À l'extérieur de Melandis

[Asmodeus]

Asmodeus se félicitait de s’être éloigné du centre de la bataille qui prenait une tournure plutôt inattendue. Il avait espéré que les combats faiblissent en même temps que les forces des belligérants mais l’apparition d’une entité non primaire changeait la donne. Ces créatures pouvaient convoquer leurs petits camarades de jeu presque à volonté une fois qu’une faille était ouverte. Mais même seul, le monstre avait un potentiel destructeur décuplé par l’artefact. Il fallait savoir abandonner la partie tant qu’il était temps. Si ce n’était pas trop tard. L’élu divin s’éloigna donc aussi vite qu’il pouvait, espérant suivre la bonne direction : loin du monstre et proche de la porte, il ne pouvait que l’espérer. Dommage pour Silmandel mais il devait prévenir les gardes des portes avant que le monstre ne se mette en tête de ravager la moitié de la cité.

[Manfred]

Les diables, les démons, Silmandel ne savait que peu de choses au sujet de ces créatures impies issues des plans inférieurs. Mais il en savait assez pour que cela lui ôte toute envie de faire demi-tour, ne serait-ce que pour observer. Que se passerait-il lorsque la titanesque créature n’aurait plus d’adversaire ? Mieux valait être loin, très loin. Tant pis pour son anneau magique qui, en cet instant, ne l’était sans doute plus. Tant pis pour l’artéfact, aussi amusant qu’il puisse être. Tant pis pour Asmodeus qui devait bien se trouver quelque part dans cette purée de poids. L’ensorceleur se résolu à poursuivre sa fuite. Sitôt qu’il aurait atteins les limites du brouillard, il prendrait la direction des portes de la ville et y disparaitrait sans demander son reste.

[Mornagest]

Prendre leurs jambes à leurs cous étaient la meilleure solution possible. Les autres n'offraient que des choix différents pour mourir dans d'atroces souffrances, que ce soit à cause du feu, des blessures causées par le démon ou diable, ou par un effet secondaire de sortilège devenu fou à cause de l'artéfact.

Alors qu'ils se trouvaient à une trentaine de mètres de la zone de combat, à des points où ils ne pouvaient pas vraiment se voir l'un l'autre sans examiner attentivement les alentours, une formidable explosion secoua le désert, faisant une fois encore trembler le sol sous leurs pieds, mais de façon bien plus importante, cette fois. Tous deux chutèrent et roulèrent, tandis que le tremblement de terre se poursuivait.

Ils pouvaient à peine y voir : du sable pulvérisé, de la fumée et du sang vaporisé embrumaient l'atmosphère, et ils durent rapidement se protéger le nez et la bouche pour éviter de respirer des émanations qui empestaient le soufre. Le silence était retombé, aussi soudainement que l'explosion était survenue. À peine la brise se faisait-elle entendre, emportant avec elle cendres, poussières et résidus à moitié calcinés de corps et de matériel cultuel détruit.

[Manfred]

Et bien, pour un bouquet final, c’était un bouquet final ! Silmandel ne se souvenait pas avoir assisté à une explosion de cette envergure et ce malgré ses vingt ans d’aventure. Réellement impressionnant ! Lentement, il se releva et vérifia s’il était en un seul morceau. Apparemment, oui. Il n’eut qu’à chasser le sable, et divers autres résidus, de ses cheveux, de ses habits. Etait-il le seul survivant ? L’ensorceleur balaya les environs de son regard. Il ne vit personne. Etait-ce la fin d’Asmodeus ? Non, ou alors il se serait trompé à son sujet. En cet instant, il devait enrager car jamais il n’aurait l’artéfact. Dommage pour le grincheux. Songevent n’avait pas l’intention de s’attarder, d’autant plus que l’air était pestilentiel ici. Il reprit donc sa route vers Melandis...

HRP : sauf si notre MJ ajoute quelque chose ou si Asmodeus retrouve Silmandel, ceci est mon dernier message dans cette quête.

