[Lieu-dit] Le parc verdoyant de Lumenis

[Galathée]

Il s'assit et demeura un instant silencieux, regardant la foule autour d'eux.
" Je ne sais pas si j'ai la force que vous me prêtez, Chandara. Le soleil, quand il rayonne, éclipse toutes les étoiles. L'ombre ne me gêne pas, si je peux contempler la lumière, mais... le soleil brûle aussi."
Il pinça les lèvres.
" Vous êtes radieuse... Qui pourrait le nier... Mais... J'ai la sensation que je ne ferai jamais le poids."

[Chandara]

L'expression de la jeune-femme se figea et elle détourna un instant son regard vers les couples qui se promenaient autour d'eux sans avoir conscience de ce qui était en train de se jouer pour eux deux. Ce que les paroles d'Arthur semblaient signifier. Elle frissonna comme si le soleil s'était soudain voilé et que la température avait chuté alors qu'il n'en était bien sûr rien. Elle s'éloigna quelque peu avant de relever le visage vers lui, un air farouche dans le regard qui pouvaient à tout moment se transformer en larmes, il devait en être persuadé.

- Pourquoi ne feriez-vous pas le poids, Arthur ? Est-ce que je vous semble si difficile à vivre ? Je sais que je le suis quelque part, que je ne réfléchis pas assez, que je me lance parfois trop vite au devant des difficultés. Mais vous êtes le seul avec qui j'ai l'impression de ne pas avoir à jouer la comédie. A camper le rôle d'héroïne sûre d'elle. Est-ce que je me trompe ? Est-ce que cela ne signifie rien ?

A nouveau elle baissa les yeux comme s'il était trop difficile d'affronter son regard après s'être ainsi livrée. Comme si la réponse du paladin allait immanquablement la blesser.

[Galathée]

Le jeune homme se leva précipitamment et franchit la distance qui les séparait. Il l'attrapa par la main, demeura planté devant elle, une seconde.
" Chandara... Vous ne vous voyez pas... Si vous le pouviez... Vous comprendriez qu'un homme tel que moi... puisse ne pas se sentir à la hauteur. Vous êtes formidablement belle, j'aurai toujours peur qu'un autre ne vous convoite et ne vous ravisse. Vous êtes feu, je suis... eau. Ou air. Je ne sais pas. Je me sens... immensément honoré de l'affection que vous semblez me porter... Je voudrais m'en montrer digne. Mais j'ai l'impression que dans le fracas de la guerre, avec la tension, les émotions, les risques... Vous vous êtes tournée vers moi... alors que vous me connaissez à peine... et désormais... vous vous raccrochez à une image de moi... qui m'inquiète... J'ai peur que vous réalisiez subitement que vous avez imaginé quelque chose qui n'existe pas. Vous... vous êtes tellement lumineuse, tellement formidable, n'importe qui tomberait amoureux de vous en quelques minutes... Vous êtes drôle, belle, généreuse, courageuse... Marcher à votre bras, c'est... tellement incroyable pour quelqu'un comme moi... La moitié de la commanderie est persuadée que vous êtes une cousine..."

[Chandara]

Les yeux de Chandara s'était écarquillés à mesure que le paladin parlait et c'étaient de grands yeux étonnés qui le regardaient quand il en eut fini de son discours bourré de compliments propres à la faire chavirer. Elle en aurait rougi si le moment n'avait pas été marqué par une telle tension seulement quelques instants plus tôt. Provisoirement à court de mots, elle demeura quelques instants de plus interdite avant de se lever précipitamment et de l'étreindre tendrement dans ses bras. Elle enfouit sa tête contre sa poitrine et poussa un long soupir avant de répondre enfin d'une voix marquée et sans quitter sa position rassurante :

- Vous ne vous en sortez pas si mal pour complimenter une femme. Jamais encore on ne m'avait parlé ainsi ni avec une telle sincérité et j'ai bien du mal à croire qu'un homme puisse me voir ainsi que vous me décrivez. Je ne m'accroche à aucune image de vous, Arthur. J'ai juste envie de m'accrocher à vous tel que vous êtes et pour cela j'ai besoin de vous découvrir. Mais je sais déjà que vous êtes plus courageux que vous en avez l'impression pour avoir osé me dire ces choses et m'ouvrir ainsi votre cœur. Et vous êtes plein de charme, tout timide et modeste que vous êtes. A tel point que vous avez été remarqué par une jolie Sunite dont j'ignore le nom, ce n'est pas rien !

