La Couronne de Cuivre

Sylveneige envisagea sérieusement de donner dix pièces d'or au garde juste pour pouvoir insulter l'entièreté de la garde luménienne, mais parvint à réprimer ses envies : elle devait encore de l'argent à Dorian !

A l'entrée, une jeune prêtresse les aborda, pensant qu'ils venaient simplement pour des soins. La rôdeuse faillit éclater de rire. Mais c'est sûr qu'il est beau, Streenounet, avec ces boutons partout... Sa crise d'acné devrait pourtant être passée depuis longtemps...

Ralentissant le pas, elle finit par se retourner franchement.

- Dites, mon garçon, vous allez encore nous espionner longtemps ? Moi je veux bien, remarquez, mais alors c'est donnant-donnant : dites-moi le nom de votre officier, le type à long visage !

Sylveneige cilla vivement, puis sourit d'un air féroce.

- Maintenant, si c'est pour draguer, faut pas vous gêner... On vous a déjà dit que vos poignets étaient délicats comme ceux d'une ribaude ?

- Jeune demoiselle, répliqua froidement le garde, encore une plaisanterie mal avisée de ce genre et je vous demanderai de me suivre jusqu'au fort. C'est mon dernier avertissement à ce sujet.
Il jeta un coup d'oeil aux alentours, fit signe à quelqu'un au-dehors, peut-être d'autres gardes. Mais il ne quitta pas son poste, juste à l'entrée du temple.
La jeune prêtresse les observa, l'un et l'autre, avant de reporter son attention sur Streen et Sylveneige.
- Je vous demanderais également de bien vouloir laisser vos armes ici, à l'entrée. Je vais vous conduire à l'un de mes confrères qui pourra vous examiner, et soigner le mal qui vous ronge. Le Mal Rouge, on dirait... Je dois toutefois vous prévenir que les soins ne sont pas gratuits, à moins que vous ne soyez indigents...

Streen aurait été presque amusé si la situation qu’il vivait n’était pas critique. Après tout, peut-être que Sylveneige avait apprécié son séjour dans la cellule. On y servait le petit déjeuner gratuitement et un dortoir était disponible. Comment refuser une telle opportunité ? C’était un bon moyen d’économiser des sous. Et puis ses sous pouvaient servir à insulter de nouveau les gardes pour y retourner de nouveau. Qui sait de quoi d’autre était capable sa compagne.
Reportant son attention sur la prêtresse, il fronça les sourcils en écoutant ses propos.
-Je vois dit il, alors il faut donc payer pour un mal dont je suis atteint. Oh bien sur, je ne doute pas que cela vous demandera beaucoup d’efforts. On peut d’ailleurs en juger sur votre découverte de ma maladie qui semble vous en avoir demandé énormément ajouta t’il un brin ironique. Pour en revenir à notre sujet, je suis incapable de payer puisque je suis sans le sou.
Streen n’osait pas demander de l’argent, à Sylveneige, elle en aurait besoin pour se gausser des gardes alors autant lui donner satisfaction. Tant pis s’il devait souffrir un peu plus.
Il reprit ensuite :
-Qu’entendez vous par indigent ? Mendiants ? Vagabonds ? Pas de bol, je n’en fais pas parti. Je suis un simple aventurier. Et puis combien demandez-vous d'abord pour ce type de soin?

Sylveneige tourna les talons en sifflotant un petit air ironique et s'en revint vers la prêtresse et Streen.

- Bon ! vous pouvez soigner cette face de carn... le visage de Streen ? Franchement ce ne serait pas du luxe... Hein, Streen chéri ?

La rôdeuse regarda son ami avec attention. N'importe qui aurait guéri doucement, reconstituant petit à petit sa santé, mais pas lui. Incroyable comme il est fragile, pour un costaud pareil. Un colosse aux pieds d'argile !

- Alors, ça coûte des sous, sûrement... Mais comme c'est arrivé pendant une mission, nous pourrions discuter de tout ça avec Maître Alaric.

Sylveneige déposa ses armes.

