La Couronne de Cuivre

" On pourrait peut-être demander à Baptiste de nous aider, dit Lena. Je sais que ce n'est pas la chose la plus drôle du monde, mais il n'aura probablement pas jamais entendu parler de la Phalange, cela n'évoquera rien pour lui."
Meloenn s'était levée et quitta la pièce. L'estomac de Kerun grommela.
" Ton galant ne t'a pas offert à manger ?" demanda Arion, d'un air dégagé.
Le Luménien lui retourna un sourire sarcastique.
" Je m'en occupe." dit Perceval en se levant à son tour et en gagnant la cuisine.
La drow se pencha vers l'elfe des bois.
" Est-ce que tu es certain que Perceval ne pourrait pas..."
Kerun grimaça et jeta un oeil vers Sedanius.
" Kerun a raison, Lena. Ce n'est pas sage. Certains aspects... de l'équilibre de Perceval demeurent très... fragiles."

Il poussa un profond soupir.
-Très bien. Mais alors... N'hésitons pas à lui montrer à quel point il nous est utile. Parce qu'il l'est. Au quotidien. Et aujourd'hui... La Phalange, les registres... Ce sont des idées formidables, auxquelles aucun d'entre nous n'avait songé. Je pense donc important de souligner à quel point son aide est précieuse. Cela rendra à mon sens moins difficile le fait qu'il soit constamment écarté du terrain.

Kerun acquiesça, embarrassé par la tournure que prenait la conversation. Perceval reparut avec des restes du repas et les posa devant lui. Le Luménien le remercia à mi-voix. Puis il y eut un moment de silence, où personne ne dit plus rien.
" Bon, finit par dire Kerun. L'après-midi est déjà bien avancée. J'imagine qu'il va nous falloir louer des chevaux, comme la dernière fois... Peux-tu t'en charger, Perceval ?
— Bien sûr, répondit le jeune homme. Les bouchons attendront.
— J'ai terminé ma couture, je peux prendre le relais, proposa Lena.
— Faisons ça, alors. Dès que les chevaux sont là, nous ferons la simulation. Ça laisse à Sedanius le temps d'éplucher les registres."

-De mon côté, je vais aider Lena, puis je demanderai à Baptiste s'il est d'accord pour participer aux répétitions.
Il ne pouvait présumer de la réponse du garçon. Quand on venait de vivre une année se servitude terriblement éprouvante et un séjour non moins horrible dans un temple maudit, on n'avait pas forcément envie de se faire ligoter, recouvrir d'un sac et hisser sans ménagement en selle, même pour de faux.
Si Baptiste refusait ou paraissait hésitant, il n'insisterait pas. Resterait alors à trouver quelqu'un d'autre. Guéric, peut-être ? Mais vu son état de santé, ça ne serait sans doute pas très indiqué...

" Je veux te parler avant que tu n'ailles mettre... des bouchons..." dit Kerun en se levant.
Il emporta son assiette et lui fit signe de gagner la cour. Lena et Perceval se mirent également en mouvement. Arion demeura assis, la mine passablement blasée. Abel reparut avec les registres, qu'il tendit à Sedanius.
Une fois le barde dans la cour, l'agent luménien referma la porte derrière eux, déposa sa pitance sur une caisse et le dévisagea, circonspect.
" Est-ce qu'il y a quelque chose que je devrais savoir, concernant votre opération de ce matin ?"

Il s'était douté que Kerun voulait parler de ce sujet précis. Il s'en était douté toue en espérant se tromper. Malheureusement, il avait vu juste...
Il rassembla donc son courage, chercha la manière d'expliquer la chose le plus rapidement possible et sans entrer dans les détails.
-Il n'y a eu aucun incident, aucune maladresse : tout s'est au contraire bien passé. Hormis le fait que j'ai... pris conscience... que je n'avais pas les épaules pour ce genre de rôle. C'est trop... éprouvant pour moi. Bien sûr, les circonstances étaient un peu... particulières. Mais malgré tout, et même si je suis désolé de vous faire ainsi défaut, je crois plus honnête et plus responsable de ma part de reconnaître que je ne peux plus faire ça. Berner d'ignobles Mélandiens en me faisant passer pour l'un des leurs, aucun souci. En revanche, duper de vrais esclaves, me faire plaindre par eux...
Il secoua la tête, déglutit péniblement.
6-Je suis désolé.

