La Couronne de Cuivre

" Je ne peux pas t'aider : je suis prêtresse, pas paladine. Moi, les règles et les protocoles, c'est pas mon truc, et j'en ai pas besoin pour suivre l'élan de Sunie. C'est quelque chose qui vient de là..."
Elle se frappa la poitrine de la paume de la main.
" Je crois que la différence fondamentale, c'est le cheval, au final. Ça pue terriblement. Rien que pour ça, les paladins de Sunie devraient aller à pied."

Chandara éclata de rire cette fois – Moïra ne pouvait pas être sérieuse ! - et se défendit avec bonne humeur :

- Allons, les paladins sont toujours sur la route. Le cheval est donc un moindre mal : mieux vaut sentir un peu fort que d’avoir des ampoules aux pieds ! Crois-moi, j’en sais quelque chose. Et puis cela nous donne une excuse toute trouvée pour être les premiers aux bains ! Mais chut, c’est un secret.

" Mouais. Vous pourriez vous déplacer en chariot. Ou au moins vous payer de bonnes chaussures. Et puis quel est ce besoin de bouger tout le temps ? Une fois qu'on a trouvé un joli site... On s'installe !"
Elle rit.
" Mais les paladins de Sunie parfument leurs chevaux. Et ils les lavent bien plus souvent que les autres paladins. Ce qui donne beaucoup de travail aux novices. Je ne plaisante même pas !"

Chandara dévisagea la prêtresse d'un regard incrédule mais un sourire ourla rapidement ses lèvres et elle répondit d'un ton léger :

- Je suis certaine que tu me fais marcher ! Mais si ce n'est pas le cas, je connais au moins l'une de mes premières corvées. Au moins, je devrais m'en sortir sans problème !

" Je ne te fais pas marcher, Chandara. Les Sunites sont des Sunites. Leurs chevaux sentent la rose et leurs crinières sont tressées avec des rubans. Ne me regarde pas comme ça, c'est vrai. C'est fini le temps où tu pouvais enfiler une armure bosselée, grise, sans la moindre fioriture. Il va te falloir affirmer clairement ton appartenance à un ordre flamboyant, tapageur, un groupe qui exige que le regard se pose sur lui quand il s'avance dans la rue. Les Sunites sont frivoles, mais pas quand il s'agit de soigner son apparence et de frapper l'esprit."

Chandara haussa un sourcil étonné et regarda la jeune-femme dans les yeux : non, elle ne cherchait pas à la faire marcher et ce qu'elle affirmait faisait sens : les paladins étaient flamboyants par nature. Ceux de l'Ordre qu'elle escomptait rejoindre l'était forcément encore davantage que la moyenne.

Son sourire s'élargit alors qu'elle s'imaginait déjà remonter l'avenue menant au temple, montant un fier destrier superbement apprêté. C'était un peu comme dans les histoires qu'elle savourait secrètement pendant sa période Cojumite. Elle répondit, pensive :

- Il était plus que temps de changer ma vieille cotte de mailles de toute façon ! Mais j'imagine que cela peut attendre : je ne suis pas prête de parader. M'est avis qu'on me laissera enfermée dans l'écurie à panser les chevaux des autres pendant au moins six mois !

" Oh non, on ne te laissera pas enfermée ! Tu seras forcée de passer ta journée à l'écurie, tout en restant souriante, pimpante, étincelante, toujours sous ton meilleur jour ! Crois-moi, c'est un entraînement de choc ! Après ça, tu seras magnifique même au coeur de la mêlée... Même si la mêlée n'est pas très sunite. Nos paladins préfèrent de loin défier les gens en duel : c'est plus esthétique et moins salissant. Or, la crasse... aucun Sunite n'aime. Sauf Soren. Si c'est de l'argile."