- Nous laissons ici nos armes, mais nous devions remettre ces cimeterres à l'aubemestre Alaric. Si nous ne pouvons pas faire entrer ces armes à l'intérieur du temple, le plus simple serait peut-être de demander à Maître Alaric de venir nous retrouver ici même ?

- Ah... Mais c'est que notre aubemestre s'est absenté pour deux jours...
La prêtresse jeta un coup d'oeil aux cimeterres, hésitante.
- J'imagine... que ce sont des armes enchantées, ou maudites, si vous deviez les apporter ici. Je pense qu'Elorep, notre spécialiste en objets maudits, sera le plus à même de vous recevoir. Je vais vous conduire jusqu'à lui, si vous le voulez bien. Sauf... si vous préférez être soigné avant, peut-être ?
Elle s'était tournée vers Streen.
- Le Mal Rouge est assez caractéristique, on le contracte le plus souvent suite à un sort de contagion. On demande généralement une somme de trente pièces d'or pour ce genre de soins. il peut aussi guérir spontanément, en quelques jours ou davantage, cela dépend de la résistance naturelle de la personne. Mais... il me semble que ce n'est pas le seul mal qui vous affecte. vous semblez... trop affaibli pour cela. Auriez-vous été victime d'une forme de malédiction ?

Streen hésita avant de répondre :
-C’est bien possible oui. Je suis en effet très affaibli mais je pensais que cela partirait en même temps que le mal rouge. A vrai dire je n’ai pas été victime de contagion. Je suis tombé dans un piège, un glyphe probablement qui m’a affaibli mais aussi rendu ainsi. Ce serait donc une malédiction ?
Streen n’osait imaginer le prix qu’ils demanderaient si jamais il était victime d’une malédiction. Il allait probablement souffrir plus longtemps. Quelle ironie du sort. La situation en était presque cocasse.
-Sinon je pense qu’il serait judicieux qu’Elorep prenne ces cimeterres.
Elorep était un choix judicieux après tout: streen le connaissait.

Sylveneige pensait qu'au final Streen adorait faire son intéressant et pleurnicher à faire pleurer les bergères à l'âme sensible.

Serrant les dents, elle coupa court.

- Ce qui nous intéresse là, tout de suite, c'est effectivement que vous fassiez quelque chose. Un élixir de santé suffirait peut-être, mais si vous pouvez enlever ce mal rouge, allons-y. Voici les trente pièces d'or.

La rôdeuse chuchota à l'oreille de Streen :

- C'est un prêt, hein, tu te débrouilleras pour mon rembourser, je dois payer Dorian... Sans parler de l'auberge.

C'est ça. Pas foutu de guérir tout seul. Mais qu'est ce qui m'a fichu une mauviette pareille...

La prêtresse les entraîna dans une petite alcôve, en bordure de la grande salle.
- S'il y a bien une malédiction en plus de la maladie, il faudra demander à Elorep ce qu'il peut faire. C'est au-delà de mes compétences... Mais je vais au moins vous guérir de ce mal rouge.

Elle incanta brièvement, et en quelques secondes, toutes les plaques disparurent de la peau de Streen. Il se sentit instantanément mieux. Mais il devina qu'il était loin d'avoir récupéré toute sa force.
- Venez, je vais vous conduire à mon confrère...
Elle les conduisit dans un corridor, frappa à la seconde porte sur sa droite, et attendit qu'une voix grave lui donne l'autorisation d'entrer. Streen reconnut instantanément Elorep, le clerc qui l'avait interrogé lors de la découverte du poignard maudit. C'était un clerc âgé, trapu, aux cheveux gris, dont le regard se posa aussitôt sur les cimeterres tandis qu'il s'exclamait avec un soulagement visible.
- Ah... Vous les avez ramenés !

Streen salua Elorep puis déposa le cimeterre prés du clerc. Il profita de l’occasion pour dire :
-Effectivement, nous vous ramenons les cimeterres. En échange, j’aimerais que vous m’accordiez une faveur. Je suis ici car votre consoeur m’a amené à vous. Lors de notre mission, j’ai été victime d’une malédiction. Je ne sais pas de quoi il s’agissait mais une grande partie de ma force a été aspirée. En même temps, j’ai été frappé du mal rouge. Depuis, j ‘ai été soigné mais je suis toujours affaibli. Auriez vous une idée de la malédiction et du moyen d’en être délivré ?
Il ignorait si la prêtresse avait encaissé les trente pièces d’or mais si ce n’était pas le cas, il espérait que Sylveneige aie gardé son argent.

