La Couronne de Cuivre

RP : Retour à l'abri

Il ne restait guère de place en dehors d'un espace exigu au niveau de l'unique autel de la chapelle. Kasumi suivit Astrée et chuchota d'un ton plaisantin :

- On risque de devoir se serrer un peu. J'espère que ça ne te dérange pas trop.

Ensuite, les deux rôdeurs s'attelèrent à improviser un couchage à partir des couvertures restantes. En plus de celles emportées par Astrée, il y en avait encore quelques-unes qu'avaient mises à disposition les villageois. Somme toute, ils réussirent donc à s'installer confortablement bien qu'il dussent se serrer l'un contre l'autre pour éviter d'empiéter sur l'espace de leurs voisins. Le sommeil ne tarda en tous cas pas à venir et tous deux s'endormir presqu'immédiatement.

***

Astrée se réveilla en sursaut sans pouvoir prendre conscience du temps écoulé depuis qu'elle s'était allongée. Elle serrait toujours Kasumi dans ses bras mais elle n'arrivait pas à se débarrasser d'une impression inquiétante. Une terreur sourde lui paralysait les membres. Lorsqu'elle parvint à ouvrir les yeux à force de volonté, elle se rendit compte que ce n'était pas Kasumi qu'elle étreignait. L'être qui était appuyé sur elle avait sa carrure mais là où aurait du se trouver son visage, seule une brume insondable lui faisait face. C'était la même créature qu'elle avait rencontrée dans la forêt.

RP : Retour à l'abri

Astrée lâcha Kasumi et recula d'un bond, se cognant contre l'autel. Non, ce n'était pas possible, c'était un cauchemar, certainement... Elle avait la bouche ouverte pour hurler de terreur mais aucun son n'en sortait. Voulant reculer encore, elle se cogna une nouvelle fois, et cette fois-ci, le cri jaillit, un sorte de "non" inarticulé et incrédule.
Dans un geste réflexe, elle lança de toutes ses forces son pied dans les jambes de l'intrus, du monstre. Une part d'elle-même lui disait que c'était sûrement un mauvais rêve ou une illusion, qu'elle ne devait pas paniquer, mais après les événements qu'elle venait de vivre, elle était bien incapable de garder la tête froide.

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Le coup provoqua un cri étranglé de douleur et Astrée sentit qu'on lui saisissait les poignets. Etre réveillée ainsi en sursaut brouillait les repères, estompaient la frontière entre rêve et réalité, sommeil et conscience. Toujours est-il qu'elle émergea de son cauchemar pour voir un Kasumi inquiet se tenant près d'elle. Il chuchota pour ne pas réveiller ceux qui parvenaient encore à dormir :

- Calme-toi, tu ne risques plus rien, c'était juste un mauvais rêve.

RP: Retour à l'abri

Astrée exhala un soupir de soulagement, les yeux demeurant écarquillés pour être certaine que sa vue ne lui jouait pas des tours, cette fois-ci.
- Oh, c'est toi... c'est bien toi...J'ai juste cru un moment... j'ai cru que je dormais avec un de ces monstres.
Elle n'avait pas parlé fort, pour éviter de réveiller ceux qui dormaient encore.
- J'ai eu tellement peur..., finit-elle par conclure en se blotissant à nouveau dans les bras de son compagnon. C'était lui, il était vivant... elle pouvait dormir tranquille...

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Kasumi rendit son étreinte à la rôdeuse et la laissa s'installer confortablement ensuite de quoi il passa une main dans ses cheveux en un geste apaisant. Il chuchota d'un ton taquin :

- Je crois que tu m'as donné un coup bas mais je ne t'en veux pas ! Je vais veiller sur ton sommeil alors ne t'inquiète pas.

RP: retour à l'abri

Astrée fermait déjà les yeux, se blottissant avec bonheur dans les bras de son compagnon. La fatigue accumulée la rattrapait, pesant sur ses paupières.
- Je ne m'inquiète pas..., fit-elle d'une voix ensommeillée. Je sais que tu es là, c'est tout ce qui compte...
Déjà, elle se sentait sombrer.
- Je t'aime... Bonne nuit... parvint-elle à marmonner avant de plonger dans un sommeil profond.

