La Couronne de Cuivre

hrp : cette fois, j'ai fait 1. Je suppose que c'est pas bon

Angèle fouilla dans le livre à toute vitesse de peur que Malo ou Malika activent sur eux le mécanisme de défense en recherchant un moyen de le désactiver. Elle ne supporterait qu'il leur arrive quoi que ce soit. Si elle ne trouvait pas, elle viendrait chercher avec eux.

Mais elle espérait bien sûr trouver la solution dans le livre.

Elle eut beau feuilleter le livre en tous sens, cette fois elle ne trouva aucune référence à cette salle ou la manière de désactiver les mécanismes de défense. Peut-être que cela avait semblé trop évident à l'auteur pour qu'il le mentionne, peut-être n'existait-il aucun moyen conventionnel ou encore ne cherchait-elle peut-être pas au bon endroit.

Toujours était-il que les minutes s'égrenèrent et Malo et Malika cherchaient toujours plus près de la salle piégée une éventuelle solution. Le professeur finit par déclarer avec une certaine impatience :

- On dirait qu'il y a un couloir de l'autre côté de la salle. Et regardez, il n'y a aucun rat mort près des murs. Peut-être que le pilier ne peut pas atteindre cette portée...

Angèle était désolée de ne rien avoir trouvé. Cet échec la perturbait énormèment vu qu'elle détestait se lancer à l'aveuglette. De plus, il s'agissait de leur sécurité. Une erreur et ils pouvaient finir grillés tous les trois.

Elle observa à son tour la salle pour voir si elle ne remarquait pas certains détails susceptibles d'avoir échappé aux deux autres.

Mais elle fit le même constat : les murs semblaient lisses et dépourvus de mécanisme apparent et le pilier semblait sculpté d’un seul tenant avec toutefois une cavité ménagée en son centre pour accueillir un cristal bleuté. Et tout le pourtour de la salle semblait dégagé : aucun rat n’y était mort en tous cas. Malo se tourna vers ses deux coéquipières et annonça, la mine grave :

- Je vais tenter la traversée : je suis plus rapide que toi, Malika, et Angèle, vous pourrez me soigner si jamais je me fais attaquer.

Et sans leur laisser le temps de contester cette décision, il tendit sa main gauche vers l’intérieur de la pièce : mieux valait ne pas se jeter dans la gueule du loup sans avoir effectué ce test élémentaire…

Angèle retint son souffle, tout en observant la scène. Les muscles tendus, prête à intervenir. Elle se sentait responsable, presque coupable de ne rien avoir trouvé dans le livre. S'il arrivait quoi que ce fut, elle ne se le pardonnerait pas.

Mais quelque part, elle savait très bien qu'il fallait qu'ils avancent. Ils n'avaient pas fait tout le chemin pour rebrousser chemin à la première difficulté venue. Sans s'en rendre compte, elle tenait toujours le livre dans une main.

Le temps semblait s’écouler au ralenti. Malo tendit lentement sa main, puis son bras. Il risqua un pas dans la pièce. Il n’alla pas plus loin. Non pas – comme le craignait sans doute Angèle – parce qu’il déclencha le système de défense mais bien par prudence. Le professeur annonça en effet qu’il allait tenter d’entrer dans la pièce en rasant le mur : il y avait certainement un moyen de désactiver le cristal dans le couloir se situant de l’autre côté :

- Ne me suivez que quand je vous le dirai !

Et, plus lentement encore – c’était l’impression que cela donnait en tous cas -, il s’engagea dans la pièce circulaire, dos au mur. Et il disparut rapidement de leur angle de vue… Les secondes s’égrenèrent. Peut-être une minute entière. Ou plusieurs ? Et seul restait le silence et ce cristal menaçant qui leur faisait face.

Angèle attendit, le coeur au bord des lèvres. Et si Malo avait été blessé ou pire encore, tué. Elle n'osait pas appeler de peur que sa voix active quelque chose dans le système de défense et le mette d'autant plus en danger.

Mais comme il l'avait demandé, elle n'avança pas. Elle attendit encore un peu, de plus en plus inquiète. Même si elle faisait confiance à Malo. On ne maitrisait pas toujours tout.