Sylveneige tendit le cimeterre qu'elle tenait à Elorep.

- Oui, nous avons réussi. Mais ce ne fut pas sans mal...

La rôdeuse serrait les dents. Et ça y est, c'est reparti, allez couine Streen !

La faim, l'agacement d'avoir de nouveau perdu Lumi ? brusquement, la dernière digue lâcha.

- C'était juste une mission, dangereuse certes mais pas très difficile... Sauf qu'évidemment, il y en a toujours un pour se plaindre, un à qui il arrive toutes les misères du monde, un qui a un mal de chien à donner un bête coup d'épée, mais qui frappe après qu'on ait bien affaibli ses ennemis... Quand tu auras fini de ne pas être fichu de te défendre tout seul, de ne même pas avoir suffisamment d'énergie pour guérir tout seul, bref de jouer les princesses-sur-un-pois, tu me préviendras, Streen !

Streen ressentait un certain agacement. Il aimerait bien voir sa compagne entrain de perdre sa force et de ne plus pouvoir agir. Mais quoiqu’elle dise, cela ne changera rien à sa détermination. Pas question qu’il continue la mission sans avoir récupéré sa force. Mais si elle ne supportait pas ses plaintes, lui ne supporterait pas ses excès d’humeur. Sans colère, il se tourna vers elle mais d’un ton froid :
-Tu ne veux pas rester ici à m’écouter déblatérer mes faiblesses ? Hé bien dans ce cas, rien ne t’oblige à rester ici. En tout cas, je resterai ici et je ne partirai pas tant que je n’aurais pas récupéré toute ma force. Pourquoi n’irais tu pas voir l’assistant de maitre Dorian pour régler définitivement ta dette ? Tu n’auras pas à supporter mon soit disant comportement de princesse-sous-un pois. Ou encore jouer ta musique dans ta taverne nauséabonde. Avec un peu de chance, tu auras un fou succès avec ton instrument.
« Et peut-être que tu pourras trouver un gars à qui draguer avec tes irrésistibles battements de cils » pensa t’il sans toutefois le rajouter.

Le vieux clerc les observa un moment, peut-être un peu interloqué. Puis, les laissant régler leur différent, il s'intéressa de plus près aux cimeterres, les observant à la lumière du soleil matinal, suivant du doigt quelques runes à peine visibles gravées dans la lame, fronçant les sourcils.
Il alla ranger soigneusement les deux armes dans une pièce voisine, et revint, toujours aussi calme, auprès des deux jeunes gens.
- Vous avez probablement été victime d'une malédiction, à en juger par ce que vous décrivez, fit-il posément à l'adresse de Streen. Je vais vous en délivrer. Gratuitement, cela va sans dire, eut égard au service immense que vous venez de rendre au temple en récupérant ces cimeterres. Et bien sûr, vous allez aussi recevoir une certaine somme en récompense... de quoi régler vos problèmes de dette, sans doute...

- Alors ça, c'est absolument très aimable de votre part ! cela nous aidera, bien sûr !

Sylveneige adressa un sourire immense, accompagné d'un cillement aussi délicat que digne.

Brièvement elle jeta à Streen, entre ses dents :

- Et c'est "princesse sur un pois", ignare ! te raconterai l'histoire.

Ouais, il lui fallait des contes, à ce délicat-là ! il lui fallait une berceuse le soir, pour son p'tit dodo ! la rôdeuse eut un regard narquois. Bon sang de boudiou ! on aura des choses à se dire, tout à l'heure... Une bonne mise au poing, non, point, ça ne fera pas de mal...

Streen élargit son sourire devant le clerc :
-Bien, l’évènement disons…parasite étant clos, je pense que nous pouvons reprendre. Peu m’importe la récompense du moment que l’on me soigne de cette malédiction. Qu’allez vous faire à présent des cimeterres ? seront-ils détruits pour éviter qu’ils ne retombent entre de mauvaises mains ?