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Une légère pression sur son épaule la réveilla. Etant donné toute la fatigue et la tension accumulée les jours derniers, cela aurait pu se produire à peine une minute après qu'elle se fut endormie. Cependant, lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle découvrit une chapelle ensoleillée et vidée de ses locataires nocturnes. Il était sans doute le milieu de matinée mais Astrée découvrit avec bonheur le sourire de son compagnon assis à côté d'elle :

[color=#99000]- Désolée de te réveiller mais j'ai pensé que tu compterais te mettre en route ce matin pour rentrer. J'ai pris la liberté de te préparer un petit déjeuner. Il n'y avait plus grand chose mais je t'ai trouvé de la brioche, un peu de confiture de groseille et aussi une bonne dose de lait de chèvre. Ça serait dommage que ça se perde ![/color]

RP : retour à l'abri

Astrée se trouva un peu perdue à son réveil, ne sachant plus très bien où elle était ni ce qu'elle faisait là. Elle sourit à Kasumi, par réflexe, avant que tout lui revienne en mémoire... Ce qui se traduisit par un pli d'inquiétude sur son front.
- Oui, merci, c'est gentil d'y avoir pensé... Oh, j'aurais préféré du lait de vache, j'en prends toujours quand je viens ici, c'est les seules fois où je peux en boire... mais c'est pas grave...
Elle planta son regard dans le sien, inquiète.
- Et toi, tu vas bien ? je veux dire... Tu ne te ressens pas de ce qu'ils t'ont fait ? Qu'est-ce qu'ils t'ont fait, au juste ? Comment ? Tu as vu le prêtre? Je ne veux pas qu'on parte d'ici sans qu'il t'aie examiné, je veux être sûre que tout va bien....

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Kasumi ne put s'empêcher de sourire devant les directives inquiètes de sa compagne. Il avait légèrement laissé transparaitre sa déception de n'avoir pas pensé à insister pour du lait de vache mais il préféra tenter de dissiper les autres motifs de tracas d'Astrée :

- Le prêtre a pris le temps de m'examiner ce matin même s'il avait de nombreux autres patients. Il n'a détecté aucune trace d'enchantement ou de malédiction aussi nous ne devrions pas avoir à nous inquiéter. Apparemment, pour ce qu'il en savait, j'ai été victime d'une forme de transfert de conscience. Je n'ai pas tout compris loin de là et il m'a semblé que lui pas tout à fait non plus. En gros, ces créatures utilisaient les cristaux pour pouvoir contrôler l'apparence de leurs victimes. Au bout d'un temps trop long, cette essence s'épuise et on ne peut plus rien faire. Mais tu m'as retrouvé à temps, heureusement. Quant à savoir d'où provenaient ces créatures, il est probable qu'il s'agisse d'un accident d'invocation. Les druides que nous avions vu en ont sans doute été les premières victimes.

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Astrée grimaça, peu convaincue.
- Un accident d'invocation... ça me parait trop facile, comme explication. Si ça se trouve ces druides sont toujours là, à manigancer quelque chose, moi je parie qu'ils contrôlaient parfaitement ces créatures... On devrait au moins avertir le temple de Lathandre à Luménis...
Elle soupira.
- Enfin, l'essentiel est que tu ailles bien... On va pouvoir rentrer chez nous... Mais je voudrais quand même saluer le prêtre avant de partir, si je peux...
Un coup d'oeil au plateau apporté par Kasumi lui rappela qu'elle avait une faim de loup. Elle se hata de faire un sort au petit déjeuner, excellent malgré l'absence de son lait préféré.

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Kasumi comprit l'allusion : Astrée souhaitait dissiper ses derniers doutes en entendant directement la version du père Donovan. Il ne pouvait pas lui en vouloir de penser qu'il enjolivait volontairement la situation pour éviter de l'inquiéter sur son état de santé ou le danger qu'ils courraient. Il avait prévu cette réaction et avait une idée en tête : pendant que la rôdeuse s'entretiendrait avec le prêtre, il ferait en sorte de lui dégoter du lait de vache pour lui faire la surprise. Il répondit donc innocemment :

- Je crois qu'il est dehors, sur la place. Je peux aller l'avertir que tu veux lui parler si tu veux. Et pendant ce temps, je nous ferai quelques courses et nous pourrons nous remettre en route avant la fin de la matinée.

