La Couronne de Cuivre

Quête : un désir de crépuscule

Le rôdeur sentit qu’il devrait jouer serrer. En l’absence de Belenn, il n’avait pas le droit à un faux pas. Jouer la carte de la défiance vis-à-vis du Lathandrite pouvait détourner les soupçons à son égard mais il ne souhaitait pas mettre le clerc en danger pour autant. Les paroles de l’elfe suggérait qu’il savait bien des choses mais peut être était-ce là un faux-semblant destiné à le faire parler.

- Je ne sais pas encore. C’est un allié ou il a l’air d’en être un. Ses allégeances détournent les soupçons de lui ce qui lui donne une certaine valeur. C’est bien de protection dont il s’agit mais je voudrais m’assurer de travailler avec les bonnes personnes sans vouloir vous offenser. Comment puis-je être certain que pouvez-vous nous aider ?

L’elfe s’appuya au dossier de son siège et fit signe à l’une des prostituées qui passait à proximité, lui demandant d’aller lui chercher de quoi boire. A la manière dont il s’adressa à la jeune femme, Kasumi devina qu’il était un habitué des lieux, même si aucune des catins ne l’importunait de ses attentions lascives. Puis il baissa à nouveau les yeux sur le rôdeur et se pencha en avant, s’adressant à lui d’un ton plus discret.
« Je comprends la nécessité de prudence. De quel genre d’assurances avez-vous besoin ? Voulez-vous nous confier une menue tâche pour tester nos compétences ? »

Quête : un désir de crépuscule

Le rôdeur n’avait aucune envie de commanditer un délit pour en apprendre davantage sur le mercenaire. Il était peu probable que cet homme soit lié avec les Sharites. Mais serait-il possible d’entrer en contact avec eux ou tout du moins d’obtenir des informations sur les clercs maléfiques par son intermédiaire. Le rôdeur reprit la parole, espérant que sa minute d’indécision serait considérée comme une réflexion nécessaire à sa question :

- Je m’intéresse à vos références. Je ne tiens pas à confier une mission au premier venu. Ne vous vexez pas mais je dois garder un profil bas jusqu’à être certain que tout est en place. Je serais convaincu si vous pouvez me mettre en contact avec des personnes ayant de l’expérience. Idéalement, des personnes ayant déjà accompli un contrat similaire.

L’elfe sourit.
« Il ne reste pas beaucoup de pontes de l’ancien régime en liberté. Surtout parmi ceux qui ont réalisé des exploits du genre qui vous intéressent… Mais je pourrais vous en présenter quelques uns. Sachez cependant qu’ils se savent étroitement surveillés par les autorités. Ils ne vont pas accepter de vous rencontrer comme ça. Eux aussi voudront des assurances. »
La fille qui s’était écartée lui rapporta son verre, qui flairait bon le vin épicé.

Quête : un désir de crépuscule

Le rôdeur grimaça. Il se doutait depuis le début de la conversation qu’il ne serait pas facile de rencontrer les employeurs de cet intermédiaire. L’affaire valait bien quelques efforts pourtant. S’il était peu probable que cet elfe le mène directement jusqu’au conseiller, Kasumi n’aurait pas tout à fait perdu son temps s’il parvenait à confondre quelques criminels.

- C’est tout naturel. Je ne cherche pas à travailler avec des gens imprudents. Quelles sortes de garantie pourrait les convaincre de se montrer ?

L’elfe hésita.
« Je pourrais faire venir l’un d’entre eux demain soir, ici même. C’est la Fête de la Lune, mais l’intérêt est que les yeux des autorités seront tournés ailleurs. Nous aurons l’opportunité de discuter tranquillement. C’est lui qui vous jaugera. Rien de tel qu’une petite rencontre pour sentir quelqu’un, n’est-ce pas ? »
Il sourit.
« Mais j’aurais besoin d’en savoir un peu plus pour l’intéresser. Des petites frappes revanchardes, sans vouloir vous ranger dans cette catégorie, qui désirent s’en prendre à la tête de l’état, nous en rencontrons tous les jours. Mes contacts voudront au moins avoir une idée de votre objectif, sans rentrer dans les détails, bien sûr. »