Le temps passa encore. Combien ? Angèle aurait été bien en peine de l'estimer d'autant plus que le silence était total. Malika semblait très nerveuse également et la tension lui faisait retenir son souffle. Puis, l'éclat du cristal enchâssé dans le pilier déclina et s'éteignit tout à fait avant qu'enfin la voix désormais familière ne se fasse entendre :

- Venez vite ! Le système de défense est déjà en train de se rallumer !

Angèle sentit son coeur battre à tout rompre. Elle poussa Malika devant elle.

"Malika, allez-y. Je vous suis."

Ainsi, la jeune femme aurait le temps de passer avant que le système de sécurité ne se réveille tout à fait. Quant à elle ... Elle aviserait.

Malika ne perdit pas un instant pour obéir, longeant la paroi par prudence avec une certaine habileté malgré l'angoisse qu'on pouvait lire sur son visage. Angèle dut passer la tête par l'ouverture de la pièce pour suivre sa progression jusqu'au milieu de la pièce. Et elle pressentait que si elle voulait avoir une chance de rejoindre le couloir avant l'activation des défenses. Allait-elle prendre le risque de traverser la pièce en s'approchant du pilier pour gagner un temps précieux ?

Elle avait donc un choix : s'approcher du pilier ou longer le mur ? Son esprit en proie à la panique faillit céder à la première option mais elle se dit qu'elle était trop hasardeuse. Aussi se dépêcha-t-elle d'avancer en restant à une distance respectable du pilier. Ainsi, si le système s'activait, elle ne serait pas à portée.

Dans tous les cas, il fallait qu'elle se dépêche.

Elle n’avait parcouru qu’un quart du chemin lorsque la lueur bleutée du cristal enchâssé dans le pilier se mit à briller d’abord faiblement puis de plus en plus intensément. Elle avait beau se dépêcher mais se tenir hors de portée d’où se trouvaient les premiers rats grillés nécessitait d’avancer quasiment dos au mur ce qui restreignait considérablement ses mouvements.

Malika approchait de la seconde ouverture menant au couloir quand la lueur bleutée atteignit son apogée. Elle-même n’en était qu’au deux tiers… Encore un pas chassé et un tintement de mauvais augure se fit entendre… Encore un autre et un sifflement strident commença à se faire entendre et gagna en intensité lui aussi.

La voix angoissée de Malo la pressait de se dépêcher. Malika venait quant à elle de disparaître en s’engouffrant dans le couloir.

Malika était hors de danger, il ne restait plus qu'elle. Elle sentait son coeur emballé, le souffle qui lui manquait presque. Mais elle se força à avancer plus vite, toujours plus vite. Il ne fallait surtout pas qu'elle s'arrête où elle finirait comme les rats.

Le tintement lui vrillait à présent les oreilles mais elle continuait de progresser. Elle faisait attention de ne pas tomber.

Elle progressa encore d’un mètre, puis deux : le couloir était maintenant tout proche !

Le tintement semblait maintenant battre en rythme avec son propre cœur, tenir une cadence infernale…

Elle se sentit aveuglée quand une lueur bleutée jaillit du pilier et se projeta dans sa direction. Mais elle se sentit aussitôt tirée en avant, une main secourable ayant empoigné l’une des siennes. Elle perdit l’équilibre, tomba. Sa vision peina à s’accoutumer à la soudaine pénombre, sa vue remplie d’étoiles mais pas de celles qu’elle appréciait tant.

Et quand elle eut repris son souffle et que sa vue distingua le couloir, elle se rendit compte qu’elle était allongée sur Malo, sa main toujours dans la sienne. Et elle était indemne.

Pour un peu, elle en aurait pleuré de soulagement. Mais avant de crier victoire, il lui fallait vérifier que Malo allait bien lui aussi. Il l'avait sauvée. S'il n'avait pas été là, elle serait sans doute morte.

"Malo, vous êtes blessé ?"

Sans lâcher sa main, elle se pencha sur lui, espérant de tout coeur qu'il soit indemne, lui aussi.