Elle releva la tête et esquissa un pauvre sourire comme pour montrer qu'elle entendait apaiser la tension qui était née entre eux avec cette dernière remarque. Quoique...

[Galathée]

Arthur était devenu rubicond, signe sans doute que ses paroles avaient été un peu plus loin qu'il ne l'avait escompté. Il avait cependant passé un bras autour de la jeune femme et il essaya de lui sourire — dans une grimace — quand elle releva les yeux. Apparemment, il ne se souvenait déjà plus de la Sunite dont il était question.
" J'ai l'impression que je suis tellement jeune... et que vous êtes tellement... tellement plus loin que moi, déjà..."
Il ferma les yeux.
" Laissons-nous le temps de nous découvrir, alors. J'ai du charme, vous êtes formidable. Ce n'est pas un mauvais début."

[Chandara]

Elle glissa elle aussi un bras derrière son dos pour se blottir un instant de plus contre lui avant de répondre d'une petite voix apaisée :

- Oui, c'est un bon début. C'est comme ça que j'ai envie de le voir moi aussi. Nous avons tout le temps, Arthur. Nous sommes jeunes et je ne suis pas pressée et encore moins vous pressez vous : certaines choses sont bien plus savoureuses quand on prend le temps de les savourer, pas vrai ? D'autant que tout cela m'effraie un peu je dois dire : je n'en ai pas l'habitude.

[Galathée]

" C'est une chance, peut-être." dit-il à mi-voix.
Il la relâcha doucement, toujours empourpré. Ils étaient au milieu de la foule dense des promeneurs et plusieurs personnes les regardaient, amusées. Personne ne fit le moindre commentaire, cependant.
" Ça me rappelle une autre fontaine, dans un autre endroit. Mon voeu ne s'est toujours pas réalisé."

[Chandara]

Elle s'écarta de lui mais sans aucune précipitation, non pas parce qu'ils avaient attiré l'attention d'un certain nombre de passants mais parce qu'elle sentait qu'il valait mieux ne pas précipiter les choses, aussi agréable soit la sensation d'être dans les bras d'Arthur. Elle se tourna vers la fontaine puis vers Arthur avant de répondre d'un ton tranquille :

- Mais il se réalisera un jour. Bientôt. Quand le moment sera venu. Et alors je le fêterai avec quelqu'un qui n'en a jamais douté et m'a encouragé quand je n'y croyais plus moi-même. C'est charmant de m'avoir conduit ici en tous cas.

[Galathée]

Arthur se leva, l'entraînant avec lui.
" Je vais vous emmener au Belvédère. C'est un endroit intéressant aussi... Bizarre, mais intéressant. C'est plus par là..."
Il la mena à nouveau sur l'allée, puis l'entraîna vers un chemin de gravier qui grimpait vers une curieuse rotonde de pierre. Au passage, comme ils frôlaient un massif de fleurs blanches, Arthur jeta un petit coup d'oeil derrière lui, puis en cueillit une rapidement. Il la tendit ensuite à la jeune femme.
" Je me suis dit... heu... que cela contrasterait joliment avec le roux de vos cheveux..."

[Chandara]

Arthur avait su éveiller sa curiosité et elle l'avait suivi en se demandant à quoi pouvait ressembler ce lieu bizarre mais intéressant. Et, alors qu'ils allaient atteindre leur destination et qu'elle brûlait d'assouvir sa curiosité, il la prit totalement au dépourvu par son geste. C'était à la fois attentionné, touchant et incroyablement subtil. Elle sentit le rouge lui monter aux joues alors que son visage s'illuminait d'un sourire ravi et reconnaissant. Elle s'empara avec délicatesse de la petite fleur fragile et ne sut pas vraiment quoi dire pendant une longue minute. Elle finit cependant par demander d'une voix un peu intimidée :

- C'est une charmante attention. Est-ce que... Est-ce que vous voulez bien me l'accrocher ? J'adorerais ça, je crois.

[Galathée]

" Je pense que c'est dans mes cordes." répondit Arthur, un peu trop sérieusement.
Il se pencha sur la jeune femme et lui glissa précautionneusement la fleur au-dessus de l'oreille droite, dans ses cheveux.
" Bon... Si on nous pose la question, on dira qu'elle était déjà tombée... Je ne suis pas certain qu'on ait le droit de se servir dans les parterres. Mais dans le fond... Elle vous va encore mieux qu'à la plante sur laquelle elle a poussé."

[Chandara]

Chandara frémit légèrement en sentant la main dans ses cheveux et son cœur accéléra légèrement son rythme comme à chaque fois qu'elle se retrouvait aussi proche du jeune homme.

