La Couronne de Cuivre

Ces mots dont il avait tant besoin furent comme une caresse apaisante sur son âme torturée et qui après les excuses de son maître ne pouvait que lui apporter la paix. Le petit spectre devint lumineux, éblouissant, alors que s'inclinait et d'une voix ferme laissait à la volée.

Pour vous servir, mon bras ne faiblit jamais lorsqu'il faut sauver les opprimés. Mais n'hésitez pas, toutes ses friandises nous sont offertes.

Alors que les enfants se jetaient sur les douceurs, Constantin partait lentement rejoindre la paix éternelle.

Les gamins mangèrent avec appétit - ils sentaient le goût, la consistance des friandises - jusqu'à ce que l'un d'entre eux remarque la disparition de Constantin, passée inaperçue jusqu'ici. Ils s'entreregardèrent, perplexes, puis l'appelèrent en vain.
Et, brusquement, la peur se fit jour en eux.
-Mais où qu'il est ? murmura Yann.
-Ils... Ils l'ont peut-être fait disparaître... Regardez ce gars, là, on dirait bien un sorcier...
-Alors, ça voudrait dire que c'était un...
-Un piège.
Ils se serrèrent les uns contre les autres. Autour d'eux, les danses paraissaient tout à coup bien plus menaçantes. Et les boutons accumulés prendre une toute autre signification.

Les effets hallucinogènes commencèrent à s'estomper, les images devenaient floues, se déformaient en monstres inquiétants alors qu'un autre phénomène, bien réel celui-ci, venait à prendre les enfants. Des nausées puissantes les avaient rendus pâles et fébriles, encore mi-inconscients, ils ne voyaient que leurs images fantasmagoriques se mêler infiniment entre deux visions des pierres de taille des sous-sols danser devant leurs yeux, les effets n'en étaient que plus impressionnants et Etienne ne put se retenir de vomir ...

L'odeur âcre qui s'éleva alors acheva de rendre malades Thibault, Podrick et Yann, qui, vomissant tripes et boyaux, finirent par tomber à genoux, haletants, suant à grosses gouttes. Autour d'eux, le monde tourbillonnait, mélange d'hallucinations fantasmagoriques et de réalité floue...
Yann, le plus jeune, le plus frêle, s'effondra complètement, le visage contre le sable, et son corps, réagissant au gaz respiré en trop grande quantité, fût secoué de spasmes violents.
Sans que les autres, trop affaiblis, ne s'en rendent seulement compte.

Hormis le benjamin qui semblait avoir perdu connaissance, lentement les trois autres garçons reprenaient lentement pied dans la réalité. Ils se sentaient nauséeux, frissonnant et se regardèrent hébétés pendant quelques secondes avant que Thibault ne secoue Yann qui émis un petit gémissement sans même ouvrir les yeux.

Dans leurs esprits encore brumeux une question les taraudaient. Que c'était-il donc passé car aucun n'avaient souvenir d'avoir fait le trajet entre la petite pièce en bas de l'escalier et le hall sous ce dernier. Les fantasmes semblaient bien loin aussi et mis à part quelques brides éparses et sans consistances aucun n'avaient de souvenir de ce que leurs esprits avaient vécus.

Podrick fut le premier à se redresser. Peu importait le pourquoi de leur situation : seul comptait l'état inquiétant de Yann. L'état très inquiétant de Yann. Quand il y songeait, il se sentait paralysé d'angoisse.
Péniblement, il se remit debout. Ses jambes faillirent se dérober sous lui, et il dut se raccrocher à toute force au mur voisin. Trempé de sueur, haletant, les cheveux collés à son front terriblement pâle, il demeura immobile un long moment.
-Mettez-le sur le dos. Sinon, il risque de s'étouffer... souffla-t-il d'une voix hachée. Je vais chercher Arya.
Et, joignant le geste à la parole, il s'éloigna. S'il avait été plus vaillant, il aurait emprunté l'échelle, activé les marches escamotables. Mais il ne s'en sentait pas capable et se vit contraint de faire le long détour par le dédale de couloirs.
Il aurait eu envie de s'arrêter. De souffler. Il ne le pouvait pas, ne le devait pas : il fallait absolument alerter la magicienne...
Après un moment qui lui parut interminable, il atteignit l'escalier. Se lança dans son ascension.
Il se sentait sur le point de défaillir, de s'écrouler, inconscient. Trop d'efforts. En trop peu de temps.
Mais il n'en avait pas le droit.

