La Couronne de Cuivre

Il avait failli retomber en arrière tant il avait été surpris par le contact inattendu de la langue de Première Neige. Mais heureusement, ses réflexes ne l'avaient pas trahi et il put se hisser à ses côtés, soulagé de n'être plus seul après ces heures passées sous le tumulus. Il flatta la nuque de la louve pour bien lui montrer qu'il était content de son initiative puis il entreprit de défaire sa "corde" et de renfiler ses vêtements s'ils n'étaient pas trop abîmés par l'expérience. Pendant qu'il se changeait, il demanda à sa compagne de demeurer vigilante, bien conscient que les lieux n'étaient peut-être pas sûrs.

Première Neige semblait confiante. Elle avait passé la journée avec les loups et semblait certaine que nul danger ne rôdait dans les parages. Certes, ils avaient repéré la présence d'humains dans la matinée, mais loin d'ici, plutôt près du fleuve. Ils s'étaient tenus à distance et avaient préféré rebrousser chemin. La louve leur avait alors faussé compagnie pour se rapprocher de Kasumi, sentant, à travers le lien qui les unissait, qu'il n'était peut-être pas en très bonne posture.
Il put donc se rhabiller sans que nul ne vienne le déranger... et constater aussitôt l'étendue des dégâts : les déchirures à ses chausses et à sa tunique ne passeraient pas inaperçues lorsqu'il rentrerait ce soir. C'est-à-dire très bientôt : le soleil avait largement décliné à l'horizon.

Puisqu’il ne pourrait pas dissimuler les accrocs et déchirures de ses vêtements, il allait très certainement devoir raconter sa mésaventure car Sylvia ne se contenterait pas d’explications évasives… Mais il avait plus urgent en tête pour le moment : les humains qu’il avait pistés avaient été repérés et il devait absolument se servir du flair des loups pour retrouver leur trace et les confronter.

Cela attendrait le lendemain car il se faisait tard et rester dans la forêt de nuit serait bien trop dangereux. Toutefois, avant de s’en retourner vers Peyregorde, il entendait essayer de prendre quelques points de repères pour retrouver facilement l’entrée du complexe quand il y reviendrait. Idéalement, il irait inspecter plus haut pour tenter de retrouver où était censée déboucher la trappe mais il savait ne pas pouvoir consacrer plus de quelques minutes à cette recherche avant de la reporter au lendemain également.

Il avait débouché au pied de la petite éminence, par un trou situé un peu plus à l'est que celui dans lequel il était tombé, mais se trouvant, comme le premier, tout près d'une étroite sente contournant l'éminence qu'il n'aurait aucune difficulté à retrouver. Mais l'issue se trouvait dans un creux, dissimulée par la végétation, et on pouvait aisément passer à proximité sans la repérer si on en ignorait l'existence.
Il ne parvint pas, en revanche, à retrouver la trappe. Elle se trouvait plus haut en altitude, peut-être fallait-il pousser jusqu'au cercle de pierre, mais ses recherches restèrent vaine : soit elle ne donnait pas sur l'extérieur, soit elle était trop bien cachée par la végétation.
Il ne trouva nulle empreinte de pas, nulle trace de présence humaine, excepté la piste qu'il avait suivie jusque-là et qui s'arrêtait, de façon subite, juste après le piège dans lequel il était tombé.

Cette dernière information ne manqua pas de l'intriguer : après tout, il avait songé que les pièges dont il avait été victime étaient destinés à capturer des proies pour sans doute les forcer à s'enfoncer dans le labyrinthe. S'il s'en référait à ce qu'il savait de Malar, le dieu fou de la chasse, c'était typiquement le genre de rituels que la secte aurait pu mettre en place pour rendre hommage à leur dieu en traquant les infortunées victimes n'ayant aucun moyen de s'échapper.

Mais c'était peut-être pousser un peu loin les conjectures d'autant que cela n'expliquait pas pourquoi les deux profanateurs avaient choisi - ou non - d'entrer par ce trou et de se perdre dans le tumulus. Il sentait en tous cas qu'il aurait certainement les idées plus claires pour élucider ce mystère après une bonne nuit de sommeil, d'autant qu'il ne voulait pas inquiéter Sylvia plus que de raison en rentrant après la tombée de la nuit.