Kerun posa une main sur son épaule.
" Tu ne dois pas être désolé. Nous avons tous nos limites. Il est beaucoup plus important de les identifier et de les respecter que d'essayer de les dépasser à tout prix. Je suis juste navré que tu aies dû t'exposer à cette situation pour réaliser que c'était trop difficile."
Il pinça les lèvres.
" Nous devons rester dans nos zones de confort, tant que cela est possible. Surtout, tu ne dois rien regretter."

Taliesin sourit tristement.
-Même si j'avais des regrets... Je me rend parfaitement compte que j'étais à deux doigts de craquer, de m'enfuir avec...
Il grimaça.
-Peu importe : j'ai tenu bon. Mais ça a vraiment été moins une, et je dois en tirer les conséquences. Pour notre sécurité, pour préserver nos chances de mener à bien nos diverses missions... je ne dois pas me retrouver à nouveau dans une telle situation. En tout cas, si ça n'est pas absolument indispensable.
Il soupira, sourit à nouveau.
-Ce qui me rassure, c'est que je peux me rendre utile autrement. C'est... réconfortant.

" De mille manières, immanquablement, dit Kerun avec le sourire. J'accompagnerai Lena demain. Et si ça se trouve, ce ne sera même pas utile. Nous ne pouvons prévoir quelles informations nous allons récolter ce soir..."
Il pinça les lèvres et hocha la tête.
" Hum... Bon. Je vais... te laisser à tes bouchons et tes éprouvettes... et retourner terminer de manger..."

-Très bien.
Il le suivit à l'intérieur du bâtiment.
[color=#FFFFF66]-Si tout se passe bien, demain matin, nous aurons sauvé deux prisonniers de plus,[/color] ajouta-t-il. Ça aussi, c'est réconfortant.
Il sourit plus franchement que les fois précédentes.
[color=#FFFFF66]-Bon appétit, KErun.[/color]
Et il s'en fut rejoindre Lena.

Taliesin retrouva Lena auprès des éprouvettes, assise sur une caisse, le tiroir auprès d'elle. Elle lui sourit lorsqu'il s'approcha.
" Finalement, ça s'est passé comme prévu... Peut-être même mieux." remarqua-t-elle en lui tendant une caisse de bouchons.
Il restait deux lots d'éprouvette à fermer et ils s'y attelèrent sans attendre. La jeune femme était rapide et adroite, Taliesin n'était pas en reste. Ils en terminèrent un peu avant que Perceval ne fasse son apparition avec deux chevaux de trait massifs. Lena se leva pour aller à sa rencontre. Elle était manifestement mal à l'aise avec d'aussi grosses créatures, demeurant à distance.
" Je ne pourrai pas les transformer aujourd'hui, dit-elle. J'ai déjà épuisé trop d'énergie avec nos frasques de ce matin..."

-Allons, ça n'est pas du tout un problème : tels quels, ils feront parfaitement l'affaire pour nos répétitions, dit l'elfe, paisible. Bon, je vais voir si Baptiste est d'accord pour se joindre à nous.
N'ayant pas revu le gosse depuis un bon moment, il présuma qu'il se trouvait toujours au grenier. C'est donc vers celui-ci qu'il se dirigea, veillant à ne pas être trop discret, afin de ne pas le prendre au dépourvu.

Baptiste dormait en travers de sa peau d'ours, le bouquin ouvert sur la poitrine et les bras écartés comme s'il flottait à la surface d'un lac. Il paraissait paisible, à des lieues de sa position foetale habituelle. Taliesin vit qu'il remuait les lèvres dans son sommeil, son visage exprimait des émotions qui semblaient positives, sourire en coin, légère surprise, malice parfois, et ses yeux bougeaient sous ses paupières. Il finit cependant par bâiller, comme s'il devinait la présence d'un observateur, et ouvrit un oeil bleu. Un sourire incertain se dessina sur ses lèvres.
" Hum... Je crois que je me suis assoupi... Trop de lecture... Je ne suis plus habitué..."

