La Couronne de Cuivre

A peine Astrée était-elle couchée qu'elle sentit une main lui toucher l'épaule et un filet de voix lui parvenir.
" Alors ? Qu'est-ce que tu as réussi à lui soutirer ?" murmura Mathieu, à peine audible sous le fracas de l'averse.
Elle entendit le bruissement de sa couverture, signe qu'il se rapprochait.
" J'espère pas seulement des informations sur les habitudes alimentaires des trolls..."

Malgré leur situation inconfortable, Astrée faillit éclater de rire. Mathieu était décidément incorrigible.
" Rien de ce que tu imagines, fit-elle avec un sourire amusé, à voix basse, en se souvenant de leur discussion sur les secrets du "mercenaire-paladin". C'était une simple discussion tactique sur les dangers probables du secteur. Il pense qu'on a des chances de dormir tranquille et que les trolls sont loin.... et on a parlé légendes locales."
Elle se demandait si Dimitri avait un passé si mystérieux que ça. Après tout, fuir les horreurs de la guerre et d'une armée, quelle qu'elle soit, pour vivre une vie solitaire dans les montagnes, était pour elle un acte parfaitement compréhensible.

" Des discussions tactiques ? souffla son voisin. Les dieux m'en soient témoins, tu n'as rien trouvé de plus intéressant pour engager la conversation ? Enfin, j'imagine que c'est une manière efficace de rentrer dans ses bonnes grâces... Le pragmatisme, tout ça..."
Elle l'entendit remuer sous sa couverture.
" Il va falloir que je prenne les choses en main. Mais Jeroen n'est pas une si mauvaise source, tout bien considéré, même s'il manque de curiosité."

Astrée pouffa de rire.
" Dis voir, c'est une obsession chez toi ! Tu veux pas le laisser tranquille avec ses secrets ? Le pauvre..."
Elle se tourna sur le côté pour lui faire face dans l'obscurité et ajouta avec curiosité.
" Mais cela dit... tu as appris des choses intéressantes par Jeroen ?"

Mathieu gloussa.
" Quoi ? Soudain tu es curieuse ? C'est de la triche. Pourquoi devrais-je te donner mes informations alors que toi, tu ne m'apportes rien ?"
Derrière eux, Félicie poussa un profond soupir. Elle dormait manifestement profondément, mais Mathieu baissa encore la voix.
" Ce n'est pas comme ça que ça marche."

Astrée pouffa de rire à nouveau.
" Et d'abord, qui te dit que je n'ai pas des informations que je cache par pure discrétion ? Tu ne dis rien, je ne dis rien, c'est tout ! D'ailleurs, si jamais il finit par me faire suffisamment confiance pour me parler de son passé, pourquoi donc devrais-je trahir ses secrets en te les racontant ?"
Elle aussi avait baissé la voix, ne voulant pas déranger le sommeil de leurs compagnons.

" Peut-être que je devrais te payer pour tes renseignements... Ce serait justice... mais je ne vois pas très bien ce que je pourrais t'offrir. Tu n'aimes que les bestioles poilues et sauvages et je suis bien trop raffiné pour ça !"
Il gloussa sous sa couverture.
" Peut-être en remerciement de ce que j'investis dans cette expédition... Pour les beaux yeux d'un genasi angoissé."

" J'ai du mal à croire que tu fais cela juste pour aider Kalju, fit remarquer Astrée sans la moindre velléité de jugement négatif. J'imagine que tu comptes surtout trouver là-bas un gisement prometteur... Ce qui arrange tout le monde finalement. Mais je peux me tromper, bien sûr !"
Elle imaginait assez mal Mathieu faire quelque chose par pur altruisme, sans en espérer un gain quelconque pour lui-même.

Mathieu bougea à nouveau et laissa échapper un petit rire. La pluie, autour d'eux, semblait s'apaiser, comme Dimitri l'avait prévu.
" Même si mes intentions étaient purement philanthropiques, je ne pourrais jamais me le permettre ! Tu sembles oublier que je ne suis qu'un employé qui doit rendre des comptes à un patron, lequel tient les cordons de la bourse. Payer ce genre d'expédition et ne rien en rapporter... Cela pourrait m'attirer de gros ennuis. Je t'assure qu'un marbrier d'Erhedun se moque de failles dans la montagne..."

