La Couronne de Cuivre

Un peu surprise, l'elfe regarda les enfants en souriant, en aucun cas elle ne spolierait les garçons de ce qu'elle estimait leur revenir de plein droit. Elle n'était pas riche, mais les biens terrestres ne l'intéressait pas plus que de pouvoir avoir sa maison pour accueillir son pupille.

Mais non, un trésor appartient à ceux qui le découvrent. Si vous ne vous étiez pas donner la peine de chercher, dans un siècle il serait toujours là où vous l'avez trouvé. Ce trésor vous appartient et je trouve que le hasard semble vouloir être le miroir de vos ambitions, alors je convaincrai votre maman que ces objets, aussi précieux qu'ils fussent sont votre propriété.

Du regard, elle encourageait les enfants à se saisir de ce qui leur appartenait.

Les trois frères paraissaient toujours aussi gênés. Podrick finit cependant par donner l'exemple en tendant la main vers l'une des broches, et les autres, après avoir échangé un dernier regard, l'imitèrent.
Ils se répartirent les objets exactement de la manière qu'avait imaginée Arya : Thibault prit la deuxième broche, Etienne la chevalière, et Yann les petites fioles.
-C'est pour faire des particules hallucinogènes ? demanda l'enfant, tandis que ses aînés observaient, les yeux brillants, les pierreries qu'ils tenaient entre leurs doigts.

Le regard brillant des enfants réjouissait l'elfe, que ces biens leur donne la force d'aller au bout de leurs rêves, qu'ils deviennent ce qu'ils souhaitaient au fond de leur âme d'enfants. Puis son regard amusé se posa sur Yann qui semblait avoir apprécié ce petit voyage dans les gouffres hallucinogènes et dans sa voix, l'amour de son art vibrait.

Non Yann, mais ces ingrédients t'apporteront bien plus de sensations que toutes les poudres hallucinogènes que tu pourrais imaginer. Tout alchimiste les observerait avec respect et envie, assorties de quelques sorts, elles sont très puissantes. Mais comme pour Podrick, Thibault ou Etienne, il te faudra vouloir très fort devenir un mage, ce qui comme pour devenir un chevalier ne va pas sans une volonté d'y arriver.

Toujours aussi enthousiaste, elle s'adressa aux deux aînés.

Et bien, vous avez déjà de quoi retenir avec panache votre cape, il ne vous reste plus qu'à devenir des chevaliers dignes de porter ces précieuses broches. Pour cela, ils vous faudra non seulement savoir manier votre épée, avoir un esprit droit, mais également être cultivés.

La magicienne posa ensuite son regard sur Etienne.

Ce ne sera pas plus aisé pour devenir un bon barbare et mériter de porter cette chevalière.

Puis, regardant tour à tour les quatre garçons encore tout admiratifs, elle dit d'un ton plus sérieux.

Je remettrai ces précieux objets à votre maman qui ne vous les donnera que le jour où vous serez dignes de les porter, se tournant vers Yann, ou de pouvoir les utiliser.

Les gamins acquiescèrent sans mot dire. Mais si Podrick paraissait joyeux et Yann confiant, il en allait autrement des deux autres. Peut-être Etienne et Thibault doutaient-ils intérieurement que leurs parents acceptent de les laisser s'engager dans des carrières de combattants. Le cadet paraissait d'ailleurs le moins convaincu : il faut dire qu'entreprendre le métier de barbare n'était pas une chose anodine, et que ces guerriers se faisaient rares, dans leurs contrées.
Quoi qu'ils en soient, ils observèrent encore un long moment les objets disposés devant eux. Puis il se mirent en devoir de les ranger avec soin et précautions.

Podrick et Yann semblait totalement satisfaits, mais la gêne que la magicienne ressentit chez les deux autres frères l'interpelèrent. Elle pensa d'abord qu'ils eurent préférés un autre objet que celui qui était maintenant leur possession, mais bien vite cette idée fut balayée, les enfants avaient changés alors qu'elle parlait de donner leur trésor à leur maman. N'avaient-ils pas confiance en elle, cela lui semblait absurde, mais les humains avaient parfois des comportements qui lui échappaient.