Malo semblait surtout inquiet pour elle mais semblait indemne lui aussi comme il le lui confirma aussitôt :

- Oui, j’en ai été quitte pour une belle frayeur. Surtout quand la lueur vous a enveloppée. Et pourtant elle ne semble vous avoir rien fait : vous allez bien ?

Au-dessus d’eux, Angèle devina la forme de Malika qui les observait avec une inquiétude mêlée d’embarras.

Angèle remarqua la grimace de Malika et se dépêcha de rendre sa main à Malo. Elle espérait ne pas être devenue rouge jusqu'aux oreilles. Elle se dépêcha de répondre.

"Non, je n'ai absolument rien. Et je pense que c'est grâce à vous. Je vous dois une sacrée chandelle."

Tout doucement, la peur refluait.

Malo paru simplement grandement soulagé, pas du tout gêné de sa position plus que précaire étendu sur le dos à même la roche. Il laissait Angèle reprendre ses esprits, sensibles à la frayeur qu’elle avait dû connaître.

- En fait, je ne suis pas certain que ce soit grâce à moi : la lumière du pilier vous a atteinte avant que je puisse réagir mais elle ne vous a rien fait.

Etait-ce de la modestie ? Ou simplement pour la rassurer ? En tous cas il ne semblait pas mentir.

Angèle n'était pas spécialement rassurée. Si la lumière du pilier l'avait atteinte, que lui avait-elle faite ou qu'aurait-elle dû lui faire ? Elle se sentait quelque peu inquiète et peu pressée de le savoir. Mais la réponse viendrait surement bien assez tôt.

En attendant, elle espérait juste que la panique ne lui occasionne pas une migraine comme elle en avait l'habitude. Elle se leva et tendit la main à Malo pour qu'il fasse de même.

Le professeur accepta bien sûr la main tendue et lui adressa un sourire reconnaissant une fois sur pied. Ils se trouvaient maintenant tous les trois dans un tunnel peu éclairé mais rectiligne avec une seule issue possible s'ils ne voulaient pas se frotter de nouveau au pilier.

- Peut-être que ce système de défense n'était pas prévu pour repousser les humains. Mais cela ne signifie pas que l'on peut relâcher notre vigilance : le prochain pourrait nous blesser.

Angèle hocha la tête et observa le couloir, sur la défensive en quête de détails pouvant révéler la solidité du plafond ou s'il était équipé d'un système de défense ou d'un autre. Comme à son habitude, elle essayait d'anticiper pour pallier toutes mauvaises surprises. Elle observait le décor comme si elle avait voulu lire en lui, découvrir. C'était beaucoup plus fatiguant que ses textes de loi parce qu'elle savait où chercher avec eux pour trouver l'information utile.

Malo et Malika plus rompus à l'exercice trouveraient sûrement bien avant elle.

La paladine remarqua sans peine le mécanisme qui avait permis à Malo de désactiver temporairement le pilier d'énergie : il s'agissait d'un petit levier enfoncé dans une niche. Malo fit remarquer qu'il avait pu l'actionner une fois avant qu'il revienne lentement à sa position initiale et qu'il semblait maintenant bloqué.

Comme il n'y avait plus rien à trouver sur place, il prit à nouveau la tête de l'expédition pour les faire avancer lentement. Les observations d'Angèle lui révélèrent des murs beaucoup plus lisses que précédemment et parfois ornés d'inscriptions.

- Il faudrait des mois voire des années avant de déchiffrer tout ça, s'exclama Malika avec un bel enthousiasme.

Angèle resta devant quelques minutes fascinée par les écritures. Depuis qu'elle était petite, elle avait besoin de connaître le sens de toutes choses, leur raison. A bien réfléchir, c'est peut-être pour cela qu'elle avait choisi le droit. Parce qu'il donnait des règles strictes qui lui apportaient des réponses. Elle sortit le livre en disant.

"Peut-être pouvons-nous en comprendre une partie."

