La Couronne de Cuivre

Sylvia rit, mais ne répondit rien : ils arrivaient auprès des autres. Tilmandil ne s'était pas éloigné de sa tente, semblant vouloir monter la garde au cas où son demi-frère mette ses plans à exécution. Et Eärundra était de retour, avec des fruits, une salade sauvage, des tubercules, et même des oeufs.
Léo leva mollement la tête à leur arrivée, et se recoucha aussitôt. Kasumi nota qu'il mangeait quelque chose : peut-être sa maîtresse avait-elle eu pitié de son estomac vide. Quant à eux, leur feu crépitait doucement. La druidesse, qui avait commencé à préparer le dîner, les réquisitionna pour l'épluchage.

Le repas fut rapidement expédié. Tilmandil joua quelques morceaux de musique, certains mélancoliques, d'autres entraînants. Mais il ne chanta pas, craignant peut-être de choisir un thème qui déplaise à son demi-frère... ou tout simplement parce qu'il avait conscience qu'ils devaient tous se lever tôt le lendemain. La veillée fut courte. Et, comme s'ils s'étaient concertés, la druidesse et le barde décidèrent d'un commun accord d'envoyer les deux rôdeurs se charger de la vaisselle, dans un ruisseau tout proche, tandis qu'ils se retiraient, Tilmandil sous sa tente, et la druidesse... nul ne savait où.

Kasumi avait eu du mal à détacher son regard de Sylvia, l'esprit un peu rêveur tandis qu'il mangeait consciencieusement sa part du dîner. Comme de coutume désormais, elle s'était placée non loin de lui et il avait posé une de ses mains sur la sienne à la fin du repas, écoutant le récital de son demi-frère avec délice, son cœur battant un peu plus vite à chaque fois qu'il observait sa compagne à la dérobée ou surprenait l'un de ses sourires.

C'est avec un petit peu trop d'enthousiasme qu'il accueillit la nouvelle des corvées leur incombant. Mais les elfes n'étaient de toute façon pas dupe, il s'en doutait bien. Alors qu'ils arrivaient près de leur destination avec la vaisselle, il murmura à Sylvia :

- Promis, je ne te mouillerai pas ce soir. Je ne voudrais pas que tu attrapes froid. Mais c'est surtout que j'ai bêtement oublié de prendre des rechanges...

Il posa la vaisselle et retira sa tunique pour la poser délicatement sur le sol avant d'ajouter d'un ton taquin :

- C'est juste au cas où il arriverait... un accident !

Sylvia le regarda, un instant surprise, voire incrédule. Puis son regard se mit à pétiller.
- Moi qui croyais que tu attendrais notre retour près de la chaleur des flammes pour te déshabiller... Tu risques de prendre froid. Et je vais être obligée... de te réchauffer alors... Comme ça, par exemple...
Elle l'embrassa avec tendresse. Encore une fois. Puis avec un peu plus d'insistance.
- Mais je ne sais pas... Peut-être qu'il faut attendre la fin de la vaisselle... ce que je ne sais pas, en fait, c'est si tu peux tenir jusque-là ou si tu vas mourir... de froid bien sûr... avant...
Et elle l'embrassa encore.

Kasumi n'avait pas tout à fait anticipé la réaction de Sylvia à ce qu'il avait tout d'abord imaginé comme une innocente et douce provocation. Mais quand il sentit le velours des lèvres sur les siennes, puis la caresse de la langue dans sa bouche, il oublia instantanément ce qu'ils étaient venu faire ici : la vaisselle pouvait bien attendre leur bon vouloir, non ? Son regard se fit trouble alors qu'il perdait tout contrôle sur ses émotions.

- Je t'en prie... Je n'ai aucune envie... de te résister. Réchauffe-moi. J'ai terriblement envie de toi. Tout le temps. Maintenant.

Sans attendre d'autres réponses que celles que lui communiquait le regard de la rôdeuse, il lui avait retiré sa tunique non sans un entrain certain. Puis, après un nouveau regard enfiévré, il déposa un baiser entre ses seins, puis d'autres dessus, les lui capturant par de lentes caresses langoureuses. Il l'attira enfin à lui, la serrant contre sa poitrine pour éprouver le contact grisant de sa peau nue contre la sienne pendant qu'il murmurait amoureusement :

- Quelle magnifique femme tu es devenue, ma Sylvia. Laisse-moi encore te regarder, te toucher. Tu me rends fou.

