La Couronne de Cuivre

[Quête : l’invasion des ombres]
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HRP : hors des remparts
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En entendant les paroles de Galathée, le sergent Desmoulins ouvrit de grands yeux. Son étonnement s’accrut encore lorsqu’Althéa répondit, et il l’observa s’éloigner, abasourdi : ce pouvait-il que ce fût la dirigeante de la résistance qui soit ainsi venue lui prêter main forte ?
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Le moment n’était cependant pas aux interrogations de ce genre : des renforts loyaux à Morféa pouvaient débarquer à tout moment. Il s’empressa donc de sortir à son tour de la gargote. IL observa de loin les retrouvailles entre la bretteuse et Galathée, puis s’approcha et gratifia les nouveaux venus d’un salut amical.
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-C’est un plaisir de vous revoir, madame, dit-il à la rôdeuse. Dame Althéa et moi avons réussi à gagner à notre cause un certain nombre de membres de la garde. Nous ne sommes point assez nombreux pour intervenir dans la bataille – il fit un geste en direction des quais militaires – mais nous pouvons peut-être intercepter des troupes supplémentaires avant qu’elles ne rejoignent le combat. Si vous voulez bien me suivre à l’intérieur de cette taverne… Nous y serons plus à l’aise pour discuter de la situation.
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Galathée et Magariz acquiescèrent. Quelques instants plus tard, la rue était à nouveau déserte.
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[font=&quot]-Avant d’entrer dans le vif du sujet… murmura le sergent à l’oreille de la rôdeuse une fois qu’ils furent tous installés dans la petite salle commune abandonnée. Je… Je voudrais savoir comment va mon fils.
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Quête: L'invasion des ombres.


Galathée avait du mal à croire sa chance : elle était tombée sur Althéa, la vraie ! Cette excellente rencontre tempéra la colère qu’elle avait ressenti contre elle-même, suite à cette maudite embuscade.
« Althéa, en chair et en os ! Enfin une vision réjouissante ! » s’exclama Galathée en étreignant la jeune femme. « Tu as l’air en bonne santé, à défaut de reposée... Je dois dire que c’est... inespéré au vu de la situation... et merveilleux. »
Le sergent Desmoulins, surgissant du bâtiment, les interrompit alors, et la rôdeuse ne put masquer sa surprise.
« En bonne compagnie de surcroît... » souffla-t-elle à son amie alors qu’elles gagnaient la protection de la gargote, les hommes de Magariz et ce dernier sur les talons.

Le Luménien en profita pour lui faire une requête et elle se tourna vers lui.
« Je viens de voir Victor... Il va bien... Il vous attend, et... »
Elle le dévisagea soudain avec une pointe d’angoisse.
« Votre femme ? » murmura-t-elle.

[Quête : l’invasion des ombres]
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La mine inquiète du sergent s’éclaira fugacement en apprenant que son fils était sauf, mais il se rembrunit aussitôt que la rôdeuse l’eut interrogé à son tour. Pâle, les lèvres serrées, il garda le silence un instant, puis se lança.
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-Elle est morte. Elle…
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Il s’interrompit. Nul besoin qu’elle sache que son épouse avait atteint la maison sans doute quelques minutes a peine après qu’elle s’en fut enfuie avec Victor. Il ne connaissait pas Galathée, mais le dévouement dont elle avait fait preuve laissait supposer qu’elle se croirait responsable de sa mort. Alors que si elle était restée, tous auraient probablement péri.

[font=&quot]-Elle n’est pas partie seule, cependant, conclut-il gauchemen. C’était quelqu’un de courageux. Les Rouges l’auront appris à leurs dépens.[/font]

Quête: L'invasion des ombres.

« Je suis désolée... » murmura la rôdeuse, et un instant, elle se sentit arrachée à la taverne pour regagner la petite chambre dans le quartier sud, et l’enfant qu’elle y avait laissé. Une seconde seulement. Puis elle réintégra la pénombre et la compagnie empressée et inquiète, volontaire et déterminée, des résistants. Prenant place autour d’une table, avec Althéa, Magariz et le sergent Desmoulins, elle les écouta exposer la situation et déterminer une stratégie, hochant la tête pour marquer son assentiment avec les décisions prises par des hommes de guerre autrement plus expérimentés qu’elle. Malgré tous ses efforts, périodiquement, son esprit vagabondait, ressassant les morts de la journée, Victor et sa mère sans visage, qu’ils n’avaient pas attendue assez longtemps, le monstre si familier dans son impasse sordide, sous sa couche de poussière et de sang, les anonymes, les gardes rouges... Heureusement le visage d’Althéa, en face d'elle, concentrée, bienveillante, lui servait de phare, la ramenant dans la réalité chaque fois qu’elle menaçait de dériver trop loin.

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HRP : à l'intérieur des remparts
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Les pertes furent lourdes parmi les précurseurs de la deuxième vague d’assaut : frappés par les soldats de Ravestha qu’ils n’avaient pas pu repérer, à cause de leur invisibilité, chargés par les suivants d’Iluvatar, harcelés de traits par les archers survivants, nombre de Luméniens s’écroulèrent, terrassés. Kasumi, sur les remparts, eut le plaisir de voir les soldats entourant le mage qu’il avait visé s’écarter un bref instant, tandis que deux d’entre eux soulevaient le corps inerte du lanceur de sort terrassé. Mort ou blessé, le rôdeur n’aurait su le dire. Une chose était sûre, toutefois : il était hors d’état de nuire pour l’instant.
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Mais l’ennemi était innombrable. Sitôt un homme tombé, un autre venait prendre sa place. Morféa Nwalk avait ordonné que l’on pénètre à l’intérieur de la forteresse portuaire par tous les moyens, et les soldats chargeaient inlassablement, les lignes arrières pressant les plus avancées, les forçant à se jeter contre leur adversaires. Le mince cordon de défense qui avait un temps contenu le flot au niveau de la porte fut bientôt balayé : résistants et Manostiens durent reculer et se regrouper pour ne pas être submergés.
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Ils continuèrent cependant à combattre vaillamment, luttant pied à pied ; mais leur sort inéluctable s’imposait à eux tendis que, par dizaines, la multitude des assaillants se déversait par l’arche désormais conquise.
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Au moment où ils croyaient tout perdu, des clameurs guerrières retentirent derrière eux : les navires de la Cité Bénie avaient enfin accosté. Des passerelles avaient été jetées sur les quais, et les soldats manostiens s’en déversaient, courant, l’épée levée, se jeter dans la mêlée bouillonnante. Le front de la bataille devint flou, indistinct, comme les Luméniens prenaient conscience de la charge furieuse qu’ils devaient affronter. Ils reculèrent même un peu. Mais une ligne nette se dessina bientôt, en même temps que les deux armées consolidaient leurs positions. <!--[endif]--> <!--[if !supportEmptyParas]--><!--[endif]--> <!--[if !supportEmptyParas]--><!--[endif]--> <!--[if !supportEmptyParas]--><!--[endif]-->

C'était avec horreur que Ravestha avait vu la ligne défensive des résistants voler en éclats. Les inlassables vagues ennemies avaient eu raison des défenseurs et ce fut dès lors le chaos. Les Luméniens en large surnombre se déversèrent sur les quais et les derniers survivants ne purent que se regrouper en cercle, harcelés de toutes parts qu'ils étaient par les soldats de Morféa. Ceux qui n'avaient pas eu la chance de se regrouper à temps avaient été abattus froidement dans la mêlée. De la quarantaine de résistants au sol, il ne restait désormais plus qu'une dizaine qui ne devait sa survie que parce qu'elle parvenait encore un peu à tenir en respect leurs ennemis à grand renfort de coups d'épées dissuasifs. Plus rien ne comptait, les esprits étaient vides : il s'agissait de survivre. Ils étaient loin des considérations sur la libération de Luménis, seul comptait leur vie. C'était bien l'énergie du désespoir qui donnait encore la force à ces hommes d'opposer une résistance.

Ravestha soufflait autant qu'il le pouvait, sentant le sang chaud couler le long de son visage. Un des guerriers l'avait frappé au front d'un violent coup de son poing gantelé dans la confusion qui avaient suivi la débâcle et il s'en était fallu de peu pour que la lame du luménien suive la même trajectoire. Ses images avaient depuis longtemps disparu, envolées par les coups dont il aurait dû être la cible. Lui-même n'échappait pas à la règle : il n'était pas prêt à mourir, pas alors que les Manostiens arrivaient, synonyme d'espoir.

Quel ne fut pas le soulagement des derniers combattants losqu'ils virent les Manostiens se jeter à leur tour dans la bataille avec la rage au ventre. Les navires crachaient par dizaines les soldats de la Cité Bénie. La priorité des hommes commandés par Derlis Vidan avait été de sécuriser le groupe des résistants en difficulté mais cette fois il était impossible de repousser les Luméniens des quais militaires. C'est sur le pavé de cette zone que se jouerait le sort de la Cité de Lumière, et chacun en était conscient.

Avec une force renouvelée, Ravestha repartit de l'avant. Helm ne les avait pas laissé périr, il ne les laisserait pas perdre cette bataille. Puis lorsqu'il eut les quelques secondes de répit qu'il lui fallait, il rangea rapidement ses épées au fourreau. Il incanta son dernier sort, espérant quelque peu déstabiliser ses ennemis, et au moment de lâcher le cône de feu il se mit face aux Luméniens les plus proches.