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Astrée sourit, et répondit d'un ton joyeux, la bouche pleine :
- Ch'est une bonne idée ! J'ai hâte de rentrer...
Elle se hatait de finir son plateau déjeuner, avalant sans prendre le temps de mastiquer.
- Ne m'attends pas, tu as sûrement plein de choses à acheter... J'ai besoin de sel, de sucre si possible, de farine aussi... Il faut demander au grand type dans la bâtisse à côté de la chapelle, il tient une sorte d'épicerie de fortune, même si c'est un éleveur avant tout. Et si tu trouves quelques légumes pour nous changer de l'ordinaire... faudrait voir avec les agriculteurs, à cette heure-là ils doivent être aux champs mais leurs femmes ont bien un potager... Bon, tu me rejoins sur la place ?

Affamée, elle avala jusqu'à la dernière miette du déjeuner, avant de sortir à son tour de la chapelle, se dirigeant vers le clerc.
- Bonjour... Excusez-moi encore de vous avoir réveillé si tard cette nuit... Et d'avoir dormi trop tard pour vous aider ce matin. Je ne sais pas si vous avez eu le temps d'examiner mon compagnon ?

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Le clerc, dont le visage marquait le manque de sommeil, cligna des yeux en reconnaissant Astrée. Mais il lui adressa un sourire et répondit d'un ton énergique :

- Astrée, ça fait plaisir de vous voir en si bonne forme ! Vous nous avez énormément aidée hier, vous n'avez certainement pas à vous excuser. Tout le village vous doit une fière chandelle.

Il marqua une pause avant de répondre à sa question d'un ton plus grave et incertain :

- Je dois avouer n'avoir jamais rencontré la magie mise en œuvre contre votre compagnon. Mais rassurez-vous, je n'ai détecté aucune trace de maléfice en lui et il semble avoir les idées claires. S'il devait manifester un comportement étrange, je crois que ce serait déjà fait. Mais si vous voulez, vous pouvez rester quelques jours au village. Moi-même, je compte y passer la semaine pour m'assurer que tout va bien.

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Astrée secoua négativement la tête. Non, ellene voulait surtout pas rester ici une minute de plus qu'il n'était nécessaire.
- Non, je préfère rentrer chez moi... S'il y a un souci, je saurai que vous êtes là, je reviendrai, après tout il n'y a que 5 à 6 heures de marche. Mais pour le moment, j'ai besoin de me retrouver un peu au calme... Et puis, vous avez suffisamment à faire comme ça sans avoir en plus à surveiller Kasumi !
Elle lui sourit.
- Vous feriez bien de vous reposer un peu, vous aussi....

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Une fois de plus, le clerc lui adressa un sourire fatigué mais soulagé. Les dernières heures avaient été éprouvantes et l'attaque avait coûté cher à la communauté. Mais elle avait survécu à la crise et elle la surmonterait. Le clerc ayant d'autres patients à consulter, il s'excusa et dit au revoir à la rôdeuse la laissant seule sur la place. Il n'y avait nulle trace de Kasumi. Sans doute était-il en train d'effectuer les emplettes demandées.

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Astrée regarda le clerc s'éloigner un moment, avant de sursauter en se rendant compte qu'elle était seule et désoeuvrée. Kasumi n'aait pas fini ses emplettes, c'était bien compréhensible. Un moment, elle pensa le rejoindre, mais elle ne savait pas par quoi il avait commencé ni oùil était. Elle préféra donc se choisir une grosse pierre confortable pour s'asseoir et l'attendre. Il faisait relativement beau, le soleil haut dans le ciel réchauffait l'atrmosphère, et un peu de calme était bienvenu.
Prince des Frelon était, comme souvent, sous sa forme d'écureil, et se fit une joie de venir se blottir dans ses bras pour lui tenir compagnie.

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Astrée eut largement le temps de se détendre et de profiter de l'air frais. Mais après la tension et les inquiétudes de la veille, cet intermède était bienvenu. La jeune femme attendit près d'une demi-heure sans remarquer de signe indiquant la présence de Kasumi. Alors qu'elle commençait à s'en inquiéter, une voix se fit entendre dans son dos, la faisant légèrement sursauter :

- Vous attendez quelqu'un mademoiselle ?