La rôdeuse sentit la paume d'une main caresser son bas-ventre, puis se glisser avec lenteur mais inexorabilité sous ses chausses. Le souffle de son compagnon se faisait plus court - elle le sentait dans sa nuque - alors que c'était lui qui l'effleurait de ses doigts habiles, dispensant de premiers frissons de plaisir entre ses cuisses.

La vaisselle attendit... Et personne ne vint le leur reprocher.
Lorsqu'ils revinrent vers le campement, tendrement enlacés, celui-ci était désert. La nuit était tombée, et la lueur d'une bougie dans la tente de Tilmandil indiquait qu'il veillait. Peut-être révisait-il des sortilèges, des partitions, ou écrivait-il des chansons. En tout cas, il ne guettait pas leur retour. Et Eärundra était invisible, bien sûr...
- C'est mon tour de te border sous les couvertures, murmura Sylvia en l'entraînant vers leur tente. Il est grand temps que tu dormes si tu veux te lever deux heures avant l'aube demain....

Kasumi jeta un regard dans la direction de la tente de Tilmandil mais il rejeta bien vite l'idée d'aller voir ce qu'il manigançait à pareille heure. Il suivit donc sa compagne un sourire aux lèvres et un bras passé autour de sa taille.

- Oh, tu es la seule couverture dont j'ai vraiment besoin mais j'apprécierai l'attention, ma toute belle. Puis il faudrait peut-être que tu ailles rassurer Tilmandil : il doit se poser des questions sur notre capacité à faire la vaisselle et je ne voudrais pas qu'il invente une chanson embarrassante sur ce thème ! Mais avant de me laisser, tu dois me promettre de te mettre à l'aise contre moi quand tu reviendras dormir. Il ne faut pas hésiter à me réveiller d'ailleurs !

Il y avait une lueur espiègle dans son regard mais il étouffa un bâillement à grand peine, signe qu'il avait peut-être un peu trop tiré sur ses forces ces derniers jours et que le repos tombait à point nommé.

Sylvia rit.
- Aller déranger Tilmandil ? Mais tu n'y penses pas, voyons ! Aucune fille ne se risquerait seule à une heure aussi indue dans la tente d'un séducteur aussi charmeur que ton frère...
Elle éclata de rire devant la mine du rôdeur.
- Mais ne t'inquiète pas, va, je suis désormais immunisée aux charmes de tous les autres hommes, puisque je t'ai, toi...
Elle insista pour l'aider à se déshabiller, volant au passage quelques caresses et baisers, et, comme promis, le borda dans son lit, remontant sa couverture jusqu'au menton. Elle déposa un léger baiser sur ses lèvres avant de s'éloigner.
- Bonne nuit, mon amour...

Le rôdeur la regarda s'éloigner puis quitter la tente le sourire aux lèvres avant de fermer les yeux pour s'endormir paisiblement. La journée avait été fatigante et il n'avait pas du tout cherché à ménager ses forces aussi son corps, comblé par le bonheur mais fatigué, demanda son du. Son esprit vagabonda quelques instants encore avant de céder le pas devant la promesse d'un nouveau lendemain aux côtés de Sylvia.

Il dormit profondément, d'un sommeil peuplé de rêves doux, lumineux, pleins de chaleur et de bonheur. Il se sentait bien, si bien qu'il ne réalisa pas tout de suite qu'on lui agrippait le bras. Qu'on le secouait même.
Il faisait nuit noire, bien sûr. mais il avait le sentiment de n'avoir pas dormi assez. Et il avait un peu trop froid, en l'absence d'un corps étendu contre le sien pour le réchauffer... Il lui fallut quelques instants pour s'en étonner.
- Kasumi ? Réveille-toi...
C'était la voix de Tilmandil.

Kasumi écarquilla les yeux avec l'impression que son corps ne répondait pas comme il l'aurait voulu, comme ses muscles fatigués le faisaient savoir en refusant d'obéir aux injonctions de son esprit. Puis l'absence de Sylvia le frappa durement : ce n'était pas normal. Il s'était attendu à ce que ce soit Eärundra qui le réveille à la fin de son tour de garde mais c'était le barde donc quelque chose clochait. En plus, Sylvia aurait dû être endormie à son tour... Toutes les hypothèses embrumaient son esprit, les tours de chacun se mélangeant en une danse incompréhensible. Il marmonna entre panique et inconscience :

- Que... Qu'est-ce qui se passe ? Où sont les autres ?