Elle posa un regard confiant et tendre sur les deux garçons.

Il me semble que quelque chose vous contrarie dans le fait que je les donne à votre maman, mais vous ne pouvez en disposez maintenant, vous êtes bien jeunes pour cela et surtout qu'en feriez-vous ?

Les enfants acquiescèrent.
-Oh non, ça nous gêne pas que vous lui donniez, même si elle risque de refuser de les prendre...
-Et franchement, on saurait pas quoi en faire maintenant... On va pas aller à l'école avec !
-Oui... Mais bon, c'est surtout qu'on sait pas si nos parents voudront qu'on soit chevaliers...
-Ou barbares !
-...parce que je crois qu'ils aimeraient bien qu'on reprenne la boutique. Mais c'est pas comme si on allait décider ça maintenant, de toute façon.

La magicienne regarda les enfants étonnés, non qu'elle ne put comprendre que leur maman n'accepterait pas forcément d'emporter le trésor des enfants, mais que des parents purent ne pas laisser leurs enfants choisir la profession qu'ils souhaitaient. Elle qui regrettait amèrement que Podrick fut si peu intéressé à la magie et qui pour qu'il fut totalement épanoui acceptait qu'il devint chevalier, devenir qu'elle voyait d'ailleurs grandiose.

Mais... ce trésor vous appartient, si vous ne l'aviez pas trouver, il dormirait encore pour des siècles dans sa cachette. J'espère arriver à la convaincre. Quant'à l'avenir ...

Restait encore quelques heures avant la venue de leur maternelle et que pouvait-elle bien leur proposer pour passer agréablement ce temps ?

Vous me semblez encore bien fatigués, peut-être pourriez-vous prendre quelques livres ...

Cette proposition, Aray se doutait bien qu'elle n'attirerait guère d'enthousiasme, mais elle n'en avait pas d'autre choix à leur proposer.

Les gamins s'observèrent un bref instant.
-C'est une super idée ! fit Podrick avec en enthousiasme totalement feint. Mais... On était pas censés se laver ?
-Pas faux... renchérit Thibault. J'aurais adoré lire un bon bouquin mais... On peut pas rester dans cet état.
-Ouais, on se ferait gronder par m'man...
Comme un seul homme, le quatuor se leva, déjà prêt à gagner les étages. Apparemment, tout valait mieux que la lecture. Mais, après tout, l'école reprenait dès le lendemain, ils n'avaient sans doute pas envie de faire quoi que ce soit qui puisse la leur rappeler.
Seul Yann semblait suivre le mouvement à contrecoeur. Soit tester à nouveau le "chaudron de la sorcière" ne le tentait guère, soit Il ne partageait pas l'aversion de ses aînés pour les livres.

Ayant déjà fait un trait sur le passage des enfants à la salle d'eau, réservant ce suplice à son petit protéger une fois les trois frères partis, si elle feint aussi bien que Podrick d'être peinée qu'ils ne puissent s'adonner à la lecture, elle soupira profondément alors que son regard enjoué faisait le tour du quatuor.

C'est vraiment dommage ! Mais vous avez raison, il serait dommage que votre maman soit mécontente, alors filer vite vous laver et surtout ne traîner pas trop, sinon vous n'aurez pas de temps pour vous adonner à votre loisir préférer .... les garçons filaient déjà dans l'escalier et l'elfe éleva la voix pour être entendue ... la lecture.

Le quatuor avait disparu dans la salle d'eau ....

