La Couronne de Cuivre

" Bon, tant pis." dit soudain Lunn, qui avait réapparu.
Il poussa un profond soupir.
" Je pense que nous n'avons qu'une seule solution : faire appel à la Chasse Sauvage. Le Maître de Chasse retrouvera facilement Mathieu. Il lui flanquera la frousse de sa vie, accessoirement, mais ce sera efficace, vite réglé, et vous pourrez reprendre votre route."

Astrée grimaça.
" La Chasse sauvage ? Franchement... Ils ne m'inspirent pas vraiment confiance... Bon, j'ai peut-être des a-prioris négatifs à cause de celui qui tient leur Relais, mais..."
Elle secoua la tête.
" Je ne crois pas que Mathieu apprécie de se retrouver avec une meute aux fesses. Vraiment pas. Après, je veux bien croire que ce serait le moyen le plus efficace. Mais de toute façon, ce ne serait pas gratuit... et on n'a rien à proposer en paiement."

" Tu as raison, la Chasse Sauvage n'est pas très agréable... et s'il y avait une autre solution, je serais le premier à la suggérer... Mais je n'en vois pas... et je m'en voudrais s'il arrivait quelque chose à Mathieu."
Il paraissait agité.
" Nous pourrions descendre vers cette cité... et aviser si nous ne l'y trouvons pas." proposa Kerun.
Lunn ouvrit de grands yeux.
" C'est complètement dans l'autre direction ! Mais oui, je suppose. Tout plutôt que de rester en place."

Les différentes options se bousculaient dans la tête d'Astrée. Voir le Conteur, tout proche, c'était perdre trois jours et sans certitude de le trouver ensuite. Partir en direction de la ville, c'était aussi partir sans certitude de trouver quoi que ce soit. Lunn avait raison, la Chasse Sauvage était probablement le seul moyen sûr de trouver Mathieu.... mais bien entendu, ça n'était pas la même direction.
" Tu ne penses pas qu'on peut interroger d'abord des créatures qui vivent pas trop loin d'ici, dans la direction de la ville, pour nous confirmer si elles l'ont vu passer et si on est sur la bonne piste ? Elle est loin, d'ailleurs, cette cité ? Si ce n'est pas loin, on peut effectivement y commencer notre enquête... et on envisagera la Chasse Sauvage si on ne trouve rien. Même si je pense qu'il nous en voudrait énormément de le traquer comme du gibier..."

" S'il ne veut pas qu'on le trouve, il nous en voudra de toute façon, dit Kerun.
— Et il s'en voudra de nous avoir fait perdre tout ce temps, ajouta Lae.
— Arrêtons de bavarder et partons." les interrompit Lunn et il se mit en marche à flanc de colline, descendant en diagonale vers la rivière, mais en s'écartant de la forêt et des cascades.
Il avançait vite, d'un pas décidé, et Kerun lui emboîta le pas. Restait le souci de Kalju, qui serait toujours et immanquablement à la traîne...

Astrée se remit à pousser Kalju dans la direction que prenait Lunn, et se résigna à les laisser prendre un peu d'avance. Elle veillait à les garder en vue, cependant, prête à les interpeller s'ils creusaient trop l'écart. Mais la pente était relativement raide, et elle avait le souci de ne pas laisser Kalju trébucher. Elle les rejoindrait à la prochaine pause, et qui sait, peut-être que Lunn s'interromprait pour parler à un informateur ? N'y avait-il pas d'oiseau ou d'insecte à interroger, par exemple ?

Concentrée sur le juste équilibre entre pousser Kalju le plus rapidement possible et ne pas le faire trébucher, elle avait l'esprit suffisamment occupé pour ne pas s'interroger inutilement sur ce qu'ils auraient dû, ou pas, faire autrement. Les choses étaient faites désormais, et il leur fallait agir pour réparer les dégâts.

Ils marchèrent un moment à flanc de colline, suivant une trajectoire légèrement incurvée, presque parallèle à celle qu'ils avaient empruntée la veille. La nature semblait toujours peu habitée, Astrée n'y distinguait que quelques oiseaux, quelques insectes, mais Lunn ne leur prêtait guère attention. Son objectif était la rivière en contrebas, manifestement, même s'il n'y descendait pas directement. Le terrain restait praticable, Kalju suivait sans grosses difficultés, mais il ralentissait très fortement l'équipée, qui devait s'arrêter souvent pour l'attendre. Lunn finit par signaler une pause et monta jusqu'à la hauteur d'Astrée.
" Si tu attendais ici avec lui ? Nous sommes pressés et nous perdons un temps incroyable."
Il était — chose inédite — de franche mauvaise humeur.