A grand peine, les deux aînés retournèrent leur petit frère qui était livide et qui désespérément tentait d'ouvrir les yeux sans aucun succès puis d'une voix gémissante, il susurra.

Je veux ma maman !

Podrick peinait à monter l'escalier aux marches froides et rugueuses, marche après marche, il s'encourageait sachant qu'il devait aller chercher au plus vite sa tutrice. Son avance était longue et pénible. La tête lui tournait et les efforts qu'il étaient obligé de faire titanesques. Son courage n'avait de limite que son état déplorable et lorsqu'enfin il atteint le dernier palier, il était sur le point de s'effondrer. Le mécanisme, il devait encore activer le mécanisme ...

A tâtons, il chercha la pierre, la poussa mollement, dut s'y reprendre à trois reprises avant de réussir à l'activer. La porte dérobée pivota, et le gamin, chancelant, fit quelques pas en avant, puis s'immobilisa sur le seuil du laboratoire. Il n'y voyait plus grand chose, tant la brume d'épuisement qui tourbillonnaient devant ses yeux assombrissait le monde. Alors, sans savoir si la magicienne était là ou si elle s'était absentée un moment, il lança, d'une traite faiblissante :
-Heu, Arya ? J'sais pas trop c'qui se passe, pis on a pas fait de bêtises ou quoi, mais... On est tous malades, j'crois. Enfin, Yann, surtout....
Il s'effondra.

La magicienne lâcha l'éprouvette qu'elle tenait en main ne faisant pas attention à des heures de travail qui venaient de disparaître en mille gouttelettes qui roulaient sur la table pour se précipiter vers son petit protéger. Elle ne savait rien de ce qui s'était passé, mais que l'enfant avait vomi, cela elle ne pouvait l'ignorer tant les vêtements étaient imprégnés de l'odeur qui était venu chatouiller son odorat à peine la porte ouverte.

Son esprit ne fit qu'un tour alors qu'elle se précipitait vers l'étagère pour prendre une potion de soin, appeler la jeune domestique et s'agenouiller près de Podrick les lèvres remuant déjà pour incanter un sort de soin alors qu'elle attirait l'enfant contre elle..

Aussitôt, le garçonnet rouvrit les yeux et bien qu'il ne fut pas remis sur pied et loin de là, ce simple fait confirma à la magicienne que ce ne fut pas un effet magique qui l'avait touché. Elle glissa entre ses lèvres un peu de potion pour qu'il fut capable de parler.

Avale Podrick, cela va aller mieux. Où est Yann ?

Il était plus prudent de perdre quelques secondes pour que Podrick réponde plutôt que de errer dans le sous-sol à la recherche de l'enfant. Déjà la jeune domestique approchait.

Le petit garçon but quelques gorgées. Toussa. Grimaça comme il faisait effort pour rassembler ses pensées éparses. Ce ne fut pas chose aisée...
-Dans la salle avec le sable et toutes les portes... murmura-t-il enfin, d'une voix faible et mal assurée. Juste sous l'escalier... Les autres y sont aussi...

L'elfe serra tendrement le garçonnet contre elle tout en posant un baiser sur son front. Elle s'adressa à la jeune domestique, le regard profondément affligé.

Emmène-le près de la cheminée, je vais chercher les autres enfants.

La jeune fille s'approcha et d'une main ferme, sans toutefois le brusquer, aida Podrick à se lever alors que la magicienne activait déjà le mécanisme.

Yann se trouvait sous l'escalier probablement avec ses frères, Arya ne pouvait donc y accéder directement. Elle devait donc utiliser le sort qui lui permettrait de les rejoindre par cet accès sans pour autant les écraser lors de sa chute. Dès qu'elle fut sur la marche précédente, elle appuya fortement sur celle déclenchant le mécanisme tout en prononçant le sort qui fit d'elle une feuille légère qui vint se poser délicatement aux côtés des trois enfants. Aussitôt, elle redevint à son aspect originel et se pencha sur Yann qui était mi-conscient.

