La Couronne de Cuivre

C'était une sensation terriblement grisante mais aussi passablement frustrante à la fois. A chaque fois, il se sentait un tout petit peu plus proche de l'entité bienveillante qu'il révérait mais à chaque fois, il mesurait un peu plus tout ce qui l'en séparait encore. Toute la distance qui l'empêchait de communier à un autre niveau, de s'ouvrir pleinement. Ce n'était pas par crainte ou l'envie qui lui manquait mais il ne savait tout simplement pas comment s'y prendre pour franchir cette barrière invisible qui le laissait éloigné, qui le cloisonnait en dehors.

Cela ne l'empêchait pas de prier de toute son âme mais ce n'était pas pleinement satisfaisant et, quand il émergea enfin de sa transe, il se rendit compte que son corps avait aussi faim que son esprit. et ce serait aussi le cas de Thanaën. Heureusement, ils avaient emporté quelques vivres pour déjeuner sur place.

Thanaën rayonnait de sérénité lorsqu'il émergea. Mais Kasumi nota tout de même la fatigue de ses traits.
" Les nuits blanches passées à prier, ce n'est plus de mon âge, remarqua-t-il, philosophe, avec un sourire, tout en prenant place près de Kasumi. Merci pour le ravitaillement..."
Les nains, eux, avaient abandonné les lieux, mais Kasumi vit les sourcils du druide se froncer en observant le lieu où ils avaient campé. On y voyait les restes d'un feu soigneusement éteint, quelques reliefs de nourriture également.
" Nous avons eu de la compagnie ?"

Le rôdeur en avait presque oublié la visite nocturne et aussi que le druide n'avait pas pu s'en rendre compte. Il le rassura aussitôt d'un ton clairement enthousiaste :

- Nous avons une aide inattendue : un groupe de nains. Ils sont arrivés à point nommé et nous ont aidé à chasser le fantôme et même à boucher les accès au tertre. Du coup, l'autre bonne nouvelle est que vous allez pouvoir vous reposer un peu aujourd'hui !

Le druide l'avait écouté avec intérêt, et soulagement.
" Oui, ça c'est une bonne nouvelle !", commenta-t-il sobrement.
Il sourit.
" Je crois que je vais vous laisser faire vos allers-retour avec la montagne de cendres... et entrer un moment en rêverie. Enfin, à moins que vous n'ayez besoin de mon, aide, encore, pour quelque chose ? Ah, mais il faut également que j'aille voir où en sont les loups", ajouta-t-il avec un froncement de sourcils.

Le rôdeur lui adressa un sourire compatissant : il se doutait qu'il devait être épuisé d'avoir mené tous ces rituels soir après soir :

- Ne vous en faites pas pour les cendres : Mylène et moi nous débrouillerons très bien sans vous. En plus, on n'a que deux brouettes et j'aime autant vous savoir d'attaque pour veiller une partie de la nuit prochaine.

Le druide grimaça, puis acquiesça avec un soupir.
" La nuit prochaine... Oui. mais ce sera la dernière nuit où je pourrai le faire. Je suis attendu en Lorien, pour des rites propres à ma profession, pour le solstice... et je dois m'y rendre demain. Je suis désolé de vous laisser ainsi en plan... même si je suis sûr que vous vous en sortirez très bien sans mon aide. L'essentiel a été fait. "

Kasumi sourit à nouveau, se souvenant un peu tardivement des obligations de Thanaën. C'était tout de même troublant qu'il se soit si vite autant appuyé sur l'elfe. Au point de le rendre indispensable. Mais il avait tenu des mois tout seul et avec une situation bien plus trouble : il se débrouillerait à nouveau.

- Je comprends tout à fait. Et si vous pensez devoir partir aujourd'hui, j'écourterai simplement mon après-midi pour dormir deux ou trois heures.

" Demain matin suffira", répondit l'elfe, rassurant, en avalant la dernière miette de leur en-cas.
Il sourit, étouffa un baillement.
" je vais m'autoriser une sieste je pense. Et j'irai voir les loups ensuite. Je vous donnerai des nouvelles ce soir. Votre amie Mylène vient vous aider cet après-midi ?"