Astrée fut un peu prise au dépourvu par son attitude. Mais elle devait se souvenir qu'il était très attaché à Mathieu... Et inquiet, lui aussi. Mathieu avait de l'avance et il ne fallait pas traîner.
" Je... je suis désolée. Et je veux bien attendre ici s'il le faut, fit-elle, conciliante. Mais je suppose que vous en avez pour un moment... des heures, peut-être jusqu'à demain, en fonction de ce que vous trouverez. Peut-être que tu pourrais me laisser des signes de pistes, pour que je vous suive de loin, à son rythme ? Je vous rejoindrai là-bas... Enfin, sauf si ça n'est pas possible de laisser une trace dans ce monde et que tu craignes que je me perde..."

" Je ne suis pas pour qu'on se sépare, intervint Lae, qui avait entendu leur conversation. Ce coin de campagne a l'air charmant mais nous savons ce qui y rôde. Si nous retrouvons Mathieu pour ensuite perdre Astrée... A quoi cela aura-t-il servi ?
— Dans ce cas, descendez aux cascades tous les trois, et laissez-moi chercher Mathieu. Je vous le ramènerai. Je vous retrouverai : ce sera plus facile, vu que vous voulez être trouvés, et je sais où vous allez."
Il désigna la forêt.
" Entrez par là et retrouvez la rivière. Ne faites confiance à aucune femme que vous rencontreriez sur les berges ou dans l'eau. Aucune, même si elle ne noie, qu'elle supplie, qu'elle vous cajole. Sans Mathieu, vous devriez avoir plus facile."

Astrée hésita.
" C'est sûr que tu iras bien plus vite sans nous. Mais... Est-ce qu'il ne faut pas que Kerun soit avec toi pour que tu retrouves Mathieu ? Puisque c'est ce qu'il espère... Bon, ça ne fonctionne sans doute pas exactement comme cela, et de toute façon on peut estimer que Kerun t'envoie... Donc si tu penses que c'est mieux, on peut faire comme tu dis..."
Elle jeta un regard interrogateur à Kerun pour vérifier son accord.

Kerun n'en avait aucune idée, cela se lisait dans son regard. Lunn haussa les épaules.
" Ce n'est de toute façon pas le modèle que Mathieu espère, s'il espère quoi que ce soit. Et il vaut mieux que vous soyez trois, avec une bonne lame, que deux, avec de la magie qui fait n'importe quoi."
Il se tourna à nouveau vers la forêt.
" Quand vous arrivez au lac, cherchez les cygnes. Ils sont bienveillants, ils vous aideront s'ils le peuvent. Essayez d'éviter de vous laisser embrigader dans quoi que ce soit... Il y a un moment où les pertes vont devenir encore plus dramatiques que ce qu'elles sont déjà."

Astrée grimaça. Les choses pouvaient certainement tourner de façon pire encore. Bien sûr, elle ne pouvait pas préjuger de ce qu'ils trouveraient vers les cascades. Mais se méfier des femmes qu'ils verraient près de la rivière, quoi qu'elles fassent, c'était une consigne a priori simple à respecter : elle se souvenait encore de sa mésaventure avec la guenaude, à bord de l'Ecureuil, et le conseil de Nremyn avait été sensiblement le même. Et son questionnement était le même qu'alors : comment être certain qu'il n'y avait pas réellement quelqu'un en train de se noyer ?
Mais elle n'avait pas le temps d'engager un débat sur ce point avec Lunn, et elle se contenta d'acquiescer et de faire pivoter Kalju dans la direction indiquée.
" D'accord, Lunn, on va faire ça. Il est inutile de perdre davantage de temps. Bonne chance de ton côté... et merci encore. "

Il partit d'un pas vif sur un simple signe de la main, et Kerun prit la tête de leur propre équipée vers la forêt. Même s'ils avaient sensiblement dévié de la trajectoire qu'ils auraient empruntée depuis le verger, le terrain était en réalité plus facile et ils progressèrent un bon moment. Le soleil était haut, la forêt paraissait immense, et plus ils approchaient de sa lisière, et moins ils voyaient le lac et les cascades. Il leur fallut deux bonnes heures pour atteindre les premiers arbres. Ils perçurent aussitôt le changement autour d'eux : si la lande avait été relativement tranquille, la forêt bruissait de vie. Restait à espérer qu'ils ne croiseraient la route d'aucune fée malveillante...