-Bon, les gars, vous savez ce qu'il nous reste à faire ! fit Podrick sitôt la porte refermée derrière eux.
-Oui, gagner un max de temps.
-Tout à fait.
-Moi j'aurais bien lu un livre...
-Tu en liras demain à l'école. Tout plein.
-Oui, c'est vrai. Mais j'aime bien lire aussi quand je suis pas à l'école.
-T'es pas normal.
-Ben...
-De toute façon, rien ne t'empêche de te dépêcher pour aller lire ! fit Podrick, conciliant. Mais nous...
-On va traîner un max.
-Tot à fait.
-J'crois qu'on va pas sortir d'ici avant une heure.
-Avant deux heures !
-Ou trois...
-Parce que se laver, ça prend du temps.
-Surtout quand on est vraiment sale.
-Et faudra plein d'eau chaude vu qu'on est quatre !
Sur ces mots, ils se mirent à discuter de tout ce qui pourrait leur permettre de rester des heures sans quitter la pièce. Ils avaient bon espoir d'établir un plan qui les ménerait jusqu'au crépuscule.

La discussion fut vite vive, émaillée d'éclats de rire et il en ressortit qu'il n'y avait pas assez d'eau pour tous et que de plus, elle n'était pas assez chaude pour pouvoir se laver rapidement, mais que ne voulant pas laisser le benjamin attendre trop longtemps, ils lui avaient fait la faveur de le laisser passer le premier, plus petit il avait moins besoin d'eau ...

Alors que les trois aînés pataugeaient avec le délice d'avoir pour une fois choisi le bain qui était plus un champ de bataille qu'un lieu de propreté, Yann redescendit l'escalier, le cheveu hirsute rapportant à l'elfe les raisons du temps déjà passé et qui allait encore s'écouler.

Amusée et surtout ravie de voir le bambin, la magicienne fit mine de croire en ses paroles.

C'est pas de chance pour eux, ils n'auront probablement pas le temps de lire et toi que veux-tu faire en les attendant ? Veux-tu essayer un tour de magie ?

Le bruit venant de la salle d'eau laisser entendre que l'eau ne devait pas manquer et qu'elle était pour une fois au goût des garnements.

Le garçonnet sourit à la magicienne, vaguement embarrassé, et lissa machinalement une mèche humide de ses cheveux rebelles.
-Heu, moi je veux bien pour le tour de magie, m'dame. J'trouve ça super intéressant ! Mais faut pas que vous vous embêtiez, que ça vous dérange ou quoi... Je peux lire tranquillement, sinon, ça me va très bien aussi. Enfin, c'est comme vous voulez...

Alors qu'elle s'était saisie d'une brosse pour tenter de discipliner un peu la chevelure du bambin, la magicienne lui répondit d'un ton qui ne cachait pas que la magie l'enthousiasmait et que partager son savoir était un vrai bonheur.

C'est à toi à choisir, mais de faire avec toi un tour de magie ne m'ennuie pas du tout et même me réjouirait. Mais si tu préfère prendre un livre, alors ce sera très bien aussi.

Le gamin se laissait peigner sans embarras apparent.
Cependant, la réponse d'Arya le fit hésiter.
-Ben, comme je vous disais, c'est comme vous préférez, vous. Lire, ça me va très bien, mais la magie, ça me va très bien aussi. P't'être un peu mieux, parce que lire je peux tout le temps, alors que la magie, ben... J'ai juste pas envie de vous déranger. Mais si ça vous dérange pas...

Une dernière oreille aux trois garçons qui barbotaient dans un brouhaha indescriptible avant de reporter toute son attention sur le bambin. A défaut d'avoir réellement du caractère comme elle appréciait celui de son petit protéger, l'enfant avait tout pour faire un élève parfait, attentif et discipliné. Encore fallait-il qu'il soit vraiment doté d'un don pour la magie et c'est ce qu'elle allait tenter de découvrir.

Eh bien puisque tu peux lire lorsque tu veux et que finalement nous sommes seuls tous les deux, nous allons tenter un exercice de magie ... très difficile ... mais qui sait peut-être y tu arriveras.

Arya prit une fine feuille et en fit une boule qui restait légère et la posa à un mètre de l'enfant, puis sans la toucher se mit à la faire virevolter avant qu'elle revienne, aérienne, se poser face à l'enfant. Elle n'avait jamais eu un si jeune élève, les elfes développant naturellement ces capacités primaires, elle tenta de faire comme avec Podrick sans pour autant détailler l'exercice.