- Oui, si elle n'a pas changé d'avis, elle devrait m'y rejoindre, répondit-il avec calme.

Avant de prendre congé, Kasumi prit un instant pour observer les lieux si terrifiants la veille encore : il semblait avoir pleinement retrouvé sa quiétude et il eut une pensée pour les nains enterrés sous le tertre. Ce qu'ils avaient accompli comptait pour stabiliser la région. Et il lui appartenait désormais de faire en sorte de la stabiliser, de la rendre plus riante et accueillante pour sa famille.

Lorsqu'il arriva à la source, il y trouva une Mylène passablement furibonde.
" Hey, vous m'aviez oublié ? J'attends depuis un moment, je vous ai cherché partout... Et je m'apprêtais à aller jusqu'au tertre pour voir s'il vous était arrivé quelque chose. Enfin... ajouta-t-elle, soudain prise d'un doute, vous m'aviez bien dit de venir aujourd'hui, je ne me trompe pas ?
Autour d'elle, tout était calme : la source était exactement dans l'état dans lequel il l'avait laissée.

Les réactions passionnées de Mylène l'amusaient toujours autant : quelque part, elle lui rappelait une autre jeune-femme qui - à son âge - avait le même franc parler et la même façon d'exprimer ses émotions. Il lui devait néanmoins des excuses et des explications pour son retard et répondit d'un ton conciliant :

- C'était bien aujourd'hui. Et je suis désolé d'arriver aussi tard. Mais Thanaën et moi avons dû improviser au tertre et nous y avons passé toute la nuit et la matinée. Désormais, nous allons pouvoir commencer le transfert des cendres sans danger !

" Oh..., commenta-t-elle avec une légère grimace. Ça va être... passionnant..."
Elle laissa échapper un soupir un peu trop théâtral, et changea aussitôt de sujet.
" Au fait, j'ai l'accord de ma mère pour passer une nuit ici ! Pas celle-ci, mais la prochaine ! C'est chouette ! C'est Sylvia qui l'a convaincue... Vous croyez qu'il y a un risque ?"
Le ton sur lequel la question était posé n'avait rien d'anxieux, au contraire...

Ah les jeunes et leurs envies d'aventures et de frissons ! Il ne pouvait pas jeter la pierre à Mylène car il était lui aussi passé par cette phase et il se doutait que charrier des cendres toute la journée ne serait pas une activité des plus passionnantes. Mais c'était un travail nécessaire et qui ne pouvait plus vraiment être remis. Il lui revenait toutefois d'entretenir un peu la flamme de la villageoise sans quoi elle risquait rapidement de se détourner des bois et de l'aide qu'elle pourrait y apporter.

- Disons que nous avons réduit les risques les plus graves, ceux auxquels il vaut bien mieux ne pas se frotter. Mais ces bois restent particulièrement agités et cela ne changera pas même avec la renaissance du bosquet.

" Je me contenterai de dire le début à ma mère. Que vous avez réduit les risques. Au maximum. La suite, ça n'est pas nécessaire, à son âge il faut lui éviter les émotions fortes et l'es inquiétudes, vous comprenez..."
Le ton, là aussi, était sans conteste plus ironique que compatissant.
" Bon, on s'y met, à ces cendres ? Ca va nous prendre des plombes... Peut-être qu'on devrait demander de l'aide aux bûcherons ?"

Kasumi s’était contenté de répondre d’un sourire amusé et entendu lorsqu’elle avait évoqué les informations que Mylène préférait ne pas transmettre à sa mère. Tout ce qu’il espérait était qu’il n’aurait jamais à aller lui annoncer que sa fille s’était blessée en l’aidant et il veillerait à ne pas l’exposer pour que ce ne soit jamais le cas.

Il intervint ensuite d’un ton philosophe pour répondre à sa question et donner le signal du départ :

- Peut-être que Bertrand se joindra à nous à un moment donné mais j’aime autant éviter qu’il y ait beaucoup de passage par ici. En tous cas, tant que le Bosquet n’a pas regagné en influence. En plus, il n’y a plus vraiment d’urgence pour les cendres : le sol que nous avons choisi n’est pas poreux et les cendres sont bien couvertes : même si cela met des veilles, les environs n’en souffriront pas. Mais rassurez-vous : je n’ai pas prévu que cela au programme : même le plus patient des rôdeur s’en lasserait au bout de deux ou trois jours !