Ravestha --> Mains brûlantes --> Ravestha

Dégainant de nouveau ses armes, il invectiva ses camarades les plus proches pour les inciter à pousser l'avantage au maximum.

[Quête : l’invasion des ombres]

A la vision des trois navires porteurs d’espoir dans le port avait succédé d’affreuses minutes durant lesquelles la charge Luménienne avait acculé la dernière poignée de défenseurs. Ceux qui n’étaient pas déjà morts se trouvaient encerclés et trop loin des accès menant à la muraille pour rejoindre les quelques archers.

Ceux-ci ne pouvaient d’ailleurs pas leur être d’un grand secours : la percée de la dernière ligne de défense avait laissé le champ libre pour les fantassins ennemis. Certains s’étaient précipités vers les escaliers menant aux remparts afin d’en déloger les rebelles qui les harcelaient. Kasumi et deux autres hommes avaient abandonné leur arc pour défendre l’escalier d’accès. Armé de ses deux épées, le rôdeur réussit à repousser l’assaut d’un premier ennemi. Les défenseurs avaient l’avantage tant qu’ils empêchaient les assaillants de prendre appui en haut des marches en colimaçon mais cela ne durerait pas éternellement. Déjà, un regroupement de Luménien se massait devant la tourelle, le rôdeur serait rapidement débordé et les archers qui tiraient dans la mêlée n’y changeraient rien.

Une charge particulièrement violente obligea les trois Manostiens à reculer. Pour sauver leur vie, ils avaient du abandonner quelques pas. Si la manœuvre avait été la dernière pour l’un des assaillants - égorgé par la lame d’un Manostien – le mal était fait et l’ennemi avait maintenant pris pied sur le pallier supérieur. Les premiers attaquants tentèrent de presser leur avantage mais se heurtèrent à une défense acharnée. Les résistants opposaient l’acier de leur arme et même leur propre corps pour bloquer leur progression. Néanmoins, ils en payaient le prix du sang et reculaient pas à pas. L’homme sur la droite de Kasumi s’effondra finalement, atteint à de multiples reprises, un dernier coup porté au creux de son estomac lui fut fatal. Un assaillant se précipita dans le vide ainsi créé mais s’effondra lorsqu’une lame se planta dans sa gorge. Son meurtrier dut reculer à son tour pour ne pas s’exposer à la riposte des Luméniens. Plusieurs archers vinrent rejoindre les deux défenseurs lorsque ceux-ci furent repoussés sur le chemin de ronde. La mêlée prit aussitôt le même aspect que celle menaçant de broyer les derniers fantassins se battant sur la place.

Kasumi faisait maintenant face à deux soldats. Les premières passes d’arme lui avait permis de les jauger. Le plus grand maniait gauchement et sans expérience sa masse d’arme. Le rôdeur se contentait de le maintenir à distance en parant et esquivant ses coups lents et maladroits. L’autre était rapide et ses coups avaient presque réussi à percer la défense du demi-elfe à deux reprises. Il se servait intelligemment de son camarade pour distraire son adversaire et ne pas lui offrir de possibilité de riposte. Kasumi surprit le soldat armé de la masse en changeant d’appui et en plongeant à son contact. La distance se réduisit trop vite pour que le Luménien puisse réagir et son compère plus agile ne pouvait plus atteindre sa cible. Le rôdeur lut de la surprise sur le visage du premier Luménien : une lame venait de s’enfoncer dans son dos. Il avait été trahi par le second assaillant qui en profita pour porter une attaque au rôdeur. Celui-ci recula juste à temps pour ne pas être décapité et se heurta à la muraille crénelée. Son adversaire fut immédiatement sur lui et il ne dut qu’à ses bons réflexes de détourner la lame visant sa poitrine. Son adversaire fut emporté par son élan quand son coup ne trouva que le vide et il fut soulevé de terre par un colosse qu’il eut à peine le temps de voir avant de s’écraser sur les pavés plusieurs mètres plus bas. Banjo avait délaissé la garde des tonneaux pour se porter au secours de Kasumi.

Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, les renforts venaient de prendre position autour des résistants survivants au sol. Sur le rempart, une quinzaine de Luméniens n'avaient nulle intention de laisser les derniers défenseurs se réjouir. Ils s’apprêtaient déjà à éliminer cette menace avant de se joindre à la féroce bataille engagée plus bas. Le rôdeur et les derniers archers chargèrent une fois de plus...

Quête : l'invasion des ombres

Peu à peu, la tension s'évacuait. Elle avait détendu peu à peu ses muscles et profité de la chaleur. Mais la fatigue persistait. Elle la sentait insidieuse, prête à s'emparer d'elle à tout moment. Elle s'était surprise à fermer les yeux et à dodeliner de la tête. Mais le regard de Galathée posé sur elle l'empêchait de sombrer tout à fait. Peut être avait elle deviné quelque chose. Peu importait de toute façon. Pour le moment ... Elle se sentait hors du temps, loin même de ce lieu et de la rumeur des combats. Seule la présence de ce secret, de cet élément imperceptible mais pourtant si vrai parvenait à l'apaiser.

Et Galathée. Elle aussi avait quelque chose de changé. Ces ombres dans le regard. Il s'était passé quelque chose de grave. Elle avait vraisemblablement tenté d'aider la femme de Desmoulins. Pas comme elle l'aurait voulu. Elle aurait voulu trouver quelque chose à dire pour lui redonner le sourire. L'éloigner de cette gravité qui ne lui ressemblait pas.

"Tu n'as pas amené ton infâme mixture* avec toi cette fois-ci ?"

*hrp : cf vol de la relique 2

Quête: L'invasion des ombres.

Althéa dérivait, Galathée s'en rendait compte, petit à petit.
« Oh... » Elle sourit. « Non. Enfin, j’avais sûrement de quoi dans mon sac, mais je crains de l’avoir oublié quelque part dans un arbre du Parc Verdoyant. Un chêne rouvre. Je pourrais le retrouver, je pense. Si tu es tentée... je t’en ferai un délicieux bol pour fêter notre victoire. »
La situation avait quelque chose de surréaliste. Même si Galathée comprenait les raisons qui les gardaient à l’abri, les clameurs de la bataille résonnaient jusque dans ses tripes, lui glissant des fourmis dans les jambes.

Quête : l'invasion des ombres

Elle aussi essayait de ne pas entendre. Mais la rumeur des combats la poursuivrait bien après son départ de Luménis, elle le savait. Ils étaient dans une ville en état de siège et bientôt, il leur faudrait repartir au combat. Mais avant - si elle le pouvait seulement - économiser ses forces. Machinalement, elle avait pris son tricorne et en avait enlevé la poussière. Il s'était bien perdu le marin d'eau douce. Pour un peu, elle aurait trouvé cela comique. Il n'en fallait guère plus pour qu'elle bascule en plein délire.

Elle sentit deux larmes perler et rouler le long de ses joues. Peut être était ce mieux ainsi. Parce que les hommes n'oubliaient pas les armes quand ils ne savaient plus pleurer. Elle parvint à sourire malgré tout.

"Hé bien, ça ne serait pas de refus. Tu devras peut être en faire une grande marmite histoire d'en faire profiter à tous "

Oui, on nageait en plein délire ...

[Quête : l’invasion des ombres]
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A l’intérieur des remparts, la bataille faisait rage. Les contingents manostiens s’étaient déployés le long des quais et, aidé des résistants survivants, faisait face à l’armée luménienne. Près de deux cent cinquante hommes s’affrontaient, de part et d’autre, pour la conquête de la forteresse portuaire.
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Sur les remparts, Kasumi s’immobilisa, haletant. Ils étaient venus à bout du petit contingent de soldats qui étaient venu déloger les archers de leurs positions. Jetant un regard autour de lui, il ne put, le cœur serré, que constater que tous ses compagnons étaient tombés, à l’exception de Banjo. Tous deux disposaient d’un répit qui ne s’éterniserait pas, malheureusement. Ce n’était qu’une question de minutes avant que les fidèles de Morféa n’investissent à nouveau le chemin de ronde. Et lorsque ce serait le cas, les deux rescapés ne pourraient leur faire face.
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De l’autre côté des murs, la rumeur du débarquement des Manostiens s’était répandue comme la peste, semant le trouble parmi les troupes. Nwalk, de son côté, rongeait son frein : il aurait aimé être en première ligne, pouvoir tailler dans le vif la masse des envahisseurs. Mais il y avait un véritable embouteillage au niveau de la porte menant aux quais : ceux-ci étaient combles, et, pour l’heure, on ne pouvait passer qu'au compte goutte. Entouré de sa garde, il ne s’en approcha pas moins, guettant la moindre opportunité pour se jeter dans la mêlée.
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Aux limites de l'esplanade, il ne fallut guère de temps avant que Galathée, Althéa et Desmoulins fussent rejoints par l’un de leurs hommes qui les informa des dernières nouvelles : il avait entendu les cris incrédules des Luméniens et compris qu’une aide inespérée venait d’être apportée à ceux qui les combattaient à l’intérieur des remparts…
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Non loin de là, Taliesin avait également été mis au courant de ce rebondissement. Les sourcils froncés, les traits crispés, il réfléchissait intensément. Peut-être le temps d’intervenir était-il enfin venu. <!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]--> <!--[if !supportEmptyParas]--><!--[endif]--> <!--[if !supportEmptyParas]--><!--[endif]--> <!--[if !supportEmptyParas]--><!--[endif]--> <!--[if !supportEmptyParas]--><!--[endif]-->

[Quête : l’invasion des ombres]

La mêlée avait du être aussi confuse qu’elle pouvait l’être à en juger par les corps des Luméniens, des Manostiens et des rebelles formant des amas macabres sur tout le chemin de ronde. Il ne s’agissait que de l’une des nombreuses scènes de sauvagerie qui agitait les quais. Kasumi et Banjo étaient tous deux vivants, les ennemis morts étaient presque deux fois plus nombreux que les archers tombés mais le rôdeur ne pouvait pas considérer cela comme une victoire. La bataille faisait toujours rage en bas et les deux survivants risquaient d’être surpris par une nouvelle vague qu’ils n’auraient pas les capacités de repousser.