La nuit était tombée lorsqu'il arriva au village, et les odeurs appétissantes s'échappaient de la plupart des maisons.La journée avait été particulièrement chaude, même si Kasumi, perdu dans ses souterrains, n'en avait pas vraiment fait l'expérience. Et nombre de villageois avaient sorti des tables et chaises pour dîner dehors, à la lumière des lampes-tempêtes, profitant de la relative fraîcheur du soir. Quelques-uns le saluèrent tandis qu'il se dirigeait vers la maison de Martha. Celle-ci se trouvait dehors elle aussi, attablée devant un tricot, tout comme Sylvia, qui avait droit au confort d'un fauteuil à bascule rehaussé de coussins. Elle se leva pour l'accueillir, les traits un peu tirés, mais souriante.
" Enfin ! Je vais finir par croire que tu prends plaisir à nous faire attendre !

Kasumi esquissa un sourire penaud avant de se pencher pour embrasser sa compagne. Elle avait vraiment du s’inquiéter pour n’avoir pas relevé d’emblée l’état dans laquelle il avait mis se tenue et qu’il ne parvenait pas à dissimuler.

- Certainement pas, ma chère, mais j’ai encore plus de plaisir à te retrouver le soir !

Il lui sourit à nouveau avant d’annoncer un peu plus sérieusement :

- Mais je suis tout de même désolé de ce contretemps : je file me changer et je reviens pour tout te raconter si tu veux.

Sans compter qu’un bon décrassage ne serait certainement pas superflu étant donné qu’il avait rampé dans la boue et la poussière une bonne partie de l’après-midi.

" Oui, je crois que ça s'impose..., fit-elle en reculant d'un pas pour constater les dégâts. Ah, mais en plus c'est troué de partout ! Je n'avais pas vu l'étendue des dégâts... Tu as traversé des ronces si méchantes que ça ? Ou tu as affronté un tigre à main nues ?"
Elle parlait sur le ton léger de la plaisanterie, mais ses yeux ne souriaient pas et reflétaient une légère inquiétude.
" Les récits attendront... que vous soyez propre !" intervint Martha d'un ton faussement sévère.

Le demi-elfe ne s'était pas laissé dupé par le ton de sa fiancée mais il répondit tout de même un peu laconiquement pour la rassurer avant de gagner la maison :

- Rien d'aussi épique - ou téméraire - cette fois : je me suis fait bêtement surprendre par un trou qui m'a sauté tout autour !

C'était la vérité mais ça n'en était qu'une parcelle et il savait qu'il aurait droit à un interrogatoire en règle tant qu'il n'aurait pas tout dit au retour de ses ablutions. Il profita donc de ces quelques minutes pour remettre un peu d'ordre dans ses idées et confronter ses hypothèses avec un peu de recul.

Lorsqu'il revint, l'immuable assiette de soupe chaude l'attendait -la version "été" était un peu plus claire que d'habitude pour bien réhydrater l'organisme. C'était savoureux et, mine de rien, il s'apercevait qu'il avait faim après sa journée passée à crapahuter dans les bois. Sylvia eût la gentillesse de le laisser finir son assiette avant de démarrer son interrogatoire.
" C'est quoi cette histoire de trou, alors ? Parce que vu le nombre de... trous, justement... que tu as à tes vêtements, ça me parait un peu bizarre. Grimper ou ramper, ça use les genoux et les coudes, ça ne fait pas un trou au beau milieu des fesses !"

Kasumi répondit avec le plus grand sérieux du monde mais il avait bien du mal à contenir un sourire à l'évocation du fait qu'il avait dû battre la campagne avec des guenilles qui ne masquaient pas tout à fait certaines parties de son anatomie. C'est surtout qu'il avait furieusement l'impression d'être redevenu le petit garçon d'autrefois :

- J'ai aussi dû ramper et tenté de grimper pour sortir du trou ! Mais j'ai provoqué ces déchirures en me servant de mes chausses pour improviser une corde que j'ai accroché à une branche opportune. Je ne voulais pas envoyer Première Neige chercher de l'aide au village vu la tension avec les loups alors j'ai dû improviser. Mais je n'ai jamais été en danger si ça peut te rassurer.