Le tas de cendre était là où il l'avait laissé. Tout aussi immense que dans son souvenir. Mieux valait ne pas chercher à estimer le nombre de brouettes qu'il représentait.
Il était intact, en tout cas, à peu près protégé par le bois dont ils l'avaient recouvert. Bois qu'il leur faudrait, bien sûr, ôter avant de pouvoir dégager les cendres, et remettre en place avant la prochaine pluie. Heureusement, le temps semblait être au beau fixe.

Ils se mirent donc à l'ouvrage, armés de pelle, transférant autant de cendre qu'ils le pouvaient dans les brouettes avant de les emmener vers le promontoire rocheux. Vu la distance qui les séparait de leur objectif, ils ne purent faire que deux aller-retour dans l'après-midi. C'était bien peu. Et Mylène poussa un soupir désespéré devant leur sensation de ne pas avoir vraiment avancé dans leur tâche.
" Vous en avez pour des jours", fit remarquer le druide qui les avait rejoints près des cendres à l'issue de leur deuxième voyage.

En réalité, c'était une estimation optimiste même s'ils pouvaient se permettre d'y consacrer plusieurs jours à ce rythme ce qui n'était pas vraiment le cas. Kasumi réfléchissait déjà à d'autres possibilités plus efficaces pour transporter le tas à peine entamé par leur dur labeur du jour :

- A mon avis, on ne s'y prend pas de la bonne façon sauf si l'idée et de se muscler ! Je pense qu'on devrait envisager de mettre une partie des cendres en sac et de les transporter en allant chasser dans le secteur de l'éminence. En amenant un sac ou deux à l'aller et en revenant avec du gibier au retour quand on en a besoin. Ou alors il faut envisager d'amener un chariot aussi près que possible d'ici pour raccourcir les trajets...

" Un chariot, c'est trop gros, objecta Mylène, ça ne passera pas dans les bois à moins qu'on demande aux bûcherons d'ouvrir une tranchée..."
Idée saugrenue qui lui valut un froncement de sourcils du druide, qui objecta à son tour.
" Et des sacs, ça contient encore moins de cendres que des brouettes, vous n'y gagnerez rien. Mais en s'y tenant bien, à quatre ou six brouettes par jour, trois trajets, vous en avez pour... près de deux veilles, je dirais. Pas grand-chose, à l'échelle d'une vie. Enfin... je parle pour moi. "
Il haussa les épaules.
" Mais je regarde ce tas depuis tout à l'heure, et je ne sais pas vraiment comment vous aider. Quoique... à bien y réfléchir, je dispose d'un sort qui permettrait peut-être de changer ces cendres en roche... enfin, peut-être qu'il faudrait y adjoindre un peu de terre pour qu'elle ne soit pas pure, et l'humidifier, ça fonctionnerait mieux..."

Ce pouvait en effet être une excellente solution qu'il n'avait pas envisagée. Il y réfléchit quelques instants et en perçut aussitôt les avantages :

- Je suis à peu près sûr que Sylvia préférera que je consacre ces deux veilles à retaper notre cabane et je ne pense pas qu'un rocher de plus perturbe la nature environnante. Enfin, si vous pensez pouvoir parvenir à un résultat avec notre aide.