La jeune-femme esquissa un nouveau sourire et répondit d'un ton léger :

- Pimpante et séduisante au milieu du crottin, c'est un sacré défi ! Mais il est vrai que j'ai réussi à séduire Arthur recouverte de boue, de farine moisie, de jus de goule et d'autres substances que je n'ose même pas nommer dans un lieu comme celui-ci !

Elle se perdit un peu dans ses souvenirs dorrandins avec une certaine nostalgie : cette époque pourtant proche lui paraissait déjà appartenir à une autre existence.

Moïra rit joyeusement.
" Arthur est moins difficile à satisfaire qu'un instructeur sunite, crois-moi. J'imagine que pour lui, ton apparence n'était qu'un élément parmi d'autres. Mais désormais... La boue, la poussière et la sueur ne satisferont plus personne. Au contraire, ils en rebuteront plus d'un. Ce n'est pas de la blague, tu sais, l'importance de la beauté extérieure pour un Sunite. Il y a une bonne raison pour laquelle nous engageons des aventuriers pour réaliser toute une série de tâches... Enfin. Tu découvriras tout ça en temps utiles. Et une fois encore, les paladins ont sûrement une dérogation... pour quelques heures par veille, maximum !"

Chandara se joignit à sa bonne humeur mais elle sentait que le temps passait et, avec lui, la nervosité commencer à la gagner : elle avait encore des préparatifs à faire en vue de la soirée et elle s'inquiétait de comment Arthur allait réagir. Elle aurait voulu être certaine qu'il apprécierait leur dernière soirée commune avant bien des veilles mais la seule façon de s'en assurer serait de se lancer... Elle se tourna vers Moïra et déclara, un peu plus sérieuse :

- Je ferai attention à la boue alors ! Mais en parlant de dérogation, je dois profiter de ce qu'Arthur soit libre ce soir. Il faut donc que je file. C'est vraiment toujours un plaisir de discuter avec toi ! Mais on se reverra demain, sûrement ?

HRP : je peux reprendre la main à partir d'ici si tu n'as plus rien à ajouter avant la soirée.

" Oh, moi, je ne suis jamais bien loin... de la fontaine... ou du banc... ou bien de mon lit."
Elle sourit avec un clin d'oeil.
" Bon amusement avec Arthur ce soir."

HRP : tu peux reprendre la main

Chandara sourit à son tour et son regard se fit rêveur durant un instant avant qu'elle ne prenne congé de la prêtresse. Il lui fallait récupérer sa tenue, effectuer les derniers préparatifs et se préparer elle-même ce qui ne serait certainement pas le plus rapide. En bref, elle aurait de quoi s'occuper l'esprit en attendant l'heure de son rendez-vous galant.

Il devait encore faire frisquet de si bon matin aussi Chandara était passé récupérer une cape dans sa chambre avant de souhaiter la bonne journée à Amaranthe et de passer par une portion du parc verdoyant pour le simple plaisir de la promenade.

Malgré tout, l'auberge des Songes de la Dryade n'était pas si éloignée du temple et elle parvint peu après dans ses magnifiques jardins aux senteurs entêtantes. Elle y flâna encore un petit moment avant de se diriger vers l'arrière du bâtiment et l'entrée menant à la salle d'entraînement des paladins.

C'était la porte qu'elle avait le plus de chances de trouver ouverte. C'était aussi un point de repère duquel elle pourrait retrouver son chemin jusqu'aux thermes. Et elle espérait aussi pouvoir saluer l'un ou l'autre des guerriers saints au passage.

La salle était déserte mais la porte n'était pas fermée, aussi Chandara put-elle entrer clandestinement dans le temple. Nul glyphe meurtrier ne se déclencha et elle put remonter les couloirs à la recherche des thermes. Elle n'y croisa absolument personne, et pas davantage dans la salle des bassins. Il y avait de la lumière, de l'eau chaude, des serviettes et du savon, mais pas le moindre clerc ou paladin. Il était apparemment encore bien trop tôt...