L’estomac de Kasumi se contracta et la bile lui remonta dans la gorge à la vue des corps démembrés, des visages brûlés et des traînées de sang qui souillaient les pierres dallées sous ses pieds. Il parvint à retenir le maigre repas pris sur le bateau de Ravestha avant l’assaut mais il sentit une larme couler sur sa joue traçant un sillon dans la poussière et le sang séché maculant son visage. Il poussa finalement un long soupir en examinant Banjo. Celui-ci n’était apparemment pas blessé, du moins physiquement. Il avait repoussé les assaillants en leur jetant tous les objets à sa portée : casques, caillasse arrachée aux remparts par la force des impacts du début de la bataille et même les tonneaux qui étaient désormais inutiles à retarder le flot incessant passant sous l’arche. Le rôdeur n’avait reçu que quelques égratignures mais il sentait un picotement à chacun de ses mouvements quand la sueur coulait sur sa peau brûlée ou que celle-ci frottait contre ses vêtements. Il chercha à en faire abstraction pour le moment, se concentrant sur une issue pour Banjo et lui-même. Il était exclu de tenter de rejoindre les renforts : les deux hommes ne feraient pas trois mètres avant d’être submergés. Son regard se porta vers l’une des deux tourelles encadrant la grande porte. Elles s’élevaient à cinq mètres au-dessus du niveau du rempart. Les résistants n’y avaient pas posté d’archers car les portes massives qui y menaient en étaient verrouillées. Un obstacle qui se dresserait maintenant contre leurs ennemis pour peu qu’ils parviennent à se hisser sur la plate-forme. Le rôdeur alla chercher un tonneau pas trop endommagé et y noua une corde. Il donna ensuite ses instructions à Banjo :

- Nous ne sommes pas encore tirés d’affaire. Tu t’es bien battu mais il faut nous retirer. Je vais grimper là-haut. Pendant ce temps, récupère toutes les flèches que tu peux trouver et mets-les dans ce tonneau. Une fois en haut, je te hisserai.

Il noua une deuxième corde autour de la taille du colosse en espérant qu’elle soit suffisamment solide pour supporter son poids. La paroi de pierres de la tour offrait de nombreuses prises et il ne fallut que quelques minutes au rôdeur pour se hisser par-dessus la margelle. Par chance, personne n’avait encore fait attention à eux aussi interpella-t-il Banjo du haut de son perchoir :

- C’est bon : noue la corde du tonneau à ton poignet et lance moi celle que tu as à la taille.

Le colosse s’exécuta non sans un froncement de sourcils révélateur de son incompréhension de la manœuvre trop complexe pour son entendement. Au bout de trois essais, le demi-elfe attrapa la corde lancée à sa portée. Il entreprit de la ramener vers lui mais elle se contenta de se tendre sans que le colosse n’ait bougé d’un pouce.

- Il va falloir que tu m’aides un peu, Banjo : sers-toi de tes pieds pour grimper, je ne te lâcherai pas.

L’opération demanda un certain temps et pas mal d’efforts qui laissèrent le rôdeur haletant et les bras en feu. Mais Banjo était en sécurité et personne ne les suivrait ici. Une seule trappe de bois permettait de les rejoindre en dehors du chemin qu’ils avaient emprunté. Kasumi demanda à Banjo de hisser le tonneau de flèches avant de s’affaler contre la paroi pour reprendre ses esprits. Au bout d’un moment, il sourit à l’ancien esclave :

- Beau travail : surveille que personne n’ouvre cette trappe et surtout reste accroupi. Je vais voir ce que je peux faire de toutes ces flèches.

Le rôdeur se releva, la haute margelle était percée de deux meurtrières tournées vers le port. Fermant les yeux une seconde, il se prépara à semer la mort une nouvelle fois sans se soucier de la bataille dont il ne voyait plus rien que le dos des Luméniens se pressant vers le front de mer.

Quête: L'invasion des ombres.

« Nous devrions bouger. » s’exclama brusquement Galathée en se levant. « Je sais que nous ne sommes pas nombreux, mais rester ici alors que les choses se passent là-bas me tue ! Si les hommes de Morféa sont en train de perdre du terrain, pour une raison ou une autre, nous devrions aller prêter main forte aux nôtres. »
Elle balaya l’assemblée du regard, passant d’Althéa à Magariz, puis s’arrêtant sur Desmoulins.
« Je n’ai rien d’une combattante, et mon sens stratégique est proprement inexistant, mais il doit y avoir une chose, n’importe laquelle, que nous puissions faire sans transformer notre équipée en suicide programmé ! »

[Quête : l’invasion des ombres]
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Sur les quais militaires, la bataille se poursuivait. Des dizaines de corps jonchaient les pavés rougis, mais elle ne donnait pas le moindre signe de vouloir s’apaiser. Les combattants étaient emportés dans ce ballet mortel fait de charges, de replis, de percées sans lendemain… Aucun des deux camps ne sembla d’abord en mesure de l’emporter. Mais il existait entre eux une différence notable : les Manostiens qui tombaient n’étaient pas remplacés, tandis qu’il y avait toujours un Luménien pour prendre la place d’un de ses concitoyens abattu. Lentement, la supériorité numérique de ces derniers leur permettait de gagner du terrain…
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Ainsi, une trentaine de Luméniens, menés par un fougueux capitaine, parvinrent à s’enfoncer profondément parmi les rangs Manostiens, menaçant de les séparer en deux corps distincts, ce qui, pour eux, aurait signifié le début de la fin… Déjà, la cohorte avait à moitié réussi lorsque, soudain, le crépuscule fut illuminé par une vive lueur dorée. On eut pu croire que le soleil, ne pouvant se résoudre à partir sans voir le dénouement de l’affrontement, avait décidé de reparaître… Mais l’illusion ne dura que le temps d’un battement de paupières : l’instant d’après, tous virent une boule de feu rougeoyante s’écraser sur la percée luménienne qui fut réduite à néant.
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-Ils ont des mages ! hurla l’un des assaillants.
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De fait était apparue au bastingage de l’un des navires une vieille femme qui incantait derechef, de même qu’un homme âgé, debout à côté d’elle. Une vague parcourut la masse des soldats loyaux à Morféa, comme chacun tentait de s’écarter de l’impacte supposé des projectiles à venir. Manostiens et résistants en profitèrent pour pousser de l’avant, déstabilisant encore un peu plus leurs adversaires.
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Du haut de sa tourelle, Kasumi tirait sans relâche ses flèches. Personne (ou presque) ne l’avait repéré jusqu’ici. Ce qui n’était guère étonnant, vu l’ampleur de la cohue. Les rares qui se retournèrent pour regarder d’où venaient les traits meurtriers n’eurent pas eu le temps de prévenir leurs compagnons. Un empennage vibrant émergeant du corps, ils s’étaient tous effondrés.
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Dans l’auberge abandonnée, Desmoulins se leva à son tour. Il avait hésité un instant : ils étaient si peu nombreux, face à la masse grouillante qui se pressait devant les remparts ! Mais la rôdeuse avait raison : si l’arrivée impromptue de renforts adverses les avait un tant soit peu dépités, il fallait en profiter.
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-Très bien, lança-t-il. Il y a effectivement quelque chose que nous pouvons faire. Plaçons tous les hommes disposant d’arc sur les toits : qu’ils harcèlent les arrières de l’ennemi sans relâche ! Ceux qui n’ont que des épées se tiendront près des entrées, pour barrer le passages à ceux qui voudraient nous dénicher !
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Tous se levèrent et, bientôt, les résistants se mirent en place. Galathée prit la tête d’une vingtaine d’archers qui se positionnèrent sur le toit de la gargote. Au sol, Desmoulins et Althéa commandaient le restant du groupe, disposé de telle manière que nul ne pût pénétrer dans le bâtiment sans devoir affronter forte partie. Bientôt, une pluie de flèches s’abattit dans les derniers rangs Luméniens, foudroyant nombre de soldats stupéfaits.
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A quelques rues de là, Taliesin avait enfin pris sa décision. On venait de l’informer que des résistants s’étaient mis à attaquer les Luméniens depuis un bâtiment voisin. Ils ne semblaient pas très nombreux, et leur tentative désespérée se solderait probablement par un massacre, Un imposant contingent de Luméniens se dirigeait déjà vers eux… Mais cela n’avait absolument aucune importance. Ces imbéciles téméraires lui offraient là l’opportunité d’intervenir en semant un peu plus le trouble parmi les fidèles de Nwalk. C’était tout ce dont il avait besoin.
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Suivi par ses hommes, il sortit dans la rue et se mit à incanter
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Taliezin --> Coursier fantôme
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Une monture apparut aussitôt, et l’ancien barde ne put réprimer un sourire satisfait. Elle était parfaite, avec sa robe d’un noir de jais et ses yeux à l’éclat de rubis.
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L’enfourchant aussitôt, il se tourna vers ses compagnons.
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-L’heure est arrivée, messieurs ! N’oubliez pas que notre seule chance de réussite est la terreur que nous inspirerons autour de nous ! Tant que les soldats se fieront aux apparences, vous ne craindrez rien d’eux ! Tuez-les sans merci, mais gardez à l’esprit que notre objectif est Nwalk !

