La Couronne de Cuivre

Aknoll se rapprocha toujours hallebarde en main des bruits venant des fourrés.

Fendel sortit des fourrés à vive allure, son épée en main et Aknoll dut à ses réflexes d'éviter de le blesser avec sa hallebarde.

- Des ennuis, Aknoll ? J'ai entendu un ours...

Aknoll fut soulagé de voir que ce n'était que Fendel.-Oui il y avait un ours mais j'ai réussi à l'attirer loin du campement et de le semer.

La réponse du guerrier ne se fit pas attendre et il répliqua d'un ton appréciateur tout en jetant un regard nerveux en direction des fourrés.

- Bien joué ! Eloignons discrètement et ravivons le feu : il n'osera pas s'approcher du campement. J'ai connu bien des imbéciles qui se seraient rués pour le massacrer au péril de leur vie. Je suis ravi de voir que nous avons fait le bon choix en t'engageant.

-Merci. Il n'y a que toi qui est réveillé?Aknoll se demanda comment Fendel l'avait entendu,pourtant il était assez loin du campement lorsque il avait rencontré l'ours.

Fendel prit les devants pour les ramener vers le campement avant de répondre :

- Non, Brus est aussi réveillé mais il a préféré rester auprès du chariot. Cet ours nous a tous les deux réveillé en sursaut.

Aknoll put constater que le guerrier n'avait pas menti quand ils eurent regagné les abords de leur feu de camp.

- Ah, vous revoilà ! Vous avez chassé l'ours ?

-Oui nous l'avons attiré loin du campement.Aknoll se demanda comment il aurait fini si il avait voulu l'affronter.

Brus les invita auprès du feu tout en faisant part de quelques inquiétudes :

- Bien joué alors ! Et est-ce qu'il risque de venir nous attaquer pendant la nuit à votre avis ? Si c'est le cas, on ferait peut-être mieux de rester éveillés tous les trois.

Fendel ne semblait pas partagé ses appréhensions et s'installait déjà sur son couchage.

Aknoll s'étendit sur son couchage.Ce n'est pas votre tour de garde? Car si c'est le cas j'en profiterais tout de suite. Et pas moyen de me réveiller avant le lever du jour.

Brus croisa les bras et observa un instant le ciel avant de répliquer :

- Normalement, il devait vous rester encore une heure mais puisque je suis déjà réveillé, ce serait idiot de ne pas en profiter. Allez donc vous coucher et je vous réveillerai à l'aube : notre prochaine étape est plutôt longue.

Sans plus un mot, le conducteur s'installa confortablement auprès du feu et souhaita la bonne nuit au demi-orc. Le guerrier humain, lui, dormait déjà profondément à en juger par ses ronflements sonores.

Aknoll s'endormit rapidement et rêva du possible déroulement de la bataille contre l'ours. Il mata la bête en à peine une minute et posa un pied sur le cadavre l'air triomphant.

Malheureusement, les rêves n'apportaient ni trésor ni expérience mais l'on risquait aussi moins de mourir dans un affrontement violent et sanglant.

A nouveau, alors qu'il fêtait sa victoire onirique, on secoua l'épaule d'Aknoll et une bonne odeur de pain et de bacon grillé parvint à ses narines avant qu'il ait ouvert les yeux.

- Allez debout Aknoll, j'aimerais qu'on se remette en route dans l'heure.

Aknoll se mît debout et pris son petit déjeuner et essaya d'entamer la conversation. -Alors la nuit c'est bien passée ?

Brus répondit que le restant de la nuit n'avait vu aucune alerte d'aucune sorte. A peine avait-il entendu un groupe de cavaliers, peu avant l'aube, mais qui s'était avéré être une patrouille de soldat. En somme, un signe encourageant.

Le petit déjeuner fut rapidement expédié et le groupe reprit enfin la route. En milieu de matinée, ils abordèrent un petit village de pêcheur et Fendel fit une remarque en avisant une petite embarcation qui rentrait au port :

- Et, ça vous dirait d'acheter du poisson frais pour le repas de midi ? Le bœuf séché c'est bien, mais c'est tout de même un peu indigeste...

Aknoll ferma les yeux et imagina l'odeur du poisson grillé. Rien qu'à cette idée sont ventre gargouillait.-C'est vrai que ça changerais. Pour moi c'est d'accord.

Brus et Aknoll se dirigèrent vers le ponton où s’était amarré le petit bateau de pêche tandis que Fendel restait auprès du chariot. Devant le bateau s’était accumulé une petite troupe de badauds qui procédèrent à leurs emplettes. Vint enfin le tour des deux compères d’acheter leur repas parmi un choix étonnamment large. Le pêcheur les salua et sembla hésiter avant d’ajouter :

- Vous êtes des voyageurs, n’est-ce pas ? Dans quelle direction allez-vous ?

Brus répondit sans hésiter qu’ils se rendaient vers le sud et le pêcheur esquissa alors une grimace :

- Alors méfiance sur la route : elle est devenue dangereuse par là. A tel point qu’aucun convoi marchand n’est arrivé ici depuis plus de trois jours. Il doit se tramer quelque-chose…

Aknoll écouta la conversation entre le pêcheur et brus. Tout en regardant le poisson à disposition. Son ventre gargouilla de plus belle.

Brus, quant à lui, semblait soucieux des nouvelles apportées par le pêcheur mais il le salua tout de même en emportant leurs achats.