Chandara se sentait tout de même mal à l'aise de s'introduire ainsi dans l'enceinte privée sans en référer à quiconque. Mais chaque pas la portait un peu plus loin, lui faisait repousser ses limites et ses doutes. Entrer dans la sale d'entraînement lui avait paru presque naturel. D'autant que la porte avait été ouverte. Presque comme si c'était à son intention...

Mais y rester seule pour attendre les premiers paladins matinaux lui avait vite semblé inutile : de toute façon, elle n'avait pas le temps de se joindre à leur entraînement alors à quoi bon demeurer dans cette salle familière pour le principe ? Elle s'était donc engagée dans le couloir, en quête d'un visage connu peut-être. N'en trouvant pas, elle avait donc poussé jusqu'aux thermes. Avec toujours la même idée en tête.

Et maintenant qu'elle s'y trouvait seule, il aurait été bête de ne pas en profiter tout simplement : l'eau chaude était très tentante et elle y serait bien mieux pour contempler les fresques qui ornaient les lieux. Elle entreprit donc de se dévêtir, sans plus vraiment d'appréhension puis se dirigea vers le bassin qu'elle avait déjà partagé l'avant veille avec les paladins.

Elle était en train de mitonner tranquillement, les yeux dans ces fameuses fresques, quand la porte s'ouvrit.
" Ah ! C'est là que vous traînez ! s'exclama Soren, bras croisés sur sa poitrine nue. J'avais parlé de l'aube, non ? Je peux pas croire que vous bécotiez un Lathandrite et que vous ne sachiez pas ce que ça veut dire. Allez, dépêchez-vous, princesse ! Vous êtes attendue !"
Et il n'attendit pas : il repartit aussitôt, laissant la porte ouverte.

Chandara s'était redressée en sursaut lorsque la porte s'était ouverte. Non pas par peur de se retrouver nue devant un inconnu. En tous cas pas seulement. Mais bel et bien parce qu'elle était complètement absorbée par ses rêveries aidée en cela par le bien être absolu que prodiguait ce bassin d'eau chaude.

Elle se secoua aussitôt cependant et elle n'hésita qu'une seconde avant de sortir du bassin et de suivre le clerc en abandonnant ses effets derrière elle. Elle était intimidée bien sûr, et un peu honteuse d'avoir été prise à défaut mais pas au point de garder le silence :

- Je suis désolée, maître Soren, mais j'avais compris que je devais venir tôt mais pas à ce point. Et puis vous m'aviez conseillé de passer par les bassins aussi... Un piège terriblement délicieux pour qui n'y est pas habitué !

Elle ne se rendit compte qu'après avoir protesté si ouvertement de ce que son attitude risquait de passer pour impertinente. Mais il était trop tard pour se rattraper...

" Arrêtez de blablater et bougez vos jolies fesses, Chandara." lui rétorqua le sculpteur.
Elle l'entendit ensuite s'éloigner dans le couloir, pieds nus sur les tapis. Si elle ne voulait pas le perdre, il allait falloir qu'elle le suive rapidement... avec peut-être une serviette, quand même... ou pas.

Elle obéit et attrapa en effet une serviette au passage pour s'en envelopper tout en suivant le sculpteur : elle était dans le temple de Sunie mais ce n'était tout de même pas une raison suffisante pour se balader complètement nue dans les couloirs. Surtout quand il faudrait revenir chercher ses affaires et qu'il y aurait certainement bien plus de passage entre l'atelier de Soren et les thermes.

Elle hâta le pas pour rattraper le clerc en arborant un sourire ravi : elle n'avait encore pris l'habitude de se faire complimenter et elle devait s'avouer que c'était agréable. Même quand ça ne venait pas d'Arthur.