Le rôdeur avait visiblement réussi à trouver tous les articles dont la rôdeuse avait parlé et en bonne quantité. Il avait en outre pris soin d'acheter un pot de lait de belle taille.

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Astrée sursauta - davantage qu'elle ne l'aurait fait en temps ordinaire, mais les évnements récents avaient mis ses nerfs à l'épreuve. Elle sourit à son compagnon, heureuse.
- Oui, toi..., fit-elle joyeusement en le saluant d'un léger baiser sur les lèvres. Elle savait que c'était la réponse qu'il attendait.

Elle sauta d'un bond à bas du rocher sur lequel elle s'était perchée, délogeant du même coup Prince des Frelons qui ne se fit pas prier pour reprendre forme équine. Il n'avait rien d'un cheval de bât, et Astrée ressentait son manque d'enthousiasme face aux paquets dont on escomptait le charger. Mais il s'y prêterait de bonne grâce.
Elle sourit en voyant le pot de lait.
- Oh, c'est gentil d'y avoir pensé. On va essayer de le caler dans les fontes sans trop déséquilibrer le chargement.
Prince souffla par les naseaux, exprimant sans doute son mécontentement - ou un avertissement : il était parfaitement capable de redevenir écureuil si la charge était trop incofortable.

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Le jeu entre la maîtresse et le cheval était amusant pour qui était capable de voir au-delà des apparences comme le rôdeur. Il laissa le soin à Astrée de lester sa monture en lui passant les paquets au fur et à mesure. Malgré tout, c'était loin d'être insurmontable pour Prince des frelons, surtout si le couple marchait à côté. Rien ne pressait ni ne justifiait qu'ils montent à tour de rôle : la journée étant bien avancée, ils seraient obligés de camper en route de toute façon.

- Je crois que nous sommes prêts pour la ballade. J'espère que tu connais un bon endroit où camper ce soir, de préférence avec un ruisseau. Je dois dire que je n'aurais pas volé un bain.

Evidemment, un petit sourire taquin accompagnait cette proposition, signe qu'il avait peut être une idée derrière la tête.

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Elle sourit.
- Il y a le ruisseau près de chez moi, tu sais, je t'ai déjà parlé de mon coin baignade préféré... Mais c'est un peu loin, on n'a aucune chance d'arriver ce soir. Et sur le chemin du retour, je ne vois guère que quelques minuscules torrents de montagne bien glacés, de quoi faire une toilette bien revigorante mais ça m'étonnerait que tu tiennes suffisamment longtemps dans une eau à cette température pour appeler ça un bain ! Mais après tout, peut-être que tu aimes les bains glacés....
Elle lui tira la langue, espiègle, avant de reprendre son sérieux.
- En tout cas, on a de la route à faire ! Alors ne trainons pas davantage. j'ai vraiment hâte d'être chez moi. Enfin... chez nous.
Arriverait-elle à considérer un jour sa grotte, son refuge comme un "chez-eux" et non plus un chez-elle ? Elle s'était si bien habituée à sa solitude...
Elle sourit à son compagnon, s'efforçant de ne rien laisser paraître de ses états d'âme, et lui prit joyeusement la main, l'entraînant sur le chemin du retour. Enfin.

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Le sourire de la rôdeuse était contagieux. Kasumi oublia ce qu'il avait en tête pour apprécier pleinement le moment présent. Jamais avant de connaître Astrée, il n'aurait soupçonné la félicité de ces instants banals pendant lesquels ils marchaient simplement, côte à côte, à deux. Le demi-elfe répondit à la plaisanterie d'un ton enjoué :

- Brrr, il faudra donc attendre demain pour un bain digne de ce nom. D'ici là, j'espère en pas attirer un ours par mon odeur. Mais surtout, j'espère ne pas te faire fuir !

Et comme s'il craignait que la jeune femme le prenne au mot, il esquissa une manœuvre destinée à lui barrer la route tout en lui ceignant la taille. Avant qu'elle puisse réagir, il lui vola un léger baiser et sourit de plus belle.

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Astrée lui rendit son baiser, le coeur léger. C'était une belle journée de printemps, elle rentrait chez elle avec l'homme qu'elle aimait, tous deux sains et sauf après avoir affronté maints dangers. Que souhaiter de plus ?