" C'est bien comme ça que j'avais compris les choses, remarqua Astrée. Mais il faut reconnaître que ça nous arrange bien. On n'aurait pas eu les moyens..."
Elle bailla. Pour les beaux yeux d'un génasi, avait-il dit... Plutôt pour de belles gemmes.
Quoiqu'il en soit, il n'avait pas voulu partager les informations qu'il avait soi-disant tirées de Jeroën. Donc elle n'avait aucune raison de partager les siennes si un jour elle en apprenait davantage. Et puis, si Dimitri voulait rester discret sur son passé, c'était son droit. Bien sûr, elle était curieuse d'en savoir davantage, mais elle n'irait pas le harceler pour autant.

Mathieu bailla, puis se retourna à nouveau.
" Bon, je vais dormir. La pluie va me bercer et m'empêcher de songer à l'endroit sinistre où nous avons posé nos sacs."
Il frissonna.
" Ne pas y songer, non. Bonne nuit."
La pluie avait faibli mais continuait à tambouriner sur la toile des tentes. Au loin, un hurlement retentit, celui d'un loup, plus que probablement, même s'il existait peut-être des créatures similaires, plus rares ou fantastiques, dans la montagne.

Astrée resta un moment éveillée, écoutant les bruits de la nuit, s'inquiétant également des veilleurs au-dehors. Malgré le temps exécrable qui l'empêchait de pouvoir se rendre utile, elle se sentait coupable de se reposer alors que d'autres veillaient sur sa sécurité. Elle songeait qu'elle aurait dû insister pour prendre un tour de garde si la visibilité finissait par s'améliorer... Mais d'après ses prévisions, le brouillard suivrait la pluie et elle n'y verrait goutte. Elle se sentait parfaitement inutile et n'aimait pas ça. Heureusement qu'Eyri pourrait certainement renforcer les guetteurs dans un moment.
De son côté, le plus sage n'était-il pas de se reposer tant qu'elle le pouvait ? Le danger viendrait bien assez tôt... quel qu'il soit.
Elle laissa ses pensées divaguer, songeant au mystérieux Dimitri et à la curiosité de Mathieu, à la journée du lendemain qui promettait d'être difficile, puis finit par se laisser sombrer dans le sommeil.

Elle s'éveilla au coeur de la nuit. Pas parce qu'il y avait eu une alarme particulière, un cri ou du fracas, mais parce qu'il y avait du mouvement. Il faisait noir, profondément noir, sans étoiles ni lune et il lui faudrait certainement un long moment avant d'y voir suffisamment pour pouvoir se déplacer sans risques. Elle entendait le murmure de conversations précipitées, sur la droite, à plusieurs mètres de distance. La pluie avait cessé. Sur sa gauche, plusieurs respirations amples indiquaient clairement que la plupart de ses compagnons dormaient profondément.

Elle ouvrit les yeux en silence, attrapant machinalement son manteau. A défaut d'y voir quoi que ce soit, elle se concentra sur ce qu'elle entendait, essayant de déterminer s'il y avait ou non un danger imminent, un combat, quelque chose de grave... et essayant de comprendre les paroles échangées.
Elle pouvait faire de la lumière d'un simple mot, mais créer une flamme attirerait sur elle l'attention d'éventuels prédateurs, et pouvait peut-être gêner la vision nocturne de ceux de ses compagnons qui avaient la chance d'en être pourvu, sans compter qu'elle réveillerait tout le monde pour rien, peut-être. Elle s'efforça de juger si les conversations venaient bien de l'extérieur de leur abri de toile : si c'était le cas, elle en sortirait discrètement -elle se souvenait suffisamment bien de la disposition des lieux pour y parvenir dans l'obscurité.

Les conversations venaient bien de l'extérieur et elle sortit donc, puis se guida sur les voix pour rejoindre Dimitri et Jeroen. Il ne pleuvait plus mais il était difficile de juger de la présence de brume en n'y voyant rien du tout. L'air était cependant chargé d'humidité. La main d'un des deux mercenaires se referma sur le bras d'Astrée pour la guider. Il était impossible de discerner quoi que ce soit sur leurs visages.
" Astrée, vous tombez bien. Vous pouvez parler aux animaux ?"