" Ca me rassure... à moitié. Tu n'as pas la mine de quelqu'un qui pense n'avoir couru aucun danger. Mais cela dit, tu as bien fait de ne pas envoyer Première Neige par ici. J'en connais qui risquaient de tirer à vue, sans réaliser qu'elle ne ressemble pas aux loups de la meute."
Elle soupira.
" N'empêche, il faudrait que tu aies un moyen de me prévenir s'il t'arrive quelque chose. Peut-être en utilisant Première Neige, justement. Tu ne peux pas l'envoyer au village, mais elle doit pouvoir rejoindre la cabane discrètement. Alors... disons que si un soir tu ne rentres pas, la première chose que je ferai le lendemain matin est de me rendre à la cabane. Si tu as pu y envoyer ta louve avec un message, ça me rassurera... A moins que tu n'aies une autre idée...?"

Cela ne coûtait pas grand-chose et cela lui paraissait en effet une bonne idée pour tenter de la rassurer. Mais cela signifiait aussi que Sylvia recouvre une partie de sa liberté de mouvement – même si c’était sous la surveillance de Martha. Le demi-elfe répliqua aussitôt d’un ton raisonnable :

- Je vais éviter de t’inquiéter en ne rentrant pas chaque soir mais d’accord, si cela devait advenir, j’enverrais première Neige à la cabane jusqu’au lendemain matin. C’est dans ses cordes et elle serait heureuse de te revoir !

Il sourit, n’envisageant qu’à demi cette éventualité, puis ajouta d’un ton un peu plus hésitant :

- Peut-être que tu pourrais aussi demander à Vif-Argent de m’accompagner le matin : je ne bouge pas vraiment d’une zone donnée en cours de journée et il pourrait ainsi me retrouver beaucoup plus facilement en cas de besoin.

Sylvia grimaça.
" J'y avais pensé mais ce n'est vraiment pas son terrain de prédilection. Il est fait pour voler dans de grands espaces, pas pour slalomer entre les troncs. Sa place est au-dessus des feuillages, et une fois là-bas il te perdra de vue. Bien sûr, il te repérera par moments, quand tu passeras dans une clairière ou près du fleuve, mais il ne peut pas passer la journée à guetter en faisant des cercles là-haut. Et je ne crois pas qu'il ait envie, non plus, de passer la journée sur ton épaule... Donc je ne crois pas que ce soit une bonne idée, en fait. Évidemment, si j'ai des raisons de m'inquiéter... je veux dire plus que d'habitude... je l'enverrai espionner la zone. Mais bref..."
Elle planta son regard dans les yeux de Kasumi.
" Tu n'espère quand même pas t'en tirer à si bon compte avec cette histoire de trou ? Parce qu'un trou profond dont il serait difficile d'en sortir, ça n'est pas fréquent dans une forêt aussi plate. On n'est pas en montagne où il y a des fissures un peu partout..."

Il ne put s’empêcher de se sentir en faute et de le manifester visiblement en déglutissant et en baissant les yeux, l’espace d’un instant fugace mais qui n’avait certainement pas échappé au regard d’aigle de sa compagne : il n’avait tout simplement jamais su lui mentir et il n’en avait de toute façon pas vraiment envie. Il répondit donc d’une voix calme et qu’il espérait apaisante :

- Le trou n’était pas naturel et il y en avait plusieurs autour du tertre où nous avons trouvé le grand cercle de pierres. J’y suis tombé en suivant les traces de deux personnes qui ont profané la résurgence que j’avais réussi à nettoyer l’autre jour. C’était un piège évidemment, mais le trou débouchait sur un réseau de galeries sous la colline. Je pense que c’était une sorte de lieu de réunion mais je n’y ai trouvé personne.

" Oh..."
Sylvia se tut un moment, digérant les informations, analysant la situation.
" Tu dis que l'endroit où tu avais trouvé le bosquet a à nouveau été profané ? Oh les salauds. Donc ils sont dans les parages... Et... -son ton se fit soudain plus alarmé, puis véhément- tu te rends compte que tu aurais pu tomber sur eux ? Qu'ils auraient pu être présents dans les galeries ? Tu te rends compte qu'ils t'ont tendu un piège, qu'ils savent que tu es sur leurs traces ? Tu te rends compte... c'est dangereux pour toi de retourner là-bas !"

Il s'en rendait bien compte : tenter de restaurer le bosquet était de fait s'exposer à affronter tous ceux qui voulaient l'empêcher et il n'avait pas particulièrement cherché à dissimuler ses actions. Peut-être pas excès de confiance, peut-être parce qu'il brûlait de forcer ses ennemis à se découvrir pour les affronter.

