La Couronne de Cuivre

Le jeune garde nota avec application ces éléments d'information sur le registre, sans marquer le moindre signe d'intérêt. Son comparse, plus âgé, avait tourné la tête en entendant la réponse du clerc, et le fixa quelques instants avec un léger froncement de sourcils. Alberich n'était pas un prénom si courant. Il semblait hésiter à poser une question supplémentaire, mais un autre voyageur accapara son attention.
" Dans ce cas, je n'ai pas besoin de vous indiquer d'auberge, poursuivait le premier, pragmatique. Et pour aller au temple, c'est très simple, il faut aller tout droit jusqu'au grand parc, et ensuite il faudra obliquer plus au sud. Mais vous ne pouvez pas le manquer, on voit son dôme de loin !"
Il tendit son parchemin à Alberich.
" Vous pouvez signer ici... Et je vous souhaite un très bon séjour en ville".

" Merci." dit simplement le clerc, avant de signer à l'endroit adéquat.
Il n'avait pas manqué le regard de l'autre garde et se félicita d'être arrivé en fin de journée et d'avoir une destination toute tracée. Plus vite il serait à l'intérieur du Temple, mieux ce serait. Il remonta sur Printemps et reprit sa route, dans la vaste rue qui menait au Parc. Rien n'avait changé, les Taudis étaient toujours à quelques pas, au delà de cette devanture faussement prospère. Il reconnaissait chaque ruelle, savait exactement où elle menait. La maison close par là, la chapelle d'Ilmater de ce côté-ci, le Fond de la Barrique. Au-delà des ouvriers et des marchands qui le flanquaient, il observa les autres, les Luméniens qui arpentaient cette zone grise, une prostituée qui s'abreuvait à la fontaine, un ivrogne assis qui caressait son chien efflanqué, une bande de gosses jouant avec une pomme pourrie en guise de ballon.
Il frémit sans pouvoir s'en empêcher. Ce n'était pas aussi simple qu'il l'avait prévu.
Il atteignit le Parc, pressa son cheval des talons, et descendit vers le sud. Tout contre la muraille, il ne pouvait voir le Temple, dissimulé par les arbres, mais dès qu'il aurait tourné devant l'herboristerie, il lui faudrait bien le regarder en face, cet endroit formidable, dont il s'était enfui...

Quête Solo : Des Racines et des Ailes

Albérich quitta Luménis en remontant vers le nord pour emprunter la porte moins connue qui s’ouvrait dans les remparts voisins du Fort. Il ne craignait pas de traverser les taudis, mais il avait besoin d’avoir mené son pèlerinage à terme, aussi longea-t-il la zone portuaire avant de cheminer dans les rues du quartier du Gouvernement. Il longea l’assemblée, puis se glissa entre le Palais et le Fort avant de gagner les portes. Il ne s’arrêta pas, se contenta de regarder les façades, les hommes en uniforme qui surveillaient ces hauts lieux de la vie luménienne, le poumon démocratique de la cité, le sinistre réservoir de la guerre. Maelwedd était en disgrâce, il avait du mal à le croire. Il devait s’en réjouir, sûrement, c’était un homme détestable, mais en réalité, il était troublé par le fait que les Luméniens l’accusaient à tort. Non seulement il n’avait pas voulu cette guerre, mais en plus, il n’était pour rien dans sa perte. Que le peuple se trompe, à ce point, était… déstabilisant, pour dire le moins. Mais quoi qu’il en soit, Maelwedd n’avait pas été élu. Rien que pour ça, de nouvelles élections se justifiaient.
Les gardes luméniens, fidèles à leur réputation, ne prêtaient guère attention à ceux qui quittaient la ville et Albérich retrouva, en quelques foulées, la campagne et la liberté.

Quête : Ailleurs, une autre vie

en provenance de : lacouronne/le-complexe-portuaire/9870-s ... post501993

La petite troupe, composée de Béroalde, Roetir, Perline qui portait toujours la petite Eldine, le petit chien Bémour et deux armoires à glace au regard éteint portant les malles, entra dans le poste de garde.

- Bonjour.
- Bonjour...
- Bonjour*!

La petite Eldine ne dit rien. Non qu’elle fut mal élevée, mais son tout jeune âge ne permettait pas encore une discussion bien nourrie.

Le poste de garde était tenu par un deux soldats, un jeune homme d'environ vingt-cinq ans, et une femme plus âgée, plus petite, à la peau ridée et au teint hâlé.

Le plus jeune vit d'abord Beoralde et l'accueillit d'un sourire chaleureux, s'avançant à sa rencontre, la jaugeant un instant d'un oeil admiratif... avant de se figer un bref instant en apercevant Roetir qui l'accompagnait. Puis ses automatismes reprirent le dessus et il sourit à nouveau, l'air cependant moins chaleureux et un peu plus perplexe, en détaillant la petite troupe.