Elle parvint plus ou moins à la rejoindre et à le suivre jusqu'à son atelier. Celui-ci était déjà envahi de lumière, se reflétant sur les multiples statues et blocs de matière qui attendaient ça et là. Au centre de la pièce se trouvait désormais un fût de bois haut d'environ deux mètres, d'un diamètre qui devait tourner autour des trois pieds.
" Bon. J'ai décidé d'opter pour le bois. Ça fait un certain temps que je ne m'y suis plus risqué, mais c'est une matière qui vous convient bien. Mettez-vous par là. Et débarrassez-vous de cette serviette."

Maintenant qu'elle était un tout petit moins intimidé que lors de sa première visite, Chandara posa des yeux curieux sur tout ce qui encombrait l'atelier de Soren. Ses œuvres étaient toutes plus magnifiques les unes que les autres et il était étrange de songer qu'une nouvelle la représentant en ferait bientôt partie.

Chandara se dirigea vers l'endroit que lui avait indiqué le sculpteur, déposa sa serviette puis se tourna fièrement vers lui et le fût de bois. Elle brûlait de lui demander pourquoi le bois lui convenait mieux que d'autres matières mais elle sentait qu'il valait mieux laisser l'artiste s'exprimer, à tous les niveaux. Elle avait vraiment envie que sa statue soit une réussite et ce n'est pas en palabrant et en déconcentrant Soren qu'elle allait aider.

Soren la regarda un moment.
" Asseyez-vous. Regardez de ce côté-là. Zut. Je vous aimais mieux effarouchée. Maintenant vous êtes déjà... Bah... comme n'importe quelle Sunite. C'est bien pour vous, mais c'est une perte pour moi. Tant pis. J'ai mes croquis et mes souvenirs."
Il sourit.
" Essayez de trouver une position confortable, ça va durer."
Il avait sorti un burin et un marteau.

Chandara avisa un tabouret et y prit place tout en songeant à la remarque de Soren. Elle s'assit en se tournant légèrement dans la direction voulue par l'artiste, quelque peu soulagée de pouvoir dissimuler certaines parties de son anatomie tout en étant consciente que cela ne faisait que mettre davantage en valeur toutes les autres.

Elle laissa retomber ses cheveux sur l'une de ses épaules, tourna légèrement son visage pour regarder davantage vers le clerc et lui renvoyer un regard profond. Non, peut-être était-elle moins effarouchée à l'idée de cette séance mais au moins toute lueur de défi ne l'avait pas quittée, bien au contraire.

Mais Soren était désormais au travail et s'il vit une lueur de défi dans les prunelles de la jeune femme, il ne la releva pas. Il travaillait au ciseau à bois, rapidement, donnant des petits coups de masse sur le manche, sans la moindre hésitation. De temps en temps, son regard glissait sur elle, la mine concentrée, et il reprenait son travail. Il commença à débiter le tronc par le dessus, usa même d'une hachette pour retirer le tour, avant de reprendre le ciseau.
" Alors, vous voilà libre ?"

Chandara se sentait fascinée par le travail qu'accomplissait le sculpteur : ça ne rendait que plus grisante la sensation d'en être le centre. Evidemment, des dizaines voire des centaines de personnes avaient dû défiler avant elle dans cet atelier : en témoignaient à chaque instant les œuvres qui les entouraient. Mais c'était bien elle qui retenait l'attention du célèbre sculpteur en cet instant !

Quand il engagea la conversation en l'interrogeant, cela fit écho à ses réflexions et elle demeura un instant perplexe avant de lui demander en retour :

- Que voulez-vous dire ? Vous parlez du départ de mon compagnon ?

" De quoi d'autre pourrais-je donc parler ? De la liberté d'être dépouillé de ses vêtements ? Même si je vois que vous y prenez un certain plaisir, vous n'êtes pas encore, à cet égard, complètement libérée. Mais vous ne le serez sans doute jamais : vous avez reçu une certaine éducation, dans une bonne famille dorrandine. Vous ne dépasserez jamais complètement vos appréhensions. Mais c'est normal : il faut avoir grandi dans un temple sunite pour y prétendre. Même moi, je m'habille quand je sors de l'enceinte, c'est dire. Enfin... J'aurais de bonnes chances de me faire arrêter pour troubles à l'ordre public, si je ne le faisais pas. Après, je me fiche bien que les gardes, les nobles du quartier ou même les pêcheurs sur le port voient mes fesses."