Astrée acquiesça.
" Oui... Enfin, normalement."
Elle écarquillait les yeux pour tenter de percer l'obscurité, sans succès.
" C'est quoi comme animal ? Est-ce que je peux faire de la lumière, juste un peu ? "
Selon le type d'animal en question, ce pouvait être une mauvaise idée.

" Est-ce nécessaire ? demanda Dimitri. Il s'agit de loups, environ une vingtaine, peut-être plus, et je ne suis pas certain qu'ils soient tous complètement ordinaires. Pour vous dire la vérité, nous sommes capables, assez aisément, de les mettre en déroute... mais cela risque de faire un certain... chahut... que je voudrais éviter. Si vous pouviez leur signaler que nous allons les massacrer... Cela pourrait peut-être les faire réfléchir ?"

Une vingtaine de loups, cela faisait tout de même un bon nombre. Surtout si tous n'étaient pas de simples loups. Mais la solution proposée par le mercenaire semblait parfaitement valable à Astrée : cela éviterait de lancer quelques bombes incendiaires sur la meute et de massacrer bon nombre de bêtes.
" C'est plus facile si je les vois... mais je ne crois pas que ce soit nécessaire. Je vais essayer... Est-ce que vous pouvez simplement me placer face à eux ? Ça aidera peut-être... Surtout si vous avez une idée d'où se trouve le mâle dominant de la meute ?"
Il n'était sans doute pas indispensable qu'ils la voient, mais il lui semblait préférable qu'ils sachent d'où venait le contact... et il faudrait idéalement qu'elle communique avec le meneur.

Il la prit par les épaules et la guida sur quelques mètres. Astrée n'y voyait goutte, seulement des ombres et l'humidité du brouillard.
" Il n'est pas facile de les localiser dans cette brume et ils le savent : ils sont sans cesse en mouvement... mais le mâle alpha est ici quelque part... J'espérais que vous pourriez trouver son esprit. Je pense que sa louve est de l'autre côté... Pour l'heure, ils nous encerclent mais ils n'ont pas encore tenté de grimper. Ils le feront beaucoup plus aisément qu'un bandit ou un troll. Dans le cas d'un assaut... Il y aura du sang versé. Et c'est le sang qui attirera des prédateurs plus problématiques." dit Dimitri.

Astrée n'épilogua pas sur la nature des prédateurs en question. Elle supputait qu'il s'agissait de trolls, mais qu'ils soient trolls ou autre n'avait pas grande importance.
" Je vais essayer de les convaincre. En leur faisant miroiter des explosions, des flammes et des morts, ils comprendront peut-être que c'est leur intérêt autant que le nôtre d'éviter l'affrontement..."
Il fallait absolument les en convaincre. Vu leur nombre, ils seraient des adversaires coriaces à affronter et à vaincre, et elle comprenait fort bien les conséquences qu'exposait Dimitri. Mais elle ne s'attarda pas sur cette hypothèse : elle ne voulait pas laisser la peur l'envahir, pour ne pas que les loups la ressentent.

Elle se concentra sur le vide devant elle, à l'écoute des signes de vie, et s'efforça de ressentir dans son esprit la présence des vies environnantes, à la recherche d'une présence plus forte que les autres. Elle était certaine de parvenir à contacter un loup, mais trouver le mâle alpha était une autre paire de manche. Or, c'était lui qu'il fallait convaincre.

Les loups étaient nombreux, elle le perçut dès que le vide en elle fut suffisant, la coupant de son environnement immédiat, le froid, l'humidité, la présence du mercenaire à côté d'elle. La difficulté n'était pas tant d'en trouver un que d'isoler un esprit des autres, et elle réalisa bientôt que ce serait chose impossible : il lui faudrait communiquer avec la meute, en espérant que ce qu'elle leur projetterait les ferait réagir d'un seul bloc et non de manière désordonnée. Avant de pouvoir leur communiquer quoi que ce soit, elle fut cependant un moment envahie par leurs pensées, leur faim, leur détermination, la crainte des uns, la certitude des autres, la violence omniprésente de leur mode d'existence, des bribes déjà d'un futur que leurs esprits animaux parvenaient à entrevoir, sans qu'ils en aient réellement conscience. Il y avait de la fureur, dans ce qu'ils reflétaient, peu d'espace pour le raisonnement, si c'était seulement possible, et il faudrait leur opposer une même fièvre pour les tempérer.