Quête : un désir de crépuscule

Le rôdeur songea à la proposition de l’elfe de se retrouver le lendemain soir. C’était une bonne opportunité de rencontrer et de jauger une personne du groupe de criminels. Remettre la rencontre au lendemain lui laisserait le temps de s’organiser et de prévenir les autorités. Cependant, cette rencontre le détournerait lui aussi des lieux de la Fête, des lieux où l’on aurait besoin de lui si leurs craintes et leurs espoirs se confirmaient :

- L’époque est pleine d’opportunité. Luménis n’est pas encore remise qu’elle est à nouveau prête à tomber. Nous souhaitons simplement accélérer les choses et nous placer du côté des vainqueurs. Le côté qui saura nous offrir la position qui nous a été refusée avec le gouvernement actuel. Je préfèrerais rencontrer votre homme à la même heure demain et ici même. L’après-midi nous assure une certaine tranquillité et les autorités seront déjà occupée à organiser les festivités.

Son interlocuteur acquiesça.
« Très bien. Je ferai passer le message. Je pense que je connais quelqu’un que vous serez ravi de rencontrer et qui sera ravi de vous aider. Le nouveau régime a peu d’amis, quand on cherche bien. »
Il sourit, se leva et tendit la main au rôdeur.
« Si vous n’avez rien à ajouter, je m’en vais regagner ma table. C’était un plaisir. Et mon conseil… Jusqu’à demain, tenez-vous coi. »

Quête : un désir de crépuscule

Le rôdeur n’était guère fâché que l’entretien s’achève sans qu’il ait commis d’impair. Il en voulait de plus en plus au clerc de l’avoir laissé gérer seul cette situation pour aller courir le jupon. Evidemment, cela pouvait signifier que Belenn lui faisaiait confiance mais le rpôdeur n’avait pas l’habitude de traiter avec les ruffians et il s’était sentit plus d’une fois sur la corde raide pendant la conversation. Alors que l’homme se levait, il le salua poliment :

- A demain ici même donc. Je saurais suivre votre conseil.

Ainsi donc l’homme allait sans doute le faire surveiller par un de ses complices. Cela lui interdisait de regagner le repère avant de s’être assuré de n’être pas suivi. Cela compromettait également en partie le plan pour la soirée. S’il se perdait en forfanteries dans toutes les tavernes du quartier, il perdrait toute chance de rencontrer la personne dont parlait l’elfe. Ce n’était finalement pas une si mauvaise chose que Belenn ait déserté les négociations. Il serait moins lié par ces contraintes. Maintenant qu’il se retrouvait seul à sa table, il avait tout le temps de penser à sa conversation avec l’elfe. Mais il attendait avec impatience le retour de Belenn, il n’avait guère envie de supporter les assiduités des employées du lieu maintenant qu’il se retrouvait seul et désœuvré.

Heureusement le clerc ne tarda pas à reparaître, un sourire radieux sur les traits, et il regagna sa place à table, faisant signe au passage au tavernier derrière son comptoir.
« Alors, mon ami, ce grigou s’est-il montré plus prolixe une fois l’infâme lathandrite hors de portée ? Décidément, je n’inspire plus confiance. Je veux intégrer l’équipe des gentils, on me soupçonne de servir les ténèbres. Je veux courtiser les ténèbres, on s’inquiète de mon allégeance divine. Et je vois sur votre visage que vous me soupçonnez des pires errements pendant les quelques minutes où je me suis éloigné. Et bien, je vais vous détromper. Mais aussi vous dire que les demoiselles de bonne compagnie qui travaillent ici n’ont, je pense, pas rencontré beaucoup de rustres ténébreux ces derniers jours… »
Il sourit et fixa le rôdeur droit dans les yeux.
« Honnêtement, maître rôdeur, une dernière fois… Nos… amis… ont tous les atouts dans leur manche. Tous. Pourquoi prendraient-ils des risques à l’aube d’un coup d’éclat ? Vous sous-estimez leur intelligence. Et leur sagesse. Ils ne sont pas là, nous ne les trouverons pas. »

Quête : un désir de crépuscule

Le rôdeur ne put s’empêcher de sourire franchement au clerc qui se lamentait avec beaucoup de conviction. Le demi-elfe était aussi rassuré sur le sérieux de Belenn dont le manège avait été suffisamment efficace pour le tromper. Par ailleurs, il se rangeait à son avis au sujet de leurs ennemis. Ceux-ci ne prendraient pas le risque fou d’engager de parfaits inconnus alors qu’ils maîtrisaient apparemment tous les aspects de la situation. S’ils le faisaient, ce ne pourrait qu’être un piège destiné à éliminer les enquêteurs à leurs trousses. Mais là encore, le petit groupe ne semblait pas les menacer et ils pouvaient aisément les éliminer sans se donner cette peine.