Il avait maintenant les yeux ouverts et s'était redressé en ayant consenti un gros effort contre son corps encore endormi.

Tilmandil grimaça, semblant chercher ses mots.
- Et bien... Eärundra est dehors... Et Sylvia... Bien... on ne sait pas où elle est...
Il s'écarta, attendant que son demi-frère s'habille.
- J'ai trouvé des empreintes qui s'éloignent du campement, très nettes, je veux dire que même moi je les voyais. Comme elles passaient devant Léo, j'ai compris qu'Eärundra était toute proche, sur l'arbre juste au-dessus, alors je l'ai réveillée... et je te réveille aussi... Tu sauras mieux les suivre.

Les mots étaient calmes et sensés mais ils le frappèrent comme un coup de fouet tandis que son esprit embrumé formait mille hypothèses accablantes. Paniqué, il se leva sans se soucier un instant de se montrer à demi-nu devant Tilmandil puis il enfila ses affaires à la hâte en le suivant déjà dehors. La fraîcheur de la nuit le réveilla tout à fait et il parla d'un ton inquiet :

- Montre-moi, il n'y a pas un instant à perdre.

Eärundra les attendait non loin, calmement accroupie au pied d'un arbre. Comme Tilmandil l'avait dit, les empreintes de pas étaient nettement visibles, et suivaient tout simplement la piste qu'ils devaient emprunter au petit matin. Leur analyse appris à Kasumi que la rôdeuse marchait normalement, sans hâte, avec un peu de circonspection peut-être : ses foulées étaient peu marquées, comme si elle faisait de petits pas hésitants. Guettant quelque chose peut-être, ou écoutant. Ou tout simplement pour mieux se repérer : elle avait probablement allumé une torche, vu l'obscurité qui régnait dans les bois.

Kasumi ne s'attarda pas à émettre trop d'hypothèses : il avait exclu que Sylvia ait pu être contrainte à s'éloigner mais alors elle devait suivre quelque-chose : une créature ou... un appel. Après tout les forces à l'œuvre ici le dépassaient de beaucoup. Non, il était vain d'essayer de réunir ces bribes d'indices alors que l'action offrait un bienveillant remède à son angoisse grandissante : il se contenta donc de remonter la piste aussi vite que possible, trottinant tant qu'elle restait aussi visible et rectiligne. Il prit néanmoins le temps d'interroger la druidesse à voix basse :

- Eärundra, sentez-vous quelque-chose ?

- Pas encore, répondit la druidesse. Et Léo non plus...
l'atmosphère devenait étrangement oppressante, et Kasumi devina qu'ils pénétraient, insensiblement, dans le bosquet maudit. Ils n'eurent cependant pas à aller bien loin : d'autres traces apparurent. Des traces de lutte. Plusieurs empreintes, trop floues pour être identifiées, plutôt petites. Mais pas humaines à moins qu'ils ne soient pieds nus. La piste de Sylvia ne se poursuivait pas plus loin sur le sentier. Mais des ronces arrachées, sur la droite témoignait de son passage. Et vu les traces de lutte, il était probable que ce soit contre sa volonté.
Eärundra s'était arrêtée, Léo également.

Kasumi jeta un regard au sol pour être certain qu'il ne laisserait pas passer d'indice important mais son cœur battait la chamade et lui intimait de ne pas s'arrêter, que Sylvia était en danger, qu'on lui faisait du mal, qu'il fallait que ça cesse. Avec un peu de recul, le demi-elfe aurait certainement associé une part de son angoisse à l'influence néfaste des lieux mais il en était incapable pour l'heure. Il se dirigea vers les ronces, cherchant à remonter encore la piste, faisant un effort sur lui-même pour raisonner avec calme, en appeler à ses compétences et à son instinct de pisteur plutôt que de céder à l'élan de sa panique.