Il talonna sa monture et, juste avant d’émerger sur l’esplanade, il lança un nouveau sort.
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Taliezin --> Cri de fantôme --> Esplanade
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Un hurlement d’outre-tombe retentit alors, couvrant un instant le vacarme du combat et les conversations des Luméniens s’entassant devant les remparts. Celles-ci diminuèrent quelque peu d’intensité, comme les hommes les plus proches du phénomène se retournaient pour voir ce qui l’avait produit. Alors une voix se fit entendre, grave, lancinante :
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-Morféa Nwalk ! Les morts viennent réclamer leur dû !
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Telle une vision de cauchemar, le petit groupe jaillit hors de la ruelle, environné de la fumée et des éclairs produits par les billes offertes par Dubnium. Taliesin allait en tête, juché sur son étalon de nuit ; les autres courraient derrière lui. Avec leurs armures de Gardes Rouges couvertes de sang luisant, leurs épées enflammées, leurs mines affreuses, ils avaient tout de créatures tout droit sortis des Enfers.
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Les Luméniens les plus proches demeurèrent pétrifiés un moment, puis refluèrent précipitamment pour échapper à l’avancée des trépassés. Certains ne furent pas assez vifs, cependant. Parvenu près d’un garde, Taliesin, une troisième fois, incanta. Il savait qu’il se démunissait ainsi de cartes précieuses : il n’avait pas le choix, cependant : il fallait frapper le plus grand coup possible avant que les autres ne retrouvent leurs esprits.
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Taliesin --> Chant de la Mort Pustuleuse --> Soldat luménien.

La malheureuse victime se mit à pousser des cris affreux tandis que des cloques et des boursouflures naissaient sur tout son corps. Tombant à genoux il se mit à se tordre de douleur, sous les yeux affolés de ses compagnons. Bientôt, il laissa échapper une plainte déchirante et, soudain, dans une immonde gerbe de sang, sa carcasse secouée de violentes convulsion explosa…
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C’en était trop pour les soldats qui se trouvaient alentour. Terrifiés, ils se débandèrent, fuyant aussi loin que possible de la troupe infernale qui les talonnait. Taliesin fauchait tous ceux qui passaient à sa portée ; ses hommes faisaient de même, à une exception près. Eux ne riaient pas tels des déments
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</o><!--[endif]-->
[font=&quot]Au niveau de la porte donnant accès aux quais militaires, Morféa Nwalk et sa garde s’étaient arrêtés nets. Le Seigneur Noir contemplait, de l’autre côté de l’esplanade, ses gens se disperser comme des moineaux devant… LUI ? Une lueur de haine pure luisit dans son regard lorsqu’il reconnut le cavalier. Ainsi, c’était donc vrai. Le Prophète Gris était revenu… Et bien, il allait le renvoyer bien vite d’où il venait ! Ce n’était pas un machabée qui allait lui gâcher sa victoire. Sans un regard en arrière, toute idée de prêter main forte à ses soldats abandonnée, il se dirigea à grand pas vers son ennemi.[/font]

Quête : l'invasion des ombres

Elle n'avait pas quitté Desmoulins, attendant les ennemis près de lui. Un peu pour se rassurer, beaucoup pour le protéger. Son fils n'avait plus que lui à présent. Qu'adviendrait il s'il était pris ou tué ? Elle se battait d'une manière fébrile qui ne lui ressemblait pas. Ses coups portaient approximativement et il s'en était fallu de peu pour qu'une épée ne lui tranche la gorge. Elle s'en était tirée avec une estafilade à la joue. Si elle ne se ressaisissait pas, le prochain coup d'estoc pourrait lui être fatal.

Maintenant, elle n'attendait plus que le combat finisse enfin. Elle n'en pourrait bientôt plus.

[Quête : l’invasion des ombres]

En bas, un autre homme s’effondrait, un empennage lui dépassant du thorax. Celui-ci avait eu le temps de se retourner et même de lever les yeux avant de mourir. C’était pire quand le demi-elfe apercevait leurs visages incrédules. Il avait depuis longtemps perdu le compte de ceux qui avaient trépassés sous ses traits mais il savait que tous ces visages viendraient le hanter s'il venait à survivre à cette guerre sanglante. Certains des hommes qu’il avait occis aujourd’hui étaient mauvais et il les méprisait à tel point que leur mort ne pesait pas sur sa conscience mais combien d’autres auraient pu être sauvés ? On ne pouvait leur reprocher que d’avoir mal placé leur loyauté. Le rôdeur aurait souhaité que Banjo n’ait pas trouvé autant de flèches mais celui-ci avait accompli la tâche demandée avec zèle et il restait largement de quoi harceler les fantassins pendant de longues minutes. Comme s’il avait su que la pensée du rôdeur avait dérivé vers lui, le colosse s’exclama avec excitation :

- Kasumi devrait voir ça ! Le monstre est revenu !

Le rôdeur eut un instant de panique se demandant quel nouveau maléfice allait menacer les résistants mais la voix de Banjo n’exprimait aucune peur. Abandonnant la meurtrière, il se dirigea de l’autre côté de la tour pour regarder vers les habitations au-delà du rempart. Ce qu’il vit le déconcerta un instant : l’arrière des troupes ennemies affluait et refluait comme si la panique l’avait gagnée. Des hommes couraient dans des directions opposées comme les marionnettes d'une volonté contradictoire. Une noirceur envahissait la zone, une noirceur que l’on ressentait avec le cœur plutôt qu’on ne la voyait. L’air était lourd de l’odeur d’un charnier ambulant et un cri d’effroi relayé maintes et maintes fois se fit entendre par-dessus le fracas des armes. Un carré de soldats en uniformes d'apparat abandonna sa progression vers la porte pour se diriger vers l’origine du trouble : une forme humanoïde qui chevauchait une parodie de cheval de guerre au milieu de combattants à l’aspect inquiétant.

Kasumi savait que le commandant des troupes ennemies devait se trouver au centre du carré d’hommes en armes. Une partie de lui craignait plus l’apparition monstrueuse que cet ennemi atavique. Une partie seulement… Si l’intuition de Galathée était bonne, le monstre ne porterait pas ses coups contre les Manostiens. Penser à la rôdeuse lui fit un instant oublier la bataille et dessina un sourire sur ses lèvres sèches. Il espérait qu’elle avait su trouver un abri loin de toute cette folie. Il espérait par-dessus tout survivre pour peut être la revoir.

- Les gardes nous menaçaient de nous laisser au monstre parfois. Mais on savait qu’il ne s’en prenait pas à nous. Les gardes en avaient très peur, plus peur que Banjo a peur de la nuit ! Ils frappaient ceux qui parlaient du monstre. L’un d’entre eux a même coupé la langue de la pauvre Miri après qu’elle se soit moquée de lui. C’est dommage, je l’aimais bien Miri, elle était gentille avec Banjo. Au moins, elle n’a pas hurlé comme les autres quand il l’ont emmené derrière.

Le rôdeur mit un instant à comprendre que Banjo lui parlait à nouveau. Il était absorbé par la vision de la charge furieuse qui se déroulait hors de vue des autres Manostiens. Il n’aurait pas pu en jurer mais il lui sembla entendre le son caractéristique des arcs en arrière de la nouvelle mêlée.

Quête: L'invasion des ombres.

Debout sur le toit de la gargote, une flèche encochée dans son arc, puis une autre, une autre encore, Galathée visait et tuait sans frémir, s’étonnant de son propre calme, de la manière dont elle était capable de repérer les zones offertes dans l’armure de ses adversaires, d’y plonger un trait mortel (tous ne touchaient pas la cible prévue, bien sûr, mais l’intention y était), de se désintéresser de l’agonisant pour se choisir une nouvelle victime. La nuit précédente, même pas vingt-quatre heures plus tôt, elle avait tremblé dans les ténèbres, ignorant ce dont elle était capable. Etait-il possible d’avoir changé à ce point en si peu de temps ou était-ce un effet secondaire du choc, de Luménis en sang, de la haine des hommes ? Et si elle avait changé, qui était-elle désormais ? Quelqu’un que l’ancienne Galathée aurait encore pu reconnaître ? Tolérer ? Apprécier ?

Une flèche s’abîma, cruelle, dans l’oeil d’un soldat téméraire et l’envoya percuter celui qui le suivait. Autour d’elle, les autres archers effectuaient leur besogne avec détermination, mécaniques, concentrés. Les Morféens approchaient de leur refuge, nombreux. Galathée refusa de regarder vers le sol où Althéa, Desmoulins, Magariz et leurs hommes devaient resserrer les rangs. A quoi bon s’en inquiéter... Chaque seconde compte, chaque flèche est potentiellement un ennemi en moins à affronter...

Peut-être était-ce une voie sans issue, sans retour... Peut-être ne pourrait-elle pas faire face à ce qu’elle était devenue... Peut-être la mort, finalement, était-elle préférable à la douleur des lendemains...