Elle n'hésita pas est lui administra un sort de soin amélioré qui eut pour effet que le petit enfant ouvrit les yeux, mais il était loin de pouvoir se lever. L'essentiel étant déjà fait, elle fit boire aux deux aînés de la potion.

Il nous faut remonter, le mieux est qu'Etienne remonte avec moi, toi Thibault tu restes avec Yann, maintenant ça va aller beaucoup mieux, ensuite je viendrai vous chercher, tu auras eu le temps de reprendre des forces et je pourrai porter ton petit frère.

Le cadet eut peine à se lever, mais courageux, ses jambes tremblant sous l'effort, aidé par la magicienne, il grimpa l'échelle menant à l'escalier, puis plus porter par Arya que par ses propres jambes, il regagna la cave et Podrick.

L'elfe ne s'attarda pas et ne donna que l'ordre de leur préparer un peu de thé chaud avant de redescendre chercher les deux autres frères. La montée fut plus ardue, car bien qu'Etienne, heureusement le plus costaud avait repris un peu du poil de la bête, la magicienne devait l'assurer tout en portant le benjamin. Celui-ci reprenait quelques pâles couleurs et lorsqu'ils parvinrent enfin devant l'âtre où se trouvaient Podrick et Etienne, il était presque plus en forme que son aîné qui était épuisé par la montée.

Le quatuor était sorti d'affaire, mais ils étaient encore bien nauséeux. Arya s'en alla chercher quelques herbes, en fit une infusion qui eut un effet spectaculaire. Rapidement, les garçons reprirent des joues colorées et les effets négatifs des hallucinogènes disparurent en quelques minutes. Il était maintenant temps qu'ils racontent ce qui les avaient mis dans un tel état.

Elle les regarda d'un regard tendre et encourageant. Avant de les envoyer se laver ce qui était indispensable au vu du vomis qui imprégnait leurs cheveux et leurs vêtements, elle préférait être prudente et si nécessaire prévoir une autre potion ou décoction pour éviter tout risque de rechute.

Et bien, que vous est-il donc arrivé pour que je vous retrouve dans un état aussi déplorable ?

Les gamins avaient retrouvé des forces, mais l'expérience qu'ils venaient de vivre, et particulièrement sa pénible conclusion, les laissait fortement éprouvés. Malgré tout, ils firent effort pour rassembler leurs souvenirs et, se complétant les uns les autres, ils firent à Arya le récit de leurs aventures, depuis l'ouverture du coffret, déclencheur de leur téléportation dans cette jungle étrange, jusqu'à la disparition de Constantin, signe précurseur de leur "réveil" nauséeux dans la salle centrale.
Ils furent parfois confus ; parfois, se contredirent. Mais, de manière générale, la magicienne eut bientôt un exposé relativement complet et fiable de ces inexplicables phénomènes.

Tout partait du petit coffret découvert dans les sous-sols, la magicienne ne comprenait pas qu'on eu pu vouloir le protéger par des effets nocifs lors de l'ouverture, mais peut-être était-ce l'ultime protection pour de précieux objets ou documents auxquels le propriétaire devait particulièrement tenir.

En l'instant, elle devait s'assurer que les effets ne furent que temporaires et que les soins administrés aux quatre garçons étaient suffisants. Elle devait donc se rendre dans les sous-sols pour aller chercher ce coffret en en examiner le contenu. Nul besoin de dire aux enfants la raison qui la poussait à aller chercher le coffret.

C'est une drôle d'aventure que vous avez vécue là ... je pense que maintenant ce ne sera plus qu'un souvenir fantasmagorique. Finalement, vous ne savez pas ce qu'il contient ce mystérieux coffret et méritez de le savoir. Son sourire se fit amuser et son ton sans détours. Pendant que vous irez vous lavez ... cela est incontournable, car je ne saurai supporter plus longtemps les relents de vos aventures, je vais aller le chercher et ainsi vous saurez quel fabuleux trésor vous avez découvert.

Alors qui s'élance en premier dans la salle d'eau ?