-Ça reviendra vite, dit-il, d'un ton optimiste.
L'avoir arraché à un sommeil tranquille l'embarrassait. Mais puisque c'était chose faite, autant ne plus tourner autour du pot.
-Baptiste, nous voudrions te demander quelque chose... Demain matin, nous allons libérer deux autres enfants, en utilisant une couverture assez risquée qui nécessite pas mal de préparation et une mise en scène parfaite. Nous devons donc procéder à des répétitions et... Nous souhaiterions savoir si tu serais d'accord pour y participer.
Il fit une légère grimace.
-Cependant, je dois te prévenir que ça ne sera pas forcément très agréable : tu aurais les mains liées, tu serais entièrement recouvert d'une sorte de sac puis hissé sur un cheval... Par conséquent, tu ne dois pas hésiter à refuser. Nous comprendrions très bien qu tu préfères t'épargner ce genre de désagrément. Et nous pourrions nous débrouiller autrement.

" Non, non, je veux aider." dit l'enfant en s'asseyant.
Il replia soigneusement le livre et le posa près de la peau d'ours.
" Je crois que je vais m'installer ici en haut, si ça ne dérange pas... pour lire, je veux dire. Je remonterai les autres livres tout à l'heure. C'est un chouette grenier..."
Il sourit et se leva.
" C'est qui les autres enfants ? Aussi des... des gens qui viennent de Luménis ?"

-Oui, ce sont des Luméniens, un peu plus jeunes que toi : ils se nomment Hippolyte et Furvan. Je ne sais pas si ça te dit quelque chose.
Il hésita un instant.
-En tout cas, c'est très gentil à toi de nous prêter main forte. Vraiment. Sans doute que si nous envisageons les choses comme... une pièce de théâtre, disons, ça sera moins rude. Mais si, à un moment ou à un autre, tu sens que c'est trop rude, que ça te fait du mal... Je compte sur toi pour nous le dire immédiatement : nous ne voulons pas t'imposer de nouvelles expériences douloureuses.

Il sourit en s'engageant à la suite de Taliesin sur l'échelle.
" Je vous dirai. Mais je sais que c'est pour du semblant et que vous n'êtes pas vraiment méchants. Je pense que je n'aurai pas de mauvais souvenirs... On ne m'a jamais mis dans un sac sur un cheval."
Ils atteignirent le palier.
" Ça ne me dit rien, ces noms. Peut-être que je les reconnaîtrai de vue, je ne sais pas. Mais d'après ce que m'a dit Perceval, il n'y a pas beaucoup d'enfants qui ont été déportés jusqu'à Mélandis. Enfin... J'imagine que ça fait toujours beaucoup. Mais pas tant que ça, par rapport au nombre d'enfants qui sont restés à Luménis. Perceval m'a dit qu'on a été déportés parce qu'on était trop difficiles..."

-C'est ce que j'ai cru comprendre... murmura-t-il.
Seulement quelques jours plus tôt, il ignorait encore complètement cette énième conséquence dramatiques de ses impardonnables erreurs...
Le moment était mal choisi pour ressasser. Mieux valait penser à l'avenir. Et, surtout, au positif.
Il s'y essaya donc.
-Si tout se passe bien, demain matin, nous aurons libéré huit d'entre vous. Cela nous fait à tous un bien fou, de voir qu'on peut, même par petites touches, faire reculer un peu la barbarie...

" Oui... Mais c'est dommage que tout l'esclavage puisse pas disparaître... Enfin... Hum. C'est pas à vous que je devrais dire ça, je suis désolé."
Empourpré, il accéléra le pas et se glissa dans la salle commune. Kerun se leva et lui sourit.
" Ça va, mon garçon ? Il parait que tu dévalises la bibliothèque du Comptoir ?
— Mais j'abime rien !
— Je n'en doute pas."
Sedanius s'était levé à son tour, emportant l'un des draps noirs. Ils se glissèrent tous les quatre dans le hangar, où les attendaient Lena et Perceval. La magicienne avait le croquis d'Abel à la main.
" Bon, dit Kerun. Taliesin et Sedanius feront les recruteurs. Perceval, tu restes avec moi. Lena, tu feras la maîtresse du gosse. Baptiste, tu fais le gosse. Nous allons procéder à plusieurs cas de figure, histoire d'être certain que nous maîtrisons la chose. Il ne faut pas rien laisser au hasard. Des questions avant de commencer ?"