Kasumi vérifia que personne ne les écoutait pour résumer brièvement l’entrevue au clerc. Il conclut par exposer son sentiment :

- Le rendez-vous de demain me fait penser que soit cet elfe n’a aucun rapport avec ceux que nous cherchons, soit ils cherchent à nous découvrir en me tendant une embuscade. Je suggère que nous allions ailleurs en discuter et décider de la suite.

Belenn se leva et vida d’un trait la chope qu’on venait de lui apporter.
« Déjà, entre nous, les chances qu’un elfe se frotte à Shar sont faibles. Les humains ont leurs dieux, nos amis aux oreilles pointues les leurs. Voir dans le noir, c’est tricher, la déesse n’apprécierait pas. » souffla-t-il.
Puis il fit signe à l’aubergiste.
« Je régale. Je pense que le Fond de la Barrique nous attend. La bière est meilleure mais les serveuses moins agréables. »
Avec un sourire, il se dirigea vers le comptoir. Une jeune femme presque nue en profita pour se glisser derrière le rôdeur et posa une main langoureuse sur son épaule.
« Vous partez déjà ? J’espère que vous nous reviendrez… »

Quête : un désir de crépuscule

Le rôdeur acquiesça et se leva en même temps que son compagnon. Pour sa part, il n’avait pas fini la bière de piètre qualité qui lui avait été servie et avait fait office de diversion. La soirée pouvant s’annoncer longue, mieux valait ne pas abuser des boissons alcoolisées plus que de nécessaire. Alors qu’il s’apprêtait à emboîter le pas, il sursauta en sentant une main se poser sur son épaule et une voix lui parler à l’oreille. Quelle fine fleur de la garde ! Kasumi parvint à contenir la rougeur qui lui monta aux joues en répondant à la tenue de celle qui venait de l’interpeller :

- Il est possible que je reste plus longtemps la prochaine fois si vous êtes de service.

Le rôdeur parvint finalement à rejoindre la porte avec naturel et en parvenant à ne pas presser le pas ce dont il se félicita.

Le clerc revint pour arracher Kasumi aux attentions intéressées de son admiratrice, et ensemble, ils regagnèrent la rue. Belenn semblait d’excellente humeur, les mains dans les poches de son manteau, il ouvrit la marche en sifflotant. Le rôdeur constata que le ciel s’était déjà assombri. Les journées étaient de plus en plus courtes et il avait plu pendant leur séjour entre les murs du bordel. Le reflet miroitant des flaques sur la terre battue des ruelles semblait se veiner de glace, alors qu’avec la nuit, surgissait le gel.
« Je dois quand même vous avouer que je n’ai pas résisté à un bon massage. Mais ça n’a pas été plus loin que ça ! » chuchota le Lathandrite avec un air de conspirateur. « Pour ne pas trop attirer l’attention dans une maison close, il faut quand même s’y rendre dans un certain objectif… Sans une main baladeuse, vous apparaissez suspect en moins d’une minute. Ce n’est pas un salon de thé. »
Il sourit.
« Vous serez plus à votre aise au Fond de la Barrique, m’est avis. Même si on y joue. J'espère que vous n'avez rien contre ça... »

Quête : un désir de crépuscule

Le rôdeur retrouva avec plaisir la bise vivifiante du début de soirée. Les relents de déchets flottant toujours dans les rues des taudis étaient même supportables par ce temps et changeaient agréablement de l’encens capiteux de la maison close. Kasumi se détendit enfin une fois arrivé au portail :

- Je ne rivaliserai jamais avec notre ami barde pour ce qui est de jouer la comédie, c’est certain. Mais les jeux ne me posent guère de problème. Ils sont une agréable façon de passer le temps si on excepte les bagarres idiotes qu’ils génèrent souvent. Je suis même assez doué aux dés et aux cartes ayant passé plus que mon compte de soirée dans des tavernes en compagnie de gardes de marchands. Pour ce qui est des bagarres, j’espère que nous saurons éviter de nous faire remarquer. Allons-y !