Elorep parut hésiter, plongé dans ses pensées.
- Ce sont des armes extrêmement puissantes. Extrêmement dangereuses pour tout clerc ou paladin recevant son énergie de Lathandre. Je sais que le Seigneur de l'Aube a longuement hésité à le confier à l'Université de la Magie, sachant qu'aucun de nous n'a la puissance nécessaire pour les détruire. Mais nous préférerions, à la réflexion, les envoyer vers Féérune, en Amn. Il y a un Temple de Lathandre, à Athkatla, où nos confrères seraient davantage apte que nous à venir à bout de cette puissance maléfique. Il nous reste à trouver le bon émissaire pour les y convoyer. D'ailleurs...
Il observa Sylveneige d'un air songeur.
- Vous venez d'Everaska, si j'ai bien compris... Si jamais vous aviez l'intention de repartir par là-bas dans les veilles à venir, peut-être pourrions-nous vous charger de cette mission ? Monnayant finances, bien sûr !

HRP : il y a quelques temps... longtemps... Sylveneige avait proposé à Streen de lui faire visiter Everaska. Ça peut être un prétexte au voyage si ça vous fait envie (une fois l'objet remis au temple, vous seriez libre de vous auto-mjser un moment sur féérune puis au retour... si ça vous tente toujours bien sûr ! ça date d'il y a longtemps, cette idée !).

Un sourire. Un sourire immense, magnifique, un sourire de grand bonheur. Sylveneige en oublia ses récriminations contre Streen.

La Porte de Baldur. Féérune. Et enfin, Evereska. Qu'y avait-il de plus beau, au fond, que les forêts d'Evereska ? De plus beau que leurs extraordinaires coloris, les variations de vert touchant tantôt au bleu tantôt au gris, les arbres roux, jaunes et rouges de l'automne, les mousses cuivrées, les sentiers de terre parsemés de fleurs délicates au parfum léger ?

Levant les yeux vers Elorep, elle articula lentement :

- Maître Elorep, en toute honnêteté je vous dirais d'enfermer ces armes dans le sous-sol le plus inatteignable possible, afin que nul n'y touche jamais plus... Mais votre proposition est absolument irrésistible ! par contre, je souhaiterais pouvoir choisir un coéquipier. Aussi casse-petons soit-il, Streen n'est pas mal. Et j'ai besoin d'un costaud... Je me bats bien, mais n'ai pas une force suffisante pour me battre seule contre un groupe déterminé... Ne nous leurrons pas, ces cimeterres ne manqueront pas d'attirer les convoitises. Il est très possible que nous n'en ayons pas fini avec les sharites.

Streen haussa les épaules suite à la remarque d’Elorep. Bien sur, Streen était curieux de savoir à quoi ressemblerait Evereska mais il ignorait si Sylveneige apprécierait sa présence. Après tout, elle avait mentionné souhaiter choisir elle-même son compagnon de voyage et peut-être qu’elle préférait quelqu’un de plus costaud et moins princesse sur pois. Mais Streen ne souhaitait pas influer sur sa décision, c’était elle qui devait faire son choix. Ainsi il dit à son tour :
-Je serais prêt à m’y rendre de manière à ce que l’on en termine avec ces cimeterres. Néanmoins, Sylveneige a mentionné qu’elle souhaitait choisir son compagnon et je ne pourrais partir que si elle accepte que je l’accompagne. Dans le cas contraire, je resterai ici.
Se tournant vers Sylveneige :
-Tu peux choisir la personne que tu souhaites avoir pour compagnie. Je respecterai ton choix quel qu’il soit.

Sylveneige semblait réfléchir intensément.

- Ah. Eh bien, d'abord j'aimerais avoir un peu de temps de préparation... Pas long cependant, parce que les cimeterres ne seront en sûreté que lorsqu'ils seront le plus loin possible des sharites. J'attends vos instructions. Et vos recommandations et conseils, qui ne seront pas de trop pour ce genre de voyage. Ce n'est pas tous les jours qu'on transporte des armes si dangereuses...

La rôdeuse prit un air soucieux.

