magnifiques, presque toujours nus, dans diverses poses, de la plus lascive à la plus sage. Parfois ils étaient en couple, s'étreignant jusqu'à l'extase, même si les plus osées des statues étaient dissimulées dans des labyrinthes de haies ou au creux de buissons touffus. Il y avait des animaux, aussi, moins nombreux, quelques colombes de pierre, une panthère, une licorne. Et puis des créatures élégantes, nymphes et élémentaires, célestes et elfes, tous représentés triomphants, magnifiques, imperturbables et parfaits. Ça et là, une fontaine crachait son eau claire, parfois sur des nénuphars ou des poissons rouges tranquilles. Les parterres de fleurs formaient des arabesques sur l'herbe jaunie par la canicule. Et toujours, les Sunites dormaient.

Mais Chandara ne voyait tout simplement pas le temps passer et se prenait au jeu d'admirer tout ce qui s'offrait à son regard, son ouïe, son odorat ou même parfois son toucher. Malgré une certaine gêne au début, elle ne pouvait s'empêcher de regarder les statues représentant des couples, s'imaginant - avec autant d'envie que de curiosité - se retrouver un jour dans la même situation avec un beau paladin blond. Il fallait bien reconnaître qu'elle était sans doute très naïve en la matière et aussi qu'elle devrait très certainement se montrer patiente mais il était bien difficile de ne pas y songer dans pareil décor...

Chemin faisant, elle finit par s'approcher de l'arrière du temple comme si elle cherchait inconsciemment à atteindre un lieu familier, celui-là même où elle s'était entretenu avec Sire Séverin quelques jours auparavant. Elle ne le croiserait sans doute pas d'aussi bon matin et elle ne savait même pas ce qu'elle lui dirait si elle venait à se tromper mais elle finit par s'asseoir sur le banc qu'ils avaient partagé, admirant au passage la figure puissante mais pourtant esthétique d'un centaure. Elle se laissa alors bercer par le chant des oiseaux et la brise légère qui lui apportait à la fois une fraîcheur bien agréable et de divines fragrances en provenance des massifs floraux.

Elle réalisa bientôt qu'en réalité, malgré l'heure matinale, du bruit provenait de l'intérieur du Temple et plus précisément de la salle d'entraînement où elle avait rencontré les paladins quelques jours plus tôt. Quelques unes des fenêtres étaient ouvertes et, si elle le désirait, elle pouvait aller les observer plus ou moins discrètement. A moins qu'elle ne préfère se faire remarquer franchement en frappant à la porte...

Elle en avait été certaine : tous Sunites qu'ils étaient, les paladins devaient s'entraîner dès le matin ou en tous cas se lever plus tôt que les clercs pour assurer la sécurité du temple. Il était d'ailleurs probable qu'ils assurent une rotation pour que certains d'entre eux soit toujours éveillés. En tous cas, c'était bien ainsi que fonctionnait l'Ordre du Cœur Radieux à Manost... Elle n'était donc pas certaine de trouver le seul preux dont elle avait fait la connaissance et elle ne se sentait pas vraiment permise d'en importuner d'autres si jamais il ne se trouvait pas parmi dans la salle d'entraînement. C'est donc uniquement pour vérifier si Sieur Séverin était présent et surtout pas dans un souci de ne pas être repérée qu'elle s'approcha discrètement d'une fenêtre ouverte. Il serait toujours temps de se manifester s'il était présent et disponible...

Il y avait quatre personnes dans la salle. Sire Séverin était l'un d'entre eux, tout comme le jeune homme qu'elle avait vu avec les clercs sunites la veille, et dont elle avait deviné la profession. Il y avait aussi deux femmes : celle qui s'entraînait avec Sire Séverin le jour où elle avait fait sa connaissance, et la belle blonde qui l'avait abordée dans le parc après sa confrontation houleuse avec Sire Othon, dans la rue. Aucun d'entre eux ne remarqua la paladine qui les observait, cependant...