Il n’y avait pas à discuter : Soren visait juste. Certes, elle estimait s’être affranchie de bien des inhibitions en ces quelques jours passés près des Sunites mais elle se voyait mal déambuler dans des tenues affriolantes ou indécentes dans la rue : le regard qu’elle avait perçu chez les marins en rendant visite à Colin ne l’avait peut-être pas complètement mis mal à l’aise mais le rechercher ne lui serait peut-être jamais complètement naturel. Elle répondit d’un ton incertain :

- Aphrodite et Moïra m’ont laissé entendre qu’il y avait tout de même une différence entre les clercs et les paladins qui se vouaient à Sunie. Et même sans cela, j’ai tendance à penser qu’il faut savoir respecter les situations, séduire mais sans chercher à choquer. Vous devez me trouver bien naïve et novice, évidemment. Et je pense que mon regard changera encore beaucoup dans les mois à venir. Mais c’est ce que je pense aujourd’hui : je ne renie pas mon éducation et mon passé… Et donc, pour en revenir à votre question initiale : je fais contre mauvais fortune bon cœur : ne plus voir Arthur pendant des mois m’attriste mais son départ facilite aussi les démarches que je me dois d’entreprendre. Quitter Luménis pour rejoindre la commanderie d’Antelucas aurait été bien plus difficile pour moi dans le cas contraire.

" Vous avez raison, il y a une différence entre clercs et paladins. Monter à cheval cul nu, c'est désagréable. Et ne parlons pas de combattre : c'est dangereux et hautement douloureux, même quand on ne se fait pas toucher. Bref, je compatis. Quoi qu'en disent mes collègues paladins, je trouve leurs armures terriblement moches, mais c'est une question de goût... La beauté du corps humain est ultime, inégalable, la dissimuler sous des plaques, qu'elles soient rustiques ou enluminées, c'est toujours une perte. Mais il est des cérémonies de l'Ordre de la Rose Rubis où on est dans le plus simple appareil, vous savez. C'est mieux que votre cher et tendre n'en sache rien. Ce n'est pas parce que c'est normal parmi nous qu'on n'en profite pas pour se rincer l'oeil... La beauté, elle sert à ça : être admirée. L'idée n'est pas de considérer le corps comme quelque chose de tellement banal qu'il en devient transparent."

Chandara hocha calmement la tête : oui, elle avait pris la décision de ne pas perturber Arthur avec les détails. Ce ne serait pas trahir sa confiance ou les sentiments exclusifs qu'elle ressentait pour lui : pas tant qu'elle ne tombait amoureuse de personne d'autre.

- Je comprends et je m'y attendais. Je m'y prépare. Comment voir la beauté dans le monde et chez les autres si on n'est pas capable de la regarder chez soi-même ? Mais s'admirer mutuellement dans le cadre de l'Ordre, avec ses sœurs et ses frères d'armes, est bien différent que d'aller s'afficher en public devant n'importe qui...

" Oh, vous êtes dure avec ces pauvres gens."
Les copeaux de bois continuaient à voler, Soren parlait sans s'arrêter de travailler.
" N'ont-ils pas droit, eux aussi, à la beauté ? Doit-elle être réservée à quelques élus, dans la pénombre de leurs cryptes ? En sont-ils réduits à deviner sous l'étoffe ? A imaginer, le soir dans leur lit ?"
Il sourit.
" Finalement, c'est l'égoïsme des Sunites qui donne tout son sens à mon art. Je dévoile ce que vous refusez de montrer."

La Couronne de Cuivre

[Lieu] Temple de Sunie