Le druide se gratta un instant le menton.
" Je n'ai jamais tenté de jeter ce sort sur de la cendre. Normalement, il agit sur de la boue, du limon, de l'argile... mais de la cendre... C'est quand même différent. J'imagine qu'il faut ajouter de l'eau... Et il faudrait la transformer en quelque chose qui ressemble davantage à la terre... Hum... Un peu comme la végétation d'un bois le ferait, mais ça prendrait plusieurs décennies... il faudrait l'accélérer..."
Il se tut, concentré, les yeux fixés sur le tas de cendre. Il en prit une poignée, l'égrena entre ses doigts.
" Vous savez pas faire pousser des arbres là-dessus ?
- Oui et non... ça manque de nutriment, ils ne tiendraient que par l'énergie magique... mais en se décomposant, ils apporteraient à leur tour du nutriment... peut-être qu'en lançant le sortilège plusieurs fois..."
Il réfléchissait à voix haute, sans leur parler vraiment. Puis il se tourna vers Kasumi.
" Je peux faire pousser du lierre, sur toute la surface de ce monticule, le faire se désagréger ensuite... En le mélangeant à la cendre, il formera une sorte de terreau. il faudra que je recommence demain, et que vous arriviez à mélanger les déchets de plante avec la cendre en profondeur. Et arroser, aussi. Et peut-être qu'il sera alors possible de changer tout cela en roche."

Cela paraissait étrange au rôdeur mais il faisait toute confiance au druide en ces matières qui le dépassaient et il était tout à fait prêt à suivre au mieux ses instructions. Cela serait toujours plus simple que de transférer la cendre pendant des veilles et des veilles.

- Si vous pensez qu’il faudra que je m’en occupe plusieurs jours avant que vous puissiez transformer le terreau en roche, ce sera une bonne occasion de se revoir dans quelques veilles et je m’en occuperai d’ici là. Ou peut-être que Celd saura lancer le sortilège auquel vous pensez à son retour.

Dans tous les cas, il n’avait rien contre mettre la main à la pâte dès à présent en allant puiser de l’eau au ruisseau tout proche.

Il secoua la tête.
" Celd, je ne sais pas. Il a des affinités avec les végétaux, moins avec les roches... Certains mages le peuvent, en revanche, mais je n'en connais pas qui se déplaceraient. Cela dit, je pourrais revenir... mais je ne pense pas que ce soit utile, en fait. Même en plusieurs jours, vous aurez bien du mal à transformer ces cendres en terre véritable, d'autant que vous n'avez pas la capacité de créer un buisson de lierre qui amènerait ses nutriments. Ce qui va jouer, en revanche, c'est l'eau. Plus les cendres auront la consistance de la boue et mieux ce sera. On va commencer par ça. Bien humidifier les cendres, au moins en surface. Ensuite j'y installerai du lierre et je l'aiderai à se décomposer. Il faudra attendre demain pour mêler les déchets et les cendres, avant de réitérer l'opération. Bon, cela reportera mon départ à demain en fin de matinée, mais je n'en suis tout de même pas à deux ou trois heures près".
Mylène écoutait avec attention, l'air dubitative, sans intervenir. Elle semblait néanmoins toute prête à se plier à leurs ordres et à aller chercher de l'eau.

Kasumi donna l'impulsion des premiers travaux en demandant à Mylène de l'accompagner à la source et en lui promettant que le changement de programme allait leur permettre de davantage s'entraîner à l'arc, à la chasse et au pistage au cours des deux jours qu'elle avait l'intention de passer avec lui.

Il leur fallut plusieurs voyages pour que le druide juge la cendre suffisamment humide. Kasumi dut terminer seul, d'ailleurs : il se faisait tard, et Mylène devait rentrer chez elle sans traîner si elle ne voulait pas inquiéter sa mère, au risque que celle-ci revienne sur sa décision de la laisser passer la nuit prochaine en forêt.
Thanaën finit par lancer son sortilège, et du lierre se mit à pousser à une vitesse fulgurante, prenant ses racines à l'extérieur de la montagne de cendre pour se jeter à l'assaut de celle-ci, masse végétale vivante qui grandissait à vue d'oeil. Il fallut néanmoins une petite demi-heure au druide pour parvenir à couvrir entièrement la petite colline de cendres.
" Intéressant", commenta-t-il en observant le résultat de son action.
La montagne de cendre, ainsi couverte de végétation, avait en effet plutôt fière allure.
" Plutôt que de lancer tout de suite un sort de flétrissement, je vais laisser agir la nature. Les racines vont creuser la cendre, la labourer, et le mélange sera plus facile à faire demain. Et puis, ce serait un crime de détruire déjà un si beau lierre... Laissons-le vivre jusqu'à demain !"