Le barde fronça les sourcils.
-Hum... Juste une, je crois... Est-ce que les deux recruteurs sont censés parler et agir, ou bien un seul d'entre eux se charge de tout tandis que l''autre fait office d'escorte ? Dans le dernier cas, il faut qu'avant de commencer, Sedanius et moi nous répartissions les rôles...
En la matière, il n'avait aucune préférence.

« En général, un des deux prend la parole. Ils n’ont généralement pas le même grade. Ils ne se présentent jamais par des noms. Ils parlent pour la Phalange. »
Kerun dévisagea le barde et le clerc.
« Il serait préférable que tu sois le porte-parole, Taliesin. Sedanius connaît mieux la Phalange, mais il est moins habitué à improviser en cas de problème.
— Certes…
— Le seul souci est la voix, dit Lena. D’après ce que Perceval en a dit, les officiers de la Phalange sont des mastodontes. Il faudra que tu parviennes à contrefaire ton timbre pour qu’il soit compatible avec ta nouvelle forme… »

-Insinuerais-tu que j'ai la voix frêle et aiguë d'une crevette anémique ? s'offusqua-t-il. Je suis vexé, Léna. Profondément vexé.
Il arbora une mine chagrine, poussa un soupir spectaculaire puis, saisi d'une subite inspiration, se mit à incanter.

Taliesin --> Manipulation des sons --> Taliesin

Quand c'en fut terminé, il croisa les bras et jeta un regard sévère à la cantonade.
[color=#FFFFF66]-Ce timbre vous parait-il plus adapté à un recruteur de la Phalange ?[/color]
Modifiée par magie, sa voix était grave, profonde, impressionnante, telle qu'on imaginait celle d'un colosse en armure.

La mention de la crevette anémique avait beaucoup fait rire Baptiste. Le timbre caverneux du barde sembla par contre beaucoup l'impressionner, et Lena hocha la tête, satisfaite.
" Très bien, dit Kerun. Procédons à la transformation, dans ce cas."
La magicienne se concentra un moment sur le croquis d'Abel puis se mit à incanter. Quelques minutes plus tard, deux hommes imposants, mine sévère, martiale, se tenaient dans le hangar. Ils portaient des cottes de mailles, des vêtements de cuir sombre, un manteau noir avec capuchon et celui qu'incarnait Sedanius était partiellement masqué. Tous deux avaient des armes au côté, des haches de taille modeste, au poids inexistant compte tenu de l'illusion. Leur tabard était orné d'un soleil rouge et brisé. Taliesin vit Perceval frissonner.
" Est-ce que ça correspond ?" demanda Kerun.
Le jeune guerrier demeura silencieux une seconde, pâle, et pinça les lèvres.
" Je crois." murmura-t-il d'une voix altérée.
Sedanius fit un mouvement vers lui mais Perceval recula presque par réflexe. Ce fut Lena qui posa la main sur le bras du jeune homme. Il prit une profonde inspiration.
" Ça ira.
— Bien sûr."
Kerun tendit le drap noir à Sedanius, qui le mit sur son bras. Lena se campa devant Taliesin.
" Qui ose me faire appeler à une heure si matinale ? dit la drow d'une voix mécontente, avant d'écarquiller les yeux de surprise. Oh, messires, je suis... confuse... C'est un honneur."

L'elfe fut presque pris au dépourvu : il n'aurait pas imaginé que la répétition commencerait si vite, avait pensé qu'il aurait un peu de temps pour se plonger dans son personnage. Cependant, il avait une certaine habitude de l'improvisation, si bien qu'il adopta presqu'aussitôt une attitude roide, martiale, puis gratifia Lena d'une légère inclination de la tête.
-Salutations, dit-il. Nous nous présentons si tôt matin pour une raison importante. La Phalange des Ténèbres a appris que vous possédiez un jeune esclave d'origine luménienne. Elle a besoin de lui.
Ton courtois, discours aussi direct qu'efficace. Il espérait que cela conviendrait.