Astrée retrouva ses réflexes de rôdeuse, et s'appliqua à se concentrer sur son environnement. La nature ici abritait bien plus de vie que ce à quoi elle était habituée, il lui fallait prêter attention à mille détails, et elle peinait à distinguer l'essentiel de l'accessoire. Elle savait cependant que les dangers, ici, étaient autres, davantage liés aux fées qu'à d'inoffensifs animaux. D'ailleurs, y avait-il de simples bêtes dans ce monde-ci ?
Elle avait repris son arc en main, tout en étant consciente qu'elle hésiterait très certainement à s'en servir contre des créatures inconnues qu'elle ne saurait pas identifier comme étant malveillantes. Elle espérait de tout coeur ne pas faire de mauvaise rencontre, mais elle était prête à parier que leur présence attirerait immanquablement l'attention des habitants des lieux, quels qu'ils soient.

Comme elle l'avait craint, ils eurent rapidement le sentiment d'être observés. Astrée l'avait perçu, mais l'attitude de Kerun et de Lae trahissait la même inquiétude. Ils scrutaient les bois, les buissons, et se déplaçaient eux-mêmes comme des animaux sauvages, d'un pas prudent, se figeant au moindre bruissement dans les branchages. Kerun paraissait particulièrement dans son élément, roux comme la nature alentours, dans un tabard vert qu'avaient dû lui donner les feys la veille. Lae, en revanche, dénotait, peau noire et cheveux blancs, étrangère en surface, gênée par le jeu du soleil et des ombres. Astrée devait se situer un peu entre les deux. Ils virent leurs premiers habitants de la forêt un peu plus tard : de minuscules lutins au chapeau qui se confondait avec celui des champignons, qui filaient à leur approche en criant de petites voix très aiguës. Ils ne cherchaient pas à leur parler ou à les attaquer, mais ils colporteraient certainement la nouvelle de leur présence...

Astrée songea que dans quelques minutes, toute la forêt serait au courant de la présence d'intrus du monde matériel. S'ils voulaient passer inaperçus, c'était raté, mais cela n'avait rien de vraiment surprenant. Elle s'efforça de ne pas se laisser envahir par le stress. Ils devaient se méfier, bien sûr, mais il n'existait tout de même pas que des fées malveillantes en ce monde...
Elle essaya de faire hâter le pas à Kalju : plus vite ils arriveraient au lac, et plus vite ils seraient en sécurité. Il n'était plus indispensable de se montrer discrets puisque leur présence était connue.

Ils continuèrent à avancer parmi les mousses, les champignons et les fleurs. Kalju piétinait à nouveau tout ce qui se trouvait sur son passage, de manière indifférenciée et Astrée dut abandonner tout espoir de le voir respecter son environnement. Une fois, ils virent un renard de couleur argentée s'enfuir à leur approche. Une autre, ils aperçurent un cerf aux bois gigantesques, qui les regarda passer sans bouger, à plusieurs mètres de leur chemin. Pour le reste, il leur fallut encore progresser un certain temps avant d'entendre le bruissement de la rivière, d'abord ténu, puis plus puissant. Aucun d'entre eux ne semblait avoir envie de parler.
Ils finirent par arriver près du cours d'eau. La rivière se dessinait entre les arbres, bordée de pierres ou de zones plus marécageuses, large de deux bonnes toises en cet endroit.
" Est-ce que quelqu'un a dit quelque chose sur la possibilité d'y boire ?" demanda Lae.
Ils avaient tous faim et soif, après avoir sauté le petit déjeuner...