Le rôdeur sourit en touchant la végétation du bout des doigts avant de répondre avec enthousiasme :

- Oui, il a bien mérité de prospérer ne serait-ce qu'une nuit ! Je me demande même si nous ne devrions pas le laisser ainsi... Une nouvelle preuve du cycle naturel de la vie. Ce lierre prospère quelque part de la fin des végétaux qui l'ont précédé. Après, je ne sais pas s'il pourra perdurer et toujours couvrir ces cendres.

" Malheureusement, non. Un sol de cendre n'est pas un substrat satisfaisant pour une plante, quelle qu'elle soit. C'est trop acide. Il dépérirait en quelques jours... Mais effectivement, si je pouvais en faire pousser tous les jours pendant un mois, on aurait pu arriver à un résultat satisfaisant, à force."
Il haussa les épaules.
" Demain, déjà, il sera jauni, il sera temps d'abréger ses souffrances. Celui qui poussera par-dessus sera déjà plus solide, mais je n'aurai pas le temps de le laisser vivre... Quoiqu'il en soit, nous avons du pain sur la planche et tout intérêt à nous reposer. Surtout vous, d'ailleurs : mélanger la cendre et les nutriments, arroser, va vite être épuisant ! Je vous conseille un dîner consistant ce soir... Enfin, s'il nous reste de quoi..."

Il y avait de quoi : il avait prudemment laissé de côté une bonne pièce de jambon que lui avait amoureusement préparé Sylvia. Voilà qui lui garantirait les nutriments nécessaires pour les durs travaux qui l'attendaient encore le lendemain. Ensuite, il escomptait bien que la séance de chasse avec Mylène contribuerait à refaire ses réserves de viande.

- Est-ce que de votre côté vous préférez prendre le premier tour de garde ou entrer immédiatement en rêverie. On ne peut pas se reposer uniquement sur votre tigre : il a déjà beaucoup veillé la nuit dernière et il a besoin de repos pour se remettre de tous ces combats...

" J'ai fait une bonne sieste cet après-midi, je n'ai pas besoin de me reposer tout de suite. Donc je pense que la rêverie attendra minuit passé. Et je vous rassure tout de suite au sujet d'Altaïr : il a passé l'après-midi à dormir, donc il peut très bien veiller toute la nuit s'il le faut... et au moins pendant ma rêverie. Vous pouvez donc dormir tranquille, d'autant que les nuits suivantes pourraient être moins reposantes. Vous serez seul et donc sur le qui-vive..."
Pour l'heure, tout était calme. Le soleil était couché et le ciel s'obscurcissait peu à peu, toujours clair et sans nuage.

Kasumi était rassuré de pouvoir prendre du repos car, mine de rien, le travail avec les cendres et les nombreuses nuits blanches qu'il avait déjà eu à subir avait passablement entamé sa forme. Et s'il pouvait dormir sans crainte cette nuit, il n'allait effectivement pas s'en priver car il devrait veiller une bonne partie de la suivante pour ne pas laisser une trop grande part de la garde à Mylène qui n'avait certainement pas l'habitude de monter la garde dans les bois. Il souhaita donc la bonne nuit au druide sans réserve et gagna la place qui lui était désormais coutumière, juste sous le jeune chêne.

Rien ne vint troubler sa nuit. Elle fut, comme toute celles qu'il passait ici, emplie de sérénité et de douceur, et il se réveilla au petit matin complètement reposé. Il savait avoir rêvé, il en était certain, des rêves remplis de promesses et tournés vers un avenir serein. Mais il n'en gardait aucun souvenir.
A son réveil, le druide n'était pas visible, mais Altaïr était à son poste. Le feu avait été ranimé, et tout le nécessaire était prêt pour le petit déjeuner : apparemment, son compagnon, lui, avait déjà déjeuné.
Le ciel était d'un bleu éblouissant, et la nature bruissait de mille et une vies, faisant aisément oublier la désolation toute proche causée par l'incendie. Une belle journée d'été s'annonçait, encore une fois.

La Couronne de Cuivre

[Lieu] Aubépine