Astrée n'avait jamais tenté d'entrer en contact avec une meute entière, et n'était pas certaine de ce qu'elle pourrait réussir à communiquer de cette façon. Elle s'ouvrit à leurs émotion, à leurs humeurs, s'efforçant de ressentir profondément ce qu'ils étaient, ce qu'ils percevaient, ce qu'ils voulaient. Elle ne fut pas surprise d'y découvrir tant de violence et de fureur, peut-être un peu déçue de ne pas y trouver la ruse dont ils savaient aussi faire preuve. Mais elle devait être sur la même longueur d'onde, sur le même mode de pensée, et elle chassa de son esprit tout ce qui pouvait ressembler à un raisonnement ou une négociation.
Elle se redressa, fermement campée sur ses deux jambes, inspira profondément, et s'emplit l'esprit de la certitude -certainement exagérée- que les mercenaires étaient bien plus forts que les loups, que ceux-ci allaient tous brûler. Les hommes étaient forts et vaincraient. Et elle leur transmit brusquement cette certitude, accompagnée d'images de feu et d'explosions, de bombes incendiaires lancées du haut du promontoire, de loups en train de brûler vif tout autour, terrifiés. La douleur, le sang, le vacarme et les flammes perceptibles depuis l'extrémité du plateau. Ils allaient tous mourir. Ils n'avaient aucune chance.

Les pensées projetées par Astrée déstabilisèrent la meute et pendant un long moment, elle perçut leur confusion, un regain d'agressivité, la terreur, mais aussi des bribes de ce que les loups échangeaient entre eux et qui lui était encore inaccessible : des impressions fugitives, des mouvements intérieurs, qui n'avaient pas d'équivalent humain. Il ne semblait pas s'en dégager d'élan particulier, les loups restaient où ils étaient, certains agités, d'autres figés. En dehors de son esprit, Astrée perçut des jappements, des grognements, plusieurs hurlements de dépit. Puis soudain, comme si une brusque lumière s'était allumée, une émotion de frustration émergea de cette cacophonie, dominant tout le reste, puis les esprits disparurent, s'effaçant dans les ténèbres et laissant Astrée désorientée.
" Vous avez réussi." dit simplement Dimitri.
La jeune femme avait encore l'esprit passablement éclaté, comme si le fait d'avoir partagé les pensées de plusieurs créatures en même temps avait démantibulé l'unicité de sa propre essence, et elle eut brusquement une féroce envie de vomir. Et de viande fraîche aussi, pendant un instant.

Les jambes flageolantes, Astrée se contenta d'acquiescer d'un hochement de tête, puis la nausée la plia en deux et elle vomit un peu de bile. Elle ne se sentait pas dans son assiette, secouée par cette étrange communication, et elle peinait à retrouver ses sensations humaines. Elle était soulagée que les loups se soient éloignés, et, dans le même temps, désolée qu'ils n'aient pu assouvir leur faim. Sentiment étrange et inconfortable. Elle espérait qu'ils trouveraient d'autres proies, ailleurs, loin d'ici.
Elle cligna des yeux dans l'obscurité, et prit quelques instants pour respirer et retrouver ses sensations, le sol sous ses pieds, les sons alentours...
Puis elle grimaça un vague sourire qu'elle espérait rassurant et chercha à tâtons à revenir sur ses pas, espérant qu'on la guiderait : elle n'avait plus la moindre idée de la direction à prendre -excepté que c'était vers l'arrière.