- Vous exagérez, Arthur ! En tous cas c'est très gentil à vous de le dire et la fleur est très jolie. Je la porterai avec fierté même s'il faut pour cela défier des jardiniers en colère puisqu'elle vient de vous. Mais éloignons-nous vite de ce parterre pour dissiper tous les soupçons !

Elle se coula à nouveau sous son bras et le laissa l'entraîner sans hâte sur les quelques mètres qui les séparaient encore de la rotonde en pierre qu'elle avait aperçue.

[Galathée]

Quête : Un autre appel

Quittant le Belvédère, les deux jeunes gens reprirent donc leur promenade dans les allées du parc. Arthur savait manifestement où aller et il entraîna Chandara jusqu'à une pelouse où se dressaient des petits étals au toit de paille. Là, une dizaine de vendeurs ambulants proposaient des breuvages divers aux badauds qui se pressaient autour d'eux. Il faut dire qu'il faisait terriblement chaud.
" Voilà... Jus de fruits, alcools légers... Il y a de l'eau aussi... C'est le clerc d'Eldath assis là qui la fournit, généreusement... Et il y a moyen d'avoir de la glace... Normalement... Si les étudiants de l'université y ont pensé."

[Chandara]

La jeune-femme avait suivi Arthur avec la tête un peu ailleurs mais elle s'était efforcé d'assouvir sa curiosité en jetant des regards dans toutes les directions durant le trajet. Partout se déployait un déferlement de beauté qu'elle était à cent lieues d'avoir jamais imaginé. La proposition d'Arthur avait dès lors fait écho à sa soif de découverte et d'émerveillement et elle avait répondu avec enthousiasme :

- Ce sera parfait, j'en suis certaine. Tout comme l'est cette journée jusqu'ici.

Malgré tout, elle était loin de s'être représenté l'allée, ses étals, la variété de choix et l'organisation toute naturelle et complémentaire qui s'instaurait dans ce chaos de vendeurs et de badauds.

- Je crois que je prendrais bien un jus de fruit bien frais : l'alcool me ferait tourner la tête par cette chaleur. Que me conseillez-vous ?

[Galathée]

" Et bien... Ça dépend si vous êtes aventurière en matières fruitières ou pas... Il y a du jus de noix de coco, de banane, d'ananas, de litchi, de grenade... Je ne sais pas, parmi ces fruits, lesquels vous sont familiers... Enfin... On trouve les classiques, bien sûr, si vous préférez la pomme, la poire, ou les fruits rouges... Les gens de Solarcis et des cités du nord nous envoient généralement des agrumes, donc il doit y avoir des citrons, ce genre de choses..."
Il lui sourit.
" Moi j'aime beaucoup la grenade, mais ça a un petit goût... parfois râpeux en bouche. Franchement, c'est à vous de voir !"

[Chandara]

Le choix était difficile tant il était varié pour que chacun puisse y trouver son compte. Chandara était toutefois dans une dynamique de vouloir gouter à l'exotisme et elle ne fut pas très longue à se décider :

- Si vous prenez de la grenade, je vais opter pour autre chose comme ça nous pourrons partager les saveurs ! Voyons voir... Je n'ai jamais gouté de noix de coco alors je crois que je vais commencer par là !

Elle sembla hésiter un peu puis ajouta finalement avec circonspection :

- En revanche c'est mon tour de payer si cela ne vous dérange pas.

[Galathée]

Arthur secoua la tête.
" Quoi ? Non. Ce serait inconvenant. Vous êtes mon invitée. Je ne peux pas accepter, désolé."
Sans lui laisser le temps de répondre, il se faufila jusqu'à un étal où on vendait des jus exotiques et négocia quelques secondes avec la vendeuse — une demi-elfe à la peau brune et aux yeux très bleus — avant de revenir vers Chandara en lui tendant une coque poilue.
" C'est la noix de coco elle-même, dit-il. On laisse le jus dedans."
Lui-même avait un bol de bois clair, rempli d'un jus rouge profond. Autour d'eux, les Luméniens bavardaient en prenant leurs rafraichissements, comme si la pelouse avait été un lieu de rencontre ordinaire.

[Chandara]

Chandara n'aurait pas voulu insister même s'il lui en avait donné l'occasion : la chose semblait lui tenir très à cœur alors elle se serait bien gardé de le contrarier. L'épisode déjà oublié, elle s'empara de la coque avec une expression amusée. La jeune femme s'éloigna de l'étal pour ne pas gêner la presse et trempa ses lèvres dans le jus peu sucré mais incroyablement rafraîchissant. En fait de jus, il s'agissait plutôt d'un mélange de lait et d'eau. Elle releva la tête, les lèvres et le dessous du nez légèrement maculées sans qu'elle s'en soit rendu compte :

- C'est vraiment délicieux ! Vous voulez goûter, Arthur ?