Astrée secoua la tête.
" Non... Et je ne sais pas ce qu'il en est. On devrait essayer de tenir le plus possible avec nos réserves. Et si ça ne suffit pas pour atteindre le lac, et bien tant pis, on se risquera à boire l'eau de la rivière. Elle est sûrement sans danger pour nous. Le seul risque, à mon avis, serait qu'une fée quelconque nous reproche d'avoir goûté à son eau, en prétendant, à tort ou à raison, qu'il s'agit de son territoire et que nous n'en avions pas le droit. "
Elle haussa les épaules.
" Faisons une pause. On a tous faim et soif..."

Ils s'arrêtèrent donc un moment au bord de l'eau. La rivière était vive, son eau transparente laissait voir les cailloux, les algues et les poissons et de nombreuses plantes — certaines similaires à leurs cousines du plan matériel, d'autres pas du tout — poussaient sur les berges. L'atmosphère était idyllique et pourtant ils mangèrent sans rien dire.
Ils repartirent ensuite le long de la rivière, tâchant de ne pas trop s'en écarter quand ils y étaient contraints par la végétation ou le relief.
" On aurait presque envie d'y aller à la nage, dit soudain Kerun. On gagnerait beaucoup de temps."

Malgré l'urgence de la situation et son inquiétude pour Mathieu, la beauté des lieux émerveillait Astrée, l'incitant à oublier sa prudence, tempérant sa méfiance. Tout ici était si féérique... Elle songeait que lorsqu'ils seraient revenus chez eux, elle éprouverait certainement l'envie forte de revenir, malgré les dangers auxquels elle avait déjà été confrontée. Encore fallait-il qu'ils reviennent sans dommage... et avec Mathieu bien sûr. Mais elle pressentait que Dimitri refuserait de lui rouvrir le passage sans raison valable : la curiosité n'en était pas une...

La question de Kerun le prit de court, et elle songea que l'elfe semblait relâcher sa vigilance tout autant qu'elle.
" Je pense que c'est une mauvaise idée. Si Lunn nous a dit de nous méfier de toute femme qu'on verrait aux alentours, c'est sans doute qu'il suspecte la présence d'une guenaude ou d'une autre créature du même acabit. Dans l'eau, nous serions sur son territoire... Et puis, cherche-t-on réellement à aller le plus vite possible ? Si Lunn doit revenir nous chercher plus tôt que prévu, il nous cherchera le long de la rivière..."

" C'est vrai." dit l'elfe avec un soupir, puis il s'abandonna à la contemplation de l'eau.
Lae restait plus vigilante, scrutant les alentours la main en visière, et dès qu'elle eut fini de manger, elle se releva sans pour autant s'éloigner.
" Vous entendez ça ?" demanda-t-elle.
Astrée n'entendit rien mais Kerun parut circonspect.
" Quelqu'un chante, ajouta la drow. Une femme. En aval."

Astrée tendit l'oreille, mais ses sens étaient moins aiguisés que ceux de ses compagnons.
" Et bien... il faut peut-être juste éviter de lui parler, non ? Ou si elle nous parle... juste rester sur nos gardes, de ne rien accepter d'elle, décliner poliment toute invitation. Et ne pas la vexer non plus j'imagine... "
Elle haussa les épaules.
" On peut aussi décider de faire un détour. On ne devrait pas se perdre, la rivière s'entend de loin."
C'était certainement l'option la plus prudente. Mais si la fée en question souhaitait les rencontrer, elle trouverait certainement le moyen de se placer sur leur route.

" Je suis pour le détour, dit Lae. C'est effectivement plus prudent.
— Vous ne craignez pas qu'avec les lois étranges qui régissent ses lieux, nous nous perdions ? demanda Kerun. Le lutin a bien spécifié de suivre la rivière. Or, avec la taille du lac en contrebas, n'importe quel chemin vers le creux de la vallée aurait dû convenir."

L'objection de Kerun lui semblait tout à fait valide.
" Vous n'avez pas tort. Il faut qu'on arrive au lac par la voie de la rivière... Peut-être est-ce simplement pour arriver au bon endroit, mais peut-être que c'est le chemin le plus court ou le plus sûr étant donné les lois de ce monde. Après... je suppose qu'on peut s'éloigner de quelques toises, comme on l'a déjà fait lorsqu'il y avait des obstacles. Et on le fera pour ne pas déranger cette chanteuse. On n'est pas obligés de faire un grand détour : elle sait qu'on est là. Il faut juste qu'on se montre... hum... discrets, et qu'on évite de l'importuner : on s'écartera un tout petit peu pour la contourner, quand on sera tout proches. Qu'en pensez-vous ?"