- Et surtout... Surtout... Avez-vous revu Lumi, mon harfang ? Il s'était enfui de votre fauconnerie pour nous retrouver, et ces crét... les gardes luméniens me l'ont perdu.

Ah, ceux-là... Je me vengerais bien, un de ces jours... Enfin… Là, on écoute sagement les conseils lathandrites, et puis on file becqueter.

Elorep secoua la tête.
- Non... enfin, je dois dire que je ne m'en suis pas occupé. Je n'ai pas de raison d'aller à la fauconnerie, moi... Il y est peut-être revenu.
Il sourit à la rôdeuse.
- Mais ne vous en faites pas, il vous retrouvera sûrement. J'ai entendu dire que les familiers des rôdeurs les retrouvent toujours... c'est une légende peut-être ? En tout cas, je serais soulagé de savoir que vous pouvez vous charger de convoyer ces armes. Sinon, hum... Il me semble qu'Alaric avait prévu une récompense de cent cinquante pièces d'or. Ah... et je dois lever cette malédiction aussi.
Il s'approcha de Streen, incanta, et une lumière blanche enveloppa un instant Streen qui se sentit instantanément beaucoup mieux.

Streen sentit à ce moment toute sa force revenir. D’un geste vif, il agita son bras droit pour en avoir la certitude :
-Banzaiiiiiiiiiiiiiiii !!!!!!!!!!
Puis se ressaisissant :
-Nous verrons qui partira avec Sylveneige pour cette mission. Dans le cas où je n’y participerais pas, soyez certain que garderai le secret sur cette affaire.
Puis à Sylveneige :
-Maintenant que tout est quasiment réglé, je te suggère d’aller à la fauconnerie voir si Lumi s’y trouve.

- Ah ! enfin je retrouve mon Streen ! énergique et tout et tout !

Sylveneige prit Streen par la main.

- Bon, à la fauconnerie... Ensuite nous irons à l'Ombre de l'Arbre nous faire servir un bon repas.

Enfin ! la rôdeuse se sentit mieux, avec une perspective de travail... Boudiou de boudiou ! et la tavernière du Fond de la Barrique ? Faudra que je passe la voir, lui expliquer que je ne l'ai pas lâchée... Mais que je vais le faire... Oh, ma carrière qui commençait si bien !

- Pfffou... Faudra qu'on discute, Streenounet... Et il faudra aussi que je passe payer Dorian, avant de quitter Lumenis.

L'elfe se tourna vers Elorep.

- Merci de votre aide. Mon Lumi me retrouvera certainement, mais j'aimerais l'avoir avec moi dès maintenant. Je me sens si bien quand il est là !

Elorep inclina légèrement la tête en guise de salutations.
- Revenez me voir quand vous partirez pour Féérune... ou bien, prévenez-moi, sui vous décidez de ne pas y aller dans les veilles à venir, que je trouve quelqu'un d'autre.
Fouillant dans le tiroir, il leur tendit à chacun un parchemin.
- Ceci est une reconnaissance de dettes. On vous remettra chacun cent cinquante pièces d'or au palais de Luménis... ou moins si vous désirez laisser une partie de la somme en dépôt. Soyez assuré que le Temple vous est reconnaissant pour votre aide... Et j'espère que vous retrouverez rapidement votre familier !

En l'occurrence, celui-ci voletait quelque part au-dessus de la fauconnerie, comme s'il avait deviné que sa maîtresse s'y rendrait, et ne se fit pas prier pour descendre la rejoindre.

Streen laissa Sylveneige savourer le bonheur des retrouvailles avec Lumi. Il attendit qu’ils aient terminé leurs échanges de tendresse avant de dire :
-Bon, direction « l’ombre de l’arbre » maintenant.

- Lumi ! mon Lumi chéri ! Streen, Elorep nous a porté bonheur !

L'estomac de Sylveneige émit un gargouillement prolongé d'une distinction fort discutable pour une jeune elfe de bonne famille. La rôdeuse se mit à parler soudain assez fort, dans l'idée d'en couvrir le bruit.

- Ah Streen, vite, courons à l'auberge !

Négligeant les protestations de son harfang, brusquement bousculé par ce démarrage en trombe, Sylveneige commença à courir.