[Galathée]

Arthur sourit mais ne fit aucune remarque.
" Seulement si vous le désirez... J'ai déjà eu l'occasion de tester, je dois dire... Mais testez la grenade, vous me direz ce que vous en pensez. C'est très rafraichissant et apparemment, pas mauvais pour la santé.
— En plus, c'est un symbole d'amour, ce qui vous sied bien, à tous les deux." dit subitement un homme sur leur droite.
Grand, châtain, les yeux très verts, il portait un costume de soie rouge vif. Il leur décocha un petit sourire mutin, mine de rien, puis son regard s'attarda un moment sur Chandara. Mine de rien, là aussi.

[Chandara]

Chandara était ravie à l'idée de goûter aussi à la boisson du jeune-homme, une chose qu'elle se serait jamais permise de demander à quiconque sinon lui. Elle approchait déjà ses lèvres du bol de bois clair quand l'interruption manqua de peu la faire sursauter tant elle était inattendue. Elle rougit instantanément de sa remarque mais quand elle sentit son regard l'examiner, elle s'approcha subrepticement d'Arthur, sans savoir si elle cherchait à se protéger, à faire front ou à dissuader un éventuel importun. Elle ne mit qu'une seconde pour associer la couleur qu'il portait à celle des costumes qu'elle avait aperçus le matin même en un autre endroit.

- Pardonnez-moi, ser ? Il me semble que nous n'avons pas été présentés.

Elle nota elle-même qu'elle avait manifesté autant de curiosité - sinon plus - que de reproche dans la voix. Et - un peu tardivement sans doute - elle interrogea Arthur du regard pour savoir si lui-même connaissait celui qui venait de les aborder.

[Galathée]

" Effectivement, dit l'homme sans se départir de son sourire. Mais j'imagine que vous ne demandez pas d'être présentée à toutes les personnes qui croisent votre route et qui vous adressent la parole, si ? Vos journées doivent être bien... fatigantes, si c'est le cas."
Il s'inclina ensuite, poliment.
" Je suis Soren, et je sers la Dame aux Cheveux de Feu, comme vous vous en doutiez déjà, si vous y entendez quelque chose en religion... Et vous... Vous, vous êtes dorrandine. Puis-je voir vos mains ?"
Arthur n'avait encore rien dit et paraissait sur ses gardes, mais jusqu'ici, le Sunite ne s'était pas montré inconvenant. Pas encore.

[Chandara]

Il fallait reconnaître à ce Soren que son sourire et son ton assuré lui conféraient un certain crédit. Il venait de confirmer ce dont elle se doutait mais pour aussitôt la déstabiliser par son affirmation et sa requête. Si la première pouvait aisément s'expliquer par son accent étranger sans doute très reconnaissable, elle ne voyait pas bien où il voulait en venir avec la seconde. Elle jeta un regard en direction d'Arthur, s'efforça d'afficher un sourire rassurant et lui confia sa coque avant de se retourner vers le Sunite pour répondre d'un ton cette fois plus courtois voire même un peu amusé :

- J'ai du respect pour votre déesse mais vous devez reconnaître que votre requête est quelque peu inhabituelle... Mes études en la matière sont peut-être lacunaires mais il ne me semble pas que prédire la bonne aventure fasse partie de l'apanage des clercs de Sunie.

De bonne grâce, elle n'en montra pas moins ses mains, les tendant devant elle, paumes vers le haut.

[Galathée]

Il lui prit les mains et passa rapidement les pouces sur ses doigts.
" Cavalière. Paladine, peut-être même, vu le charme... et l'engeance avec laquelle vous traînez. Mais ça fait un moment que vous n'avez plus monté à cheval, vos paumes ont presque retrouvé la douceur qui leur sied..."
Il sourit — il avait un sourire terriblement séduisant, il était sunite, après tout — puis la relâcha.
" Ah, les paladines de Manost... On pourrait craindre la glace, mais elles sont feu, mon ami. Rien que du feu. Prenez garde de ne pas vous brûler."
Il s'adressait à Arthur, qui était cramoisi, mais il adressa un clin d'oeil à Chandara.
" Passez donc me voir au Temple, à l'occasion. J'ai une proposition malhonnête à vous faire."