Puis soudain, un cri hanté s’éleva d’une ruelle voisine, et Galathée sentit les cheveux se hérisser sur sa nuque et le sang se figer dans ses veines. Une équipée démoniaque déboula sur l’esplanade, rependant les ténèbres dans son sillage, repoussant les hommes du tyran sur sa route... Des Gardes Rouges, morts, debout à nouveau, le sang luisant sur leurs armures. Les Morféens poussaient des cris et s’écrasaient les uns contre les autres tandis que les créatures avançaient, implacables, l’épée au clair, fauchant les attardés.
Puis la voix se fit entendre, sinistre et démente, Galathée retint son trait pour observer l’unique cavalier, et sa course folle vers sa Némésis.
« Continuez à tirer... » souffla-t-elle aux archers à ses côtés.
Et elle rompit les rangs.

[Quête : l’invasion des ombres]

Sur les quais militaires, l’intervention des mages débarqués en même temps que les troupes manostiennes, les ordres judicieux de Ravestha et des autres officiers, et enfin la vaillance sans failles des combattants avaientt permis de faire pencher la balance en faveur des défenseurs. Les Luméniens, nombre des leurs tombés, avaient perdu du terrain et se rassemblaient à présent le long des remparts et autour des portes béantes. Ils ne s’avouaient pas vaincus, cependant : des renforts continuaient à les rejoindre – quoiqu’à un rythme moins soutenu qu’auparavant – et ce n’était qu’une question de temps avant que leurs officiers ne lancent une contre-offensive. Résistants et Manostiens, conscients des ravages qu’un tel assaut ferait dans leurs rangs clairsemés, tentaient de l’empêcher en maintenant une pression constante sur leurs ennemis. Mais ils étaient désormais privés du soutien des mages : que ceux-ci eussent épuisés les ressources de leurs livres de sorts ou que la mêlée fut trop confuse pour leur permettre d’intervenir, ils n’avaient plus jeté un seul sortilège depuis plusieurs minutes.

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Au-delà des murs, sur l’esplanade, la situation était toujours aussi confuse, et l’état-major luménien faisait son possible pour reprendre les choses en main. Ethelkin, Ombrage et leurs aides de camp avaient éprouvé un certain soulagement en voyant Morféa et sa Garde Rouge se diriger vers le Monstre et sa clique de damnés. Sans doute le Seigneur Noir savait-il de quoi il retournait ; nul besoin, donc, de se faire du souci avec ça. Ils demandèrent néanmoins aux mages qui les avaient rejoints de positionner les golems entre eux et les morts sans repos. On n’était jamais assez prudent, n’est-ce pas ? Et puis, de là, ils pourraient bien évidemment se porter au secours de leur maître, en cas de besoin...<o></o>
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Ils ordonnèrent ensuite aux troupes massées près de l’arche menant à l’intérieur de la forteresse portuaire de continuer à y pénétrer sans se préoccuper de ce qui se passait sur l’esplanade. La bataille faisait toujours rage sur les quais militaires, ce n’était pas le moment de relâcher son effort !

Enfin, ils envoyèrent des hommes pour tenter de faire rentrer dans le rang les soldas qui s’étaient éparpillés un peu partout sur la place, à l’approche du monstre. C’était là tâche ardue : certains hommes avaient purement et simplement vidé les lieux, d’autres étaient trop effrayés pour songer même à obéir. Et de nouveaux fuyards se joignaient sans cesse à la masse grouillante et affolée, tandis que Taliesin continuait sa chevauchée sauvage... Néanmoins, les envoyés dépêchés par l’état-major parvinrent à rassembl er quelques dizaines d’hommes et à les ramener près des remparts. C'était toujours ça...

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Loin de l’endroit où siégeait l’état-major, Taliesin et ses compagnons avançaient toujours. Mais pas assez vite, au goût de l’ancien barde : les soldats ennemis se faisaient plus nombreux, alentour. Ils fuyaient moins loin. Et, comme les "revenants" qui l’accompagnaient craignaient de se jeter sur une telle multitude, l’étau se refermait lentement. Déjà, certains téméraires parmi les Luméniens avaient osé attaquer les trépassés. Bientôt, l’un de ces derniers succomberait, et cela serait le signe de la curée. Mais il s’en fichait éperdument. Il avait donné à ses hommes les armes pour pouvoir survivre un bon moment : si ces imbéciles rechignaient à s’en servir, ils méritaient leur funeste sort ! En tout cas, ils lui auraient permis d’atteindre son but, et il leur était au moins redevable de cela.
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Car Nwalk était tout proche, à présent. Il le voyait avancer vers lui, entouré de sa Garde Rouge. Dans quelques instants, ils seraient face à face...
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Taliesin éperonna sa monture qui bondit sur le maigre cordon de Luménien le séparant encore de sa proie. Derrière lui, ses hommes pressèrent le pas, pour ne pas se laisser distancer...

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Les résistants massés dans la petite gargote avaient repoussé leurs assaillants. Depuis les toits, les archers menés par Galathée avaient provoqué de terribles ravages dans leurs rangs. Althéa, Desmoulins et leurs alliés s'étaient défaits de tous ceux qui avaient réussi à franchir indemne la pluie de flèches. Et à présent, l’apparition du Monstre avait fait trop forte sensation pour que des Luméniens se soucient encore d’attaquer l’auberge.
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Essuyant son épée sur la cape de l’ennemi qu’il venait de terrasser, Desmoulin jeta un regard circulaire autour de lui. Ils avaient perdu quelques hommes, mais c’était peu cher payé, vu la témérité de leur action ! Reportant son attention sur l’esplanade, il inspira brusquement : il venait d’apercevoir Galathée s’avançant parmi les soldats paniqués.
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Qu’est-ce qui avait bien pu passer par la tête de la rôdeuse ? Qu’avait elle vu pour se jeter aussi imprudemment parmi leurs ennemis ? Il n’aimait pas cette pensée, mais il devait bien avouer qu’une telle conduite confinait à la folie...<o></o>

Qu'elle soit folle ou non, cela ne changeait rien, cependant. Il n'avait pas le droit de la laisser aller seule : elle avait sauvé la vie de son fils. Cela, il ne pourrait jamais l’oublier. Il devait faire quelque choe. Et vite.
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-Tenez vos positions ! Protéges les archers coûte que coûte ! cria-t-il à ses compagnons en s’élançant, l’épée au poing.
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Il gagna l’esplanade et se mit à zigzaguer entre les groupes épars. Personne ne lui prêta la moindre attention : il portait l’uniforme de Luménis, après tout. Il parvint ainsi sans encombres à rejoindre Galathée. La jeune femme, debout sur le perron d’une boutique désertée, avait les yeux fixés sur le petit groupe de morts-vivants. Desmoulins put constater qu’ils avaient presque rejoint Nwalk et ses Gardes Rouges, à présent.
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-Galathée ! appela-t-il doucement. La jeune femme sursauta et se retourna, effarée. Qu’est-ce qui vous a pris ? Revenez vous mettre à couvert, vite !

[Quête : l’invasion des ombres]

De loin, le champs de bataille ressemblait à un capharnaüm gigantesque. Loin du modèle de bataille rangée auquel devaient être habitué de nombreux soldats, c'était une mêlée des plus improbables... un élément dans lequel Morfea se sentait parfaitement à l'aise... jusqu'à ce que ce cri et cette vision d'horreur vinrent perturber cette quiétude si brève finalement.

Taliesin ! Ainsi la rumeur disait vrai ? le barde serait revenu du royaume des morts pour crier vengeance ? La question de savoir comment cela avait été rendu possible avait beau tarauder l'esprit du Seigneur Noir, l'heure n'était pas aux questions, mais bel et bien au règlement de comptes. Frapper d'abord, poser les questions éventuelles ensuite, voila ce qu'enseignait la philosophie de Nwalk en période de troubles. Et ce n'était pas cette fois qu'il dérogerait à la règle. D'un geste du bras, il fit signe à ses soldats de l'escorter jusqu'à ce qu'ait lieu l'insolite rencontre.
L'envie d'en découdre était sans aucon doute aussi forte d'un côté comme de l'autre, et finalement c'est au pas de course que les deux packs, emmenés par leurs leaders respectifs, se percutèrent.

Morfea, à pied, esquiva la charge du barde pour trancher les deux pattes squelettiques gauches de son destrier qui s'écroula sur le côté. La colère prenant le dessus sur la surprise, Taliesin roula sur le côté pour relever immédiatement. Désormais, les deux hommes se faisaient face, l'arme poing. L'un souriant, l'autre rageant.

- Taliesin, tu es le premier homme que j'aurais l'occasion de tuer deux fois. A croire que tu aimes souffrir.

- Garde tes sarcasmes... tu feras moins le fier quand je t'aurais mis à genoux !

Le demi-elfe fut quelque peu surpris par le barde. Ce n'était pas exactement le Taliesin qu'il avait connu "de son vivant". Il lisait en ses yeux une haine féroce, une rage et une rancoeur un peu folle semblait désormais le guider... en quelques sortes, Taliesin ressemblait désormais un peu à son adversaire, et l'un comme l'autre avaient désormais fait totalement abstraction de ce qu'il pouvait se passer autour d'eux.