Elle essaya de trouver un passage qui aurait parlé des runes.

hrp : au cas où tu me le demandes, j'ai fait 8

Angèle reconnut aussitôt plusieurs runes parmi les plus simples mais elle dut se rendre rapidement à l'évidence : à moins de lire couramment ce langage, l'estimation de Malika était loin d'être surévaluée. Surtout quand on songeait qu'il ne s'agissait là que d'un simple couloir d'importance secondaire et que le plus gros des ruines les attendait encore droit devant.

Elle rangea donc son livre à regret pour se concentrer sur le couloir, se confronter au réel, aller de l'avant. Même si c'était très difficile. Elle avança donc en compagnie des deux autres, quelque peu honteuse de s'être laissée distraire, d'avoir laissé parler son étrangeté.

Morgan l'acceptait sans mal avec un petit sourire. Il n'en allait pas de tout le monde. Elle savait que Malo quelque part la comprenait.

Son petit sourire - attendri ? – en témoignait en tous cas. Et étant donné les difficultés qu’ils avaient tantôt surmontées grâce à la curiosité d’Angèle, aucun des deux explorateurs n’auraient à cœur de lui faire le moindre reproche quant à sa proportion de s’en remettre aux livres.

Malo rassurait d’ailleurs Malika dont la curiosité pour les inscriptions était tout aussi forte :

- Je suis d’avis de revenir plus tard par ici pour faire une copie de ces runes. Mais je serai plus tranquille pour étudier en sachant ce qui nous attend au bout de ce couloir. Si les nains avaient besoin de chasser les rats, qui sait ce qu’ils cherchaient à protéger ?

Et le fameux couloir semblait s’étendre encore bien loin à en juger par les échos de leurs pas. Bien plus loin que la portée limitée de leurs torches.

Ils n'avaient donc pas d'autre choix que d'avancer et d'avancer encore pour voir ce qu'il y avait au bout. Angèle n'aimait pas cela. Elle avait toujours eu peur de ce qu'elle ne connaissait pas, ce qu'elle ne voyait pas. Très souvent, plongée dans le noir, elle imaginait sa chambre prise d'assaut par des créatures fantasmagoriques. Alors, elle remontait la couverture jusqu'à son nez et ne laissait aucun membre dépasser du lit sous peine de se le faire manger - c'est tout du moins ce qu'elle imaginait.

Mais elle avait grandi et sa propension à l'imagination s'était amenuisée avec le temps. Alors elle continua d'avancer avec prudence, observant ce que leurs torches révélaient.

Le couloir se poursuivit sur sa lancée, rectiligne, ses murs ornementés par endroits. Cette section semblait déjà bien mieux conservée que les précédentes, ce qui relâchait une part de la tension au sujet d'un possible effondrement.

Malika fit remarquer avec étonnement que l'endroit était étonnamment dépourvu de poussière et d'autres signes d'abandon. Malo était sur le point de lui répondre quand un cliquetis se fit entendre, perçant le silence. C'était indéniablement celui du métal sur la roche et cela semblait approchait à grande vitesse, quoi que ce fut.

Pas de poussière dans le couloir et cela s'expliquait surement par ce qui venait à grande vitesse vers eux. Angèle, la peur au ventre leva sa torche devant elle afin de voir ce qui arrivait. Dans le même temps, elle observa le sol et le plafond afin de voir si tout le couloir avait été "nettoyé" ou si un endroit avait été "épargné".

Un endroit où ils pourraient se glisser pour échapper à ce qui fonçait sur eux.

Aussi loin que portait la torche de la paladine, le sol semblait égal et uniformément propre. Du coin de l’œil, Angèle perçut Malo venir se placer à ses côtés pour faire face au danger qui serait sur eux d’un instant à l’autre…

Le cliquetis était tout proche. Une dizaine de mètres mais encore trop loin pour que la paladine puisse en visualiser l’origine. Il s’approcha encore. Neuf mètres. Huit mètres. Ralentit. S’arrêta juste à la limite de la zone éclairée d’une lueur tremblotante. En plissant les yeux, il était possible de distinguer le contour de la créature. Une sorte d’araignée mécanique qui s’était figée comme si elle craignait la lumière. On percevait une sorte de cristal brillant en son centre. Une sorte de cristal qui n’était pas sans rappeler celui du pilier.

La Couronne de Cuivre

[Lieu] Cojum