La Couronne de Cuivre

« C’est de la folie », déclara Alchem.

S’il avait eu plus d’énergie, il se serait probablement énervé. Là, son ton restait très modéré. Il se tourna vers sa mère.

« Les étrangers qui sont venus chez nous se comptent sur les doigts d’une seule main. À chaque fois, ça fait grincer des dents. Et puis même au-delà de ça, Dotha n’est absolument pas prête à se plonger dans l’enfer d’une guerre Drow. Réfléchis à ça. En tout cas, je refuse de me sentir responsable de ce qui va lui arriver. »

Sur ce, il s’en alla, sans laisser le temps à Téâya de répondre. Il allait préparer ses affaires, dire au revoir à l’aubergiste et se rendre au point de départ, le tout en évitant consciencieusement Dotha.

Connaissant son fils, la Grande Mystificatrice ne chercha pas à retenir son fils. Elle l'avait brusqué et il ne serait plus un interlocuteur volontaire pour un moment aussi se contenta-t-elle d'aller prévenir son escorte.

De son côté, Alchem put regagner le Filon Aurifère sans encombre. Fort heureusement, Dotha ne paraissait pas en vue quand il pénétra dans la salle commune. Mais cela signifiait qu'elle devait être dans sa chambre et qu'il y avait tous les risques de la croiser dans le couloir s'il montait dans la sienne.

Alchem monta tout de même. Il pouvait croiser Dotha, certes, mais il l’ignorerait si c’était le cas. Il n’avait rien à lui dire et il n’avait pas de temps à perdre. Le retour à Ornegemme était une priorité absolue. Si la gnomesse était idiote au point de se jeter volontairement dans l’enfer des profondeurs, cela la regardait après tout. Dalius commença à essayer de l’apaiser. Il lui faudrait du temps.

Il put gagner sa chambre sans encombre mais entendit, en passant devant sa porte, que l'on s'activait dans celle de Dotha. Ses affaires étaient exactement où il les avait laissées et il ne lui faudrait que quelques minutes pour les réunir dans son sac de voyage. Nul doute que s'il se dépêchait, il en aurait fini avant celle qu'il préférait éviter. Mais il faudrait tôt ou tard lui parler : la rencontre semblait inévitable.

Une rencontre inévitable ? Ha non, pas du tout. Dotha voulait venir, elle venait, elle n’avait qu’à se rendre là où il fallait, retrouver Téâya. Pas besoin de parler pour cela. Et d’ailleurs le gnome des profondeurs avait autre chose à faire que parler en ce moment. Il prépara ses affaires avec efficacité. La tâche était simple, il avait l’habitude de se déplacer.
« Allez, c’est pas la fin du monde si Dotha vient. Tu auras plein de choses à lui montrer.
- J’aurais plein de choses à faire, plein de travail. On est pas là pour lui servir de guide.
- Elle est débrouillarde, elle s’en sortira.
- ...
- Halala, mais quel sale caractère ! »

Réunir ses affaires ne lui prit en vérité que quelques minutes malgré sa faiblesse et une certaine désorientation après avoir si longuement dormi. Quand il quitta sa chambre avec son baluchon, Dotha fermait déjà la porte de la sienne. Elle se tourna vers lui, croisa les bras sur sa poitrine en arborant un air réprobateur puis rompit le silence :

- Un jour de repos et vous êtes déjà sur le pont alors ? J'espère que vous ne surestimez pas votre résistance.

Alchem faillit descendre au rez-de-chaussée sans répondre. Cependant, il avait trop de modération pour se laisser dicter son comportement à cause d’un coup de mauvaise humeur. Cela dit, lorsqu’il prit la parole, ce fut avec la rudesse propre aux svirfnebelins.

« Je connais mes limites et j’agis en conséquence. Plutôt que de vous souciez de moi, souciez-vous de vous. Juste un petit conseil. Gardez sur vous un poignard. Comme ça, si vous tombez aux mains des Drow, vous avez au moins une chance de vous offrir une mort rapide. »

La prêtresse lui adressa un regard pénétrant mais indéchiffrable et le ton neutre qu’elle employa pour lui répondre avant de lui emboîter le pas n’aidait en rien à percer ses états d’âme :

- Je suivrai votre conseil mais ne pensez pas que je ne connais pas mes propres limites ou que j’agisse par caprice. Seulement, cette occasion d’étudier votre magie est unique : il est donc de mon devoir envers la Dame de la Toile de me rendre à Ornegemme même si je suis consciente des risques que j’encoure.