Suite : http://www.baldursgateworld.fr/lacouron ... post356813

Quête : les Cimeterres Maléfiques

en provenance de http://www.baldursgateworld.fr/lacouron ... post358387

Après un détour à la Forge Flamboyante, Streen et Sylveneige arrivèrent au sanctuaire de Lathandre. Sylveneige n'avait plus que cinq pièces d'or en poche, mais l'esprit serein : les dettes étaient payées.

- Et tu te rends compte, Streen, tout ça sans avoir eu besoin de mettre en gage ma petite harpe ! évidemment, tes cent cinquante pièces auraient été bienvenues, mais... Hé !

Une idée venait de traverser l'esprit de la rôdeuse.

Streen avait suivi sa compagne sans toutefois rentrer dans la forge. Bien entendu, il était regrettable de ne pas avoir pris sa récompense mais il était hors de question qu’il se rend au palais présidentiel. Et puis qu’aurait il fait avec celui-ci ? Il n’avait aucun projet pour le moment. Ses pensées furent interrompues par Sylveneige.
-Oui…heu…as-tu quelque chose en tête ?

- Eh bien, il me semble qu'Elorep parlait de la possibilité de laisser une somme en dépôt. Or, si tu ne peux pas entrer au palais, rien ne dit que tu ne puisses pas demander - sans être présent - qu'on te garde ton argent en dépôt. Le temps passera... Les choses seront oubliées... Et tu pourras rentrer en possession de la somme qui t'es due. C'est une idée, non ?

Sylveneige pensait qu'il ne lui restait que 5 pièces d'or, quelques pièces d'argent et piécettes de cuivre en poche ; sûr, on n'irait pas loin avec ça ! même si Streen ne peut pas avoir son argent, il est possible de faire valoir que nous avons encore des espèces sonnantes et trébuchantes chez un banquier... Histoire d'obtenir un peu de crédit, en cas de besoin.

Ils demandèrent à parler à Elorep.

Comme d'habitude, on leur demanda de laisser leurs armes à l'entrée. A cette heure-ci, le temple était plus calme, l'afflux des visiteurs se faisant généralement à l'aube et au crépuscule. Le clerc qui les accueillit, un jeune garçon au visage constellé de tâches de rousseur, sembla presque déçu de ne pas pouvoir leur proposer les soins du temple, mais les conduisit, avec diligence, dans le même bureau qu'un peu plus tôt dans la journée. Elorep s'y trouvait, compulsant de vieux parchemins.
" Déjà de retour ?, s'exclama-t-il en les voyant entrer dans la pièce. Ne me dites pas que vous partez aujourd'hui même... Ou peut-être que vous venez m'annoncer que vous ne pourrez pas convoyer les armes ?" s'alarma-t-il soudain.

- Maître Elorep, nous partons dès aujourd'hui. Nous venons chercher les cimeterres. Et vous demander quelque chose d'un peu particulier.

Sylveneige cilla, le temps de réfléchir à la façon de présenter les choses.

- Je suis allée au palais prendre l'intégralité de la somme que vous m'avez offerte. Mais Streen n'a pas pris la sienne et nous nous demandions si, pour gagner du temps et justement pouvoir partir dès aujourd'hui, vous accepteriez de consigner la somme qui lui est due ? la garder en dépôt, comme vous nous l'aviez suggéré ?

Le clerc haussa un sourcil.
" A quoi est-ce que cela vous servirait ? Que la somme soit en dépôt ici ou ailleurs, ça ne change rien, et ils ont des coffres mieux solides et mieux gardés là-bas. Nous évitons de garder des sommes inutiles ici, pour ne pas tenter des personnes malintentionnées... Donc quand je parlais de laisser une partie de la somme en dépôt, c'est bien sûr à la banque que je pensais."
Il secoua la tête.
" Quoiqu'il en soit, le papier que je vous ai donné prouve que vous en êtes le propriétaire, et si jamais vous le perdiez avant d'être entré en possession de l'or, j'en ai un double ici. Donc vous n'avez pas à vous faire de souci, cet or ne disparaîtra pas."

La Couronne de Cuivre

[Temple] Le Sanctuaire de Lathandre