La Couronne de Cuivre

" Le fait qu'un démon réside dans le coeur de cet enfant ne rend pas sa viande plus goûteuse." dit la Dame Blanche, toujours sans se retourner.
A côté de Taliesin, Victor tressaillit.
" Mais puisque vous insistez, je vous saignerai tous les trois. A vous de choisir si vous préférez partager le destin du demi-faune dans l'instant, ou si vous préférez vous détourner."
Elle ne leur avait toujours pas fait face et Taliesin vit qu'elle avait saisi Titus par les cheveux et s'apprêtait à lui trancher la gorge.

Décidément, ses techniques de bluff semblaient être devenues aussi inefficaces que ses tentatives de persuasion... Si bien qu'il fallait se rendre à l'évidence : il était complètement désarmé.
Enfin, presque.
-Soit, tant pis pour vous : vous ne pourrez pas dire que je ne vous avais pas prévenue... fit-il, tranquille.
Son couteau lui semblant dérisoire, tout comme la corde - prévue pour un chamois, fut-il magique -, il décida de recourir à son imprévisible magie et s'efforça de lancer l'un de ses plus puissants sortilèges.

Taliesin --> Domination --> Dame Blanche

Au moment où Taliesin lança son sortilège, il se passa simultanément trois choses. Il sentit quelque chose lui pousser sur le menton, quelque chose qui chatouillait, dont il aurait pu explorer la nature s'il en avait eu le temps, ce qui n'était pas le cas. A la même seconde, il sentit un frissonnement à la surface de son esprit, mais qui n'alla pas plus loin. Victor, par contre, s'écarta d'un pas, puis d'un autre, sans sembler suivre une direction particulière. Et puis, dans un claquement, le barde se retrouva debout face à la Dame Blanche, sur la table, juste à côté de Titus.
De domination, par contre, il n'en fut pas question.

Bon eh bien, puisque toutes ses tentatives semblaient vouées à tourner au ridicule consommé, autant ne pas s'arrêter en si bon chemin !
-Coucou ! lança-t-il joyeusement à la sorcière.
L'instant suivant, il essayait de la poignarder.
Il avait beau savoir que c'était vain, il y mit néanmoins toute sa force, toute sa rapidité. Pour la beauté du geste.
On ne pourrait pas lui reprocher d'avoir essayé... Mais restait à espérer que la cavalerie débarquerait sous peu pour lui sauver la mise.

Le couteau s'enfonça dans l'épaule de la Dame Blanche, comme dans du beurre, mais aucun sang ne perla. Ils étaient maintenant face à face et elle le regarda droit dans les yeux, de ses yeux blancs qui le glacèrent jusqu'au tréfonds de lui-même. Ensuite, toujours sans desserrer les lèvres, elle le saisit par le col et le projeta sur le côté, l'envoyant voler vers le mur. Il heurta cependant la porte d'une pièce voisine, qui s'ouvrit sous son poids.
Il ne perdit cependant pas connaissance : il était dans un infâme réduit qui servait manifestement à l'évacuation des déchets. Il y avait des.. choses impossibles à identifier sur le sol, probablement les restes des victimes précédentes dont la sorcière n'avait su que faire, un seau vide, un balai, des chaînes souillées. La vision un peu trouble, Taliesin put néanmoins constater que la sorcière s'était désintéressée de Titus et était à présent hors de vue, sans doute en train d'attraper Victor.

Au final, cela ne se passait pas si mal que ça.
Son but avait été de gagner du temps, de détourner son attention de Titus.
Et sur ce plan, il avait réussi.
Il tenta tant bien que mal de se redresser. S'il y parvenait, il profiterait de l'absence de la sorcière pour récupérer le petit faune et essayer de s'éloigner.
Le tout en conservant - en s'y efforçant du moins - son attitude calme et assurée.
Peut-être finirait-il, à force, par la faire douter ?