[Chandara]

On se sentait facilement mise à nue face à un Sunite qui prenait autant de libertés et l’ancienne helmite ne manqua pas se sentir embarrassée et même gênée par ses remarques et surtout le clin d’œil qui lui était adressé et la sortie dernière réplique de Soren. Elle ne voulait cependant pas lui laisser le dernier mot et puisa dans son courage pour répondre assez ingénument :

- C’est déjà la deuxième invitation que je reçois de la part des vôtres aujourd’hui et je suis plutôt curieuse de nature. Donc je pense passer dans les prochains jours. Mais vous comprendrez aisément que je préfère passer toute ma première journée luménienne avec mon bienaimé. Une dernière chose cependant, dois-je apporter mon marteau pour vous garder de me faire une proposition qui pourrait m’offenser ?

[Galathée]

Le clerc rit de bon coeur.
" Prenez donc votre marteau, la belle. J'en ai quelques uns, moi aussi, nous pourrons comparer leur efficacité respective."
Il se tourna à nouveau vers Arthur et sourit.
" Mais vous avez raison de profiter de cette belle journée pour conter fleurette. Quant à moi, je n'ai nulle inquiétude. Votre curiosité a été piquée et je sais donc, qu'immanquablement, vous franchirez nos portes."
Puis, sur un salut, il abandonna le jeune couple à ses jus et disparut au détour d'une allée.

[Chandara]

Quand le clerc eut disparu, Chandara accorda à nouveau toute son attention au jeune et beau paladin, s'exclamant dans un soupir :

- Quel toupet tout de même, ces Sunites !

Elle esquissa une grimace puis sourit à nouveau comme pour mieux reléguer l'incident dans les oubliettes :

- Où en étions-nous ? Ah oui, vous me proposiez de goûter à votre délicieuse boisson...

[Galathée]

Arthur parut sur le point de dire quelque chose mais renonça et tendit la coupe de jus de grenade à la jeune femme. Comme il le lui avait annoncé, c'était très rafraichissant, un peu piquant sur la langue, moins doucereux que le lait de coco. Le jeune paladin semblait n'avoir aucune intention de revenir à l'incident qui venait de se produire, car il désigna ensuite à Chandara une autre zone du parc, très fleurie, qu'il se proposa de lui faire visiter.

[Chandara]

Ne voulant pas le priver de sa boisson, la jeune-femme s'était contenté d'en prélever une gorgée mais c'était suffisant pour affirmer avec sincérité :

- Vous avez très bon goût, Arthur ! Pour les boissons et les lieux de promenade, s'entend !

Elle lui rendit son bol, récupéra sa coque puis s'apprêta à le suivre à nouveau pour découvrir d'autres ravissements. Elle avait toujours aimé les fleurs mais Luménis semblait propice à la culture de variétés aux coloris dont elle n'avait jamais vu l'équivalent.

[Galathée]

Arthur l'entraîna d'abord dans une roseraie aux couleurs éclatantes, où des corolles de tous les rouges et les roses imaginables côtoyaient quelques roses jaunes, blanches ou même bleues. On les avait fait pousser en buissons, en palissades, en arches, autour de petites allées pavées qui dessinaient un labyrinthe. Arthur expliqué à Chandara que, du ciel, leur tracé formait le dessin d'un navire, en souvenir de l'amiral luménien qui, une cinquantaine d'années auparavant, avait fait planter ce jardin.
Plus loin, il l'emmena vers une curieuse structure en métal noir et verre.
" Ce sont des serres. C'est une construction assez rare, en Hélonna. Je ne sais pas si vous avez ce genre de choses chez vous. On les construit pour garder des plantes mazticannes... Elles sont restées abandonnées un certain temps, alors une grande jungle y a poussé, mais depuis quelques mois, on y met de l'ordre, apparemment..."

[Chandara]

Chandara avait été époustouflée par le passage dans la roseraie, enivrée du parfum capiteux, étonnée par la multitude de teintes des plus classiques aux plus rares. Elle s'était arrêté plus d'une fois pour contempler tel ou tel massif, telle ou telle réalisation particulièrement ingénieuse ou esthétique. Et elle n'était pas au bout de ses surprises apparemment : elle regarda la serre que lui désignait Arthur et écouta ses explications avant de répondre d'une voix pleine de curiosité :

- Je n'en ai jamais vues mais je suis loin d'être une spécialiste. Des serres comme des plantes Mazticanes je veux dire. Mais alors, il y a une jungle qui se cache là-dessous ? Vous croyez qu'on peut y entrer ? Ou alors c'est un peu dangereux peut-être...