La perspective du bain arracha aux gamins une grimace des plus comiques.
-On peut pas se laver... fit Podrick, amorçant la vague des protestations.
-On est trop fatigués, on arrivera pas à grimper les escaliers...
-Moi, j'aurais même pas la force d'enlever mon pull...
-Pareil...
-En plus, on a plus d'habits à se mettre, ceux d'hier doivent encore être tout sales...
-Et puis, si on est à nouveau téléportationnés ?
-Oui, on pourrait arriver dans la mer, se noyer...
-Ou se noyer dans la baignoire en s'évanuissant simplement...

Portant un regard éploré sur les enfants, la magicienne prit un air contrit, mais son regard enjoué marquait l'amusement à leurs réponse et à celle qu'elle allait leur donner.

C'est vrai, enfin presque, vos vêtements sont propres, alors vous pouvez vous changer, mais ... je comprends que vous ne puissiez monter l'escalier et que vous craigniez de vous pâmer.

Arya fit mine de réfléchir, puis comme si ce fut une idée géniale, elle prit le ton de celle qui venait de trouver LA solution.

Je sais, je vais faire préparer un baquet dans la cuisine, comme cela vous ne vous fatiguerez pas et puis je vous laverai, ainsi aussi nulle fatigue et si vous vous évanouissez je serai là pour vous rattrapez ... n'est-ce pas merveilleux comme solution ...

La magicienne dut se retenir de rire tout en regardant la mine déconfite des quatre garnements.

Pris au dépourvu, les gamins haussèrent les sourcils. Puis les trois frères se tournèrent vers Podrick, comme pour lui demander, d'un regard, si la magicienne plaisantait... ou était sérieuse.
Celui-ci sourit : connaissant bien la magicienne, il penchait pour la première option.
-Ce serait merveilleux, oui... dit-il. Sauf qu'on est trop fatigués pour aller jusqu'à la cuisine. Ou même, simplement, pour nous lever.
-Oui ! Tout à fait ! renchérit Thibault.
-Parfaitement ! enchaîna Etienne.
-On est même si fatigués qu'on pourrait s'endormir là, tout d'un coup... conclut Yann.
Et, joignant le geste à la parole, il s'effondra sur l'épaule de son voisin, mimant le sommeil à s'y méprendre. Les autres l'imitèrent sans tarder.

Le faux sommeil ne troubla en rien l'elfe, elle ne supportait pas les odeurs nauséabondes et là, les enfants étaient vraiment à sentir de loin. Elle parla d'une voix douce et caressante.

Pauvres enfants, ils sont vraiment épuisés, je vais faire préparer la bassine, pour Yann et Etienne je pourrai les laver seule et pour Podrick et Thibault, je demanderai un peu d'aide. Ils seront ravis d'être propre en se réveillant.

Sur le pas de la porte se tenait la jeune domestique dont les yeux écarquillés parlaient d'eux-mêmes. Il était si évident que les garçons jouaient la comédie et rien que le fait d'avoir osé dire non aurait chez elle été une rossée plutôt que douces paroles.

Les petits anges bien sages et discrets de la veille se sentaient déjà chez eux ...

Les gamins ne pensaient certainement pas à mal, envisageaient sans doute la chose comme une innocente plaisanterie sans conséquence. Et, confiants dans l'avis de Podrick - autant qu'encouragés par le signal de fausse rébellion qu'il avait lancé - ne prenaient pas du tout la menace au sérieux. Ils continuèrent donc à mimer le sommeil... Lequel, ils s'en rendirent bientôt compte, avait des attraits certains. Peut-être n'allaient-ils pas tarder à réellement s'endormir...

Le benjamin semblait déjà plongé dans un monde de rêves, enfin elle pouvait l'espérer et Arya prit une couverture qu'elle posa sur l'enfant, puis couvrit également les autres, guettant discrètement la réaction des plus grands. Si ce ne fut qu'un jeu, le temps qu'elle tourne les talons et ils auraient les yeux ouverts. Dans le cas contraire, quelques heures se sommeil ne pourrait que leur faire du bien et ce n'est pas l'elfe qui allait les en privé.

Les laissant s'endormir ou franchement se réveiller, elle ne tarda pas à descendre dans les sous-sols à la recherche du petit coffret pour s'assurer que cette fatigue n'était que naturelle laissant les garçons sous la bienveillante surveillance de la jeune employée.