A mesure de leurs progression, Kasumi manifestait de plus en plus d’enthousiasme, s’imaginant avoir passé l’étape la plus difficile de la soirée à la maison close.

Belenn sourit à ces mots.
« Quand nous aurons un peu de temps, vous me raconterez votre histoire… Je suis toujours curieux d’en savoir plus sur mes compagnons de route. Après tout, si nous devons risquer notre vie ensemble, si je dois donner ma peau pour préserver la vôtre, ou l’inverse, il me semble normal de dépasser les « sire Kasumi le rôdeur recommandé par Flèche-Sombre »… Sauf, évidemment, si vous êtes de ces êtres secrets qui n’ont qu’un nom et une silhouette. »
Ils tournèrent ensemble dans une rue, une seconde. Malgré la faune qui traînait désormais dans les impasses et sous les porches, le clerc était extrêmement calme, comme s’il ne craignait rien au monde.
« Mais j’espère que vous avez de la chance. Pas trop de chance. C’est toujours quand on a trop de chance que les ennuis commencent, au Fond de la Barrique. »
Comme il prononçait ces mots, l'établissement en question apparut en bout d'allée, sa devanture crasseuse ne révélant rien de ce qui s'y déroulait, tandis que son enseigne vermoulue grinçait dans le vent frais du début de soirée.

Alors que Podrick était allé chercher ses affaires, la magicienne restée à quelques pas de l’écurie, bien qu’elle ne put voir qui parlait et ce qui en était la cause, grâce à son ouie fine perçut une voix chevrotante maugréer et pester alors que des grincements l’accompagnaient allègrement.<o></o>

- Tu vas descendre. Craindieu ! …. Que tu m’traînes pas avec ! ... Sal’té de vie ! <o>

</o> Se déplaçant en direction des sons, Arya distingua rapidement d’où ils provenaient et s’avança discrètement dans leur direction pour en connaître la cause. Sous son regard médusé, elle vit la silhouette maigrichonne et voûtée d’une petite vieille vêtue de hardes noires rapiécées de tous côtés, un châle épais troué de toutes parts lui recouvrait la tête et les épaules. L’ancêtre était appuyée sur le bord d’un puits, dont les pierres étaient recouvertes de glace, et tentait avec ses maigres forces de manœuvrer la chaîne rouillée qui semblait se coincer à chaque instant dans son support et risquait de l’entraîner si elle se débloquait d’un seul coup.<o>

</o> Mais avant même que l’elfe n’eut le temps de s’approcher pour aider la vieille femme, un homme encore jeune malgré ses traits fortement marqués, tout aussi pauvrement vêtu, semblant être déjà bien aviné au vu de son pas hésitant et tanguant, vint à la rescousse et tirant violemment sur la chaîne, la faisant, dans un bruit infernal, sortir de la roue qui d’ordinaire la guidait. Mais ce geste destructeur lui permit de descendre le sceau cabossé de toute part au fond du puits et de remonter ce qui ne pouvait pas vraiment s’appeler de l’eau claire.<o>

</o> - T’sais la vieille, l’est pas bonne c’t eau, c’est juste pour attraper la mort.<o>

</o> Perplexe, affligée par ce spectacle lui ouvrant un peu plus les portes de la misère vécue dans les taudis, Arya resta immobile à regarder s’éloigner les deux silhouettes qui se dirigèrent vers des masures dont les vitres des fenêtres n’étaient plus depuis fort longtemps et les toits déjà maintes fois rapiécer de tôle et de planches de bois ne devaient plus être étanches.<o>

</o> Son regard se porta sur l’écurie où son petit protéger venait de réapparaître et elle s’avança souriante vers lui ravie qu’il ait pu récupérer ses affaires.<o>

</o> Nous ne sommes pas pressés et si Ted avait le besoin de parler, c’est bien que tu lui ais consacré quelques minutes. L'essentiel est que tu as pu prendre tes affaires, ainsi nous pourrons apprécier où tu en es et décidé de ce que nous allons faire maintenant.<o></o>