" D'accord, faisons ça." dit Lae.
Kerun acquiesça. Ils repartirent peu après, l'elfe toujours en tête, Lae puis Astrée et Kalju sur les talons. Le chant finit par devenir perceptible, puis s'amplifia à mesure qu'ils progressaient. Kerun finit par s'arrêter et leur désigna, un peu plus loin, une femme assise sur un rocher au milieu de la rivière. Elle était manifestement nue et ses longs cheveux blonds l'entouraient d'un halo vaporeux. Pour l'heure, elle leur tournait le dos et continuait à chanter, une mélopée agréable à l'oreille, comme l'oeuvre d'un excellent barde. Kerun commença prudemment à s'écarter de la rivière, le grondement des flots couvrant le craquement de leurs pas.

HRP : c'est le retour du d20 ! Et j'en veux bien 2 !

HRP : 1 et 13

Astrée songea que la femme était peut-être une sirène. Après tout, elles étaient connues pour leur chant envoûtant. Elle n'en avait jamais rencontré. Peut-être y avait-il un risque à écouter trop longtemps leur chant ? Pouvait-on être envoûté au sens littéral du terme ?
Heureusement, Mathieu n'était pas là, mais il lui semblait qu'elle devait particulièrement prêter attention à l'attitude de Kerun, qui lui avait paru sensible, tout à l'heure, au charme de la rivière.
Mais pour l'heure, il s'en tenait au plan prévu et contournait la chanteuse. Elle lui emboîta le pas, veillant à se montrer le plus discrète possible pour ne pas se faire entendre de l'habitante des lieux.

Mais en passant à sa hauteur, subitement, Astrée sentit une envie irrépressible d'aller voir la créature de plus près. Cet élan semblait partagé tant par Kerun que par Lae, car tous deux infléchirent leur trajectoire en même temps que la druidesse. Seul Kalju demeura insensible, mais Astrée ne s'en soucia guère. Elle voulait juste aller voir, une seconde, rien de méchant, rien de dangereux. Ce chant était magnifique, enchanteur, et cette dame avait l'air charmante, quoi qu'en ait dit le brownie.
Ils frôlèrent tous trois les arbres, s'arrêtèrent sur la berge, et elle se tourna vers eux. Leur songe se déchira. Elle leur fit une grimace, semblant surtout regarder Kerun, mais ce dernier secoua la tête et posa la main sur le manche de son épée. Dans un sifflement, la créature merveilleuse plongea dans l'eau et disparut.
" Wouah, souffla Lae. Je ne sais pas ce qui s'est passé mais... je suis contente que ça n'ait pas été plus loin."

" Ça devait être une sirène, commenta Astrée. Heureusement que Kerun résiste plutôt bien à son charme. Mais on ferait tout de même mieux de s'éloigner rapidement... Et la prochaine fois qu'on entend chanter, on fera un plus grand détour."
Elle poussa Kalju devant elle, longeant toujours la rivière, d'un pas aussi rapide qu'il en était capable. Le chant des sirènes était incroyablement envoûtant, et l'épisode lui servirait de leçon : elle ne s'en approcherait plus.

" Elle est partie vers l'aval... On pourrait la recroiser, dit Lae avec un frisson.
— Le brownie nous avait prévenus. Demeurons sur nos gardes.
— C'est toi qui dois faire attention. Apparemment, toutes ces monstresses chassent les mâles."
Il haussa les sourcils puis secoua la tête avec un sourire.
" Je suis sûr qu'il y a des exceptions."

" On a tous été envoûtés, en tout cas... Mais c'est vous qu'elle regardait, tout de même, Kerun. Vous lui plaisiez bien plus que nous... "
Elle sourit. Le charme des elfes n'était certainement pas en cause, ici, ni même le fait que l'elfe semblait davantage à sa place en ces lieux. Les sirènes préféraient les hommes, simplement.
" On va rester vigilants. On peut marcher un peu à l'écart de la rivière, pour ne pas qu'elle nous voie... Avec un peu de chance, elle manquera notre passage, mais ça n'est pas sûr. Et je peux difficilement rendre le pas de Kalju très discret."

La Couronne de Cuivre

[Féérie] Sur la piste de Kaljivahu...