Comme le lui rapporterait plus tard la jeune fille, les garçons échangèrent quelques murmures : les deux frères encore éveillés demandèrent à Podcirk si Arya plaisantait, ce qu'il confirma. Ils s'inquiétèrent de l'avoir mise en colère, mais il les rassura : refuser de prendre un bain était devenu une sorte de jeu, presque un rituel. Elle ne le prendrait pas mal, et si d'aventure elle commençait à mettre sa menace à exécution, il leur suffiraient de se replier en quatrième vitesse jusqu'à la salle d'eau.
Ses propos rassurants produisirent leur effet. Moins de cinq minutes plus tard, tous les quatre dormaient.

Alors qu'elle remontait des sous-sols tenant délicatement le coffret qu'elle avait fermé, la magicienne sourit en voyant les garçons endormis alors qu'elle jeta un coup d'oeil au petit groupe allongé sur les coussins. L'employée les avait couverts de couvertures chaudes et Arya fut finalement ravie. Elle pouvait sortir sans crainte qu'ils veuillent la suivre car afin d'éviter tout autre risque que celui encourut par les enfants, elle préférait profiter du temps clément pour que si effet il devait y avoir cela se produise dehors.

Elle avait juste récupérer quelques boîtes hermétiques afin de mettre ce qu'elle pourrait trouver dans le coffret.

L'hallucinogène dont avait souffert les enfants, elle n'eut aucune peine à le reconnaître. Elle se souvenait lors de son arrivée avoir croisé un groupe de jeune dont le nom de famille était pour tous Pyhy et qui passait leur journée à consommer du Laléidoskop qu'ils appelaient communément lsd. Rien de bien dangereux et les soins qu'elle leur avait apporté étaient bien suffisant. Un bon repos et leur mésaventure ne serait certainement plus qu'un souvenir dont ils se venteraient peut-être.

Après avoir passé dans la neige tous les sachets et objets, avoir nettoyé le coffret de tout résidu, elle rentra et se mit à ouvrir quatre petits étuis fait dans un beau cuir pour y découvrir ce qui s'y cachait.

Arya eut tout loisir d'examiner le contenu du coffret : les enfants ne s'éveillèrent pas avant qu'une bonne heure ne se soit écoulée. Et quand ils commencèrent à quitter les limbes, ce fut en douceur. L'un se retourna, l'autre bougea. Un troisième ouvrit une seconde les yeux pour les refermer aussitôt, profiter, encore, de quelques instants de sommeil. Mais, bientôt, celui-ci les abandonna irrémédiablement. Un à un, ils se redressèrent, le regard encore trouble, vague...

La magicienne s'était extasiée sur le trésor découvert par les enfants. Elle passa un long moment à admirer les objets contenus dans les petits sacs, il y avait deux broches finement ciselées et incrustées de pierres précieuses dont se servaient les chevaliers pour retenir leur cape, une chevalière toute aussi précieuse mais dont l'aspect lui paraissait bien barbare et dans le dernier, elle fut stupéfaite de découvrir des petites fioles contenant de fines poudres destinées à de savantes potions, dont une avait été transcrite sur un minuscule parchemin. Dans le coffret, elle avait également découvert des petits sacs de graines restées intactes, mais dont elle doutait pouvoir les faire germer. Restait à définir qu'elle était leur rareté pour qu'elles fussent ainsi mises à l'abri de tous.

Alors que les garçons commençaient à bouger, s'éveillant lentement, Arya leur prépara un petit encas, car bien que leur estomac avait été quel que peu malmené, ils allaient probablement avoir faim.

Si elle était impatiente de leur montrer le fruit de leur découverte, de donner à chacun ce qu'elle estimait le mieux convenir, elle ne les brusqua pas, les laissant s'étirer et sortir de leur sommeil lentement.

Les enfants finirent par se lever, vinrent s'installer à table. Ils étaient encore tout ensommeillés : l'hallucinogène les avait vraiment épuisés, tant physiquement qu'émotionnellement. Mais dormir leur avait fait du bien et, lentement, ils retrouvaient leurs esprits. Ils accueillirent avec enthousiasme l'en-cas que la magicienne leur avait préparé et se mirent à manger tranquillement. En revanche, pour l'heure, ils n'avaient pas prêté attention au contenu du coffret. Ni au coffret lui-même.