En tous cas, il ne comptait pas renoncer en songeant aux risques. Il avait énormément à perdre bien sûr mais il ne pouvait pas pour autant se trahir sous ce prétexte. Il attrapa une des mains de Sylvia et la serra fort dans la sienne avant de répondre d'un ton doux :

- Je n'ai pas le choix : si je ne les débusque pas, ils seront toujours là à fomenter des horreurs. Je pourrais peut-être demander de l'aide mais je ne sais pas vraiment où...

" Et bien, je ne sais pas moi... aux autorités ? Luméniennes peut-être ? Il doit bien y avoir des personnes pouvant aider à venir à bout de ces hommes ! Tu n'as pas à les affronter tout seul et à te mettre en danger !"
Martha secoua la tête, doucement.
" Je ne sais pas si les autorités se dérangeront dans ce cas. Qu'avez-vous à reprocher à ces hommes finalement ? Je veux dire, quelque chose qui tombe sous le coup de la loi..."

Le rôdeur acquiesça à l'adresse de Martha et répondit sombrement :

- Vous avez raison : même si je suis bien vu auprès de la garde luménienne, je doute que le commandant accepte de dépêcher des renforts sur de simples soupçons et pour des hommes qui ont pollué une source d'eau pure et abattu des animaux sauvages...

Il marqua une pause et ajouta :

- Je pourrais tenter de trouver d'autres rôdeurs ou des druides mais ça pourrait prendre des semaines... Bref, je crois que c'est à moi de traquer ces monstres. Peut-être avec l'aide des loups si Première Neige peut m'aider à les convaincre de m'aider.

Sylvia acquiesça.
" Il faut au moins que tu aies Première Neige avec toi. Si jamais ils t'attaquent, elle pourra te défendre... Venir chercher de l'aide en cas de besoin. Et peut-être même que sa simple présence les fera réfléchir à deux fois !
- Oui mais si elle ne reste pas auprès des loups pour nous prévenir d'une attaque... ça pourrait mal tourner. Parce que tôt ou tard, ils reviendront s'en prendre à nos troupeaux. Ou à des humains peut-être..."

Voilà qui avait de quoi donner des maux de tête : Kasumi avait à nouveau l’impression qu’il ne pouvait pas être de tous les combats sur tous les fronts et que pourtant il n’avait pas le choix s’il ne voulait pas échouer dans aucune de ses missions. Mais il devait se rendre à l’évidence : il perdait un temps très précieux en vaines recherches et il ne pouvait – en outre – pas être partout à la fois pour surveiller les loups d’un côté et ses ennemis invisibles de l’autre. Sans compter que tout cela ne faisait pas avancer la restauration du Bosquet. Il poussa un soupir de lassitude avant de répondre :

- Je vais demander à Bertrand s’il ne pourrait pas me conseiller un ou deux chasseurs expérimentés et de confiance.

Sylvia haussa un sourcil.
" Des chasseurs ? Pour quoi faire ? Pas pour surveiller les loups, je présume..."
Martha, quant à elle, écoutait d'une oreille intéressée tout en desservant la table.

Non, jamais il ne choisirait d'amener les chasseurs près des loups sachant la propension des premiers à vouloir abattre les seconds et la méfiance viscérales de ces derniers vis-à-vis des hommes, entraînés à tuer qui plus est.

- Je pensais au contraire leur demander de m'accompagner : pour m'aider à explorer les galeries, dissuader les cultistes de me tendre une embuscade. Voire m'aider à purifier à nouveau la source : ce serait moins dangereux de travailler tout en ayant quelqu'un pour monter le guet.

Sylvia acquiesça, mais Martha parut peu convaincue.
" Les chasseurs... vous savez, nous n'avons pas vraiment de chasseurs. Je veux dire, ce n'est pas leur métier. Ils sont menuisiers, paysans ou éleveurs et font cela en plus de leurs activités habituelles, à temps perdu, pour agrémenter un peu l'ordinaire. Ils peuvent se libérer une journée voire deux s'il s'avère nécessaire d'organiser une battue, parce qu'ils seront motivés et convaincus que c'est indispensable. Mais vous accompagner pour faire le guet, pendant que vous nettoierez une source, ou pour explorer des galeries abandonnées... Bah, vous pouvez toujours leur en parler, mais c'est une tâche qui risque de prendre plusieurs jours et je doute que ça les motive suffisamment pour qu'ils abandonnent leur ouvrage..."