Cette fois, Dotha n’obtint aucune réponse. Alchem avait entendu, mais puisqu’il n’était pas obligé de répliquer, il s’en abstint. De retour au rez-de-chaussée, il n’oublia pas de remercier son ami nain pour l’accueil, puis il se dirigea d’un pas décidé vers le lieu du rendez-vous.
« Tu te comportes comme un sauvage ! » le taquina Dalius.
Lui non plus n’eut pas droit à une réponse.
« Bon bah puisque c’est comme ça, je boude aussi. Na. »

Dotha le suivit après avoir réglé sa note et remercié à son tour l'aubergiste, lui assurant qu'elle repasserait par son établissement avec joie. Elle dut trottiner pour rejoindre Alchem et Dalius mais demeura ensuite silencieuse elle aussi. Qu'elle fut pensive du voyage qui l'attendait ou tout simplement de la réaction vexante du svirfneblin, elle se tint coite jusqu'au lieu de rendez-vous où ils arrivèrent les premiers. Il faut dire qu'ils n'avaient pas traîné en chemin ou dans leurs démarches respectives et qu'une heure ne s'était donc probablement pas encore écoulée.

Ce qui était saisissant avec Alchem, c’était que quand il attendait, il ne disait rien mais demeurait également d’une totale immobilité, à croire qu’il avait été pétrifié. Dalius étant en train de bouder, il avait disparût dans la poche enchantée du Mystificateur Profane. Il était donc impossible de déceler sa présence. Il finirait par se montrer, il n’avait pas la patience de son maître. En attendant, toutefois, Dotha était en compagnie d’une statue et ce devait être plutôt désagréable. Autant qu’elle s’y fasse tout de suite. À Ornegemme, elle ferait face à la méfiance des locaux. Ce serait le premier obstacle et pas l’un des moindres. Pour quelqu’un qui était habitué à Lumenis, ce serait même probablement une véritable douche froide. Heureusement que Téâya s’était hissé à la tête de la cité gnome. Les mentalités changeaient. Alchem Murmure n’était pas le seul à faire des efforts en présence d’étranger.

Dotha réussit à patienter… au moins cinq minutes avant de trouver le silence trop pesant et se mettre à gigoter d’un pied sur l’autre. Il lui fallut environ deux minutes de plus avant de craquer et de rompre le silence dans un éclat :

- Ma parole Alchem ! On dirait un golem ! Vous comptez ne plus jamais m’adresser la parole ou vous vous entrainez à poser pour votre statue ?

La réponse se fit cinglante :
« Dotha, vous n’avez sans doute pas conscience que vous allez mettre les pieds dans une ville dont les neuf dixième des habitants vont vous ignorer ou vous éviter. Ce sera d’autant plus vrai que le climat va être tendu. Que vous soyez invité par ma mère n’y changera rien. Je vous le dis, vous faites une grosse erreur. Vous allez craquer, détester les miens avant même de découvrir que les Drow sont mille fois pire. Vous risquez d’ailleurs d’avoir un aperçu de l’hospitalité svirfnebeline d’ici quelques secondes. »
Trois gnomes des profondeurs étaient en effet en train de s’approcher. Le trio faisait partie des gardes du corps de Téâya. Ne s’étant pas complètement enveloppés dans leurs manteaux gris, il était possible de deviner les cottes de mailles et les épées qu’ils portaient. Des guerriers à la mine sinistre. L’élite intransigeante. Celui de tête consulta du regard Alchem, puis s’adressa à Dotha avec une franche hostilité :
« Ornegemme assure une partie de sa sécurité en demeurant cachée. Si vous voulez y pénétrer, il va vous falloir jurer de ne révéler à personne où elle se trouve. Et j’ai bien dit à personne, ce qui inclut votre famille et votre église. Rompez ce serment et nous vous considérerons comme une traitresse. Inutile de préciser que les traîtres, on les élimines. »
C’était tout sauf des paroles en l’air. Les assassins svirfnebelins étaient d’une rare efficacité. En cas de trahison, l’assassin pouvait fort bien se nommer Alchem Murmure.