Au moment où il se remettait debout, prenant appui sur le mur sale du réduit, Taliesin eut cependant le regard attiré par quelque chose, à mi-hauteur sur sa gauche. C'était le manche terne, enrubanné de lanières de cuir, d'une épée. Elle était enfoncée, presque jusqu'à la garde, dans la pierre grise. Malgré sa saleté, malgré son aspect antique, il y avait en elle quelque chose d'indéfinissable qui attirait le regard. Peut-être comme une lueur, ténue, qui pulsait dans le pouce de lame apparent.

L'elfe écarquilla les yeux.
S'agirait-il de... ?
Peut-être. Ou peut-être pas.
Quoiqu'il en soit, s'il parvenait à récupérer cette épée, il était possible que la donne change quelque peu.
Alors, il s'y efforça sans tarder, prêt à puiser jusque dans ses dernières forces pour parvenir à ses fins.

Au moment où il posa la main sur le manche de l'épée, tout s'évanouit autour de lui.
Il se retrouva dans une petite salle circulaire, soutenue par des colonnes de pierre, et environnée de nuit. Une nuit étoilée, avec une lune en croissant, généreuse, qui nimbait les lieux d'argent. L'épée était désormais plantée dans une pierre ronde au centre de ce petit belvédère et le barde était relié à elle, agenouillé comme un apprenti chevalier. Du lierre enserrait les colonnes, qui paraissaient très anciennes, mais encore solides, avec une beauté épurée et indéniablement elfique.
Taliesin n'était pas seul. Debout dans la rotonde se trouvait un être translucide, un guerrier vêtu d'une armure ornée, elfe, aux cheveux noirs tirés en queue de cheval. Il avait l'air jeune et pourtant très vieux, son visage était marqué par la souffrance, qui lui tirait les traits et lui cernait les yeux. Il ne parut pas surpris par l'apparition de son visiteur.
" As-tu besoin de l'épée ?" demanda-t-il d'une voix caverneuse.
Taliesin constata qu'il était blessé à la gorge, qu'un trou s'y ouvrait, presque circulaire, au travers duquel on pouvait voir, parfaite, la nuit.

Observant jusqu'alors tant l'elfe que les lieux avec des yeux écarquillés, Taliesin tenta de se ressaisir, de se concentrer. Le sentiment d'urgence qui l'habitait l'y aida beaucoup.
-J'en ai un besoin vital, répondit-il. Pour sauver mes enfants et bien d'autres victimes encore.
C'était la pure vérité...
Et Lola, de retour de son entretien avec l'esprit de l'épée, n'avait-elle pas parlé de nécessité ?
Si tel était le cas, peut-être avait-il des chances de l'obtenir...

" Alors prends-la." répondit l'elfe.
Son regard se fit plus incisif.
" En échange, quand tu auras vaincu, tu la rendras à la pierre et nous reparlerons."
Il fit un petit geste de la main et Taliesin sentit l'épée se dégager du rocher. Une seconde plus tard, il était assis sur son séant, dans le réduit, l'épée à la main. Elle paraissait toujours aussi terne, toujours aussi quelconque, mais une étincelle bleutée allait et venait dans le métal de la lame. Dans la pièce voisine, on n'entendait plus grand chose, et lorsque le barde y jeta un oeil, il vit que la Dame Blanche avait porté Victor sur la table et était en train de le dépouiller de ses vêtements. Il paraissait aussi inconscient que Titus.

Il s'efforça de museler sa colère et sa révolte, jamais bonnes conseillères.
Il tenta de ne laisser place qu'au calme et à la détermination.
Il ne céda donc pas à sa première impulsion, ne chargea donc pas bille en tête.
Non, il s'avança plutôt aussi silencieusement que possible.
Peut-être l'entendrait-elle venir, malgré tout. Mais elle ne pouvait pas soupçonner qu'il avait l'épée et, trop confiante, ne se détournerait sans doute pas de sa sinistre tâche, convaincue que le coup qu'il lui porterait ne lui ferait aucun mal.
Avec un peu de chance, cependant, il lui serait fatal.