[Asmodeus]

Le choc de l’explosion et ses répercussions furent près de jeter Asmodeus au sol mais il savait que la moindre faiblesse serait sa dernière. Il lui fallait fuir, sans regarder en arrière. L’artefact était perdu. La chose qu’il pouvait espérer de mieux était que le terrible monstre qui avait profité de la brèche avait disparu avec la conflagration. L’élu divin n’avait plus en tête que regagner les portes et se débrouiller pour convaincre les gardes de le laisser trouver abri dans la cité. Peut-être l’un d’entre eux serait assez consciencieux pour aller quérir de l’aide. Si cela échouait, il s’éloignerait pour ne revenir qu’au matin.

HRP : je suis prêt également à aller vers l’épilogue si Fossy est d’accord. Je ne posterai qu’au retour de ma connexion.

[Mornagest]

Le désert était subitement calme. Cultistes, prêtres et créature maléfique n'étaient plus qu'un souvenir malsain dans un endroit isolé. Qui s'en soucierait ? L'explosion avait sans doute été entendue jusqu'à Melandis, mais ce genre de phénomènes arrivait parfois, avant, lorsque Talos régnait en maître sur la cité du Chaos.

À l'endroit où le combat s'était tenu, seul un cratère d'environ quatre mètres de profondeur béait désormais, vaguement parsemé de détritus métalliques en tous genres. Les matières organiques et les morceaux de corps avaient entièrement brûlé sous l'effet de la chaleur immense, et même la roche et le sable semblaient avoir souffert. Il faisait encore très chaud près de l'explosion, il faudrait sans doute un bon moment avant que la température ne redevint normale.

Nulle trace de l'artéfact. Avait-il été désintégré ? Dérobé par la créature maléfique avant qu'elle ne s'en fût ailleurs, au lieu d'exploser avec les autres ? Enseveli sous des tonnes de roche et de sable ? L'avenir, peut-être, le dirait...

Les deux aventuriers finirent par se retrouver, du moins indirectement : Asmodeus vit Silmandel en route vers Melandis, à environ une centaine de mètres devant lui. L'elfe ne paraissait pas vouloir s'attarder sur les lieux, ce qui était compréhensible...

[Asmodeus]

Asmodeus contempla un instant la catastrophe causée par l’explosion. Puis il tourna son regard vers la cité toute proche qui avait sans doute évité de justesse de se retrouvée ravagée. Ce faisant, il aperçut la silhouette de Silmandel. Ou plutôt de ce qu’il était devenu : le jeune elfe avait bien grandi depuis leur dernière rencontre ! En tous cas, il avait survécu. Cela le réjouissait bien qu’il ne sache pas trop pourquoi. Une fois encore, l’élu divin expérimenta une réaction encore inédite quelques jours plus tôt. Au son cataclysmique de l’explosion en succéda un autre peut-être plus inquiétant tandis qu’Asmodeus se mettait à rire avant de s’adresser au vide.

- Nous n’avions pas prévu cela, n’est-ce pas, maître ? Ce petit trompe la mort en tous cas mais nous aussi d’une certaine façon. Nous avons grand besoin d’alliés maintenant.

L’élu sentit qu’il avait progressé quoique pas de la façon dont il l’avait prévu. Restait maintenant à découvrir où cela allait le mener. Il dirigea ses pas vers les portes de Melandis, emboîtant le pas de l’ensorceleur sans toutefois chercher à le rattraper.

HRP : merci pour cette quête, Fossy ! Cela aura permis de me faire appréhender plus clairement la suite de mon personnage. J'ai d'ailleurs quelque peu modifié sa fiche avec l'accord du Grand Gourou. Vous entendrez bientôt reparler d'Asmodeus, n'en doutez pas !