Autre fait inhabituel, ce fut Taliesin qui chargea le premier ; Morfea avait pris l'habitude de toujours avoir le bénéfice de l'initiative, pour cette fois, il lui fallut défendre. Pour la première fois depuis bien longtemps, il trouvait face à lui un adversaire qu'il n'impressionnait pas, et dont l'envie d'en découdre semblait pouvoir rivaliser avec lui. Après avoir donné un premier assaut, le barde fut rapidement assailli par deux gardes rouges, à qui le sens du devoir avait commandé, coûte que coûte, de protéger leur supérieur avant tout. Mais la rage de l'elfe était telle qu'il continua à charger en se défaisant des deux soldats d'élite en deux temps trois mouvements ; faisant aller s'empaler le premier sur la lame du second qu'il transperça dans la foulée d'un habile tour de passe-passe, avant de continuer l'attaque qu'il menait sur son adversaire.

Tout à sa joie de trouver un adversaire de cette valeur, Morfea savourait cette rencontre. Répondant sans faillir aux assauts du barde, l'ancien bourreau sourrit :

- Hé bien, on dirait que la mort t'aura au moins appris à ne plus te conduire en lâche !

Réplique à laquelle Taliesin répondit par un coup d'épaule, déséquilibrant le demi-elfe, qui bascula à terre. Profitant de l'occasion, Taliesin se jeta sur lui, la lame en avant, mais Morfea le réceptionna bras tendus, puis s'aidant de ces jambes, repoussa le barde avant de se relever et de reprendre son katana. Donnant à son tour l'assaut, Morfea entama alors une longue passe d'armes dont aucun des deux adversaires ne sortit vianqueur. Le duel qui opposait les deux hommes semblait se jouer au coude à coude, et ce fut finalement Morfea qui porta le premier coup. Surprenant le barde en parant une attaque horizontale de son bras gauche, le bourreau s'était dégagé le champs pour envoyer sa lame se planter dans le flanc de l'elfe. Celui-ci, dans un instinct qui le surprit lui-mêrme, était parvenu à s'enlever au dernier moment, mais n'avait pu empêcherla lame de glisser tout de même contre sa chair, l'entamant légèrement. Pour autant, Taliesin laissa à peine transparaitre sa douleur par une petite grimace, et poursuivit le duel sans s'interrompre, parvenant, quant à lui, après un nouvel échange de fer croisé des plus disputés, à trancher en partie, la cuisse gauche de son adversaire, lui faisant ainsi perdre son sourire pour lui faire saisir la difficulté de la tâche qu'il allait désormais avoir à accomplir. Contrairement à ce qu'il aurait pu croire au début, se débarasser de lui, ne serait pas si facile.

Quête : l'invasion des ombres

Un cri, un cri déchirant monté tout droit des profondeurs infernales. L'espace d'un instant, elle tout s'était interrompu. Elle et son adversaire s'étaient arrêtés et avaient échangé un regard apeuré. Heureusement, c'est elle qui avait retrouvé le plus rapidement le contrôle d'elle même pour porter un dernier coup. L'homme était tombé, face contre terre, le sang sourdant de sa poitrine déchirée. Il n'était pas le premier, il ne serait pas non plus le dernier. Les mains d'Althéa tremblaient. Elle sentait son estomac se contracter. Serrer les dents pour ne pas vomir, tenter d'oublier l'odeur du sang, ce cri ... Soudain, elle avait vu Galathée puis Desmoulins rompre les rangs. L'effroi la saisit. L'espace d'un instant, elle les vit tous les deux encerclés par des soldats et maîtrisés. Mais il n'en était rien. Sûrement grâce à l'uniforme de Desmoulins. Mais il suffisait que certains adversaires ...

L'espace d'un instant, elle fendait la foule pour les rejoindre, distribuant des coups à l'aveuglette, en recevant aussi. L'un d'entre eux érafla bras, du coude au poignet. Elle riposta machinalement, consciente qu'il en suffisait d'un seul, plus habile que les autres ... Et elle arriva enfin vers ses deux compagnons. Elle voulut leur crier de revenir, qu'ils étaient fous de s'exposer ainsi. C'est alors qu'elle vit les morts vivants. Et son cri resta coincé dans sa gorge.

Quête: L'invasion des ombres.

Galathée fixa le sergent avec colère.
« Mais qu’est-ce que vous foutez là ? » s’exclama-t-elle, lorgnant la cohue autour d’eux.
« Je vous retourne la question ! » répondit-il sans se laisser démonter.
« C’est une affaire personnelle ! Allez-vous mettre à l’abri, bon sang ! Vous avez un gamin qui attend votre retour ! »
« Ne soyez pas ridicule ! Je ne vais pas vous laisser... »
« Vous ne me devez rien ! Ou plutôt si ! La seule chose que vous me devez, c’est de rester en vie ! Vous le devez à votre fils ! Si ça ne tenait qu’à moi, vous ne seriez même pas là, en train de risquer stupidement votre peau ! C’est bien les hommes, ça, avec votre héroïsme puéril et mal placé ! Que croyez-vous que votre présence apporte à cette bataille ! Rien ! »
« Taisez-vous. » répondit le sergent avec mauvaise humeur.
Deux soldats morféens venaient vers eux, l’épée au clair.
« Prétendez, vous voulez bien ? » siffla Desmoulins en levant son arme sur elle.
« Avec quoi ? » rétorqua-t-elle en s’esquivant.
« Et désarmée en plus... Bravo ! » grogna-t-il à mi-voix en la rejoignant au sol.
Leurs agresseurs s’étaient détournés. Le sergent ramassa une lance au sol et la lui lança. Galathée la rattrapa d’une main preste, puis la frappa brusquement contre le mur, fracassant la hampe à hauteur de la lame.
« Mieux comme ça. » fit-elle en soupesant son bâton improvisé. « Maintenant, retournez à la gargote et laissez-moi gérer ça toute seule. »
« Vous rêvez. » rétorqua-t-il.
Cette fois, les Morféens qui vinrent face à eux ne se laissèrent pas abuser par l’uniforme luménien et se ruèrent sur eux sans la moindre hésitation. Galathée cueillit le premier sous le menton, évitant de justesse son épée et le renvoya en arrière. Desmoulins para le coup du second, recula pour reprendre son aplomb, et pesa vers l’avant, pour déséquilibrer son adversaire. Mais l’homme était un peu plus costaud que le sergent et tint bon, renversant peu à peu son avantage... Jusqu’à ce qu’une lame le transperce de part en part. Althéa, debout derrière lui, décocha une petite moue vaguement embarrassée à ses deux compagnons, alors qu’il s’écroulait.
« Derrière ! » s’écria Desmoulins.
La bretteuse fit volte-face juste à temps pour recevoir le soldat suivant. Heureusement, les rangs qui leur faisaient face étaient pour le moins clairsemés. Le gros du spectacle semblait avoir lieu vers l’avant, quelque part à la tête du cortège des Morts.

[Quête : l’invasion des ombres]

Plongeant la main dans le tonneau, Kasumi en retira le dernier carquois. Celui-ci contenait une dizaine de flèches. Sur les quais, un front net se dessinait enfin entre les forces de la coalition et celles de la cité. A la tête des troupes bloquées près des quais, une ligne de spadassins Manostiens se distinguait par sa discipline. Le demi-elfe était trop loin pour apercevoir le conseiller ou le paladin si toutefois ceux-ci faisaient encore partie du nombre des survivants de la première défense. La plupart des hommes qu’il avait libérés dans les entrepôts avaient succombé à la poussée adverse. Rares étaient les affranchis qui pouvaient encore espérer profiter de leur liberté. Peut être aurait-il mieux valu les laisser là où ils étaient pour les délivrer après une éventuelle victoire ? Mais, au fond de lui, le rôdeur savait que si le peuple Luménien ne versait pas le sang au côté des résistants et des Manostiens, la ville ne serait jamais libérée du joug du tyran noir.

Il ne pouvait se résoudre à se reposer tant que ses alliés mourraient en se battant : il enfila sa tuniaue de garde Luménien et se tourna vers Banjo toujours accroupi devant la trappe :

- Banjo, je veux que tu restes ici quoiqu’il arrive. Cache-toi jusqu’à ce que l’ennemi soit parti.

Sans laisser le temps au colosse de formuler une réponse, le rôdeur enroula une corde autour d’un créneau et se jeta dans le vide. Il descendit aussi vite que possible sans se tordre le cou. Un soldat tourna la tête depuis le sol en repérant le mouvement sur le rempart. L’uniforme Luménien ne suffit pas à dissiper ses soupçons après cette échappée suspecte. Il interpella les hommes autour de lui :

- Les gars ! Avec moi : il reste de la vermine sur les remparts.

Il fut immédiatement rejoint par sept hommes isolés qui trouvaient là une occasion d’éliminer un individu seul plutôt que d’aller se faire découper par la ligne ennemie. Le rôdeur avisa qu’il avait été repéré à l’instant même où il touchait la pierre du rempart. Les huit hommes se dirigèrent déjà vers la tourelle d’accès. Voyant son espoir de passer inaperçu réduit à néant, le rôdeur sortit la première flèche de son carquois et tira sur l’homme le plus proche. Son tir imprécis se ficha tout de même dans son épaule mais sans le ralentir. Il eut le temps de décocher trois autres flèches avant d’entendre les premiers pas dans l’escalier. Un malheureux s’effondra une flèche fichée dans la cuisse et une autre dans l’estomac. La dernière flèche ne trouva que le sol pavé. Le rôdeur attendit quelques secondes de plus avant de tirer ses dernières flèches en aveugle à travers la porte de la tourelle. La première ne lui renvoya que le son du fer contre la pierre mais l’une d’elle atteint son but comme en témoigna le cri étranglé qui émana des escaliers obscurs suivi d’une chute et force grognements lorsque le fantassin mortellement touché emporta un camarade dans sa chute de l’étroit escalier.