Alors qu’ils s’éloignaient, elle posa sur le gamin un regard interrogateur.<o>

</o> Combien avez-vous de puis dans le quartier ?
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Pris au dépourvu par la question, Podrick demeura un moment silencieux. Puis il grimaça et secoua la tête.
-J'saurais pas vous dire exactement. Moi, là, comme ça, j'en vois deux : un tout près d'ici pis un autre dans une cour qui donne sur l'impasse des Ratiers. Mais après, y en a peut-être d'autres, dans les arrières cours, entre les maisons, que seuls les habitants du coin ils peuvent utiliser vu qui faut passer par chez eux pour y accéder. Hum, et sinon, y a des fontaines. Une sur la place où qu'avant il y avait les réfugiés de Mélandis, mais elle marche plus beaucoup, et une nouvelle qu'ils ont ouvert juste à côté des bains publics. C'est de l'eau... heu... trèmal, qu'ils disent. J'sais pas ce que ça veut dire, si c'est qu'elle a meilleur goût ou quoi...

Arya se dit qu’elle n’aurait peut-être pas dû poser sa question si abruptement, mais les images étaient restées dans son esprit et ce n’est pas la réponse vague de Podrick qui la rassura. Certes, elle savait que ceux qui étaient exposés depuis de longues années à des bactéries peu recommandables pour l’ensemble de la population développaient des anticorps spécifiques, celles-ci n’avaient plus ou peu d’emprise sur ceux qui les consommaient journellement, mais l’idée que son petit protéger pu boire de cette eau la faisait frémir et penser que les habitants des taudis étaient probablement exposés à des risques potentiellement élevés faisait naître une sourde colère.<o>

</o> J’ai vu une vieille femme aller chercher de l’eau dans le puits juste là-bas et il semblerait que non seulement le mécanisme n’est plus fonctionnel,ce qui était maintenant totalement le cas,mais que l’eau ne soit pas vraiment consommable … enfin c’est ce que j’ai entendu.
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</o>Mais, ces préoccupations qui venaient troubler l’esprit de la magicienne ne pouvaient être celle du gamin et elle posa sur lui un regard amusé bien que son ton enjoué reflétait le fond de sa pensée.<o>

</o> En parlant des bains publics, c’est un endroit que tu devrais fréquenter plus souvent. Cela ne serait pas inutile dans un jour comme aujourd’hui. Mais … y es-tu déjà allé ?

Podrick écarquilla les yeux.
-Les bains publics ? Ah ça non, j'y suis jamais allé ! D'abord, y sont ouvert que depuis peu de temps. Avant, fallait aller dans les quartiers sud, et y laissaient pas entrer n'importe qui. Mais maintenant. Beurk, ça doit être dégoutant ! Tous les gens sales qui se baignent dans la même eau, les p'tits qui font pipi dedans, pis avec plein d'gens qui se promènent tout nus et qui vous r'gardent ! J'crois que ça doit être dégoûtant, comme endroit !
Il fronça les sourcils, perplexe.
-Dites, vous y êtes jamais allée, vous, au moins ? Vous êtes une dame, j'vous vois pas dans un coin comme ça ! Dans les bains des riches peut-être, mais là... Brrrr, j'suis sûr qu'on chope plein de maladies. J'préfère encore rester avec ma saleté à moi !

Prise d’un fou rire au visage que lui présenta Podrick et au ton offusqué et dégoûté qui vint empreindre sa voix, Arya mit un bon moment avant de pouvoir lui répondre. Elle dût même essuyer les larmes qui coulaient de ses yeux tout en se demandant si cela lui était déjà arrivé. Certes non, pensa-t-elle, elle ne s’en souvenait pas ou plutôt bien que ce furent des images heureuses de sa vie qui lui revenaient, ils lui semblaient que dans le royaume où elle vivait, les elfes n’étaient pas enclins à des effusions de joie, tout comme elle l’avait entendu pour les autres communautés elfes.Lorsque enfin elle put reprendre un peu de sérieux, elle ne sut pas vraiment par où commencer pour contredire à peu près tout ce que le gamin avait dit.<o></o>

Pour commencer, je ne suis pas riche et pour continuer, ce matin même j’y suis allée. Alors je peux te dire que c’est très propre, le personnel ne laisse rien passé et tu peux être certain qu’un garnement sale comme tu l’es passera un bon moment à se savonner sous la douche avant de pouvoir aller se baigner dans les bains. <o></o> Elle souriait toujours largement lorsqu’elle évoqua la nudité de certains, ceux qui étaient gênés et pas forcément les silhouettes les moins regardables.<o>