La prêtresse fit cette fois preuve de sagesse en se tournant vers le responsable du détachement svirfneblin. Car c’est avec une grande solennité qu’elle lui répondit, une main sur le cœur :

- Par mon lien avec la toile de Mystra qui m’accorde ses bienfaits et permet aux vôtres de se dissimuler, je jure de ne jamais rien révéler qui pourrait nuire à votre peuple. Que la Dame des Mystères m’en soit témoin et me juge si je venais à parjurer ce serment.

Le guerrier hocha la tête puis sembla oublier que Dotha existait. Il se tourna vers le fils Murmure et s’adressa à lui avec politesse.
« Alors, vous rentrez... Vous n’avez pas été absent très longtemps. Certains se disaient qu’on ne vous reverrait qu’après des années.
- Les circonstances en ont décidées autrement.
- Je suppose que vous allez réintégrer votre fonction à la tête des patrouilleurs.
- En effet, sauf si mon successeur s’est révélé d’un rare talent.
- Il n’a pas vraiment eu le temps de faire ses preuves. »
Les deux autres guerriers s’étaient mis à attendre, immobiles, silencieux. Nul doute que Téâya n’allait plus tarder avec le reste de son escorte.

Dotha sembla juger plus prudent de s’écarter un peu du petit groupe pour attendre l’arrivée de la Grande Mystificatrice. Cette dernière ne se fit d’ailleurs que peu attendre, arrivant probablement pile à la fin du délai d’une heure qu’elle avait annoncé. Elle prit alors les choses en main en demandant à tout le monde de se réunir autour d’elle pour entamer la procédure de téléportation.

HRP : si tu veux prendre la suite pour l’arrivée à Ornegemme, je te cède sans problème la main !

Téâya n’utilisa pas un sortilège de téléportation, Dotha s’en rendit compte. Au lieu de cela, la Grande Mystificatrice usa d’un sort de Retour, seule méthode permettant d’atteindre convenablement sa destination.

Après avoir franchi les lourdes portes des profondeurs de Lameroy, le petit groupe mené par Deskata fut immédiatement escorté par deux gardes nains. Le renforcement de la sécurité était visible et frappant : les équipes gardant les portes avaient été doublées et assistées de plusieurs golems de combat.

Plus loin dans la cité souterraine, les svirfneblins croisèrent de nombreux signes visibles indiquant que les nains se préparaient à entrer en guerre : les forges tournaient à plein et ils croisèrent deux groupes de guerriers en équipement lourd.

Autre signe de ce que le conseil avait pris la mesure de la situation, la délégation gnome fut aussitôt accueillie au grand complet dans la salle du conseil. Dotha sembla très impressionnée par l'expérience mais elle laissa évidemment la parole à Deskata lorsque l'un des chef de clan s'exprima pour les accueillir :

- Nous attendions de vos nouvelles. Quelles sont-elles ?

Deskata aussi fut impressionnée, même si elle sut très bien le cacher. D’habitude, c’était Alchem Murmure qui parlait au Grand Conseil, ou alors la Grande Mystificatrice. C’était la toute première fois qu’elle assumait cette tâche. Elle commença donc par se présenter brièvement, avant d’entrer dans le vif du sujet.

« La situation est préoccupantes. Les Drow multiplient les intrusions sur nos terres et entreprennent des actes visant à entraver la route commerciale. Plus inquiétant encore, on a trouvé sur le corps d’un d’entre eux un dispositif magique qui pourrait passer outre les effets de la faerzress. Alchem pense que ce n’est là que les prémices. On n’a pas encore décelé un mouvement ennemi massif, mais la guerre est sur le point de débuter. Belroc est menacé. Vous l’êtes également. Nous sommes ici pour ramasser quelques cristaux sur le site du Despote. Il semble que ceux-ci ont un rapport avec le dispositif magique. Nous devons les étudier afin de trouver au plus vite une parade, sans quoi notre cité est en grand péril. Nous vous demandons donc l’accès à vos mine. Nous ne nous attarderons pas. »

Les nains l’écoutèrent avec gravité. Et contrairement à ce à quoi elle aurait pu s’attendre de leur part, ils n’entreprirent ni de temporiser ni d’ergoter.