Le rôdeur lâcha son arc pour dégainer ses épées. Il ne se passa rien pendant une longue minute et il commençait à croire que les Luméniens avaient finalement renoncé à l’attaquer quand cinq d’entre eux émergèrent de l’ouverture pour se précipiter sur lui. Tous sauf un maniaient des épées courtes. Fort heureusement, seulement deux étaient protégés par un bouclier de bois en plus de leur armure de cuir cloutée. Le dernier soldat se tenait en retrait avec une lance. Tous semblaient maintenant hésitants après avoir vu pluseurs des leurs s’effondrer.

Mais le répit fut une nouvelle fois de courte durée : un seul homme ne tiendrait pas longtemps contre six. Ces soldats n’avaient pas l’habitude de se battre ensemble et le terrain atténuait l’avantage octroyé par leur surnombre. En revanche, ils n’étaient pas fatigués comme l'était leur unique adversaire. Le combat s’engageait bien mal et Kasumi se maudit d’avoir eu autant d’audace. Trois hommes s’avancèrent de front, l’un d’entre eux exerçant des moulinets avec son épée. Le rôdeur ne pouvait plus reculer : il était presque adossé à la porte menant à la tourelle qu’il avait quittée quelques secondes plus tôt. Sachant que se défendre ne ferait que retarder l’échéance, le demi-elfe prit les devants en portant une attaque sur l’homme de droite. Son mouvement surprit assez les autres soldats pour qu’ils ne songent pas à riposter immédiatement mais l’homme visé se recula suffisamment pour ne récolter qu’une entaille mineure.
Les deux autres attaquèrent finalement en même temps mais Kasumi réussit à éviter le pire en plongeant de côté : si les deux hommes avaient été coordonnés, ç’en serait déjà fini de sa résistance désespérée. Le rôdeur tint les hommes peu expérimentés à distance pendant un moment, récoltant plusieurs coupures et en distribuant autant. A ce rythme, il ne tarderait pas à rejoindre les autres défenseurs. Il s’apprêtait à lancer un ultime assaut lorsqu’une voix provint depuis les hauteurs.

- Kasumi a besoin d’aide ou Banjo doit rester caché ?

Un des soldats leva la tête, déconcentré, et récolta une profonde entaille à l’abdomen pour sa peine. Il recula précipitamment pour laisser sa place à l’un des autres demeurés en arrière. Banjo interpréta l’absence de réponse comme un oui. Il avait voulu aider son nouvel ami depuis le début mais ne voulait pas le décevoir en lui désobéissant. Il n’avait pas bougé de sa cachette, alors peut être le demi-elfe ne serait-il pas trop fâché. Poursuivant dans cette voie de réflexion, il se dit que son ami n’avait rien dit concernant le tonneau. Pas la peine que lui aussi reste caché… Bien souvent, quand Banjo se mettait à penser, cela se terminait par une catastrophe. Cette fois-ci ne fit pas exception à la règle et le tonneau vint s’écraser sur les assaillants en contrebas dans un fracas de bois brisé. Kasumi s’était plaqué juste à temps contre la porte pour éviter le projectile. Mais deux des Luméniens n’eurent pas le même réflexe et moururent écrasés. Les Luméniens survivants reculèrent précipitamment et le rôdeur joua de cet avantage :

- Bien Joué ! Attends avant de lancer les autres !

Deux des Luméniens se laissèrent tromper par le coup de bluff et des débandèrent vers les escaliers : tuer un seul homme ne valait pas la peine de prendre autant de risques et mieux valait rejoindre leurs compatriotes en surnombre et attendre tranquillement la fin de la bataille en demeurant à l’arrière de la mêlée. Un troisième suivit le même chemin mais s’arrêta au sommet des escaliers, ramassant un arc au sol. Il arracha quelques flèches fichées dans les cadavres jonchant le rempart et interpella ses trois camarades restants :

- Tuez ce pouilleux, je me charge du gros !

Joignant le geste à la parole, il décocha une première flèche vers le sommet de la tour. Elle s’écrasa à quelques pouces de la tête de Banjo qui dut reculer précipitamment. Il n’avait pas d’autres tonneaux à lancer de toute façon. Le rôdeur récolta un coup au flanc qui rouvrit sa blessure de la veille et réprima un cri de douleur. Il bouscula l’assaillant qui avait percé sa défense et lui enfonça son épée courte dans la cuisse. Titubant en arrière, ce dernier tenta de comprimer sa blessure ouverte pour ralentir le flot de sang. Il ne restait plus que deux hommes au contact du rôdeur dont celui maniant la lance. La lourde porte de bois s’ouvrit à la volée dans le dos du rôdeur, le précipitant au sol. Banjo se découpa dans l’ouverture qui le forçait à se courber et se jeta sans transition sur l’homme à la lance. Il agrippa celle-ci pour l’arracher à son vis-à-vis alors que Kasumi tentait de se relever. Le lancier refusa d’abandonner son arme et fut soulevé de terre avec elle. Lance et homme décrivirent un soleil par-dessus le rempart avant de s’écraser en contrebas dans un fracas qui ne manquerait pas d’en alerter d’autres. Une flèche se planta dans le mollet de Banjo : l’archer avait enfin une ligne de mire dégagée pour aider son dernier camarade. Kasumi poussa Banjo à l'intéreur de la tour puis claqua la porte au nez de son dernier assaillant. Une poutre permettait de verrouiller la porte et le rôdeur ne s’en priva pas avant d’examiner l’homme qui lui avait sauvé la vie.

- Je te dois la vie Banjo, montre moi cette jambe !

Fort heureusement, la flèche n’avait percé que la partie charnue du mollet. Le demi-elfe indiqua au colosse de s’asseoir et brisa la flèche en deux afin de l’extraire puis il noua un tissu autour de la blessure. La vie de Banjo n’était pas en danger à moins que les Luméniens soient les premiers à franchir cette porte. Le rôdeur lui-même sentait déjà ses forces l’abandonner et il s’affala contre l’un des murs de la pièce sombre. En dehors de la porte bâclée, le seul autre accès était l’échelle grimpant jusqu’à une trappe en son sommet.

Quête : l'invasion des ombres

Ils étaient devenus fous. Ils se disputaient, se battaient, s'invectivaient pour finalement se battre. A croire qu'ils pensaient que les ennemis allaient gentiment attendre qu'ils aient fini de se chamailler pour porter leurs assauts. Encore un peu et Desmoulins aurait rejoint le monde des morts. Et à les regarder touts les deux, elle avait manqué y passer à son tour. Ils devenaient fous.

Surtout Galathée qui voulait partir seule, à l'avant, dans l'espoir de régler une affaire personnelle. Lui était il tout à coup poussé des ailes, un troisième bras rudement armé ? Une poussée de courage, tout au plus. Et alors ? Les bouffées d'héroïsme parait il mieux les coups qu'une armure ? Ce n'était pas pour rien que les plus grands héros avaient une carrière si brève ... Et pourquoi pas courir vers l'ennemi en hurlant, les mains sur les oreilles en espérant qu'il ne lui arrive rien ? Elle se débarrassa avec quelques difficultés de son adversaire et recula vers la rôdeuse.

"Ecoute, eut elle le temps de lui lancer avant qu'un autre adversaire prenne la place du précédent, va où tu veux ... Mais ce ne sera pas sans nous"

La pression exercée par les Manostiens sur les Luméniens était constante et soutenue. La ligne tentait toujours de progresser mais éprouvait de plus en plus de difficultés. La rigueur ne fut pas suffisante pour contenir tous les ennemis et sur l'un des flancs, les hommes de Morféa parvinrent à créer une brêche. Ceci n'avait pas échappé au Grand Emissaire qui se porta immédiatement au côté de ses hommes pour tenter de colmater cette faille dans leur défense.

Le reste de la ligne tenait bon mais celle-ci ne devait souffrir d'aucune erreur de la part des hommes qui la constituait, les Luméniens guettant la moindre ouverture pour s'engouffrer au milieu de la rangée de boucliers.

"Merde !"

Ravestha avait atterrit sur les genoux et dut poser les mains sur le pavé pour ne pas s'effondrer tout à fait. Il était sonné, sa lamelune gisant à quelques mètres de là. Un Luménien l'avait chargé, pavoi en avant, et le Grand Emissaire ne l'avait vu que trop tard. Heureusement pour lui le coup d'épée qui aurait dû suivre ne vint jamais, l'un des Manostiens ayant embroché l'assaillant avant qu'il ne finisse le travail. Le conseiller se relava péniblement, le sang commençant à couler de son nez. Du sang... sa robe en était pleine. Le sien, celui de ses ennemis, il ne savait pas trop. Mais ce qu'il sentait, c'était que les multiples entailles commençait à sérieusement le faire souffrir, lui qui ne pouvait se permettre de porter une armure pour pouvoir avoir recours à la toile.

Il fit les quelques pas nécessaires pour aller chercher Gilyast et sitôt celle-ci en main, il se retourna pour faire face aux ennemis qui continuaient d'affluer. Une sourde colère d'avoir été envoyé au tapis aussi facilement l'avait envahi. Comme tout combattant à deux armes, il était peu fait pour la défensive, aussi choisit-il d'aller à l'encontre des Luméniens. Et comme à chaque fois qu'il se battait, la fièvre l'avait gagné. Peu de choses comptaient désormais, si ce n'était de faire mouche à chaque coup.