Elle lâcha cependant bien vite sa main : ils avaient besoin de toute leur concentration pour cheminer le long du défilé rocheux qu'ils devaient franchir, et par endroit la piste était si escarpée qu'ils appréciaient de pouvoir s'agripper de leurs deux mains. Prince, en revanche, n'appréciait guère la situation. Il avait beau être habitué à la montagne, le sentier était vraiment difficile. A l'aller, il avait été confortablement installé dans la poche de sa maîtresse... Alors soudain, sans crier gare, au beau milieu d'un passage particulièrement délicat, il disparu... et une boule de poil d'engoudra dans la capuche d'Astrée qui pendait dans son dos.

Tout le chargement était tombé au sol. Elle se précipita pour redresser le pot de lait qui s'était renversé. La moitié de son contenu était perdue. Elle soupira.
- Je crois qu'on va devoir se passer de Prince jusqu'à la fin du défilé. J'aurais dû m'e douter... Va falloir qu'on se débrouille pour porter tout ça nous-mêmes.

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Kasumi lorgna avec scepticisme le tas de victuailles et de bagages dont ils allaient devoir se partager la charge.

- Est-ce que le défilé est long ? Nous pouvons peut être utiliser les cordes pour tracter les objets les plus lourds dans les passages les plus difficiles même si ça nous ralentira. Nous devrons peut être faire une pause à la fin du défilé, du moins s'il n'y a pas trop e passages de ce genre pendant l'étape du jour.

Chose faisant, il déploya une couverture pour en improviser un sac supplémentaire destiné à mieux répartir la charge des fontes.

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- Si je me souviens bien, il reste moins d'une heure de marche difficile. Ensuite c'est plus plat, il y a peut-être encore un ou deux passages délicats. Je devrais pouvoir convaincre Prince de faire un petit effort.

Elle aida Kasumi à répartir les provisions dans leurs sacs et dans le baluchon improvisé, cala le pot de lait de son mieux à la verticale, accroché à son sac à l'aide des cordes. A la moindre chute ou simple perte d'équilibre, il se renverserait et tout serait inondé, il lui faudrait donc être prudente sur les rochers glissants. Et par tous les dieux, qu'il était lourd.
- Heureusement que ça ne sera pas trop long, soupira-t-elle...

Elle s'efforçait de faire bonne figure, masquant l'effort nécessaire pour porter un tel poids. Kasumi se remettait tout juste d'une blessure grave, elle devait le ménager. Elle envoya une bouffée de rancoeur à l'attention de sa monture-écureuil.
- Je te laisse passer devant en éclaireur, ça va me guider pour poser mes pieds...

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Kasumi avait remarqué qu'Astrée s'était débrouillée pour porter certains des bagages les plus lourds mais il n'avait pas le cœur à lui faire remarquer, se ressentant encore de son étrange expérience. Il savait aussi ne pas avoir le pied aussi sûr qu'elle et appréhendait un peu le défilé qu'ils allaient devoir affronter. Mais il tenait avant tout à ne pas la vexer : Astrée était bien capable de savoir ce qu'elle était capable de transporter sans danger. Après un sourire d'encouragement, il se remit en route, se retournant parfois dans les parties les plus faciles pour voir comment la jeune femme s'en sortait.

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La traversé du défilé fut harassante pour Astrée, et elle fut soulagée que le terrain redevienne plus praticable. Prince accepta de bonne grâce de porter à nouveau le chargement... Jusqu'au prochain passage escarpé, deux heures plus tard, oùil fallut à nouveau se répartir les charges. Le temps perdu à chaque difficulté de parcours était énorme.
Et la conséquence logique fut qu'ils avancèrent moins vite et moins loin que prévu. Au lieu du plateau herboré où Astrée escomptait camper, ils se trouvaient, à l'heure du dîner, sur un plateau rocailleux et caillouteux qu'ils ne pouvaient espérer franchir avant la tombée de la nuit. Pas de végétation à part quelques buissons rabougris. Un maigre ruisselet serpentait non loin.
Astrée grimaça.
- Je commence à fatiguer, avoua-t-elle. On essaie de se trouver un coin de terrain un peu moins dur pour camper? Ou tu veux qu'on avance encore un peu ? D'ici deux heures, on doit pouvoir trouver une zone plus accueillante... Sinon, je sais qu'il y a des grottes, sur la paroi rocheuse que tu vois là-bas, de l'autre côté du petit bief.