Tu ne pourrais certainement pas faire ce que tu viens de voir, mais peut-être en le voulant vraiment, en fixant avec volonté la boule, en lui ordonnant de s'approcher de toi ... peut-être t'obéira-t-elle !

Le petit garçon éclata de rire.
-P't'être ! Mais alors faudrait que j'aspire tout plein de particules hallucinogènes ! Sinon, j'crois que ce bout de papier décollera pas...
Reprenant son sérieux, il se concentra néanmoins, fixant avec intensité la petite boule. Il ne se passa rien durant de longues secondes. Yann sourit à Arya, comme si son immobilité confirmait ses dires, puis se concentra à nouveau.
Et, sans crier gare, la boule de papier décolla, se rapprocha de lui à une vitesse déconcertante, le frôla d'un cheveux... et alla percuter le mur derrière lui, avant de rebondir sur le plancher de la salle à manger.

L'enfant ne pouvait mesurer les dangers de l'expérience qu'il avait vécue et son jeune age le laissait charmer par les fantasmes qui avait habité son esprit. Seul le temps lui permettra d'en mesurer les risques et le lui faire comprendre serait à ce jour bien inutile. L'elfe préféra ne pas intervenir.

Lorsque le papier prit son élan, le sourire d'Arya était plus parlant que les mots qu'elle aurait pu dire, elle regardait Yann avec bonheur, la découverte d'un enfant doté de don pour un mage était une grande joie, la réussite d'une expérience par un élève une satisfaction pour le professeur. Sans mot dire elle fit revenir la boule de papier, lentement elle lui fit faire le chemin inverse pour la poser là où elle avait été. Puis enfin, elle s'adressa à l'enfant.

Bravo Yann, tu vois, tu n'as besoin de rien d'autre que de ta volonté. Mais il faudra apprendre à la contrôler pour pouvoir guider le papier là où tu veux qu'il aille, le faire danser comme si tu étais le vent qui tourbillonnait. Veux-tu essayer encore une fois. Il faut le vouloir tout aussi fort, mais lui demander de venir lentement près de toi ... enfin ... le plus lentement possible ...

Yann s'exécuta sans mot dire. A fixait le morceau de papier avec une telle intensité qu'il en venait presque à loucher. Comme la fois précédente, il fallut un long moment avant que la petite boule ne commence à se déplacer. Elle le fit pourtant : lentement, d'abord, puis, à nouveau, elle prit de la vitesse, avant de ralentir imperceptiblement et de finir sur les genoux du gamin.
-C'était mieux ? fit-il, souriant. En tout cas, ça fiche mal à la tête !

L'enfant avait réellement des dons et la magicienne n'avait pas besoin de plus de preuves. Seul maintenant, l'instruction et l'entraînement lui permettraient d'acquérir les capacités d'un mage.

Cela te fait mal à la tête car tu n'as pas encore la concentration nécessaire. Mais cela viendra ... l'elfe fit revenir le papier vers eux, le faisant tourbillonner autour de l'enfant. Mon esprit est aussi léger que cette feuille lorsque je la fais voler. Mais pour aujourd'hui, nous savons le principal, tu es doué pour la magie.

L'elfe se leva et prit un livre sur la magie. Aucune formule ne s'y trouvait, mais plutôt de petits exercices pour la concentration destinés aux premiers pas des jeunes élèves. Elle tendit le volume au bambin en souriant.

Peut-être ce livre peut t'intéresser, je te le laisse feuilleter et si tu veux, je peux te permettre de l'emporter chez toi.

L'enfant déchiffra la couverture du livre, puis l'ouvrit à la première page.
-D'accord, je veux bien ! fit-il, souriant.
Il se pencha sur quelques lignes, quelques dessins, puis releva la tête.
-Mais j'vais attendre un tout petit peu avant de lire, reprit-il. Là j'y vois encore trouble et j'ai un peu mal à la tête.
Au-dessus d'eux, la salle d'eau semblait toujours aussi agitée.