La piste était récente et facile à suivre, s'enfonçant au coeur des broussailles. Les ronces déchiraient ses vêtements et égratignaient ses bras, mais Kasumi n'y prêtait nulle attention. Il entendit Tilmandil, en revanche, jurer plusieurs fois à voix basse.
- Arrêtez, murmura soudain Eärundra, si bas qu'il l'entendit à peine. Je sens une présence devant... Ils sont plusieurs. Ils doivent être à une cinquantaine de mètres. Il ne faut pas nous faire repérer...

Kasumi dut prendre sur lui pour obéir à l'injonction et faire appel à la part raisonnable qui lui dictait que foncer tête baissée ne profiterait pas à Sylvia, bien au contraire. Les créatures qui l'avait enlevé pouvaient même se servir d'elle comme otage à moins qu'ils ne parviennent à les surprendre. Le demi-elfe tourna toutefois un regard angoissé vers Eärundra et parla tout aussi bas qu'elle :

- Savez-vous de quoi il s'agit ? Avec ces broussailles, nous avons une chance de les surprendre, non ?

Une chance... C'était bien trop peu. Pas alors que la vie de Sylvia était en jeu.

Eärundra se concentra un moment en silence.
- Ils sont trois. Je ne peux pas déterminer avec certitude leur espèce... mais ils sont bipèdes, et il s'agit d'une espèce dotée d'un semblant d'intelligence, sinon je les percevrais mieux, différemment en tout cas. Et ils ne sont pas très grands. Et ils chassent la nuit...
Elle fronça les sourcils, désignant une immense toile d'araignée pendant à un arbre proche.
- Peut-être des ettercaps...
Tilmandil poussa un gémissement sourd.

Kasumi déglutit en songeant que les monstres qui avaient enlevé Sylvia ne lui avaient sans doute laissé chance de combattre. Il n'était pas très familier de cette espèce plutôt commune mais en avait entendu parlé. Elles aimaient piéger leur proie plutôt que de les combattre. Il reprit cependant un semblant d'espoir en songeant qu'il ne l'avait peut-être pas blessée... ou pire encore. Surprendre les monstres nécessitait de ne pas tomber dans le piège de leurs toiles aussi. Et se montrer prudents.

- Avançons : je passe devant. Combattez à distance si vous le pouvez car ils chercheront à nous immobiliser.

Tenant compte de son conseil, il sortit son arc pour encocher une flèche. S'il pouvait réduire le nombre de ceux qui avaient emmené Sylvia avant qu'ils se rendent compte de l'arrivée de renforts, il n'allait pas s'en priver. Il avança à pas de loups mais avec détermination.

Eärundra s'avança juste derrière lui. Elle aussi avait encoché une flèche. Tilmandil marchait précautionneusement un peu en arrière, craignant de trahir leur présence par des craquements de branchages.
La druidesse posa subitement une main sur son épaule, et lui fit signe qu'elle allait faire un détour par la gauche. Elle disparut presque aussitôt à sa vue.
Le rôdeur n'eût pas à avancer beaucoup plus loin. La piste bifurquait vers la gauche, et lorsqu'il s'approcha précautionneusement de l'endroit où elle cjhangeait de direction, il les aperçut, à quelques mètres seulement. Trois ettercaps. Et, posé au sol, une sorte de grand cocon de toile d'araignée qui semblait bouger légèrement. Ils ne semblaient pas s'être aperçu de leur présence.

Kasumi sut immédiatement que le cocon contenait Sylvia et la révolte faillit lui faire attaquer immédiatement, sans prendre la plus élémentaire des précautions. Il la vit bouger légèrement, signe qu'elle était encore consciente mais il ne parvint pas à se souvenir si les monstres utilisaient des poisons sur leurs victimes. Il n'y avait de toutes façons guère à tergiverser : si Eärundra ne s'était pas trompée, tout le groupe se trouvait là et aucun individu ne semblait l'avoir repéré. Il chercha à détecter si la druidesse était en position avant de viser la créature la plus proche du cocon, visant sa grosse tête hideuse. Dès qu'il aurait lâché son premier trait, il attaquerait les autres au corps à corps pour ne pas leur laisser le temps de se retourner contre leur prisonnière.

Il ne put déterminer la position d'Eärundra : celle-ci était parfaitement dissimulée. Léo était certainement auprès d'elle. Puis, subitement, une flèche jaillit des buissons et vint transpercer le ventre de la créature la plus proche du cocon, celle-la même que Kasumi visait. La créature se plia en deux avec un couinement de douleur, et les deux autres se tournèrent vers l'endroit d'où avait jailli la flèche. Prêtes, sans doute, à attaquer.