[Kasumi]

Quête : Sous le fil du rasoir

Rien ne se produisit pendant près d'une demi-heure, les assaillants remettant certainement leur assaut pour le moment où il y aurait moins de témoins, et moins de risque que la garde n'intervienne. Toutefois, Claris et son acolyte vinrent enfin à croiser plusieurs chemins de traverse qui libérèrent la piste principale qu'ils suivaient encore. Il y avait maintenant la possibilité d'accélérer, et sans doute de faire tomber les masques des quatre cavaliers toujours sur leurs talons.

[Claris de Corvimande]

Claris préférait ne pas prendre d'initiatives qui risqueraient de mécontenter son guide – s'il décidait soudainement de changer de camp ou de ne pas intervenir, compte tenu des blessures reçues lors du précédent combat, il était évident que la capacité de son cheval à fuir plus vite qu'on ne les poursuivrait serait la seule chose qui pourrait sauver l'enfant de Reuel d'une visite impromptue à son dieu. Et une telle fuite ne serait guère à son goût, outre qu'elle serait hasardeuse.
Mieux valait, donc, pour l'instant, se contenter d'accélérer sans rien tenter d'autres, attendant que l'homme de main de Bouliakov propose de changer de stratégie. Ce qui n'empêchait pas de garder ses armes prêtes : de Corvimande risqua tout de même quelques coups d'œil discrets vers l'arrière, afin de se préparer en meilleur connaissance de cause.

[Kasumi]

Le compagnon de Claris semblait lui aussi enclin à temporiser et l'un des quatre cavaliers en profita pour se détacher du groupe des poursuivants, laissant ses trois compagnons, chacun armé d'un sabre et revêtu d'une armure légère, en arrière. Quand il parvint à la hauteur de la noble, il ne tergiversa pas pour prendre l'initiative des négociations :

- Arrêtez-vous et suivez-nous en ville ou le sang devra couler.

[Claris de Corvimande]

Oh, chic… avec des boîtes de conserve en armure lourde, il aurait été fort envisageable de chercher à les faire tomber de cheval, ce qui aurait permit de prendre le large avant qu'ils ne parviennent à se remettre en selle, s'ils y parvenaient… mais les armures légères gênaient moins les mouvements, et quoiqu'elles protègent moins le corps que les lourdes, cela restait une protection nettement plus sûre que celle fournie par ses vêtements… autant dire qu'ils avaient l'avantage. Mais Claris n'était pas si facile à effrayer.

« Eh bien, vous aurez l'amabilité d'aller faire couler votre sang ailleurs ; mes vêtements sont déjà assez tâchés comme ça. »

[Kasumi]

L'homme qui les avait accostés esquissa une grimace mauvaise en se tournant vers la jeune femme :

- Ta vie ne tient déjà qu'à un fil, morpion, alors tu ferais bien de ne pas tester ma patience si tu veux rester entier. Mon maître ne m'en voudra pas si je te ramène un peu abîmé.

A ses côtés, l'homme qui guidait Claris restait toujours aussi impassible mais la noble avait noté que sa main s'était porté à la garde de son épée, signe qu'il était prêt à en découdre, au besoin.

[Claris de Corvimande]

Claris adressa à son interlocuteur un regard las.

« Écoutez, j'ai un carnet de rendez-vous assez chargé, et votre maître apprécierait encore moins qu'on vienne me rechercher chez lui avec les mêmes moyens que ceux que vous envisagez d'employer pour m'y amener, donc il vaut mieux pour tout le monde que je traite mes obligations en fonction de la force de frappe de celui qui les émet, non ? Laissez-moi vos coordonnées, et je viendrai voir votre maître dès que cela ne présentera plus aucun risque pour sa position. »

Tout en parlant, affectant toute la bonne volonté du monde face à des contraintes lourdes, de Corvimande détaillait aussi discrètement que possible les protection de l'homme, car dans l'hypothèse – assez probable – où l'argument des puissances relatives entre nobles ne le convaincrait pas, il allait bien falloir trouver où frapper.

[Kasumi]

L'homme l'écouta jusqu'au bout mais esquissa une nouvelle grimace : "Comme vous voulez : mon maître n'est pas plus patient que moi. Je..."