- L’accès à la mine où se trouvent les cristaux vous est ouvert : nos équipes ont fini de la débarrasser des intrus mais le travail n’y a pas encore repris. Vous devez également savoir que nous avons mis toutes nos forces en alerte : nous avons perdu le contact avec une de nos patrouilles pour Belroc ce matin et nous soupçonnons qu’elle ait été prise dans une embuscade. Le Conseil a demandé à ce que le retour des troupes mobilisés en Dorrandin et rentrées à la capitale soit accéléré pour nous préparer à faire face à cette menace aux côtés du peuple svirfneblin.

« J’en aviserai les miens. Il est probable que maintenir la route commerciale ouverte deviendra difficile si les Drow intensifient leurs actions. Alchem insiste sur la nécessité d’une décision commune concernant Belroc. Si nous voulons garder ce point stratégique, les seuls renforts svirfnebelins ne suffiront pas. Si nous décidons de l’évacuer, il faut pouvoir le faire alors que la situation le permet encore. »
Ce point réglé, Deskata aurait terminé. Le groupe prendrait sans tarder la direction des mines.

Le Conseil nain affirma qu’il avait envoyé un groupe important enquêter sur les lieux de la disparition et qu’il ne manquerait pas d’aviser du résultat de cette investigation le conseil des svirfneblins ou elle-même à son retour des mines. Dans tous les cas, les préparatifs de guerre battaient leur plein mais prendrait encore au moins trois jours avant qu’une action d’envergure puisse être envisagée.

Ces nouvelles informations communiquées, les sages – étonnamment conciliants et coopératifs – accordèrent leur congé à la délégation et un sauf-conduit pour qu’elle puisse accéder aux mines. Une fois hors de la salle du conseil, Dotha se tourna vers Deskata en oubliant la froideur de leur relation pour déclarer d’un ton étonné :

- Je pensais vraiment qu’ils feraient beaucoup plus de difficultés !

« Moi-aussi. Les Drow ont tout fait pour que les nains se sentent directement concerné. Ils nout facilitent la vie et c’est tant mieux. Allez, en route. On prend ces fichus cristaux et on retourne à Ornegemme avant que tout ne dégénère. »
Deskata s’était exprimée avec cette indifférence qui n’était pas sans rappeler celle d’Alchem.

Plus qu’une indifférence, Dotha voulait y voir le nécessaire pragmatisme guidé par la nécessité d’un peuple habitué à vivre sous la menace. Elle avait pu percevoir la fierté du peuple svirfneblin pour leur ville, pour leur petit territoire. Elle avait vu la passion du frère d’Alchem pour ses réalisations. Elle avait vu la détermination de celui-ci pour lutter et éradiquer le mal où qu’il se trouve.

Non, qu’on ne lui joue pas la comédie de l’indifférence : c’était avant tout une peur de s’attacher guidée par la nécessité de se protéger, de toujours se préparer à vivre le pire. Toujours était-il que cette froide efficacité était ce dont ils avaient le plus besoin en ces heures de guerre. L’action permettait d’éviter de penser à la suite et donnait l’impression – réelle ou fausse – d’agir pour contrer la menace.

Le groupe se remit en route droit vers les mines que Dotha avait déjà eues l’occasion de parcourir récemment. Elles avaient bien changé depuis lors : plus aucune trace des combats qui s’y étaient déroulés. Plus aucune trace de mineurs ou d’une exploitation quelconque : non, la mine semblait désaffectée à part, ici ou là, une torche ou un petit groupe de gardes pour occuper le terrain et isoler la mine du reste de la ville.

On leur demanda de présenter leur sauf-conduit à trois reprises pour franchir des barrages mais, en dehors de ces formalités, rien ne les ralentit pour regagner leur objectif : les cristaux qui semblaient désormais inertes. Allaient-ils pouvoir en tirer parti malgré tout ?

« Bon, Dotha, à vous de jouer », déclara Deskata à la vue des cristaux.

Si elle lança bien un regard curieux envers ceux-ci, elle ne fut pas longue à montrer qu’elle n’était là que pour surveiller. Son frère la seconda, prêt à toute éventualité, surtout les pires. Seul l’illusionniste entreprit d’examiner l’endroit avec cet intérêt propre aux magiciens. Dotha pouvait compter sur son aide, si jamais elle en avait besoin.