</o> Et puis si te promener tout nu t’embarrasse, tu peux toujours garder ta serviette pour cacher ce que tu ne veux pas montrer et puis tu n’es pas obliger de porter ton regard sur les corps nus qui t’indisposent.
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Maintenant, restait l’hygiène de l’eau avec le nombre de personnes présentes qui devaient parfois être nombreuses. Elle n’en était pas certaine, mais pour rassurer l’enfant, enfin surtout pour le pousser à s’y rendre, elle extrapola ce qu’elle espérait qui se passait.<o>

</o> Si c’est vrai que les petits doivent faire leur petit besoin dans l’eau, il n’y a certainement pas qu’eux d’ailleurs, tout est prévu et des produits spéciaux sont mis pour que cela ne porte pas préjudice aux autres visiteurs, ainsi l’hygiène est toujours de mise.
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Elle posa son regard encourageant dans celui de Podrick.<o></o>

Alors tu vois, tu peux y aller sans craindre pour ta santé.
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<!--[if !supportEmptyParas]-->Il suffit d’essayer, d’avoir un peu de courage … de faire comme moi … , je suis certaine que tu n’es pas moins courageux que moi ….<o></o>

Podrick demeura un moment silencieux, puis il soupira et secoua la tête.
-Vous d'vez avoir raison. C'est peut-être très chouette, les bains. Plus chouette que l'port ou je me baignais un peu, l'été, quand j'étais p'tit. Parce que là, franchement, y a vraiment des trucs dégoûtants qui flottent. Mais... J'crois quand même pas que ça soit une bonne idée que j'y aille, aux bains. Si c'est pour r'mettre ça sur le dos après... - il tira sur son manteau rapé et noir de suie - ...ça sert pas à grand chose. Surtout si j'revais dormir dans l'écurie avec les puces et tout. Pis... j'ai pas le temps d'y aller, en fait. J'sais comment c'est, les trucs marrants : on voit pas l'temps passer. Et moi j'ai plein de trucs à faire. Si je suis en retard pour un boulot, je suis viré. Et quand je travaille pas, ben... J'suis avec vous ou je fais ce que vous me demandez pour la lecture ou l'écriture.
Il se fendit d'une grimace chagrine.
-Donc... J'irai un jour, p't'être. mais quand j'aurai plus de temps, j'crois. Pour l'moment, j'peux pas vraiment penser à m'amuser.

Cette fois, Arya ne pouvait tourner en faux les paroles de Podrick, c’était sa réalité, triste et journalière qui était le reflet de son visage et de ses mots. Il travaillait comme un adulte et certainement plus dur qu’elle. Elle pourrait, si elle le décidait, s’octroyer des moments de détente et de loisirs, elle exerçait le métier qu’elle avait souhaité et si elle y passait la plus part de son temps, c’était par passion et non par obligation, mais l’enfant le faisait pour survivre et à moins de passer du côté des petits malfrats, il n’avait pas d’autre choix.<o>

</o> Caressant doucement la joue encore enduite de suie de son petit protéger, le regard de la magicienne s’emplit de tendresse. C’était à elle de trouver une solution pour que l’enfant puisse avoir une vie moins dure maintenant et non seulement lorsqu’il aurait la capacité de prétendre à un autre travail moins fatigant et mieux rémunéré. Il était courageux et persévérant et si ce qu’elle lui apportait était indispensable à son avenir, il méritait qu’un rayon de soleil vienne adoucir son quotidien présent.<o>

</o> Depuis son arrivée, Arya était logée à la Taverne de la Bienveillance. La chambre qu’elle occupait lui suffisait largement et lui offrait bien des avantages. Mais si elle avait eu un logement à elle, qui ne lui coûterait pas plus cher, elle aurait pu offrir à Podrick un peu de confort. Pourtant, l’idée de cette indépendance la rebutait tant de sa vie, elle ne s’était jamais occupée ni de faire la cuisine, le ménage, tout comme l’entretien de son linge. Elle était si rarement dans sa chambre qu’elle ne ressentait pas la promiscuité du lieu et savait qu’elle avait toujours un plat chaud et délicieux qui l’attendait. Mais devant cette vérité de l’enfant, elle se promit d’y réfléchir plus sérieusement et seulement si elle se décidait dans ce sens, elle le lui proposerait sans lui tenir rigueur si jamais il refusait.<o>