L'enfant faisait le bonheur de la magicienne et nul besoin qu'il se plonge dans la lecture, le bambin lirait et s'appliquerait à faire les exercices qui n'avaient pour but qu'une meilleure concentration, en sorte une préparation au niveau de petits exercices qui suivraient.

Maintenant que nous savons que tu es doué pour la magie, nous avons tout le temps, je vais pallier à ton mal de tête, mais avant il faut que je fasse sortir les grands de la salle d'eau.

La magicienne gravit souplement la volée de marche menant au premier et frappa vigoureusement contre la porte.

Il est temps que vous sortiez, j'ose espérer que vous êtes plus que propres.

Puis, après les ouiiiiii retentissants qui surgirent, elle redescendit auprès de Yann.

Ferme les yeux et ne pense plus à rien.

L'elfe posa doucement ses mains sur sa tête et fit l'incantation d'un sort de soin léger afin que le garçonnet n'ait pas à ressentir plus longtemps des céphalées désagréables.

-Ouah, c'est plus efficace que les plantes ou quoi ! s'exclama le gamin. J'sens plus rien du tout.
Il tendit l'oreille : le vacarme, à l'étage au-dessus, avait baissé d'un ton. Mais sans disparaître pour autant.
-J'crois qu'y descendront pas tout d'suite, reprit-il. J'crois même qu'ils descendront pas avant que maman arrive. Ils ont pas vraiment envie de lire...

Le sourire de la magicienne se fit amusé à l'information que Yann venait de révéler. Elle posa sa main sur celle du bambin avec tendresse.

Dans quelques années si tu travailles bien, alors toi aussi tu pourras soigner ces petits maux. Pour l'instant, je vais aller les faire sortir de la salle d'eau.

Une nouvelle fois, l'elfe gravit la volée de marches et tapa contre la porte.

Dans quelques minutes votre maman sera, il serait préférable que vous soyez propres, séchés et coiffés ...

Elle n'en dit pas plus, le silence s'était fait et les quelques minutes étaient encore une paire d'heures, les garçons sauraient sans nul doute s'occuper. Arya redescendit vers le petit enfant en riant.

Je pense qu'ils ne seront plus long maintenant, en attendant allons chercher dans la chambre de Podrick les soldats de plomb, ce sera une activité plus ludique en attendant votre maman vu que la lecture puisqu'ils semblent tant la redouter.

-Bah, en fait, Étienne il aime bien lire. Mais y veut pas le dire : ça fait pas assez barbare, y trouve !
Il se leva, et la suivit dans l'escalier.
La seconde intervention d'Arya auprès des baigneurs avait eu un effet indéniable : la salle d'eau était complètement silencieuse. Ou presque : on entendait des murmures fuser à travers la porte close et, d'après certains mots, il semblait évident que le subterfuge d'Arya n'avait pas absolument fonctionné. De l'avis des garçons, l'après-midi ne pouvait pas être SI avancé. Thibault suggérait même qu'il était encore très tôt et qu'une armada de livres menaçants les attendait sur la table de la salle à manger, près à les happer dès qu'ils sortiraient de leur refuge...
Yann, de son côté, était déjà entré dans la chambre de Podrick pour y récupérer les soldats de plomb.

Alors que le petit garçon prenait un à un les petits soldats, la magicienne frappa une nouvelle fois et donna à sa voix un ton autoritaire.

Bon vu que vous avez eu largement le temps pour être propres, vêtus et coiffés, je vous laisse encore deux minutes pour peaufiner votre apparence, ensuite je viendrai laver, essuyer et habiller ceux qui n'auront pas terminé.

Puis, elle rejoint Yann dans la chambre de Podrick et attrapa un petit sac de toile qu'elle ouvrit en grand pour que l'enfant y glisse les petits soldats, ainsi il pourrait tous les descendre pour jouer dans la pièce du bas profitant ainsi de la douce chaleur de la cheminée dans laquelle le bois n'avait cessé de chanter toute la journée.