Il s'apprêtait à lever un bras pour faire signe à ses hommes et se détourner mais n'en eut guère l'occasion. La main qu'il avait levé se porta à sa gorge, tentant - sans aucun espoir de réussite - de retirer le poignard dont ne dépassait que le manche. Réduit au silence, l'angoisse de son agonie se transmit à sa monture qui broncha puis fit une volte.

Pendant ce temps, l'homme à côté de Claris manifesta son intention de ne pas assister à sa chute :

- Filons d'ici !

[Claris de Corvimande]

Claris observa la chose un bref instant d'un air goguenard.

« Je l'avais prévenu. »

Puis l'enfant de Reuel éperonna sa monture, pour la faire partir au galop et s'éloigner aussi vite que possible de leurs adversaires. C'était le moment de voir si la cavalcade accélérée était toujours dans ses cordes. En cas de besoin – et besoin se ferait très probablement sentir avant peu –, son arbalète était prête à accueillir le suivant de ces messieurs.

[Kasumi]

Les chevaux filèrent bon train mais Claris se rendit compte de trois choses bien désagréables au bout de quelques minutes : ses poursuivants n'avaient pas perdu de temps à tenter de secourir leur compagnon, leurs chevaux étaient sans doute aussi bon que ceux loués par son complice car ils ne se laissaient aucunement distancer et - détail plus problématique encore - l'allure rapide réveilla ses blessures et elle dut bientôt se crisper pour tenter d'atténuer la douleur. Son compagnon avait déjà pris deux bonnes longueurs d'avance et elle commençait à sentir ses ennemis se rapprocher dans son dos.

[Claris de Corvimande]

Fichues blessures… Bouliakov aurait mieux fait d'envoyer directement son prêtre. Ou bien un mage capable de les téléporter…

Serrant les dents, Claris s'efforçait de tenir en selle. Fallait-il appeler pour que l'autre ralentisse ? Il se rendrait certainement compte seul qu'il n'avait plus personne à ses côtés. Le plus problématique était les poursuivants qui se rapprochaient. Livrer bataille dans ces conditions, c'était la défaite assurée, même si le rapport de force avait été meilleur.

De Corvimande avait encore son arbalète avec un carreau de prêt. Peut-être cela pourrait-il arranger déjà quelque peu les choses. Encore fallait-il que la douleur ne l'empêche pas de viser juste. Voir même de tirer…

[Kasumi]

Même Claris devait se rendre compte - malgré son bel optimisme d’adolescente – qu’utiliser son arbalète dans ces conditions serait encore plus aléatoire que lors du combat de la ruelle. Se fierait-elle tout de même à la chance ? Atteindre l’un de ses adversaires en tenant compte des mouvements que lui imposait sa monture, sans parler de toucher un endroit vital constituerait un réel exploit. A moins peut-être d’attendre que l’un de ses assaillants de soit revenu à sa hauteur, ce qui n’était pas encore le cas, heureusement. Son acolyte lui désigna un petit bosquet de cactus devant eux et sur la droite de la route : peut-être espérait-il y semer leurs adversaires ou, à défaut, y rééquilibrer les chances en cas de combat. Il ralentit juste assez pour permettre à Claris de regagner le terrain perdu mais il allait falloir se décider vite.

[Claris de Corvimande]

Inutile de gaspiller un carreau maintenant : Tymora avait certes parfois tendance à lui sourire, mais mieux valait ne pas abuser de ses faveurs. Du reste, son compagnon de route était maintenant à ses côtés, ce qui rendait déjà sa situation moins désespérée. Claris ne savait trop, au juste, comment il entendait profiter de ce bosquet – peu de chances, hélas, que ne s'y cache un groupe d'hommes de mains de Bouliakov prêts à les escorder –, mais il serait sans doute plus facile de profiter des avantages d'un terrain comme celui-ci que d'une route plate où les armures offraient à leurs adversaires un avantage certain. L'enfant de Reuel y dirigea donc son cheval, tout en priant pour que la douleur ne l'empêche pas d'achever la manœuvre…