</o> Tu avais raison, à côté de toi je suis riche, mais je vais réfléchir pour tenter de trouver une solution pour que tu puisses aller aux bains de temps en temps.<o>

</o> Elle n’en dit pas plus pour ne pas faire de promesse qu’elle ne tiendrait pas bien qu’elle ait voulu dire, pour que tu puisses vivre et t’amuser comme un enfant de ton age ou presque. Certes, elle consacrait du temps pour l’instruire, mais pourrait-elle modifier sa manière de vivre ? Elle ne le savait pas, cette question ne s’étant jamais posée et dans l’instant elle le souhaitait, mais ne savait si elle en avait la capacité.<o>

</o> Lorsqu’il y a un problème, c’est qu’il y a une solution, il suffit de chercher la meilleure façon d’y arriver. Mais assez bavardé dans le froid glacial, il serait bien que nous allions nous remettre au chaud pour regarder le travail que tu as fait et celui qui t'attend pour la suite.<o></o>

Le gamin, perplexe, dévisagea un instant la magicienne, cherchant sans doute à déterminer ce que pouvait bien impliquer la solution qu'elle avait évoquée à demi mots. Mais Arya ne semblant pas disposée à se montrer plus explicite, il se contenta d'acquiescer et de sourire, frissonnant.
-D'accord pour aller dans un endroit chaud... fit-il d'un ton plus léger. Je vous suis !

Le froid mordant les mettait d’accord sans détours et c’est d’un pas rapide qu’ils se dirigèrent à nouveau vers la Taverne de la Bienveillance, ce n’était peut-être pas aussi tranquille qu’il l’aurait fallu pour que la magicienne puisse faire travailler au mieux Podrick, mais il n’était pas question de rester dans le froid et aucun autre établissement ne convenait mieux.<o>

</o> Répondant d’un sourire au regard interrogateur du gamin, Arya savait qu’elle devait trouver une solution pour lui donner une réponse. Restait à savoir ce que la mère du petit penserait si jamais elle venait à lui proposer de l’héberger. Peut-être n’en s’en apercevrait-elle même pas ou serait ravie de voir son enfant sortir des taudis, mais restait le risque qu’elle s’y oppose par simple principe du droit qu’elle avait sur lui ou ne comprendrait pas la raison réelle de cet acte. Mais tout cela était de l’avenir et c’est elle qui devrait de toute manière prendre la première décision.<o>

</o> D’un pas rapide, emmitouflés au mieux, l’elfe arrivèrent rapidement à la taverne où ils pourraient trouver un peu de chaleur.<o></o>

Depuis, la Taverne , Podrick et Arya marchaient d’un bon pas dans les ruelles où les lampadaires dont la flamme vacillait sous le vent offraient un peu de clarté tout en échangeant quelques paroles. Dès qu’ils furent arrivés aux abords des taudis, comme à chaque soir où elle accompagnait l’enfant, la magicienne s’arrêta pour le laisser continuer seul.<o>

</o> <link rel="File-List" href="file:///C:/DOCUME%7E1/AMETHY%7E1/LOCALS%7E1/Temp/msoclip1/01/clip_filelist.xml"><!--[if gte mso 9]><xml> <w:WordDocument> <w:View>Normal</w:View> <w:Zoom>0</w:Zoom> <w:HyphenationZone>21</w:HyphenationZone> <w oNotOptimizeForBrowser/> </w:WordDocument> </xml><![endif]--><style> <!-- /* Style Definitions */ p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal {mso-style-parent:""; margin:0cm; margin-bottom:.0001pt; mso-pagination:widow-orphan; font-size:12.0pt; font-family:"Times New Roman"; mso-fareast-font-family:"Times New Roman";} @page Section1 {size:612.0pt 792.0pt; margin:70.85pt 70.85pt 70.85pt 70.85pt; mso-header-margin:36.0pt; mso-footer-margin:36.0pt; mso-paper-source:0;} div.Section1 {page:Section1;} --></style>Je sais que tu trouveras d’autres clients pour ramoner leur cheminée et puis, j’en parlerai aussi autour de moi. Surtout, dorénavant, rappelle leur que le ramonage d’une cheminée ne peut se faire sans que de la suie tombe autour de l’âtre, ainsi, ils ne pourront rien te reprocher.<o>