Laissant les enfants manger tout en se réveillant, la magicienne s'était occupée à la lecture d'un passage d'un des volumes trouvé dans les sous-sols et lorsqu'elle eut terminé, les garçons ayant eux-mêmes tout avalé ce qu'elle avait préparé, elle retourna vers eux et leur adressa un grand sourire tout en poussant le petit coffret vers eux.

En dehors des particules hallucinogènes que pensez-vous que ce petit coffret si bien caché contient un trésor susceptible de vous intéresser.

Les enfants s'entreregardèrent.
-Heu... Aucune idée, fit Podrick en haussant les épaules. A mon avis, non : il doit y avoir des papiers, dedans. Les gens qui habitaient là avaient l'air d'adorer les papiers, les bouquins, les trucs du genre...
-Et... C'est quoi, des "particules ha-li-çu-no-gènes" ? demanda Yann, intéressé.

La réponse de Podrick lui sembla un peu fataliste, mais elle devait reconnaître à l'enfant que jusqu'à ce jour, il n'avait découvert que des parchemins et des livres qui ne l'intéressaient pas faute d'avoir envie de lire pour découvrir leur contenu. Mais cette fois, c'était différent. Elle poussa le coffret devant son petit protéger.

Ouvre-le pour vérifier, c'est la seule façon de savoir.

Puis, elle se tourna vers Yann pour lequel elle avait des espoirs de le voir devenir un mage.

Et bien, des particules hallucinogènes, ce sont comme des poussières qui en pénétrant dans l'organisme humain donne les effets que vous avez connus qui s'appellent des hallucinations. La sensation qu'il fait très chaud, que l'on se trouve dans une forêt vierge et bien d'autres images irréelles qui semblent pourtant bien réelles tout comme les sons qui les accompagnent.

Son regard se porta à nouveau sur Podrick qui ouvrait le coffret ...

-On peut en fabriquer, des particules hallucinogènes ? continuait Yann, plus emballé que jamais. Parce que c'est vachement chouette, je trouve ! Enfin, ça serait encore plus chouette si on était pas malade après, mais...
Avisant l'expression stupéfaite des autres, leurs yeux écarquillés, il s'interrompit, se pencha à son tour sur le coffre ouvert et les divers objets qu'il contenait, fraichement déballées de leurs pochettes de cuir.
-Ben si ça c'est pas un trésor ! s'exclama le bambin.
Ses frères et Podrick acquiescèrent mais, encore trop ébahis, ils ne trouvèrent rien à dire.

La stupéfaction put se lire dans le regard de la magicienne alors que Yann s'exprimait. Mais, elle ne pouvait en vouloir au bambin qui finalement s'était retrouvé plus que les grands dans un univers fantastique qui devait en partie correspondre à ses rêves. Elle lui adressa un sourire et sa voix démontrait qu'il valait mieux oublier de s'adonner une nouvelle fois à ces sensations étranges.

Tu sais Yann, c'est très dangereux de jouer avec ces particules, il vaut mieux les éviter.

Mais, son regard enjoué appréciait déjà l'ébahissement qu'elle constatait chez les quatre garçons qui malgré leurs esprits aventuriers ne s'étaient jamais vraiment imaginer pouvoir trouver un trésor.

Vos recherches n'ont pas été vaines et vous êtes maintenant des aventuriers comblés puisque ce que vous avez découvert est un vrai trésor, il vous appartient, alors vous pouvez y toucher.

Elle saisit délicatement les broches qu'elle posa au centre de la table tout en faisant en sorte qu'elles se trouvent devant Thibault et Podric, la chevalière du côté d'Etienne et avec un précaution respectueuse les flacons et le minuscule parchemin en face de Yann. Peu importe si les enfants se l'attribuaient différemment, cela leur appartenait et c'était au final à eux de décider..

Les enfants gardèrent les yeux rivés sur les objets dévoilés, puis relevèrent la tête. Si Podrick était ravi, les trois frères semblaient plus embarrassés.
-Heu, ça vous appartient à vous, m'dame... dit Thibault.
-M'man voudra jamais qu'on les prenne... continua Etienne. C'est trop précieux...

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