Kasumi ne put retenir une grimace ironique : aller abattre des loups semblait moins indispensable que de purifier un sanctuaire qui permettrait de sécuriser beaucoup plus durablement le village et ses abords ou de traquer les hommes qui étaient à l'origine des perturbations et des attaques récentes...

Décidément, il se demandait de plus en plus si son entreprise n'était pas entièrement vouée à l'échec et si les habitants de Peyregorde n'avaient pas, quelque part, laissé pourrir la situation bien trop longtemps. La moisissure portée par les suppôts de Malar y avait en tous cas trouvé un terreau favorable.

- J'irai parler à Bertrand demain. Peut-être pourra-t-il me conseiller quelqu'un, même s'il habite ailleurs.

" Ca ne coûte rien d'essayer !" approuva Sylvia.
Martha se contenta d'un haussement d'épaules peu convaincu, tandis que Sylvia allait chercher le semblant de carte qu'ils avaient tracée.
" A tout hasard... Indique-moi où se trouvent les entrées de ces galeries. Si jamais tu disparais à nouveau, on saura où te chercher..."

[img][IMG]http://www.baldursgateworld.fr/lacouron ... -final.jpg[/img]

HRP : légende :
zones de coupe des bucherons : en brun
zones d'arbres ancestraux : en vert + foncé
emplacement de l'ancienne source nettoyée : en bleu au milieu des arbres
"caverne" en bas : tanière des loups
et tu repères sans souci les chemins d'accès au village et les directions, les cercles de pierre, la cabane de rôdeur, le village, le fleuve, une entrée des galeries sous le monticule...
Après, c'est pas parfaitement à l'échelle non plus

Kasumi espérait que Sylvia ne serait pas assez téméraire pour se rendre elle-même sur place s'il venait à tarder à rentrer et il craignait un peu sa réaction quand il désignerait le lieu chargé de magie néfaste - et donc forcément dangereux - qu'ils avaient découvert ensemble. Toutefois, il n'hésita pas à lui montrer l'emplacement du trou par lequel il était sorti et de l'autre par où il était tombé.

- J'ai l'impression que ça pourrait être l'ancienne base d'opération des profanateurs du bosquet ancestral.

Elle opina du chef.
" En tout cas, il s'agit certainement du lieu de rencontre de la secte maléfique qui a érigé le cercle de pierre en haut de la petite éminence. Peut-être des malarites... Quant à savoir si ce sont les mêmes personnes qui ont profané le bosquet... C'est possible, mais peut-être que ce culte maléfique est très antérieur à la disparition du bosquet. Ou qu'il s'est au contraire installé après... D'ailleurs as-tu eu l'impression que ces galeries étaient toujours fréquentées ? Y avait-il des traces de passage récent ?"

Il était soulagé que sa fiancée prenne cette nouvelle aussi bien et ne tarda pas à lui répondre d'un ton serein :

- Je n'ai découvert aucune empreinte à part à l'extérieur avant que je ne tombe dans le trou. Cela dit, il y avait tout de même deux peaux d'ours qui restait dans l'une des salles les plus proches du sommet : je ne sais pas dire si elles ont servi récemment mais c'était les seules signes d'occupation plus ou moins récente.

" Peut-être qu'elles sont anciennes et protégées magiquement contre les dégradations liées au temps, fit Martha, songeuse. Je n'y connais rien dans ces domaines...
- N'empêche qu'ils t'ont volontairement tendu un piège à cet endroit, non ? Donc ils étaient probablement au courant de l'existence de ces galeries. Ce serait quand même un sacré hasard que le piège se soit trouvé juste à côté sans qu'ils en aient connaissance. Donc s'ils connaissent ce réseau de galeries, on peut présumer qu'ils l'utilisent. Enfin, je suppose."
La rôdeuse grimaça.
" C'est rageant de n'avoir aucune certitude, de devoir se baser sur des suppositions. Mais tout de même... ce serait quand même mieux si tu pouvais être accompagné là-bas. Je n'aime pas te savoir seul... "

La Couronne de Cuivre

[Lieu] Peyregorde