Après avoir parfaitement récupéré, les mouvements de ses lames étaient parfaitement coordonnés et se voulaient complémentaires. Il avait plus d'expérience que la plupart de ceux qu'il affrontait dans la mêlée et ses lames taillaient sans retenue. Combien d'ennemis avait-il tué aujourd'hui ? Combien devraient encore mourir pour voir Luménis sauvée ? La verraient-ils d'ailleurs libérée ?

Lui et ses hommes continuaient de freiner la percée luménienne. L'objectif était simple : il fallait abattre le plus d'ennemis possible. Ses années d'entraînement dans la citadelle de la Lame d'Argent autrefois n'avaient d'ailleurs que cet ultime but : être celui qui portera le coup fatal, et non celui qui le recevra.

[Quête : l’invasion des ombres]
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Sur les quais militaires, le sort de la bataille, longtemps indécis, semblait à nouveau pencher en faveur des fidèles de Morféa. Aussi vaillants que fussent les défenseurs, ils accusaient coups et fatigue. Déjà, une première brèche s’était ouverte dans leur rangs, et il avait fallu l’intervention de Ravestha pour qu’elle se referme. Mais le conseiller pourrait-il être présent, lorsqu’une nouvelle faille apparaîtrait ? Des deux cents Manostiens débarqués et du petit groupe de résistants, il ne subsistait plus à présent qu’une centaine d’hommes, face à des Luméniens dont la supériorité numérique s’accroissait lentement mais sûrement. Les ordres de ces derniers étaient clairs : reprendre la forteresse, quoi qu’il en coûte.
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Sur les ordres d’un capitaine, une cinquantaine de soldats lourdement armés chargèrent la ligne des défenseurs et parvinrent à la bousculer. Dès lors, la bataille redevint un chaos indescriptible. Peu à peu, les résistants et leurs alliés cédèrent face à la pression, se retrouvèrent divisés en petits groupes devant affronter des bandes tout aussi désorganisées, mais plus nombreuses...
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Dans l’un d’eux, Iluvatar et Ravestha combattaient presque dos à dos. Ils frappaient inlassablement de leurs lames poisseuses, mais le flot ennemi ne paraissait devoir jamais se tarir… Une fois de plus, le désespoir s’insinua dans leur cœur : ils ne pourraient gagner sans un miracle. Bientôt, ce serait la fin.

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Dans la tourelle, Banjo et Kasumi entendirent des coups violents contre la porte. Leurs adversaires, cependant, ne s’acharnèrent pas. Qu’ils aient renoncé à les traquer où qu’ils mijotent un plan quelconque, ils s’étaient pour l’instant retirés.
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Sitôt qu’il eut repris son souffle, Kasumi demanda à Banjo de rester où il était, puis se hissa péniblement au sommet de la construction. Un regard par une meurtrière suffit pour qu’il se rende compte de la difficile situation où se trouvaient ses alliés, à l’intérieur des remparts. Cela lui noua les entrailles d’autant que, pour l’heure, il ne pouvait rien faire pour leur porter secours.

Se déplaçant discrètement jusqu’à une autre ouverture, il jeta un coup d’œil sur l’esplanade. Il y avait visiblement une escarmouche, sur l’une de ses extrémités. Mais ce qui retint son attention, ce fut le duel que se livraient deux silhouettes que la distance rendait indistinctes. Pourtant, il n’eut pas de mal à les identifier : visiblement, le Seigneur Noir de Luménis affrontait la créature surgie du néant quelques minutes plus tôt…

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Le duel était toujours aussi acharné. Plusieurs coups avaient touché au but, et les adversaires saignaient abondamment. Aucun d’eux ne semblait y prendre garde, toutefois. Leurs épées pressées l’une contre l’autre, leurs visages si proches qu’ils sentaient tout deux le souffle de l’autre sur leur peau humide de sang et de sueur, ils se défiaient du regard. <!--[if !supportEmptyParas]--> <o></o><!--[endif]--> -

Ton séjour en enfer t'a donné des forces ! Tu n'es presque plus la fillette d'antan ! Mais cela ne te sauvera pas...
-Garde tes sarcasmes, Nwalk. Bientôt, je me repaîtrai de ton sang !

<!--[if !supportEmptyParas]--> <o></o><!--[endif]--> Sans crier gare, l’ancien barde se fendit d’un violent coup de tête qui envoya le Seigneur Noir tituber quelques pas en arrière. Taliesin tenta de pousser son avantage, mais Morféa para vivement le coup d’épée qui prenait le chemin de sa gorge.

<!--[if !supportEmptyParas]--> <o></o><!--[endif]--> [font=&quot]-C’est tout ce que tu peux faire ?[/font]croassa Nwalk avant de reprendre l’initiative. Un instant plus tard, une plaie béante s’ouvrait dans l’avant-bras du Monstre

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A quelques dizaines de mètres de là, Galathée, Althéa et Desmoulins ferraillaient comme de beaux diables pour tenter de repousser les soldats qui, sans cesse plus nombreux, les prenaient pour cible. Jusqu’ici, ils avaient surtout eu affaire à des groupes épars et encore sous le choc de l’arrivée des Trépassés. Toutefois, la pression s’était faite plus forte : ils constituaient des proies de choix pour des Morféens désireux de faire oublier leur égarement précédent.
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L’approche de Magariz redonna du baume au cœur au trio encerclé : ils redoublèrent leurs efforts et parvinrent à abattre plusieurs de leurs adversaires. Ce n’était plus qu’une question de secondes avant qu’ils ne soient rejoints et bénéficient ainsi de la protection de leurs alliés.
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C’est alors qu’une clameur monta de l’est. Tous, Morféens comme résistants, tournèrent les yeux dans cette direction. Ils virent accourir vers eux un flot d’hommes et de femmes en armes. Ils ne portaient aucun uniforme. Leurs armures et leuurs lames étaient dépareillées, parfois en piteux état… Mais l’étendard de Lathandre surplombait leurs rangs serrés et ne laissait aucun doute quant à leur identité.
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<!--[if !supportEmptyParas]--><!--[endif]--> <!--[if !supportEmptyParas]--><!--[endif]--> <!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]--> -Loué soit le Seigneur de l’Aube, s’exclama Desmoulins, un large sourire éclairant son visage fatigué. Cette bataille ne fait peut-être que commencer !
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Son sourire, cependant, se transforma en grimace. L’homme qu’il combattait un instant plus tôt avait profité de son innatention pour lui enfoncer profondément son épée dans le corps. Stupéfait, le sergent tomba à genoux, la main pressée contre son flanc.
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<!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]--> <!--[if !supportEmptyParas]--><!--[endif]--> -Non… gémit-il. Pas maintenant… Pas comme ça….
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Dans un effort désespéré, il fit décrire à sa propre arme un arc de cercle mal assuré qui faucha aux jambes le soldat qui, comme ses congénères, tentait de s’enfuir.

De partout, sur l’esplanade, c’était la débandade parmi les Morféens : si quelques-uns essayaient de s’organiser pour repousser la vague d’assaillants, les autres se carapataient sans demander leur reste. On les avait mandés pour exterminer un petit parti de résistants ; au lieu de cela, des Manostiens, des morts-vivants et maintenant des dizaines de rebelle leur courraient sus. C’en était trop pour ces hommes peu aguerris… Et que leurs officiers tentent de les retenir n’y changeait rien : ils voulaient sauver leur peau. C’était la seule chose qui comptait, désormais.
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Desmoulins tentait de se relever lorsque Magariz et ses hommes rejoignirent le petit groupe. Jetant un regard trouble sur les nouveaux venus, le sergent murmura :
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<!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]--> <!--[if !supportEmptyParas]--><!--[endif]--> <!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]--> -Ne trainez pas… Attaquez-les. Il faut pousser notre avantage…
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Puis ses jambes se dérobèrent sous lui, et il tomba face contre terre. <!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]-->

Quête: L'invasion des ombres.

Galathée resta pétrifiée une seconde, contemplant le corps tombé sur le sol. Autour d’eux, les Morféens se débandaient, pris au dépourvu par l’afflux des résistants. Elle fit un pas en avant, tomba sur un genou et posa une main sur l’épaule du sergent. Mais avant même de le retourner, elle sut ce qui l’attendait. Un regard fixe, vide, un filet de sang sur la joue, et la mort, tranquille, installée dans ses quartiers, sans complexe.

Et puis quelque chose se rompit, tout au fond d'elle-même.

La rôdeuse empoigna le cadavre par le col, et se mit à le secouer avec violence.
« Imbécile ! » hurla-t-elle. « Je vous l’avais dit ! Et vous ne m’avez pas écoutée ! Bon sang ! »
Puis brusquement, elle éclata en sanglots, la tête appuyée sur le surcot ensanglanté du Luménien, des syllabes sans signification lui venant aux lèvres.

Une main se posa sur son épaule.
« Mademoiselle, c’est pas le moment... » fit une voix derrière elle, inquiète.
Comme foudroyée, Galathée releva la tête, fixa l’inconnu, reconnut tout juste les traits d’un homme qui les accompagnait, puis se redressant d’un bond, le bouscula et repartit droit dans la mêlée, sans un regard en arrière.