Kerun se tourna vers Perceval, celui-ci acquiesça.
" Pas d'à peu près, lui recommanda Kerun.
— Le... le ton est juste... mais... je pense qu'un recruteur serait plus direct... Il dirait quelque chose comme... Nous sommes venus pour le Luménien, en s'attendant à ce que la personne sache ce dont il retourne. Une fois que le gosse sera amené, il demandera au maître s'il n'a pas traité l'enfant avec trop de mansuétude..."
Kerun acquiesça et fit signe à Lena de continuer.
" Bien sûr, messire, je vais le faire chercher..."
Elle s'inclina, puis fit signe à Baptiste de venir. Le gosse s'approcha, circonspect, dévisageant le recruteur avec des yeux faussement agrandis de frayeur.
" Qui, qui êtes-vous ?" demanda-t-il, plus ou moins naturellement.

Bien évidemment, Taliesin - ou plutôt le recruteur de la Phalange - ne daigna pas répondre au gamin. Il se contenta de poser sur lui un regard sans aménité, le scrutant de la tête aux pieds comme s'il cherchait à déterminer s'il serait possible d'en faire un solide combattant.
[color=#FFFFF66]-J'espère qu'on ne l'a pas trop ménagé ? [/color] s'enquit-il, du même ton que précédemment.
La question devait être rituelle, intervenir à chaque fois quelle que soit l'apparence du môme.

" Si le gosse se montrait plus impertinent, il faudrait le gifler. Mais le maître s'en chargerait probablement, humilié par un tel comportement." dit Perceval à mi-voix.
Baptiste porta préventivement la main à sa joue. Lena posa une main amicale sur son épaule.
" Reprenez.
— Bien sûr que non ! Nous savons comment traiter ce genre de vaurien."

Espérant que les deux enfants s'abstiendraient de toute impertinence, l'elfe s'empara d'une bourse invisible, fouilla à l'intérieur puis s'approcha de Lena pour la lui remettre. Ensuite, et à moins que Perceval n'indique que les choses devaient se passer dans un ordre différent, il saisirait Baptiste par le bras et l'amènerait jusqu'à Sedanius. Sans doute serait-ce à ce dernier de lui lier les mains et de lui enfiler le sac noir cousu un peu plus tôt dans la journée... Il n'aimait pas l'idée d'infliger ça au garçon... Mais ils n'avaient pas le choix. Comme ils n'auraient pas le choix, le lendemain.

Perceval ne les interrompit plus jusqu'à la fin de la simulation, demeurant rigide et pâle tout au long de la scénette. Baptiste s'acquitta de son rôle sans broncher, se retrouvant dans le noir et perché sur le cheval sans avoir émis la moindre protestation. Kerun opina du chef, puis posa une main sur l'épaule de Perceval. Le guerrier poussa un bref soupir.
" On n'adresse jamais la parole à l'enfant, quoi qu'il advienne, dit-il finalement, un peu réticent. Certains ont des réactions beaucoup plus... spectaculaires. En général, une fois sous le drap, ils se tiennent tranquilles."
Il les observa tous, une fois encore.
" Ah oui... On paie après que le gosse soit en selle. Et les salutations ont lieu à ce moment-là. Ils disent : "pour la guerre", simplement, et puis ils s'en vont. Il n'y a pas de place pour les adieux... ou la discussion."

-Si Baptiste est d'accord, je propose que nous reprenions la scène depuis le début...
Il se tourna vers le guerrier, ses traits s'altérèrent légèrement.
-Mais avant... Si un gosse se débat, frappe les recruteurs ou tente de s'enfuir... Comment réagissent-ils ? Et, plus précisément, si ceux qu'on doit sauver demain réagissent de la sorte... Est-ce qu'on pourra se contenter de les maîtriser ?
S'il fallait réellement rudoyer les petits Luméniens, il doutait d'en être capable.

La Couronne de Cuivre

[Bâtiment] Le Comptoir des Transparences