C'est exactement ce qui se produisit.
Taliesin avança, silencieusement, mais probablement sans tromper la Dame Blanche, qui pouvait le voir du coin de l'oeil ou peut-être même le percevoir d'une autre manière, moins humaine. Elle usait de son grand couteau pour découper les vêtements de Victor, comme s'il se fut agit d'une peau. Elle était précise dans ses gestes, aucun sang ne perlait. L'enfant, lui, avait les yeux légèrement révulsés.
Le barde arriva à quelques pas de la sorcière et c'est à ce moment-là qu'elle tourna la tête. Aucune expression ne traversa son visage quand elle aperçut l'épée, mais sa main eut un spasme et elle lâcha le couteau. L'épée terne siffla dans l'air, frappa la sorcière à hauteur de l'épaule et la trancha de part en part, sans rencontrer la moindre résistance. Aussitôt, un hurlement perçant retentit dans la salle et mille minuscules flocons de neige s'envolèrent en pluie glacée, battant le barde, les corps inertes des enfants, les murs, le sol. Les vêtements de la sorcière tombèrent en une pile vide.
Et ce fut le silence.

Était-ce vraiment fini ?
Cela en avait tout l'air.
Mais il n'allait pas, pour autant, perdre de temps à savourer sa victoire.
Il s'avança, déposa l'épée sur la table, entreprit de décrocher Titus et de l'allonger aux côtés de Victor. Ensuite, il allait s'assurer que tous deux étaient bien vivants, point trop blessés... Si c'était possible, il tenterait de les ramener à eux.
Le reste attendrait.

Victor et Titus étaient tous deux vivants. Le demi-faune bougea légèrement dans son sommeil, maugréant, et Taliesin trouva une belle bosse sur son crâne, mais il ne s'éveilla pas. Victor, de son côté, demeura tout à fait inerte. On voyait le blanc de ses yeux et un fin filet de sang avait coulé d'une de ses narines. Son pouls battait, rapide, sous la peau de sa gorge. Il allait falloir les porter, tous les deux.
Au-dessus de Taliesin, de la poussière se détacha du plafond, en pluie fine et blanche. Quelque chose ébranla la porte, violemment, mais elle resta fermée.

Il semblait que l'urgence soit de novueau de mise...
Le barde, inquiet des mauvaises surprises, glissa l'épée à sa ceinture : il avait l'intention de la rendre, mais espérait bien que n'importe quelle pierre ferait l'affaire.
Ensuite, il alla ouvrir la porte puis, sans perdre un instant, retourna près de la table afin de récupérer les enfants. Les porter tous deux dans ses bras ne serait pas évident mais... Il faudrait bien qu'il se débrouille.
Il comptait les conduire à l'extérieur, auprès des autres.
Il croisait les doigts pour y parvenir. Pour avoir l'opportunité, aussi, de revenir aider l'ensemble des captifs qui, après les tourments qu'ils avaient endurés, n'avaient pas mérité de finir écrasés dans l'effondrement des grottes...

Mais rien de tel ne fut nécessaire : avec la mort de la sorcière, tous les verrous placés sur les cages semblaient avoir sauté. Le problème, c'était que si une partie des créatures en avait profité pour fuir vers la sortie, d'autres s'étaient jetées les unes sur les autres, tandis que les dernières n'avaient pas trouvé la force de se lever. Il régnait donc un capharnaüm indescriptible dans le couloir aux cages : des corps gisaient sur le sol, piétinés ou éventrés, des plumes et des poils, le verre cassé d'un aquarium brisé, jonchaient le sol, ainsi que des déjections de toutes sortes, une tache d'acide encore fumante, de la bave gluante. Une jeune wyverne, grosse comme un jeune cheval, avait acculé le poulain de licorne dans le fond de sa cage, et une fée à l'aile déchirée gémissait, recroquevillée sur le sol, harcelée par une bande de lutins qui semblaient formés de brindilles brûlées. Se frayer un passage à travers le couloir, jusqu'à l'échelle, promettait d'être épique, mais Taliesin avait l'épée et les enfants étaient légers, s'il parvenait, d'une manière ou d'une autre, à les transporter.