[Kasumi]

Au prix d'une douleur qui faillit lui arracher un cri, la monture de Claris parvint à quitter la route, sautant le petit talus de sable qui s'était agglutiné sur son pourtour rocailleux. Comme prévu, les montures de leurs poursuivants les y suivirent, se plaçant de part et d'autres de leurs proies, sans doute pour leur couper toute retraite. Claris et son comparse atteignirent les premiers le labyrinthe de cactus et les montures louées à Melandis s'avérèrent étonnamment agiles, permettant à leurs cavaliers de slalomer sans dommage tout en regagnant un peu de champ sur leurs poursuivants. Claris eut même la satisfaction d'entendre un cri de douleur dans son dos. Mais la partie n'était pas gagnée pour autant : le cavalier qui avait fait une rencontre inopinée tint bon en selle et reprit sa course, un peu moins vite peut-être. Le complice de Claris avisa rapidement la situation et donna une tape sur la croupe de la monture de la noble avant de faire volte-face :

- Continuez tout droit, je vais les retenir !

[Claris de Corvimande]

L'honneur aurait voulu, sans doute, que Claris s'arrêta pour combattre aux côtés de son compagnon de route. Mais il y avait des situations où d'autres contraintes – la douleur, par exemple – prenaient le pas sur l'honneur. Et puis, après tout, ce n'était pas après lui qu'ils en avaient, ce qui lui laissait peut-être plus de chances ; et c'était l'homme de Bouliakov, pas le sien. Claris n'allait pas risquer davantage sa vie pour l'homme de main d'un autre.
Ayant déjà fort à faire pour se maintenir en selle en ignorant la douleur, l'enfant de Reuel choisit donc de suivre l'injonction qui venait de lui être faite, et s'efforça de continuer aussi droit et aussi vite que cela lui était possible.

[Kasumi]

Claris sortit rapidement de la petite zone assez humide pour que les plants de cactus aient réussi à s’épanouir. Le bruit de sabot dans son dos et un regard en arrière lui apprirent que la poursuite n’était pas finie : deux de ses trois poursuivants l’avaient en effet prise en chasse. Elle avait toutefois une bonne longueur d’avance et pouvait décider un peu plus sereinement de son prochain mouvement : poursuivre tout droit comme avait demandé son contact ou tenter de rejoindre la route un peu plus sur sa droite.

[Claris de Corvimande]

Claris n'avait strictement aucune idée de l'endroit où ils étaient censés aller ; mais l'homme de Bouliakov avait dit tout droit, et retourner sur la route n'apporterait sans doute pas grand chose. En fait, sa douleur lui avait donné une idée : sitôt que son cheval était sorti de la piste, l'enfant de Reuel avait fait mine de s'effondrer sur sa monture, ne bougeant que le minimum requis pour indiquer à celle-ci de continuer d'avancer vite et droit. De loin et de dos, ses poursuivants pouvaient avoir l'impression que la conscience, voire la vie, lui avait échappé. Bien sûr, il y avait peu de chances que cela les incite à abandonner la poursuite ; mais au moins, la surprise lui donnerait un avantage s'ils parvenaient à regagner suffisamment de terrain pour qu'il y ait besoin de se battre.

[Kasumi]

Les poursuivants n'avaient aucune intention d'abandonner leur poursuites même s'ils suspectaient certainement une ruse puisque Claris n'avait pas participé au combat jusque là. La jeune noble sentit plus qu'elle n'entendit un cavalier qui remontait sur sa droite, juste hors de son champ de vision. Elle n'allait pas tarder à devoir sortir de sa réserve quand la monture de l'assaillant poussa un cri de douleur atroce et que son cavalier chuta lourdement. Un bref regard de Claris lui apprit que le cheval avait fait la rencontre d'un trou de sable mouvant, y enfonçant sa jambe en pleine course. L'accident la lui avait brisé et avait éjecté son cavalier trop surpris pour réagir à temps.