- Nous allons faire une halte à la sortie du village pour cuire notre déjeuner : après tout, on a bien progressé hier et ce matin. En revanche, je crois que nous allons devoir être particulièrement vigilant cet après-midi et écourter l’étape du jour. Je ne voudrais pas voyager de nuit si une menace pèse sur les chemins…

Ils rejoignirent rapidement le comparse et le groupe se remit en route une petite demi-heure avant que Brus ne mène à nouveau la charrette sur le bas-côté, profitant d’un lieu où les voyageurs semblaient souvent camper à en juger par les traces résiduelles d’anciens feux de camp. La vue sur le littoral, particulièrement exceptionnelle, semblait justifier à elle seule cet état de fait.

Regardant le littoral, Aknoll déchirait le poisson à pleine dents. Il était facile à contenter: de la bonne nourriture, un beau paysage et il était heureux. Il songea à tout ce qu'il aurait raté si il était resté à lumenis.

Ils ne purent néanmoins pas prolonger indéfiniment la halte et c’est une nouvelle fois Brus qui donna le signal de départ. La journée se déroula aussi paisiblement que la veille quoique la nature se faisait peu à peu plus sauvage à mesure qu’ils s’éloignaient des terres environnant la capitale. En milieu d’après-midi, ils abordèrent un second village de pêcheur. Quand ils arrivèrent sur la place principale de la bourgade, leur attention fut aussitôt attirée par une certaine agitation : quatre cavaliers en uniforme menaient une vive discussion avec plusieurs villageois. Brus stoppa la carriole en bordure de la place mais ils purent surprendre assez de la conversation pour comprendre que les cavaliers étaient des patrouilleurs et qu’un des villageois, sans doute le bourgmestre, se plaignait auprès d’eux : il était question de convois et de voyageurs disparus. S’ils voulaient en apprendre plus, Aknoll et les autres allaient devoir s’approcher mais ses comparses ne semblaient pas vouloir s’en mêler.

La curiosité était l'un des plus gros défaut d'aknoll. Alors qu'ils le veuillent ou non il irait voire.-En tout cas moi je vais voir de quoi il en retourne.Dit il en s'approchant.

Brus ne fit pas mine de le suivre ou de le retenir, restant près de la carriole tandis que le second guerrier l’accompagnait, poussé lui aussi par la curiosité ou soucieux de découvrir ce qui pouvait les attendre sur le chemin au sud du village.

Car c’est bien de là que semblait venir le problème :

- … Ils sont partis il y a trois jours et devaient rentrer hier au plus tard. Ils n’ont pas donné de nouvelles. Et la dernière veille, deux braves garçons ont disparu également, achevait d’expliquer le bourgmestre au chef du détachement.

- Et dans quelle direction devaient-ils se rendre exactement ?
- Vers le hameau de Pierrefite.
- Ce n’est pas vraiment sur notre itinéraire de patrouille : nous devons suivre la voie côtière jusqu’à Dargyll, le détour nous prendrait la journée, tergiversa le militaire.

A côté de lui, Fendel précisa à voix basse qu’ils devaient précisément livrer un de leurs colis à ce hameau.

Décidément cette simple escorte prenait une tournure intéressante.Fendel, je vais allez voir brus si le bourgmestre est d'accord pour qu'on l'aide.

Fendel se contenta de hocher la tête en signe d’assentiment mais il était évident que – bien que curieux et désireux d’aider lui-même – il était inquiet à l’idée de se jeter ainsi dans la gueule du loup.

Brus le vit revenir et attendit patiemment qu’Aknoll lui présente la situation.

HRP : à toi d’essayer de le convaincre.

Aknoll examina les arguments qu'il avait sous la main, il se racla la gorge avant de parler à Brus.-Brus, un convoi a disparu sur le chemin de Pierrefite. Je me demandais si nous pouvions essayer de le retrouver. Après tout c'est dans notre itinéraire et je suis sûr que le bourgmestre et les disparus sauront nous remercier comme il se doit si nous les retrouvons.

Brus esquissa une grimace en désignant les cavaliers toujours sur la place :

- Non pas que j’ai peur mais on devrait plutôt effectuer nos autres livraisons plus au sud pour laisser le temps à la garde de régler ça, non ? Vous n’êtes que deux à bien savoir vous battre et même si je me débrouille aussi avec une arbalète, on n’a aucune idée de ce qui a fait disparaître cette caravane.

Les gardes ne peuvent pas intervenir car ce n'est pas leur itinéraires et de plus leurs familles doivent être terriblement inquiète. Nous sommes les seuls à disposition pouvant régler ce problème.

Brus n’hésita pas un instant à objecter d’un ton un peu plus ferme :

- Ce n’est pas non plus notre devoir. Nous avons des livraisons à honorer et ce serait mettre les intérêts de la compagnie en plus de nos vies en danger. Que ferons-nous si nous sommes pris dans une embuscade ou pourchassés avec une charrette et des chevaux aussi lents ?

Brus marquait un point mais Aknoll a toujours était généreux et ne pouvait laisser les villageois dans cette situation.-Comme je te l'ai dit les gardes ne pourront pas intervenir ce qui veut dire que quelque soit la chose qui a fait ça elle sera toujours là pour notre livraison. Donc je pense que nous devrions se débarrasser de cette menace qui sinon pèsera toujours.Aknoll se devait d'aider ces villageois: il avait toujours aider les personnes dans le besoin et ce n'était pas maintenant que ça aller changer.

Cet argument semblait avoir fait mouche mais Brus ne semblait toujours pas vraiment décidé à se ranger à son avis :

- Ne crois pas que je sois insensible aux malheurs des villageois mais nous pourrions livrer les autres caisses et emprunter la route de PierreFite quand le véhicule sera plus léger. Nous attirerons ainsi moins les convoitises et nous aurons plus de chances de nous échapper en cas de mauvaise rencontre. Et d’ici là, les soldats auront certainement envoyé une nouvelle patrouille pour régler le problème.

La Couronne de Cuivre

[Lieu] La campagne luménienne