</o> Elle passa doucement sa main sur sa joue.<o>

</o> File vite maintenant pour te mettre au chaud et surtout pour dormir, si tu le peux demain on se retrouvera au parc comme d’habitude vu que je vais passer à l’université.<o></o>

Podrick acquiesça.
-Pas d'souci, j'essaierai d'être là. Mais si j'ai un peu de r'tard, vous inquiétez pas : j'peux pas partir en laissant le travail en plan, sion, ça serait pire que de salir un tapis. Et restez pas dans l'froid à m'attendre, si j'tarde trop : je vous retrouverait à la Bienveillance !
L'enfant fit volte-face, s'éloigna de quelques pas puis se retourna et agita la main.
-Bonne nuit, m'dame ! Rentrez bien !
Il sourit, reprit sa course et fut bientôt avalé par la pénombre des Taudis.

La magicienne n’eut que le temps de répondre qu’elle ne l’attendrait pas plus qu’il ne faudrait et que s’il n’était pas là elle l’attendrait dans la salle de la taverne que déjà l’enfant filait et disparaissait. Elle resta un moment à regarder avec tristesse les taudis qui s’étalaient sombres et sinistres dans la nuit glaciale. La misère devait être encore plus pesante et accablante lorsque le ventre creux il fallait se coucher dans une pièce sordide à peine chauffée.<o>

</o> Mais, le vent chargé de grésille s’était renforcé et les fines particules glacées vinrent rappeler à Arya que si elle ne voulait pas se transformer en statue de glace, il était temps de retourner à la Taverne se mettre au chaud. D’un pas rapide, jetant un dernier regard sur la misère à laquelle elle tournait le dos, elle retourna sur ses pas.<o></o>

L’elfe et son petit protéger avait parcouru le trajet depuis la taverne , presque dans le silence. Lorsqu’ils arrivèrent aux taudis, Arya prit doucement le visage de son petit protéger dans ses mains et le regarda avec beaucoup de tendresse. <o>

</o> La prochaine fois que je ne trouverai pas de solution, je te demanderai de m’en trouver une. File vite maintenant et cette nuit, tu as le droit de rêver.

Elle déposa un baiser sur son front et le poussa vers ce lieu triste et sombre espérant bien que ce fut la dernière fois.<o>

</o> Regardant l’enfant disparaître avalé par la misère, Arya resta quelques instants à regarder les taudis, imaginant les drames de la vie qui s’y étaient recroquevillés. Ceux qui y étaient nés, qui n’avaient jamais trouvé le chemin qui menait vers un autre quartier car dès leur plus jeune age, enrôlés dans des tâches rudes et ingrates qui ne servaient qu’à leur apporter un peu de subsistance. Ces enfants devenus trop tôt adultes, engendrant eux-mêmes des êtres sans destin qui voyaient leur avenir fermé par la misère de leurs aînés, Lorsque ces pas l’éloignèrent de la misère, elle y avait ce soir laisser un peu plus son cœur, elle ne pouvait condamner la mère de son petit protéger qui n’avait certainement rien connu d’autre que ces bas-quartiers et qui avait dû tomber dans la prostitution à peine adolescente et ne voyant d’autre travail à faire, même si elle ne pouvait comprendre que l’on ne cherche pas à fuir un tel lieu, à protéger le fruit de ses entrailles, à le pousser loin de là.<o>

</o> Le carcan de l’hiver assommait encore un peu plus ces pauvres gens qui non seulement manquaient de tout, mais qui se voyaient contraints de se battre pour avoir un peu d’eau alors que le gel étreignait l’eau dans ces étaux, de vivre dans des bâtisses faites de bric et de broc qui devaient laisser pénétrer le froid polaire et sous leurs haillons ne devaient guère épargner les plus faibles. <o>

</o> Mais, elle n’était pas de nature à se laisser aller à de sombres pensées et savait que le grand parc lui apporterait la sérénité malgré la vie ralentie de la nature qu’il abritait. Elle s’y dirigea et ne put s’empêcher de passer à l’avenue du Solstice et s’arrêter devant de jardin aux herbes folles. Son sourire revint, alors que d’un pas léger, elle continuait son chemin en direction de la taverne.<o></o>