Ce ne serait pas évident, sans compter que ce massacre le révulsait...
Aussi changea-t-il ses plans, laissa-t-il les enfants là où ils étaient et, refermant la porte derrière lui, s'avança-t-il dans la grotte, épée à la main. Son idée était de sauver des créatures bienveillantes en mauvaise posture, en faisant fuir leurs assaillants - si possible, il voulait éviter de faire couler le sang. Ensuite, il leur promettrait de les aider à s'échapper... pour peu qu'elles l'aident à transporter Victor et Titus.
Cela lui semblait être la meilleure solution poru tout le monde, pour limiter les dégâts.

Les petits êtres de bois brûlé fuirent en pépiant dès qu'ils aperçurent la lame du barde et disparurent vers l'échelle, abandonnant la fée blessée, qui demeura cependant prostrée et ne parut pas en mesure de répondre aux espoirs du barde. A moitié écrasé sous une cage renversée, une sorte de nain agonisait en gémissant dans une langue incompréhensible. La wyverne, quant à elle, se révéla fort peu réceptive aux tentatives du barde de la chasser. Il fut forcé de la blesser à une patte pour qu'elle consente à déguerpir. Le poulain de licorne, terrorisé, se montra plus réceptif et reconnaissant, cependant il était bien clair qu'il n'allait pas réussir à être d'une grande aide pour grimper à une échelle. Pendant ce temps, le plafond continuait de dégorger sa poussière blanche. Tout ce qui était en mesure de fuir l'avait fait, à part un grand oiseau aux plumes mordorées, qui observait le barde avec curiosité, perché au sommet d'une volière dans laquelle il avait peut-être été enfermé jusque là.

Taliesin n'hésita guère avant de l'interpeler.
-Pourriez-vous m'aider ? Il y a un poulain, une fée et deux enfants à faire sortir. Avec votre concours, peut-être pourrions-nous également évacuer d'autres blessés, quelq qu'ils soient... Trop d'êtres de toutes sortes sont déjà morts ici.
Sans réponse de sa part, tant pis, il amènerait ceux qui étaient capables de le suivre ou qu'il pouvait transporter jusqu'à l'antichambre. S'y poserait le problème de l'échelle mais... chaque chose en son temps.

L'oiseau le regarda puis s'éleva dans les airs.
" Il ne faut pas sortir par là où tu es entré, chanta-t-il de sa voix flûtée. Mais tu ne peux pas sauver le monde. Non. Suis ma piste si tu veux échapper aux ténèbres."
Il survola Taliesin et retourna vers la pièce où étaient Victor et Baptiste. D'une note aiguë, il en ouvrit la porte, puis y disparut. Le poulain de licorne dévisagea le barde de ses yeux noirs et humides.
" Je peux prendre quelqu'un sur mon dos, si tu veux."
Il n'était pas bien grand mais il pourrait certainement porter un enfant. Le plafond se fissura dans un craquement.

-Merci beaucoup. Va dans cette pièce : les enfants s'y trouvent déjà. Je vais voir si je peux déplacer la fée et je vous rejoins.
Il ferait son possible pour elle mais, s'il n'y avait pas moyen de l'aider... Il devrait renoncer, aussi douloureux cela soit-il. Car s'il perdrait trop de temps, Titus, Victor et la petite licorne y laisseraient la vie, tout comme lui.
Non, malheureusement, il ne pouvait pas sauver le monde. Il devait se contenter de sa petite pierre à l'édifice.

La fée était légère comme une plume et ne se débattit pas lorsqu'il la souleva. Elle s'accrocha à son cou et continua à pleurer. Il put rejoindre la petite licorne dans la pièce voisine, mais Titus et Victor étaient toujours aussi inertes. Un grand morceau de pierre s'écrasa sur le sol, juste devant la porte, leur coupant toute retraite. L'oiseau mordoré avait disparu, mais il avait laissé une piste de plumes sur le sol, menant au réduit qu'il avait quitté plus tôt.

-Accrochez-vous bien, demanda-t-il à la fée.
Il installa ensuite Victor sur le dos du poulain, recommanda à celui-ci de ne pas trop faire de mouvements brusques, compte tenu de l'état inquiétant de son passager puis, ayant pris Titus dans ses bras, il s'engagea sur la piste laissée par l'étrange oiseau.
Il ne fallait plus perdre de temps...