La présence de tant de figures connues - ou presque, elle ne se faisait tout de même pas tant d'illusions au sujet de leurs relations à peine naissantes - la rasséréna quelque peu. Là où elle se serait probablement contenté de s'éloigner tout aussi discrètement qu'elle avait approché pour ne pas risquer de perturber un exercice privé, elle trouva un élan pour aller vers ces quatre paladins si élégants dans leur style comme dans leur allure. Restait cependant à soigner son entrée et à lui donner un semblant de justification. Et pour ne pas donner la désastreuse impression d'être une espionne - ce qu'elle était presque à bien y réfléchir - elle s'éloigna de la fenêtre pour s'approcher de la porte et y frapper trois coups discrets, cherchant déjà mentalement une réplique pour cautionner sa venue.

La porte s'ouvrit peu après sur la jeune femme blonde qu'elle avait croisée dans le parc. Celle-ci haussa très légèrement ses sourcils gracieux, qui surplombaient son incroyable regard vert printemps, et esquissa un sourire. Elle tenait une rapière dans la main gauche et portait un justaucorps de toile joliment ajusté.
" Une visiteuse bien matinale, fit-elle amicalement. Bienvenue en nos murs. Puis-je vous aider ? Je crains que le Temple n'ouvre pas avant une heure ou deux."

Chandara était tellement subjuguée par la grâce de la paladine, qui semblait mêler tout à fois l'élégance de sa tenue avec une attitude martiale invitant au respect, la sagesse et la profondeur de son regard et un sourire accueillant. Elle la dévisagea plusieurs secondes, oubliant au passage la phrase d'introduction qu'elle avait à peine formé dans son esprit. Qu'à cela ne tienne, au point où elle en était, la spontanéité valait tout aussi bien que les répliques pompeuses et empruntées :

- Bonjour, Dame Aphrodite, si je ne m'abuse...

Elle s'était souvenue du nom évoqué par Moïra juste à temps et espérait ne pas s'être fourvoyée pour ne pas passer davantage pour une idiote.

- En fait, je me promenais juste dans les jardins et je vous ai entendu... Alors, je sais que c'est terriblement présomptueux de ma part mais je me demandais si je pouvais - si cela ne gêne pas votre entraînement - y assister quelques instants...

Dieux... Au temps pour la spontanéité...

" Pourquoi pas ? dit la jeune femme en souriant. Entrez donc."
Chandara fut donc introduite dans la pièce et Aphrodite retourna croiser le fer avec son partenaire, Séverin. Tous s'affrontaient avec la même grâce et la même légèreté que la veille, alliant souplesse, élégance et vitesse. Il apparut très rapidement à Chandara que jamais elle ne parviendrait à ce genre de style... avec un marteau.

Chandara s'était glissé à la suite de la paladine blonde et avait pris un instant pour saluer ses confrères avant de gagner un coin de la salle d'entraînement où elle s'était assise en tailleur, soucieuse de ne surtout pas gêner la danse martiale à laquelle se livraient les deux couples.

A dire vrai, le style de combat auxquels il s'exerçaient était à des lieues de tout ce qu'elle avait pu apprendre ou même voir dans sa courte carrière et elle était à la fois subjuguée - et quelque part intimidée - de n'en être sans doute jamais capable.

Elle était maintenant partagée entre le désir de les observer évoluer pendant des heures dans cette ronde terriblement efficace, l'envie qui la démangeait de pouvoir un jour y participer et la crainte de ce qu'elle paraisse totalement ridicule si elle osait seulement s'y essayer avec ses réflexes frustres et brutaux.

Les paladins se heurtèrent avec grâce pendant une bonne demi-heure avant de mettre fin à leur entraînement. Ils paraissaient ravis de leurs prouesses et échangèrent quelques remarques sur leur travail avant de se diriger vers la porte qui menait au coeur du Temple. Seul Séverin resta en arrière pour venir à la rencontre de Chandara.
" Nous allons aux Thermes, à présent. Ensuite, nous petit-déjeunerons dehors. Si vous voulez vous joindre à nous, vous êtes la bienvenue. Pour le petit-déjeuner, je veux dire."

La Couronne de Cuivre

[Lieu] Temple de Sunie