Je pense que maintenant ils vont sortir d'eux-mêmes, sinon je m'occuperai des retardataires

Yann haussa les épaules, comme s'il doutait que la menace de la magicienne, aussi terrible fût-elle, puisse venir à bout de l'hostilité de ses aînés envers les livres.
Pourtant, après quelques minutes, la porte de la salle d'eau finit par s'ouvrir sur le trio. Nimbés d'un impressionnant nuage de buée, les cheveux encore humides et ébouriffés, les garçons avaient manifestement quitté la baignoire en toute hâte et enfilé leurs frusques en quatrième vitesse.
-On est sortis... fit Podrick d'une voix vaguement inquiète.

Cherchant à présenter un regard sévère, la magicienne n'y arrivait pas vraiment surtout en regardant les trois enfants, son petit protéger en premier.

Elle leur barra un instant le chemin, les refoulant un peu dans la salle d'eau de manière à pouvoir attraper une serviette, leur éponger un peu les cheveux et leur donner un coup de brosse avant de s'écarter et de dire d'une voix pleine de reproches feints.

Et bien, vous n'allez pas laisser Yann tout seul pour jouer aux soldats de plomb.

Arya s'écarta et dès qu'ils se furent échappés, elle s'appliqua à mettre un peu d'ordre et surtout éponger la salle d'eau.

C'était, effectivement, d'être épongée dont la pièce avait le plus besoin : le terme d'inondation cataclysmique ne semblait pas tout à fait inapproprié pour décrire la situation... Les gamins s'en étaient donné à cœur joie.
Lorsque, après avoir fait tout son possible pour y remédier, la magicienne descendit au rez-de-chaussée, elle trouva les quatre enfants assis autoru de la table de la salle à manger où une bataille acharnée était en cours. Ils avaient formé deux équipes et, comme l'on pouvait s'y attendre, Yann et Podrick étaient alliés. Leurs soldats de plomb étaient organisés en régiments précis, placés selon une stratégie mûrement réfléchie : les archers semblaient se replier après avoir décoché leurs flèches, tandis que s'avançait l'infanterie au centre et, sur les flancs, deux corps de chevalerie.
Face à eux, l'armée adverse présentait un visage fort différent. Derrière un cordon d'archers tirailleurs encore affairés à tirer, Thibault avait placé tous ses chevaliers en triangle, déjà prêts à charger. Ensuite venaient une cohorte de barbares tout aussi pressés d'en découdre. De part et d'autre, les fantassins, en carrés bien ordonnancés.

Le regard de la magicienne se posa tendre et maternel sur les quatre garçons, enveloppant un peu plus le duo composé de son petit protéger et de Yann qui au vu de ses capacités avait largement sa préférence au contraire de ses frères.

Plongés dans leur stratégie, l'elfe ne les dérangea pas les jeux guerriers ne faisant vraiment pas partie de ceux qui pouvaient l'intéresser. Mais elle ne put s'empêcher de repenser aux paroles des enfants doutant que leurs parents les laisseraient s'engager dans des professions guerrières.

Elle s'en fut s'asseoir dans les coussins accueillants et confortables face à la cheminée dans laquelle chantait joyeusement un feu bien fourni. Il ne restait guerre de temps avant l'arrivée de la maman des enfants et autant en profiter paisiblement. Nonchalement, Arya prit un livre dans lequel elle se plongea.

Les garçons continuèrent à déplacer leurs troupes avec enthousiasme et minutie, prenant soin, cependant, à ne pas trop hausser la voix pour ne pas déranger la lecture de la magicienne. L'application avec laquelle ils mimaient l'art de la guerre était impressionnante, et s'ils avaient tous mis là même à leurs études, nul doute qu'ils compteraient parmi les meilleurs élèves de l'école... Malheureusement, jouer avec des soldats de plomb semblait leur plaire bien davantage que se plonger dans les livres. En ce qui concernait Podrick, Thibault et Etienne, du moins.
Le temps passa, la bataille avança sans qu'un vainqueur clair ne se dessine. Et, tout à coup, à l'heure convenue, la cloche du portail se fit entendre.
La mère des enfants était arrivée.

La Couronne de Cuivre

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