Les plumes menaient à une plaque dans le sol, qui dissimulait un conduit suffisamment vaste pour qu'ils s'y engagent. Il était passablement répugnant, mais ce n'était pas pire que l'environnement qu'ils venaient de quitter et c'était surtout leur seule voie de sortie. Derrière eux, la grotte s'effondrait en gravats. Il fit rapidement complètement noir mais les plumes qu'avaient laissées l'oiseau scintillaient dans le noir comme autant de petites flammes, éclairant leur chemin. Ils marchèrent ainsi, dans le noir, Taliesin devant, le poulain derrière, pendant un moment qui parut interminable. L'odeur s'atténua, le fracas s'éteignit, et il ne resta que les ténèbres et les plumes, comme s'ils avançaient dans le rien. Puis il y eut de la lumière, Taliesin vit des branchages, et ils débouchèrent sur la berge du lac cristallin, à l'opposé de l'endroit où s'était trouvée la grotte. De la colline où s'était trouvée celle-ci, il ne restait qu'un gros amas de rochers et de troncs brisés. Il restait encore quelques créatures dans l'herbe devant l'entrée, difficiles à identifier à cette distance.

Ce n'était pas encore le moment de pousser un grand ouf de soulagement.
Mais si tout allait bien, ledit moment était désormais tout proche.
-Le reste de ma petite troupe nous attend normalement de l'autre côté du lac, expliqua-t-il à la fée et au poulain. Nous allons les rejoindre. Ensuite, je crois que le plus simple pour tout le monde sera de rallier le festival : nous pourrons y trouver toute l'aide dont nous avons besoin.
Des soins pour Victor, Titus et la fée, des contacts pour retrouver la famille du poulain...

" Je veux partir, gémit le poulain. Je n'ai rien à faire ici... Les miens m'appellent..."
La fée, prenant brusquement conscience de l'endroit où elle se trouvait, s'arracha aux bras du barde, sauta sur le sol, fit trois pas et disparut. La licorne, tenue sans doute par une forme de loyauté, resta en arrière, mais c'était clairement à contrecœur. Le vent, qui tournait, apporta à Taliesin le hurlement d'un loup, rauque et affamé.

-Si tu penses pouvoir rejoindre les tiens sans risque, sans que ces loups ne t'ennuient, alors n'hésite pas : je peux porter Victor et Titus tout seul. Mais si tu as des doutes, tu peux rester avec moi et je t'aiderai à retrouver ta famille. Bref, c'est vraiment comme tu veux.
Il lui sourit.
-Dans tous les cas, merci beaucoup : ton aide m'a été très précieuse.
Et de se tenir prêt, si nécessaire, à placer Titus sur son épaule et à récupérer le petit Desmoulins dans ses bras.

HRP : le petit Des-Sous-Mains ? Ça lui va bien, tiens, dans son état

La licorne préféra prendre la poudre d'escampette et fila dans les sous-bois, non sans avoir remercié le barde. Il ne restait plus à Taliesin qu'à se charger des deux enfants et à contourner le lac. Il remarqua néanmoins bientôt que les créatures attardées devant les vestiges de la caverne étaient trois loups noirs. Peut-être même n'étaient-ils pas issus des prisonniers de la sorcière, mais étaient-ils simplement passés par là... Ils tournaient autour d'un arbre, manifestement mécontents de ne pas atteindre ce qui s'y trouvait... et, à en croire la couleur de ce que Taliesin apercevait entre les branches, à la faveur du souffle du vent, il s'agissait plus que probablement de Baptiste et Marius.

Il ne se posa pas de questions et marcha droit vers eux d'un pas assuré.
-Je suis Taliesin, celui qui a trouvé l'épée, celui qui a tué dame Perce-Neige, lança-t-il lorsqu'il se pensa à portée de voix. Ces enfants sont sous ma protection : par conséquent, je vous saurais gré de les laisser tranquilles.
Politesse mais fermeté.
Et si c'était vraiment nécessaire, il devait pouvoir tenir Victor d'un bras et brandir l'épée de l'autre : sa vue suffirait peut-être à ramener les loups à la raison.

La Couronne de Cuivre

[Quête] Escapade en Féérie