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Kasumi ralentit pour permettre à Astrée de le rejoindre et de marcher à ses côtés avant de répondre. cela lui permit de réfléchir à la question. Il avait remarqué l'état de fatigue de as compagne et ne valait guère mieux lui-même. Continuer malgré tout en espérant trouver un meilleur endroit pour la nuit n'était donc pas raisonnable. Il répliqua d'un ton plein d'entrain :

- Eh bien, voyons si ces grottes peuvent nous fournir un nid aussi douillet qu'elles en donnent l'impression. Nous n'aurons qu'à partir tôt demain pour rattraper le temps perdu.
Le rôdeur espérait seulement que les grottes en question n'abritait pas déjà des occupants qui verraient leur arrivée d'un mauvais œil.

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Les grottes en question n'étaient pas franchement accueillantes. Certes, elles offraient un abri contre le vent, la pluie, et d'éventuels prédateurs - à moins qu'elles ne fussent le repaire de prédateurs. Les rôdeurs distinguaient trois ouvertures, un peu au-dessus du sentier mais pas trop difficile d'accès. L'une de ces ouvertures permettait tout juste de s'y glisser en rampant, mais semblait ouvrir sur une salle haute de plafond, a l'atmosphère sèche. Des ossements animaux d'assez grande taille, plutôt anciens, parsemaient le sol. Les deux autres ouvertures, plus praticables, amenaient à des salles basse de plafond, plus fraiches et humides - ils entendaient goutter de l'eau, indiquant peut-être un lac ou une rivière souterraine. Bien sûr, le sol était de la roche pure, et la végétation autour étant quasi inexistante, à peine suffisante pour alimenter un feu, il était inutile d'espérer améliorer le confort du couchage. En revanche, toutes paraissaient vides.
- Ca promet quelques bonnes courbatures demain, résuma Astrée. Bon, tu préfères l'humidité et quelques bosses sur la tête si tu te redresses trop vite, ou bien les ossements et ramper dans un boyau boueux chaque fois qu'on aura à sortir ?

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Le rôdeur adressa un sourire à sa compagne et ironisa :

- Je te laisse décider : le choix est trop difficile entre ces deux perspectives tellement alléchantes. Au moins, nous ne manquerons pas d'eau fraîche... Mais ne t'inquiète pas, quel que soit ton choix, je vais te préparer un bon dîner. Tu l'as bien mérité en le portant sur ton dos durant tout le trajet.

Ce faisant, le demi-elfe se mit à fouiller dans l'un des sacs contenant des victuailles. Autant préparer le repas à la lumière du soir quitte à le cuire dans l'unique feu que le peu de combustible pouvait leur permettre. Kasumi avait dans l'idée de tester une nouvelle recette destinée à leur remonter le moral par un peu de confort : quelques tranches de palette de porc agrémenté de quelques pommes de terre, le tout rehaussé par une sauce à base de moutarde. Heureusement, il avait trouvé de la viande précuite qui diminuerait le temps de préparation. A cette pensée, son estomac grouilla de façon sonore.

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Après un coup d'oeil éloquent à la haute stature de son compagnon, et une remarque taquine sur les hurlements qu'il avait poussés la dernière fois qu'il s'était cogné la tête - à la suite d'une plaisanterie stupide de sa part, certes -, Astrée choisit la seule des trois grottes où son compagnon pourrait se tenir debout. Il faut die qu'une petite ouverture, en hauteur, donnant sur des galeries impraticables, permettrait d'évacuer la fumée s'ils faisaient un feu à l'intérieur.

Ils poussèrent donc leur paquetage à travers l'étroit boyau ouvrant sur la salle, sous le regard moqueur de Prince qui avait tout de suite pris une forme plus adaptée au lieu. Puis ils ressortirent chercher de l'eau dans la grotte voisine et couper un peu de bois pour le feu, avant de franchir une troisième fois le boyau. Heureusement que l'obscurité ambiante cachait l'état de leurs vêtements...
- Hey, je ne vais pas te laisser faire tout le boulot quand même !, s'exclama Astrée en voyant Kasumi s'atteler à la préparation du repas promis. Laisse-moi au moins les pommes de terre à éplucher ! Mais je m'occupe de faire le feu, avant.