" Bonjour..., répondit-il machinalement, avant de se ressaisir et de poursuivre d'une voix plus affirmée. Hum. Bienvenue à Lumenis. Nous sommes chargés de tenir le registre des entrées et d'y noter quelques informations sur les arrivants. Merci de bien vouloir nous donner vos noms et prénoms, votre lieu de résidence habituel, et la raison de votre venue en ville."
Le tout fut débité d'une traite, sans reprendre son souffle.

Sa coéquipière lui lança un regard sarcastique et trempa une plume dans un encrier, prête à noter leurs réponses.

- Bien. Je m’appelle Béroalde Legris et viens de Dorrandin. Et voici Roetir Pinson, un jeune homme que je forme comme barde, et ici Perline, qui est en charge de ma fille Eldine.

Béroalde prit la petite dans ses bras avec tendresse et sourit aux deux soldats. Elle appuya peut-être ce sourire un peu plus en direction du plus jeune, mais ce fut très discret.

- Mon conjoint est malheureusement décédé et j’ai ressenti le besoin de partir. Nous allons nous installer dans la meilleure auberge et je vais me renseigner sur les maisons à louer. Nous comptons rester un certain temps…

Perline s’était approchée de la soldate et la regardait avec intérêt. Elle semblait fascinée par l’agilité avec laquelle celle-ci faisait courir sa plume sur le papier rêche. La plume crissait légèrement et, dehors, un moineau semblait s’amuser à répondre d’un petit cri aigu. Roetir tapotait légèrement sur le bureau, cherchant un rythme pour cette étrange musique.

Les deux soldats, eux, n'avaient assurément ni oreille musicale, ni sens du rythme. Ou peut-être étaient-ils trop las de répéter chaque jour, chaque heure, les mêmes questions. Le plus jeune des soldats sourit béatement à Beoralde, en reculant d'un pas pour leur laisser la place près du bureau, et cogna une chaise qui chuta, dans un vacarme qui cassa totalement le rythme que venait de trouver Roetir. Les trilles du moineau se turent aussitôt, tandis que le soldat, rouge pivoine, reprenait aussitôt son équilibre sous les froncements de sourcils de sa coéquipière.
" Je suis désolée pour votre conjoint", commenta celle-ci avec un hochement de tête compatissant, en notant leurs identités.
Elle avait une voix étonnamment rocailleuse.
" Pouvez-vous nous préciser votre lieu de résidence antérieur ? Là d'où vous venez, je veux dire..." poursuivit son comparse.

Béroalde fit un léger signe de tête au demi-ogre, qui annonça*:

- Je viens d’un village des montagnes du Nord de Dorrandin, Avant le Jardin d’Ao. Tel est son nom. J’ai été recommandé à dame Béroalde par dame Hazuni, une clerc réputée, afin d’étudier le chant et la musique… Mon village est essentiellement un village d’ogres et demi-ogres, lesquels n’apprécient guère la musique, hélas.
- Vous comprenez pourquoi Roetir fait désormais partie de ma maison. Laquelle se trouve – j’espère que vous n’aurez pas de mauvaise impression sur moi à cause de cela – à Melandis. Perline est elle aussi de Melandis.

Beroalde crut noter un léger tressaillement. Et peut-être une forme d'incrédulité dans le regard du jeune garde qui la détailla des pieds à la tête, semblant se demander comment une charmante jeune femme comme elle pouvait avoir une telle origine.
Son acolyte prit la parole.
" Il n'est pas courant que des personnes de Mélandis viennent par ici... même pour changer d'air. Les moeurs, les valeurs, sont différentes...
- En même temps, ça vous fera sûrement du bien de découvrir autre chose !", décréta subitement le jeune garde avec passion, rosissant légèrement.
Sa coéquipière ne releva pas.
" Avant que nous ne vous laissions partir... Vous êtes bardes, donc portés sur une certaine forme de magie. Avez-vous des objets magiques à déclarer ?"

Le sourire de dame Béroalde était devenu mélancolique, accentuant encore son charme.

- Oui… J’ai un parchemin déchiré, le fragment d’une belle chanson… Il aide à mon inspiration.

Roetir avait sorti de sa poche une fronde d’aspect brillant.

- J’ai cette fronde, cadeau de dame Hazuni. Elle ne manque jamais sa cible, sauf les innocents. Je ne peux pas chasser avec*! Mais je peux me défendre efficacement.

Perline dit avec vivacité, caressant son petit chien*:

- Et moi, j’ai mon Bémour*! Avec lui, je ne suis jamais triste.

Le sourire de Béroalde perdit sa mélancolie. Elle se tourna vers la soldate.

- Sauriez-vous quelle est la meilleure auberge en ville*?