Le rôdeur changea aussitôt de cible, lâchant son trait à la base de la tête de la créature la plus proche de lui. Avant même de savoir s'il avait fait mouche, il changea de tactique comme prévu, cherchant à s'approcher des monstres survivants tout en faisant attention où il mettait les pieds : il ne s'agissait pas de finir immobiliser en plein milieu du combat.

La flèche de Kasumi atteignit l'ettercap en pleine tête et il s'effondra aussitôt. Le seul qui n'avait pas été touché, se voyant attaqué depuis deux directions à la fois, changea instantanément de tactique et s'enfuit aussitôt, disparaissant derrière une haie d'épineux. il était difficile de savoir s'il s'était réellement enfui ou s'il préparait quelque contre-attaque. Celui qui avait été blessé au ventre, grièvement, gémissait d'une bien misérable façon.
- Pitié... Ne me tue pas..., l'entendit articuler Kasumi.

Kasumi se méfiait : les ettercaps n'étaient pas connus pour leur puissance de combattants mais bien plus pour leur ruse. Il encocha une nouvelle flèche et la pointa dans sa direction, prêt à tirer au moindre signe de duplicité. Il préférait s'en abstenir si ce n'était pas nécessaire mais il préférait bien plus éliminer un ennemi potentiellement dangereux que risquer la vie de l'un de ses compagnons s'il ne le faisait pas.

- Eloigne-toi du cocon et réponds à mes questions et j'y réfléchirai !

Si le monstre obtempérait, il avait l'intention de s'approcher de Sylvia et de tenter de la libérer tout en angoissant sur son état là dedans. Ensuite seulement, il chercherai à savoir si d'autres créatures rôdaient dans les parages.

L'ettercap blessé se traîna à quelques mètres de là, s'éloignant de Sylvia, mais aussi de l'endroit où se trouvait le rôdeur.
Eärundra restait invisible, comme Léo. Et comme, surtout le troisième ettercap.
- J'ai mal... il faut me soigner, geignait la créature, sans pour autant se rapprocher du rôdeur.
Tilmandil resta prudemment en arrière, visiblement très mal à son aise dans ce milieu, et ne sachant que faire. Le cocon remua légèrement à nouveau.

Le rôdeur s'adressa au barde sans quitter l'ettercap blessé des yeux :

- Tilmandil, garde-le à l'œil pendant que je libère Sylvia ! Toi, si tu tiens tranquille et que ma compagne n'a rien de fâcheux, nous t'aiderons. Tiens bon, Sylvia !

Il s'approcha avec circonspection du cocon, bien décidé à libérer sa pauvre captive désormais. L'angoisse devait être terrible à vivre pour la rôdeuse.

Il put s'approcher sans déclencher aucun piège... jusqu'au moment où il se pencha au-dessus de Sylvia. Lorsqu'il tendit les mains vers le cocon qui l'emprisonnait, perdant un instant de vue ce qui l'entourait, il entendit un vague frôlement derrière la haie d'épineux. Celle derrière laquelle avait disparu l'ettercap survivant. Il se redressa mais n'eut pas le temps de réagir : il devina une boule blanchâtre qui l'atteignit au torse, et se trouva à son tour emprisonné dans une substance gluante fort désagréable. Sa tête dépassait, cependant, et il pouvait voir ce qui se passait alentour. Mais il ne pouvait plus esquisser le moindre mouvement.
L'ettercap blessé, qui était jusque-là resté prudemment à l'écart, se rapprocha.

Kasumi se sentit parfaitement idiot de s'être ainsi laissé prendre. Ce n'était pas faute d'avoir craint une supercherie mais sa pitié l'avait perdu. Il tenta de se débattre et de forcer les liens qui l'enserraient dans le but de se rattraper de sa bévue, bien conscient de la créature qui était toute proche. Il gardait cependant espoir que les elfes puissent intervenir avant qu'elles ne puissent commettre quelque acte irréparable. Et au moins ses compagnons étaient prévenus de ne plus chercher à se montrer conciliants face à cette engeance.

La Couronne de Cuivre

[Haute-Forêt] Quête : Racines