[Claris de Corvimande]

Aïe. La chose était encourageante, dans la mesure où cela mettait hors d'état de nuire l'un de ses poursuivants – à moins qu'il ne se relève (un tel choc avec l'armure pour l'alourdir rendait cependant peu probable qu'il s'en sorte indemne) et que Claris ne revienne bêtement à sa portée. Mais elle était aussi terriblement effrayante : si la région recelait de tels pièges, ce qui était arrivé à cette pauvre monture pourrait très bien arriver à la sienne. Et l'enfant de Reuel était loin d'avoir une expérience suffisante pour repérer ces sables mouvants à cheval et à cette vitesse, surtout lorsque son attention était partiellement accaparée par la douleur.
Le plus sage serait sans doute de regagner la route… mais rien n'indiquait que la ligne droite vers la route soit moins périlleuse que celle qui s'en éloignait. Une autre solution était de profiter du fait qu'il n'y ait plus qu'un seul adversaire, ce qui rendait le combat beaucoup plus équilibré. Et continuer tout droit indéfiniement ne menerait sans doute qu'à se perdre. Il lui faudrait savoir ce qu'il était advenu de son guide.

Essayant toujours de sembler aussi peu vivace que possible – après tout, son dernier poursuivant savait sans doute que leur cible était blessée ; et le bosquet de cactus avait suffisamment gêné la visibilité pour qu'il puisse se dire que l'un de ses collègues avait du porter un coup – Claris fit ralentir son cheval, comme s'il s'arrêtait de lui-même, faute d'instruction. Et en profita pour jeter un discret coup d'œil en arrière…

[Kasumi]

La course folle avait entraîné Claris bien trop loin de la zone des cactus pour qu’un simple regard discret en arrière lui permette d’y distinguer quelque chose. En revanche, le second assaillant était bien plus près d’elle et elle put tout à fait le détailler, ainsi que l’arbalète qu’il pointait sur son dos, la tenant en joue à la faveur du ralentissement de la monture de la jeune noble.

- Bon, on arrête de jouer. Tu descends bien gentiment à la manière douce ou à la manière forte.

[Claris de Corvimande]

Grmblm. Évidemment, il fallait que ces idiots soient correctement armés.

Claris ne bougea cependant pas d'un pouce, préférant miser sur le fait que l'homme s'approcherait. De toute façon, la douleur ne lui aurait sans doute pas permis de descendre de cheval sans faire de geste que l'homme aurait trouvé suspect… continuer de jouer les cadavres étaient encore le meilleur moyen qu'il ne juge pas utile de tirer.

[Kasumi]

Claris devait composer, en sus de son jeu d'acteur, avec une monture qui piaffait maintenant d'impatience, ne comprenant pas pourquoi on lui avait fait stopper sa course folle ni encore moins le stoïcisme de sa cavalière. Le cheval allait-t-il la trahir ? Repartir au galop à l'approche de l'assaillant, condamnant certainement la jeune femme à recevoir un carreau entre les omoplates. La jeune femme entendait les pas lents mais inexorables de la monture de son adversaire approcher dans son dos.

[Claris de Corvimande]

Tout allait bien. Le cheval n'allait pas faire n'importe quoi. C'était à espérer, du moins… mais il n'y avait guère plus d'autres échappatoires. Juste attendre que l'homme soit assez près pour le surprendre d'un coup d'arbalète qui rendrait le combat plus qu'équitable. C'était uniquement une question de patiente. Et, lorsque la situation s'y prêtait, comme à présent, Claris était tout à fait capable de ne pas en manquer…

[Kasumi]

Mais l'homme n'était visiblement pas né de la dernière pluie et se doutait que quelque-chose clochait :

- Très bien, morveux. On nous a demandé de ne pas te tuer mais rien n'empêche de commencer par ton cheval... Histoire que tu ne files pas plus loin.

Un silence ponctua sa déclaration sans que Claris ne puisse distinguer si son adversaire était ou non sur le point de mettre sa menace à exécution.