La gnome n’avait rien contre l’idée de partager sa maigre connaissance des cristaux avec le mage et elle le mit à contribution pour identifier des spécimens suffisamment grands et surtout intacts. Les récolter ne fut pas une mince affaire car il fallait prendre garde à les extraire sans les abimer. Il leur fallut trois essais avant de mettre au point une technique fiable et minutieuse et obtenir un premier cristal comportant tout de même une énergie résiduelle.

Malgré le poids important qu’ils représentaient, Dotha jugea plus prudent d’en emporter plusieurs et ce afin de mener plus librement leurs expériences. Ils avaient parcouru une grande partie de la zone où abondaient les cristaux pour effectuer leurs prélèvements et en eurent terminé environ deux heures plus tard.

- A mon avis, plus tôt nous nous y mettrons et plus grandes seront nos chances de trouver des informations exploitables. Je ne sais pas combien de temps les cristaux resteront dans cet état maintenant qu’ils sont coupés de leur source.

HRP : tu peux les faire remonter en ville où j'ai prévu quelque-chose sauf si tu as autre chose à ajouter avant !

Deskata, qui était restée parfaitement silencieuse durant tout ce temps, semblait de toute façon ne pas vouloir trainer.

« On retourne à Lameroy pour signaler la fin de notre opération, puis on se téléporte le plus prêt possible d’Ornegemme. Si tout ce passe bien, on sera de retour d’ici quelques heures. Dotha, gardez un œil sur les cristaux. S’ils se vident de leur énergie durant le trajet, ce serait déjà bien de savoir quand ça se produit. Bon, en formation et en route ! »

La prêtresse de Mystra appliqua les consignes sans un mot et en étant investie de sa mission. Toute information recueillie pourrait se révéler décisive au bout du compte ne serait-ce que pour organiser la meilleure étude possible des caractéristiques de ces étranges objets inter planaires.

Retrouver leur chemin dans la mine et revenir à Lameroy ne posa aucune difficulté aux éclaireurs expérimentés et ils pouvaient privilégier la vitesse à la discrétion en cette zone a priori sécurisée. Ils regagnèrent donc la sortie sans encombre mais notèrent immédiatement la présence d’un officier nain accompagné de quelques soldats. Et ils les attendaient visiblement personnellement : l’officier fit signe à Deskata aussitôt qu’elle émergea du tunnel et la salua gravement :

- En tant que représentante de la cité d’Ornegemme, je vous prie de me suivre devant le conseil militaire. Un événement grave est survenu.

Deskata haussa les sourcils. Elle était pressée, cela tombait mal.

« Un événement grave vous dites ? Bien, je vous suis. »

Elle se tourna vers Dotha et ajouta hâtivement :

« Trouvez-vous un coin et voyez si vous pouvez tirez quelque chose de ces cristaux. »

Elle parla ensuite à l’illusionniste :

« Aidez-là. Je fais au plus vite mais on ne doit pas perdre un instant. »

La voilà prête à emboiter le pas aux nains.

Dotha affirma qu’elle retournait à l’entrée de la mine où elle pourrait étudier les cristaux au calme et sans menacer la sécurité des habitants de Lameroy au cas où ils se révèlent dangereux. Elle serait en outre facile à localiser quand Deskata serait prête à repartir.

Cette dernière fut escortée jusqu’au palais abritant le conseil mais conduite à un autre étage et dans une salle bien plus austère, meublée d’une longue table et d’une dizaine de tabourets. Aux murs s’étalaient différentes cartes à des échelles variées de la cité, des environs et des principales routes commerciales partant de Lameroy.

Mais c’est le vieux nain à la barbe parsemée de gris et de blanc et portant des insignes de général sur son armure qui attira bien plus son attention. L’officier était accompagné de plusieurs autres militaires gradés et déjà attablés face à la porte. Il fit signe à Deskata de s’asseoir sur un des tabourets en face de lui avant de prendre la parole, allant droit au but :

- Notre groupe de secours a retrouvé notre patrouille disparue. Malheureusement tous les nains étaient déjà morts à son arrivée. Les secours sur place ont en outre relevé des indices très troublants concernant les agresseurs…

Il laissa sa phrase en suspens pour mieux observer la réaction de la svirfnebline.

La Couronne de Cuivre

[Lieu] Lameroy - cité naine ouverte