Une main secourable la ramena effectivement jusqu'à la tente et son lit. Si cette personne dit quoi que ce soit, elle ne l'entendit ou le comprit pas, et le sommeil tomba sur elle comme un poids. Ses rêves furent sanguinaires et agités, mais s'apaisèrent peu à peu et quand une main la secoua, doucement, dans le matin gris, elle se sentait curieusement reposées.
La première chose qui la frappa, fut qu'on avait allumé un feu. Une odeur de thé flottait dans l'air. Le bruissement de conversations lui parvint. Kalju lui adressa un sourire mesuré.
" Il est temps de se lever." annonça-t-il.
La brume était partout, encerclant leur butte comme dans un cocon de laine. Avec une telle purée de poix, il était clair de la lueur d'un feu resterait invisible.

Astrée marmonna quelques syllabes indistinctes et se redressa, se frottant les yeux comme pour éclaircir sa vue -en vain : la brume était toujours là. Le crépitement du feu et l'odeur du thé, incroyablement réconfortants après les événements nocturnes, l'aidèrent à reprendre pied dans la réalité.
Elle rejoignit ses compagnons auprès du feu, les salua de la tête et d'un sourire en s'asseyant. Elle avait envie de chaleur et diablement faim, une faim ordinaire cette fois-ci. Elle songea que la brume allait les empêcher de repartir : cheminer en montagne sans visibilité était trop dangereux. Certes, ils étaient sur un plateau pour une bonne distance, donc sans risque de tomber dans une crevasse, mais ils pouvaient s'y perdre.
Elle n'en dit rien, cependant, laissant à Dimitri le soin de leur annoncer ses décisions, et se contenta de se servir une bonne tasse de thé en écoutant les conversations en cours.

Apparemment, il n'était pas question de retarder leur départ : Jeroen et Mathieu profitèrent d'ailleurs du lever d'Astrée pour aller démonter la tente. Dimitri et Jolien étaient debout, à la périphérie du cercle de pierres, tandis qu'Eyri, Félicie et Kalju restaient près du feu. L'elfe observait l'environnement, l'expression vide. La halfeline accueillit Astrée d'un large sourire et lui tendit du gruau encore fumant.
" Alors, il parait qu'on a discuté avec les loups, cette nuit ? Tu as bien le style. Même si les ours te conviennent mieux, dans mon imagination.
— C'est encore possible, un ours." remarqua Jeroen en déposant la toile humide non loin du feu.

" Je suis sûre que c'est plus simple de communiquer avec un ours qu'avec toute une meute de loup, remarqua Astrée en prenant le bol de gruau. Ou, en tout cas, moins... bizarre. Là c'était vraiment... "
Elle haussa les épaules et laissa sa phrase en suspens. La sensation était trop difficile à décrire.
" Mais ça m'a laissé une faim de loup. Logique, je suppose..."
Elle sourit à Félicie, avala deux cuillerées du gruau avec appétit, et se tourna vers Jeroen.
" Vous croyez qu'on peut repartir malgré la brume ?"
Il lui semblait que même les elfes et demi-elfes auraient du mal à s'y diriger... tout comme Dimitri, certainement, bien qu'il semble avoir dans ce domaine des capacités bien supérieures à la moyenne, issues peut-être d'une ascendance non humaine. Mais elle avait confiance en leurs guides : ils savaient certainement ce qu'ils faisaient.

" Rester ici est presque plus dangereux que repartir, dit Jeroen en repliant la toile malgré son humidité. On connait bien le chemin sur le plateau... si on avance d'un bon pas, sans faire de bruit, on est pratiquement indétectables. Avec l'humidité dans l'air, même les odeurs sont amoindries. La brume devrait se lever lorsqu'on commencera à descendre... L'idée est d'atteindre le chantier aujourd'hui... plus tôt on y est, mieux c'est, vu qu'il va sans doute falloir forcer le passage."

" Je vois..."
Le raisonnement se tenait. Mais avancer dans la brume n'en restait pas moins extrêmement dangereux.
" On a intérêt à rester groupés serrés si on ne veut perdre personne", fit-elle remarquer en engouffrant rapidement la suite de son petit déjeuner.
Au pire, songeait-elle, ils pouvaient même envisager de s'encorder si la brume devenait vraiment trop épaisse. Mais ce n'était pas idéal : elle espérait que rester très proches les uns des autres serait suffisant.

La Couronne de Cuivre

[Lieu] Les Rocheuses du Dragon