" La Taverne de la Bienveillance !, répondit spontanément le garde.
- Tout dépend ce que vous cherchez, nuança sa collègue. La Bienveillance est la plus grande auberge de la ville, on y mange bien et il y a souvent des animations en soirée, assez variées pour que chacun y trouve son compte. Le tout pour un prix tout à fait raisonnable. Mais vous pouvez préférer une petite auberge familiale très calme, dans ce cas je vous conseillerais l'Ombre de l'Arbre, une auberge fréquentée aussi par des elfes. Ou bien vous souhaitez une ambiance plus jeune, plus branchée, avec les étudiants de l'université de magie, ils doivent avoir une ou deux chambres. Les autres auberges auxquelles je pense sont déconseillées pour des enfants..."

HRP : si tu passes à la Bienveillance tu as juste le temps d'y croiser rapidement le PJ de Vel...

- Effectivement, les enfants ont besoin de calme. L’Ombre de l’Arbre me paraît tout à fait indiquée... Nous allons tout de même passer à la taverne de la Bienveillance, qui n'est pas bien loin. Je vous remercie.

Béroalde salua avec grâce, Roetir avec sympathie et Perline avec autant de distinction que possible. Consciente de la difficulté de cette tentative, elle eut l’idée de faire dire quelque chose à la petite Eldine qui gazouilla aimablement.

La petite troupe sortit et les deux costauds restés à la porte du poste de garde leur emboîtèrent le pas.

Suite : lacouronne/le-complexe-portuaire/11166- ... post502179

Quête : Influences

L'après-midi tirait à sa fin quand Gabriel et Swan, escortés par les trois gardes, arrivèrent à la hauteur de la file d'attente qui, comme chaque jour, patientait devant les portes de la ville. C'était l'heure où arrivaient la plupart des voyageurs au long court, marchands venus de l'intérieur de l'île, ou autres visiteurs, et le temps d'attente était conséquent. Mais l'escorte qui les accompagnait était une chance : les gardes n'avaient aucunement l'intention de patienter plus d'une heure dans la file d'attente. Ils entraînèrent donc Swan, toujours craintif, et Gabriel, remontant toute la file jusqu'à atteindre les deux gardes qui filtraient les entrées. L'un d'eux était en train de remplir consciencieusement un parchemin, notant les réponses d'un vieux nain en train de lister le contenu de son chariot -des minerais précieux d'après les mots qui parvinrent à leurs oreilles. L'autre achevait de contrôler le chariot en question, et se rapprocha d'eux, alarmé peut-être de les voir doubler toute la file, puis se détendant en identifiant l'uniforme des gardes.

" Ces deux hommes sont avec nous, je dois prendre leur déposition. Pouvez-vous les enregistrer ? demanda sans préambule le capitaine.
- Bien sûr."
Il se tourna vers Gabriel et Swan.
" Merci de me donner vos noms et prénoms, et, si vous n'êtes pas citoyen luménien, il me faut votre origine, la raison de votre venue ici et le lieu où vous résiderez."

Gabriel s’interrogea sur la nécessité de ce contrôle aussi rigoureux. Il continua à se soumettre aux exigences du capitaine en répondant au garde.
« Je m’appelle Gabriel de Batz, je suis le petit-fils du feu Cédric de Batz, négociant de la compagnie commerciale du même nom. »

Le garde sembla fouiller un instant dans sa mémoire, tout en notant le nom et le prénom de Gabriel sur son parchemin.
" C'est un nom Lumenien, ça. Non ?
- Il est engagé dans l'armée lumenienne, précisa le capitaine pour appuyer ses dires.
- D'accord ? Et vous, jeune homme ?
- Je... Je m'appelle Swan. Swan Ducruet. Je ne suis pas Lumenien.... Je suis l'apprenti d'Augustin Hérault, un barde assez renommé de l'autre côté de l'île, il m'a engagé dans sa troupe.
- Il n'est pas connu par ici, remarqua le garde, froidement. Donc... Swan. Barde. Motif de votre venue en ville ?
- Et bien... C'est compliqué. Je suis juste à la recherche de... de mon amie. Je crois qu'elle est en ville."
Le garde se grattait la tête, visiblement perplexe quant à ce qu'il devait noter sur sa fiche.
" On va mettre convenances personnelles, fit-il en haussant les épaules. Et vous savez où loger ? Peut-être dans votre demeure familiale ?"
Il s'adressait à nouveau à Augustin.

Gabriel intervint en répondant à la place de Swan.
« Je connais Maître Augustin Hérault et Swan sera mon hôte pendant son séjour à Lumenis. »

" Très bien."
Le garde griffonna quelques mots de plus sur son parchemin.
" C'est bon. Vous pouvez disposer, les formalités administratives sont achevées."
Il salua d'un signe de tête la petite escouade de gardes qui les escortait et se tourna vers la file d'attente, s'intéressant déjà à la personne suivante.
Le capitaine fit signe à Gabriel et Swan de suivre leur petite escouade. Les trois gardes étaient remontés sur leurs montures, mais ils marchaient au pas, permettant aux deux piétons de rester sans effort à leur hauteur. Ils prirent la direction des quartiers nord de la ville, comme attendu : Gabriel connaissait le chemin jusqu'à la caserne.

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